CHAPITRE 94
Les sens de Gokū
Le jeune Saiya-jin était tout excité et effectuait déjà des mouvements de mobilisations articulaires.
– Apprenez-moi le Kamehameha en boule !
– Le Rasengan ? s'étonna Minato.
Euh... On va peut-être commencer par les bases...Face à l'expression déçue de son disciple, le Yondaime s'approcha de lui.
– Ta capacité à utiliser le Chakra est exceptionnelle. Je ne serais pas surpris que tu aies réussi à maîtriser le Kamehameha rapidement.
– Comment le savez-vous ? s'étonna Gokū.
– J'ai analysé ta technique. En plus d'une forte quantité de Chakra, elle nécessite une gestion énergétique extrême. Une fois les compétences physiques et énergétiques maîtrisées, elle devient basique. Pour la plupart des individus, cela nécessiterait un travail en amont bien trop conséquent pour être rentable. Toi, tu es un bon combattant mais tu n'as aucune base en Ninjutsu. Ces capacités que tu as sont donc probablement innées. Pour un individu tel que toi, la maîtrise du Kamehameha a donc dû être facile, là où elle pourrait nécessiter toute une vie à des Shinobi.
– Euh... Ouais... murmura Gokū en se grattant la tête.
Du coup, vous pensez que je peux apprendre votre technique ?
– Le Rasengan est différent, répliqua aussitôt le Yondaime.
Il nécessite d'autres compétences. La gestion énergétique est sensiblement la même, mais elle doit être conservée une fois la technique lancée.
– Je ne comprends pas...
– OK.Le Yondaime Hokage recula de quelques pas et resta ainsi face à Gokū. Le Saiya-jin, intrigué, était toutefois parcouru par cette sensation si spécifique à l'entraînement et amplifia sa concentration, non désireux de perdre une miette de l'enseignement de son maître.
Minato ressentait l'attention de Gokū et savourait pleinement la chance qu'il avait d'être accompagné de deux disciples d'une telle envergure. En dépit de leurs comportements parfois discutables, ils étaient dotés d'un sens du combat qui le galvanisait lui-même.
Peut-être que sa dernière décennie de solitude y était pour quelque chose, mais le Yondaime Hokage leur était de plus en plus reconnaissant de leur compagnie. Et, par-delà son enseignement, il était conscient qu'eux-mêmes lui apprenaient beaucoup.
– Bien, reprit-il alors, après ce profond échange de regards entre le talentueux maître et l'élève prometteur.
Je veux que tu tires un Kamehameha dans ma direction.Pour toute réaction, Gokū haussa légèrement un sourcil de surprise. Mais l'énergie qui parcourait son corps continuait de vibrer d'excitation.
– La seule contrainte, poursuivit alors Minato dont le regard rivalisait de sérieux avec celui du Saiya-jin,
c'est que tu ne dois pas me toucher.Ichigo, positionné au loin en observant cet étrange face à face, tapotait d'impatience son épée contre son muscle trapèze.
– C'est absurde, commenta-t-il.
Vous n'avez qu'à esquiver...Le regard de Minato s'attarda sur lui une fraction de seconde, laquelle fut accompagnée d'un imperceptible sourire qui se volatilisa dès que le Yondaime reporta son attention sur le guerrier face à lui.
– Si j'ai à éviter ou contrer d'une quelconque manière, tu as perdu, Son Gokū.
– C'est impossible et débile de vous tirer dessus sans vous toucher, marmonna Ichigo.
Ça n'a aucun sens...
– Comme regarder à gauche et à droite en même temps ? murmura Minato d'une voix énigmatique.
– Hein ?
– C'est une des images qu'ont les Shinobi à l'apprentissage de techniques au-delà de leurs comp...Il s'interrompit en découvrant l'infime sourire déterminé qui s'était dessiné sur le fier visage du guerrier. Cette seule expression suffit à faire comprendre au Yondaime l'assurance de son disciple.
– Très bien... murmura alors le Saiya-jin.
