CHAPITRE 139
Le combat du siècle
– Kurama...De sa voix grésillante, l'ancestral batracien observait depuis les hauteurs démentielles du Mont Myōboku l'immense Renard dont la pression énergétique s'imposait à travers les cieux.
Entouré de l'intégralité des géants crapauds guerriers de la montagne sacrée, le vieil Ōgama Sennin bénéficiait d'une garde rapprochée inestimable. Et il fallait au moins ça, pour seulement espérer survivre à ce qui se préparait en contrebas...
La mémoire vacillante du légendaire devin semblait étrangement ranimée par l'absolue puissance de la créature aux neuf queues.
– Tu es bien l'héritier du Dieu Cyclope... conclut-il sombrement alors même que résonnait à travers les nuages l'horrifiant rugissement du démon...
***
Le hurlement de Kyūbi vibrait à travers les âmes de tous les Shinobi tétanisés. Le titanesque fauve, élevé sur ses pattes arrières, dominait tout le canyon par ses dimensions absurdes.
Chacune de se queues, balanciers imprévisibles, menaçant la terre du calvaire, amplifiait l'aura de puissance qui émanait de la créature que toutes les autres craignaient.
Son regard foudroyant de rage aurait suffi à anéantir les cœurs des plus courageux. Pourtant, il ne s'éparpillait plus à travers les hommes.
Cette fois, toute l'attention du démon millénaire se focalisait sur une seule cible.
Sa proie était identifiée.
– Bon sang... grogna Raditz.
MERDE ! PUTAIN DE MERDE !!!Il ignorait s'il devait l'attribuer à son imagination, mais le démon Renard semblait beaucoup plus grand qu'auparavant. Cela naissait peut-être l'impression de puissance qu'il dégageait...
Quoi qu'il en fût, le Saiya-jin se rendait compte – trop tard – qu'il n'aurait jamais dû attendre. Car l'ennemi qui lui faisait face différait de tous les autres.
Pour la première fois depuis son débarquement, Raditz se trouvait confronté à un adversaire dont son Scouter indiquait un niveau de puissance plus élevé que le sien.
C'était officiel : l'être face à lui égalait, voire dépassait sa propre force.
Il ne s'agissait plus de ne pas sous-estimer un adversaire, ou d'être en danger seulement potentiel.
Pour la première fois depuis son arrivée, il ne s'agissait plus de victoire, mais de survie, et ce dès le début du combat.
La peur tétanisait tout son corps. Le regard toujours plus violent de Kyūbi l'atteignait finalement. Il retrouvait cette sensation qu'il avait connue lors de sa première confrontation verbale avec le démon, bien des mois auparavant.
Et cette fois, la crédibilité du Renard était pleine et totale.
Forçant son organisme à ne pas trembler, le guerrier se sentait également envahi d'une émotion totalement contradictoire avec la terreur que lui inspirait le fauve millénaire. Une certaine excitation l'habitait, née de la puissance affolante que représentait son adversaire.
Après tout, Raditz était un Saiya-jin. Ces choses là ne le rendaient pas insensible.
L'excitation ascendante du guerrier se mêlait à la dangerosité menaçante du démon. Et ces réalités, parfaitement abstraites, n'échappaient à aucun des sens de tous les témoins impuissants, submergés par le danger incalculable qui les guettait.
Nombreux étaient les Shinobi valides qui observaient, tétanisés, la scène mythique se déroulant sous leurs yeux.
Jiraiya, sourcils froncés, ressentait plus que quiconque l'anormal face à face en prévision. Les deux crapauds sur ses épaules semblaient tout autant perturbés que lui, leurs épidermes recouverts de sueur ne manquant pas de dévoiler la crainte qui submergeait même ces illustres ancêtres du monde Shinobi.
– La région tout entière s'apprête à devenir le théâtre d'un cataclysme... commenta sombrement le vieux Fukasaku.
– Pourquoi ne s'enfuient-ils pas ? s'étonna Shima.
Jiraiya jeta un coup d’œil en biais aux autres Shinobi, lesquels semblaient totalement figés.
– Parce qu'ils ont compris... que ça ne servait plus à rien.Il soupira.
Comme né de son souffle, le mouvement virevoltant d'une cape s'imposa dans son champ de vision.
Le Yondaime Hokage venait de rejoindre son maître.
– Soyez sans crainte, Jiraiya-sensei... le rassura-t-il.
