CHAPITRE 129
Pression
Tenshinhan voulut se jeter sur Kimimaro, mais Jūgo profita de son inattention pour l'enserrer par derrière, dans une prise d'étranglement renforcée par les puissants jets d'énergie issus d'excroissances au niveau de ses coudes.
* Merde, pensa-t-il, réalisant avoir baissé sa garde face à son adversaire.
*Zakuzi avait remarqué le total retournement de situation en faveur de son équipe. Et un sourire animait son expression.
– C'est vrai que vous êtes forts, reconnut-il à l'adresse de ses deux adversaires.
Mais ça semble mal barré pour vous...Face à lui, Rōshi et Gyumaō reprenaient leur souffle. S'ils arrivaient à opposer une bonne résistance au sbire du démon, ils n'en restaient pas moins en sérieuse difficulté. Toutefois, la détermination affichée sous les lunettes du vieil ermite n'avait pas flanchée.
– Tu as raison, approuva-t-il, à la surprise de son ennemi.
On a connu meilleure situation...Il reprit sa garde, en même temps que son ancien disciple.
– Et pourtant tu continues de vouloir te battre ? s'étonna Zakuzi, moitié surpris, moitié amusé.
– Allons, répliqua Rōshi.
S'il y a une chose qu'un vieil homme tel que moi peut t'enseigner, c'est bien l'absence de déterminisme.
– ... ?
– D'ailleurs, cela vaut également pour les arts martiaux... reprit l'ermite d'un air pensif.
Et sais-tu à quoi on reconnaît un vrai maître ?Il croisa le regard de Gyumaō. Le colosse, sans même avoir à s'interroger, ferma soudain les yeux.
* Mais qu'est-ce qu'il fout ? s'étonna Zakuzi.
*Prudent, il tira en direction de Rōshi, lequel était le plus proche, afin d'éviter toute tentative stupide de sa part. Mais le vieux combattant esquiva d'un agile bond en arrière, atterrissant sur la paume tendue de son disciple, lequel conservait ses paupières closes.
* C'est absurde, se dit le volatile.
Ils ne peuvent pas... se battre de façon optimale comme ça !? *Et soudain, le colosse, d'un mouvement assez anarchique du fait de son absence de vue, envoya maladroitement son maître droit sur leur ennemi.
Le lancer fut si incertain que ni Rōshi, ni Zakuzi ne purent aisément prédire l'atterrissage du vieil homme. Mais là où l'allié du démon tenta de l'abattre à distance, le vieux maître parvint à rebondir avec souplesse pour changer brutalement de direction, surprenant son adversaire en glissant tant bien que mal entre ses jambes.
HAAA
Envoyant un violent Kikoha par derrière, dans un angle parfaitement dosé, Rōshi le propulsa dans les airs avec une violence impressionnante.
L'oiseau, abasourdi, s'écroula, partiellement sonné, à même le sol.
– Le bon combattant n'est pas celui domine, reprit Rōshi, réajustant ses lunettes.
Ce n'est pas celui plie l'environnement à sa volonté, mais celui qui l'utilise et s'y adapte de la meilleure façon.Chichi, attirée par la puissance foudroyante de l'assaut imprévisible du duo, perdit brièvement de vue son opposante. Cette dernière avait pourtant été rejointe par l'oiseau vaincu, qui profita de cette inattention pour lui mordre le bras.
Et soudain, à la stupeur générale, ses blessures se rétablirent d'elles-même. Rōshi et Gyumaō, rejoignant aussitôt leur jeune partenaire, virent avec impuissance l'oiseau se relever, visiblement en pleine forme.
* Des... capacités de soin ?! s'inquiéta l'ermite de la Tortue.
Mince, j'avais pas prévu qu'ils avaient une telle recrue ! *– Tu as raison, vieil homme, marmonna Zakuzi.
Toujours utiliser l'environnement...Karin grimaça, mais se tint prête. Et le combat reprit, à deux contre trois cette fois.
– Chichi... murmura Rōshi.
Tu as été initiée aux arts de la Tortue, si je ne m'abuse ?La jeune femme grimaça.
– Ne vous méprenez pas ; je ne suis pas votre élève.
– Hmm...
– Chichi... grommela son père.
