CHAPITRE 43
Qui est-il ?
– Merci d'être venu, Evorūtron, murmura l'individu à tête de volatile qui lui faisait face, devant fortement lever la tête pour fixer ses nombreux yeux.
En dehors des soldats de base, peu de guerriers sont disponibles dans cette portion de la galaxie...Il fit apparaître une carte représentant à l'échelle et en trois dimensions la portion de la galaxie dans laquelle ils se trouvaient. D'un mouvement de sa patte crochue, le subordonné de Freezer effectua un zoom important sur une zone dans laquelle scintillait une étoile jaune qui se retrouva rapidement d'une taille conséquente avec, devant elle, une planète pleine de vie.
– L'un de nos soldats, Raditz, avait pour mission d'asservir ce monde. Mais, étonnamment, nous avons remarqué qu'il s'était depuis rendu sur une autre planète...Il balaya l'écran tridimensionnel et le système solaire visé fut éjecté pour en laisser apparaître un autre, assez semblable.
– La voici. Elle est répertoriée dans les archives de l'empire en tant que planète de dragons sans grand intérêt militaire. Nous ne savons pas ce qui a pu pousser Raditz à quitter la planète qu'il devait conquérir pour se rendre sur celle-ci. Nous avons essayé de le contacter par Scouter... Mais il ne répondait pas, comme s'il avait coupé la communication de son appareil. En l'absence d'explications, son acte pourrait être pris pour une désertion et serait passible de mort.
– Vous voulez donc que je l'exécute ?
– Hum... Non... Non... Il nous faut comprendre ce qu'il se passe. C'est pourquoi je vous envoie. Mais gardez à l'esprit que Raditz est un Saiya-jin de basse classe. Il ne fait pas partie de l'élite, mais son niveau n'a rien à voir avec celui des soldats habituels. La confrontation est inutile, votre rôle sera uniquement de lui faire entendre raison, qu'il sache que l'empire est au courant de ses déplacements. La seule raison pour laquelle je vous envoie vous et pas un soldat de base, c'est que votre niveau reste suffisant pour qu'à vous seul, vous n'ayez à craindre les habitants de la planète.L'autre ricana.
* Manquerait plus que ça... ! *Puis il fronça les sourcils.
– Et comment je le trouve, ce Raditz ?
– C'est simple : c'est la plus grande puissance de la planète. Il a une apparence humanoïde, un corps bien bâti et de longs cheveux. Il sera facilement reconnaissable...
– OK, et pour la planète ?
– Tôt ou tard, l'empire s'en occupera. N'hésitez pas à commencer le travail.
– Et pour les habitants que je croiserai ?
– Éradiquez-les.******
La planète rougeoyante semblait baigner dans son propre sang, illuminant l'espace de sa terrible incandescence qui éjectait son atmosphère loin du champ gravitationnel de l'astre, emportant avec elle les milliards d'années d'évolution de sa vie ainsi que les multiples civilisations qui s'étaient bâties en son sein.
À bonne distance de là, depuis son vaisseau, Vegeta admirait son travail. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas assisté à un tel spectacle.
Lui qui avait découvert cette planète – inconnue de l'empire de Freezer – n'avait pas pu s'empêcher de vouloir y imposer son règne. Mais sa légitimité en tant que prince des Saiya-jin semblait ne recevoir aucun écho sur cet étrange monde peuplé d'habitants qui refusèrent catégoriquement sa suprématie. Irrité, le jeune guerrier avait décidé de mettre fin à ce monde pour son outrecuidance.
Mais quelque chose l'agaçait toutefois. Certes, il avait totalement foutu en l'air cette planète qui garderait à jamais les stigmates de sa saute d'humeur, mais si l'on pouvait parler d'une destruction, la planète n'avait pas littéralement explosé.
Il était encore trop faible...
Son Scouter bipa soudain. Il vit qui l'appelait et son humeur devint encore plus morose. Car cela faisait longtemps que Raditz n'avait plus donné signe de vie...
******
Evorūtron se trouvait dans un vaisseau, en route pour la planète visée. L'engin qu'il utilisait s'apparentait à tous les autres de l'empire, à une différence près : celui-ci était beaucoup plus rapide. Il s'agissait d'un des rares vaisseaux de Freezer en personne. On disait d'ailleurs que son carburant provenait directement de l'énergie du tyran ou de ses plus puissantes élites.
