CHAPITRE 90
La Plaine du Déclin
Naruto et Jiraiya évoluaient dans une série de galeries anciennes. Une boule au ventre accompagnait le jeune garçon, que la seule vue des armures immobiles positionnées dans les couloirs ravivait de plus belle.
Étonnamment, le Saiya-jin laissait totalement intact ce château qu'il avait pris pour résidence, ce qui contrastait fortement avec la ville détruite autour et, plus globalement, l'état du monde entier.
On sentait là l'écart entre l'ordre d'extermination du guerrier et ses goûts personnels de confort. À cette pensée, Naruto serra les dents. Mais le jeune ninja gardait toutefois en tête sa propre mission.
Ils devaient retrouver cette Tsunade, la troisième des Sannin. Et ils n'en avaient jamais été aussi proches...
***
La plaine voisine d'Ame avait brutalement changé depuis le début du combat qui s'était déroulé entre Pain et Raditz. Mais tout cela n'était rien en comparaison de l'incroyable bouleversement surnaturel duquel elle était devenue la source...
Des crevasses aussi grandes que des montagnes parsemaient ce sol malmené par la violence, à tel point que les cartographes devraient visiblement revoir leurs copies de la contrée. La cité proche semblait avoir été épargnée, mais de peu. Une partie de son lac avait d'ailleurs été absorbée.
Et toute cette eau, toutes ces roches arrachées à la terre s'étaient réunies en un seul et même astre, immense, dominant totalement la région par sa taille qui n'avait rien de proche de toute construction humaine. Une ville entière aurait pu être construite sur sa surface.
Le silence qui imprégnait ces milliers d'hectares faisait suite à la plus sourde violence jamais déchaînée sur ce monde depuis que furent consolidées ses plus grandes nations. Le colossal astre divin lévitant au dessus de la planète semblait en toucher les cieux, comme pour se rapprocher de la Lune dont il était la plus belle copie.
Et tous, à des lieues à la ronde, pouvaient à présent admirer la majesté de cette création qui dépassait même l'imaginaire des esprits.
Ce n'était pas là le fruit d'un combat d'hommes, de ninjas ou même de monstres. Il s'agissait bien de quelque chose transcendant ces concepts.
Certains oiseaux, paniqués par ce déluge de matière, perturbés par cette abstruse gravité qui s'opposait à celle qu'ils avaient toujours connue, volaient à présent en direction de cet astre nouveau-né, à une altitude telle qu'un œil normal au niveau de la terre n'en devinait qu'une multitude de tâches noires approchant l'immense sphère.
Et ils se mêlaient peu à peu à ces résidus d'eau et de poussière mélangés, extirpés de la terre et entourant ce nouveau globe à la manière de nuages, donnant d'autant plus le vertige à ceux qui, depuis la ville, tentaient d'en distinguer le haut du bas, ou tout simplement la signification.
Soudain brilla dans l'obscurité l'un des pôles de ce monde juvénile, illuminé par le Soleil levant qui pourtant n'éclairerait la plaine d'Ame qu'après un long moment.
La lumière qui baignait l'astre ultime du possesseur du Rinnegan était observée en silence par ceux qui, depuis l'arbre de papier abritant son auteur, avaient été témoins de ce combat qui mériterait d'être conté dans les prochains millénaires.
– Tu n'avais pas besoin de la faire aussi grande, indiqua sombrement Konan.
– C'est le Saiya-jin... que j'affronte... précisa Nagato.
Pas question de me retenir.Zetsu et Tobi gardaient leurs regards concentrés sur la sphère derrière laquelle brillait le satellite de ce monde, mais leur concentration restait focalisée sur les paroles du possesseur du Rinnegan.
– Et puis... reprit ce dernier.
Comparé à la Lune soi-disant créée par le Rikudō Sennin... C'est pas grand chose...Sa respiration saccadée, ses yeux à demi-clos et le sang coulant de son nez trahissaient l'état de fatigue extrême dans lequel cette technique suprême l'avait plongé.
– En tout cas... acheva-t-il alors.
