Calfirũ

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Re: Calfirũ

Messagepar omurah le Jeu Nov 10, 2016 10:20

@Zaagaan
Spoiler
Zaagaan Protecteur a écrit:De la même façon, et sans Montesquieu, j'ai tout compris.

*omurah fait la danse de la joie*

Zaagaan Protecteur a écrit:Les explications sont assez claires, mais il y a matière à être déstabilisé quand on a ce terme dans une fic DB, ça surprend et je pense que certains, par extension, ont eu du mal finalement à intégrer cet élément.

Le terme "meuporg" est surprenant, je te l'accorde volontiers ^^

Zaagaan Protecteur a écrit:C'était une blague sur la centaine de chapitres ?

J'ai peur que non 030
Ce que je peux dire avec certitude, c'est que Calfiru dépassera probablement les 60 chapitres, vu que là j'ai pas loin de 40 chapitres d'écrits, et que malgré ça j'ai toujours pas atteint la moitié de l'histoire ^^

Zaagaan Protecteur a écrit:Bonne chance.

Merci ! :3


@Paulemile
Spoiler
Paulemile a écrit:Yo,

Ça y est, j'ai lu.

Hello Paulemile, ravi de te voir dans le coin o/

Paulemile a écrit:C'est encore pire que CGS en fait ! :shock: Enfin pire dans le sens délirant.

Et je ferai tout mon possible pour que ça n'en reste pas moins propre et structuré ^^

Paulemile a écrit:Le mélange de tous ces univers présage d'un bordel monstrueusement cool 8-)

Bordel il y aura ; cool, j'aimerai bien, tu me diras si ça le fait oupah ^-^
En tout cas cet enthousiasme est très communicatif, j'espère ne pas te décevoir :o

Paulemile a écrit:J'annonce quand même que les cross-overs, c'est vraiment pas mon kiff. Mais tant que celui-ci reste à prédominance Dragon Ball, ce qui semble être le cas, ça passera sans problème avec ton style et tes potentielles idées que je devine déjà géniales.

C'est très gentil ce que tu dis, merci =D ; pour le cross-over, effectivement, pas d'inquiétude à avoir de ce côté-là ;)

Paulemile a écrit:Encore tout un tas de références à dénicher dans presque chaque phrase. Je suis loin d'avoir tout capté. Le gâteau-monde, ce ne serait pas un clin d’œil au Disque-monde de Pratchett ?

Si fait, je suis parti de ça ^^ il me fallait absolument un terme très imagé, et celui-ci tombait à pic :3 ; d'ailleurs ce sera assez récurrent dans cette fic, le fait que soit ajouté quelque chose avant le mot "monde" pour véhiculer une certaine image ^^

Paulemile a écrit:Encore un gros projet, visiblement. Bon courage à toi, je sais que tout se passera bien :)

Merci ! On fera tout pour ^-^
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Re: Calfirũ

Messagepar Kurama_Senju le Jeu Nov 10, 2016 18:57

Chapeau bas pour cette application ! C'est la première chose que je tenais à souligner. C'est plaisant de lire quelque chose d'aussi "propre" et bien écrit.
Ton style est d'ailleurs très agréable à lire et original sans que ça soit lourd.

Sinon, super concept ! Franchement, à la base j'accrochais pas trop à l'idée mais la présentation était suffisamment belle pour que je me lance, et je ne regrette pas.
J'ai vraiment eu l'impression de lire du Harry Potter étrange avec des noms de DBZ.
Par contre, je connais pas Pokémon, ça posera pas de problème pour la suite ?

J'espère que tu seras régulier, sans quoi on pourrait vite s'y perdre vu le côté décalé de ta fic !
Mais comme je vois que tu as 40 chapitres d'avance, ça devrait le faire... :twisted:

Bonne continuation !
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Re: Calfirũ

Messagepar omurah le Mar Nov 15, 2016 3:24

Kurama_Senju a écrit:Chapeau bas pour cette application ! C'est la première chose que je tenais à souligner. C'est plaisant de lire quelque chose d'aussi "propre" et bien écrit.
Ton style est d'ailleurs très agréable à lire et original sans que ça soit lourd.

Merci beaucoup ! :D
Je suis très content d'apprendre que mon style te parle, et encore plus de savoir que tu ne le trouves pas lourd pour autant !

Kurama_Senju a écrit:Sinon, super concept ! Franchement, à la base j'accrochais pas trop à l'idée mais la présentation était suffisamment belle pour que je me lance, et je ne regrette pas.
J'ai vraiment eu l'impression de lire du Harry Potter étrange avec des noms de DBZ.

Hahaha, objectif atteint ! :mrgreen:

Kurama_Senju a écrit:Par contre, je connais pas Pokémon, ça posera pas de problème pour la suite ?

Du tout, type absolument pas, c'est d'aileurs la raison pour laquelle je n'ai pas fait un cross-over pur et dur et que j'ai préféré inventer mon propre univers vaguement Pokémon-like ^^ ; du coup y'a 0% de chances que ça pose problème à ce niveau-là ;)

Kurama_Senju a écrit:J'espère que tu seras régulier, sans quoi on pourrait vite s'y perdre vu le côté décalé de ta fic !
Mais comme je vois que tu as 40 chapitres d'avance, ça devrait le faire... :twisted:

Haha j'espère aussi faire preuve de régularité :)

Kurama_Senju a écrit:Bonne continuation !

Merci !
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Re: Calfirũ

Messagepar omurah le Mar Nov 15, 2016 3:24

Plop :3

Chapitre en avance ; hakuna matata !


2

Alerte Tsunami



“Édition spéciale : tournoi des trois meupo-dresseurs !”

“H. Gero, 16 ans, passe d'illustre inconnu à star interplanétaire en deux minutes chrono !”

“Scandale Gouvernemental, le fils de Tao Feï Meï se prend pour un meuporg !”

“John Staar, l'interview exclusive !
« Bah mince alors…, moi si j'ai accepté de participer à cette loterie c'était juste pour faire rire les copains. J'avais qu'1% de chances de remporter le tirage au sort donc je pensais que c'était safe. Bon bah… maintenant que j'y suis, hein… […] »”

“La malédiction des plumes noires frappe un étudiant en pleine cérémonie : Rachid Deuff s'est volatilisé ! Troll ou drame ?!”


Kochin n'alla pas plus loin et referma le journal. Il venait pourtant à peine de l'ouvrir, mais la lecture des premiers gros titres acheva de le convaincre que cette fournée de pages n'aurait rien à lui apprendre qu'il ne savait déjà. Cette édition de la gazette de l'URR n'avait quelque réel intérêt que pour les gens du campus qui n'avaient pas pu — ou pas voulu — participer à la cérémonie d'ouverture de la coupe du monde des meuporgs. Ceux-là pouvaient lire et apprendre des choses ; au contraire de ceux qui — comme Kochin — avaient pu assister de visu à tous les événements ainsi relatés. Ce qui n'enlevait rien au talent fou des étudiants du département de journalisme, qui avaient su, comme à leur habitude, mettre sur pied — en deux heures à peine — un nouveau tirage de la revue interne de l'université ; lequel tirage s'était écoulé comme autant de petits pains dans tous les bâtiments du campus, des cantines aux sections administratives en passant par les chambres résidentielles comme celle dans laquelle paressait présentement Kochin, étalé sur le lit accolé au seul mur disposant de fenêtres. Il était 02h42. La cérémonie avait pris fin aux environs de minuit et demi. L'édition spéciale de la gazette avait été distribuée aux environs de 02h30. La prochaine serait pour dans quatre heures, aux premiers rayons du soleil. Cette imminente édition-là, Kochin ferait probablement l'effort de la lire (croissant en main)… contrairement à la précédente.






