CHAPITRE 133
Le défaut du plan ?
Face à face, père et fils, démon originel et héritier, s'observaient dans le silence assourdissant des guerriers Z sous le regard estomaqué de Kimimaro.
Le défunt Roi Démon revenu à la vie semblait particulièrement bien s'adapter à cette scène de désespoir. Son visage, bien que grave, ne dissimulait pas l'once d'un plaisir sadique à la vue de ce champ de bataille délabré.
Son regard, s'attardant sur le groupe de guerriers en souffrance, fut rapidement captivé par la présence de l'immense dragon dominant la scène.
– Je vois que de nombreuses choses se sont produites en mon absence, murmura-t-il.
Mais... ce n'est pas pour me déplaire.En dépit de la joie qui l'animait, il ne put s'empêcher d'afficher une mine passablement inquiète. Son regard, soudainement affolé, balaya de nouveau l'ensemble des individus présents, ici et au loin, comme s'il recherchait quelque chose en particulier.
– Où est-il ? interrogea-t-il.
Face à lui, concentrant toujours sa puissance contre son front, l'observait sans un mot son alter-égo.
– Je me souviens de son nom... grogna de nouveau l'ancien démon de ce monde.
Son Gokū...Il fronça les sourcils en fixant son héritier.
– Il est forcément...
– ... mort, coupa la jeune copie.
Je l'ai tué.La surprise s'empara soudain de la face du revenant, avant de se transformer en un sourire qui aurait paru désagréablement familier à ceux pouvant sombrement se vanter d'avoir connu son triste règne.
– Tu... es bien mon fils.
– Et je vais utiliser Shenron pour le ramener à la vie. Alors, ôte-toi de mon chemin ou tu partageras le sort du type derrière toi.Les paroles avaient été prononcées avec une froideur presque palpable, à tel point que même l'ancien grand Roi Démon ne put s'empêcher d'afficher une forme de surprise.
– Tu devrais surveiller ton langage, fils. Je ne suis pas...
– Ferme-la ! s'exclama ce dernier, concentré, tandis qu'il continuait de rassembler son énergie contre son front.
Sa technique, coûteuse en temps à la base, nécessitait un maximum de focalisation mentale pour être accélérée.
Pourtant, le rictus du Daimaō s'imposait sur cette scène, outrepassant même l'infâme son de ceux qui hurlaient au loin. Ce rire, grave, puissant, diabolique, frappait le guerrier face à lui jusque dans son âme. Il s'agit là de la signature du démon – celle-là même d'où il venait, et dont l'Histoire se souvenait encore par l'humanité traumatisée qu'elle laissait derrière elle.
Il fallait rester concentrer.
– Tes actions sont risibles, fils, poursuivit le charismatique ancien Roi.
Tu n'as pas idée de ce que tu affrontes...
– ...
– Je vois bien dans tes yeux... que tu n'es pas un vrai démon.
– Ah, vraiment... ?Le plus jeune fixait son aîné d'un sourire plein de défi en réponse à l'expression passablement déçue de ce dernier.
– Dans ce cas, j'ai une proposition à te faire... Père.
– ... ?
– Rejoins-moi. Anéantissons ensemble ce dernier obstacle, qui est derrière toi. Et rien ne nous empêchera jamais de dominer ce monde !Le jeune et redoutable successeur du démon retrouva un air bien plus sérieux et calculateur avant de poursuivre.
– Nous ressusciterons Son Gokū. Puis nous le tuerons. Shenron ne peut exhausser un tel souhait qu'une seule fois. Plus personne ne sera alors plus en mesure de nous arrêter. Tu veux que je sois un vrai démon ? Alors laisse-moi le devenir...
– Tu sembles avoir bien réfléchi à la situation...
– ...
– ... mais seras-tu seulement capable de mettre en application un plan si bien rôdé ?
– ... ?
– ... je pense que oui... Je pense que tu es en mesure de pouvoir me vaincre.
– Te vaincre ? Mais... Qu'est-ce que tu racontes ?