J'ai pu le vaincre avec ça.À cet instant, le regard de Zetsu blanc se fronça.
– On est sûr de ça ? chuchota-t-il alors à son colocataire corporel.
– ... ?
– On dirait vraiment la Lune...
– ...
– Et s'il se transformait en singe géant ?
– Ōzaru... corrigea Zetsu noir.
Il ne se transformera pas.
– Comment le sais-tu ?
– Parce qu'Itachi a tranché sa queue...
– Elle a peut-être repoussé !
– Non... Pas chez un Saiya-jin mature.
– Comment tu sais tout ça ?
– ...Néanmoins, le doute subsistait. Et le dernier des Pain restait devant l'astre illuminé par l'aube, attendant dans l'humble silence du monde, laissant filer le temps, lequel serait l'unique confirmation de la fin.
– Dieu.Depuis le village d'Ame, la petite fille sauvée par Pain venait de briser le silence, son doigt pointé droit vers l'astre qui dominait les cieux.
Elle semblait totalement subjuguée, au même titre que tous les habitants. Certains étaient même montés en haut des buildings encore debout, désireux de s'approcher au plus près de cette parfaite sphère que rien dans la nature ne savait égaler.
– Alors c'était vrai... murmura un homme dont la bouche recouverte d'une fine moustache restait partiellement ouverte de stupéfaction.
Pain... est un vrai dieu.Les murmures des voix des habitants d'Ame se répandaient peu à peu à travers les ruelles que les premiers rayons du Soleil atteignaient enfin.
Un jour nouveau se levait-il sur le monde Shinobi ?
La menace Saiya-jin avait-elle été éradiquée par Pain ?
Cet éclat de gaieté naissant ne leur fit pas réaliser un détail que les Rinnegan de Pain observaient silencieusement : une fissure était apparue sur l'astre...
Le temps que le son se propageât à travers l'air, l'infime onde de choc atteignit rapidement les oreilles de tous. Mais cela ne parvint pas à supprimer la joie qui s'emparait des cœurs.
Les oiseaux, quant à eux, venaient d'engager un vol frénétique, quittant la sphère pour s'éloigner au milieu des nuages...
Depuis l'arbre de papier, l'homme masqué fronçait les sourcils, observant une nouvelle infime vibration parcourir l'astre. Elle fut de nouveau suivie quelques secondes plus tard par un son grave, plus puissant que le précédent...
Cette fois, des sourires disparurent dans la ville d'Ame et des visages se levèrent avec gravité.
Le nouveau tremblement qui parcourut la sphère lui fit clairement perdre de sa superbe, ravageant sa surface presque lisse. L'onde de choc associée fut cette fois suffisamment puissante pour faire taire les plus optimistes.
Au même moment, l'astre palpitait une nouvelle fois, ouvrant, l'espace d'une fraction de seconde, suffisamment ses fissures pour y laisser s'échapper un éclat de lumière qui s'imposa même sur la lumière du matin, tel un éclair dont le tonnerre assourdissant ne manqua pas de réveiller les éventuels fous qui auraient su trouver le sommeil après une telle nuit.
Et l'évidence s'imposa.
– Il est... ! murmura l'homme masqué.
Il est... toujours en vie... ?Pain fronça les sourcils et s'éleva dans les airs au moment où l'astre se trouvait une fois de plus défiguré, par une puissance telle que l'onde de choc qui suivit balaya les hommes sur des kilomètres.
Au sommet de l'incroyable amas, par-delà les nuages, bien au dessus des nuées d'oiseaux qui s'enfuyaient au loin, il n'aurait pas dû y avoir de vie. L'eau qui s'était mêlée à la terre avait déjà eu le temps de geler, au sommet de la plus grande merveille du monde, témoignant sobrement des conditions extrêmes liées à l'altitude.
Et pourtant, un infime mouvement s'était produit.
Une main était étendue sur ces roches, reliée à un corps qui s'enfonçait dans une des innombrables fissures de ce nouveau sol. Ses doigts bougeaient, signe d'une vitalité toujours présente.