Le surdoué déposa son journal — et ses lunettes — sur la commode Albert XVI placée au pied du lit à baldaquin ; lui-même de bien belle et bien antique facture. Kochin se redressa pour ouvrir l'une des fenêtres en fer forgé ; il passa alors la tête dans l'embrasure et resta ainsi un bon moment, à genoux sur le matelas, coudes sur la lucarne jacobine, laissant le vent se promener dans sa rousse crinière et rafraîchir son visage au teint de porcelaine. De cette hauteur — 25 mètres — et depuis ce poste d'observation, le petit matheux pouvait embrasser du regard une bonne portion de l'aile Nord du campus ; aile dans laquelle il se trouvait présentement lui-même, puisqu'il était question du secteur réservé aux résidences. Lesquelles résidences allaient du trois au six étoiles. Ce dernier niveau de prestige n'étant par ailleurs à la portée d'aucune bourse, dans la mesure où il ne concernait qu'un seul bâtiment : la tour du muscle, visible depuis la fenêtre de Kochin. Cette tour n'était pas accessible aux étudiants et très rares étaient les gens à y être jamais entrés. Kochin faisait partie desdits rarissimes élus. Aussi saurait-il affirmer que cet édifice de 10 étages n'était que la pointe de l'iceberg. La véritable “tour” de 10 niveaux se trouvait sous le bâtiment apparent. Les 10 niveaux du dessus constituaient les quartiers privés de l'état-major de Red, ce dernier logeant au dixième étage. Les 10 niveaux du dessous constituaient quant à eux autant de sous-sols recelant autant de secrets d'autant plus importants qu'on descendait d'un sous-sol à un autre. Le secret caché au sous-sol n°1 — le plus proche de la surface — étant de fait moins confidentiel que celui caché au sous-sol n°2. Et tutti quanti. Ironiquement, Kochin n'avait aucune idée de ce qui se trouvait aux sous-sols allant du n°1 au n°10, tandis qu'il était parfaitement au courant de ce qui se tramait au sous-sol n°11, car il y avait un sous-sol n°11, dont la particularité tenait en ceci qu'en plus de contenir un secret de premier ordre, l'existence-même de cet ultime sous-sol relevait du secret des dieux. Même le gardien du sous-sol n°10 ignorait qu'il y avait encore quelque chose à voir… sous ses pieds.

Et sous les pieds dudit gardien il y avait : le projet “Meupo-Tsunami” ; lequel projet n'avait pas de secret pour Kochin puisque le jeune garçon y était mêlé jusqu'au cou, enrôlé sur invitation. Bioinformaticien de génie et chouchou du professeur Margareth Taha, ou les deux qualités ayant ouvert les portes du sous-sol n°11 au jeune camarade d'Aaron Wheelo. Aurait-il été autre chose qu'étudiant en bioinformatique… que Kochin n'aurait jamais été approché par les responsables du projet Meupo-Tsunami, lequel projet requérait des experts en bioinformatique, pas des experts en géologie, non plus en physique quantique. Aurait-il été autre chose que chouchou du professeur Margareth Taha que Joachim Kochin n'aurait jamais été approché non plus. Car des bioformaticiens aussi géniaux que lui il y en avait treize à la douzaine au campus. Sauf que miss Taha s'avérait être l'ingénieur en chef du projet Meupo-Tsunami. Ce dernier poste aurait-il été dévolu, par exemple, au Pr. Dimitri Stein, que l'étudiant approché n'aurait alors probablement pas été Kochin… mais Feebee Strauss, la favorite de Stein.


Joachim pouvait donc remercier sa chance.


Ou la maudire très fort, sa “chance”, car le projet Meupo-Tsunami n'est pas de ceux que l'on découvre avec enthousiasme, plutôt de ceux qu'on découvre avec effroi et que l’on aimerait bien oublier aussitôt, avant de devenir fou. D'ailleurs Kochin s'était vu proposer l'option d'oublier. L'URR possédait notoirement, dans ses tiroirs, un sinon des “instruments” énigmatiques tout à fait à même de provoquer une amnésie contrôlée. Mais le choix d'oublier était aussi assorti d'un sérieux bémol car il impliquait de retourner se fondre dans l'infinie masse des moutons ignorants. Ceux-là même qui allaient tous se prendre dans la gueule le projet Meupo-Tsunami. Tous, du Gouvernement à l'Empire en passant par la plèbe, sans oublier la Team-Z et compagnie. Tous se le prendre dans la gueule ; par surprise. Par surprise et très bientôt : dans trois jours pile ; donc deux jours après la cérémonie de clôture de l’imminente coupe du monde des meuporgs. Oublier et ne pas participer au projet. Ne pas participer au projet et avoir la conscience propre. Pilule bleue. Ne pas oublier et participer au projet. Participer au projet et participer par conséquent à la fin du monde. La fin d'un monde. Pilule rouge. Kochin avait hésité 3 jours et 3 nuits, avant d'enfin se présenter au bureau de Margareth Taha, en plein orage, à minuit passé, pour prendre la pilule rouge, celle qui lui garantissait une place à l'abri de l'imminente apocalypse. Deux places même. Deux places pour “l'arche de Noé” que constituait le sous-sol n°11. Deux tickets pour la survie. Kochin ne savait pas encore ce qu'il ferait du ticket en trop. L'autre par contre il savait très bien quoi :


L'autre était pour Aaron.


Aaron, ou l'une des 2 seules personnes à avoir jamais daigné traîner avec Joachim plus d'une semaine, une fois passée la saveur exotique d'avoir sous le coude un copain un peu borderline et timide. Aaron, dont les parents siégeaient à la cour royale, celle-là même qui allait être balayée en même temps que tout le reste par le passage du Tsunami. Oui, Aaron allait assurément finir orphelin dans trois jours ; montre en main. La fortune de ses parents n'allait leur être d'aucun secours. Face au Tsunami… Karl et Olga Wheelo allaient se découvrir aussi impuissants et démunis que n'importe quel prolétaire embarqué dans le même bateau destiné au même naufrage. Les même Karl et Olga qui étaient pourtant bien les dernières personnes que Joachim avait envie de voir être fauchées par le Tsunami ; eux qui avaient su piocher gracieusement dans leur fortune — sous intercession expresse voire impérieuse d'Aaron — pour permettre au fils unique de fonctionnaires aux fins de mois difficiles qu'était Kochin… de se payer des études et une chambre dans la plus grande université du monde. Oui, l’envie de payer sa dette envers Aaron Wheelo était en fin de compte la seule raison pour laquelle Kochin avait accepté de prendre la pilule rouge au lieu de la bleue. Lesquelles pilules s'étaient avérées n'être en fin de compte que de vulgaires bonbons à la menthe. Trait d'humour signé Pr. Taha.


Non, oublier le projet Meupo-Tsunami n'était pas une option.