Je crois que j'ai compris...Minato observait d'un regard intrigué son élève tandis que ce dernier reprenait cette posture si caractéristique : abaissé sur ses appuis, ses mains se faisaient face au niveau de son flanc droit.
– Préparez-vous, Minato-Sensei !Il concentra entre ses paumes l'énergie qui faisait toute sa grandeur. Mais cette fois, une once de déception se lisait sur le visage du Yondaime qui se préparait à se téléporter.
– HAAA ! hurla Gokū en envoyant son rayon d'énergie droit sur son maître.
Celui-ci ferma sombrement les yeux en voyant l'attaque lui foncer dessus. Puis il se volatilisa au dernier moment, réapparaissant à quelques pas, là où semblait l'attendre son kunaï planté dans le sol.
* Dommage... se dit-il en voyant le jet tiré par le guerrier à sa gauche.
*Ses sens le frappèrent brutalement quand il réalisa la présence d'une énergie qui fusait droit sur lui par derrière. Son expression s'éclaircit.
* Je l'ai sous-estimé... ! se dit-il tandis que sa main s'animait de lumière.
*Soudain, avec une vivacité et une fluidité dignes d'une toupie de foudre, l’Éclair Jaune se retourna en tendant son bras terminé par sa légendaire puissante sphère énergétique.
Le timing était parfait : le Kamehameha ondulant de Gokū, qui faisait une boucle derrière lui, rentra en contact avec le Rasengan de Minato.
Le contact des deux techniques fut flamboyant. Gokū n'en revenait pas : d'innombrables étincelles de Ki se diffractaient en tous sens à une vitesse supersonique. L'énergie du Kamehameha était dispersée au contact de la technique concentrée de son maître sous le rythme envoûtant de sa cape dansant avec les vibrations de puissance.
Mais ce dernier constatait un autre effet parallèle : le Rasengan semblait peu à peu se faire avaler par l'énergie continue qui s'y ravageait. Et c'est dans cette étonnante union que les techniques finirent par s'annuler mutuellement, plongeant cette scène animée dans une obscurité et un silence nouveaux.
Gokū plaça ses mains sur ses hanches en fixant Minato.
– Je ne vous aurais pas touché si vous n'aviez pas esquivé, lui reprocha-t-il victorieusement.
– J'ignorais cette aptitude, reconnut le Yondaime.
Je t'ai sous-estimé, Son Gokū.* C'est impressionnant... se dit-il en analysant le corps du guerrier.
Sans n'avoir jamais appris le Ninjutsu, il semble particulièrement prédisposé à l'utiliser. Quel genre d'entraînements a-t-il suivi pour atteindre une telle maîtrise énergétique ? *Voyant là une approbation, Gokū serra le poing de fierté en se tournant vers Ichigo.
– À toi ! s'exclama-t-il.
– Je m'en tape du Rasentruc, répliqua ce dernier en se relevant, le regard pointé en direction son maître.
J'ai pas envie de suivre le même entraînement que ce type.Minato leur sourit.
– Pas d'inquiétude. Votre formation sera personnalisée...
– Personnalisée ? répéta Gokū.
Que voulez-vous dire.
– Me dis pas que tu connais pas ce mot non plus ? s'énerva Ichigo.
– Le Rasengan, intervint aussitôt Minato,
au même titre que le Kamehameha, repose sur un changement de forme énergétique de l'utilisateur. Il s'agit de l'une des deux exploitations possibles du Chakra, permettant son optimisation ou sa spécialisation.
– Et quelle est l'autre ? demanda Gokū, assit en tailleur.
Son maître lui jeta un coup d’œil, remarquant avec satisfaction qu'il avait visiblement capté l'attention de ses disciples.
– Celle que je vais vous enseigner à présent, poursuivit alors Minato.
Le changement de nature.– Je vois, réalisa soudain Ichigo.
Vous faîtes référence à vos techniques de feu, de foudre et de vent que vous avez utilisé contre Kyūbi ?
– ... et contre nous, marmonna son partenaire.
– Oui, acquiesça l'Hokage en se massant la nuque d'air gêné.