Soudain, dans une infime contraction, Raditz s'arracha violemment de la terre et resta étendu sur l'astre. Sa respiration saccadée couvrait les bruits de son Scouter partiellement détruit, mais toujours en état de marche.
– Raditz ? T'es mort ?À en juger par l'état du Saiya-jin étendu sur sa longue crinière en position fœtale, il aurait été difficile de répondre de façon certaine à cette question. Chaque centimètre carré de sa peau semblait en piteux état sous son armure totalement laminée par la pression excessive de la roche soumise une gravité extrême ; et chacun de ses souffles pouvait être le dernier qu'il s'autorisait...
Mais Raditz était toujours en vie.
– Bordel, reprit Nappa.
Fait chier. T'avais beau être faible, je...
– Nappa, coupa Raditz.
Il y eut un silence.
– Putain, dépêche-toi de répondre la prochaine fois ! J'étais sur le point de te déclarer ma flamme !À sa remarque étonnante, Raditz ne put s'empêcher de laisser échapper un rire. Mais la douleur le rattrapa aussitôt et transforma sa réaction en une série de toussotements rauques.
– Bon sang... marmonna le Saiya-jin.
Il m'a pas loupé, sur ce coup...
– J'entends ça, réagit son partenaire.
T'as l'air d'avoir pris si cher que tu vas sûrement dépasser les 2000 unités quand tu retrouveras tes forces !
– Hum... Peut-être...Il se plaça péniblement sur les genoux et reprit son souffle. Il se sentait déjà un peu mieux, bien que toujours épuisé.
– Mais avant ça... Je dois l'achever... Pain...
– Tu ne m'as pas répondu tout à l'heure... intervint alors la voix de son prince avec reproche.
Raditz serra les dents. Après tout ce qu'il avait subi, c'était facile pour lui de l'accuser de tarder quand on était bien au chaud dans sa navette.
Il se garda toutefois bien d'exprimer ce qu'il avait sur le cœur. Il s'agissait de Vegeta, et même pour Raditz, ce n'était pas un tendre. Et puis, à ses yeux, rester au chaud dans un vaisseau ou affronter les plus puissants ninjas revenait approximativement au même.
– Les pouvoirs de Pain, hein... grommela alors Raditz, songeur.
En plus du type qui absorbe l'énergie, y'en a un qui invoque des créatures cheloues... Le troisième est capable de transformer son corps en plein de trucs. Un autre ramène à la vie. Le cinquième, j'ai pas trop compris, mais j'ai l'impression qu'il peut arracher l'âme. Et le plus dangereux maîtrise la gravité.
– Maîtriser la gravité, dis-tu ? répéta Vegeta.
– Ouais, et à l'instant, il vient de créer une sphère aussi grosse qu'une chaîne de montagnes.
– Euh, réagit Nappa, visiblement inquiet pour la santé mentale de leur partenaire,
c'est vraiment possible de faire ça avec son Ki, Vegeta ?
– Théoriquement, oui, répliqua Vegeta.
Mais pour un Ki normal, il en faudrait des quantités tellement extrêmes que si l'adversaire de Raditz en était capable, il n'aurait eu aucun mal à l'achever avant.
– Ah...
– Raditz... reprit alors Vegeta.
Décris-moi ses yeux.Le Basse Classe ne put retenir une réaction de surprise suite à la question inattendue de son prince. Il pointait précisément du doigt le plus grand mystère de Pain, sans même qu'aucun indice allant dans ce sens n'échappât à Raditz.
– Comment... Comment tu sais pour ses... ?
– Est-ce qu'ils sont blancs ?Le fils de Baddack s'interrompit suite à cette précision de Vegeta. Sa première question lui avait pourtant donné l'impression que son tout-puissant chef devinait quelque chose sur Pain...
– Blancs ? Euh... Non...Une image s'imposa soudain dans son esprit. Il existait bien des individus sur ce monde qui possédaient de tels iris, à Konoha. Certes, ils étaient plus forts que la moyenne des ninjas, mais rien qui ne pût justifier l'intérêt du grand Vegeta.