“Maudites soient ces trois dernières lunes car seule la pleine lune a sourit…” fredonna vaguement Kochin, en levant les yeux vers le ciel cristallin. La lune était grande et pleine. Et rouge. Rouge comme les yeux verts de Joachim. La faute au vent. Peut-être. Ce même vent chapardeur qui passa bientôt en force pour arracher deux filets de larmes des yeux du roux, comme deux fruits mûrs.

L'insaisissable voleur mordit dans son butin puis recracha.

Trop amer.

Kochin quitta sa fenêtre tout en la laissant entrouverte pour aérer la pièce. Prenant bientôt place en position pharaonique sur le rebord du lit double, il récupéra sa paire de lunettes sur le meuble Albert XVI, l'enfila, puis orienta le regard vers la seule source de lumière dans la pièce : la télévision — celle installée dans le “coin multimédia” de la chambre — coin présentement occupé par Gero… qui se tenait en tailleur sur la moquette et jouait encore à la console.

À 2 heures du matin…

— T'es sérieux… ? souffla Kochin, accessoirement persuadé du fait qu'il aurait à répéter cette phrase au moins trois fois avant d'enfin parvenir à harponner l'attention de Gero.

— Si ça te pose un problème, tu connais la sortie. Tu as peu de chances de la louper, c'est tout droit, souffla Hiéronimus en indiquant flegmatiquement du doigt la sortie en question, à savoir : la porte de la chambre.


Net et sans bavure. Même pas un regard avec ça. Kochin grinça des dents, réajusta ses lunettes, et ravala sa fierté. Il n'avait définitivement pas la force de se lancer dans une joute verbale à 2 heures du matin. De toute façon Gero avait l'avantage du terrain : cette chambre n'était pas celle du petit protégé de Margareth Taha ; Kochin n'était là qu'en visiteur nocturne, squattant la coloc' de ses deux copains du département “meuporg affairs”.

— Puisque tu ne jures que par le droit du sol, aie au moins un peu de considération pour ton coloc' qui dort juste à côté. La lumière de ton écran est trop agressive et tu vas le réveiller si tu ne baisses pas le son.

Entre deux low-kicks numériques, Gero tourna la tête en direction du lit d'Aaron Wheelo et se rendit compte que Kochin ne mentait pas : Aaron dormait ; dans la position des insouciants. Ce constat, loin de porter la main d'Hiéronimus au niveau d'un quelconque bouton “mute”, la porta plutôt au niveau du plateau repas qui traînait à portée… sur la moquette. Gero s'empara de la part de tarte de Wheelo et prolongea le mouvement jusqu'à sa bouche tout en achevant son adversaire à l'écran de sa seule main libre, par spam d'un combo simpliste opérable même avec les pieds. Le saugrenu de la scène valut aux lunettes de Kochin un léger décrochage tandis que le visage du rouquin se décomposait passablement. Il essayait de se retenir de rire ; à grand-peine. Le côté pince-sans-rire de Gero était irrésistible… et Kochin s'en voulait d'être le seul de la petite bande à s'en rendre compte.

— Alors, qu'est-ce que ça fait de passer de blaireau de compétition à star du bahut, en deux minutes chrono ? lança Joachim, au petit bonheur la chance… de ne pas se prendre un vent. Il paraît que tu as même eu du mal à revenir dans ta chambre après la cérémonie d’ouverture, tellement tout le monde s'arrachait tes vêtements dans les escaliers.

— …

— Alors… c'était qui ?

— Qui… quoi ?

— Qui t'as aidé à trafiquer le tirage au sort de la coupe du monde pour forcer ton nom à sortir ? Vous avez piraté le logiciel qui a servi à effectuer la loterie, c’est ça ? Tu ne me feras pas croire que c'est par hasard que ton nom est sorti. Tu n'étais même pas sur la liste des 100 étudiants sélectionnés par la direction de l’URR. Et tu ne me feras pas avaler qu'il s'agit d'un bug dans les bases de données. Tu ne me feras pas non plus croire que tu as pu tricher tout seul. Tes connaissances en informatique ne dépassent pas les miennes. Or j'aurais été incapable d'infiltrer le système de sécurité du comité.

— …

— …

— Bulma.

— ……… Tss.

— Hm, il y a du rageux dans cette pièce, souffla Gero en relançant un duel à l'écran, en mode de difficulté “Insane” tout en se prenant paradoxalement le personnage le plus faible du jeu ; le tout dans l'espoir d'avoir un peu de challenge.

— Moi ?! Hahahaha…… tu es timbré, mon ami. Jamais je n'aurais fait en sorte d'être le représentant de l'URR à la coupe du monde, même si j'en avais eu l’opportunité. Trop de pression. Beaucoup trop de pression. De toute façon les compétitions de meuporgs ne m'intéressent pas plus que la gloriole…

— Eh bien moi tout cela m'intéresse. Et j'ai bien l'intention de rouler sur Wheelo, Tao Paï Paï et ce… John Staar.

— Et tu vas leur rouler dessus avec “ça” ? souffla Joachim en se levant pataudement du lit de Gero pour se rendre au pied de la commode postée à quelques pas de la télévision ; commode au sommet plat sur lequel roupillait en boule la petite créature aux écailles dorées que le rouquin un peu enrobé venait de qualifier de “ça”.

— Tu m'as déjà posé cette question.

— Ta réponse ne me satisfait toujours pas. Et je connais au moins une autre personne qu'elle ne satisfera pas non plus.

— …

— Non sérieusement, t'as vu la tête que Red a tirée depuis son balcon quand il t'a vu débarquer sur l'estrade avec… “ça” ? Alors qu'en face John Staar avait rameuté son quatuor d'élite, et que Tao Paï Paï se faisait précéder par la réputation de son père ? T'imagines la honte que t'as foutue à l'URR - et donc à son directeur - en ne te présentant sur l'estrade avec rien de plus impressionnant que “ça” ? Tu sais, tu as eu ton quart d'heure de gloire, oui, d'accord. Mais je ne suis pas sûr que ce soit pour de bonnes raisons. À moins que tu ne sois de l'école “en bien ou en mal, l'essentiel c'est qu'on parle de moi”. Mais du coup on risque aussi bientôt de parler de toi comme du gars qui s'est fait one-shooter par ses adversaires dans le premier quart de seconde qui aura suivi le coup de sifflet marquant le départ de la coupe du monde des meuporgs.

— Pff. L'important ce n'est pas le niveau du meuporg. C'est celui du dresseur.

— Oui mais il y'a des limites. Ton truc là… y'a pas moyen qu'il passe le cyclope de John Staar.

— Ce n'est ni un truc… ni un “ça”… c'est un Griffondor.

— Son classement ?

— …… top 1000.

— Ça n'existe pas, le top 1000. Le top 300 par contre oui, et le cyclope de John Staar en fait partie. J'y connais rien hein… tout ce que je dis je le tiens de lectures sporadiques, mais si tu veux mon avis même les meuporgs de Wheelo ont l'air plus intimidants que ton griffon d'or. Si ce truc est vraiment ton meilleur meuporg, tu vas te faire bouffer, Gero. Je te conseille d'emprunter à Wheelo un ou deux de ses meuporgs. Quand il se réveillera demande-lui de t'en prêter. Avec un peu de chance il acceptera de te faire la charité… au moins pour t'éviter la honte du siècle demain.