Je veille sur eux... et sur vous...L'ermite des crapauds sentit soudain le décor changer brutalement. Regardant autour de lui, il remarqua les lointaines neuf queues de Kyūbi balayer l'air.
À en juger par la taille apparente de l'immense démon à ses yeux, le Sannin venait d'être téléporté à des dizaines de kilomètres, à l'entrée du canyon.
Mais même de là, il ressentait clairement l'insupportable pression énergétique émanant des deux adversaires qui n'avaient rien d'humain.
Fermant les yeux, concentré, il resta un bref instant à tenter de déchiffrer ce que cela indiquait, lisant à travers l'espace les informations que lui transmettaient ses sens décuplés...
***
Raditz fixait Kyūbi sans un mot. La sueur qui recouvrait son front coulait à présent lentement contre sa joue. Mais le Saiya-jin avait retrouvé son calme, laissant place à toute sa concentration.
Le combat qui se préparait serait son plus terrible. Son Scouter et ses sens avaient terminé de balayer l'égo que l'expérience du monde Shinobi chassait partiellement chaque jour davantage depuis son arrivée sur ce monde. L'être face à lui était un adversaire – largement – à sa hauteur.
Observant de loin sa propre silhouette dans le reflet de la pupille du démon, il croyait même voir s'y dessiner la forme des immenses queues du Renard affichées par son Scouter.
L'atmosphère vibrait sous la concentration d'énergie des deux monstres, alors même que la goutte de sueur coulait contre la tempe du guerrier.
Du jeune garçon blond, il ne restait à présent plus rien. Le fauve qui se tenait là, surplombant insolemment l'ancestral canyon infranchissable dont les parois déjà défigurées lui arrivaient littéralement aux chevilles, étirait sa gueule dans une expression enragée. Que cela fût d'une rage primitive ou d'une avide soif de violence calculée, la face du Renard démontrait ce qui le rendait si particulier, même parmi les monstres de son monde.
La goutte de sueur de Raditz finissait maintenant sa course contre sa joue, alors même que l'ultime prédateur alpha du monde Shinobi s'abaissait sur ses appuis, à la manière d'un fauve à l'affût.
Et tous deux, de concert, affichèrent leur puissance, libérant sans retenue ce contre quoi le système Shinobi n'avait su résister.
La nature avait cela d'équilibré que lorsque deux créatures dominantes se rencontraient sur un même territoire, la confrontation se trouvait bien souvent avortée. La seule démonstration de puissance suffisait généralement à convaincre le plus faible de faire demi-tour.
Cet acte de domination se jouait aujourd'hui.
Le guerrier issu des confins de l'espace bandait tous ses muscles à leur paroxysme, s'élevant dans les airs pour dominer même le titan de sa hauteur. Chacune de ses fibres contractées à l'extrême hurlait la terreur qu'elles imposaient par sa race à travers les civilisations de la galaxie. La puissance qui s'en dégageait terminait de faire trembler les cieux dont les oiseaux avaient depuis bien longtemps laissé place à de sombres nuages terriblement menaçants. Tel s'illustrait le fruit de la concentration énergétique anormale qui se déchaînait à travers les deux plus puissantes créatures de la planète.
Le démon ayant traversé les siècles répondait de son hurlement sauvage, faisant vibrer la terre avec tant de puissance que l'atmosphère y résonnait à travers elle, répondant comme le feraient les trompettes de l'Apocalypse à l'invitation de leur démon.
La goutte de sueur de Raditz, arrivée à son menton, s'écoula finalement. Et tandis qu'elle tombait depuis les cieux jusqu'à la terre, ceux-ci s'illustrèrent de concert. Une série d'éclairs traversèrent les nuages, accompagnés des formes similaires de fissures déchirant le sol.
Et tandis que la goutte tombait, elle croisait maintenant la route des morceaux de roches qui s'élevaient. C'était comme si la terre elle-même, impuissante, perdait tous ses repères. Les lois de la nature s'affolaient et le monde, altéré, s'en trouvait sens dessus dessous.
Et si Kyūbi et Raditz continuaient de s'observer, un étrange éclat sembla parcourir leurs regards à la vue de la manifestation surnaturelle de la roche en lévitation. Il s'agissait de la confirmation finale d'une réalité qui ne pouvait s'illustrer qu'à travers leur plus grande confrontation : ce phénomène représentait là l'ultime preuve de la puissance démesurée de ces monstres qui, étrangement, semblaient s'accorder d'un tacite accord à l'appréciation de leur exploit commun.
