[One Shot] Première leçon

Hello !
Un truc sur lequel je suis retombé cet après-midi en faisant de l'ordre dans mes affaires. Y en a quelques autres, mais celui-là a la particularité de ne pas être complètement nul. Je crois. J'espère. De ce que je m'en souviens, c'était un truc que j'avais fait pour le concours de fic de ginji d'il y a 2-3 ans, avant de complètement changer d'approche parce que je n'étais pas satisfait.
Bref, je le partage.
Un truc sur lequel je suis retombé cet après-midi en faisant de l'ordre dans mes affaires. Y en a quelques autres, mais celui-là a la particularité de ne pas être complètement nul. Je crois. J'espère. De ce que je m'en souviens, c'était un truc que j'avais fait pour le concours de fic de ginji d'il y a 2-3 ans, avant de complètement changer d'approche parce que je n'étais pas satisfait.
Bref, je le partage.
Première leçon
Muten courait à en perdre haleine.
Sur ses talons, les autres concurrents faisaient aussi de leur mieux. Mais seul l'un d'entre eux gagnerait le privilège de suivre l'entraînement du maître. Il le savait, et c'était la seule chose qui pouvait, en de brefs instants, détourner ses pensées de son objectif : franchir la ligne d'arrivée le premier.
Enfin, il la vit apparaître à l'horizon : un mince ruban blanc noué entre deux arbres.
Il ne se retourna pas et donna tout ce qui lui restait. Au terme d'un ultime effort, il sentit une légère pression sur son torse ; pression qui disparut rapidement pour laisser place à la sensation du tissu qu'on déchire. Une sensation enivrante qui signifiait une chose simple mais si importante à ses yeux :
Il avait gagné !
Tant d'heures, tant d'efforts, tant de privations, mais il y était ! Il avait atteint son but. Il allait devenir le disciple de Maître Mutaïto, le plus grand expert en arts martiaux que le monde ait connu.
Il se laissa tomber sur le dos, inspirant de larges bouffées d'air pour récupérer son souffle. Il avait utilisé toute son énergie dans cette course et n'aurait pas pu faire un seul pas de plus. Uniquement concentré sur son but, il avait laissé s'échapper toutes ses forces dans ce sprint final, symbole de l'objectif de toute une vie.
Son entraînement l'avait mené encore plus loin que ce qu'il avait espéré. Et cet entraînement, il ne l'avait pas suivi pour impressionner une fille, comme à l'époque ! Non ! Cette fois, il l'avait suivi par ambition personnelle. Pour dépasser tout ce que le monde avait connu avant lui. Pour devenir l'homme le plus fort du monde.
Et maintenant, il avait toutes les cartes en main pour y parvenir. La formation de Mutaïto serait l'ultime étape de son inévitable ascension.
Les autres concurrents quittaient déjà les lieux, remerciés par celui dont ils avaient rêvé de suivre les enseignements. Le vainqueur, encore sous le coup de l'euphorie de la victoire, ne réalisait même pas que ses anciens rivaux avaient le même rêve que lui, la même ambition ; qu'ils avaient certainement travaillé tout aussi dur, avec tout autant de hargne. La seule chose qui occupait ses pensées, c'était qu'il était le plus fort.
Le dernier concurrent disparut sur le petit chemin de terre qui menait au village portuaire de l'île où le vieux maître avait organisé son défi.
— Bravo, jeune homme, lança Mutaïto en s'approchant, un large sourire bonhomme dessiné sur le visage. Tu es puissant, vif et endurant. Ce sont trois qualités essentielles dont tu as fait preuve aujourd'hui. Tu as bien mérité ta place. Maintenant, il est temps pour toi de reprendre des forces. Les choses sérieuses commenceront dès demain matin !
Sur ses talons, les autres concurrents faisaient aussi de leur mieux. Mais seul l'un d'entre eux gagnerait le privilège de suivre l'entraînement du maître. Il le savait, et c'était la seule chose qui pouvait, en de brefs instants, détourner ses pensées de son objectif : franchir la ligne d'arrivée le premier.
Enfin, il la vit apparaître à l'horizon : un mince ruban blanc noué entre deux arbres.
Il ne se retourna pas et donna tout ce qui lui restait. Au terme d'un ultime effort, il sentit une légère pression sur son torse ; pression qui disparut rapidement pour laisser place à la sensation du tissu qu'on déchire. Une sensation enivrante qui signifiait une chose simple mais si importante à ses yeux :
Il avait gagné !