— Ça ne marche pas comme ça. Déjà on ne peut pas se filer des meuporgs comme on se passerait un stylo en classe. Pour qu'un transfert soit possible le meuporg à échanger ne doit pas avoir fait l'objet d'une synchro type 2. Or Wheelo synchronise systémati… eh voilà, bravo Kochin : il me reste plus qu'une barre de vie…

— O……k…, apparemment le tournoi de demain est le cadet de tes soucis, je note…, souffla Kochin en détachant passablement son attention du camarade de chambre de Wheelo, pour alors se laisser aller à son petit vice usuel : fouiller dans les affaires - donc dans la vie - des gens ; dans les tiroirs de la commode en l'occurrence.

— …

— Bon alors… tu aurais fait tout ça juste pour avoir ton petit quart d'heure de gloire sur l'estrade ? Non… tu ne me feras pas croire ça. Ma douce et voluptueuse Bulma n'aurait pas pris le risque de se faire choper par le Bureau fédéral anti-cybercriminalité juste pour te permettre de te faire ta petite réputation de sexy bad-boy intrépide au bahut.

— Ta douce et voluptueuse… ? Hahaha…… ha…

— Allez Gero, crache le morceau, ça va deux minutes le style mystérieux et ténébreux.

— Ténébreux toi-même…

— Pourquoi tu as fait en sorte d'être sélectionné pour la coupe du monde tout en sachant que tu ne feras rien d'autre que t'y ridiculiser avec ton pathétique griffon d'or ?

— …

— …

— Pour l'argent. Pour les 3 milliards.

— Toi ? Le fils d'Arthyus Alexander Gero ? Tu es en galère d'argent ? Et l'héritage alors ?

— Tout l'argent de l'assurance-vie est parti dans un compte bloqué au nom de mon petit-frère.

— … Sérieusement ?

— Mes parents m'avaient déjà prévenu que ça se passerait comme ça, avant leur accident.

— Le traitement contre la mucopolysaccharidose 3 coûte aussi cher que ça ? Au point de bouffer tout l'héritage ?

— Le banquier de mon père m'a appelé la semaine dernière. Il a été très clair : le compte bloqué est déjà dans le rouge et si je ne trouve pas très rapidement 118 millions de zenis pour rallonger le traitement, ils vont débrancher Stan.

— …

— …

— Je…

— Laisse tomber. J'ai pas envie d'en parler. C'est toi qui m'as forcé à le dire. Wheelo au moins a eu la décence de ne pas me poser de questions.

— J'appelle pas ça de la décence…

— …

— Alors… attends… ok, donc si je comprends bien… c'est pour ça que tu te retrouves avec rien de plus qu'un Griffondemescouilles ? Tu as vendu tous tes meilleurs meuporgs mécaniques… pour payer les antidouleurs de ton frère ? C'est à ça que tu emploies tout ton argent ? Même celui de ta bourse d'étude ?

— …

— Tu manges au moins ? Tu gardes assez d'argent pour manger ? La manière dont tu t'es jeté sur la tarte de Wheelo tout à l'heure…

— Referme-ça Kochin ! s'agaça Gero en constatant du coin de l'œil que son camarade farfouillait dans le tiroir contenant tout une panoplie d'objets spé rangés avec un soin confinant au TOC.

— C'est quoi ? souffla Joachim en exposant une sorte de friandise à la texture éminemment étrange.

— …

— …

— L'équivalent d'une meupoball en beaucoup moins cher et en beaucoup moins puissant, débita Gero en détachant un œil sur deux de son écran.

— En langage noob ça donne quoi ?

— Si tu arrives à faire bouffer ce truc à un meuporg organique farouche, il s'assagira jusqu'à ce que le chewing-gum perde totalement sa saveur. Toi par contre c'est pas d'un chewing-gum que t'as besoin mais d'un paquet de curly. XXL.

— Et ça ? enchaîna Kochin en exposant cette fois quelque sorte de montre à gousset.

— Un radar niveau 5. Wheelo !! Y'en a marre, dis au rouquemoute de se casser de ma chambre !!


Wheelo — qui ne dormait que d'un œil — sursauta ; moins du fait du coup de gueule de Gero que de l'intrusion soudaine d'une personne dans la pièce, par la seule fenêtre ouverte. Le regard encore très flou d'Aaron ne tarda alors pas à croiser les pupilles bleu persan de son professeur titulaire au département “meuporg affairs” ; professeur répondant au nom — ou plutôt au surnom — de colonel Violet. L'espèce d'écureuil-koala-ornithorynque statufié sur l'épaule de la jeune femme — Veronica Blanc de son vrai nom — s'était quant à lui vu affublé — toujours par les étudiants du campus — du doux surnom de Jean Claude Van Chéper. Ou comment faire simple quant on peut faire compliqué, sachant que le vrai nom de ce meuporg était autrement plus sobre : Pakerfeiss, meuporg organique de niveau 7, classe voleur, élément terre & eau, version mécanique immatriculée : C-238.

— Salut les puceaux ! scanda Veronica Blanc en s'engouffrant pour de bon dans la pièce.

La maîtresse de JC Van Chéper prolongea son élan et se rua vers la personne la plus proche de sa position : Gero. Ce dernier, pris de panique, n'eut que le temps de quitter la moquette d'un bond ; à peine eut-il ensuite amorcé un pas en arrière, par réflexe défensif, que Veronica lui avait déjà enroulé un bras autour du cou, tel un boa constrictor ; de ceux qui vous veulent du bien.

— Remarque je vous traite de puceaux mais vu les bonds exponentiels qu'ont fait vos cotes de popularité respectives durant la cérémonie d’ouverture… votre vertu risque bien de ne plus faire long feu. Bon et sinon, toujours pas dans les bras de Morphée ? Le repos du guerrier tu en fais quoi, monsieur ? sourit la jeune femme en balançant un poing énergique dans le bide de son pince-sans-rire d'élève, lequel se fendit alors simplement d'un rictus timoré, ignorant la douleur que lui avait procuré cette tape qui se voulait probablement amicale. C'est la pression qui t'empêche de dormir ? Tu es prêt j'espère ? Bug dans les bases de données ou pas, il va falloir assurer demain… enfin… tout à l'heure. Toi aussi Aaron ! Et fais pas genre tu dors, je t'ai vu faire semblant de te recoucher dès que je suis entrée. Ne t'inquiète pas, je ne suis pas venue vous donner des devoirs à faire, juste vous encourager, sourit à nouveau le colonel Violet en resserrant son bras autour du cou d'un Gero virant de suite au bleu. Bon allez les jeunes, levez-vous, il y a le directeur qui…, embraya Veronica avant de s'arrêter en plein vol, réalisant à l'instant la présence de Kochin, tapi dans l'ombre près d'une commode aux tiroirs ouverts. Et lui là… c'est qui ?

— Ton futur mari, lâcha Kochin en mimant un bisou avec ses lèvres, à l'endroit de cette jeune professeur dont le pyjama à pois verts avait pourtant de quoi laisser les hormones mâles au repos.


Tandis que Wheelo — qui faisait toujours semblant de dormir — et Gero, se demandaient comment ils allaient se partager les affaires de Kochin après son imminent décès, Veronica Blanc lançait un regard désorienté au pupille de Margareth Taha, l'air de dire “dis-moi au juste pour quelle raison je ne devrais pas te péter les dents et te faire renvoyer de l'université, gamin ?”

