CHAPITRE 116
Uchiha Madara
Sur les imposants sommets d'une haute chaîne de montagnes reculée soufflait un vent annonciateur de tempête...
L'environnement hostile du Nord du Pays du Fer se montrait si influent qu'aucune trace de civilisation ne l'avait jamais atteint. Les massifs de cette région comptaient parmi les plus élevés du monde – après le Mont Myōboku ; et aux conditions extrêmes de l'altitude s'ajoutait un escarpement qui empêchait tout accès par les terres.
C'était pourquoi seules des créatures capables de voler se permettaient – rarement – la folie de s'aventurer sur ces terres perdues.
Ainsi, la pupille aguerrie de cet aigle solitaire – sans doute égaré – se heurtait à une vision bien peu familière...
Car une silhouette immobile défiait les éléments...
Sa longue crinière aux reflets argentés voletait avec fluidité sous le doux rythme imposé par le vent. Comme pour se fondre dans ce décor de neiges et de roches qui l'entourait, elle n'affichait aujourd'hui plus que des éclats oscillant entre le gris et le blanc.
Cela trahissait l'âge avancé du propriétaire de cette chevelure, lequel avait tant horrifié le monde dont on le trouvait aujourd'hui reclus. Pourtant, en dépit des rides qui parsemaient son visage concentré, l'homme conservait une musculature plus qu’honorable.
Assis en tailleur sur la poudreuse, en position apparentée à celle de la méditation, le Saiya-jin était méconnaissable. D'aucuns auraient estimé qu'il avait pris un sacré « coup de vieux », fait indiscutable en considérant sa dernière démonstration au grand jour dans le monde Shinobi en tant que jeune adulte dans la force de l'âge. En quelques mois seulement, il paraissait avoir perdu un bon morceau de son espérance de vie.
Ce n'était toutefois pas la seule chose qui avait changé dans son apparence. Délesté de l'épaisse armure qui l'accompagnait à chaque bataille, il dévoilait son puissant corps aux éléments. Et cela ne semblait guère troubler son calme intérieur, car ses yeux clos ne laissaient transparaître aucune expression sur son visage autrefois si belliqueux.
D'ailleurs, même son détecteur, pourtant si cher à son cœur, avait été écarté, placé à quelques mètres derrière lui, sur son armure posée à même la neige. Éteint, l'appareil ne réagissait pas aux infimes passages des animaux aériens, seuls maîtres de cet environnement aux conditions extrêmes.
Ainsi allait la vie, sur les sommets d'une haute chaîne de montagnes reculée. Mais ce calme parfait ne pouvait logiquement s'éterniser...
Comme pour répondre à l'appel entropique d'un Univers devenu trop ordonné, l'espace-temps se déformait silencieusement dans le dos du guerrier méditant. Et le rouge s'imposa alors dans ce décor terne.
L'homme masqué se tenait en effet à quelques mètres derrière le Saiya-jin, observant sans un bruit ce qui s'apparentait à l'ombre de celui qui avait autrefois tant ravagé le monde Shinobi.
Alors, introduisant ce moment précis d'une rencontre qui se devait historique, de premiers mots furent prononcés...
– Tu es donc venu... Madara.L'homme masqué fronça les sourcils à l'entente des paroles de Raditz. Il n'avait pourtant pas produit le moindre son en apparaissant avec souplesse sur la poudreuse à ses pieds au milieu du blizzard ; d'ailleurs, le Saiya-jin ne s'était même pas retourné. Le regard brillant du Sharingan se posa un bref instant sur le détecteur éteint du guerrier, avant de se reporter vers son propriétaire.
* Des capacités sensorielles ? conjectura le chef caché de l'Akatsuki, par élimination de toute autre hypothèse.
*
– Le grand âge t'a-t-il rendu sage ? ironisa-t-il.
– Hmpf, exprima Raditz avec un rictus contrôlé.
L'homme masqué fit un pas en avant.
– Sais-tu pourquoi je suis ici ? interrogea-t-il alors.
– Je sais beaucoup de choses... répliqua Raditz d'une voix mystérieuse.
L'homme masqué s'abaissa pour ramasser le Scouter du Saiya-jin qui semblait poursuivre sa méditation. Il alluma l'appareil et le pointa en direction du guerrier.
Après une série de bruits qui résonnèrent en échos dans les montagnes jusqu'à se perdre dans le vent, le détecteur se stabilisa.