– Ça me dérange de l'admettre, mais je le ressens : tu es plus fort que moi, fils. Je pourrais sans doute t'aider dans tes buts, mais si nous combattions, tu prendrais le dessus.
– ... Pourquoi je ferais une chose pareille ?! s'agaça rageusement le fils.
– ... N'es-tu pas un démon ? interrogea alors le père avec un sourire.
Pour la première fois depuis le début du combat, le grand Roi revenu au monde tourna son regard pour croiser les pupilles de serpent qui fixaient cet échange dans un calme tel que, l'espace d'un court instant, sa présence même paraissait s'être dissipée.
– C'est pourquoi je ne te combattrai pas, fils, poursuivit le démon, croisant les bras, tandis que son regard se posait une nouvelle fois sur son jeune héritier.
Et, à la surprise de ce dernier, son géniteur pivota son puissant corps, lui laissant la voie libre jusqu'à sa cible initiale.
– Tu... Tu me laisses faire ? interrogea le jeune guerrier, dont le visage soupçonneux ne pouvait s'empêcher de s'éclairer sous l'intense lueur concentrée de sa technique presque aboutie.
Tu... veux donc t'allier avec moi contre... ?
– Détrompe-toi... Je suis seulement curieux de voir le potentiel de destruction que mon héritier a su développer.
– ... Tu vas pas être déçu, déclara celui-ci en affichant une expression démoniaque mêlant l'amusement à la rage de vaincre.
– Vas-y, tire.
– Très bien. Admire... la puissance du Daimaō !
– ... Mais seras-tu capable de tuer Ororef ?Prêt à s'exécuter, le guerrier s'interrompit dans son geste, son expression totalement chamboulée.
– C... Comment peux-tu connaître le nom de ce type ?
– Il y a tant de choses que tu ignores, fils...Le plus jeune grimaça de mépris.
– ... sur la vraie nature des démons, poursuivit son aîné d'une voix mystérieuse.
Cette remarque décrocha une expression de stupeur sur le visage du jeune guerrier.
– Ne dis pas d'inepties, cracha ce dernier d'un ton acide.
Mais le malaise restait installé.
Alors, le redoutable héritier du démon ferma sombrement les yeux, reprenant son souffle. Puis un sourire se dessina sur son visage.
– Tu as raison, Père...
– ... ?
– Ce type est sûrement trop fort pour que je puisse le vaincre. Et sans ton aide, tout ce qu'il me reste est d'essayer de ramener Son Gokū à la vie.
– Quelle déchéance...
– Ça me débecte tout autant que toi. Alors... J'imagine qu'il ne me reste plus qu'une seule option...L'air sembla soudain vibrer sous l'intense lueur qui se dégageait. Kimimaro, toujours spectateur, observait son maître, lequel restait immobile.
* Il... pensa-t-il, choqué.
Il... ne compte quand même pas l'encaisser ? C'est... C'est de la folie... ! *Le grand Roi Démon lui-même dut se recouvrir le visage de ses avant-bras, paumes grandes ouvertes pour se protéger au maximum de la puissante lumière qui illuminait soudain totalement la scène.
Car, dans une rage totalement indescriptible autrement que par la puissance qu'elle engendrait, le plus puissant habitant de la planète dévoilait enfin sa plus terrible attaque.
MAKANKŌ SAPPŌ
Et le terrible rayon de la mort fut propulsé droit sur Ororef. L'énergie, concentrée à l'extrême, fusait à un point tel que rien ne pouvait l'arrêter.
Il s'agissait là de l'ultime technique du démon du monde. Et ironiquement, c'était également celle qui avait causé la mort du légendaire Son Gokū.
Alors même que le monstre énergétique approchait à une célérité anormale vers le regard grand ouvert d'Ororef, ce dernier réalisa soudain son incapacité totale à contrer, ou même bouger suffisamment rapidement.
L'espace de l'ultime fraction de seconde accompagnant le passage de la terrifiante technique, Kimimaro jura avec horreur que même son maître n'avait pas calculé la dangerosité de l'attaque.