Il n'eut toutefois pas le confort d'y réfléchir davantage, car déjà atterrissait devant lui le dernier des Pain.
Raditz se releva aussitôt et fixa cet individu en silence.
– Je n'imaginais pas que tu serais si fort, déclara presque respectueusement l'auto-proclamé dieu,
Saiya-jin.– Je te retourne le compliment, admit Raditz avec un sourire farouche.
Quelque part, il reconnaissait en ce Pain un vrai rival. Et cette idée l'avait motivé comme jamais.
Habitué à combattre pour détruire, il en avait oublié le plaisir de la vraie résistance, celle qui ébranle les émotions, celle qui rend plus fort.
Raditz avait enfin connu l'effet indescriptible du lien qui pouvait unir des êtres, aussi ennemis fussent-ils, à travers la confrontation. Quant à Pain, pour la première fois de son existence, il avait goutté à cette sensation jadis décrite par son ancien maître, celle qui tenait de l'ordre du mythe, lorsque deux Shinobi d'exception se rencontraient.
Mais cette fois, le combat n'opposait pas deux ninjas. Car Pain s'était autant séparé de ce concept que ne l'était le Saiya-jin qui avait envahi ce monde.
Entre les deux, le sol se fissura une nouvelle fois, marquant le signal du retour à la confrontation des deux adversaires qui se jetèrent l'un sur l'autre. Leur rythme avait considérablement diminué, mais la rage qu'ils plaçaient dans cette ultime confrontation était plus intense que jamais.
Raditz tenta un coup direct, mais Pain parvint à esquiver. Le Saiya-jin réalisait que son organisme avait été soumis à une telle épreuve que la coordination de ses mouvements en patissait, là où les yeux perçants de son adversaire ne perdaient rien de leur acuité.
SHINRA TENSEI
Le Saiya-jin se retrouva balayé sur plusieurs dizaines de mètres, effectuant une série de roulades involontaires à même ce sol aérien. L'épuisement le força à se concentrer pour retrouver ses appuis qu'il utilisa aussitôt afin de se propulser de nouveau vers son adversaire, contre lequel il envoya en même temps une projection de Ki.
Surpris par ce regain de vivacité, Pain parvint toutefois à esquiver cet assaut d'un bond lattéral associé à un abaissement, mais il ne put enchaîner suffisamment rapidement pour éviter la frappe du Saiya-jin qui l'atteignit en pleine face.
Raditz ressentit alors clairement le visage de sa cible se marteler sous l'impact et le corps être projeté à distance, tel un pantin, sans doute de la même manière que lui-même venait d'être éjecté par sa technique. Mais même si ce coup aurait été considéré comme surpuissant du point de vue d'un ninja, le guerrier réalisait qu'il avait perdu énormément de sa puissance.
Et voir le corps de Pain bouger au loin confirma ce fait au Saiya-jin qui fronça les sourcils. Il devait absolument terminer ce combat, et vite.
Il se jeta de nouveau sur son ennemi, toujours à terre. Il ressentait presque de la difficulté à voler, chose particulièrement inquiétante pour quelque chose d'aussi basique. Perturbé, il ne s'attendait pas à voir un bâton noir propulsé droit sur lui, et qui s'enfonça dans son ventre.
Raditz s'écroula par terre sous la douleur, son flux énergétique déjà affaibli et soudain perturbé par ces stigmates liés à l'âme de Pain.
– Enfoiré... murmura-t-il, reprenant son souffle sur ses genoux.
Il arracha le bâton qu'il brisa en deux sans effort. Et tandis qu'il l'empoignait en main, il réalisa quelque chose.
Si le bâton était cassable, la matière qui le composait semblait totalement incompressible. Impossible pour lui de tenter d'écraser ces bâtons sur la longueur.
C'était donc la raison pour laquelle ils s'étaient enfoncés dans sa chair. Ce n'était pas lié à une solidité extrême, mais à la nature de ce matériau unique et à l'angle de ses attaques.