– ... mais je devrais suivre la cadence, concéda-t-elle, laissant échapper un léger sourire.
Les lunettes du vieux Rōshi semblèrent alors briller.
– Ça me va.Les trois se mirent en garde, simultanément.
– Le travail d'équipe est leur point faible, reprit le vieil ermite.
Au final, je dirais que les circonstances sont plutôt à notre avantage.
– Vous croyez ? répliqua Zakuzi, amusé.
***
– Alors, tu étais vivant, murmura Raditz.
Naruto.Kakashi fronça les sourcils. L'énorme pression qui émanait du Saiya-jin face à eux lui réapparaissait d'une réalité qu'aucun souvenir n'aurait su parfaitement révéler.
Avec le monde succédant la destruction de Konoha et d'une partie du monde Shinobi, le Ninja Copieur avait fait face à de nombreuses situations difficiles et dangereuses, ainsi que la proximité de redoutables individus. À force, il s'était habitué à fréquenter des combattants d'exception, dépassant le niveau communément reconnu de ninja.
Alors pourquoi ses muscles restaient-ils si tendus ? Pourquoi se retrouvait-il presque comme un chiot impuissant face à un lion ?
Son cœur battait fortement dans sa poitrine, mais il parvenait tant bien que mal à en maîtriser les puissantes pulsations qui, sans cela, l'auraient plongé rapidement dans le cercle vicieux de la perte d'un contrôle qu'il n'avait déjà plus vraiment.
Sakura s'était immobilisée à quelques pas de Sasuke, totalement déboussolée par sa compréhension horrifiante du phénomène. L'énergie implacable de Raditz dominait totalement cette scène de combat avortée et qui apparaissait maintenant totalement futile.
* Lui... ! réalisa la jeune fille avec horreur.
Non... NON !!! *Bien que Naruto fût le plus proche de Raditz, tous les autres semblaient totalement pétrifiés par la puissance sauvage anormale du Saiya-jin.
Ce dernier croisait les bras, intrigué et surpris par le calme de ses retrouvailles avec le jeune Naruto, mais aussi par la puissance de la flamme étonnante qui semblait l'animer en résonnant à travers le Scouter. Toutefois, en dépit de ces surprises, le guerrier n'en montrait pas la moindre inquiétude.
– Ta survie force le respect, admit Raditz, analysant parallèlement les environs de son regard bien plus calculateur qu'autrefois.
Il observa le corps étendu de Gaï, allongé, emporté par l'épuisement d'avoir conduit ses partenaires en ce lieu aussi rapidement. Bien sûr, Raditz se souvenait de son combat contre lui. Il n'avait d'ailleurs jamais vu un humain dévoiler une telle puissance de combat – même si celle-ci n'avait été que terriblement éphémère et coûteuse.
Il fixa alors Shikamaru. Ce dernier abaissa aussitôt les yeux, comme pour se fondre avec le décor, ou simplement s'extraire de cette interaction qui le privait de ce qu'il avait de plus cher : sa réflexion.
Les yeux de Raditz pivotèrent ensuite en direction de Gaara. Celui-ci, d'habitude habité par un calme froid, voyait son visage humecté de gouttes de sueur.
Le Saiya-jin continua de balayer la scène, s'arrêtant sur le Sharingan de Sasuke qu'il fixa avec provocation. Les yeux brillants de l'Uchiha scintillèrent dans un défi absurde, mais Raditz, amusé, s'en était déjà détourné.
Et il observa Sakura. La jeune fille tenta brièvement de masquer sa terreur par un masque de détermination, mais le seul contact du regard de Raditz la fit aussitôt trembler comme une feuille.
Enfin, le Saiya-jin fixa Kakashi.
Ce qu'il se passa ensuite fut incroyablement rapide. Les Mangekyō Sharingan de Sasuke ne décelèrent que l'amorce d'un mouvement...
Il y eut un bruit sourd. Puis le Ninja Copieur s'écroula, frappé du puissant poing du guerrier qui lui transperça le torse comme on embrocherait un poivron.
Les regards, perdus, estomaqués, se tournèrent avec décalage vers l'endroit où Raditz venait de se déplacer – au milieu d'eux – réalisant tout juste le fait qu'il venait d'abattre l'un des plus grands Jōnin d'élite au monde en un coup imperceptible pour tous les yeux, aussi rouges fussent-ils.