Historiquement, ces vaisseaux étaient uniquement utilisés par les démons du froid, puis à leurs gardes d'élite, mais leur rôle s'est étendu aux missions éclair diverses.
Bien que dans une zone de la galaxie extrêmement proche de celle de la planète qu'il visait, en vaisseau de l'empire avec hyper-propulsion classique, il aurait fallu à Evorūtron une petite semaine pour arriver à destination... Mais dans son cas, le voyage serait fait en une dizaine de minutes !
Cela tombait bien, car le colosse avait eu une envie pressante en partant...
******
Son Gokū et l'étrange individu qui l'accompagnait – Hamura, d'après les mots du Roi Enma – évoluaient dans ce qui ressemblait à un tunnel obscure au fond duquel était visible une lueur. Le jeune guerrier était fasciné par cette vision qui semblait l'attirer, mais un coup d’œil sur son voisin l'envoûta encore davantage. Les yeux de ce dernier avaient changé. Une pupille bleutée était apparue au sein des iris qui avaient pris des motifs floraux magnifiques.
Pire, son corps tout entier s'était mis à briller d'une belle aura couleur jade, lui donnant une présence terriblement forte.
Étonnamment, Hamura avait pris la main de Gokū juste avant qu'ils ne se retrouvent dans ce lieu surprenant. Le guerrier, bien que perturbé, avait cependant l'intuition qu'il valait mieux ne pas lâcher prise.
– Où sommes-nous ? demanda enfin Gokū, après un bref instant d'admiration.
– En route.
– Pour aller où ?
– Laisse-moi me concentrer... Puis viendront les réponses...Gokū fronça les sourcils mais accepta de rester silencieux et poursuivit sa route. Quelques minutes plus tard, il remarqua du changement. Le fond diffus blanc en face de lui noircissait tandis qu'autour de lui apparaissaient d'autres lueurs – des étoiles. Il se rendit soudain compte qu'une étonnante sphère bleue-verdâtre se dessinait dans son champ de vision, devenant de plus en plus nette mais, surtout, de plus en plus proche...
Il comprit brutalement de quoi il s'agissait : c'était une planète ; et ils fonçaient dessus à une vitesse extravagante !
– AAAH ! paniqua le jeune défunt.
Attention ! On va s'écraser !Nul besoin d'être expert en astronomie pour comprendre que leur vitesse dépassait de très loin tout ce qu'avait connu Gokū. La planète grandissait à vue d’œil.
– Calme-toi, répliqua Hamura.
Gokū se ressaisit. Son instinct lui disait que cet homme était digne de confiance.
Cela lui permit de se rendre compte que si leur avancée était toujours très rapide, elle avait fortement diminué. À présent, il voyait clairement défiler les nuages au sein desquels ils se trouvaient. Puis, en approchant du sol, il put voir distinctement les arbres et les belles bâtisses qui parsemaient une terre abondamment éclairée par un soleil dont les reflets scintillaient sur les remous des vagues d'un lac proche.
Leur vitesse était donc redevenue normale et ils atterrirent avec la souplesse d'un chat sur le sol herbeux de la zone.
Gokū relâcha la main d'Hamura et se baissa, ses mains en appui sur ses jambes.
– Je crois que je vais vomir...
– Tu es mort... répliqua calmement son partenaire qui avait retrouvé son apparence d'origine.
– Ah... Oui... C'est vrai... Mais c'était quoi ce tunnel bizarre tout à l'heure ?
– L'Univers.Gokū haussa les sourcils, surpris.
– Le Tenseigan m'a permis de courber l'espace-temps pour faire voyager nos énergies au sein de ce système solaire à vitesse luminique, expliqua Hamura, répondant à son interrogation muette.
Ce que tu as vu était le vide intersidéral. J'avais jadis réalisé un mécanisme assez similaire afin de lier mon palais au royaume de mon frère, lequel avait toutefois ajouté sa petite touche personnelle afin de rendre le voyage plus... féérique.Gokū fronça les sourcils.
– Je ne suis pas sûr de bien comprendre, mais je n'aurais jamais imaginé que l'Univers avait cette tête là... Je pensais qu'il y avait des étoiles, des trucs comme ça, pas un gros point blanc...
– La vision est quelque chose de subjectif, à laquelle il faut ajouter nombre d'effets relativistes. Je doute cependant que les détails techniques – et, ma foi, passionnants – liés aux lois qui régissent l'Univers, soient les questions que tu te poses le plus et dont tu pourrais aisément comprendre les réponses. Mais je peux me tromper, auquel cas je te serais gré de bien vouloir m'en informer sans t'encombrer de quelconques retenues.
