Les neuf fragments de son âme
Naruto tenait le corps sans vie de Sakura, lâchement abattue dans le dos par le monstre qui avait déjà anéanti sa civilisation. Le regard de l'Uzumaki restait perdu vers l'infini, lequel représentait la souffrance instantanément insufflée dans tout son être. Son corps, incapable de bouger, se figeait dans le temps en amplifiant l'horreur d'une réalité qu'il ne pouvait accepter.
Sasuke, immobile, gardait ses yeux grand ouverts, frappé par la tournure imprévisible et implacable des événements. Face à l'Uchiha, dans les bras de son rival, l'observait de son regard éteint l'innocente fille qui ne leur voulait que du bien. Mais ces yeux là ne brilleraient plus jamais.
Sakura était morte, payant du prix absolu l'injustice de trop.
Jiraiya avait bien remarqué l'arrivée du terrible Saiya-jin et la disparition d'un Chakra proche de son disciple. Cette scène, sauvage, ignoble et inattendue, venait de bouleverser totalement l'émotion des soldats qui approchaient de la position du plus terrible ennemi des Shinobi.
Maintenant toujours la jeune fille dans ses bras, l'Uzumaki se recouvrait peu à peu d'un voile de Chakra rougeoyant. Et il fixait Raditz avec une rage indescriptible.
Mais ce qui faisait froncer les sourcils du terrible Saiya-jin ne se trouvait pas tant dans la violence du regard foudroyant du Shinobi qu'à travers l'étonnant calme qui semblait l'habiter au dehors.
Poussant avec un tourbillon contrôlé de bulles de Chakra écarlates, une queue faisait lentement son apparition dans le dos du Jinchūriki du démon le plus craint.
À ses côtés, Sasuke avait également tourné la tête vers le Saiya-jin qui lévitait dans les airs.
Naruto fit alors dos au terrifiant guerrier et marcha, transportant calmement le corps inerte de Sakura. Sous le regard prudent de Raditz, et alors que la tension montait chez tous les Shinobi présents, il s'avança jusqu'à rejoindre un Kakashi tremblant de peine.
* Je l'ai laissée mourir... pensa sombrement son maître, dépité. *
Celui-ci fit un pas en avant, prêt à combattre le Saiya-jin, abandonnant toute prudence, mais Naruto hocha la tête négativement.
– S'il-vous-plaît, Kakashi-sensei, prenez soin de Sakura-chan.
– Naruto...
– Vous étiez son maître. Vous êtes notre maître. Ce n'est pas à vous de vous salir les mains... Vous devez rester exemplaire. C'est votre rôle.
Il lui tendit le corps sans vie de sa meilleure amie. Kakashi, sourcils froncés, s'en empara délicatement, ses bras tremblant autant que sa voix brisée l'empêchait de s'exprimer.
Alors, à sa grande surprise, Naruto lui sourit, d'une sincérité et d'une profondeur troublantes.
– Nous sommes ses partenaires, reprit-il en se tournant vers Raditz, avant de marcher calmement en direction de Sasuke, chacun de ses pas brisant un silence qui cherchait vainement à s'imposer. S'occuper de ses ennemis...
Tandis qu'il avançait, le son sourd de son Chakra écarlate épousant le rythme de ses pas, une deuxième queue faisait son apparition sur son manteau d'énergie écarlate alors même que son regard prenait soudainement beaucoup plus de sérieux.
– ... C'est notre rôle.
Il approchait lentement du Saiya-jin. Celui-ci, lévitant toujours en hauteur, immobile et prudent, momentanément désemparé devant les réactions anormalement calmes des deux jeunes qui lui faisaient face à même le sol, retrouva toutefois bien vite un peu de sa superbe.
– Ne... me faîtes pas rire... murmura-t-il.
Naruto continuait sa lente avancée, son regard fixé droit devant lui.
– Vous... marmonna Raditz. Pourquoi vous comportez-vous comme si vous étiez de taille à me combattre ?