***
– PAPA ! s'exclama Chichi.
Frappé de plein fouet par un tir de blaster, le colossal Gyumaō s'écroulait.
* L'enfoiré... pensa Rōshi.
Il... Il a utilisé la fille... pour me distraire... ! *Jetant un coup d’œil à son ancien disciple, il s'abaissa, sans baisser sa garde, et évalua le pouls de la victime.
– Il est juste inconscient, murmura-t-il à l'adresse de Chichi.
– Oh... ? réagit le volatile ennemi.
Voilà qui est... impressionnant. Ce type est coriace.Fronçant les sourcils, l'ermite ressentit clairement la balance pencher dans le camp adverse. Zakuzi faisait preuve d'une intelligence imprévue. Depuis sa première défaite, il lui était apparu évident que le travail d'équipe était la clé. Et, plutôt que de frapper directement le plus fort – Rōshi –, il avait réalisé que Gyumaō représentait le lien le plus important de cette nouvelle équipe. Le vieil homme et la femme ne partageaient que bien peu, en dehors du style de combat de l'Ecole de la Tortue.
Sans Gyumaō, une part importante de leur atout de poids s'écroulait.
Au même moment, Suigetsu fusa droit vers Krillin, profitant de la défaite de Yamcha et de la déconvenue générale pour tenter une attaque en traître sur le possesseur des Dragon Ball.
Krillin, déboussolé, le remarqua bien trop tard. Et alors qu'il pensait n'avoir pas le temps de réagir, le redoutable épéiste d'eau se figea.
Son corps s'était transformé en glace.
Le jeune guerrier tourna son regard abasourdi vers Haku, lequel pointait encore sa main en direction de l'épéiste qu'il venait d'immobiliser.
– Inutile de se cacher plus longtemps, reprit Haku.
On doit récupérer la boule à quatre étoiles au plus vite...Il fronça les sourcils, croisant le regard terriblement dur de Kimimaro, qui réalisait clairement sa trahison. Sans le dévoiler, Haku ressentit alors une puissante forme d'intimidation.
***
Un sourire carnassier animait le visage de Raditz, fixant froidement le regard abattu de Kakashi, à quelques centimètres du sien. Puis l'expression du guerrier s'illumina, au sens propre du terme.
Le corps tout entier de Kakashi se décomposait en effet sous les yeux de tous, se transformant en un intense filet de foudre dans laquelle se trouvait toujours enfoncé le poing de Raditz. Brillant de sa scintillante puissance qui frappa de plein fouet le Saiya-jin, l'homme devenu éclair s'évanouit ensuite dans un silence absolu.
Le génie Hatake faisait de nouveau preuve de sa parfaite maîtrise des arts ninjas, se laissant abattre par le terrifiant envahisseur pour mieux le frapper par la foudre.
Raditz releva son poing électrisé qu'il analysa calmement, son expression inchangée.
– Ça picote...Il abaissa ensuite son bras et tourna son regard en direction d'un bosquet proche.
– J'aurais préféré que tu me salues en personne, Kakashi.Dissimulé dans les plantes, le Ninja Copieur fronça les sourcils.
* Depuis le début, il savait... ! *Comprenant l'inutilité de se cacher, le Jōnin fit son apparition.
Il analysa rapidement la situation. Non seulement Raditz disposait d'une puissance ahurissante, mais il venait de leur prouver à tous autre chose. Il n'avait plus rien du monstre qui avait débarqué.
Aujourd'hui, c'était comme si un Shinobi lui faisait face, à la seule différence qu'aucun ninja connu de ce monde ne pouvait qu'effleurer la puissance ahurissante de cet envahisseur.
Kakashi le savait, mais s'y confronter était quelque chose.
Le silence fut de nouveau brisé. C'était Sakura. La jeune fille venait de s'écrouler sur ses genoux, dont les tremblements devenus trop importants les faisaient finalement flancher sous son poids. Sa proximité avec le colossal guerrier avait eu raison de tout le courage accumulé jusqu'alors.
* On ne peut lui en vouloir, se dit Kakashi, tendu comme jamais.
