CHAPITRE 87
L'allié du Saiya-jin
Cela faisait maintenant des jours que Naruto s'entraînait sans relâche, en dépit des contraintes liées à l'enfermement dans le ventre d'un crapaud. Ce n'était pas plus mal, cependant, car la technique qu'il apprenait depuis plusieurs semaines ne nécessitait guère d'espace...
Chaque fois qu'il concentrait son Chakra, une seule image s'imposait dans son esprit : celle du Saiya-jin. Il allait le vaincre, car c'était là son devoir, en tant que futur Hokage. Alors il poursuivait ses efforts, dans la sueur et dans la rage. Il n'avait pas de temps à perdre. Chaque jour passant apportait son lot de morts et de destructions...
Jiraiya l'observait d'un regard ennuyé. Pourtant, un brin d'intérêt l'animait à la vue de ce jeune garçon blond qui se battait pour le destin du monde.
Il lui rappelait fortement ses deux élèves les plus prometteurs : Minato et Nagato. Tous deux avaient nourri chez lui l'espoir insensé de représenter l'élu dont parlait la folle prophétie de l'ancêtre des crapauds.
* Un élève qui apportera soit la stabilité, soit la destruction dans le monde des ninjas... pensa-t-il sombrement.
*Soudain, l'entraînement de Naruto fut interrompu par l'ouverture de la gueule du crapaud dans lequel ils se trouvaient.
Le jeune ninja jeta un regard prudent en direction de l'entrée, kunaï en main, prêt au combat. Quelqu'un les avait repérés !
– Montrez-vous, somma-t-il d'une voix menaçante.
– Calme-toi, Naruto, intervint aussitôt Jiraiya.
C'est un têtard messager...Le garçon laissa échapper une réaction de surprise tandis qu'un batracien juvénile faisait effectivement son apparition dans la gueule du crapaud et s'approchait d'eux. Après un dernier regard méfiant en direction de l'animal, Naruto grimaça.
– Un têtard messager ? C'est quoi ça ?
– L'un des secrets de mes qualités exceptionnelles de prise d'information, répondit Jiraiya.
Pendant que tu papotais Ramen avec le gérant d'Ichiraku, l'autre jour, j'ai mené ma petite enquête...
– Vous faîtes des choses en douce ? interrogea le Genin, suspicieux.
– Je fais surtout en sorte de ne pas t'avoir dans mes pattes, répliqua le Sannin.
– Mouais, marmonna Naruto, vexé.
N'empêche que c'est grâce à moi si on a trouvé la localisation de votre princesse...
– Bon, je peux parler ? intervint impatiemment le têtard.
Naruto et Jiraiya se turent et, après un dernier regard noir réciproque, ils reportèrent leur attention vers l'insolent messager.
– Bien, reprit le batracien d'un ton ironiquement autoritaire au vu de son jeune âge apparent.
Je venais juste vous informer que la voie est libre...L'Uzumaki haussa les sourcils d'un air interrogateur.
– Merci, Gamasoap, répondit Jiraiya d'un ton pensif, devançant la réaction de son disciple.
Le têtard se mit en position de garde-à-vous avant de disparaître.
– Ça veut dire quoi ça ? demanda alors Naruto.
– Cela signifie que notre attente est terminée.
– Notre attente ?
– Aide-moi, l'enjoignit le vieil homme blessé en levant un bras.
Après un instant d'hésitation et quelques injures à peine voilées, Naruto plaça son épaule sous l'aisselle de son maître afin de lui permettre de se relever.
– On sort ? s'étonna alors le jeune garçon.
– Oui.
– YATTA ! s'exclama le Genin en sautillant sur place, s'attirant les foudre du Sannin souffrant.
Oups, désolé ! Mais... Pourquoi on sort ?Jiraiya ne répondit pas tout de suite. Une fois en dehors du crapaud, Naruto réalisa qu'ils se trouvaient dans une petite ville partiellement en ruines. Seuls deux éléments distinctifs étaient visibles : une pancarte proche indiquant un nom – « 短冊街 » (« Les Quartiers de Tanzaku ») – et un imposant château surplombant cette cité délabrée.
– On est où ? demanda alors l'Uzumaki.
– Bienvenue, Naruto, dans la ville Tanzaku... Le repère du Saiya-jin.Naruto ouvrit grand les yeux, son cœur manquant brutalement un battement. Il ressentit aussitôt la haine profonde et malsaine de son démon parcourir tout son corps, se nourrissant de la puissance de ses émotions. Mais il tint bon.