– Quelle décadence... murmura l'homme au Sharingan.
Ses mots laissèrent de marbre son interlocuteur.
– 182 unités, lut alors Tobi, d'une voix presque déçue.
Zetsu avait raison...Si sa remarque généra bien une réaction chez l'envahisseur déchu, l'homme masqué ne l'aurait jamais imaginée ainsi. Le dos du Saiya-jin, soudain parcouru d'un spasme, fut suivi d'un nouveau, puis d'un troisième. D'abord surpris, l'Uchiha réalisa rapidement qu'il riait.
– Zetsu avait raison, répéta enfin Raditz.
C'était... ma réplique... !***
Dans une zone géographique totalement opposée, à l'intérieur d'une grotte obscure qui ne laissait guère passer qu'un fin échantillon de la lueur lunaire, l'original Zetsu venait d'apparaître. Il se tenait face à un individu qui y avait élu domicile.
À l'instar du Saiya-jin, cet homme semblait avoir été frappé par le châtiment de l'âge.
– Uzumaki... Nagato... murmura Zetsu noir.
– Zetsu ? articula péniblement le vieux maestro de Pain.
Est-il vrai... que vous avez trouvé Raditz ?
– Oui.
– Alors...Un sourire étira les lèvres de l'être le plus sombre du monde Shinobi.
– Alors, poursuivit-il pour lui,
le châtiment des âmes liées touche à sa fin... La mort... va frapper !***
– Que veux-tu dire ? s'étonna l'homme masqué.
– N'es-tu pas venu me tuer ? ironisa le vieux guerrier.
Tobi ne répondit pas.
– Mais ce n'est pas ton seul but, n'est-ce pas ? reprit alors Raditz.
Tu veux que le monde puisse te voir me terrasser, toi... Madara...Cette fois, en dépit de son masque, l'homme au Sharingan ne put dissimuler sa surprise.
– Et pour ça, ajouta alors le Saiya-jin,
tu as justement besoin de... Zetsu.***
– Que fais-tu ici, Zetsu ? interrogea Nagato.
Ne devrais-tu pas rejoindre Madara ?
– En effet...Nagato lui jeta un regard surpris.
– Car le temps est venu... reprit son inquiétant interlocuteur.
– ... ?
– ... d'accomplir ta destinée ! acheva alors l'être le plus mystérieux du monde des ninjas.
Et soudain, sans laisser au vieux corps de l'Uzumaki le temps de répliquer, il s'en empara, à la manière d'un symbiote, recouvrant rapidement la moitié de son hôte par sa texture de ténèbres...
***
– Toi... ! s'exclama l'homme masqué à l'adresse du Saiya-jin.
Comment sais-tu tout ça ?
– C'est simple, répondit le guerrier.
Il me l'a dit... Zetsu.***
– Que... Qu'est-ce que tu fais ?! s'exclama Nagato, aux prises avec l'être des ténèbres.
– Inutile de résister, murmura ce dernier.
Grâce au Saiya-jin, tu es devenu... faible...***
– L'enfoiré... ! lâcha alors l'homme masqué, dont le corps tremblant trahissait un état de nervosité soudain.
Il... Il m'a... !?
– Cela fait bien longtemps, répliqua Raditz.
***
– C'était toi... ! comprit soudain Nagato.
– ...
– C'est toi, le traître qui a envoyé le Saiya-jin me combattre à Ame !Pour toute réponse, la moitié de Nagato recouverte de noir s'étira en un sourire démesuré.
– C'EST TOI QUI AS ENVOYÉ KONAN À LA MORT ! réalisa alors l'Uzumaki d'une voix mêlant rage et horreur.
– J'ai fait bien plus que ça, confia alors Zetsu noir.
Son hôte resta sans voix.
– Cela fait bien longtemps que j'ai préparé ce jour... révéla l'infâme symbiote.
Dès l'arrivée du Saiya-jin, j'ai étudié sa puissance. J'ai compris qu'il serait en mesure de mettre à mal les Cinq Grandes Nations. C'était la raison pour laquelle nous l'avons laissé faire, afin d'accélérer la chasse aux Bijū...Nagato savait déjà tout cela ; il s'agissait du plan initial de l'Akatsuki.