Face à un tel monstre... *Tous les autres aussi semblaient bouleversés. Ce qui, individuellement, trahissait chez eux la peur face à Raditz, se trouvait maintenant amplifié depuis sa démonstration de force.
Une des règles principales d'un Ninja était de ne pas montrer ses émotions. Et force était de reconnaître que le groupe d'individus s'en sortait bien mieux que la majorité des Shinobi. Seuls le frisson, la pâleur, la sueur et un sentiment d'horreur animaient chacun de ces visages habituellement connus pour leur neutralité apparente. Ne dévoiler que si peu d'émotions face à un être débordant d'une puissance si extrême relevait de l'exploit. Le seul fait de rester conscient à sa proximité inspirait l'admiration.
Mais au final, la scène qui se dessinait sous les yeux horrifiés du Jōnin était celle d'un groupe d'enfants apeurés face à un Shinobi d'élite.
C'était du moins le cas à une exception près. Naruto, bien que visiblement particulièrement concerné, ne dévoilait aucune peur.
Les rôles étaient donc totalement inversés parmi les Genin.
Raditz, ayant également remarqué ce fait intriguant, se détourna du groupe de ninjas prodiges réduits à des proies impuissantes pour marcher d'un pas calme en direction de l'Uzumaki.
– Je suppose que c'est le Renard qui t'a sauvé, à Konoha ? interrogea alors Raditz, poursuivant ses paroles initiales, comme si toute la scène précédente n'avait été que négligeable.
Naruto croisa les bras.
L'attention du guerrier était totalement captivée par le jeune Uzumaki, qui continuait de croiser les bras, bien qu'affichant un regard autrement plus sérieux qu'auparavant.
– Tu sembles avoir changé, Naruto... remarqua alors le Saiya-jin.
– Ça faisait longtemps, Raditz-sensei.
– Hmpf... ricana le Saiya-jin.
Il observait son ancien disciple avec un mélange de curiosité et de prudence.
– On dirait bien que tu es devenu un ninja accompli.
– Un ninja ? Je ne sais pas... Tu as contribué à ce que je suis devenu, non ?
– Tu devrais rester prudent quand tu t'adresses à moi, gamin. Je ne suis pas ton maître. Celui que tu as connu était sous l'emprise d'une très puissante illusion...Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.
– ... dont je me suis sorti depuis longtemps.
– Je m'en fiche, marmonna Naruto.
– Oh... ?Raditz laissa échapper un bref rictus.
– Tu sembles vraiment confiant, Naruto. J'avoue que ta puissance actuelle... m'impressionne. C'est ton maximum ?
– Oui.
– Tu bluffes.Naruto haussa les sourcils.
– J'ai vu comment tu avais réagi quand j'ai tué le clone de Kakashi, reprit Raditz.
– Et comment j'ai réagi ? questionna l'Uzumaki.
– Tu n'as rien fait.Le Saiya-jin resta un bref instant pensif, laissant le Shinobi s'imprégner de ses paroles.
– Pourtant, poursuivit enfin le guerrier,
tu aurais pu au moins tenter quelque chose. C'est ce que le Naruto que j'ai connu aurait fait.Il croisa les bras à son tour.
– Donc, soit tu as vraiment changé... soit tu as analysé la position où j'allais frappé, tout en sachant que ce n'était qu'un clone.Derrière, Kakashi fronça les sourcils, ayant déjà compris où voulait en venir Raditz par sa déduction.
– Dans ce second cas, je dois en déduire que tu possèdes une capacité importante à lire les énergies.
– C'est possible, reconnut Naruto.
– Tu connais donc ma puissance... et la tienne. Et tu restes calme.
– Et alors ?Raditz laissa échapper un fin rictus.
– ... Par curiosité, s'enquit alors Raditz,
penses-tu... être de taille contre moi ?Sasuke, Gaara et Shikamaru restèrent totalement abasourdis par une telle interrogation. Kakashi lui-même, en retrait, fronça les sourcils avec stupeur en réalisant que le Saiya-jin invaincu de ce monde admettait directement qu'il n'était pas exclu qu'un Genin puisse se tenir debout devant lui.