— J'en ai plus rien à foutre de rien. Cherchez pas à comprendre. La réponse vous viendra à tous dans trois jours…, répondit nonchalamment Joachim, devinant la teneur de la question qui s'articulait dans le regard bleu de Violet.

— C'est un “surmené” Véro, laisse tomber, souffla Gero en se dégageant de la “prise du boa” pour retourner s'affaler devant son écran.

— …… Ah. Il est de ce département-là… hm. T'aurais pu le dire plus tôt, là c'est trop tard……… Eh, toi là ! Tu te rassoies pas !

— Pas sommeil…

— Non c'est pas ça. Le directeur veut te voir dans son bureau, tout de suite. C'est ce que j'étais venue dire à la base. Toi aussi Wheelo, debout ! Monsieur Red veut te parler. Hé tu m'entends ?! Ho ! … Bon, Gero, allons-y ensemble, c'est sur mon chemin, Wheelo te rejoindra quand il se décidera à arrêter de faire semblant de dormir. Et toi le surmené, va te coucher, et que je ne t'y reprenne plus à te torcher le cul avec le couvre-feu, vu ? Je sais même pas comment tu as fait pour doubler les gardiens de ce bâtim…… Hé ! Debout ! tempêta Violet en se jetant toutes dents dehors sur l'oreille gauche de Gero, pour alors le tracter jusqu'à la sortie de la chambre à la force de ses mâchoires et surtout de l'élan d'Hiéronimus, qui avait tout intérêt à ne pas se laisser distancer sous peine de perdre son précieux appendice.


En sortant, Véronica Blanc prit la peine de rabattre la porte… laquelle se referma sur les bougonnements de son captif.

Aussitôt la porte close, le silence tomba dans la chambre comme un couperet.

Il s'étira, tandis que le temps s'éclipsait.

Et puis…

— Je rêve où elle avait un Desert Eagle qui dépassait de son pantalon de pyjama ?


— Cherche pas…, murmura Aaron, d'une voix ensommeillée, tout en se cherchant lui-même la force de quitter sa couette.


— …

— …

— Attends, pourquoi elle a dit : “ T'aurais pu le dire plus tôt, là c'est trop tard” ? Et pourquoi je me suis senti comme… allégé… juste avant qu'elle ait dit ça ? marmona Kochin tout en refermant les tiroirs de la commode de Gero, après y avoir remis un peu d'ordre.


— Parce qu'elle t'a volé ton zgeg …, souffla Wheelo de sa voix toujours aussi lourde. Van Chéper peut voler n'importe quoi, sous conditions, et là je te passe les détails mais les conditions étaient remplies. Ne t'inquiète pas, quand je croiserai le colonel d'ici à l'heure du petit-déjeuner officiel précédant l'ouverture du tournoi, je lui dirai de te rendre ton micro-pénis. J'espère juste pour toi que ta vessie n'est pas pleine, parce que tu vas devoir te retenir un peu.


Kochin rit d'abord.

Vérifia ensuite.

Hurla enfin.

Sa bouche hurla ; mais son esprit était à ce point ailleurs que le rouquin ne s'entendit même pas crier. L'âme de Kochin ne se noyait pas dans un océan de panique eu égard à la disparition de son “paquet”. Elle faisait à contrario la planche sur un océan de mélancolie eu égard au second ticket. Car si Joachim avait déjà décidé que le premier ticket, pour une place au chaud dans l'Arche, irait à Aaron ; il n'avait toujours pas soufflé à Margareth Taha le nom du bénéficiaire de la seconde place pour l'An Zéro.

Dans le bureau de Miss Taha se trouvait un registre dans lequel étaient inscrits les noms des rares et heureux élus : ceux-là qui avaient déjà une place de réservée dans cette Arche censée sauver du déluge supposé advenir 48 heures pile après la cérémonie de clôture de la coupe du monde des meuporgs ; coupe du monde censée démarrer juste après l'imminent petit-déjeuner dont venait à l'instant de parler le camarade de chambre de Gero.

Le nom d'Aaron Wheelo était déjà inscrit dans ce registre.
Mais Kochin avait encore le droit d'inscrire un nom de plus.

Qui ?

Cette seule question, formulée en un seul mot, avait coûté à Joachim bien plus qu'une seule nuit blanche. Une question en trois lettres… pour une réponse en quatre. Et Joachim avait eu beau se chercher des prénoms en quatre lettres dans ses registres de naissance, ces derniers ne faisaient état d'aucun. Il avait eu beau chercher toutes les traductions linguistiques possibles de son nom sur internet… dans l'espoir d'en trouver une qui tienne en quatre lettres, in fine : rien de rien. Le surdoué des maths qu'il était avait eu beau tenter de simplifier son prénom comme on simplifierait une fraction : “Joachim” s'était avéré irréductible.

Gero.

Quatre lettres.

Ainsi soit-il. Si là étaient les voies du seigneur, Joachim, qui se réclamait d'une famille dûment religieuse, allait s'y plier ; de bien mauvaise grâce. Le nom de Gero ne lui avait pourtant pas été intimé via rêve prophétique. Non plus dans une mare de café. Ces quatre lettres s'étaient juste imposées à son esprit, tandis qu'il se laissait encore dériver telle une planche de bois mort sur son océan de grisaille, composée à 100% d'encre noire ; l'encre des mots qu'il avait couchés un mardi soir dans son journal intime… qu'il préférait accessoirement nommer “outre-tombe d'un raisin pas bien mûr pour une figue déjà bien pourrie”.

Oh, je voulais le garder pour moi, ce second ticket. Jalousement. Bien sûr. Qui n'aurait pas fait ça ? Qui n'y aurait pas au moins pensé juste une seconde ? Toi et moi, Wheelo. Je nous voyais sortir beaux et vivants de l'Arche, et marcher vers tes rêves, quels qu'ils soient, peu m'importait. Le tableau était beau. D'ailleurs avant que la réalité ne me rattrape je nous voyais même sortir de l'Arche à trois. Je nous voyais — toi, Gero et moi — beaux et fringants, respirer l'air messianique de l'An Zéro, et profiter ensuite de nos jeunesses éclatantes et des années qu'il nous resterait à vivre, pour faire tout ce que bon nous aurait semblé. Comme refaire le monde, pour de vrai… ou au pire : le soir avec des amis, autour d'un Monopoly et d'une bouteille de blanc. Il était beau ce tableau-là.

Mais voilà, j'appris bientôt que les places pour l'Arche étaient limitées… et que je n'avais que deux tickets à dispenser. Alors j'ai pensé “tant pis pour l'ami Gero…”. Le tableau était moins beau, oui ; il n'y avait plus que deux fringants personnages au premier plan. Mais comme c'était toi et moi, la peinture restait admirable. Pour autant, par honnêteté intellectuelle, je m'astreignis à dépeindre dans ma tête l'envers de ce tableau, en inversant simplement ma personne avec celle de Gero, ce dans le seul espoir que cette dernière peinture alternative m'apparaisse tout de suite comme objectivement moins belle que celle d'avant ; avec ceci pour conséquence que le martyr de Gero n'ait plus de quoi me peser sur la conscience, car mon choix de me préférer à lui n'aurait alors, au final, été dicté que par la raison du Beau ; non par celle de l'instinct de survie, encore moins celle de la jalousie que j'éprouvais concernant votre complicité…

Oh, je sais bien que nous sommes grands amis, toi et moi, Wheelo. Ah, ça je n'en doute pas. Mais j'ai aussi compris, tout seul comme un grand, qu'entre Gero et moi, je ne suis qu'à la seconde place, pour toi. Ça, tu ne me l'aurais pas dis toi-même. Tu n'aurais d'ailleurs probablement pas accepté que je te le dise moi-même, mais c'est ainsi. Ni toi ni moi n'y pouvons rien.