Et lorsqu'elle arriva à sa hauteur, le mage-ninja fut impuissant.
À trop jouer avec le feu, on se brûlait. Il s'agissait du moins de la conclusion la plus évidente, la plus attendue pour Ororef.
Ainsi, lorsqu'il vit la technique passer, non pas sur lui, mais à côté de lui, il réalisa l'infâme réalité.
Et tous – Kimimaro, le Daimaō et Ororef – comprirent le défaut du plan de ce dernier.
Le rayon de la mort visait Shenron.
L'échec d'Ororef, c'était surtout le grand coup de maître de son adversaire. Car le terrible envahisseur, découvrant avec effarement l'énergie passer à ses côtés pour foncer droit vers Shenron, sut que les forces qu'il utilisait n'auraient aucun moyen d'arrêter la technique ultime déjà lancée à pleine vitesse.
Alors, Ororef ramena son bras tendu, libérant de son terrible joug l'ensemble des guerriers du champ de bataille. Bien sûr, aucun d'eux n'aurait le temps de récupérer suffisamment rapidement pour prononcer un vœu. Si leur redoutable ennemi décidait de tendre de nouveau son bras, alors rien ne changerait.
Mais le rayon poursuivait son inéluctable course vers le dragon sacré. Alors, celui ayant hérité des pouvoirs et des connaissances du mage et du ninja, se dissipa soudain de la vue de ceux qui le fixaient...
... pour réapparaître précisément là où se trouvait la pointe de la technique.
* Qu'est-ce que... ?! pensa le lanceur du rayon.
Téléportation ? *Ororef, ramené au référentiel de l'incroyable rayon de la mort, s'en trouvait également propulsé à la même vitesse, dans la même direction.
Pourtant, bien que n'en ressentant pas l'impact – car de son point de vue, le rayon à son contact restait immobile ; c'était le monde autour de lui qui fusait à pleine vitesse – Ororef savait que rien n'était encore joué.
Utilisant l'arsenal technique issu de ses deux bras, il obscurcissait peu à peu le rayon de la mort contre lequel il se trouvait. Ses pieds se plantèrent dans le sol, tels des serpents s'enfonçant jusque dans les entrailles de la terre, freinant son corps, lequel encaissait ainsi peu à peu la puissance du rayon que sa technique recouvrait peu à peu de noir, diminuant sa clarté, son intensité et sa force.
L'exploit d'Ororef, ralentissant et amoindrissant la plus terrible attaque jamais connue du monde qu'il envahissait, forçait la stupeur de tous. Et même l'auteur de la technique ne pouvait s'empêcher de voir son visage se recouvrir de sueur, alors même qu'il fusait à son tour en volant vers le terrible démon.
Pourtant, un sourire accompagnait cette expression de total ahurissement sur le visage de celui qu'Ororef avait appelé « Namek ».
Car cela ne remettait pas en question la grandeur de son plan.
Là où sa stratégie se montrait terrible, c'était dans son choix. Il ne s'agissait ici pas d'un bluff. Quand il avait tiré sur le dragon, il n'était même pas sûr qu'Ororef serait en mesure de l'arrêter.
Mais il savait qu'il essayerait de l'arrêter.
En fait, à l'évidence, le mage-ninja montrait un intérêt plus grand vis à vis du dragon que son adversaire, lequel ne comptait l'utiliser que pour gagner. Cela pouvait passer par la résurrection de Son Gokū, mais un sacrifice d'Ororef pour tenter de protéger Shenron restait une option d'autant plus acceptable.
En tirant sur le dragon, le guerrier savait qu'Ororef serait perdu. Il savait que la force dont il avait fait preuve ne suffirait pas, et qu'il devrait libérer les autres guerriers.
Ensuite, plusieurs options seraient possibles.
Soit Ororef ne parviendrait pas à protéger Shenron. Et dans ce cas, il serait sûrement possible de régler ce problème avec Kami – car, à l'évidence, l'envahisseur ignorerait certaines choses à propos du dragon sacré.