Il ne comprenait pas leurs réactions. Il avait certes appris à reconnaître le talent de certains Shinobi. De nombreux souvenirs l'envahissaient, faisant apparaître des capacités impressionnantes, des combinaisons inédites et se terminant par l'indéchiffrable pouvoir de Pain.
Il savait que des ninjas pouvaient prétendre l'affronter et gagner son sérieux. Mais il connaissait ces gamins. Leur niveau ne pouvait pas être comparé aux plus dangereux êtres du monde Shinobi, même s'il apparaissait évident qu'ils en avaient le potentiel.
– Naruto... reprit-il d'une voix grave.
Alors qu'il prononçait ce nom, une troisième queue poussait dans le dos du jeune ninja, renouvelant les sons aigus du Scouter qui s'imposaient sur ce canyon silencieux.
– Je connais ta puissance... poursuivit alors Raditz d'un ton concerné. Même si tu as progressé...
Le son du Scouter se stabilisa.
– ... Elle reste infime par rapport à la mienne...
Il fronça les sourcils, tournant son regard vers celui du jeune brun aux yeux écarlates. Ne lui ayant jamais accordé quelconque attention auparavant, il devait néanmoins reconnaître que sa récente et brève montée en puissance forçait tout autant le respect pour son jeune âge. De toute évidence, le Mangekyō Sharingan se développait dangereusement chez lui...
Le front du Saiya-jin s'humecta légèrement à cette pensée, le douloureux souvenir de sa confrontation avec le membre de l'Akatsuki qui lui ressemblait tant s'imposant dans son esprit. S'il existait bien une chose dans le monde des ninjas dangereuse pour Raditz, il s'agissait de cet œil.
Toutefois, en dépit de ce sentiment de malaise, la configuration restait totalement différente de son dernier combat contre cette pupille alors détenue par un adversaire autrement plus redoutable.
Et Raditz n'était plus cet envahisseur confiant de sa force. Il avait appris des ninjas que même des ennemis à la puissance significativement plus faible que la sienne pouvaient se montrer dangereux.
Mais là, le gouffre qui les séparait restait juste trop important...
– Bon sang, reprit-il. Vous pensez vraiment que quelques centaines d'unités vous donneraient une chance contre moi ?
Naruto s'arrêta aux côtés de Sasuke. Et les deux jeunes garçons fixèrent Raditz d'un même regard dont le calme rivalisait de dangerosité avec la haine qu'il dissimulait.
– C'est inutile, poursuivit Raditz. Naruto, à quoi bon bluffer ? Je connais ta force. Trois queues est ta limite. Au-delà, tu perdras le contrôle...
À distance, Kakashi fronça les sourcils, maintenant toujours le corps de Sakura comme s'il s'agissait de sa fille endormie.
* Il a raison... pensa-t-il sombrement. Même en combinant cette puissance au mode Sennin, il n'était pas de taille... *
Alors, à la surprise de Raditz, les lèvres de Sasuke s'étirèrent en un sourire mauvais.
– Tu parles trop, Raditz.
Celui-ci ouvrit grand les yeux de stupeur face à un tel manque de respect direct de la part d'un gamin aussi insignifiant.
– Tu n'as jamais aimé, poursuivit Sasuke. Et c'est pourquoi...
Le Saiya-jin ressentait maintenant clairement le défi dans l’œil de l'Uchiha.
– ... tu ne connais rien à la haine, conclut ce dernier.
Raditz s'apprêtait à corriger cet insolent, quand il réalisa que son Scouter bipait de nouveau. La puissance de Naruto s'était remise à augmenter subitement – dépassant de nouveau les 400 unités. Pourtant, il ne ré-arborait plus les stigmates de l'énergie naturelle...
Mais une quatrième queue poussait lentement dans son dos...
– Impossible... balbutia le Saiya-jin.
– Naruto n'a jamais prévu de garder le contrôle, murmura Sasuke.
Le Chakra du Jinchūriki sembla soudain se condenser et se durcir jusqu'à former une coque autour de lui. Sasuke, comprenant ce qu'il se passait, eut tout juste le temps de s'éloigner d'un bond sécuritaire.