– Avec le Mode Sennin, murmura Naruto,
je ressens parfaitement les énergies... Et comparée à la mienne, ce que tu dégages est...Il marqua une pause, fronçant les sourcils tandis qu'une goutte de sueur perlait sur son visage.
– ... titanesque.Ce fut au tour de Raditz de hausser les sourcils.
– L'énergie naturelle stabilise mon cœur et mon esprit, reprit Naruto.
Mes pensées sont plus raisonnées, c'est pour ça que je m'adresse à toi aussi facilement. Mais honnêtement, sans ça, je serais sûrement recroquevillé de peur, comme n'importe qui d'autre. Mode Sennin ou pas, j'ai aucune chance. Mon entraînement au Mont Myōboku ne me permettra jamais de te vaincre au combat.Il soupira, sous le regard surpris du Saiya-jin.
– J'en avais même oublié l'étendue de ta puissance, reconnut finalement l'Uzumaki d'une voix sombre.
Non... Je crois ne l'avoir jamais pleinement réalisée... jusqu'à aujourd'hui.
– Alors quoi, reprit Raditz,
c'est tout ?
– Des tas de gens arrivent, reprit Naruto.
Je les sens, ils sont en route...
– Je sais.Le guerrier fronça les sourcils.
– Tu penses qu'ils peuvent me battre ?
– Pourquoi tu poses toujours cette question, crétin ?Si la peur ne lui tiraillait déjà pas l'organisme à un niveau aussi extrême, Shikamaru se serait probablement étouffé d'horreur en entendant la dernière insolence de son ancien camarade. Son regard, déjà détourné de la scène, se plissa légèrement, figé, attendant la terrible réaction du Saiya-jin.
Gaara, Sasuke et Sakura n'en croyaient pas davantage leurs oreilles.
Kakashi lui-même devait se l'admettre : Naruto faisait preuve d'un sacré culot.
Et pourtant, Raditz parut légèrement désarçonné par l'imprévisibilité insultante de son interlocuteur. Ce fut d'ailleurs, sans doute, la raison de son inaction directe.
– Bien sûr que t'es le plus fort, admit sombrement Naruto.
Cette phrase sembla effacer l'effet de la dernière, s'imposant dans cette ambiance terrible et oppressante. De façon totalement irrationnelle et inconsciente, Naruto, par son comportement depuis l'arrivée de Raditz, s'était érigé comme l'unique espoir dans une situation insupportable. Cela pouvait passer par lui-même, ou par un quelconque allié caché dans l'ombre, prêt à bondir pour sauver le monde d'un envahisseur qu'aucun ninja ne savait terrasser.
Cette idée, bien qu'absurde, reflétait l'état de détresse totale dans laquelle se trouvaient maintenant plongés les Shinobi, qui se raccrochaient dorénavant à n'importe quel espoir insensé.
Et la folie d'une telle pensée se trouvait maintenant mise à nue par les paroles du jeune garçon.
– Alors c'est tout... déclara de nouveau Raditz, presque blasé.
– Non, poursuivit Naruto.
Personne n'est invincible, pas même toi...
– Ah... ! réagit le Saiya-jin.
Nous y voilà. Je savais que tu cachais quelque chose... !Malgré son ton, il restait prudent.
– Tu penses qu'en dépit de ma puissance, je puisse être défait ?Naruto acquiesça.
– Ma force de combat actuelle est de 1334 unités, murmura Raditz.
Elle n'a que peu monté, car sur ce monde, personne ne s'est jamais rapproché de ma puissance brute. Mais certains ont réussi, à l'époque où j'étais plus naïf, à me mettre en difficulté. Malgré cela, aucun n'a su me terrasser.Il marqua une nouvelle pause, se remémorant brièvement certains de ses plus dangereux combats.
– Mais ce temps est révolu, et tu le sais, n'est-ce pas ? Quant à ta force de combat actuelle, que tu prétends être à son maximum, elle est de...Tous retinrent alors leur souffle, tandis que Raditz lisait le chiffre.
– ... 452 unités.Il fronça les sourcils.
– C'est un niveau incroyable pour un ninja. Mais malgré ça, nous le savons tous les deux, Naruto : ça ne suffira pas.Il sembla réfléchir un court instant.