Raditz cracha par terre, de fatigue et de frustration, réalisant que même à ce stade du combat, il tenait en main une nouvelle preuve du pouvoir insondable de celui qui s'auto-proclamait dieu, et à qui tout semblait donner raison.
Il se releva péniblement et poursuivit sa course en direction de Pain. Il pouvait encore voler, mais sa crainte renouvelée par le bâton noir renforçait sa prudence à son paroxysme. Même si c'était négligeable, il ne voulait pas gaspiller son énergie.
Alors il courrait, tel un ninja, vers son adversaire toujours à terre, qui se contentait de le fixer, appuyé sur une main, l'autre tendue vers lui.
Et Raditz comprit – trop tard – qu'il le visait d'un autre de ses bâtons noirs. Et, une nouvelle fois, Pain utilisa sa technique de gravité, propulsant son arme droit vers son crâne.
Incapable d'esquiver dans son état, aussi bien physique que mental, Raditz se protégea de ses membres antérieurs. Et le bâton noir se planta dans son avant-bras droit, arrachant un cri étouffé de douleur chez son propriétaire.
Il ressentit de nouveau le terrible lien qui semblait puiser dans son âme ses plus sombres émotions. L'état d'esprit dans lequel s'était trouvé Raditz peu avant s'évanouissait totalement, ne laissant plus place qu'à une douleur indescriptible qui faisait hurler chaque cellule de son corps jusque dans les profondeurs de son être. Tout en lui était souffrance. Il ne voulait plus que mourir...
Et pourtant, quelque chose en lui résistait. L'enfant qui sommeillait dans son Inconscient refusait cette défaite. Parce qu'il était Raditz.
Et Raditz était fort. Peu lui importaient sa naissance ou les réalités de son peuple. Tout cela n'était rien. Parce qu'il avait un rêve.
Il voulait être reconnu. Il ne désirait que voir son existence enfin placée à sa juste valeur, celle de son mérite, celle de son être.
Et plus que tout : il voulait s'extraire de ce sentiment d'injustice qui l'avait tiraillé chaque seconde de son existence, comme si celle-ci n'était pas acceptée par l'Univers. Mais il allait lui montrer, à l'Univers, qui il était vraiment.
Et il allait le montrer au reste de son peuple, témoin de sa bataille.
Il était Raditz, et c'était son combat. Il n'allait pas le perdre.
Et même si tous ses muscles semblaient détachés de son corps, sa volonté, elle, fusionnait avec tout ce qui le définissait.
Alors, en dépit de l'horreur, il se releva, face au dernier des Pain, étendu devant lui. Son corps, épris de tremblements, effectua son premier pas sur l'astre divin qui culminait sur ce monde.
Le sol tremblait et se fissurait sous ses pieds. L'ultime œuvre du plus puissant des ninjas était sur le déclin. Sa gravité s'était dissipée, laissant ce corps solide se disloquer lentement dans les cieux desquels il tomberait inéluctablement.
Mais en attendant, Raditz effectua un nouveau pas. Puis, insensible aux grondements menaçants des roches surplombant les nuages, il en effectua un troisième.
Sa vue était trouble. Il se savait lié aux Rinnegan. Mais le dernier des Pain était devant lui. Alors, propulsé par sa volonté, il effectua un pas supplémentaire.
– Je n'arrive pas à y croire... murmura alors son opposant à terre.
Même sans connaître mon secret...Raditz avança encore, s'approchant toujours plus de sa cible.
– Même le pouvoir des Six Chemins n'a pas su te terrasser... poursuivit Pain.
Raditz posa une nouvelle fois un pied devant l'autre.
– Mais... reprit le chef de l'Akatsuki.
Il existe...Le Saiya-jin avait effectué son dernier pas. Et il tomba à genoux, juste devant lui. Pain le fixa droit dans les yeux.
