CHAPITRE 111
Chemins verrouillés
Raditz volait lentement au dessus des terres délabrées du Pays du Feu, le regard rivé sur son Scouter, sans toutefois perdre de vue l'environnement qui l'entourait. Affaibli et fatigué, il évitait toute force de combat indiquant la présence d'un Shinobi. Pour l'heure, mieux valait pour lui jouer la carte de la prudence.
S'il avait choisi ce pays, c'est qu'il le connaissait mieux que les autres. Dans son état de stress, il s'était naturellement tourné vers les zones qui lui étaient les plus familières.
Car paradoxalement, ce monde perdu au milieu de l'espace que le basse-classe devait soumettre était devenu, après la planète Vegeta désormais détruite, le lieu où Raditz avait passé le plus de temps. Et survoler ces paisibles forêts séparées par des plaines, observer ces rivières scintillant sous la clarté du Soleil ou même simplement deviner ces infimes mouvements des créatures qui y vivaient avait quelque chose d'apaisant...
Méditant en volant, le Saiya-jin restait toutefois prudent, jusqu'à enfin décider de se poser au cœur d'une prairie ouverte. De là, il pourrait parfaitement évaluer la suite en limitant les risques de surprise. De toute manière, en dépit de son état peu engageant, il restait inaccessible même pour des Shinobi d'élite.
Et il avait appris à ne plus baisser sa garde – ce qui ne l'empêchait pas de réfléchir.
Il lui semblait bien avoir vu briller au loin une intense lueur, quelques minutes auparavant. Et il n'y avait que Nappa pour générer pareille explosion. Si le grand guerrier avait décidé de frapper si fort, cela n'avait pas dû bien s'éterniser... Au final, le plus sage était sans doute de l'attendre.
Il activa son Scouter pour étendre son scan sur l'intégralité du monde, perdant ainsi en précision sur les bas niveaux. Il se demandait si Nappa était déjà en mouvement.
Il chercha un niveau de puissance à quatre chiffres. Mais il n'y avait rien.
Intrigué, il tapota son Scouter, sans succès.
Troublé, il ne se demanda pas cette fois si son appareil était défectueux. Sur le monde Shinobi, une anomalie n'avait rien d'une erreur.
Le malaise commençait à l'envahir tandis qu'il cherchait une explication rationnelle à la difficulté de trouver la position de Nappa. Il craignait que son partenaire ne fût parti, décidant de quitter la planète en l'y abandonnant par manque d'intérêt soudain.
Mais c'était idiot. Son vaisseau ayant été détruit, Nappa n'avait aucun moyen logique de quitter ce monde.
Donc il était resté ici.
Alors, pourquoi n’apparaissait-il pas ? De nouveau, Raditz eut le mauvais réflexe de douter de son Scouter, une pensée absurde qu'il balaya une fois encore.
Un terrible doute s'installa alors brutalement dans son esprit. Il était plus fou encore que toute autre hypothèse. Et pourtant, sa seule idée glaça le sang du Saiya-jin...
Il devait vérifier !
Le Scouter gardait en mémoire les cinq dernières minutes, qu'il était ainsi possible de visionner en replay. Fronçant les sourcils, Raditz ne perdit pas de temps et lança la lecture.
Les quelques milliers d'unités de Nappa réapparurent. C'était parfait : il pourrait donc comprendre ce qu'il se passait...
Juste à côté se tenaient les niveaux de puissance de Danzō et de la tortue – le garçon était quant à lui trop faible pour être identifié à une telle distance, même si Raditz se doutait qu'il était là également.
Cela restait donc ridicule en comparaison des chiffres terriblement élevés de Nappa. En soi, cela n'aurait donc pas dû être un problème... à un détail près.
Les chiffres de Nappa s'étaient remis à diminuer ! Raditz n'en croyait pas ses yeux : Nappa perdait bien une dizaine d'unités par seconde ! Et les secondes défilaient, sans mouvement aucun, se transformant peu à peu en minutes.
