CHAPITRE 25
Sur les traces d'Orochimaru
La nuit était tombée, sur la ville de Crocus, emportant avec elle le premier jour des Grands Jeux Magiques. Cette première étape du tournoi avait été riche en émotions, tant pour les joueurs que pour les spectateurs. Comme c'était à attendre, il y avait eu des blessés au cours des duels. Une vieille femme prenait soin d'eux. Elle veillait sur une petite fille alitée et était accompagnée d'une chatte blanche qui avait l'étonnante particularité de parler.
– Peux-tu me dire ce que tu as vu ? demanda la soignante à l'étrange félin.
– C'est... Comme toujours... Plutôt éparpillé...L'étrange créature transpirait. Elle semblait perdue dans ses pensées, à la recherche de souvenirs enfouis.
– Un chevalier blanc... dit-elle, une patte sur la tête.
Un énorme rayon magique...
– Quoi d'autre ?
– Une scène incroyable...
– Et à quoi ressemblait-elle ?
– La chute du palais royal, Mercurius... Et un être terrifiant...
– Un être ? Qu'as-tu vu de lui ?
– C'est difficile... C'est sombre... Des pupilles en formes de fentes, brillant dans le noir... Un rire, à en glacer le sang...
– C'est tout ?
– Et un nom...
– Quel nom ?
– ... Orochimaru...À Konoha, le Sandaime Hokage se tenait face à l'individu qui venait de retirer son chapeau de Kage. Il s'agissait d'un jeune homme aux longs blancs.
– Vous n'êtes pas le Kazekage... remarqua Hiruzen en fronçant les sourcils.
Le vent balaya l'élégante chevelure de l'individu qui le fixait d'un regard inexpressif.
– Qui êtes-vous ? demanda l'Hokage.
– Mon nom est Kimimaro. Je suis... La volonté d'Orochimaru-sama.Le vieil homme fronça les sourcils.
* Lui... *
– Y a-t-il un lien avec ce qu'il se passe en bas ? reprit l'Hokage, voyant naître des combats entre les hommes de Suna et ceux de Konoha.
Si Orochimaru veut tant semer le chaos, pourquoi ne pas se présenter lui-même ?
– C'est impossible. Je prends donc sa place. J'ai pour mission de vous tuer.Son interlocuteur éclata de rire.
– Ne le prends pas mal, mon garçon, mais je doute que tu puisses seulement blesser le vieil homme que je suis...Kimimaro fronça les sourcils.
– C'est exact. En combat singulier, même moi, je n'aurais aucune chance face à l'Hokage...
– ... C'est pourquoi il me servira uniquement d'assistance, dans le cas où cela serait nécessaire, poursuivit une deuxième voix.
Des claquements de canne se firent entendre. L'individu approchait d'un pas calme, son regard ne quittant pas Hiruzen dont le visage pâlit soudain.
– Impossible... Danzō ! Comment ?
– Tu te demandes comment je me suis échappé ? Vois-tu, Hiruzen, le pouvoir du Sharingan est intéressant...Il s'arrêta à un mètre de son vieux rival.
– Je ne voulais pas du destin que tu avais décidé pour moi... reprit le chef de la Racine.
– Tu... murmura le Sandaime, comprenant soudain.
La technique qui change le destin... Izanagi...Il fronça les sourcils.
* Il est dit que les pouvoirs du Sharingan peuvent être programmés... Aurait-il réussi cet exploit avec cette technique, l'activant avant son passage en prison pour ne revenir que maintenant ? *Danzō esquissa un bref sourire. Kimimaro restait immobile, tel un fauve prêt à bondir. Le visage d'Hiruzen devint plus dur, menaçant.
– Peu importe comment tu t'es échappé, ça n'est forcément pas passé inaperçu. À l'heure qu'il est, les Anbu sont en route.
– Et quand ils seront là, il sera trop tard, répondit son vieil ennemi.
Les Anbu de la prison avaient immédiatement remarqué la disparition inexpliquée de Danzō. Sans même se concerter, la troupe d'élite s'était aussitôt dirigée vers l'arène de Konoha, visible au loin dans le village et dans laquelle un monstre était apparu.