Tant d'heures, tant d'efforts, tant de privations, mais il y était ! Il avait atteint son but. Il allait devenir le disciple de Maître Mutaïto, le plus grand expert en arts martiaux que le monde ait connu.
Il se laissa tomber sur le dos, inspirant de larges bouffées d'air pour récupérer son souffle. Il avait utilisé toute son énergie dans cette course et n'aurait pas pu faire un seul pas de plus. Uniquement concentré sur son but, il avait laissé s'échapper toutes ses forces dans ce sprint final, symbole de l'objectif de toute une vie.
Son entraînement l'avait mené encore plus loin que ce qu'il avait espéré. Et cet entraînement, il ne l'avait pas suivi pour impressionner une fille, comme à l'époque ! Non ! Cette fois, il l'avait suivi par ambition personnelle. Pour dépasser tout ce que le monde avait connu avant lui. Pour devenir l'homme le plus fort du monde.
Et maintenant, il avait toutes les cartes en main pour y parvenir. La formation de Mutaïto serait l'ultime étape de son inévitable ascension.
Les autres concurrents quittaient déjà les lieux, remerciés par celui dont ils avaient rêvé de suivre les enseignements. Le vainqueur, encore sous le coup de l'euphorie de la victoire, ne réalisait même pas que ses anciens rivaux avaient le même rêve que lui, la même ambition ; qu'ils avaient certainement travaillé tout aussi dur, avec tout autant de hargne. La seule chose qui occupait ses pensées, c'était qu'il était le plus fort.
Le dernier concurrent disparut sur le petit chemin de terre qui menait au village portuaire de l'île où le vieux maître avait organisé son défi.
— Bravo, jeune homme, lança Mutaïto en s'approchant, un large sourire bonhomme dessiné sur le visage. Tu es puissant, vif et endurant. Ce sont trois qualités essentielles dont tu as fait preuve aujourd'hui. Tu as bien mérité ta place. Maintenant, il est temps pour toi de reprendre des forces. Les choses sérieuses commenceront dès demain matin !
* * *
Il fut réveillé à l'aube par le chant du coq dans la maison-capsule que Mutaïto l'avait laissé installer à proximité de la sienne. Un repas copieux et une bonne nuit de sommeil lui avaient permis de récupérer ses forces. Il passa rapidement sa tenue de kendo orange et sortit, tout guilleret, pour retrouver son nouveau maître.
Mais personne ne lui répondit lorsqu'il frappa à la porte. Discrètement, il longea la maison et tenta un rapide coup d'œil par la fenêtre. Personne.
— Bonjour !
À peine la première syllabe eut-elle résonné dans son dos que le jeune homme sursauta en se retournant, adoptant instinctivement une position de combat sous le coup de la surprise.
Il aperçut Mutaïto et commença à craindre pour sa place. Regarder aux fenêtres ne se faisait pas, d'autant plus à celles de celui qui venait de vous accorder sa confiance… Mais le maître reprit comme si de rien n'était, nullement offusqué, un grand sourire aux lèvres :
— Nous t'avons laissé dormir ce matin. J'espère que tu as profité de ta grasse matinée, car il n'y en aura plus d'autre ces prochaines semaines.
“Nous” ? Il avait dit “nous” ?
Il remarqua alors un homme de son âge derrière le vieil homme. Il avait le crâne rasé, un regard insondable, un nez crochu et portait un kimono noir frappé du sigle de l'école de Mutaïto. Ce dernier perçut l'étonnement de Muten et expliqua :
— Tu ne croyais quand même pas être mon seul élève ? Jansen est lui aussi un jeune prodige dont les qualités feront certainement un grand artiste martial. D'ailleurs, je te propose de tester immédiatement tes capacités au cours d'un match amical. Ça me permettra de me faire une idée plus précise de ton niveau et de ce que nous devrons travailler. Rien n'est plus à même de révéler les qualités d'un homme que de le pousser dans ses retranchements.
Muten resta coi face à une telle assurance et une telle simplicité. Ses retranchements ? Cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait pas été poussé lors d'un combat, et ce ne serait sans doute pas aujourd'hui que ça allait arriver à nouveau ! Après les épreuves de chasse, de pêche, d'endurance et de sprint de la veille, il allait enfin pouvoir montrer à son maître ce dont il était capable avec ses poings !