* Imp... Impossible... ! *C'était effectivement totalement inconcevable pour Raditz de voir le niveau de son mentor diminuer jusqu'à descendre sous sa propre pleine puissance, puis sa force actuelle, continuant de s'écrouler jusqu'à ne plus valoir qu'un simple Shinobi.
* Merde... Non... NON... ! *La force de combat de Nappa faiblissait tant que, aussi ironique et inconcevable que cela pût paraître, elle disparut purement et simplement du Scouter.
– NON !!! ne put retenir Raditz.
Choqué, sa respiration se transformant en un râle effrayé, le Saiya-jin peinait à contenir ses émotions.
Les Shinobi avaient-il réussi un tel exploit ? C'était complètement fou ! Lui, Raditz, avait certes connu quelques complications du temps où il avait baissé sa garde. Mais, en dépit du comportement de Nappa, jamais il n'aurait imaginé un tel dénouement...
Jamais il n'aurait pu...
Paniqué et sous le choc, le basse-classe ne put s'empêcher d'agir à la manière de n'importe quel enfant perdu.
Il lui fallait parler.
Il voulait se confier.
Il devait être guidé.
Il avait besoin d'un chef.
Il hésitait toutefois. Cela le terrifiait plus encore que d'imaginer ce qui avait pu se passer sur ce champ de bataille. Mais laisser traîner une telle réalité ou la dissimuler serait pire que tout.
Alors, sa main tremblante tapota de nouveau sur son Scouter, envoyant un appel au plus terrible des Saiya-jin.
Le temps d'attente lui parut s'éterniser. Le flot d'émotions qui le parcouraient figeait ses mouvements et perturbait le fil de ses pensées. Mais il devait se ressaisir.
Après tout, il s'adressait à son prince.
Un bruit sembla soudainement le sortir de sa stupeur. Son interlocuteur répondait à l'appel.
– Pourquoi tu m'appelles ? grommela une voix mauvaise dans son oreille.
Nappa ne devrait-il pas tarder ?
– En fait... marmonna Raditz.
Il est déjà arrivé...
– Bien. Il est en avance. Quand vous en aurez fini avec ce monde, vous pourrez chercher ton frère.
– Eh bien... hésita le Saiya-jin dont le front s'humectait à vue d’œil.
En fait... le vaisseau de Nappa a été détruit.
– Bon sang ! s'énerva son prince.
Mais quel idiot ! Passe-le moi !Dans un premier temps, seul le silence répondit à cet ordre.
– Je... bredouilla Raditz.
Je ne peux pas...
– Pardon ?!
– Les ninjas... Ils ont... Je suis paumé... Il a disparu... Je sais pas ce qui se passe... Je...
– Je comprends rien. Sois plus clair.
– Je...Lorsque Raditz prit une profonde inspiration, il paraissait au bout de sa vie, impression renforcée par son apparence vieillie et fatiguée.
– Il semble que... Nappa... ait été vaincu...Cette fois, le silence qui suivit frappa Raditz avec une violence qu'aucun Shinobi n'aurait su approcher. Tétanisé par la peur, le Saiya-jin à la crinière sentait les secondes s'écouler avec horreur, visualisant pleinement l'image de son prince qui semblait prendre forme devant lui. Il se souvint, de la plus puissantes des manières depuis son arrivée sur ce monde, ce que la terreur signifiait.
Recroquevillé bien malgré lui, il ne souhaitait à présent qu'une seule chose : ne plus exister. Car du reste, l'absence de réaction du Saiya-jin d'élite ou celle qui s'apprêtait à se déchaîner ne constituaient en rien des options supportables.
Après un temps totalement indéterminé, la voix de Vegeta fut de nouveau audible. Ce qui suivit ne fut ni long, ni fort, mais suffit à faire briller de peur les yeux de Raditz.