Kakashi réalisa soudain la terrible réalité qui se dessinait devant lui. Mais, par sa peine, il ressentait également son impuissance totale à influer sur le court des événements.
La tempête de Chakra qui se levait peu à peu devant lui le forçait à reculer pour protéger le corps sans vie de sa défunte apprentie.
Le contraste séparant la sobriété de cette scène avec la puissance dévastatrice qui se levait témoignait de quelque chose d'aussi beau que terrible : l'hommage que l'on pouvait rendre à une amie en s'abandonnant à l'amour qu'on lui portait.
– NARUTO, NON ! hurla soudain Kakashi, frappé jusque dans son âme par cette démonstration de haine de son disciple.
Mais trop tard : un nouveau souffle d'une puissance inouïe le força à se retourner et recouvrir le cadavre de Sakura de son corps pour l'empêcher d'être agressé par le violent Chakra qui s'imposait.
Et Raditz comprit. Il sut que le démon Renard s'engouffrait à travers la haine offerte par son hôte désespéré. Il se souvint ses entraînements avec Naruto, où il le poussait à utiliser cette portion du pouvoir de son Bijū. Le monstre était puissant : le Saiya-jin devait chaque fois l'assommer en remarquant les montées d'énergie du garçon lorsqu'il perdait le contrôle. Il y avait une part d'inconnu dans le danger représenté par le fauve aux neuf queues qui avait toujours suffi à forcer prudence et respect chez le guerrier.
Face aux quatre queues de ce Bijū à taille humaine, Raditz comprit l'importance de l'arrêter immédiatement. Entre sa puissance croissante et l'armée qui approchait, les choses pourraient vite devenir problématiques...
Si son sang Saiya-jin le poussait au vice de la curiosité devant ce Chakra rougeoyant d'intensité, sa prudence gardait le dessus et il fusa sur Naruto pour l'empêcher de trop laisser s'exprimer le pouvoir de son démon. À ce stade, les choses restaient confortables pour lui ; mieux valait ne pas jouer avec le destin, aussi tentant que cela pût être.
Alors pourquoi ressentait-il soudain un tel froid ? D'où lui venait ce sentiment d'oppression ? Se pouvait-il que le pouvoir émanant de Naruto se fût déjà distillé à travers cette atmosphère déjà chargée d'énergie naturelle ? Non, il s'agissait d'autre chose...
La puissance se trouvait directement concentrée sur lui. Le monstre qui l'enserrait de sa poigne immense dégageait un Chakra plus sombre encore que celui du démon de Naruto.
Et Raditz réalisa qu'il se trouvait plongé dans un Genjutsu.
Libérant violemment son Ki, il s'échappa de l'illusion. Et même si cela restait nettement moins redoutable que ce qu'il avait subi à Konoha, cela trahissait un fait : il avait baissé sa garde, se laissant avoir par l'un des rares pouvoirs potentiellement dangereux pour lui. Face à adversaire du calibre et de l'expérience du frère de ce gamin, les choses auraient pu très mal tourner.
Il s'était pourtant juré de ne plus commettre de telles erreurs... Ses émotions ne devaient pas prendre le dessus à cause du pouvoir fascinant qui se déchaînait devant lui. Car, sans l'ombre d'un doute, Raditz se savait sensible au déchaînement de puissance de Naruto. Mais il devait résister à cette nature belliqueuse qui faisait palpiter son sang plus que de raison...
Cette énergie démoniaque laissait à présent transpirer toute la rage réprimée jusqu'alors par le garçon soucieux de protéger le corps de son amie.
* Naruto... pensa son maître. Sasuke... *
Il était incapable de se retourner sans risquer d'abîmer les restes de la jeune fille.
* Êtes-vous vraiment résolus... ? *
Des bruits de pas rejoignaient la scène, étouffés par la tempête énergétique qui s'amplifiait sous les sons frénétiques du Scouter.