– Mais en dépit de ces circonstances, reprit l'ignoble entité,
il est apparu évident que nous n'avancions pas suffisamment rapidement. Alors j'ai mis au point la suite des opérations...Un sourire malsain se dessina sur les lèvres du symbiote.
– Je savais que Tobi et toi vous opposeriez à mes plans. J'ai donc utilisé le Saiya-jin pour m'aider...L'ultime Pain tentait tant bien que mal de chasser ce clandestin, mais c'était sans espoir.
– Oui, c'était moi, déclara Zetsu noir.
J'ai rapidement compris que si l'Akatsuki pouvait mettre des bâtons dans les roues du Saiya-jin, celui-ci m'apporterait une aide inespérée... J'ai donc pris contact avec lui peu avant l'attaque sur Ame, en l'informant de ton existence. Aveugle sans son détecteur et soucieux de la menace représentée par les plus grands Shinobi de ce monde, son sang guerrier avide de combats ne l'a pas rendu difficile à convaincre...
– Tu... Tu espérais l'utiliser pour... pour me tuer ?
– Au contraire, je savais qu'il ne te tuerait pas... J'ai pris soin de ne pas lui révéler ta véritable identité ni les secrets qu'elle renfermait...
– Alors c'est pour ça... réalisait Nagato.
C'est pour ça que tu m'as enseigné la technique du Lien des Âmes... Tu voulais que je l'utilise sur le Saiya-jin, non pas pour l'affaiblir lui, mais... mais moi... ?!
– Malheureusement, depuis l'attaque d'Ame, il devenait évident qu'une personne proche de l'Akatsuki cherchait à te nuire. Tobi et Konan se sont montrés plus prudents à ton égard.
– Alors, tu as vraiment tué Konan... !?
– Il aurait été dangereux de m'en prendre directement à elle... Terrasser un si puissant Shinobi sans laisser de traces demande de la préparation... Mais j'avais déjà tout anticipé... Et j'étais passé par quelqu'un d'autre... trois personnes, pour être plus précis : Hiashi Hyūga, Kabuto Yakushi et Danzō Shimura.Nagato se terra dans un silence interdit.
– À travers la radio, poursuivit Zetsu noir,
j'étudiais le chef Hyūga, nuit et jour, cherchant la moindre de ses failles. Depuis qu'avait commencée la destruction des Cinq Grandes Nations, je savais qu'il serait l'un des plus puissants survivants. Mais en dépit des difficultés d'un monde post-apocalyptique, je ne parvenais à trouver aucune faiblesse chez cet esprit, même dans ses rêves les plus profonds...Il marqua une pause.
– ... jusqu'à l'arrivée de Sasuke Uchiha. Le fils de Mikoto a ravivé chez lui la plus grande faiblesse de l'humain...Son sourire s'étira.
– ... l'amour.Il marqua une nouvelle pause.
– C'était là l'opportunité qu'il me fallait. Par ailleurs, la guerre entre le Saiya-jin et Kumo était proche. Profitant des circonstances, j'ai demandé à Zetsu blanc d'intervenir dans la radio et d'y commenter au maximum les événements pour capter l'attention du chef Hyūga. Je suis ainsi parvenu à légèrement m'introduire dans son esprit, suffisamment pour renforcer ce sentiment naissant, et y joindre la nécessité de faire revenir celle qu'il aimait... ce qui impliquait... un sacrifice.Nagato tremblait sous l'emprise de son symbiote, autant tétanisé par son contrôle que par ses mots.
– Oui, reprit Zetsu noir.
Depuis le début, je cherchais une opportunité pour forcer Hiashi à tuer Konan. Je savais qu'il voudrait se rapprocher du Sannin Orochimaru, le seul à même de répondre au souhait que j'avais fait naître à travers lui...Forçant son hôte à tourner la tête sur le côté, Zetsu noir fixa alors l'étrange arbre qui se dessinait dans les ténèbres.
– Nous avons contacté Kabuto après sa rencontre avec l'Akatsuki. Nous l'avons partiellement informé de nos plans, afin qu'il puisse conduire Hiashi à Konan.Une goutte de sueur coulait lentement du front de l'Uzumaki.
– Ce n'était pas forcément évident... confessa la perfide entité.