* Maintenant que j'y pense... se dit Gokū.
Je comprends pas grand chose à tout son charabia. *
– Vous pouvez pas parler plus simplement ?L'autre le fixa un bref instant, en silence. Le jeune guerrier se demandait bien à quoi il pensait...
– Ma foi, finit par dire le sage aux yeux blancs,
les décalages inhérents aux mondes et aux époques se font de plus en plus ressentir, rendant la communication d'autant plus abscons.Les sourcils de Gokū se froncèrent en tentant de comprendre les paroles d'Hamura.
– Mais soit, reprit ce dernier d'une voix calme.
Je vais tenter d'ajuster mon langage...Il marqua une brève pause.
– Wesh ma gueule, reprit soudain Hamura.
Bien ou bien ?Le blanc qui suivit fut encore plus intense que ses Byakugan.
Gokū restait sans voix face au ton exagérément familier de son interlocuteur.
Ce majestueux sage venait de perdre tout son charisme en l'espace de six mots.
– Euh... murmura Gokū.
On va peut-être reprendre comme avant, mais s'il-vous-plaît, partez pas trop dans les explications scientifiques.
– Soit.
– Soit ?
– Soit.Il y eut un bref silence, pendant lequel Gokū jaugeait son interlocuteur avec la même analyse qu'avant un combat. Jusqu'ici, il n'y avait pas vraiment fait attention, malgré son étonnant pouvoir qui, de base, retournait totalement l'idée de puissance du jeune guerrier, mais il y avait quelque chose de plus surprenant encore.
– Vous êtes fort, pas vrai ? demanda alors le jeune homme.
Si sa phrase prenait la tournure d'une interrogation, Son Gokū en connaissait en fait la réponse. Cet individu ne présentait pas la moindre ouverture concevable pour lui. Par ce simple regard, le jeune guerrier venait de prendre conscience que cet être était d'un tout autre monde.
– Fort ? répéta Hamura.
Ma foi, qui sait...
* L'Univers est vraiment incroyable... pensa Son Gokū dont l'excitation était à peine dissimulée.
*******
* Abaissement de l’hyper-propulsion, lisait Evorūtron sur le tableau de bord.
Poursuite à pleine vitesse. *Il craqua son cou.
* Je sais pas combien vaut ce vaisseau, mais je l'achèterais bien... *Il fut soudain surpris par un violent choc et un intense flash lumineux. Il comprit aussitôt qu'il croisait le chemin d'astéroïdes. Les appareils classiques parvenaient à les repérer suffisamment tôt pour éviter les plus gros et encaisser les plus petits car les vaisseaux, une fois sortis de l’hyper-propulsion à l'arrivée dans le système solaire visé, étaient bien plus lents. Mais l'engin particulier dans lequel se trouvait Evorūtron était trop rapide. C'est pourquoi il était doté d'un bouclier dont la puissance était proportionnelle à son étonnant carburant, ce qui lui évitait des dégâts considérables. Car à une telle vitesse, le moindre gravât galactique pouvait avoir l'effet d'un Kikoha de puissant guerrier.
* Entrée dans l'atmosphère... lut alors Evorūtron, qui sentit soudain la coque vibrer et le bouclier rougeoyer fortement.
Atterrissage dans 5... 4... 3... 2... 1... *Il y eut un léger choc, bien moins violent qu'attendu. De toute évidence, le confort était de mise dans ces embarcations.
* Bienvenue sur la planète Freezer 935. *Le bouclier se désactiva et la porte s'ouvrit, laissant voir à Evorūtron un immense champ par-delà le cratère qu'avait creusé son vaisseau. À peine sorti, le colosse urina.
* C'était moins une... *Sifflotant tranquillement, il ne fit pas attention au fait qu'il n'était pas seul.
– Q-Qui êtres-vous ? murmura d'un air apeuré l'individu présent.
Finissant son affaire, Evorūtron se retourna calmement pour observer l'humanoïde moustachu qui l'avait interrompu. Il semblait armé. Son Scouter bipa.