À l'inverse, si ses connaissances étaient suffisantes, il saurait donc que tuer le Némésis du créateur des boules de cristal pourrait là encore aller à l'encontre de ses plans. Cela bouleverserait donc de nouveau ses ambitions, et permettrait éventuellement à son adversaire de s'en sortir indemne et préparer la suite ; cette sous-option se rapprochait d'un 50/50, car tout ne serait que repoussé, mais l'avantage reviendrait toujours au guerrier, lequel aurait plus appris d'Ororef que l'inverse.
L'autre possibilité se basait sur l'idée que redoutable reptilien réussirait à protéger Shenron. Cela semblait incroyable, mais les yeux du guerrier ne lui mentaient pas : le terrifiant mage-ninja amoindrissait toujours plus la puissance de l'impact fusant droit vers le dragon. Mais en fait, il s'agissait du cas le plus favorable pour ceux qui s'opposaient à l'envahisseur.
Car cela prenait du temps. Autrement dit, tandis qu'Ororef concentrait toute son énergie sur l'annihilation de la technique, l'ensemble des guerriers Z retrouvaient leurs esprits.
Le mage-ninja, essoufflé, se trouvait dorénavant au milieu de sept individus tous désireux de prononcer quelques mots au plus vite. Et quand son adversaire, fusant droit sur lui, le vit de nouveau lever son bras dans la direction la plus stratégique, replongeant aussitôt Krillin, Haku, Tenshinhan, Gohan et Haku dans la souffrance, il savait qu'il ne pourrait cette fois-ci plus tous les avoir.
À présent qu'il se trouvait au cœur des guerriers, le champ d'action de son bras se trouvait considérablement réduit par rapport à eux. Il pouvait certes atteindre certains d'entre eux, mais ceux du côté opposé à son bras ne se trouvaient plus impactés.
Et le démon qui fonçait droit sur le mage-ninja tuait dans l’œuf toute tentative d'utiliser son deuxième membre pour atteindre les autres.
Sous l’œil majestueux du dragon sacré pour lequel s'effectuait toute cette agitation, le terrible Ororef, au cœur de la bataille, immobilisait d'un bras quatre des plus puissants guerriers, s'apprêtait à combattre de son autre le redoutable démon protecteur de ce monde.
Il laissait donc la voie libre au vieillard, au colosse inconscient et à la femme enragée.
C'est cette dernière qui fusa droit vers le dragon, hurlant en même temps son plus grand souhait.
– RAMÈNE-NOUS... hurla-t-elle, désespérée par cet assaut d'espoir qui s'emparait de son cœur.
Mais Ororef tourna soudain sa pupille dans sa direction et, précipitamment, il tira la langue. Celle-ci s'étira à une vitesse telle que Chichi ne la vit pas venir, continuant de hurler.
– ... SON GOK...Trop tard : la langue effilée du serpent l'avait atteinte, s'entourant autour de sa gorge, arrêtant sa course et ses paroles du même coup alors même qu'elle se trouvait violemment plaquée au sol, son visage rougeoyant, étouffant à travers l'infâme pression du serpent.
La chute de sa fille sembla redonner un élan de volonté à Gyumaō, toujours partiellement sonné par ses combats passés. Il commença à prononcer quelques mots, mais se trouva aussitôt recouvert de la longue chevelure allongée du serpent.
Il fallait le reconnaître : Ororef avait de la ressource. L'incroyable démon, d'une main, bloquait Krillin, Haku, Tenshinhan et Gohan. Sa langue était prise pour contrer Chichi. Ses cheveux immobilisaient Gyumaō. Et le reste de son corps faisait face, une nouvelle fois, à son premier adversaire.
Mais on pouvait voir les choses différemment : l'incroyable démon se trouvait donc pied et mains liées, langue prise lui empêchant d'articuler le moindre vœu, totalement immobilisé au cœur du champ de bataille.
Et il restait encore un homme en liberté. Et cet homme n'était pas n'importe qui.
La dernière partie du corps d'Ororef pouvant s'étirer telle un serpent – bien que très symbolique pour le vieil ermite aux penchants douteux – ne suffirait pas à l'arrêter. Car Muten Rōshi restait avant tout le célèbre champion des arts martiaux dont la puissance avait marqué son monde.