Quand tu insultes Gero pour une broutille ou une autre, j'écoute tes mots.
Des mots durs, des mots décomplexés, des mots que tu n'oserais pas me dire à moi.

Ose-donc.
Mais ose-donc !

Tu n'as jamais osé.
Ces mots tu les réserves à Gero.
Je devrais m'en réjouir, et pourtant tout ce que je vois c'est un mur cordial, entre toi et moi.
Un mur invisible que je ne devinais pas avant d'avoir buté dessus. Et maintenant je ne vois plus que ça.
Je ne sais pas où est-ce que ça a merdé. Il y a un cap que nous n'avons jamais passé. Ça doit être ma faute.

Mais comment aurais-je pu lutter contre le bulldozer Gero ? Le combat était inégal ; les dés pipés. La place de meilleur ami, oui… je l'avais perdue d'avance. Et pourtant je sais — d'ailleurs c'est une évidence à laquelle nous souscrirons tous — que sur le papier nos personnalités à toi et moi sont infiniment plus compatibles que ne le sont vos personnalités à Gero et toi. Mais comment lutter contre quelqu'un qui vit avec toi pratiquement 24 heures sur 24 ? Quand moi je ne vous vois tous les deux qu'aux heures de pause et de récréation ? Assurément, cette bataille-là, la bataille pour la première place, je l'avais perdue d'avance. Vos interminables disputes ne me trompent plus ; ne me bercent plus ; ne me rassurent plus. Je suis n°2. Je le sais et ça fait mal.

Mais pas assez mal pour voler à Gero sa place dans l'Arche. Même si je pourrais le faire, si je le voulais.

Ce qu'il y a de bien avec la vérité c'est qu'elle ne vous demande pas votre avis avant d'exister.

Du moins, à moi, elle n'a rien demandé. Elle s'est juste manifestée, tandis que je m'évertuais encore naïvement à mener à terme l'étude comparée des deux tableaux : celui qui me faisait apparaître - moi - à tes côtés, au sortir de l'Arche après le passage du Tsunami ; et celui qui ne dépeignait au contraire que le fils d'Arthyus et toi, embrassant du regard le premier soleil de l'An Zéro, depuis le pont principal de cette même Arche. J'avais la certitude que l'étude comparative de ces deux tableaux me donnerait raison. J'étais persuadé qu'elle me fournirait la preuve définitive que toi et moi étions infiniment plus beaux que vous ne l'étiez Gero et toi. J'ai donc bûché la question au bout du bout, sans me douter qu'en creusant sur ce terrain-là, je ne creusais en réalité que ma propre tombe. Bien entendu, le résultat de la comparaison fut sans appel : Gero n'est pas seulement plus proche de toi que je ne le suis ; il est surtout bien plus intelligent que moi. Toi et moi le connaissons assez pour savoir que son QI surclasse le mien de très loin. Il en est à 180, non ? Et je suis sûr qu'il saura faire monter les enchères à 190, quand il sera question de trouver la manière la plus horrible de faire payer à Red la mort de Stanley.

Parce que oui, Stanley fera partie des malchanceux qui n'auront pas le droit de monter dans l'Arche, et qui auront donc rendez-vous avec la mort, incarnée par le Tsunami. Que Gero remporte les 3 milliards du tournoi ou pas ne changera rien au fait qu'il n'y aura pas de place pour son petit-frère dans l'Arche, au finish. Ces 3 milliards ne seront pour ainsi dire qu'un coup d'épée dans le Tsunami, si Gero les gaspille en frais médicaux dans les jours à venir. En fait, l'idéal serait que ce soit toi qui gagnes le tournoi. Tu partageras alors ton argent avec ton camarade de chambre… j'ose croire. Et autant la part que tu lui aura donnée aura aussi toutes les chances d'être bêtement jetée par la fenêtre, puisqu'il investira aussitôt tout cet argent dans la guérison de son frère ; autant la part que tu auras gardée pour toi subsistera et servira à financer tes grands projets, tes grands rêves totalitaires ; qui finiront naturellement par devenir vos grands projets et vos grands rêves totalitaires, à tous les deux. Toi par amour de toi-même ; et ma foi, tu as bien raison de t'assumer, parce que tu le vaux bien, ceci dit sans ambiguïté. Lui parce qu'il ne manquera assurément pas d'y voir un nouveau jeu qui saura peut-être enfin le faire galérer un peu, sans qu'il ait pour autant à en sélectionner le personnage le plus nul.

À côté de ça, il se trouve que je ne m'aime pas plus que ça, moi. Et je ne vois pas non plus la vie comme un jeu. Alors quoi ? Quelle place pourrions-nous bien me trouver dans vos projets ? Sinon celle de cinquième roue du carrosse ? Faut voir les choses en face, je ne serai d'aucune utilité précise dans ce scénario. Je n'ai pas de rêves, moi. Pas d'aspirations particulières sinon vivoter tranquillement dans mon coin, avoir un jour ma petite famille, sans déranger personne, tout en attendant des autres qu'ils ne me dérangent pas, en retour. Toi tu n'es pas comme moi. Tu as des rêves fous Wheelo. Et celui qui pourrait t'aider à les réaliser, j'ai bien compris que ce n'était pas moi. Je ne serai au mieux que l'assistant, le boulet aux chevilles, l'assujetti. Gero lui serait un véritable associé pour toi ; les ailes incombustibles qui te permettront de te hisser plus haut que le mont Olympe, pour ensuite voler aussi prêt du soleil qu’il te plaira. Ces ailes-là, c'est lui, pour peu que je lui offre mon ticket à son insu. Moi qui me sais capable de te trahir, Wheelo. Pour une femme par exemple, j'en serai capable, j'en suis sûr, je me connais, je le sens venir gros comme une maison. Gero - lui - à part peut-être pour un nouveau Zældah sur console, je vois pas…

Voilà, ça y est, c'est décidé, et je ne reviendrai pas dessus : Gero, ainsi que toi et tes rêves, allez tous les trois voir le jour se lever en J+1 de l'An Zéro. Vous allez survivre au Tsunami de Red en montant dans cette Arche qui vous servira de cheval de Troie ; au sortir duquel vous sauterez à pieds joints dans le plat de Red ; pour ensuite vous asseoir tous les deux sur la nouvelle table-monde que notre cher requin rouge de directeur aura fait dresser selon ses goûts à lui, une fois le Tsunami passé. Et libre à vous ensuite — une fois monsieur le directeur hors-jeu — de refaire le menu à votre sauce si celui apprêté par Red ne vous convient pas. J'ose croire que la table-monde — une fois dressée selon vos règles à vous — aura de quoi valoir le coup d'œil. Je ne serai malheureusement pas là pour voir ça.