– Oh non, grogna-t-il alors, exaspéré,
pitié, le coup du fermier à 5 unités qui vient menacer le méchant envahisseur, c'est tellement... Cliché...Quelques secondes plus tard, ledit fermier de 5 unités gisait par terre, tué par la balle de sa propre arme qu'il avait vainement tenté d'utiliser contre Evorūtron.
* Hum... pensa celui-ci en analysant un peu le paysage.
Je vois... C'est une planète qui se revendra cher... *Son Scouter bipa de nouveau.
* Je détecte une force bien plus grande que les autres, à 754 kilomètres au Nord-Est, remarqua-t-il en décollant.
Pas de doute, c'est forcément Raditz ! *Et il s'éloigna dans les airs à vive allure.
***
Du fond de sa tanière, le Sannin Orochimaru avait bien ressenti l'arrivée du redoutable guerrier.
* Ainsi, je suis recherché... *Ses yeux s'ouvrirent en gros. Il semblait particulièrement intrigué.
* Quelle puissance... C'est impressionnant, mais... *Il se lécha les babines.
***
Evorūtron survolait à présent une chaîne de montagnes enneigées, suivant les indications de son Scouter. Il se trouvait à une poignée de kilomètres de sa cible. Il ne devrait plus trop tarder à le repérer...
Il ne lui fallut que quelques secondes pour pouvoir enfin discerner une silhouette sombre contrastant avec l'immense étendue blanche, sur le sommet de la plus haute montagne de la chaîne.
Atterrissant à quelques dizaines de mètres derrière lui, il prit toutefois le temps de l'analyser rapidement.
* Une apparence humanoïde, un corps de guerrier, des cheveux longs... Et étant donné son niveau de puissance, ça ne peut être que le Saiya-jin... *Il s'en approcha de quelques pas.
– Raditz ! s'exclama-t-il.
J'espère pour toi que tu as une bonne raison de n'avoir pas respecté ta mission...******
Le Scouter de Zakuzi sonna. Un sourire sadique se dessina sur son bec quand il vit l'auteur de l'appel.
– Tiens tiens, Raditz, on se réveille maintenant que j'ai envoyé quelqu'un vous chercher ?
– Hein, quoi ?
– Vous croyiez peut-être que j'ignorerais votre désertion du monde que vous deviez conquérir ?
– C'est quoi ce délire ? Je suis pas près de bouger de cette foutue planète ! Depuis que cet enfoiré d'Orochimatruc m'a piqué mon vaisseau... Bon, j'appelle que maintenant parce que j'ai rencontré quelques... Soucis... Et Vegeta n'était pas chaud pour que j'en parle. Mais là ça devient vraiment chiant, alors voilà, vous pourriez m'envoyer votre super vaisseau ultra-rapide là, parce que je vais pas pouvoir attendre des mois que Nappa me rejoigne.
– Impossible... murmura Zakuzi.
– Comment ça, impossible ?
– Le vaisseau... Il est utilisé par Evorūtron pour vous chercher... Sur la planète Freezer 935...
– QUOI ?! Mais bon sang, je suis sur la 1023 !
– Je vois ça... Maintenant que vous me contactez, j'ai pu vous spatiolocaliser... Effectivement, vous n'avez pas bougé...******
Sur la planète n°935 se tenait Evorūtron avec, dos à lui, l'individu dont les longs cheveux aux reflets bleutés dansaient sous le rythme du vent.
* Cette cape déchirée qu'il porte... pensa le guerrier de l'empire.
Pourquoi a-t-il laissé sa tenue de combat ? *– Evorūtron ! reçut-il soudain par son Scouter.
Raditz vient de me contacter. Il est resté sur sa planète ! Contentez-vous donc d'effectuer une mission de repérage de la vôtre, n'hésitez pas à commencer le massacre, et attendez qu'on vous envoie du renfort...
– Comment ça... ?Le silence de la montagne se fit particulièrement ressentir.
– Attendez... murmura alors Evorūtron avec stupéfaction.
Si Raditz est à des années-lumière d'ici... Dans ce cas... Qui... Qui se trouve là, face à moi... ?!Le concerné tourna soudain la tête, ses yeux fixant d'un regard particulièrement violent ceux du guerrier.
Soudain, ce dernier ressentit une pression terrible. Il ne se rendit même pas compte que la neige s'était vaporisée tout autour de l'individu – non, du monstre – qui se tenait en face de lui, trop concentré qu'il était par le sourire dément, sadique, aux crocs acérés, qui illuminait le visage sombre de l'être terrifiant dominant la montagne...