– Bien sûr, il est possible que tu attendes du renfort. Et ce lieu brouille la détection de mon Scouter. Je ne peux pas voir à grande distance, ou alors au sacrifice de la puissance. Mais ça ne change rien. Si je décidais de t'attaquer maintenant, à mon niveau actuel, avec mes capacités actuelles, je serais en mesure de t'anéantir avant même l'arrivée du soutien.Sasuke, en dépit de sa terreur, ne pouvait s'empêcher d'être envahi d'un profond sentiment de rage à l'idée de n'être même pas considéré comme un danger potentiel. Et pourtant, c'était bien la sombre réalité...
– Tu dois donc dissimuler quelque chose de plus puissant, reprit Raditz.
Et... Il se trouve que je connais ce pouvoir.Il fronça les sourcils, son corps se mettant légèrement à frissonner.
– J'ai déjà connu un être dépassant les 1000 unités sur ce monde. Il s'agissait d'une créature exceptionnelle portant le nom de Bijū. Il en existe neuf, chacun disposant d'un nombre de queues différent allant de une à neuf. Et... ce monstre aux huit queues – le plus redoutable des Bijū que j'ai combattus – m'a fait supposer que leur puissance dépendait logiquement directement du nombre de queues...Il reprit son souffle, comme pour conserver son calme.
– Tu possèdes en toi le pouvoir du Renard à Neuf Queues...Kakashi resta immobile. Il remarquait bien que Naruto utilisait un fragment de la puissance de Kyūbi, mais visiblement, il tenait surtout une bonne part de sa force extraordinaire du Senjutsu qu'il maîtrisait.
– Après mes difficultés face aux Cinq Nations, j'ai beaucoup réfléchi... déclara le Saiya-jin.
Et j'en suis arrivé à une conclusion. Le pouvoir de ton démon... est peut-être le seul en ce monde qui pourrait, peut-être, me poser un petit problème...La pupille de Raditz se dirigea droit vers l’œil mêlant le motif du crapaud à celui du Renard. Il se focalisa sur l'impression que lui procurait ce dernier...
Sa peau frissonnait à l'idée seule d'être observé par le fauve indomptable...
Au même moment, Naruto sembla grimacer, comme pour compenser l'insupportable rage intérieure de son démon.
Tous les spectateurs de cette scène parfaitement muette retenaient leur souffle. Voir le Saiya-jin reconnaître qu'une puissance en ce monde pouvait l'inquiéter faisait quelque chose. Rien n'avait su faire preuve d'un tel exploit. Mais plus encore, ce qui ne laissait indifférent aucun de ceux qui écoutaient se trouvait dans leurs liens avec l'individu clé : Naruto.
– Il y a deux raisons à ma méfiance, reprit Raditz.
La première, c'est que je ne connais pas les limites de la puissance de ton démon. Aujourd'hui, je... préfère éviter les surprises...Il semblait avoir étrangement du mal à se contrôler. Kakashi se surprit à le voir dans un tel état, alors que tout semblait pourtant parfaitement aller dans son sens.
– La seconde, poursuivit le guerrier d'une voix tremblante,
c'est que le seul fait de l'imaginer fait vibrer mon sang Saiya-jin... Plus qu'un adversaire puissant, j'ai peur de l'effet qu'il peut provoquer en moi. Je pourrais... agir bêtement.Une goutte de sueur coula sur le front de Raditz, mais il resta face à Naruto, lequel soutenait son regard avec sérieux.
– À cette seule pensée, ma curiosité s'enflamme, reprit l'envahisseur.
Je dois en avoir le cœur net... !Et soudain, il effectua un nouveau déplacement ahurissant. Cette fois, il visait Naruto.
Ce dernier eut à peine le temps de lever sa garde. Mais déjà Raditz se trouvait à son niveau.
Tandis qu'il tenait fermement d'une main les deux poignets du garçon au dessus de sa tête, la chemise du Jinchūriki fut relevée, dévoilant son sceau. Et le Saiya-jin, de sa main libre ouverte, appuyant violemment contre le ventre du garçon, ses doigts s'enfonçant comme pour percer la chair de leur cible.
Naruto hurla de douleur.