– Jiraiya ! s'exclama une voix de femme. Il est là, vite !
Tsunade s'immobilisa soudain de terreur face à la vision qu'elle avait. La rejoignant peu après, Jiraiya serra poings et dents de frustration.
– Bon sang, ne put s'empêcher de lâcher la Sannin, choquée par l'horreur de la vision de l'Uzumaki déchiré par son démon. Dépêchons-nous... !
Elle engagea un pas en avant, mais l'ermite restait immobile derrière elle, tremblant de tout son corps.
– Jiraiya ! le pressa-t-elle. Vite ! Il faut...
Elle s'interrompit en découvrant le visage de son partenaire briller de larmes balayées par la puissance écarlate du fauve.
– Jiraiya... !?
– C'est trop tard... murmura-t-il d'une voix éteinte. Dès l'instant où la quatrième est apparue, cela signifiait que...
Tsunade voulut réagir. Elle voulut répondre que non, à deux Sannin, ils devraient être en mesure de pouvoir arrêter ce déchaînement.
Mais il fallait se rendre à l'évidence : le Saiya-jin se trouvait également là. Ils ne pourraient pas tirer d'affaire Naruto dans de pareilles conditions.
Le regard de Tsunade s'attarda sur la silhouette lointaine du ninja copieur, abattu, tenant dans ses bras le corps sans vie d'une jeune fille. Son visage s'assombrit à cette vision. Et elle comprit.
Les quatre excroissances de Chakra pur virevoltant à l'arrière du démon Renard miniature semblaient à présent laisser sans voix l'ermite dont les crapauds observaient avec stupeur et révérence la manifestation d'un pouvoir issu du fond des âges.
– ... Naruto a décidé de laisser place à Kyūbi, reprit finalement Tsunade avec gravité, achevant les paroles que Jiraiya ne pouvait prononcer.
À l'arrière du disciple des ninjas légendaires impuissants se dessinait lentement une nouvelle excroissance pointant vers les cieux. C'était la cinquième queue.
– Alors, on y est... murmura tristement Shima. Tout ce qui peut sauver ce pauvre garçon, c'est l'absurde espoir que tu nourris, Jiraiya...
– Tu crois toujours que le ton élève a prévu quelque chose pour son fils, au cas où il se laisserait sombrer sous l'influence du Renard ?
Jiraiya fronça les sourcils.
– Je l'ignore, avoua-t-il sincèrement. Il y a treize ans, Minato a dû gérer une crise qui l'a conduit à sceller un tel pouvoir dans son propre fils. Mais... s'il y a bien quelqu'un qui pourrait avoir un coup d'avance, même dans ces conditions, c'est lui.
– Donc tu mises sur une protection, ou quelque chose comme ça, qui empêcherait Naruto de sombrer totalement ?
– ... nous le saurons bientôt...
Fukasaku poussa un profond soupir.
– Espérons que tu dises vrai... Car même si chaque nouvelle queue qui pousse le protège un peu plus contre son ennemi extérieur... elle le plonge d'autant plus dans le gouffre de son démon intérieur...
Il fronça les sourcils.
– Si la neuvième queue venait à pousser, il n'y aurait plus de retour en arrière possible. Naruto... serait définitivement perdu.
Une queue supplémentaire se formait sur le petit corps rougeoyant vibrant d'une rage animale, dans le silence lourd de sens des spectateurs.
– QUE TOUT LE MONDE S'ÉLOIGNE ! hurla alors Tsunade aux Shinobi qui assistaient, estomaqués, à cette scène terrifiante.
Le Scouter de Raditz bipait continuellement, signe de la montée en puissance du jeune ninja tandis qu'une couverture de Chakra encore plus importante prenait la forme d'un squelette par dessus le corps du garçon devenu Renard à six queues.