Narcissiques ensemble, les deux créatures ne pouvaient maintenant plus faire marche arrière. Car, dans cette intimidation naturelle entre prédateurs, le perdant venait finalement d'être désigné : la nature.
Et quand la goutte de sueur de Raditz toucha enfin le sol, alors même que la foudre la frappait et que la terre s'ouvrait grand sous elle, tout changea.
***
Jiraiya rouvrit alors ses yeux de batracien, sourcils froncés, visage grave.
– Ça commence...***
Et Raditz ouvrit la danse.
Profitant de l'éclat de la foudre qui frappait entre les deux adversaires, le Saiya-jin envoya une boule d'énergie à grande vitesse.
À la manière d'un boxeur utilisant son jab pour surprendre par sa vitesse, le guerrier comptait frapper le premier, car cela pouvait sceller un combat. D'ailleurs, même une attaque nonchalante du Saiya-jin ne savait être contrée par les Shinobi.
Mais elle n'attirait comme seule réponse du Renard que la nonchalante utilisation de l'une de ses neuf queues.
Ainsi fut balayée l'attaque de Raditz, renvoyée droit sur son lanceur. Esquivant de justesse, le guerrier sentit le souffle de sa propre défaite effleurer son épiderme.
Tandis qu'explosait au loin l'affolante puissance de l'attaque sauvage du guerrier, ce dernier avala sa salive. Il venait d'avoir la dernière confirmation – si elle était nécessaire – que Kyūbi jouait maintenant clairement dans sa catégorie.
Il n'avait plus d'excuse. Son adversaire n'avait usé d'aucun artifice particulier. Et lui-même ne se trouvait pas affaibli d'une quelconque manière...
***
L'immense silhouette du Renard courait en direction de l'infime point noir lévitant dans les cieux, qui en fit autant en volant.
Alors, une intense lueur illumina l'horizon, forçant tous les spectateurs à se masquer les yeux.
Le combat le plus terrible du siècle avait débuté. Et il confrontait déjà une série de blasts énergétiques avec une pluie de Bijū Dama, qui se rencontraient en générant des explosions à haute fréquence, parsemant toute la région de leur lueur à la manière d'un orage cataclysmique dans lequel chaque éclair avait la capacité de raser des montagnes.
Le Saiya-jin tentait des offensives en volant mais Kyūbi n'avait qu'à lever la tête pour projeter ses attaques dans sa direction. Crachant toujours à haut débit, il remarquait que le Saiya-jin parvenait tout juste à l'égaler, ce qui était un exploit incroyable ayant la fâcheuse conséquence de l'énerver.
Personne – pas même cet avorton – ne devait tenir tête au démon Renard.
Alors, sans prévenir, Kyūbi s'abaissa sur ses appuis et bondit à une vitesse et une puissance phénoménales pour sa corpulence qui surprirent même le Saiya-jin. Abattant sa patte sur sa proie, le Renard l'envoya brutalement valser sur une multitude de kilomètres jusqu'à le perdre à l'horizon.
***
Les ninjas étaient choqués par cette vision du champ de bataille lointain totalement dévasté. Toute la région venait d'être brutalement transformée en quelques secondes par une violence inimaginable.
– Comment... Comment étions-nous censés combattre ça... ? lâcha, dépité, un Chūnin de Kiri.
Il y eut un silence.
Soudain, une terrible explosion fit s'élever un lointain bloc de pierre, lequel n'était pas un monticule de taille anodine, et se trouvait directement propulsé en direction de Kyûbi.
– Attendez... grogna un gros ninja.
Je rêve ou... Raditz vient d'envoyer une colline sur Kyūbi ?!Personne ne lui répondit, personne n'ayant le cœur d'acquiescer à une question qui n'aurait dû provoquer que des rires. Car propulser une colline sur son adversaire aurait dû être une idée totalement absurde, irrationnelle, incongrue et particulièrement farfelue.
Et pourtant, Raditz venait bel et bien d'envoyer une colline sur Kyūbi. Et, comme si cela ne suffisait pas, ledit massif fut littéralement pulvérisé par une simple bombe propulsée négligemment de la gueule du démon Renard, à la manière d'un vulgaire crachat.