– Reste calme, ajouta aussitôt Jiraiya en le fixant d'un regard sérieux.
Le Saiya-jin n'est pas là...
– Comment le savez-vous ? demanda aussitôt Naruto.
– Je...
– Et comment votre crapaud le savait ? ajouta-t-il aussitôt, prenant de cours la réponse de son interlocuteur.
Jiraiya soutint le regard dur du jeune Jinchūriki – dont les iris étaient fort heureusement restés azur.
– J'ai mes sources, murmura-t-il alors d'un ton énigmatique.
– S'il revient, reprit Naruto d'une voix tremblante d'émotion,
je...
– Tu ne feras rien du tout, coupa fermement le Sannin.
Tu n'es pas de taille contre lui. Et de toute façon, je pense que nous avons le temps...
– Pourquoi ?
– ... Allons trouver Tsunade.***
La plaine sans nom aux abords de la cité d'Ame se noyait sous le silence glacial de la nuit. Théâtre de l'ultime affrontement des deux hommes les plus craints de son monde, cette terre affichait déjà les stigmates d'un combat qu'aucun destin n'aurait su empêcher.
Et pourtant, un répit de courte durée ménageait ce lieu inconnu devenu saint.
Pain et Raditz se toisaient depuis un moment. Les préliminaires étaient terminés et le vrai combat pouvait commencer. Mais une forme de rituel tacite s'imposait entre les deux monstres.
Ni l'un ni l'autre ne souhaitaient brûler les étapes d'une confrontation de telle envergure.
Le Saiya-jin, de nature habituellement impulsive, avait appris à s'adapter aux mœurs de combat ninjas. Il attendait l'ouverture, et était prêt à rester ainsi immobile, des heures durant, à analyser son adversaire jusqu'à ce que celle-ci ne se crée...
Particulièrement vif, il faillit même bondir lorsque le Pain du milieu – celui qu'il avait rencontré en premier et qu'il soupçonnait d'être le plus fort – effectua un léger mouvement de sa main. Ses sens en alerte, le guerrier tentait toutefois de garder son attention sur les six corps à la fois. Trop se focaliser sur un mouvement pourrait lui porter préjudice. Il le vit alors placer sa main à l'intérieur de sa cape...
Allait-il sortir l'un de ces dangereux bâtons, ou encore dévoiler une nouvelle arme ? Le Saiya-jin était prêt à réagir. Pour la première fois, il se préparait même à fuir, quand Pain sortit de sa cape l'objet en question...
C'était son Scouter.
Raditz ouvrit grand les yeux de stupeur. Il s'agissait de l'appareil que l'Akatsuki lui avait volé, peu après son arrivée sur ce monde. Et Pain le ressortait en plein combat. Que comptait-il en faire ?
Le chef de l'Akatsuki garda le détecteur en main et ne bougea plus.
Le cœur de Raditz s'était accéléré. La colère lui montait.
– Tu comptes me combattre avec mon arme ? s'énerva-t-il.
Vas-y, enfoiré, mets-le sur ton œil !
– Ce serait inutile, répliqua Pain.
Le sang de Raditz ne fit qu'un tour. Furieux de ce mépris de trop, il s'élança droit sur lui, emporté par la rage.
Il allait vite, très vite – trop vite...
Son émotion troublait sa raison. Durant son court vol, il ne réalisa même pas son accélération, pas plus que l'infime déviation de sa direction qui le conduisit droit vers le sol contre lequel il s'écrasa brutalement.
L'effet fut saisissant, car un profond cratère se généra autour de son corps étendu. Le choc, inattendu, le sonna même brièvement – mais il ne manqua pas de remarquer qu'il se tenait aux pieds de Pain.
Il recula aussitôt, mais le corps avait disparu...
Ce n'est qu'après s'être péniblement relevé que le guerrier réalisa soudain que son ennemi l'observait à distance, immobile.
* J'ai dû louper un truc... Il... Il n'a pas pu se déplacer aussi vite... ! *Le Saiya-jin serra les dents et massa sa nuque endolorie qui craqua sinistrement.
– Enfoiré... grommela-t-il.
Tu vas me narguer longtemps avec mon Scouter ?
– Tu m'as mal compris, répliqua Pain.
Raditz resta immobile, à le fixer.