* 643 unités, lut Raditz, son cœur battant de plus en plus vite en même temps que son appareil se manifestait. *
Cette fois, ce qui faisait face à Raditz dépassait même le niveau dévoilé peu avant par Naruto à l'aide du Senjutsu ou par Sasuke lorsqu'une terrible armure de Chakra avait recouvert son corps. Mais 643 unités, cela restait une puissance largement acceptable pour l'envahisseur. En frappant bien, il pourrait sans doute l'abattre en un coup – ou peut-être deux... Et il valait mieux procéder ainsi, car la puissance de Naruto – ou de la chose qu'il devenait aux yeux des siens – commençait vraiment à faire vibrer son sang Saiya-jin. S'il se laisser aller à ses instincts, le danger deviendrait alors réel. Affronter un Bijū et une armée ne pouvait constituer un plan acceptable, même pour lui – il en avait fait l'expérience à Kumo.
Sa décision prise, il prépara une attaque à distance. Il allait tuer dans l’œuf cette menace grandissante.
Il poussa soudain un hurlement de stupeur. Sa vue, troublée, brouillée, noircie, s'accompagna d'une intense sensation de chaleur extrême. Et il réalisa que des flammes noires venaient de naître contre sa face.
* Cet enfoiré... ! pensa-t-il rageusement, son regard se tournant vers Sasuke. Il essaye de m'empêcher d'agir à temps... *
Il connaissait bien ce terrible feu, le seul en ce monde capable de le brûler. Mais une simple émanation de Ki suffit à s'en dégager.
Changeant de stratégie, il décida de s'en prendre à l'Uchiha. Il s'agissait de son plan initial, de toute façon. Ce gamin était un problème potentiel, mais pour l'heure il ne s'agissait que d'une simple gêne. Loin du danger de son frère et certainement pas encore à considérer comme un Madara-bis, le plus judicieux consistait donc à l'éliminer maintenant.
Fusant droit vers lui, il empêchait toute échappatoire au jeune Sasuke qui serra les dents face à la menace. Et soudain, il sentit un corps s'empaler contre son bras entre eux. Ouvrant grand les yeux face à pareil sacrifice, il se trouva nez à nez avec un regard brillant d'une lueur rouge bien connue.
– Bon sang, grommela l'homme, d'un âge avancé, contre lequel se trouvait planté le puissant bras du guerrier. Mon Sharingan est complètement à la ramasse contre ce type !
* Encore ce putain de clan ?! pensa Raditz, stoppé net dans son mouvement. *
Mais Sasuke semblait au moins autant abasourdi par cette apparition inopinée. Il reconnaissait cet homme.
– Vous... murmura-t-il face à Yashiro. Vous... devriez être mort...
– Je le suis, répliqua l'homme d'une voix boudeuse. Ton frère s'en est bien assuré, l'enfoiré... Mais on a pas le temps pour ça. Je reste fidèle à ton père. Alors évite de crever. Même mort, je préfère ne pas contrarier ta m...
Il ne parvint pas à terminer sa phrase, son corps se faisant littéralement carboniser sous le regard estomaqué du dernier des Uchiha par une puissante déflagration à bout portant de Raditz.
* J'aime vraiment pas ça... pensa Raditz, réalisant que des éléments lui échappaient. *
Pourtant, cette action éphémère, aussi déstabilisante fût-elle, se retrouva bien vite ramenée au champ secondaire, alors même que s'imposait un nouveau mouvement titillant les limites de l'imagination...
Car Kyūbi faisait plus que jamais vibrer sa rage ancestrale...
Il y eut un déplacement de matière, suivi d'un bang supersonique. Lorsque les ninjas réalisèrent ce qu'il se passait, ils remarquèrent que l'intense monstre de Chakra venait d'effectuer un bond incroyable. Propulsé à une vitesse que même le Mangekyō Sharingan eut du mal à suivre, le démon se retrouva la fraction de seconde d'après contre le corps de Raditz, à des dizaines de mètres du sol. Arrivé à sa hauteur, il cracha une intense boule d'énergie noire que Raditz attrapa d'une main à la volée en se protégeant le visage de l'autre au moment où une fulgurante explosion illuminait les cieux.