Profitant de cette agitation, Raditz parvint à casser la distance et envoyer une terrible droite sur le museau du démon qui se sentit soulevé du sol avant d'être envoyé valdinguer jusqu'à s'écraser contre une autre montagne – également détruite au passage.
Mais le guerrier n'en avait pas fini et il se jeta à pleine puissance contre le torse du Renard qu'il plia en deux de douleur, avant d'être attrapé par ses puissants crocs.
* L'enfoiré... ! pensa avec rage le Saiya-jin.
*Hurlant comme un dément, il parvint tout juste à s'extirper de la gueule du Renard et marqua la distance. Reprenant son souffle, il constata que Kyūbi semblait légèrement fatigué également, mais de toute évidence, pas plus que lui.
Perturbé par cette information, il parvint tout juste à se protéger d'un nouvel assaut de Kyūbi. Ce dernier venait de violemment frapper la terre de ses griffes, labourant le canyon mythique tel un renard fouillant dans un terrier de taupe. D'innombrables blocs de pierre aussi gros que des immeubles se trouvaient maintenant propulsés droit sur le Saiya-jin, brouillant sa vision.
Ce dernier, totalement survolté par cette confrontation digne de lui, déchargea sa pleine puissance, s'autorisant brièvement à abaisser sa garde pour faire exploser son énergie en détruisant les massifs propulsés. Il se paya même le luxe d'en attraper un au passage qu'il renvoya avec vitesse et précision droit vers l’œil enragé du démon.
Il s'attendait à voir Kyūbi se protéger simplement d'une queue et comptait jouer sur cet effet pour tenter une diversion. Mais le Renard se contenta d'abaisser légèrement son front, conservant sa pupille brillante pointée droit vers le Saiya-jin, encaissant de plein fouet l'offensive au niveau d'une de ses gigantesques oreilles. Bien que non invalidante, la puissance du choc se devina à travers le grognement de douleur du monstre des Shinobi.
Mais Raditz conservait un coup d'avance sur cette observation. Et cela lui permettait de réaliser que Kyūbi en avait encore un autre.
Si le Renard ne s'était pas protégé de ses queues, c'est parce qu'elles se trouvaient enfoncées profondément dans le sol. Les neuf queues du démon préparaient une attaque dévastatrice...
***
– Hmm... ?Sa cape aux nuages rouges partiellement déchirée par sa confrontation actuelle face à la Mizukage, le jeune Deidara ressentait bien l'incroyable puissance qui se déchaînait au loin. Et il réalisait que ses plus grands artifices faisaient figure de piètres pétards en comparaison de ce qui s'imposait au pied de l'immense montagne encore lointaine.
Mais plus encore, un fait n'échappait pas non plus à son adversaire. Il ne s'agissait pas seulement d'explosions.
L'incroyable Chakra du démon se mêlant à la terre y puisait dans sa ressource la plus inaccessible des hommes, à une profondeur anormale. Et la maîtresse du redouté Yōton en restait totalement interdite, alors même que sous leurs pieds s'affolait une nouvelle fois le sol à l'agonie.
***
Car Kyūbi, dont le Chakra s'étendait par ses neuf queues jusque dans les entrailles de la terre, en libérait finalement la puissance ultime.
***
De leur distance, Jiraiya et le reste de l'armée eurent alors une nouvelle vision défiant toute logique. Tout autour de la silhouette pourtant si lointaine du géant Renard s'imposa brutalement une véritable colonne incandescente. Sa seule observation semblait brûler les yeux des spectateurs pourtant situés à des kilomètres alors même que se déchaînait un véritable geyser de lave au cœur duquel la silhouette imposante du titan à son origine semblait soudainement bien petite.
Un véritable volcan improvisé se créait autour des neuf queues de la plus puissante créature de la planète.
Le Saiya-jin tenta bien d'y échapper, mais les dimensions du monstre de magma libéré des entrailles du monde dépassait l’entendement. Et il fut propulsé à une telle puissance qu'il en balaya même des nuages parsemés d'éclairs défigurant le champ de bataille.
C'était comme si une montagne de lave venait de s'imposer aux côtés du Mont Myōboku.
– C'est... balbutia un Jōnin de Kumo.
C'est... quoi... ça... ?!
– Du Ninjutsu, à leur échelle... répondit sombrement Kakashi, tout aussi stupéfié.