— Alors, tu as perdu ta langue ?
— Non, non, maître ! répondit-il précipitamment. Je serai ravi d'accepter, évidemment !
Mutaïto saisit alors un bâton et traça un large cercle dans un espace de terre meuble.
— Il s'agira de la surface de combat. Le premier qui en sortira perdra le match. Vous perdrez également si vous tombez par trois fois ou abandonnez.
Les règles étaient claires.
Moins de deux minutes plus tard, chacun s'était placé à une extrémité du ring,
Le nouveau disciple inspira profondément tandis que son rythme cardiaque augmentait légèrement comme à chaque fois qu'il se préparait à combattre. Son adversaire, lui, semblait parfaitement détendu. Les deux élèves se saluèrent, comme le voulait la coutume. Puis, Mutaïto sonna le début du combat sur un petit gong qu'il avait extirpé de sa tenue.
Muten prit immédiatement l'initiative et se rua sans attendre sur son rival, le poing droit en arrière. Profitant de son élan, il le projeta en avant de toutes ses forces. Il voulait impressionner son maître en terminant ce combat rapidement, si possible d'un seul coup.
Mais au lieu de fracasser le visage de Jansen, ses phalanges ne rencontrèrent que du vide. Son adversaire avait parfaitement anticipé l'attaque et avait effectué un bond formidable, de plus de deux mètres, afin d'esquiver son coup. Puis, tandis que Muten le regardait, incrédule, il fut rattrapé par les lois de la gravité et en profita pour attaquer à son tour, la jambe en avant.
Son rival fut moins prompt à esquiver et se prépara à parer, les deux bras en croix devant son visage. Le choc fut formidable et Muten en ressentit les vibrations dans tout son corps. Quelle force ! Si toutes ses attaques étaient du même acabit, il valait mieux éviter les prochaines…
Il n'eut pas le temps de pousser l'analyse plus loin. Jansen s'était déjà réceptionné, et sans même prendre le temps de se rétablir correctement, il effectuait une balayette d'un large mouvement circulaire. Muten répondit d'un petit saut rapide afin de ne pas perdre l'équilibre.
Mais une fois dans les airs, il ne put absolument pas éviter l'uppercut assassin qui l'atteignit en plein sous le menton.
Quelle force !
Quelle vitesse !
Quelle précision !
Il n'avait rien pu faire. Emporté par son propre élan et celui du coup, il vola dans les airs. Heureusement, il parvint à contrôler sa chute et atterrit finalement sur les pieds. Mais à peine cela fut-il fait qu'il sentit une violente pression sur son torse.
Jansen ne lui avait pas laissé le temps de se reprendre et s'était jeté sur lui, la tête en avant, en plein sur le sternum. Le choc fut encore plus violent que le précédent et Muten redécolla pour aller s'écraser plusieurs mètres plus loin, le souffle coupé.
Il se redressa rapidement, à quatre pattes, pour apercevoir deux pieds juste devant lui. Il adopta une vague position de défense, mais c'était bien inutile : son adversaire ne préparait pas un nouvel assaut. Bien au contraire, tout sourire, il lui tendait une main amicale pour l'aider à se relever.
Qu'est-ce que ça voulait dire ? Ce connard se fichait de lui ?! Il le croyait donc si faible ?! Il allait lui montrer qu'on ne se moquait pas impunément de Muten Roshi, l'homme le plus fort du monde !
C'est alors qu'il comprit : il était sorti des limites tracées par Mutaïto. Il avait perdu, et en un seul enchainement. Il n'en revenait pas.
Le vieux maître s'approchait déjà des deux jeunes gens, l'air ravi.
— Tu es encore plus fort que je ne l'imaginais. Ensemble, vous accomplirez de grandes choses ! Dis moi, jeune homme, qu'as-tu appris durant ce combat ?
Muten repassa mentalement les différentes étapes tandis qu'il saisissait enfin la main de Jansen et se redressait, le souffle encore court.
— Peuf, peuf… Je… Je n'ai rien pu faire… Peuf… J'avais perdu avant le début du combat. Jansen est trop fort pour moi. Peuf… peuf…
— Non.
Muten regarda son nouvel entraîneur d'un air étonné. Celui-ci poursuivit :
— Non, tu n'avais perdu au début du combat. Par contre, tu avais perdu dès ton premier assaut. Tu y es allé trop fort, trop vite, sans te laisser le temps de jauger ton adversaire, d'évaluer ses forces et ses faiblesses. Tu avais bien trop confiance en toi, et dès sa première esquive, Jansen n'a cessé de presser l'avantage que tu lui avais procuré en ouvrant toutes tes défenses.