L'instant d'après, le mini-Bijū avait atterri derrière et observait la silhouette de Raditz ressortir de l'impact, visiblement indemne.
– Ce n'est pas avec ça que tu vas m'inquiéter ! hurla Raditz, dont la paume avait toutefois noirci sous la puissance concentrée de la déflagration. Montre-moi ta puissance, Kyūbi ! Je ne peux mettre fin à cette misérable planète sans goûter à son plus fabuleux pouvoir... !
Un sourire dément s'était installé sur le visage du guerrier, dont les plus sauvages instincts se réveillaient fatalement face aux assauts du démon naissant.
À bonne distance, Kisame faisait face à un groupe de ninjas, parmi lesquels se trouvait Killer Bee. Le combat qui faisait rage déchaînait les flots au cœur du canyon. Arborant un sourire amusé, le membre de l'Akatsuki, bien qu'en difficulté, semblait plutôt bien gérer le combat.
* Ça craint, pensa Killer Bee. Avec tous ces soldats, je peux pas faire n'importe quoi... Mais sans le pouvoir d'Hachibi, contre ce type, ça sert à rien... *
Ses sourcils se froncèrent sous ses lunettes de Soleil. Et pour la première fois depuis le début de la confrontation, l'épée emblématique de l'homme-requin dévoila un comportement bien étrange. Elle se détourna du combat.
– Samehada... ? s'interrogea Kisame.
* Ce pouvoir... ! s'écria soudain la voix du taureau-poulpe dans l'esprit d'Hachibi. Impossible... ! *
* Je le ressens aussi, réalisa Killer Bee. Y'a un type vraiment balèze qui se tape là-bas... ! *
* Que se passe-t-il... Kyūbi... ? *
Des Shinobi hurlaient de terreur en s'éloignant à pleine vitesse tandis qu'une nouvelle queue naissait sur le manteau démoniaque recouvert du squelette du Renard. Cette septième queue, par sa seule apparition, généra un soubresaut d'énergie qui fit perdre l'équilibre aux ninjas terrifiés les plus proches tandis que craquaient les épais murs du canyon.
Sasuke atterrit alors à distance modérée du monstre aux sept queues. Le jeune Uchiha aux Mangekyō Sharingan accompagnait la bête incontrôlable face au guerrier. Cette image semblait fasciner la foule des Shinobi qui restèrent silencieux, retenant leur souffle. Mais cette fois, le jeune Uchiha réalisait sa terrible erreur...
Et tandis que la pupille écarlate se tournait vers le monstre à ses côtés, il découvrait avec horreur la face brûlante du Renard tournée dans sa direction, le fixant d'une expression animale terrifiante. Pour la première fois, Sasuke ressentait pleinement ce qui se cachait en Naruto. Et il comprenait qu'il en avait atrocement sous-estimé la dangerosité.
* Que... Bon sang... ! Mais qu'est-ce que tu es, Naruto... ?! ne put-il que penser, son corps tout entier se figeant de terreur face à l'expression de puissance horrifiante et menaçante juste à ses côtés. *
Il pensait pouvoir gérer la haine de son ami et l'accompagner. Mais cela le dépassait totalement. Quoi que fût Naruto en cet instant, il se trouvait aussi éloigné d'un partenaire que le Saiya-jin lui-même.
Sasuke était sa proie.
Terrorisé, l'Uchiha réalisait sa pleine et totale impuissance. Le démon face à lui arma sa patte dans un déplacement tel qu'une véritable onde de choc accompagna son seul geste amorcé. Et il s'immobilisa, l'espace d'une fraction de seconde. Surpris, le Renard se retourna, fixant le visage couvert de sueur de Shikamaru, lequel le maintenait sous l'emprise de ses ombres.
Il se dégagea comme d'un rien, sans même forcer, sous le regard estomaqué du Nara qui tomba à la renverse. Au même instant, un flot discontinu de sable en lévitation le frappa de plein fouet, sans le moindre effet, poursuivant toutefois sa course vers Sasuke dont il projeta le corps sur plusieurs dizaines de mètres.