* Cet Ichigo observe et comprend vite... Ces deux-là se seraient assurément fait repérer, s'ils avaient été à Konoha... *– Le Chakra peut se décomposer en cinq natures de base, expliqua alors Minato qui dessina un pentagone sur le sol à l'aide d'un kunaï.
Feu, Vent, Foudre, Terre et Eau.Il inscrivit ainsi le kanji de chacun des éléments cités sur chaque sommet.
– Cela veut-il dire que nous pourrons utiliser n'importe laquelle en combat ? demanda Gokū, avide de techniques.
– Ça ne marche pas comme ça, répondit Minato qu'Ichigo montrait de ses bras dans un signe d'énervement face à l'interruption de son partenaire.
La majorité des Shinobi ont une nature dominante. Cela signifie que pour une rentabilité énergétique, ils devront focaliser leur travail du Ninjutsu sur celle-ci.
– Une seule nature ? répéta Gokū, déçu.
C'est peu...
– Ce n'est pas toujours le cas, ajouta Minato, comme pour le rassurer.
Il n'est pas si rare de trouver des Shinobi maîtrisant deux natures de Chakra.
– On s'en fout, répliqua Ichigo.
Que ça soit du feu ou de la foudre, du moment que l'effet est là, ça me suffit.
– Oui et non, tempéra Minato.
L'élément a son importance, car ils ne réagissent pas de la même manière les uns par rapport aux autres...Il montra de nouveau son dessin au sol.
– Prenez le feu. Face à l'eau, il est impuissant. Face au vent, il est renforcé. La même logique s'applique pour chacun des éléments en fonction de ses deux voisins.
– Donc selon ma nature, je serai impuissant face à certains adversaires ? s'étonna Gokū.
C'est pas si terrible, en fait, le Ninjutsu...
– Mouais, grommela Ichigo, contrarié d'avoir été contredit plus tôt,
enfin j'imagine qu'un feu suffisamment puissant ne sera pas éteint par quelques gouttes d'eau, de même qu'un vent suffisamment fort pourra éteindre une flamme...Gokū réfléchit un instant, puis il croisa les bras en fixant le Yondaime du regard.
– Et vous, Sensei, quelle est votre nature ?
– J'en ai trois.
– Trois ?! répéta le Saiya-jin, impressionné.
Vous êtes sacrément balèze.
– Si t'avais suivi ses combats, intervint Ichigo,
tu saurais qu'il maîtrise le feu, le vent et la foudre...
– C'est exact, approuva Minato.
Mais ce n'est pas mon Chakra qui va guider votre entraînement...Il croisa les bras, fixant ses élèves.
– C'est le vôtre...
– Chakra, hein... murmura Gokū.
Il jeta un œil à ses mains, puis ses yeux se levèrent pour balayer l'environnement autour de lui, l'esquisse d'un sourire illuminant son visage pensif.
– Je crois que je comprends mieux... les projets du sage...
– Pardon ? s'étonna Minato.
– Laissez tomber, ajouta-t-il, son sourire s'étirant.
Alors, quel est mon Chakra ?
– Il existe plusieurs méthodes pour l'identifier. L'une d'elles implique l'utilisation de feuilles spéciales, mais nous n'en avons pas...
– Vous pouvez pas en invoquer ou je ne sais trop quoi ? présuma Ichigo.
– Elles sont issues d'un arbre cultivé à l'aide du Chakra. Le potentiel de création permis par cette dimension ne peut générer la vie...Son regard se tourna vers le Saiya-jin.
– Tends tes mains, Gokū, lui intima alors son maître.
Et pose-les de chaque côté de ma tête.L'interpellé lui jeta un coup d’œil surpris.
– Pourquoi voulez-vous que je fasse ça ?
– Je dispose de capacités sensorielles. À travers ton corps circule ton flux de Chakra. On peut l'assimiler à un champ électrique, dont la différence de potentiel se situe au niveau de tes deux mains, qui sont les outils de Chakra les plus affûtés du corps. Ainsi positionnées des deux côtés de mes lobes frontaux, mon acuité sensorielle sera suffisante pour analyser avec précision la nature de ton Chakra.