– Ressuscite... murmura alors le maître de la légende dont il s'apprêtait à prononcer le nom.
Tendus comme jamais, ceux qui pouvaient le voir semblaient distinguer les lèvres du vieil homme se déformer au ralenti tandis qu'il prononçait le nom qui suivait. Et ils comprirent, avant même que le son ne leur parvînt, qu'il avait réussi.
– ... Son Gokū.Ce nom, symbole d'espoir dans un monde qui en semblait aujourd'hui coupé, frappa les cœurs de tous ceux qui écoutaient, résonnant dans cette atmosphère autant assombrie par la nuit et les nuages que par l'injuste destin qui s'abattait sur ces terres.
Mais le vœu avait été prononcé.
La pression, physique et mentale, imposée par Ororef, s'arrêta du même coup. Les liens qui enserraient chacun des guerriers Z se relâchaient lentement. Profitant de la stupeur générale, le terrifiant mage-ninja s'éloignait d'une habile glissade, prenant de la distance pour faire face à la scène devant lui.
L'attente semblait interminable.
Haku ne pouvait s'empêcher de ressentir un profond malaise à la vue d'Ororef, lequel affichait toujours une mine parfaitement sereine. Ce n'était clairement pas le genre de visage qu'un être dont les plans venaient d'être réduits à néant devait dévoiler.
Et, à mesure que le temps passait, tous ne pouvaient que constater, encore davantage, un fait bien dérangeant.
L'attente était interminable !
Le dragon ne réagissait toujours pas. Peu importait la difficulté que représentait un tel vœu, ce n'était pas normal. Pourtant, le vieil homme avait parlé parfaitement distinctement.
– Shenron, ressuscite Son Gokū ! insista Krillin, dépité face à ce phénomène inexplicable.
Mais il n'y eut toujours rien.
– SHENRON ! hurla Tenshinhan.
Le dragon ne réagissait pas.
– ESPÈCE DE VIEUX REPTILE ANOREXIQUE ! tonna soudain une voix de femme.
T'AS VRAIMENT INTÉRÊT A RAMENER MON ÉPOUX SINON JE TE JURE QUE TU VAS RAPIDEMENT LE REJOINDRE !!!Tous les regards, surpris, choqués, outrés, se tournèrent en direction de Chichi, laquelle semblait en même temps réaliser sa propre audace, combinant une grossièreté extrême à une menace de mort évidente face à la créature la plus sacrée de la création.
La jeune femme paraissait même attendre son courroux divin.
Mais le dragon ne réagit pas.
Puis, Shenron parla. Tous comprirent qu'il montrait des signes d'impatience. Tout du moins, tous le virent ouvrir la gueule. Mais aucun son n'en sortit.
Rōshi fut le premier à comprendre.
– Il... Il est coupé de nous ! C'est comme si... une bulle nous séparait...
– Quoi ?! s'exclama Krillin.
Mais... Comment ? Qu'est-ce qui pourrait faire un truc pareil ?
– Quoi que ça puisse être, analysa Tenshinhan,
visiblement ça empêche les ondes sonores de traverser l'air entre nous...L'immense guerrier vert ouvrit alors grand les yeux.
– Le Muton !? s'exclama-t-il, sous le regard amusé d'Ororef.
– Tu es perspicace, murmura ce dernier, piquant au vif l'ensemble des guerriers Z qui en avaient presque oublié sa présence démoniaque.
– Comment... ?Sa face se décomposa alors.
– Pendant que je préparais mon Makankō Sappō, vous avez ramené le Daimaō pour me divertir... et... vous avez créé une barrière de vide autour de Shenron ?Le sourire d'Ororef s'agrandissant confirma la justesse de l'hypothèse de son interlocuteur. Rōshi s'avança d'un pas pour se rapprocher du redoutable rival de Gokū, sous le regard étonné de ses comparses.
– Si vous disposiez d'une telle capacité... murmura-t-il alors à l'adresse d'Ororef.