Si j'espérais convaincre Hiashi qu'il avait trouvé une âme justifiant d'être sacrifiée à travers un ennemi aussi puissant, je n'étais pas sûr... que son cœur y soit prêt. Et, même pour deux Shinobi d'exception, parvenir à terrasser Konan sans laisser de traces restait incertain. Je pensais avoir à intervenir moi-même ; cela impliquait un risque... Mais la chance... non... le destin m'a souri quand Danzō, qui recherchait des informations sur l'Akatsuki, a pris contact avec Hiashi, m'épargnant de nombreuses peines... Le monde Shinobi... est vraiment devenu sombre...Le sourire dément du symbiote contrastait terriblement avec la moitié visible du visage horrifié de son hôte.
– Dès lors, acheva Zetsu,
il devint facile d'entrecroiser ces destinées. Il ne restait plus qu'à connaître la localisation d'une mission proche de Konan, afin qu'elle se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment...
– Espèce de... pourriture... !***
L'homme masqué n'en croyait pas ses oreilles. Certes, les événements l'avaient poussé à légèrement s'éloigner du plan initial pour le revoir à sa manière. Mais il n'aurait jamais imaginé Zetsu en mesure de se retourner ainsi contre lui.
D'un autre côté, cela le confortait dans son idée de revoir la suite des opérations : certaines menaces ne pouvaient plus être ignorées...
– Ce n'est pas un problème, se reprit alors l'homme masqué face à un Raditz au visage devenu goguenard.
Certes, il était dans mon intérêt de dévoiler cela au monde Shinobi... Mais je peux aussi te tuer... sur le champ.Soudain, sans prévenir, avant même que cette version affaiblie du Saiya-jin n'eût pu réagir, une lance de bois fut propulsée de la main de l'Uchiha masqué jusqu'à se planter dans le torse de sa cible. L'énergie restante de l'envahisseur n'opposa pas suffisamment de résistance à l'arme qui s'enfonça comme dans du beurre.
Jamais personne n'avait si profondément blessé Raditz.
– Si... faible... murmura le mystérieux Shinobi.
Le guerrier ouvrit grand les yeux de stupeur en découvrant sa blessure, mais l'horreur prit alors une nouvelle tournure quand il réalisa avec impuissance qu'une multitude de branches venaient de naître dans son corps par cette unique lance, le transperçant de toutes parts dans une brusque symphonie de craquements sinistres qui furent aussitôt suivis d'un éclatement d'hémoglobine.
– Oh, un sapin de Noël ! s'exclama joyeusement Tobi, lequel venait de retrouver, l'espace d'un bref instant, son étrange caractère puéril.
Puis Raditz, peinant à discerner la silhouette de l'homme masqué tant sa souffrance le déchirait de l'intérieur, le vit pourtant clairement s'approcher de lui.
– N'y vois rien de personnel, susurra alors l'impitoyable Uchiha d'une voix doucereuse dans l'oreille du Saiya-jin au visage agonisant.
Mais ta mort... mettra fin au plan de Zetsu.***
La terre se déforma soudain aux pieds de Nagato, laissant apparaître un Zetsu blanc au visage paniqué.
– Il est en train de tuer Raditz ! s’époumona alors celui-ci.
L'enfoiré ! Il va te devancer !
– Non... ! murmura Zetsu noir, perdant brutalement son air satisfait et manipulateur.
Il... Il ne peut pas... !?
– Nagato va retrouver sa pleine puissance et tu perdras le contrôle ! Que peut-on faire pour l'arrêter ?Mais Zetsu noir ne répondit pas. Et le chef de l'Akatsuki en comprenait bien la raison : les pouvoirs de l'homme masqué étaient dangereux pour lui. Cela signifiait que si Tobi s'apprêtait à tuer Raditz, Zetsu devrait abattre Nagato avant lui.
Or, ce dernier résistait encore trop pour permettre à son symbiote d'agir suffisamment rapidement.
***
Les gouttes du sang de Raditz perlaient contre la neige, faisant fondre la poudreuse à leur contact.
L'autrefois invulnérable Saiya-jin était parsemé du bois originaire du Shodaime Hokage lui-même.
– Cette fois, analysa l'homme au Sharingan,
tes points vitaux sont touchés. Tu vas mourir, et je dévoilerai ton cadavre à ce monde.Il soupira.
– Ce ne sera pas aussi efficace qu'une projection de Zetsu... Mais il semblerait que ce petit malin souhaitait me la faire à l'envers.Il s'approcha de Raditz et jeta un coup d’œil amusé à sa face crispée par la souffrance.