– Trop fort ! s'exclama Gokū.
– T'as rien compris, je parie, grommela Ichigo.
– Hum... En gros, c'est comme regarder un arc-en-ciel pour en chercher des couleurs...Le Shinigami resta sans voix face à cette réponse, mais le regard de Minato pétilla de surprise et d'admiration. Gokū venait de parfaitement décrire le parallèle entre la vue et les capacités sensorielles.
– Bien, reprit le Yondaime Hokage.
Allons-y, Gokū.Et c'est sous le regard consterné d'Ichigo que le guerrier s'exécuta, plaçant ses mains de part et d'autre du visage de son maître.
– Je vois, murmura alors Minato, visiblement très concentré.
Feu... et...Son front se recouvrit de sueur.
– Impossible... !
– Hein ? s'étonna le guerrier qui retira alors ses mains sans cesser de regarder son mentor.
Qu'y a-t-il ?
– C'est... Incroyable... Je n'ai jamais vu ça en dehors du Sandaime...
– Qu'est-ce qu'il a ? insista Ichigo.
– Son Gokū, tu maîtrises les cinq natures du Chakra... Feu, Vent, Foudre, Terre et Eau.Gokū ne comprenait pas bien le sens de ces paroles. Il tourna la tête vers son partenaire qui haussa les épaules, feintant l'impassibilité. Sa réaction fut toutefois bien plus agitée quand le regard du Yondaime se posa sur lui.
– À toi, Ichigo.
– Vous foutez pas de moi ! s'exclama ce dernier.
Hors de question que je pose mes mains sur votre tête...
– C'est dommage, réagit Gokū.
j'aurais bien aimé voir ta force.
– Tu veux voir ma force ? répliqua le Shinigami.
Je t'éclate quand tu veux.
– Prouve-le !
– Je... !Après un grognement de rage, Ichigo abdiqua en grimaçant et posa à son tour ses mains sur le visage de Minato. Ce dernier se concentra.
– Alors ? demanda-t-il alors en jetant un coup d’œil de défi à Gokū.
– Vent, Foudre, répondit Minato.
– Et... ? s'impatienta le jeune Shinigami.
– C'est déjà beaucoup !Ichigo hésitait à serrer le crâne de son maître avec insistance. Mais, voyant que cela ne servirait à rien, il retira ses mains et lui tourna le dos.
– Ce n'est pas si mal, tenta de l’apaiser Gokū avec un sourire.
Cela eut l'effet inverse. Et le guerrier effectua un pas en arrière en voyant une veine de rage se dessiner sur le front du Shinigami.
– Yin, Vent et Foudre, récapitula alors Minato.
Ichigo se retourna.
– Yin ? C'est quoi ça ?
– Trop fort ! Riku-chan m'en avait parlé ! se souvint alors Gokū.
– Riku-chan ? répéta Minato, interdit.
– Un type balèze que j'ai rencontré, répondit alors le guerrier.
Il m'a parlé du Chakra et tout ça.Le Yondaime lui jeta un regard intrigué.
– C'est quoi ce Yin ? s'impatienta alors Ichigo.
Vous n'en aviez pas parlé dans vos cinq éléments...
– Parce que ça n'en fait pas partie, répondit Minato.
En plus des natures du Chakra, il existe deux autres types : Yin et Yang.
– Et ça sert à quoi ?
– Pour faire simple, ils permettent des techniques uniques plus puissantes et spéciales...Il s'assit en tailleur face à ses élèves.
– Je suppose que ton Getsuga Tenshō est une technique de type Yin.
– Je comprends pas... marmonna Ichigo.
Par rapport aux natures de Chakra de Gokū, c'est bien ou pas ?
– Les cinq natures ou les deux catégories sont deux leviers d'utilisation distincts du Chakra.Il jeta un œil à Gokū.
– La maîtrise des cinq natures est... exceptionnelle. Ton potentiel est ahurissant...Ichigo soupira. Le regard du Yondaime Hokage se tourna dans sa direction.
– Mais tu n'es pas en reste... Les utilisateurs de Yin disposent de techniques non conventionnelles. L'une des plus connues de mon monde permettait de manipuler les ombres...