– Un dieu n'a pas besoin de ça, poursuivit le chef de l'Akatsuki.
Le Saiya-jin, voyant là une énième provocation, fronça les sourcils.
– NE TE MOQUE PAS DE MOI ! hurla-t-il, fou de rage.
Il devait se contrôler pour éviter de se jeter à nouveau sur son adversaire.
– Même si c'est Pain, il devrait rester prudent avec ses provocations face au Saiya-jin, murmura l'homme masqué, pensif.
Stimuler sa colère pourrait se retourner contre lui...Raditz parvenait toutefois à garder le contrôle. Il avait remarqué que durant sa brève action, les différents corps de Pain s'étaient déplacés et se trouvaient ainsi répartis en différents points du champ de bataille, à le fixer de leurs dangereux yeux aux cercles concentriques.
Le guerrier gardait l'envie folle de récupérer son détecteur. Sans lui, il se sentait partiellement aveugle. Il avait toujours travaillé avec. C'était un peu comme retrouver un vieil allié...
Et puis, il était possédé par une curiosité insatiable : connaître la puissance du plus fort de ce monde.
Il s'éleva dans les airs et observa les corps de Pain. Dans cet environnement de combat totalement délabré, ils devenaient plus difficiles à discerner de par leur séparation. De plus, ils semblaient disposés en des points stratégiques – c'était du moins l'hypothèse du Saiya-jin, qui ne connaissait toutefois pas suffisamment leurs capacités respectives pour pouvoir tout comprendre.
Il avait au moins réalisé une chose : chaque Pain possédait ses propres atouts.
Celui qui semblait le plus fort était le plus proche de lui, de même que son partenaire qui avait absorbé l'énergie de Raditz au début ; ce duo semblait redoutable. Un autre, dont il ignorait les pouvoirs, était plus ou moins dissimulé par les roches. Raditz se demandait si c'était un piège destiné à le forcer à l'attaquer en premier. Pour l'heure, par prudence, il préférait éviter de tenter de s'y frotter...
Le guerrier remarqua qu'un des Pain se trouvait plus ou moins à égale distance de tous les autres : c'était l'être qui avait invoqué le chien, le caméléon, et probablement l'oiseau aussi. Il s'agissait de celui dont il connaissait le mieux les capacités.
Il devait absolument diminuer leur nombre pour éviter le genre de combos qu'il avait eu à subir... Et vite.
Sans prévenir, Raditz envoya une attaque énergétique droit sur l'invocateur tout en fusant sur l'absorbeur. En procédant ainsi, il s'assurait de viser leurs points faibles respectifs. Il mettait également à profit l'éloignement de chaque Pain, qui du reste était certes gênant mais présentait l'opportunité de réduire les risques d’interactions.
Ainsi, l'attaque énergétique de Raditz fonçait sur le Pain invocateur tandis que lui-même comptait éradiquer le Pain absorbeur. La probabilité que les deux puissent se montrer capables de rivaliser avec des offensives aussi puissantes qu'éloignées de leurs capacités étaient faibles.
Tous deux eurent une réaction prévisible : le premier se prépara à invoquer et le second à absorber. Raditz eut un sourire : il les avait bien cernés.
* Et je gagne ! pensa-t-il triomphalement en arrivant à hauteur du corps ennemi.
*KUCHIYOSE NO JUTSU
Le Saiya-jin ne réalisa pas ce que le Pain invocateur invoqua. En revanche, ce qu'il remarqua, c'est que le Pain absorbeur venait de disparaître à l'instant où il frappait, laissant pathétiquement son poing balayer l'air.
Il jeta un œil et le retrouva, plus loin. Il se tenait devant son partenaire, lequel était visé par l'attaque énergétique qu'il était en train d'absorber...
Raditz resta un court instant stupéfait, incapable de réaliser ce qu'il venait de se passer. Faisant travailler ses neurones à un rythme qu'il n'aurait jamais soupçonné, le Saiya-jin commença à voir un lien avec l'exploit du Pain qui l'avait vraisemblablement projeté face contre terre juste avant.
Dans les deux cas, le corps s'était trouvé juste devant lui, puis avait disparu pour être visible plus loin... Et à chaque fois, il s'était retrouvé aux côtés du même corps : le Pain invocateur...