– C'est douloureux ? Cela devrait vite finir. Regarde...Il lui montra son Scouter. Les valeurs affichées chutaient en flèche.
– 70 unités... 50... 40...Il s'accroupit à ses côtés.
– Quel effet cela fait-il, de voir les chiffres de sa vie s'effondrer sous ses yeux ?
– Enfoiré... ! cracha Raditz.
Tu étais caché dans l'ombre... Depuis le début... Tu es... Tu es pire que m...Sa voix s'étouffa soudainement au moment où une nouvelle branche éclatait sa gorge de l'intérieur.
– T'écouter m'est désagréable, répliqua l'homme masqué.
Oups, 20 ? Je me suis laissé emporter...Raditz tenta de prononcer un dernier mot, mais ses cordes vocales détruites le privaient de cette ultime action. Cela n'empêcha toutefois pas le Sharingan de Tobi de lire un mot sur ses lèvres : « Pitié ».
***
La face redevenue sérieuse de Zetsu noir retrouva alors son plein sourire.
– Je plaisantais.***
Cette même expression se dévoilait soudain sur le visage du Saiya-jin agonisant, en dépit des dernières unités qui le raccrochaient à la vie.
Et quand enfin la dernière valeur de puissance du guerrier s'évapora, emportant avec elle le dernier souffle de vie de Raditz, il disparut.
Il disparut au sens propre. Il disparut dans un nuage de fumée. Il disparut selon l'unique signature d'une technique ninja bien connue...
* Kage Bunshin ?! réalisa alors Tobi.
Impossible... ! ****
– Tu n'es pas le seul à qui j'ai enseigné une technique, confia alors Zetsu à Nagato.
– Tu... murmura ce dernier, dont les gouttes de sueur perlaient sur son visage ridé.
Tu as fait tout ça pour...
– ... Pour m'assurer que ses plans se dérouleraient comme prévu... et accélérer la tâche que votre génération n'a pas su assumer.Nagato tentait de résister, mais c'était devenu vain. La totale étendue de sa volonté sur son corps ne se limitait plus qu'aux tremblements de ses mains qui se rejoignaient, lentement, sûrement, inexorablement...
– Ses... Ses plans ? Les plans... de qui ? Que... Que tentes-tu de faire... de ce... pouvoir ? murmura alors l'ultime Pain.
– Il est temps de rendre à ce monde... les ténèbres qu'il mérite.Nagato ouvrit grand les yeux, sentant peu à peu son corps échapper totalement à sa volonté.
Unique résidu de son être, sa bouche parvint seulement à articuler ses derniers mots.
– Qui... es... tu... ?Alors, le symbiote le recouvrit totalement, déchirant ses traits en un sourire qu'aucune vie n'aurait su imiter.
– Je suis... répondit-il alors à travers lui.
Et il joignit ses mains l'une contre l'autre.
– ... sa volonté.RINNE TENSEI
L'intérieur de la grotte s'illumina soudainement, laissant soudain deviner la silhouette immobile d'un cadavre assis sur un trône...
Ce sera la dernière vision de Nagato.
***– NOOOOOOON !!! hurla soudain Naruto.
En plein entrainement soumis à l'énergie naturelle, il voyait ses sens se décupler follement. Et la puissance ardente qui s'imposait dangereusement sur le monde ne lui laissait aucun doute.
– Un Chakra... aussi énorme ?! murmura la petite Shima.
C'est pas vrai !– Oui... déclara sombrement le vieux Fukasaku.
Il... retrouve sa pleine puissance...Le maître batracien abaissa tristement la tête.
– ... Raditz.– Non... balbutia Tsunade, s'écroulant à genoux.
Ses yeux se mirent à briller tandis qu'elle observait ses poings fermés. Et soudain, elle frappa le sol avec une telle puissance que la terre elle-même sembla vagir, générant une série de fissures qui parsemèrent la roche jusque sous les pieds de ses partenaires.
– MERDE !!! s'écria-t-elle, désemparée.
Et c'est ainsi que le Mont Myōboku se terra dans un imperceptible silence accompagné d'un malaise profond, lesquels furent toutefois de bien courte durée...