Son cri déchirant résonna parmi les cieux, s'engouffrant dans le canyon, s'élevant sur la montagne, jusqu'à se perdre dans les méandres du monde Shinobi.
– MONTRE-MOI TA FORCE, NARUTO ! tonna Raditz.
***
Ce fut comme si Naruto venait d'être propulsé à travers cette dimension qu'il connaissait et redoutait tant. Le jeune garçon, poussé dans ses retranchements, faisait face aux barreaux de la cage du légendaire démon qui l'habitait. Mais il conservait le contrôle. La douleur, la souffrance, il avait appris à les maîtriser. Sa haine, il ne l'offrirait pas au monstre pour si peu.
Non, Naruto canalisait parfaitement ses émotions. Et il s'assit par terre, dans une posture semblable à la méditation, observant l'œil à la pupille déchirant les ténèbres s'ouvrir au cœur de la cage.
Mais cette fois, le Bijū ne tenta même pas de lui dérober son Chakra. Sans doute savait-il déjà que c'était inutile, dans l'état d'esprit actuel du jeune ermite.
Ou peut-être était-ce parce que son regard mauvais avait-il décidé, cette fois, de se poser sur le deuxième individu ayant réussi à s'imposer dans ce monde.
Car cette fois, Naruto ne se trouvait pas seul devant son démon légendaire. À ses côtés, un autre individu observait le titan.
C'était Raditz.
Pour la première fois, il le voyait.
L'immense Renard et le terrible Saiya-jin s'observaient en silence, face à face. Une tension terrible montait, illustrée par les bulles qui germaient et explosaient tout autour d'eux dans cette dimension obscure.
Le guerrier ouvrit grand les yeux de fascination devant le maître des lieux : le tout puissant Bijū aux neuf queues.
Raditz se savait simple spectateur, observant à travers Naruto, par le biais de ce qui s'apparentait le plus à une forme de Genjutsu, l'incroyable monstre qu'il habitait en son sein.
Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un sentiment inédit à la vue de cette Bête venue du fond des âges.
Était-ce de l'intimidation... ?
Raditz se concentra sur ses sensations. Face à cette cage, protégée par un sceau, il ne pouvait s'empêcher de ressentir des émotions contradictoires.
Aussi incroyable que cela pût lui paraître, il se sentait rassuré de savoir le sceau bien en place, car cela signifiait que le fauve n'avait pas été libéré de sa cage. L'improbable idée que Naruto eût pu se défaire de cette ultime barrière pour totalement dompter la Bête s'effritait. Cela limiterait les problèmes : le Jinchūriki avait beau pouvoir puiser dans la force de ce titan, il y avait une limite. Et, d'un autre côté, cela contrariait le Saiya-jin.
Car, à présent qu'il se trouvait face au démon, le guerrier n'avait plus aucun doute. La créature face à lui était – sans conteste – la plus puissante de ce monde. De tout ce qu'avait combattu Raditz, rien n'égalait ce condensé de bestialité pure. Et le Saiya-jin ne pouvait s'empêcher de se demander jusqu'à quel point ce monstre pouvait être fort...
La seule idée qu'une telle entité se trouvât continuellement enfermée dans un si jeune garçon faisait réellement froid dans le dos de l'impitoyable envahisseur...
Le destin dévoilait ainsi son œuvre.
Le monstre qui se tenait face à lui était ce qui avait attiré Raditz vers Naruto. On pouvait même dire que le guerrier avait, inconsciemment, toujours dissimulé une forme de fascination à l'égard de cette puissance mystérieuse et inconnue qui se rapprochait le plus de ce que lui-même représentait aux yeux du monde Shinobi : un fléau inégalable.
Perdu dans ses songes, bercé par le fil pendulant des intenses émotions qui s'imposaient à lui, le guerrier reconnecté à l'instant présent ressentait pourtant parfaitement l'insondable trouble menaçant...
Et le monstre rugit !
La crinière de Raditz fut violemment propulsée vers l'arrière par le souffle de la tempête enragée qui s'imposait devant lui.
Tous les pores de sa peau vibrèrent de concert avec la fréquence oscillante du son véhément lui déchirant le corps.
Puis le visage du guerrier se déforma en un sourire presque incontrôlable...
– Nous nous rencontrons enfin... Kyūbi !