L'Hokage était en danger.
Ils fusaient à travers le village par bonds successifs, alternant entre les toits des bâtisses et les pavés des rues avec l'aisance d'enfants courant dans l'herbe. Il ne leur faudrait guère plus de quelques secondes pour sécuriser le périmètre et protéger l'Hokage.
Mais ça, c'était sans compter l'apparition d'une autre escouade de ninjas masqués qui venaient de leur barrer la route.
– Hors de notre vue, s'exclama l'un des Anbu.
Notre mission est prioritaire.
– Nos missions divergent, répondit une voix féminine derrière un des masques qui leur faisaient face.
Il y eut un bref silence.
– Je vois, reprit le capitaine à la tête du groupe de défense de l'Hokage.
Vous n'êtes pas de l'Anbu officielle, n'est-ce-pas ? Vous êtes de la Racine...
– Qui sait ?Il y eut un bruit métallique. Les armes s'entrechoquèrent.
Au niveau de l'arène, Kimimaro s'impatientait. Il venait de se mettre en position de combat, mais Danzō plaça un bras devant lui.
– Tu as fait trop de mauvais choix pour ce village, Hiruzen. Ton temps est fini.
– J'ai probablement commis des erreurs. Peut-être est-il temps que je me retire... Mais avant cela, n'est-il pas nécessaire de demander aux villageois ?
– Je doute qu'ils t'approuvent. Quand ils verront le Saiya-jin à l’œuvre...
* Saiya-jin ? pensa Hiruzen.
Hum... Il doit s'agir de ce Raditz. *
– Ce pouvoir doit appartenir à Konoha, reprit le chef de la Racine.
Tu le comprendras bien assez vite, toi aussi...
– Que prépares-tu, Danzō ? Qu'est-ce que cela signifie ? Le gamin m'a parlé d'Orochimaru...
– C'était son plan, à l'origine... Il prévoyait d'attaquer Konoha... Il y tenait... Étrangement...
– Où est-il ? Que manigance-t-il ?
– Oh... Il est loin, à présent. Loin de ce monde... Avec mon aide, Orochimaru est parvenu à localiser le vaisseau du Saiya-jin et à s'en emparer. Nous avons collecté de nombreuses informations à leur sujet.Hiruzen fronça les sourcils.
– Je n'ai pas le temps de tout te dire, poursuivit Danzō.
Tu comprendras...
– Orochimaru-sama souhaite sa mort, lui rappela Kimimaro d'un ton dur.
– Ici, ce n'est pas Orochimaru qui décide, répliqua son interlocuteur d'un ton sec, sans même le regarder.
Je n'ai pas l'intention de tuer Hiruzen Sarutobi. Je veux seulement qu'il voit, qu'il comprenne et qu'il accepte. Car c'est ainsi que l'on devient...Le chef de Konoha fixa le chef de sa Racine.
– ... Hokage.Kakashi était aux prises avec un groupe de ninjas de Suna. S'il parvenait plutôt bien à gérer ses multiples adversaires, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour l'Hokage. Il avait en effet remarqué l'apparition de Danzō à ses côtés, ainsi que d'un autre individu, plutôt jeune mais probablement pas mauvais vu sa position. S'il s'agissait d'un complot le visant, il pourrait être en difficulté, en dépit de sa force.
* Soyez prudent, Hokage-sama... *Il croisa le regard de Gaï. Ce dernier, en piteux état, combattait de son bras le plus valide les ninjas qui l'approchaient.
– Ne me regarde pas comme ça, Kakashi ! s'exclama-t-il et effectuant une prise d'étranglement au dernier ninja qui avait voulu le frapper.
Je n'ai pas l'intention de perdre face à toi !Sa poitrine était encore fortement endolorie et il toussota légèrement tandis que son adversaire s'écroulait, inconscient.
Un nouveau groupe d'adversaire avait profité de l'inattention du ninja copieur pour l'attaquer dans son angle mort. Kakashi, ne s'attendant pas à une telle attaque en nombre, se sentit pour la première fois en difficulté quand ses assaillants furent soudainement entourés d'un dôme de glace avant d'être recouverts d'épines.