– ... un Septième Chemin... !Raditz attrapa alors Pain par le cou et le souleva de son bras. Sa force avait tellement faibli qu'il devait concentrer dans son poing libre de quoi l'éradiquer en un coup. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Ce dernier, incapable de se mouvoir, étranglé par une poigne incroyable, parvint seulement à tendre sa main et la poser contre la poitrine du guerrier.
Il ne restait donc plus qu'une différence de force colossale. Pourtant, en dépit de sa souffrance, en dépit de sa faiblesse, Pain gardait dans son regard cette forme de confiance mélancolique.
C'était comme si, incapable de vaincre cet adversaire qui le surpassait même dans le crépuscule de la plus terrible bataille du siècle, ses desseins restaient intacts.
Car l'objectif de Pain était atteint.
– À présent, reprit alors d'une voix aussi éteinte que menaçante le plus puissant des Shinobi,
je t'arrache tout ce qu'il te reste.Raditz ouvrit grand les yeux d'horreur en réalisant que ce contact qui les liait dépassait leurs corps, leurs cœurs et leurs esprits.
TAMASHῙ NO SUITAI
Ce lien transcendait leurs âmes.
– Quelle est cette technique ? s'exclama alors Konan.
Nagato, qu'as-tu fait ?!L'homme masqué resta silencieux. Même Zetsu blanc ne réagit pas, cette fois.
– Le déclin des âmes, répondit alors Nagato.
Sa voix se répercuta sur le dernier corps de Pain, face à Raditz.
– Que... Que m'as-tu fait ? murmura Raditz d'une voix paniquée, conscient que quelque chose de terrible s'était produit en lui.
– Je... t'ai... fait... connaître... murmura Pain.
Son visage se déforma en un sourire.
– ... la souffrance.Mais ce qui inquiéta le plus Raditz fut d'entendre la réaction estomaquée du prince des Saiya-jin en personne.
– Impossible... murmura Vegeta.
Je le savais...
– Qu'est-ce qu'il se passe ? s'étonna Nappa.
– Cette technique... Elle est issue du seul peuple ayant historiquement su rivaliser avec nous, Saiya-jin...Le bras de Raditz qui maintenait toujours Pain en l'air semblait trembler d'horreur.
– ... Les Ōtsutsuki, poursuivit Vegeta dans un murmure effaré.
Ses paroles résonnèrent à travers le grondement de la terre qui se fissurait par-delà les nuages, s'écrasant dans une fausse lenteur à travers les cieux jusque sur le sol de ce monde.
– Que m'a-t-il fait ?! insista alors Raditz, au bord de la folie.
– Le plus grand supplice qu'un Saiya-jin puisse connaître... répondit Vegeta.
Un châtiment qui engendre le déclin simultané des deux âmes liées...Raditz resta un moment coi.
Comme... Un vieillissement accéléré ? demanda alors Nappa d'un ton bourru.
L'absence de réponse de Vegeta sonna comme une confirmation dans l'esprit de Raditz, qui avala difficilement sa salive.
– Comment... Comment j'annule ce maléfice ?!
– Tu dois tuer son auteur.Retrouvant une vigueur insoupçonnée, Raditz parvint à frapper à pleine puissance le corps inerte du dernier des Pain. Il sentit son crâne se broyer sous son poing.
Mais il ne sentit rien d'autre. Il était encore mystiquement lié à lui.
– Merde, ça marche pas ! paniqua-t-il.
Pourtant, je les ai tous tués !Il y eut un silence.
– Visiblement, non, répliqua alors Vegeta d'une voix dure.
L'horrible réalité s'imposa brutalement aux yeux de Raditz. Il devait rester un Pain.
– J'ai combien de temps ? demanda Raditz.
– Au mieux... Quelques mois.Inquiet, il appuya sur son Scouter afin d'augmenter la distance de détection. Mais la ville proche était composée d'un trop grand nombre de civils. Chaque point, même de 5 unités ou moins, pouvait être Pain...
– Bon sang ! s'exclama-t-il.
Y'en a trop !
– Bute-les tous, suggéra abruptement Nappa.
L'idée, aussi grossière fût-elle, n'était pas absurde. Après tout, Raditz ne devait pas trouver une aiguille dans une botte de foin ; il devait la détruire.