– J'espère que c'est une plaisanterie... ?Le soudain mutisme généré suffit sans l'ombre d'un doute à faire comprendre à l'esprit affûté du prince des Saiya-jin que son partenaire n'avait absolument aucune raison de mentir.
Raditz restait immobile, incapable d'ouvrir de nouveau la bouche. Il ne sentait même plus ses doigts qu'il comprimait avec une force inimaginable en serrant fortement ses poings, comme pour s'oublier à travers l'effort et la douleur.
Mais rien ne fonctionnait. Même à travers les années-lumière, le pauvre Saiya-jin avait l'impression de voir son chef juste en face de lui. Et cela le terrifiait.
Il voulait briser cet infâme silence, en vain. Toute son attention était totalement absorbée par sa discussion muette, à tel point qu'il était persuadé d'avoir entendu l'infime inspiration du prince lorsque celui s'apprêtait à reprendre la parole.
– Penses-tu pouvoir terminer le travail seul sur ce monde ? interrogea alors Vegeta.
Surpris, Raditz resta un moment pantois face à cette question de son prince. Jamais celui-ci ne s'était vraiment préoccupé de son état. Et cet instant précis était bien le dernier que le basse-classe aurait imaginé pour une surprise aussi inédite.
D'un autre côté, avec la perte de Nappa, Raditz devenait le dernier partenaire de Vegeta et sans doute le plus puissant Saiya-jin après lui.
La peur qui tiraillait l'estomac du guerrier se transformait alors étrangement en une forme de reconnaissance vis à vis de son prince, un sentiment qu'il n'avait jusqu'alors jamais vraiment connu.
– Je... Je ferai de mon mieux... confia-t-il.
Si j'avais ma pleine puissance, ce ne serait plus un problème, mais là, je t'avoue que je suis en difficulté...
– Je vois...Il y eut un bref silence.
– Je suis sur une autre mission, reprit Vegeta.
Je ne pourrai pas te rejoindre avant un moment...Raditz sentit son cœur manquer un battement. Entendre son prince presque s'excuser de ne pas pouvoir arriver rapidement lui faisait oublier tous les supplices qu'il devait endurer.
– Oui... Je... Je comprends...L'espoir revenait !
Retrouver sa puissance était peut-être improbable, mais s'il parvenait à survivre jusqu'à l'arrivée de Vegeta, tout serait enfin corrigé.
Raditz connaissait les Shinobi. Il les prenait au sérieux.
Même quand Nappa était arrivé, il n'avait cessé de se méfier – à juste titre.
Il avait bien jaugé les dangers potentiels de ce monde. Il ne sous-estimait absolument plus les ninjas.
Et pourtant, il savait une chose : si Vegeta posait un pied sur ce monde, absolument rien ni personne ne pourrait lui résister. Aucune alliance ou combinaison technique d'aucune sorte ne serait en mesure de ne serait-ce que le divertir.
– Je... reprit alors Raditz, presque honoré de voir que sa mission allait potentiellement faire venir son prince.
J'essayerai de terminer le travail...
– Fais comme tu veux, répliqua Vegeta.
Mais sache qu'à mon arrivée, si tu es encore en vie et si tu n'es pas le seul à l'être...Le sentiment d'espoir de Raditz se dissipa brutalement en réalisant avec horreur le ton doucereux de Vegeta. Ses paroles s'infiltraient en lui comme un poison.
Soudain tétanisé, il déglutit.
– ... tu seras le premier à mourir, acheva l'impitoyable prince des Saiya-jin qui, sur ces terribles mots, coupa la conversation.
Et c'est à cet instant précis que Raditz comprit qu'il était condamné.
Laissant tomber son Scouter, il s'écroula à genoux sur le sol. Abaissant la tête, il ne bougea plus.
Tout était perdu.
Survivre jusqu'à l'arrivée de Vegeta aurait déjà été un miracle.
Mais c'était un espoir.
À présent, il n'y en avait plus.