Observant religieusement la manifestation de puissance qui se déchaînait à l'horizon, ils ne prononcèrent plus aucun mot.
Positionné aux côtés du charismatique Yondaime Hokage, le jeune Sasuke Uchiha conservait son regard totalement focalisé sur le champ de bataille.
***
Raditz se trouvait piégé dans la roche en fusion éjectée depuis la terre, rappel d'un monde qui ne voulait pas de lui. Serrant les dents sous la douleur, il en perdait tous ses repères, ses six sens touchés par le magma plongeant tout son corps dans son étreinte mortelle.
Pourtant, contrairement à absolument tout observateur du combat de titan qui l'opposait à la Bête venue du fond des âges, Raditz savait que cela ne le tuerait pas. Et il eut même la présence d'esprit de réaliser – juste à temps – que même une attaque d'une telle ampleur ne représentait pas du tout une carte maîtresse pour Kyūbi.
C'était une simple diversion.
Ainsi, la vue du guerrier, son odorat, son ouïe, son toucher, son goût et même ses capacités sensorielles mises à mal par la lave ne brisèrent pas son esprit devenu expérimenté. Et tandis que bondissait sur lui l'horrifiant Renard, Raditz parvint à l'atteindre d'un uppercut dans le flanc envoyé à pleine puissance.
Le feu d'artifice de la roche en fusion que généra ce choc défigura totalement le paysage, propulsant de véritables mares de lave sur des kilomètres, ravageant totalement la région, y compris l'immense montagne sacrée qui s'en trouva parsemée d'importants stigmates rougeoyants.
Sous cette image cataclysmique s'imposait l'image du Saiya-jin, dont le poing serré à l'extrême pliait une nouvelle fois la créature démesurée qui effectua un agile bond en arrière pour retrouver sa posture.
– ESPÈCE DE SALE ANIMAL, JE VAIS TE DRESSER ! hurla Raditz, la sueur ruisselant sur son visage se mêlant à un étrange goût dont il avait oublié la saveur : son propre sang.
L'un comme l'autre, les adversaires commençaient à présenter les marques d'une confrontation anormale. Et l'un comme l'autre semblaient totalement abasourdis et enragés de faire face à un adversaire capable de les pousser dans de pareils retranchements.
Raditz fonça droit sur le fauve alors même que Kyūbi repartait à la course en direction du Saiya-jin. Ils frappèrent simultanément, et de leurs deux coups se rencontrant dans « BANG » supersonique s'accompagna un véritable cataclysme.
***
– Il se passe quoi, là-bas ?! s'exclama Bee, ressentant l'affolante puissance dont l'épicentre venait du cœur du canyon.
Ils se trouvaient pourtant encore à des kilomètres de leur objectif depuis l'interruption du membre de l'Akatsuki. Et en dépit du caractère terriblement entravant de l'énergie naturelle propre à ce lieu si chargé, rien ne semblait pouvoir contenir les forces opposées face auxquelles la nature elle-même s'inclinait.
Bee avait bien compris le sens des paroles de son démon. Kyūbi était vraiment à part. Même Hachibi, pourtant réputé à Kumo pour sa puissance démesurée et incontrôlable par rapport à Nibi, ne tenait plus la comparaison.
Le Jinchūriki fut brutalement ramené à la réalité par une éclaboussure contre son flanc droit. Tournant son regard étonné, il vit passer Izumi Uchiha, armée d'une lame, fusant droit vers Kisame, glissant sur l'eau agitée parsemant tout le champ de bataille.
Bee réalisa avec retard que la jeune réanimée lui avait dérobé l'une de ses épées. Elle comptait habilement utiliser l'effet de stupeur imposée par la montée en puissance affolante et lointaine pour s'offrir une ouverture face à l'épéiste.
Et cela pouvait marcher.
Cela devait marcher.
Kisame ne pourrait pas la sentir. Elle était une Edo Tensei. Qui plus est, sa discrétion rivalisait avec les plus habiles des chats.
Alors pourquoi son adversaire tourna-t-il son regard dans sa direction ?
L'épéiste, réalisant ainsi à temps l'attaque en traître de l'Uchiha qu'il parvint partiellement à contrer, s'en sortit avec une brève égratignure sur sa joue déjà déformée de branchies. Effectuant un bond en arrière, Kisame lécha le filet de sang qui s'écoulait de sa plaie, dévoilant les dents pointues de son sourire carnassier.