Ça se saurait depuis le temps si les méchants pouvaient gagner à la fin, alors perdu pour perdu, autant que ce soit moi à la place de Gero ? Oh, Penses-tu… ; non, les “bad ends”, Hiéronimus saura les voir venir ; n'en a-t-il pas l'habitude avec ses jeux-vidéos ? Il saura les voir venir de loin et les neutralisera dans l'œuf sans transpirer sinon sans même s'en rendre compte. Moi, au contraire, en bon talon d'Achille que je suis, je n'aurai de cesse de les attirer maladroitement, ces faux pas décisifs, ces tragiques culs-de-sac ; et l'un de ces faux pas finira bien par avoir notre peau, plus tôt que tard. Certes, votre histoire à Gero et toi ne peut que mal finir, ça je suis d'accord, c'est un principe universel. Mais à tout le moins finira-t-elle de belle manière, j'en suis sûr.

Moi je ne pourrais pas t'offrir une belle fin.
Je ne pense pas pouvoir t'offrir ça.

Si tu vises les fins mémorables à la Joseph Kojer, c'est Gero qu'il te faut.
Avec moi, au mieux, tu auras du Jeanne Ratcliffe.

Et pour ce qui est du chemin avant la fin, alors oui, à nous deux Wheelo, nous serions capables de décrocher la Lune. Mais Gero et toi, c'est le Soleil que vous sauriez mettre à genoux. La messe est dite ; les astres ont parlé. Ils ont unanimement tapé 1 pour Gero. Quant à moi j'ai bien peur qu'à part ma mère au ciel, rien ni personne dans l'univers n'aura tapé 2 pour Kochin. Et si avec tout ça tu te demandes encore, au bout du compte, quelle a été ma décision finale quant au second et dernier ticket pour l'An Zéro, alors pour avoir ta réponse il te suffit de regarder sur le siège à ta droite… ou à ta gauche. Car à la minute où tu lis ces lignes de mon journal, Gero est probablement assis à côté de toi au cœur de l'Arche sous-marine mise à flot ; il roupille, ou il joue à la Joystation Vita. Et moi…

… Et moi, eh bien, j’appartiens déjà à l'histoire.



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Alerte Tsunami


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Re: Calfirũ

Messagepar Max le Mar Nov 15, 2016 19:30

Bon, je t'en avais dejà parlé, mais ça se confirme : On en voudrait plus. J'ai vu avec desespoir la petite barre à droite de l'écran se réduire comme du beurre sous le feu.
Que dire, donc ?
C'est très très bon, surtout la dernière partie, l'introspection de Kochin(ça m'a fait penser à la personne qui marge derrière le groupe quand la rue est trop étroite). J'avais dejà remarqué ça sur CGS (High five la mare de café), tu maitrises bien les sentiments de tes personnages, suffisamment pour les rendre réalistes et sympathiques. En parlant de CGS, tu as réussis à te débarrasser du ton parfois trop comique tout en gardant le piquant. Beau boulot, c'etait pas forcément gagné :p

Si je devais critiquer quelque chose, ce qui te semblera peut être familier > Il ne s'y passe quasiment rien. Certes, tu introduis des éléments qui font progresser l'intrigue, expliquer les motivations des personnages, mais au final, ça ne reste qu'une scène, et même assez courte.Ça reste vachement interessant, te méprends pas, mais autant des passages comme ça auraient leur place dans un format roman de 600 pages, autant dans un format fanfic ? J'ai l'impression d'avoir pu gouter à un délicieux café, mais qu'il a été retiré après la première gorgée. Je sais pas trop comment l'exprimer en fait.

En tout cas, hâte de boulevoir la suite de Calfirue, cette fic peut vraiment tenir le haut du pavé ! En espérant ne pas avoir à trop attendre l'avenue du troisieme chapitre :mrgreen:
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Re: Calfirũ

Messagepar Point le Mar Nov 15, 2016 19:42

+ 1 sur le commentaire de Max.

Je ne devrai pas - moi - avoir à critiquer un style tiers - surtout pas le tien que je considère un peu comme le style objectif final pour mes fics, parce qu'à mon sens celui qui convient le mieux à ma façon d'écrire et de raconter - mais j'avoue avoir eu du mal dans la forme à tout comprendre sur la deuxième grande partie de ce chapitre, c'est à dire, le "monologue" de Kochin. Ou Wheelo. En fait c'est ça qui m'a saoulé au début c'est que j'ai pas toujours compris qui parlait même vers le milieu de cette partie, j'ai cru que ça changeait, alors que non. Enfin, je me perds facilement, qui sait s'il n'y a eu que moi qui fut perdu de cette manière.

Sinon, c'était un chapitre très intéressant. J'ai un peu de mal à visualiser les personnages dans mon esprit - la partie chambre surtout - mais l'histoire avance doucement mais non sans ne pas m'intéresser, au contraire, et j'ai bien hâte de lire la suite de cette fic placée sous le signe du dafuq. Enfin, c'est peut être pas un mot mélioratif de dire ça comme ça, mais Calfi-roue m'attire justement pour son histoire qui est censée être sérieuse couplée à ce style un peu décalé et ces blagues et détails humoristiques purement géniaux.

Sans rire, tu as exactement l'humour que j'ai.

Bref, + 1 Omurah.
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Le fruit de ses tourments
En cours.
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Re: Calfirũ

Messagepar Paulemile le Ven Nov 18, 2016 12:06

Je suis également de l'avis de Max, même si je suis moins frustré par l'attente du chapitre couplée au manque d'action de celui-ci.
Moi ça me va comme ça pour le moment. Peut-être parce que je suis en plein dans la publication d'une fic avec les mêmes personnages que les tiens :mrgreen:
D'ailleurs, s'il n'y avait pas cette histoire de Tsunami (et de Meuporgs, bon), j'aurais bien vu ton récit sur le trio Wheelo / Kochin / Gero comme parfait background à ma fic. Je dis pas ça dans le sens où ta fic ne servirait qu'à mettre en valeur la mienne hein, j'espère que t'as compris la nuance. Jamais je dirais un truc pareil :lol:

Le style est toujours très bien maîtrisé. J'aime bien qu'on passe dans le un peu moins burlesque par rapport à CGS, tout en gardant un tas de petits détails amusants.
Y a peut-être juste un truc que j'ai raté, mais j'imagine mal Bulma déjà exister alors que les scientifiques sont encore des ados limite pubères. Ou alors on en apprendra plus là-dessus un peu plus tard.

Anyway, super travail encore, qui annonce une fic assez géniale. 8-)
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Re: Calfirũ

Messagepar Axaca le Ven Nov 18, 2016 17:08

Au contraire de mes deux voisins du dessus, les chapitres de transition comme celui-là, j'adore , notamment l'introspection qui est juste montreuse :O
Et pour la blague de Violet qui "kidnappe" un certain appendice, ça me rappelle le début de l'épée de vérité ^^
"Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !"
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Re: Calfirũ

Messagepar Kurama_Senju le Sam Nov 19, 2016 13:42

Boum ! Le rythme est bon (c'est moi qui suis en retard pour la lecture).