Il n'avait aucun moyen de retrouver sa pleine puissance. Et c'était pourtant sa seule chance de terrasser les Shinobi, à présent. Et s'il n'y parvenait pas, et quand bien même par il arriverait à survivre, Vegeta le tuerait.
Quel idiot était-il d'avoir pensé que son prince s'inquiétait pour lui !
Il venait juste le tuer.
Et Raditz savait qu'il tiendrait parole.
À ce stade, mieux valait mourir tout de suite.
– Tout... Tout est fini...
– Non...Raditz ne réagit pas immédiatement à cette voix, pensant que c'était simplement Vegeta qui lui parlait pour l'achever.
Puis il se souvint que leur discussion était terminée et que son Scouter était par terre. Cela signifiait que la voix ne provenait pas de son appareil, mais bien de son environnement direct.
– Il te reste un espoir, Saiya-jin... reprit la voix dans son dos.
Désorienté, Raditz se retourna, découvrant une silhouette dissimulée dans la pénombre.
Un fin filet de lumière éclairait partiellement son visage énigmatique.
– Toi... ?! réagit le Saiya-jin.
***
Bee et Mikoto poursuivaient leur échange. Mais si le rythme de l'Uchiha ne faiblissait pas, celui du Jinchūriki commençait lentement à baisser, comme en témoignaient les quelques éraflures du katana de son adversaire.
Le combat tournait clairement à son désavantage, sans aucune opportunité pour lui d'y briser le rythme au risque d'un franc échec.
Puiser dans le pouvoir de son Bijū était hors de question. Par son Sharingan, son adversaire parvenait à lire avec une incroyable acuité le flux de son Chakra et anticiper chacune de ses actions. Pire : sa maîtrise du sabre était totalement inégalée.
Dépassé, Bee tomba soudain à genoux. La situation devenait critique !
Cette image généra comme un flash dans l'esprit de Mikoto, laquelle sembla, l'espace d'une fraction de seconde, perdre légèrement le sens du combat.
Dans une pareille confrontation, une erreur aussi infime était suffisante pour retourner la situation. Et Bee, en dépit de sa situation, sauta sur l'occasion. Puiser dans son Chakra de Bijū était trop dangereux : il n'en aurait sans doute pas la possibilité avant qu'elle ne le réalise. Mais il n'avait pas besoin de ça.
Un infime mouvement lui permit de changer de garde, plaçant deux épées dans ses mains écartées, lesquelles se mirent aussitôt à scintiller sous l'intensité du courant qui les parcourait soudain.
Bee avait réussi à placer son Chakra de foudre dans deux de ses lames.
Et il frappa au moment où l'éclat rejaillissait dans l'oeil de son adversaire.
Celle-ci, surprise, n'esquissa même pas le geste de contrer avec son katana. Et Bee savait pourquoi : son épée ne pourrait pas résister à une lame faite de foudre. Alors elle recula, enchaînant de vifs saltos en arrière, acculée par un Bee qui, retournant la situation, ne lui laissait plus d'ouverture.
Et soudain, elle ralentit sa course en arrivant contre un rocher – sans doute pour préparer une contre-offensive de désespoir. Et Bee parvint à la trancher au ventre.
Il savait qu'elle se remettrait sans problème d'une blessure invalidante, mais réussir à sensiblement l'atteindre pourrait lui donner le temps suffisant qui lui permettrait de la sceller pour de bon.
– Euh... murmura l'un des Uchiha spectateurs.
On ne devrait pas l'aider ?
– Non, répliqua l'autre.
Elle a voulu jouer... Elle assume.Bee discerna le regard écarlate de son adversaire dominée s'abaisser avec surprise sur son ventre ouvert mais ne ralentit pas son deuxième coup destiné à lui trancher la tête.
Trop surprise et prise au piège, même elle ne pourrait plus esquiver.
Le rappeur la vit alors lever son katana devant elle pour contrer l'offensive directe de son épée recouverte de foudre.
* Idiote... pensa-t-il.