– Je vous en dois une... murmura alors le redoutable membre de l'Akatsuki.
Bee fronça les sourcils. Mais Izumi, plus proche, savait quant à elle précisément à qui leur adversaire s'adressait.
Une silhouette dominait la scène, sur une paroi du canyon.
– Si je n'avais pas tourné mon regard dans votre direction, reprit le membre de l'Akatsuki,
je n'aurais jamais remarqué l'arrivée de cette gamine.Izumi serra les dents.
Elle manqua soudain un sursaut en découvrant briller dans le noir les yeux rouge étincelants de la silhouette surplombant le champ de bataille.
* Des Sharingan ?! *Bee plissa les yeux tandis que se dessinait la silhouette de ce nouvel ennemi face à eux. Mais son attention restait focalisée sur un autre détail.
L'homme tenait nonchalamment une silhouette étendue. Et Bee la reconnaissait.
– Yugito ?! s'exclama le Jinchūriki, soudainement bouleversé.
Kisame laissa échapper un rictus amusé, observant également la jeune femme inconsciente sur l'épaule du nouvel arrivant.
D'autres soldats l'avaient remarquée, et particulièrement parmi les survivants de Kumo. Découvrir l'une de leurs plus redoutables partenaires dans une telle posture généra un électrochoc à tous ceux qui voyaient dans les Jinchūriki de leur village l'ultime rempart face aux menaces.
– Oh... réagit l'épéiste.
Comme on pouvait s'y attendre... Je vois que vous ne perdez pas de temps...Son sourire s'agrandit.
– ... Madara-sama...Izumi ouvrit grand les yeux de stupeur à l'évocation de ce nom. Aucun Uchiha ne pouvait s'y montrer insensible.
* Impossible... ne put-elle que penser.
M... Madara... Madara Uchiha ?! *Elle fronça les sourcils.
* Il... Il devrait être mort... Il devait être mort bien avant ma naissance... Alors comment... Comment pourrait-il être vivant bien après ma mort ?! *L'Uchiha légendaire conservait son attention calme légèrement tournée en l'air, comme pour humer avec délectation le doux goût sensoriel du plus terrible combat de l'histoire.
– Quelle nostalgie... reprit Kisame.
Me battre aux côtés d'un Uchiha me ferait presque regretter Itachi...Un scintillement écarlate brilla soudain à la surface de l'eau. Le regard de l'épéiste se tourna dans cette direction, observant la jeune Izumi dont les sourcils froncés à l'extrême dévoilaient soudainement une rage extrême.
– Que... murmura-t-elle d'une voix tremblante, fixant Kisame tandis qu'elle se relevait avec rage.
Quel nom... viens-tu... de prononcer ?
– Itachi ? répéta l'épéiste, surpris.
C'était mon partenaire...Son visage s'éclaircit en un sourire mauvais à mesure qu'il comprenait.
– Oh... Ne me dis pas que... Tu es...Ses dents pointues s'étirèrent plus que jamais.
– ... C'est mign...Il ne put terminer sa phrase que l'assaut fut lancé. La jeune Uchiha venait de brutalement fuser sur le maître des eaux pour un échange enragé de lames. Ce dernier parvint péniblement à la repousser en utilisant l'allonge extrême de son épée si spéciale.
Atterrissant à distance, la jeune Uchiha effectua une série de Mūdra.
– Du Katon ? ricana Kisame, effectuant en parallèle d'autres signes de la main.
C'est inutile contre moi...Ainsi s'échappèrent simultanément la flamme de l'Uchiha contre l'eau de l'épéiste. Parfaitement confiant, Kisame s'amusa à observer sa vague s'écraser contre la boule de feu. Son sourire de dissipa toutefois bien plus rapidement que cette dernière lorsqu'il réalisa que le Katon d'Izumi faisait face à son Suiton.
Les deux techniques s'annulèrent mutuellement sous son regard estomaqué. Et il réalisa avec stupeur que son adversaire venait d'utiliser un Ninjutsu si puissant que son désavantage d'affinité avait pu être compensé.
* J'ai sous-estimé cette gamine... s'agaça l'épéiste, préférant toutefois ne pas perdre de vue le redoutable Shinobi de Kumo.
*Serrant les dents, Kisame tourna son regard en direction de Madara.