Pourquoi nous avoir empêché de parler ? Vous auriez pu installer cette sphère dès le début...Un léger sourire s'installa sur les traits de son ennemi.
– ... mais... ça ne nous aurait probablement empêchés de nous rendre à l'intérieur pour prononcer le vœu. Après tout, vous aurez également besoin de pouvoir vous adresser à Shenron... Autrement dit, il suffit que l'un de nous s'approche suffisamment de Shenron en traversant cette... sphère de vide.Le grand guerrier vert grimaça de la proximité du vieux maître de la Tortue, mais l'arrivée de Gohan à ses côtés sembla tempérer son comportement grincheux.
– On va ramener Papa !Le regard d'Ororef sembla fixer avec un étrange sérieux le petit garçon alors même que le groupe face à lui était rejoint de Krillin.
– Puisque vous arrivez à lire dans nos pensées, murmura-t-il,
alors vous devez comprendre que notre détermination est sans faille.
– Même si c'est de la folie, ajouta Haku, arrivant à leur hauteur, nous vous combattrons.
Tenshinhan s'avança à son tour.
– La question est : laquelle des personnes présentes entrera en premier dans le périmètre de vœu pour Shenron ?Suite à cette remarque, le regard d'Ororef balaya l'ensemble des individus restés derrière. Suigetsu – ayant retrouvé un état normal, bien qu'affaibli – ainsi que Karin, Jūgo et Zakuzi, s'éloignèrent alors davantage de Shenron – du mieux que le pouvaient leurs capacités réduites par les récents combats, réalisant que leur proximité pourrait les rendre menaçants, principalement depuis la trahison de Haku.
Haku dut reconnaître en son fort intérieur que cette remarque était très bien vue. Ses anciens partenaires restaient avant tout leurs ennemis : utiliser le climat d'inconfiance pour les pousser à s'éloigner du dragon par peur d'une réaction de leur maître restait plus favorable pour les guerriers Z, qui n'auraient dès lors plus qu'à s'occuper de ce dernier.
Tao Paï Paï montra quant à lui une légère hésitation, puis il s'éloigna à son tour pour se poser plus loin, en bordure des arbres.
Les règles étaient donc clairement posées : le premier arrivé dans la sphère et qui énoncerait son vœu se verrait le grand vainqueur de cette ultime confrontation.
Gyumaō, ayant retrouvé conscience, s'avança alors péniblement, soutenu par sa fille Chichi, laquelle conservait son regard enragé fixé droit vers le plus terrible ennemi de son monde.
La détermination qui l'habitait semblait résonner de concert avec les regards de ceux qu'elle rejoignait.
– Gokū reviendra... pour t'enterrer !Sa remarque fut suivie d'un intense silence. Tenshinhan ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur la possibilité de réussir.
Ils étaient à huit contre un. Et quand bien même Ororef restait terriblement fort et immortel, l'infâme roi du monde à lui seul était parvenu à le pousser dans ses retranchements, lorsque celui-ci concentrait une partie de ses pouvoirs ailleurs.
À présent, Ororef était certes à pleine puissance. Mais les plus puissants guerriers du monde s'unissaient pour le combattre.
Plusieurs regards se posèrent sur Son Gohan. Il représentait la clé de cette victoire. S'il parvenait à user du terrible potentiel qui l'habitait, alors une telle union pourrait bien suffire, avant même le retour de Son Gokū.
Et à en juger par l'expression concernée d'Ororef, laquelle restait focalisé sur le jeune fils du légendaire défunt guerrier de ce monde, le mage-ninja semblait bien réaliser sa dangerosité.
– Vieil homme, murmura-t-il alors, son regard se tournant vers Muten Rōshi,
combien d'années as-tu accumulées ?Le vieil ermite ne répondit pas.. Bien que terrifié, il se refusait à jouer le jeu du démon. Celui-ci dévoila un regard plus concentré, fixant de ses yeux si pénétrants le premier maître de Son Gokū.
– 332 ans, sifflota alors Ororef.