*Il sentit le glissement d'une lame qui se tranche comme du beurre, sans opposer de grande résistance car son propre geste n'en fut guère entravé.
Mais tandis qu'il s'apprêtait à enchaîner, il réalisa avec stupeur que la tête et le corps de son adversaire ne faisaient toujours qu'un... Elle ne pouvait pas s'être régénérée aussi rapidement !
Pire : sa propre lame était tranchée nette, et non le katana de l'Uchiha, lequel avait étrangement noirci l'espace d'une fraction de seconde.
* C'était quoi ça ?! *Bee parvint à effectuer quelques bonds de recul pour tenter de prendre la distance. Cela n'aurait toutefois pas été possible, si un élément imprévisible n'avait pas brutalement interrompu le combat au moment où la femme reprenait l'avantage.
Deux individus venaient de littéralement apparaître entre les deux : un enfant et un adulte.
– Ça suffit, Mikoto, ordonna le plus grand.
– Hmpf... grommela cette dernière en s'immobilisant, visiblement boudeuse.
Elle planta sa lame dans l'herbe et soutint le regard écarlate de Kagami.
– Tu devrais éviter de me parler comme ça, lâcha-t-elle.
J'ai plus l'âge de ce gosse.Elle montra Konohamaru d'un signe de tête.
– En tout cas, reprit-elle,
je vois que monsieur se la pète depuis qu'il a appris l'Hiraishin à Uzushio...
– Arrête, ça fait trois plombes que je me concentre, répliqua Kagami.
J'arrive pas à comprendre comment Tobirama-sensei arrivait à utiliser l'Hiraishin en combat... C'était vraiment un génie comme on n'en fait plus !
– Minato l'a appris aussi, l'informa Mikoto.
– Minato ?! Le petit blondinet ?
– Il a grandi depuis, le Yondaime Hokage...
– Hein ?! Hokage ?! Il est devenu Hokage ?!Il soupira.
– Ouais, intervint soudain Bee, décidant qu'il était inutile de se faire discret.
Il était sacrément balaise, ce putain d’Éclair Jaune !Les Uchiha tournèrent leur tête dans sa direction.
– Mais il est mort, acheva Bee en baissant sombrement la tête.
C'était vraiment pas un poto, mais avec son aide, on aurait ptêt pu éviter tout ce merdier...***
Cela faisait de nombreuses minutes que Jiraiya et Tsunade n'avaient pas prononcé mot, s'observant dans un immobilisme presque total que même le froid de la haute montagne ne savait égaler.
Ils avaient assisté à toute la confrontation face au colossal Saiya-jin et en restaient bouleversés jusque dans leur chair.
Étrangement, ce fut Naruto, endormi, qui troubla le silence par un « dattebayo » rêveur... Que cela fût une simple coïncidence ou la conséquence de l'oppressant Chakra aux limites insondables qui venait de quitter ce monde, rien n'était bien sûr mais tout était possible.
Tsunade observa le jeune garçon d'un regard étonnamment doux. Elle réalisait plus que jamais sa ressemblance troublante avec son défunt jeune frère, Nawaki. Et ses lèvres tremblantes esquissèrent un bref sourire.
– Un de moins... murmura alors Jiraiya.
Le regard de Tsunade se durcit de nouveau face aux mots prononcés par son partenaire. Et ce dernier en connaissait bien la raison.
Il s'attendait d'ailleurs à l'entendre relativiser l'optimisme de ses paroles. Mais elle n'en fit rien.
– Je ne portais pas Danzō dans mon cœur, confia-t-elle.
Je trouvais Sarutobi-sensei trop conciliant vis à vis de son vieux camarade...Elle serra les poings en souvenir de leur défunt maître et releva la tête pour fixer Jiraiya.
– Mais au final, il avait raison sur un point... Son amour pour le monde Shinobi était bien réel.Jiraiya ne trouvait de meilleurs mots que Tsunade, se contentant d'approuver sobrement de la tête.