– Cool... marmonna Ichigo, visiblement pas convaincu.
– ... et le Yin est historiquement associé au clan Uchi...
– Donc vous allez m'apprendre ces techniques ? coupa impatiemment le Shinigami.
– Les techniques Yin peuvent varier selon les individus, leurs origines, leur conceptualisation de la vie. Certains héritages génétiques rares permettent même leur fusion avec un élément, renforçant et déformant l'impact des techniques, ou entre natures pour en générer une nouvelle, plus puissante.
– C'est le cas pour nous ?
– Je l'ignore. Mes capacités sensorielles ne permettent pas d'évaluer ce niveau de détail. Seul l'entraînement nous le dira.
– Bon, intervint alors Gokū, qui était resté mystérieusement silencieux jusqu'ici.
Alors, on reprend ?
– Oui. Et cette fois, ce sera davantage personnalisé.
– À quel point deviendra-t-on plus fort ?Minato leur jeta un coup d’œil amusé.
– On verra !Ichigo soupira.
– J'espère juste qu'on tardera pas trop...L'expression du Saiya-jin s'assombrit soudain suite aux paroles de son partenaire, ce qui n'échappa pas à l'attention de leur maître.
– Qu'y a-t-il, Gokū ? s'inquiéta-t-il.
– Je suis comme vous... répondit celui-ci d'une voix plus concernée qu'à l'accoutumée.
Je pense à mon monde...Il leva les yeux vers les cieux ombragés de l'obscure dimension.
– J'ai un mauvais pressentiment...***
– Allez-vous-en... ! murmurait la jeune femme, tremblante.
Recroquevillée dans sa maison, elle entendait d'innombrables vibrations lointaines qui approchaient dangereusement. Jetant un œil discret à la fenêtre, elle les vit avec horreur traverser la plaine à un rythme effréné.
Elle connaissait ces créatures. Elle les avait vues à la télévision, lorsque celle-ci fonctionnait encore. Ces monstres étaient dotés de capacités surhumaines. En soi, ce fait était inquiétant pour la majorité des individus.
Cela n'aurait toutefois pas dû être le cas pour cette femme dont les aptitudes faisaient partie des meilleures que pouvait offrir le terrible monde gouverné par l'infâme Piccolo, à un détail près...
Ce n'était pas un démon qui la traquait, mais des milliers d'entre eux, obscurcissant la plaine dont ils piétinaient impitoyablement les herbes. Et, à la manière d'une colonie d'insectes enragés, ils semblaient tous vouloir la déchiqueter et la tuer, ou pire : la transformer en l'une des leurs...
À cette pensée, elle fronça les sourcils. Elle ne pouvait se résoudre à abandonner ainsi sa maison. Elle n'avait pas le droit de laisser cette dernière image d'elle à son fils.
Et si elle se transformait en l'une de ces choses, peut-être même s'en prendrait-elle à lui ?
En l'espace d'une fraction de seconde, son regard bascula de la peur à la rage, laquelle fut annonciatrice de sa détermination. Et elle se releva, soudainement résolue.
Elle allait combattre ces crapules qui osaient s'en prendre à sa maison.
D'un geste d'une vigueur excessive, elle ouvrit la porte – qui s'arracha de ses gonds et vola à travers la pièce. Mais elle ne s'en souciait guère.
Et, sans hésitation aucune, elle effectua une série de pas pour se tenir sur son palier, face à l'armée qui fusait droit dans sa direction.
– Que les choses soient claires... murmura-t-elle d'une voix enragée.
Personne ne touche à cette maison...Elle sera les poings et se mit en position de combat.
– VOUS M'AVEZ ENTENDUE ?! hurla-t-elle soudain.
C'EST UNE PROPRIÉTÉ PRIVÉE !Sur ces mots, et face à l'absence totale de réaction chez ses assaillants qui poursuivaient inéluctablement leur course effrénée, elle se jeta à son tour à pleine vitesse dans leur direction.