Alors, il comprit. Pain pouvait invoquer ses propres corps ! Raditz resta pensif. Il lui avait fallu du temps pour le réaliser, mais il y était parvenu. Il n'avait jamais fait preuve d'une telle réflexion au combat, ce qui lui conférait une certaine fierté.
Son gain de confiance ne masqua toutefois pas l'aspect négatif : réussir à contrer une telle vitesse par des artifices techniques nécessitait une coordination exceptionnelle entre tous ces êtres. Cela dépassait de loin tout ce qu'il avait vu. Et une chose était sûre : Pain venait de retourner la situation, transformant les points faibles identifiés par le Saiya-jin en opportunités. Le combat n'était pas gagné.
– Cela me laisse comme une mauvaise impression de déjà vu... murmura l'homme masqué, qui avait également vu l'imprévisible renversement.
La brève réflexion du guerrier aboutit brutalement à une violente sensation dans son bras du dos. Une série d'explosions s'y concentraient, recouvrant tout son corps d'éclat et de fumée. Mais surtout, il se sentit partiellement paralysé. C'était encore cette terrible sensation...
La douleur et l'infâme lien avec une âme étrangère se ravivaient avec encore plus d'intensité que la première fois et, combinés à l'effet de surprise, ils forcèrent le guerrier à poser genou à terre tandis qu'il réalisait que cette fois-ci, deux bâtons étaient plantés dans son dos. Il parvint péniblement à les retirer.
Mais au même moment, il sentit deux ombres immenses de part et d'autre de son corps. Un rhinocéros et un buffle, qui devaient chacun mesurer une bonne quinzaine de mètres au garrot, fonçaient droit sur lui, cornes en avant. Pris au dépourvu par sa douleur, Raditz eut le réflexe prudent de fuir et s'éleva dans les airs afin d'éviter cet assaut qui pouvait en cacher d'autres.
Pourtant, même à plusieurs mètres du sol, il ressentit soudain un profond impact. L'oiseau aux œufs piégés l'avait attendu et venait de violemment le heurter. Et bien que faible en comparaison du guerrier, le volatile avait précisément visé de son bec l'une de ses récentes blessures au dos...
* Saleté de piaf... ! grimaça Raditz.
*Le Saiya-jin préféra prendre de la distance. Malgré sa vitesse, il était acculé par le nombre de ses ennemis. Malgré sa puissance, il n'avait su faire face aux pouvoirs du Rinnegan...
Il atterrit suffisamment loin pour reprendre son souffle, toisé par les innombrables yeux aux cercles concentriques qui faisaient monter son rythme cardiaque. Il devait se calmer, immédiatement.
Dans l'état actuel des choses, et pour la première fois depuis son arrivée sur ce monde, il ne dominait plus. Il avait entamé le combat avec brio mais venait de perdre l'avantage...
L'inquiétude qui l'avait envahi à l'aube de ce combat redoublait d'intensité. D'abord frustré de ne pas maîtriser son adversaire, en dépit de sa puissance probablement supérieure, Raditz se mettait maintenant à douter de cette dernière.
Il n'avait pas connaissance de toutes les capacités de Pain. Celui-ci se gardait probablement bien de toutes les afficher. Et cette même et insondable manière que partageaient tous ces êtres, humains ou non, de le fixer de leurs yeux aux cercles concentriques, rendait le Saiya-jin particulièrement nerveux.
Son regard se posa une nouvelle fois sur le celui qui tenait toujours son Scouter.
– Tu dis n'avoir pas besoin de mon détecteur, murmura Raditz en serrant les dents.
Alors pourquoi le gardes-tu ?Ses paroles furent suivies d'un profond silence. Puis, pour la première fois, les lèvres de Pain s'étirèrent en un léger sourire.
– Tu as raison. Il est à toi, après tout.Le Saiya-jin fronça les sourcils en le voyant lever la main qui tenait son appareil. Quand il l'ouvrit, l'appareil ne tomba pas vers le sol comme la logique l'aurait voulu, mais fut projeté dans les airs par une gravité qui lui était propre. Son élan le fit atterrir juste aux pieds d'un Raditz totalement abasourdi.
Le guerrier regarda d'abord sans mot son Scouter, puis sa tête se leva de nouveau vers Pain.
– Et ça veut dire quoi, ça ?! s'exclama-t-il.