– Qui aurait cru, poursuivit la Sannin,
que le monde Shinobi lui devrait son salut ?Elle leva les yeux en direction des cieux.
– Aujourd'hui, il s'est imposé comme le héros du monde Shinobi, comme l'eut été mon grand-père près d'un siècle avant lui.La brume se levait fortement, les nuages ayant lentement progressé contre les parois de la montagne jusqu'à les atteindre, générant une atmosphère humide et particulièrement glaciale dans laquelle les Sannin restèrent pensifs, en hommage à leur défunt aîné.
Puis, un tremblement sourd perturba l'humble mutisme de la nature.
D'abord sur la défensive, les deux Shinobi d'élite comprirent rapidement qu'il ne s'agissait pas d'un danger. Et de toute manière, une telle notion s'avérait bien rare pour un Sannin.
C'était un crapaud géant. Et celui-ci était bien connu, y compris par Tsunade.
– Gamabunta... murmura Jiraiya.
– Jiraiya ? s'étonna l'immense batracien, qui semblait étonnement sur le qui-vive.
Que se passe-t-il ici ?
– Que veux-tu dire ?
– Le vieux Sennin a reconnu un Chakra sombre et m'a envoyé en éclaireur...Le crapaud semblait légèrement tremblant et tendu, comme si son organisme tout entier était actuellement programmé pour le combat.
– Il a reconnu le Chakra de Kyūbi...
– Kyūbi ? répéta Jiraiya, tournant machinalement son regard vers le jeune Naruto.
Non... C'est seulement ce gamin... Il s'est laissé emporté. Mais la situation est sous contrôle, grâce à Tsunade.
– Pardonnez-moi, s'excusa le titanesque amphibien en reprenant constance.
Tsunade jeta un œil au crapaud avant de reporter son regard en direction de Naruto.
– Cela tombe bien que tu sois là, reprit alors Jiraiya.
Je t'avoue que dans mon état actuel, grimper une montagne est un peu compliqué...
– Je vois... murmura Gamabunta.
Il semblait hésiter.
– Mais ce gamin, es-tu sûr qu'il soit prudent de...
– On ne pourra pas gagner sans lui, répliqua Tsunade d'un ton sans appel qui surprit même Jiraiya.
Fronçant les sourcils, le batracien géant savait qu'en dépit de sa force, mieux valait ne pas s'opposer à cette ninja légendaire. Étendant sa longue langue, il leur laissa tout le loisir de s'y installer confortablement avant de les enfermer dans sa grande gueule.
Ce n'était pas des plus ragoûtants, mais cela restait sans l'ombre d'un doute plus confortable qu'à dos de crapaud, surtout en haute montagne...
***
* Que se passe-t-il *Sasuke s'était immobilisé face aux étonnants changements dans l'atmosphère. Que cela fût lié à cet étrange labyrinthe naturel ou à autre chose, il avait l'impression que d'étonnants flux énergétiques avaient parcouru l'air qu'il respirait.
Gaara aussi avait remarqué ces fluctuations. Mais il semblait avant tout intéressé par l'objet de leur quête. L'un comme l'autre savaient qu'atteindre la montagne lointaine où se trouvait Naruto prendrait sûrement de nombreux jours au milieu des parois qui les entouraient, mais peu leur importait.
Alors ils reprenaient leur route, insensibles aux menaces des insectes géants qui semblaient avoir étonnamment appris de leur dangerosité, car ils ne les croisaient plus.
Si cela n'avait pas l'air de perturber Gaara, Sasuke restait quant à lui particulièrement aux aguets. Il avait appris, lors de sa jeunesse aux côtés de son frère, que l'absence d'animaux dangereux dans une zone avait parfois une explication bien plus inquiétante.
Et cette explication se trouvait en fait juste devant eux, à peine tournaient-ils dans un nouveau virage...
Une immense silhouette se tenait là, immobile. De loin, elle ressemblait vaguement à un chat de taille considérable aux longues pattes étendues. Mais sa longue queue à l'extrémité touffue dévoilait davantage l'apparence d'un lion.