À distance, Kakashi ressentit une forme de soulagement. Même si Naruto démontrait cruellement son total détachement de toute chose, l'Uchiha venait d'être sorti d'affaire in-extremis, l'attention du Renard se reportant alors en direction de sa cible la plus proche.
Raditz n'en croyait pas son Scouter. Ce qu'il affrontait maintenant n'avait pourtant rien de la taille considérable d'un Bijū, mais il en tutoyait déjà la puissance affolante. Cela en disait long sur l'horrifiante énergie dissimulée par la Bête qui se déchaînait peu à peu.
Mais le temps de la fascination n'était plus permis pour le guerrier, son regard louchant soudain sous la pluie de Bijū Dama miniatures qui fusaient droit sur lui. Plaçant ses avant-bras en croix, Raditz encaissa alors une série d'explosions qui dévastèrent totalement des fragments de pierre du canyon.
Aucun des Shinobi témoins de la scène ne pouvaient ne serait-ce qu'espérer participer à une telle confrontation. Ce qu'il se passait à présent dépassait de loin des notions devenues futiles comme la force ou le talent.
La succession de violence était telle qu'elle ravivait même en Raditz un malsain souffle de plaisir qui fut brutalement coupé par un puissant coup dans son dos. Le monstre venait de s'y déplacer à une vitesse totalement contre-nature, profitant de la distraction offerte par le cataclysme local.
Le corps du guerrier fut propulsé à même le sol avec une telle violence que son choc généra un véritable champignon de terre carbonisée qui s'éleva dans les airs tandis que s'écroulaient comme des dominos les épais murs naturels du canyon derrière-lui.
Le mini-Kyūbi n'en restait toutefois pas là. La rage du Renard le poussa à foncer, sans répit, droit vers la zone où le corps de Raditz venait d'être projeté.
Dans cette poussière en lévitation, seuls furent audibles les sons de la mitraillette d'assauts de Kyūbi qui martelait sa cible par ses impitoyables griffes.
Tous les Shinobi, à présent dispersés et fortement éloignés, bandaient chacun de leurs muscles, à la manière de proies observant l'affrontement lointain de deux prédateurs. Et le soudain silence qui s'installa dans ce lieu généra un malaise sans commune mesure avec ce que le monde Shinobi pouvait imaginer.
Un ninja de Kumo, se relevant péniblement suite à ce carnage, ne put retenir un mince sourire d'espoir illuminer sa face en imaginant l'état dans lequel devait se trouver le Saiya-jin après tous ces assauts sauvages.
La fraction de seconde qui suivit, sa tête était décapitée.
Le Renard miniature venait en effet d'être propulsé de sa position avec une telle vitesse que son vol avait entraîné la face de ce spectateur dont le seul tort fut se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
– NE TE MOQUE PAS DE MOI, KYŪBI ! hurla alors Raditz, réapparaissant dans ce nuage de poussière en lévitation.
Aussi incroyable que cela pût paraître, il restait totalement indemne.
– TU N'AS PAS LE LUXE DE TE RETENIR !
Le corps étendu du mini-Renard se releva tant bien que mal, fixant au loin le Saiya-jin qui soutenait son regard à travers la foule de Shinobi tétanisés. Ces derniers avaient bien compris que de pareilles puissances les dépassaient tellement que rester figé ne représentait finalement pas un choix plus risqué que tenter de fuir ou de se battre pour sauver sa peau.
De nombreux regards se tournèrent alors vers le mini-Kyūbi, découvrant un monstre aux limites indéchiffrables et qui pourtant n'avait pas le dessus. Et celui-ci en semblait également conscient, car sa rage animale ne le poussait plus à foncer droit sur le guerrier qui le provoquait.
Pour la première fois, le démon paraissait même hésiter.
Et il ferma les yeux...
– Je suis déçu... déclara Raditz. Ainsi, même le grand Kyūbi n'est pas de t...