Le jeune disciple était ébahi par la pertinence de cette analyse. Mutaïto poursuivit :
— Bien, maintenant que nous avons détaillé les raisons de ta défaite, réponds à ma question, s'il-te-plaît.
Sa question ? Quelle question ? Ah, oui… “Qu'as-tu appris ?”. Le disciple réfléchit à toute vitesse.
— Je… J'ai appris à mieux évaluer mon adversaire et à mieux gérer le rythme d'un combat.
— Certes, certes… Mais il y a également autre chose de bien plus important qu'il te faudra retenir si tu veux un jour devenir un véritable maître des arts martiaux, à ton tour. Une leçon fondamentale.
Le jeune disciple ne répondit pas. Il avait beau réfléchir, il voyait pas quelle réponse on attendait de lui. Amusé par son désarroi et content de pouvoir placer son effet, Mutaïto conclut :
— On finit toujours par rencontrer quelqu'un de plus fort que soi, Muten. Toujours. Ne l'oublie jamais.
Mais personne ne lui répondit lorsqu'il frappa à la porte. Discrètement, il longea la maison et tenta un rapide coup d'œil par la fenêtre. Personne.
— Bonjour !
À peine la première syllabe eut-elle résonné dans son dos que le jeune homme sursauta en se retournant, adoptant instinctivement une position de combat sous le coup de la surprise.
Il aperçut Mutaïto et commença à craindre pour sa place. Regarder aux fenêtres ne se faisait pas, d'autant plus à celles de celui qui venait de vous accorder sa confiance… Mais le maître reprit comme si de rien n'était, nullement offusqué, un grand sourire aux lèvres :
— Nous t'avons laissé dormir ce matin. J'espère que tu as profité de ta grasse matinée, car il n'y en aura plus d'autre ces prochaines semaines.
“Nous” ? Il avait dit “nous” ?
Il remarqua alors un homme de son âge derrière le vieil homme. Il avait le crâne rasé, un regard insondable, un nez crochu et portait un kimono noir frappé du sigle de l'école de Mutaïto. Ce dernier perçut l'étonnement de Muten et expliqua :
— Tu ne croyais quand même pas être mon seul élève ? Jansen est lui aussi un jeune prodige dont les qualités feront certainement un grand artiste martial. D'ailleurs, je te propose de tester immédiatement tes capacités au cours d'un match amical. Ça me permettra de me faire une idée plus précise de ton niveau et de ce que nous devrons travailler. Rien n'est plus à même de révéler les qualités d'un homme que de le pousser dans ses retranchements.
Muten resta coi face à une telle assurance et une telle simplicité. Ses retranchements ? Cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait pas été poussé lors d'un combat, et ce ne serait sans doute pas aujourd'hui que ça allait arriver à nouveau ! Après les épreuves de chasse, de pêche, d'endurance et de sprint de la veille, il allait enfin pouvoir montrer à son maître ce dont il était capable avec ses poings !
— Alors, tu as perdu ta langue ?
— Non, non, maître ! répondit-il précipitamment. Je serai ravi d'accepter, évidemment !
Mutaïto saisit alors un bâton et traça un large cercle dans un espace de terre meuble.
— Il s'agira de la surface de combat. Le premier qui en sortira perdra le match. Vous perdrez également si vous tombez par trois fois ou abandonnez.
Les règles étaient claires.
Moins de deux minutes plus tard, chacun s'était placé à une extrémité du ring,
Le nouveau disciple inspira profondément tandis que son rythme cardiaque augmentait légèrement comme à chaque fois qu'il se préparait à combattre. Son adversaire, lui, semblait parfaitement détendu. Les deux élèves se saluèrent, comme le voulait la coutume. Puis, Mutaïto sonna le début du combat sur un petit gong qu'il avait extirpé de sa tenue.
Muten prit immédiatement l'initiative et se rua sans attendre sur son rival, le poing droit en arrière. Profitant de son élan, il le projeta en avant de toutes ses forces. Il voulait impressionner son maître en terminant ce combat rapidement, si possible d'un seul coup.