– Merci, Haku, soupira Kakashi.
KATON – GŪRO
Un puissant jet incandescent traversa soudain les miroirs de glace du jeune garçon.
* Impossible, pensa Haku.
Il arrive à faire fondre ma glace ? *Le jet vint au contact des gradins, illuminant ceux-ci tandis qu'il se transformait en un amas de flammes qui brûlèrent un autre groupe de ninjas dissimulés.
Les yeux de Kakashi se posèrent sur le lanceur du Jutsu.
Sasuke détourna son regard.
* À ce rythme, pensa le maître de l'équipe 7, une goutte de sueur brillant sur son front,
on ne reconnaîtra même plus mon autorité... *L'arène s'était transformée en un véritable champ de bataille dans lequel le démon à une queue était le centre le plus effrayant. Neji, en dépit de sa force, n'aurait pas survécu bien longtemps s'il n'avait pas rapidement été rejoint par son oncle, Hiashi.
– Vous... ! s'exclama l'apprenti Chūnin.
– Peu importe ce que tu en penses, répliqua le chef Hyūga, Byakugan activés, paume levée devant le monstre.
J'ai fait une promesse à ton père.Ichibi attaqua avec son bras.
KAITEN
JŪKEN
Le monstre fut totalement pris de court par cet enchaînement défensif et offensif qui le propulsa en arrière, lui faisant écraser un morceau entier de l'arène en voulant retrouver son équilibre.
* Alors c'est ça, pensa Neji,
le pouvoir de la Sōke, la famille principale du clan Hyūga ? *
– Ne reste pas là, poursuivit l'adulte.
Nous, Hyūga, sommes les plus forts de Konoha. Je me charge du monstre. Tu as toutes les raisons du monde de me haïr, mais je t'en conjure, protège Hanabi.Neji resta immobile.
– Je ne te l'ordonne pas parce que tu es membre de la Bunke. Je te le supplie en tant que père.Le jeune Hyūga, sans détourner les yeux, envoya un Jūken sur le côté. Celui-ci vint frapper un ennemi attaquant la jeune Hanabi. Neji s'éloigna ensuite dans les gradins pour la rejoindre.
* Le vois-tu, Hizashi ? pensa son oncle, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
Ton fils fera un Hyūga accompli... *Les deux vieux hommes regardaient le monstre se relever de l'attaque du plus puissant Jōnin de Konoha.
– Hiashi Hyūga se démarque vraiment... remarqua Danzō.
S'il n'avait pas été de la génération de Minato Namikaze, nul doute qu'il aurait eu sa chance en tant qu'Hokage.
– Tu oublies Fugaku Uchiha, répliqua Hiruzen.
Sans en comprendre le contexte et les diverses piques verbales dissimulées, un observateur extérieur aurait parfaitement pu penser à une discussion banale de deux vieux amis.
– Kimimaro, reprit le chef de la Racine.
Vas donc réveiller notre cher Saiya-jin. Il est temps de montrer au Sandaime Hokage à quoi correspond exactement ma vision de Konoha.Le jeune homme hésita, puis pointa son index en direction du guerrier endormi.
Hiruzen le vit alors – non sans surprise – tirer une de ses propres phalanges hors de son doigt à pleine vitesse. Celle-ci vint heurter la tête de Raditz.
Sarutobi fronça les sourcils en voyant le Saiya-jin ouvrir les yeux, s'étirer et bâiller au milieu du champ de bataille. Non loin, le Bijū, qui tentait d'atteindre son si petit adversaire, le remarqua et son expression changea.
– ENFIN RÉVEILLÉ ?! s'exclama-t-il.
TU AS DE LA CHANCE, JE T'EN AI LAISSÉ PLEIN !Le vieil homme avait entendu cette remarque.
* Le Bijū et le Saiya-jin sont-ils alliés ? *Il regarda les autres Shinobi de Suna. Un sourire narquois se dessinait sur leur visage au fur et à mesure qu'ils se rendaient compte du réveil du guerrier.