Pourquoi Pain lui avait-il rendu son Scouter ? L'avait-il piégé ? Cette idée, qui au premier abord lui apparaissait évidente, se heurtait toutefois aux observations faites par le Saiya-jin. Pain disposait déjà d'une multitude d'armes. S'il était en mesure de piéger un appareil aussi infime qu'un détecteur oculaire avec une puissance suffisante pour le Saiya-jin, cela le rendrait en fait suffisamment dangereux pour le vaincre sans utiliser ce genre d'artifice.
Non, rendre son Scouter à Raditz n'avait aucun sens aux yeux de ce dernier.
Était-ce alors de l'arrogance ? Le guerrier n'avait eu de cesse d'en montrer, depuis son arrivée sur ce monde. Et être la cible de ce même comportement le perturbait franchement. C'était pourtant la seule explication qu'il voyait à ce geste...
– As-tu conscience de ce que tu viens de faire... ? murmura alors le Saiya-jin qui s'abaissa pour s'emparer de son plus grand allié.
Pain ne répondit pas. Raditz se releva lentement, observant le détecteur qu'il tenait dans sa paume.
– Je voue une haine absolue aux habitants de ce monde...Il ferma un bref instant les yeux, puis les rouvrit, fixant tous les corps de Pain successivement.
– L'unique raison pour laquelle certains ont survécu, reprit-il en jetant un œil mauvais à la lointaine cité d'Ame.
C'est parce que ma bataille contre les Cinq Grandes Nations leur a permis de détruire mon seul autre détecteur...Il repositionna son appareil au niveau de son visage. Il ressentait une extraordinaire sensation. Il retrouvait un vieil ami.
– D'une certaine manière, j'étais devenu aveugle...Un sourire déforma son visage.
– Et tu m'as redonné la vue, poursuivit-il ironiquement.
Il croisa les bras.
– Pain. Tu viens de commettre une terrible erreur. Par ta confiance et ton arrogance, tu viens de détruire le sacrifice des Cinq Grandes Nations de ton monde... Tu viens de condamner chaque homme, chaque femme, chaque enfant de ce monde...Face au regard toujours impassible de Pain, le visage de Raditz retrouva son sérieux.
– Mais tu t'en fiches, n'est-ce pas ? supposa-t-il.
Ou alors...Il décroisa ses bras et serra furieusement les poings.
– ... tu as la certitude que je ne gagnerai pas.Une goutte de sueur perla sur sa tempe devant la multitude de ces visages inexpressifs. Il voulait une réaction. Il voulait une réponse.
Mais il pouvait en avoir une. Car il avait, juste devant son œil, l'appareil qui pourrait percer le secret de la puissance de Pain. Il voulait voir s'afficher sur l'écran la valeur de cet être insondable...
Alors il tapota sur son boîtier. Et pour la première fois depuis bien longtemps, le doux son du Scouter résonna à ses oreilles, s'imposant dans le silence de la nuit, renforçant la tension qui précédait la connaissance...
Et soudain, les valeurs s'arrêtèrent.
La première réaction de Raditz fut le soulagement. Il était plus fort que Pain, même en considérant leur nombre. Telle fut sa toutefois sa première observation, avant même toute raison. Car la valeur de Pain était nettement inférieure à la sienne.
En soi, ce fait aurait dû être rassurant. Mais il se heurtait néanmoins à une incohérence...
Et le Saiya-jin dut bien relire le chiffre à plusieurs reprises pour mieux l'assimiler. Il lui fallait pour cela se concentrer, car l'écriture avait été modifiée afin de s'adapter à celle de ce monde. Cependant, après son temps passé à Konoha, Raditz en avait appris suffisamment. Et il n'avait aucun doute sur sa lecture.
* 5 unités... *En fait, ce n'était pas rigoureusement exact. 5 unités était la moyenne des six Pain. C'était également le niveau de puissance du premier que Raditz avait rencontré. Mais le plus petit des corps de Pain affichait 4 ; quant au plus grand, il atteignait 6.
Raditz resta un moment interdit, son visage perdu se recouvrant de nouvelles sueurs. Il tapota naïvement sur son Scouter, comme pour le réveiller, en vain.
Ces valeurs étaient juste insensées. L'être face à lui valait forcément bien plus que cela. Et quand bien même il était capable d'augmenter son niveau de puissance au combat, comme c'était le cas d'autres Shinobi qu'il avait rencontrés, le Saiya-jin ne pouvait pas concevoir le fait qu'il soit aussi bas en plein milieu de leur confrontation.