Mais au lieu de fracasser le visage de Jansen, ses phalanges ne rencontrèrent que du vide. Son adversaire avait parfaitement anticipé l'attaque et avait effectué un bond formidable, de plus de deux mètres, afin d'esquiver son coup. Puis, tandis que Muten le regardait, incrédule, il fut rattrapé par les lois de la gravité et en profita pour attaquer à son tour, la jambe en avant.
Son rival fut moins prompt à esquiver et se prépara à parer, les deux bras en croix devant son visage. Le choc fut formidable et Muten en ressentit les vibrations dans tout son corps. Quelle force ! Si toutes ses attaques étaient du même acabit, il valait mieux éviter les prochaines…
Il n'eut pas le temps de pousser l'analyse plus loin. Jansen s'était déjà réceptionné, et sans même prendre le temps de se rétablir correctement, il effectuait une balayette d'un large mouvement circulaire. Muten répondit d'un petit saut rapide afin de ne pas perdre l'équilibre.
Mais une fois dans les airs, il ne put absolument pas éviter l'uppercut assassin qui l'atteignit en plein sous le menton.
Quelle force !
Quelle vitesse !
Quelle précision !
Il n'avait rien pu faire. Emporté par son propre élan et celui du coup, il vola dans les airs. Heureusement, il parvint à contrôler sa chute et atterrit finalement sur les pieds. Mais à peine cela fut-il fait qu'il sentit une violente pression sur son torse.
Jansen ne lui avait pas laissé le temps de se reprendre et s'était jeté sur lui, la tête en avant, en plein sur le sternum. Le choc fut encore plus violent que le précédent et Muten redécolla pour aller s'écraser plusieurs mètres plus loin, le souffle coupé.
Il se redressa rapidement, à quatre pattes, pour apercevoir deux pieds juste devant lui. Il adopta une vague position de défense, mais c'était bien inutile : son adversaire ne préparait pas un nouvel assaut. Bien au contraire, tout sourire, il lui tendait une main amicale pour l'aider à se relever.
Qu'est-ce que ça voulait dire ? Ce connard se fichait de lui ?! Il le croyait donc si faible ?! Il allait lui montrer qu'on ne se moquait pas impunément de Muten Roshi, l'homme le plus fort du monde !
C'est alors qu'il comprit : il était sorti des limites tracées par Mutaïto. Il avait perdu, et en un seul enchainement. Il n'en revenait pas.
Le vieux maître s'approchait déjà des deux jeunes gens, l'air ravi.
— Tu es encore plus fort que je ne l'imaginais. Ensemble, vous accomplirez de grandes choses ! Dis moi, jeune homme, qu'as-tu appris durant ce combat ?
Muten repassa mentalement les différentes étapes tandis qu'il saisissait enfin la main de Jansen et se redressait, le souffle encore court.
— Peuf, peuf… Je… Je n'ai rien pu faire… Peuf… J'avais perdu avant le début du combat. Jansen est trop fort pour moi. Peuf… peuf…
— Non.
Muten regarda son nouvel entraîneur d'un air étonné. Celui-ci poursuivit :
— Non, tu n'avais perdu au début du combat. Par contre, tu avais perdu dès ton premier assaut. Tu y es allé trop fort, trop vite, sans te laisser le temps de jauger ton adversaire, d'évaluer ses forces et ses faiblesses. Tu avais bien trop confiance en toi, et dès sa première esquive, Jansen n'a cessé de presser l'avantage que tu lui avais procuré en ouvrant toutes tes défenses.
Le jeune disciple était ébahi par la pertinence de cette analyse. Mutaïto poursuivit :
— Bien, maintenant que nous avons détaillé les raisons de ta défaite, réponds à ma question, s'il-te-plaît.
Sa question ? Quelle question ? Ah, oui… “Qu'as-tu appris ?”. Le disciple réfléchit à toute vitesse.
— Je… J'ai appris à mieux évaluer mon adversaire et à mieux gérer le rythme d'un combat.
— Certes, certes… Mais il y a également autre chose de bien plus important qu'il te faudra retenir si tu veux un jour devenir un véritable maître des arts martiaux, à ton tour. Une leçon fondamentale.
Le jeune disciple ne répondit pas. Il avait beau réfléchir, il voyait pas quelle réponse on attendait de lui. Amusé par son désarroi et content de pouvoir placer son effet, Mutaïto conclut :
— On finit toujours par rencontrer quelqu'un de plus fort que soi, Muten. Toujours. Ne l'oublie jamais.