– J'aurais espéré un peu d'aide...L'attention de Madara, brièvement intriguée par la performance de l'ex-amie d'Itachi, restait toutefois focalisée en direction du plus féroce combat de la région.
– ... Mais j'imagine que vous êtes plus intéressé par le plus gros poisson, conclut l'homme-requin.
– TOI ! s'exclama soudain Bee, enragé, pointant du doigt Madara.
LAISSE YUGITO !Le Sharingan se posa sur le Jinchūriki. Bee sentit soudain ses membres s'engourdir, ressentant pleinement l'intense pouvoir de la pupille légendaire.
* Expérimenter le Sharingan avec Madara... pensa – presque tristement – Kisame.
Brutal... *Soudain, Bee reçut comme un électrochoc. Que cela fût lié à son Bijū ou à la seule rage affolante qui l'animait, l'effet fut immédiat. Et il se libéra de la redoutable illusion.
Alors, l'esquisse d'un sourire se dessina sur le visage neutre de l'Uchiha. Et, d'un bond, il disparut à la vue du champ de bataille.
– ATTENDS ! hurla Bee.
Il se précipita à sa suite, mais Kisame s'interposa.
– Ne sois pas si pressé... murmura-t-il, armant son épée pour frapper en traître le frère adoptif du défunt Raïkage.
Bee serra les dents, ayant ignoré dans sa rage la présence de ce redoutable adversaire. Mais l'épée goûteuse de Chakra frappa un obstacle.
Izumi Uchiha venait de s’interposer, usant son corps en guise de bouclier. Son organisme d'Edo Tensei déchiqueté par la lame aux écailles acérées ne l'empêcha pas de s'empaler davantage pour attraper le manche du membre de l'Akatsuki.
– Fonce, murmura-t-elle.
On s'occupe de ce type.Kisame serra les dents, surpris par tant d'audace et d'imprévisibilité.
– Tu peux encore la sauver, ajouta-t-elle.
Son regard brilla avec davantage d'intensité.
– Et toi, murmura-t-elle,
t'as intérêt à tout me dire sur Itachi !Bee lui jeta un coup d’œil en biais, croisant le regard incandescent de l'Uchiha. Et il comprit que tous deux se trouvaient animés par les mêmes motivations.
Alors il fusa, s'élançant à la suite du terrible Uchiha, ignorant le poids de l'énergie naturelle, renforcé par ses sentiments.
***
– L'amour... déclarait une voix.
Parviendra-t-il à conserver l'équilibre ?Régnant sur une forêt qui s'étendait à perte de vue, dans laquelle ruisselaient torrents et rivières sources de l'une des rares sources de vie non impactées de la planète, l'immense limace se tenait devant une boule de cristal, affichant en direct les terribles événements qui se déchaînaient au pied du Mont Myōboku.
– Le monde entre-t-il dans une phase de catabolisme critique ? Sa guérison est-elle toujours permise ?Elle soupira.
– J'aurais aimé partager ton optimisme d'antan, Gamamaru...Sa boule de cristal affichait l'image horrifiante du combat titanesque de Kyūbi et Raditz, déchaînant la nature dont elle ressentait parfaitement la souffrance.
– Douterais-tu de cette génération ? intervint à travers la boule de cristal la voix du vieux Sage Crapaud.
– Je crains que cela dépasse le présent, soupira la voix de la vénérable Limace.
Après tout, j'ai aussi cru en mon disciple, un siècle auparavant...Sa sphère afficha alors une autre image : celle de Madara Uchiha, fusant à travers le canyon.
– ... Mais même le jeune Senju a finalement échoué.
– Peut-être... reconnut le Sage Crapaud.
Ou peut-être a-t-il laissé quelque chose transcendant les générations...
– Hmpf... siffla une troisième voix.
– Je l'espère... répondit la Limace.
Je l'espère sincèrement, car à défaut d'avoir raison, j'espère pouvoir donner tort aux regrets du Sage Serpent Blanc...Il y eut un silence.
– Que regrettes-tu, déjà, Hebimaru ? intervint Ōgama Sennin.
– ... De n'avoir pas quitté ce monde, répondit la troisième voix.
Il y eut un nouveau silence.
– Je vois, réagit l'illustre ermite des batraciens.
Effectivement, je préférerais que tu aies tort.La sphère s'illumina alors tandis que reprenait de plus belle le combat du siècle...