Le sol se mit soudain à trembler furieusement tandis que des débris lévitaient dans les airs autour du démon aux sept queues. Et ils retombèrent.
Puis ils lévitèrent de nouveau, restèrent quelques instant suspendus, avant de s'écraser avec davantage de fracas. La scène se répéta encore, et encore, à la manière des battements d'un cœur qui n'en avait plus que le nom, labourant le sol comme s'il ne s'agissait que de vulgaire terre molle.
Soudain, une intense lueur força tout le monde à détourner les yeux.
Kakashi, parmi les plus proches de la scène, ressentit pleinement l'incandescent Chakra lui frapper le visage. La puissance qui s'échappait maintenant du démon rendait insupportable sa seule proximité. Poussé dans sa plus totale humilité, le Jōnin serra vainement le corps de Sakura.
L'image de ses anciens camarades s'imposait dans son esprit, et à travers elle le sentiment honteux de son incapacité à aider les êtres qui lui étaient chers. Tout ce qui lui restait à présent se trouvait reposer par-delà ce cadavre qu'il tentait – sans doute vainement – de protéger de son corps. Son existence s'effaçait sous le poids inhumain de l'atmosphère impitoyable. Sa propre vie perdait tout sens, réduite à néant autant par l'odieux flot de ses émotions que par la puissance, trop proche, qui allait sans doute le réduire en cendres.
Mais peut-être le souhaitait-il, finalement... Peut-être le méritait-il...
– Kakashi ! hurla soudain une voix devant lui.
Il sembla réagir face à ce timbre familier. Et il reconnut Gaï, lequel semblait avoir finalement retrouvé ses esprits, sans doute réveillé par l'anormal ouragean de Chakra qui se déchaînait.
La célèbre Panthère de Jade de Konoha brillait sous l'intense lueur verte qui recouvrait son épiderme. Usant du pouvoir conféré par l'ouverture de non moins de quatre Portes de Chakra pour seulement résister à la proximité du monstre, le redoutable rival de Kakashi parvenait à les protéger de l'impitoyable souffle de la Bête.
La foule des Shinobi, estomaquée, poussa alors un étrange et commun cri de terreur étouffé qui résonna parmi les cœurs.
Jiraiya tourna sa tête vers Raditz et remarqua que le regard du Saiya-jin se levait progressivement, comme si ce qui lui faisait face grandissait à vue d’œil. Et effectivement, à travers cet éclat d'énergie pure s'imposait une ombre qui s'étirait dangereusement...
Le Scouter du Saiya-jin s'affolait totalement.
– 800... 900... 950... 1000 ! hurlait-il, surexcité, dément, et peut-être même un peu inquiet...
Il sembla alors que les bruits se calmaient. Raditz fronça les sourcils, quand soudain, un nouveau sursaut de puissance secoua toute la foule tandis que l'appareil reprenait de plus belle sa folie sonore.
– Combien de queues, Gaï ? s'exclama Kakashi d'une voix forte pour tenter de contrer l'effet de la véritable tempête énergétique qui s'abattait sur tout le champ de bataille.
– Euh... Attends... ! réfléchit Gaï qui se protégeait tant bien que mal de la puissance émanant de la chose géante libérée de l'endroit où s'était trouvé Naruto. Une... Deux... Trois... Quatre... Cinq... Six... Sept... Huit... !
* Huit queues ?! s'inquiéta le Jōnin de Konoha. C'est mauvais ! *
– Ah non, attends ! rectifia Gaï. Je crois que... Je crois que j'en ai raté une...
Et il recompta, sous le regard horrifié de Kakashi qui sentit son cœur manquer un battement...
– ... Neuf.
L'immense silhouette du démon Renard à Neuf Queues dominait le canyon, attirant même l'attention d'un homme. Ce dernier, nonchalamment installé sur l'une des parois du canyon à observer les combats en contre-bas, tourna avec intérêt ses yeux écarlates en direction de l'incroyable tempête de Chakra émanant du plus puissant des Neuf.
– Oh, bien... commenta Madara Uchiha. Que la fête commence...