Mais son Scouter s'agita soudain. Un niveau de puissance conséquent se tenait juste à côté de lui.
C'était l'homme masqué.
– Yo.Le Scouter affichait cette fois 412 unités. Dans son état actuel, Raditz ne pouvait pas se permettre une telle confrontation.
Alors, il comprit le seul choix qui lui restait. Et il s'envola.
Il fuyait. Il fuyait pour sa vie, ou ce qu'il en restait.
Il devait se cacher. Il devait récupérer.
Même s'il savait qu'il ne deviendrait cette fois pas plus fort.
Pire : il allait devoir lutter contre le déclin de ses forces.
Plus le temps passerait, plus il s'affaiblirait.
Il deviendrait accessible pour les plus puissants ninjas.
Puis il serait la cible même des moins forts.
Et il se ferait si faible qu'il passerait tout en bas de la chaîne alimentaire.
Enfin, s'il résistait à tout cela, le temps l'emporterait...
Il n'avait qu'un espoir : tuer l'ultime Pain.
Et il ne voyait aucun moyen de le trouver...
– Drôle de conclusion... fit remarquer Zetsu blanc tandis que s'écroulaient au loin les restes de l'astre divin.
On peut considérer ce match comme nul... ?L'espace sembla soudain se distordre tandis qu'apparaissait à ses côtés l'homme masqué.
– Après la Vallée de la Fin... murmura ce dernier d'une voix pensive.
– ... La Plaine du Déclin... conclut Zetsu noir.
***
– Jiraiya-sensei, murmura Naruto.
Vous voyez cette femme, là-bas ?Les deux Shinobi étaient arrivés dans une grande pièce aux sculptures dorées. Visiblement, l'hôte des lieux avait des goûts de luxe, car le lit au centre de cette pièce était supporté par des pieds en or, eux-même posés sur un sol de marbre qui en renforçait l'éclat.
Mais en dépit de cette beauté qui faisait jadis toute la grandeur de cette ville touristique désormais en ruines, les attentions du Sannin et du Genin était focalisée sur la femme qui reposait sur le lit.
– Tsunade... ! exprima Jiraiya dans un souffle.
Elle ne semblait pas les avoir repérés, ou plus précisément, elle était dans l'incapacité de le leur faire savoir.
Car une fois à proximité de son alter-égo, Jiraiya put sentir son souffle rauque.
– Elle est droguée... comprit le Sannin.
Le Saiya-jin a dû retourner une de ses armes contre elle...Les yeux de Tsunade se tournèrent vers son ancien partenaire.
– Ji...rai...ya... articula-t-elle péniblement.
Je...
– Garde tes forces, Tsunade, coupa l'homme.
On va te sortir de là.
– Ça va être compliqué, fit remarquer Naruto.
J'ai pas l'impression qu'elle puisse mieux marcher que vous, dans son état...Son regard croisa celui de son maître.
– Et comptez pas sur moi pour vous porter tous les deux ! ajouta-t-il aussitôt.
– Ne t'inquiète pas, répliqua Jiraiya.
Mon crapaud nous a suivis.Effectivement, le petit batracien entrait à son tour dans la pièce. Vue de l'extérieur, la scène aurait pu ressembler à un étrange conte de fée, qui prit toutefois d'étranges proportions lorsque le crapaud avala tout cru la princesse.
Naruto et Jiraiya entrèrent à leur tour dans le ventre de l'animal, retrouvant Tsunade, dont l'esprit embrumé restait visiblement suffisamment conscient.
Et tandis que le crapaud bondissait, s'enfuyant loin du repère de l'envahisseur, la Sannin tenta d'intervenir.
– Le... Sai... ya... jin...
– Je sais ce qu'il t'a fait... grogna Jiraiya, des larmes de rage se mêlant aux motifs parsemant son visage.
Il... le regrettera...Tsunade reprit sa respiration, bien décidée cette fois à finir sa future phrase.
– Je... suis... enceinte...