Il se tut un instant, observant le visage de Rōshi se décomposer de malaise.
– Cela fait une belle expérience de vie, poursuivit le démon.
C'est le signe d'une grande sagesse.Il dévoila un sourire.
– J'imagine qu'ajoutée à celles de tes partenaires, cela devient même comparable à celle de mes deux existences combinées, confia-t-il alors.
Il tourna alors le dos aux guerriers face à lui, observant l'horizon, pensif. Personne n'eut même l'idée absurde d'en profiter pour l'attaquer. Une telle ouverture ne pouvait être une invitation.
– Combiner plusieurs âmes est une expérience bien étrange. Bien qu'ayant les souvenirs et les sensations passées de chacun des chemins entrepris, je ne peux réellement m'associer à l'un ou l'autre. Je... n'étais... aucun d'eux. Ou j'étais les deux. Ce paradoxe est réellement complexe à appréhender selon les quatre dimensions perçues par nos sens. Mais l'âme dépasse cela.Il marqua une pause, tandis que derrière lui, un silence profond se créait. Tout s'était immobilisé, comme pour attendre la suite.
– Vieil homme, reprit alors Ororef, tandis que tous les autres tournaient péniblement les yeux vers leur aîné avec peine face à cet acharnement incompréhensible sur sa personne.
Tu disais que plier l'environnement à sa volonté n'était pas la chose la plus efficace.Rōshi fronça les sourcils. Cette discussion, il l'avait eue lors de son combat passé. Et cela le rendait particulièrement mal à l'aise d'entendre cette allusion de la part de leur terrible ennemi, lequel semblait au courant de bien trop d'informations.
Ororef tourna alors son visage, ses yeux perçants de serpent pénétrant à travers les lunettes noires de l'ermite.
– Permets-moi donc de t'enseigner une sagesse que plus d'un siècle d'expérience supplémentaire m'aura finalement apprise...Son regard changea alors en même temps que ses traits se déformaient subitement.
– ... La puissance...Tandis qu'il prononçait ce mot, la lointaine et terrifiante silhouette du redoutable Daimaō, observant la scène à distance, recula distinctement, croisant les bras pour observer la suite des événements...
– Une dernière chose, poursuivit alors Ororef, dont l'esprit avait bien remarqué la peur des guerriers Z à la vue de l'ancien Roi Démon.
Tu te trompais sur un dernier point, Namek. Ton père n'est pas seulement revenu en ce monde pour te divertir...Un sourire plus terrifiant que jamais illumina la face insondable du terrible mage-ninja.
– ... mais pour me permettre de te tuer.Le concerné fronça les sourcils, réalisant soudain qu'effectivement, même s'il mourrait, Kami survivrait toujours car il resterait toujours lié à une âme sur ce monde. Mais ses sombres pensées s'interrompirent brutalement.
L'atmosphère se mettait à vibrer, littéralement. Une étrange aura démoniaque semblait brûler les cieux, se condensant dans cette singularité unique représentée par le démon. Tous purent voir son visage se déformer clairement, alors même que s'imposait un voile d'énergie pure et pesante.
***
L'immense tour surplombée par le palais de Kami habitait un étrange chat. Apposé contre un bâton, son visage d'apparence souriante dévoilait toutefois un profond sentiment de mal-être.
Car il ressentait le monde en contre-bas. Et tous les combats acharnés qui s'étaient opérés autour des célèbres boules de cristal perdaient à ses sens leur intérêt en comparaison de l'inégalable puissance qui s'imposait sur ce monde.
– Yajirobe... murmura finalement le sage, d'une voix inquiète, le regard perdu dans les nuages.
***
Le sol tremblait furieusement, plaquant une partie des combattants au sol. Et soudain, une série de fissures déchira la terre qui se sépara de plusieurs mètres en différents endroits.
Krillin et Tenshinhan voulurent s'envoler par réflexe, mais le poids omniprésent de l'énergie naturelle les plaqua aussitôt à même le sol. Tenshinhan se retrouva même projeté contre la paroi du sol qui s'enfonçait à une profondeur anormale. Il se rattrapa d'extrême justesse d'une main, manquant de tomber dans ce gouffre nouvellement créé et qui lui apparaissait sans fin.