– Regarde, Hiruzen, murmura Danzō.
Raditz s'envola et se plaça devant le Bijū. Un sourire se dessina sur les lèvres du chef de la Racine.
– Je vais te montrer, à toi ainsi qu'à tout le village, comment Konoha se défend.Soudain, au grand étonnement du monstre, Raditz l'attrapa par la queue et s'envola avec lui.
– QU'EST-CE QUE TU FOUS ?! beugla le Bijū.
ON EST DANS LE MÊME CAMP !
– Dans tes rêves, chaton, répondit le Saiya-jin en éclatant d'un rire sadique.
– ATTENDS VOIR QUE JE RETROUVE MA PLEINE PUISSANCE ! TU VAS ME LE PAYER, ENFOIRÉÉÉÉÉÉÉ !Raditz le fit alors tourner au dessus de sa tête, générant l'équivalent d'une tempête au sein du village par le seul mouvement d'air du monstre de plusieurs milliers de tonnes. C'était incroyable, fascinant et effrayant, que de voir un homme faire virevolter un tel titan...
Soudain, il le lâcha, le propulsant au loin, dans une forêt bien connue à l'extérieur du village où il dévasta de nombreux arbres sur son passage... Le Bijū disparut aussitôt.
– GAARA ! s'exclama Temari, qui venait de mettre à terre un ninja de Konoha avec l'aide de Kankurō.
Ce dernier fronça les sourcils, la sueur coulant sur ses tempes tandis qu'il cherchait du regard un autre individu, qu'il repéra rapidement, aux prises avec deux Chūnin de Konoha qu'il semblait plutôt bien maîtriser avec ce qui ressemblait à une lame invisible.
– RETRAIT ! hurla le Jōnin de Suna, son regard dur laissant place à une once d'effroi devant la scène à laquelle il venait d'assister.
Les Shinobi de Suna ne se le firent pas répéter. Ils s'arrêtèrent aussitôt de combattre et se mirent à fuir. Ceux de Konoha commencèrent à les poursuivre, virevoltant parmi les gradins en tentant de les arrêter. La surprise et la peur avaient changé de camp.
– ÇA SUFFIT ! hurla aussitôt le Sandaime Hokage à ses hommes.
Ceux-ci s'arrêtèrent une fois l'ordre de leur maître parvenu à leurs oreilles, n'en comprenant cependant guère la raison. Kakashi fronça les sourcils.
* Que se passe-t-il, ici ? *Tandis que ceux de Suna s'enfuyaient, Hiruzen se tournait vers Danzō.
– J'ai lu la surprise dans leurs yeux, quand Raditz s'est retourné contre Ichibi...Son regard pivota en direction du Saiya-jin, qui venait de se reposer sur son siège et de s'y assoupir à nouveau.
– Je suppose que ce n'est pas sa force qui les a étonnés – les rumeurs se sont suffisamment bien répandues à travers le monde pour qu'ils en soient informés...Il fixa à nouveau son vieux rival et resta silencieux. Kakashi fronça les sourcils.
Le chef de la Racine tourna le dos à l'Hokage.
– Que comptes-tu faire, Hiruzen ?Le vent souffla avec force, balayant la longue cape blanche du vieil homme.
– Je devrais t'arrêter pour de bon, mais...Son regard se posa à nouveau sur Raditz.
– Je suppose qu'il ne me laissera pas faire ?
– J'ai dû lui demander de protéger Konoha, ou quelque chose du même ordre... répondit son obscur rival en retirant calmement le bandeau recouvrant son œil gauche, laissant apparaître sa pupille avant de la recouvrir de nouveau.
* Impossible... ! pensa le Sandaime Hokage en ouvrant grand les yeux.
C'est donc ça... ? Kotoamatsukami... ! Le pouvoir du Mangekyō Sharingan de Shisui Uchiha... Le Genjutsu le plus puissant de l'histoire de son clan... ! L’œil qui contrôle la volonté... *
– Et tu penses bien, poursuivit Danzō,
qu'il ne serait pas dans l'intérêt du village que son futur Hokage se fasse arrêter...