Seules les créatures géantes affichaient des nombres logiques par rapport à leur puissance, compris entre 100 et 200 unités.
Raditz fronça les sourcils et décida d'agrandir légèrement le champ de détection de son appareil. Son but était d'obtenir les niveaux des villageois d'Ame afin de voir s'ils correspondaient à ses souvenirs. Après tout, peut-être l'Akatsuki avait-elle bien trafiqué son Scouter afin de l'induire en erreur...
Une nouvelle puissance s'afficha alors au loin. Raditz fronça les sourcils, pour deux raisons...
La première était qu'il n'avait pas encore couvert le village situé à des kilomètres. Cela signifiait donc qu'un individu se tenait à distance plus proche de leur combat pourtant bien visible.
La seconde était que la valeur qu'affichait son Scouter était cette fois conséquente, même pour un ninja entraîné.
* 327 unités ? C'est quoi ce délire ? *Le Saiya-jin tourna brusquement la tête dans la direction indiquée par son écran et remarqua qu'effectivement, on l'observait. Après un coup d’œil méfiant vers Pain, toujours immobile, Raditz tourna vivement son visage en direction de l'individu au plus haut niveau de puissance des environs.
– T'ES QUI, TOI ?! beugla-t-il, la rage se mêlant à une dose d'appréhension.
L'homme masqué, repéré, regarda, paniqué, à droite, à gauche, puis pointa son doigt vers son propre torse.
– Moi ? questionna l'interpellé d'une petite voix.
– ME PRENDS PAS POUR UN CON ! Y'A PERSONNE D'AUTRE !
– Si si, y'a Zet... commença l'homme masqué en tournant la tête vers l'endroit où s'était tenu son associé juste avant.
Mais il était tout seul.
– Zetsu ? Zetsu, t'es où ?!
– TU VOULAIS ME FRAPPER DANS LE DOS, ENFOIRÉ ?!
– Non, non ! paniqua l'homme masqué en levant frénétiquement ses mains devant lui avec apaisement.
Tobi regardait juste, promis !Raditz reporta brièvement son attention sur Pain, avant de se retourner promptement en jetant une attaque énergétique vers Tobi. Il ne lui laissa pas même le temps d'esquiver. L'explosion qui s'ensuivit éblouit momentanément les ténèbres de ce champ de bataille.
Raditz grimaça et jeta un œil prudent en direction de Pain, qui n'avait toujours pas bougé.
– Nous nous reverrons, prononça soudain une voix terriblement plus grave et menaçante dans son dos.
Cela eut pour effet de faire frissonner de stupeur le Saiya-jin. Elle venait de l'endroit où s'était trouvé Tobi un instant auparavant. De plus, le guerrier aurait juré avoir vu les chiffres de son Scouter augmenter au moment de l'impact...
Tout en se retournant, il réalisa cependant qu'il n'y avait plus trace de l'individu. Et son Scouter n'affichait plus aucune présence.
Il avait tout bonnement disparu.
Raditz concentra de nouveau son attention sur Pain. Mais son cœur battait la chamade. Il ne pouvait se permettre de laisser passer la prudence une nouvelle fois. Il n'avait pas réussi à prendre un avantage conséquent dans ce combat, et s'était de surcroît fait blesser à plusieurs reprises.
Il se fatiguait peut-être même plus rapidement que son adversaire, à trop compter sur sa puissance. Ce combat était vraiment dérangeant, car il n'y voyait aucune solution rapide et sûre pour en sortir vainqueur.
Pour la première fois depuis son arrivée sur ce monde, il se sentait comme un enfant en danger. Il avait besoin d'aide.
Il lui fallait le soutien d'un mentor.
Il y avait pensé dès lors que son Scouter avait été à sa disposition, mais il ne cessait d'hésiter. Pourtant, Pain n'attendrait pas éternellement...
Et le moral de Raditz était présentement trop bas pour pouvoir poursuivre convenablement cette confrontation qu'il n'était pas certain de gagner. Il devait trouver conseil.
Il avait deux alliés pour cela.
Alors, sa main tremblante tapota sur son Scouter. Par ce geste, Raditz venait d'user de l'appel d'urgence vis à vis de son groupe.
Et lorsqu'il entendit un son lointain à travers son appareil, il eut la confirmation qu'il était en contact avec l'un deux derniers membres de sa race qui servaient l'Empire du Seigneur de la galaxie...