Sauf qu'en y regardant de plus prêt, il remarqua une fin : une lumière intense s'imposait dans l'obscurité du vide sous son corps. C'était du magma, remontant contre ces excroissances de roches déchirées par le terrible pouvoir du démon.
Peinant à user de ses forces, le guerrier resta étendu au dessus de cette rivière de lave en fusion.
Les autres n'étaient pas en meilleur état. Tous se trouvaient désormais isolés sur des morceaux de roches naviguant sur la lave. Krillin, voyant Tenshinhan en difficulté, s'apprêta à bondir au dessus de la lave pour le rejoindre. Mais un intense jet de magma s'échappa soudain, générant un mur en fusion devant lui. Et il comprit que toute tentative était vaine.
Il se rappelait sa première sensation d'impuissance face à Ororef. C'était la même, mais amplifiée à un niveau que la pensée humaine ne pouvait appréhender. C'était comme si la Terre répondait aux désirs d'Ororef, alors même que ce dernier lisait en chacun de ses opposants comme dans un livre ouvert.
Peu importaient les décisions qu'ils prendraient : la lave, la terre, l'air, tout s'activerait pour les en empêcher. Ils ne faisaient pas face à un adversaire puissant ou à un environnement défavorable.
Ils se trouvaient confrontés à une nature qui savait tout d'eux.
Un terrible cri résonna soudain dans l'atmosphère. Krillin sentit son ventre se nouer à cette horrible son de frayeur. Il tourna machinalement sa tête vers Chichi, car le son était d'origine féminine. Mais ce n'était pas elle.
C'était Karin. La jeune femme, isolée comme tout le monde sur un morceau de roche errant sur le filet de lave, était totalement recroquevillée par la peur.
Mais ce n'était pas les conditions environnementales qui la terrifiaient tant. Pour ses alliés, et même pour Chichi qui avait appris à appréhender ses aptitudes à force de la combattre, l'horreur ne lui venait d'aucun de ses cinq sens.
C'était sa perception sensorielle affûtée qui hurlait à travers elle, consciente de la pleine puissance écrasante qui s'imposait à présent sur le monde depuis qu'Ororef venait de dévoiler une forme qui dépassait nettement sa force de base, elle-même déjà outrepassant les règles communes de la puissance.
– Ce n'est pas étonnant que tu sois tétanisée, murmura Ororef. Mon énergie vitale liée au Senjutsu dépasse tout ce que tes sens n'ont jamais su appréhender.
Piccolo, solidement ancré sur ses appuis, serrait poings et dents. Impuissant, le redoutable roi du monde avait cru percevoir les limites de la puissance de base du démon Ororef. Et, pour la première fois, elles lui étaient même apparues comme accessibles.
Mais à présent, Ororef venait de dévoiler une montée en puissance totalement incommensurable. Ce qu'il appelait le Senjutsu générait un incroyable gain de force qui s'accompagnait de capacités visiblement totalement absurdes.
Il pliait réellement la nature à sa volonté.
Tous l'avaient presque oublié. Mais Shenron, visiblement non impacté par l'écrasante puissance omniprésente qui les plaquait tous au sol, continuait de léviter au dessus de ce décor apocalyptique.
Jamais ils n'avaient été aussi proches de ramener Son Gokū.
Et jamais cet espoir n'avait pourtant semblé si inaccessible.
Krillin se tendit de frustration, observant depuis son rocher la lave en fusion qui les séparaient tous : lui, Gohan, les autres, et le dragon.
* Cet enfoiré... ! ne put-il s'empêcher de penser avec impuissance.
Depuis le début, il dissimulait un pouvoir aussi... absurde... ! *Il vit au loin son plus puissant partenaire cracher de rage et d'impuissance.
* Même si Gokū nous rejoignait maintenant... *Il abaissa sombrement la tête.
* ... avons-nous seulement la moindre chance ? *