L'armée et la jeune femme se rencontrèrent alors dans cette zone déboisée, et le clash commença. Il y eut un bruit sourd, tandis que des dizaines de monstres étaient propulsés dans les airs par la puissance de cette femme d'apparence pourtant banale. Et elle ne s'arrêta pas là, car des centaines d'autres se jetaient déjà sur elle, de tous fronts.
Mais elle faisait face, malgré le nombre et la force extrêmes de ses opposants dénués de leur âme. Enchaînant des techniques poussées d'arts martiaux, elle parvenait à gérer le nombre. Elle s'appliquait par ailleurs à éviter au maximum le contact de ces créatures, dont la morsure était fatale.
Alors elle luttait, enchaînant çà et là quelques bonds assaisonnés de saltos pour conserver une distance salvatrice. Elle se surprit même à utiliser à plusieurs reprises la puissance de frappes dans l'air qui avaient pour effet de souffler certains corps ; cela remontait d'ailleurs en elle quelques souvenirs nostalgiques qui n'auraient guère dû trouver place en pareilles circonstances...
En soi, il aurait été aisé de penser que la jeune femme avait l'avantage. Mais le nombre élevé des démons était problématique, et elle sentait la fatigue s'emparer de son corps.
Ce n'était d'ailleurs pas le pire. Elle avait beau ne pas lésiner sur ses coups, envoyant de multiples frappes mortelles sur ses assaillants, ceux-ci se relevaient toujours, en dépit de blessures pourtant fatales.
Elle tenta de reprendre son souffle, mais remarqua aussitôt qu'une série de puissants bras s’agrippaient à ses chevilles. D'un geste du pied, elle balaya cette menace et tenta de trouver un angle de saut pour se reposer à distance, mais au fur et à mesure de l'avancée du combat, les créatures l'avaient entourée sur une aire trop importante.
Elle était prise au piège.
– Bordel, fait chier... ! s'exclama-t-elle, des larmes se mêlant à la sueur qui parsemait son visage combatif.
J'ai si honte...Dans un sursaut de rage, elle parvint à balayer quelques dizaines d'assaillants supplémentaires, mais cela sembla sans effet, car des milliers d'autres étaient toujours bien décidés à se jeter sur elle.
Et c'est à ce moment qu'elle réalisa que son combat était vain.
– Je... Je vais mourir... ?Elle se recroquevilla.
– Je vais mourir... seule... ?Et tandis qu'elle baissait les bras, attendant d'être dévorée par ces créatures immondes, elle entendit un violent impact, suivi d'un autre, dans un concert de hurlements virils.
– N'ayez crainte, gente dame ! s'exclama soudain la voix à l'origine de ce nouveau vacarme.
Vous n'allez pas mourir !Elle ouvrit les yeux avec surprise, découvrant un homme à la musculature imposante qui combattait les monstres devant elle.
– Mais je ne pourrai satisfaire vos désirs sexuels, ajouta-t-il alors.
Voyez-vous, je suis déjà marié... !La jeune femme crut halluciner face aux paroles incongrues de ce fier moustachu, dont le regard était levé vers le ciel. Ce n'étaient pas tant ses mots qui la surprenaient que câble qui le reliait à un hélicoptère en plein vol, au sein duquel une série de cameramans filmaient la scène.
– N'ayez crainte, ajouta-t-il alors en l'enserrant de ses bras.
J'ai entendu votre appel de détresse, je vais vous sortir de là !Par réflexe, elle se dégagea violemment, balayant involontairement de sa main le câble d'une poigne de Ki qui le trancha net.
Elle sentit alors le regard fier de son sauveur se décomposer tandis que, depuis l'hélicoptère, l'équipe de tournage ne pouvait masquer sa stupéfaction.
– Il... Il est incroyable... Je pensais qu'il allait juste remonter cette femme en détresse mais... Il a décidé de couper le câble pour affronter seul toute cette armée...
– Comme on pouvait s'y attendre d'un artiste martial de son envergure...
– ALLEZ, MISTER SATAN !Et c'est ainsi que Chichi et Satan se retrouvèrent isolés face à l'armée démoniaque.