Les longues ailes reposant contre son flanc donnaient cette créature une apparence assez inédite.
On partait donc avec un lion aux ailes d'aigle...
Mais le plus effrayant restait le regard perçant – prédateur et calculateur – de cette mystérieuse entité lorsqu'elle tourna son visage en direction des deux jeunes membres de l'Akatsuki. Et un horrifiant sourire se dessina sur ce visage soigné de femme.
Sasuke et Gaara s'arrêtèrent d'un même mouvement.
– Des explorateurs égarés ? murmura le sphinx d'une voix dangereusement amusée.
***
– Tu n'es pas obligé de répondre, reprit Tsunade.
Mais quelque chose me dit que tu en sais plus que d'autres...Jiraiya ne répondit pas.
– Je me demande juste une chose, murmura alors la Sannin.
Ce sceau ne durera pas éternellement face à la puissance du Saiya-jin. Alors, que fera-t-on quand il reviendra ?Jiraiya sembla hésiter à répondre. Tsunade accepta ce silence.
– Il ne reviendra pas, affirma alors soudainement l'ermite d'une voix sombre.
Ou pas aussi facilement...Tsunade haussa les sourcils.
– Le sceau de Danzō ne crée pas une nouvelle réalité... mais distord celle-ci.
– Que veux-tu dire ?
– Je veux dire que le Saiya-jin se trouve actuellement dans un espace-temps fortement compressé entre deux zones. C'est un dérivé de l'Hiraishin, permettant de figer l'adversaire dans une dimension intermédiaire aux deux points du sceau. Une fois celui-ci brisé, la victime réapparaît simplement de l'autre côté.Tsunade fronça les sourcils.
– Je ne suis pas sûr de tout comprendre...
– Moi non plus, reconnut Jiraiya.
C'est terriblement complexe : peut-être le sceau le plus poussé d'Uzushio...
– Si je comprends bien, reprit Tsunade,
le Saiya-jin est juste piégé dans un espace-temps trop différent pour pouvoir intervenir dans cette réalité... Et quand le sceau prendra fin, il réapparaîtra à l'endroit où Danzō l'a envoyé ?Jiraiya acquiesça sombrement de la tête, regardant droit devant lui. Il savait déjà quelles seraient les futures paroles prononcées par Tsunade.
– Mais... murmura-t-elle en serrant les dents.
Tu l'as bien vu avec le volcan... Peu importe où il réapparaîtra... Il n'existe aucun endroit sur ce monde d'où il ne pourrait pas revenir... !Elle le fixa avec intensité.
– Car personne n'a pu marquer une zone si inaccessible qu'elle pourrait contenir un tel monstre...
– Tu as raison, reconnut Jiraiya.
Tsunade serra les poings de frustration.
– Il n'existe aucun endroit sur ce monde d'où il ne pourrait pas revenir... répéta-t-il d'une voix étrangement calme.
Tsunade haussa les sourcils, voyant là une forme de message de la part de son partenaire qui en savait visiblement bien plus qu'elle.
– Peut-être faut-il donc voir plus loin...
– Plus loin ? Que veux-tu dire ?
– Je veux simplement dire que tu oublies que l'Univers ne se limite pas au monde Shinobi...
– ... ?
– Et qu'au même titre que ce monde ne constitue pas tout... poursuivit Jiraiya en tournant son regard droit sur Tsunade, laquelle semblait déjà comprendre le sens de ses paroles,
il existe... Il s'interrompit toutefois, esquissant un étonnant sourire nostalgique.
– Il existe... un troisième Sannin.Tsunade ouvrit grand les yeux, choquée par cette révélation.
– Ne me dis pas que... !
– ...
– Celui vers qui Danzō a envoyé le Saiya-jin, c'est...Elle resta un moment figée, partageant soudain à travers ce regard profond avec Jiraiya une émotion indescriptible.
– ... Orochimaru... !