En effet, un hurlement déchirant résonna soudain dans la montagne. Le gémissement, parfaitement reconnaissable, venait d'un Naruto plié en deux par la douleur, tenant son ventre qui semblait le torturer d'une rare violence provenant précisément de son si unique sceau...
– Que se passe-t-il ? s'inquiéta Shima.
– Se pourrait-il... tenta d'articuler Tsunade, visiblement très perturbée.
Se pourrait-il que... le Renard réagisse... au Chakra du Saiya-jin ?– Non.La réponse de Jiraiya se montrait sans appel.
– J'ai vécu avec Naruto alors que Raditz déchaînait sa puissance. Jamais... Jamais Kyūbi n'a montré pareil comportement...Pourtant, les hurlement du pauvre Jinchūriki continuaient résonner dans le lieu sacré.
– Je... ne comprends pas... avoua enfin Jiraiya, abasourdi.
– Se pourrait-il qu'il y ait un lien... commença Fugasaku, concentré à l'extrême.
– ... ?
– ... avec le deuxième Chakra surgissant des ténèbres ?Au même instant, les deux Sannin furent simultanément parcourus d'un bien étrange frisson. Tous deux se jetèrent un regard éloquent, partageant l'étrange pressentiment que les rudes conditions de la haute montagne ne pouvaient totalement expliquer.
***
La cage sombre était la proie de terrifiants hurlements qui déchiraient l'esprit du jeune ninja.
– CE CHAKRA... ! rugissait le démon Renard à répétition.
Ses pupilles dilatées témoignaient de son état de nervosité extrême.
– JE LE CONNAIS ! s'exclama-t-il soudain avec rage et – aussi incroyable que cela pût paraître – un soupçon de peur.
Il semblait peu à peu se calmer, reprenant ses esprits. Mais ses pensées davantage raisonnées n'étaient guère plus rassurantes.
* Ce Chakra est... plus sombre que le mien... Aucun doute... Il... Il est de retour... ! *Son soudain calme apparent n'en dissimulait pas moins la tension extrême qui l'habitait, trahie par sa fourrure redressée dans un frisson révélant la folie qui se reflétait par ailleurs à travers ses yeux sauvages.
***
Konoha était plongé dans le silence du crépuscule. La rougeur du ciel éclairait sinistrement les face de ses Hokage et semblait presque se refléter dans les yeux pensifs du visage de pierre du Shodaime.
Rentrant au milieu de ses ruines, Hiashi Hyūga ne put s'empêcher de s'arrêter, constatant l'étrange atmosphère qui habitait le plus ancien village Shinobi. Ses yeux se tournèrent vers la statue du Yondaime Hokage, au dessus de laquelle se tenait un infime point noir.
Mikoto, debout, affichait une expression bien éloignée de celle qu'on lui connaissait habituellement. Le sourire provocateur faisait place à une mine aussi sombre que les cieux de la nuit qui s'imposait sur le monde.
En bas, sous les décombres de Konoha, tous les Uchiha s'étaient soudainement immobilisés et fixaient dans la même direction, comme si leurs regards si spéciaux se trouvaient étrangement liés dans cet instant bouleversant.
C'était comme si tous ressentaient le signe indescriptible de l'Histoire se mêlant aux ténèbres...
***
Au cœur de la grotte dont la lumière s'était estompée s'écroulait le corps sans vie de Nagato, sous l'ignorance distante de Zetsu.
Ce dernier, reconstitué, observait avec révérence et respect une silhouette qui se dessinait dans l'obscurité, à proximité de la zone où reposait l'ultime corps de Pain.
De longs cheveux noirs dansaient au rythme des pas de ce nouvel individu qui s'emparait d'une tenue guerrière jusqu'alors suspendue contre un mur, et qui semblait n'avoir pas bougé depuis des décennies, à en juger par la poussière que l'homme nouvellement vêtu balayait d'un geste nonchalant.
Il se tourna vers Zetsu qui s'agenouilla tandis qu'un timide résidu de la lumière lunaire s'infiltrait par l'ouverture de la grotte, éclairant le dos de l'individu dont la crinière sombre balayée par le vent laissa brièvement apparaître un éventail, symbole du légendaire clan Uchiha dont il était jadis le plus grand souverain.
– Ce gamin de Nagato, murmura alors l'inquiétant personnage d'une voix calme et posée, redoutée et maudite, qui jamais n'aurait dû résonner de nouveau dans ce monde,
a enfin grandi... ?