Par contre, contrairement à Max, je suis content d'avoir vu la barre défiler rapidement. Je précise tout de suite que ça n'avait rien à voir avec la qualité du chapitre hein.
C'est juste que si le chapitre avait été plus long, je n'aurais pas pu le lire d'une traite par manque de temps.
C'est pourquoi je ne suis pas fan des trop longs chapitres.
Bref, je trouve pas que ça soit trop court (je dirais presque "au contraire").
Mais trêve de bavardages, passons au chapitre !

Alors déjà, la forme. Encore une fois, c'est top. Non seulement fluide, mais d'une grande richesse de vocabulaire.
Sincèrement, je trouve ça top.
Et bien sûr, sans faute d'orthographe ; ça aurait été dommage de gâcher un tel travail à cause de ça !
omurah a écrit:le petit matheux pouvait embrasser du regard une bonne portion de l'aide Nord du campus
"aile" plutôt non ?

Pour le fond, c'est vrai qu'on n'avance pas des masses mais il faut des chapitres comme ça. Et je trouve que tu les gères admirablement bien.
Je suis d'autant plus impressionné qu'il s'agit de chapitres que je n'aime personnellement pas écrire, et malgré tout on voit ton implication dans cette partie. Chapeau bas.

L'histoire avance, c'est totalement nouveau pour moi.
Hâte que les choses sérieuses commencent, la coupe du monde des meuporgs, le tsunami... Et je suis curieux de découvrir ton traitement des personnages connus décalés, car je t'avoue ne pas avoir l'habitude de lire ce genre de fics !
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Re: Calfirũ

Messagepar broly97 le Dim Nov 20, 2016 0:06

Sympa la petite discussion dans la chambre, même si le seul tout petit bémol pour moi et le commandant violet qui ne me dis rien, mais sinon c'était nickel.
Pareil pour le dernier paragraphe avec les pensées de Kochin. Assez tristes pour le coups.
Et justement, vu que cette fic était sensés être drôle ça c'est un peu terni pour moi "à cause" de a tension autour du meuporg Tsunami qui pour le coups m'intrigue au plus au point (Serais-ce un méga Tortank Légendaire de 20 mètre de haut avec un level 101 :mrgreen: ?).

En tout cas même si j'ai quelquefois des difficultés à suivre, il me tarde d'avoir tes réponses aux questions que je me pose :D
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Re: Calfirũ

Messagepar omurah le Dim Nov 20, 2016 15:02

@Max
Spoiler
Max a écrit:Bon, je t'en avais dejà parlé, mais ça se confirme : On en voudrait plus. J'ai vu avec desespoir la petite barre à droite de l'écran se réduire comme du beurre sous le feu.

Venant de toi, je suis tenté de le prendre, quelque part, comme un gros compliment ! Merci ! :mrgreen:

Max a écrit:C'est très très bon, surtout la dernière partie, l'introspection de Kochin(ça m'a fait penser à la personne qui marge derrière le groupe quand la rue est trop étroite).

J'aurais pas dit mieux, pour le parallèle avec le groupe dans la rue :o

Max a écrit:J'avais dejà remarqué ça sur CGS (High five la mare de café), tu maitrises bien les sentiments de tes personnages, suffisamment pour les rendre réalistes et sympathiques.

Je suis content de lire ça, sachant que les personnages, sur mon échelle personnelle de préférence en terme de paramètres, se placent devant l'intrigue et le style, entre autres :)

Max a écrit:Si je devais critiquer quelque chose, ce qui te semblera peut être familier > Il ne s'y passe quasiment rien.

Ah oui, clairement, ça pour être familier ça l'est totalement :mrgreen:
#tmtc

Max a écrit:Ça reste vachement interessant, te méprends pas, mais autant des passages comme ça auraient leur place dans un format roman de 600 pages, autant dans un format fanfic ?

+1

En fait, le format fic a ses avantages et ses inconvénients (#thanksobamurahvious). L'avantage du découpage épisodique, c'est entre autres que tu peux du coup imposer un certain rythme, et donner du poids à tes cliffhangers. Et l'inconvénient, bah, c'est effectivement tout ce dont tu parles là :)

Max a écrit:J'ai l'impression d'avoir pu gouter à un délicieux café, mais qu'il a été retiré après la première gorgée. Je sais pas trop comment l'exprimer en fait.

Je pense que je vois à peu près ce que tu veux dire ^^
Et ça risque d'être assez récurrent, j'en ai peur.
À vous de juger s'il vous est quand même possible de faire avec ou si ça mérite un drop :')

Max a écrit:En tout cas, hâte de boulevoir la suite de Calfirue, cette fic peut vraiment tenir le haut du pavé ! En espérant ne pas avoir à trop attendre l'avenue du troisieme chapitre :mrgreen:

Ton jeu de mot justifie à lui seul l'existence de Calfirouelibre :mrgreen:


@Zaagaan
Spoiler
Zaagaan Protecteur a écrit:Je ne devrai pas - moi - avoir à critiquer un style tiers - surtout pas le tien que je considère un peu comme le style objectif final pour mes fics, parce qu'à mon sens celui qui convient le mieux à ma façon d'écrire et de raconter - mais j'avoue avoir eu du mal dans la forme à tout comprendre sur la deuxième grande partie de ce chapitre, c'est à dire, le "monologue" de Kochin. Ou Wheelo. En fait c'est ça qui m'a saoulé au début c'est que j'ai pas toujours compris qui parlait même vers le milieu de cette partie, j'ai cru que ça changeait, alors que non. Enfin, je me perds facilement, qui sait s'il n'y a eu que moi qui fut perdu de cette manière.

C'est tout à fait possible que je sois allé trop vite et que j'aie donc mal opéré la distinction Kochin/Wheelo sur la seconde partie du chap ; d'autant qu'au bout d'un moment je le connaissais tellement par cœur, ce morceau de texte, que je n'avais peut-être plus le recul qu'il fallait pour me mettre dans la peau du lecteur et débusquer les embouteillages de ce genre ^^

Zaagaan Protecteur a écrit:Sinon, c'était un chapitre très intéressant.

#champagne!

Zaagaan Protecteur a écrit:J'ai un peu de mal à visualiser les personnages dans mon esprit - la partie chambre surtout - mais l'histoire avance doucement mais non sans ne pas m'intéresser, au contraire, et j'ai bien hâte de lire la suite de cette fic placée sous le signe du dafuq. Enfin, c'est peut être pas un mot mélioratif de dire ça comme ça, mais Calfi-roue m'attire justement pour son histoire qui est censée être sérieuse couplée à ce style un peu décalé et ces blagues et détails humoristiques purement géniaux.

Sans rire, tu as exactement l'humour que j'ai.

Bref, + 1 Omurah.

+1 à toi aussi, pour ton commentaire très motivant et éclairant !
Pour le dafuq, oui, je pense qu'il y en aura assez pour remplir une piscine, loul


@Paulemile
Spoiler
Paulemile a écrit:Je suis également de l'avis de Max, même si je suis moins frustré par l'attente du chapitre couplée au manque d'action de celui-ci.
Moi ça me va comme ça pour le moment.

Content que le rythme actuel te convienne jusqu'ici :)

Paulemile a écrit:Peut-être parce que je suis en plein dans la publication d'une fic avec les mêmes personnages que les tiens :mrgreen:
D'ailleurs, s'il n'y avait pas cette histoire de Tsunami (et de Meuporgs, bon), j'aurais bien vu ton récit sur le trio Wheelo / Kochin / Gero comme parfait background à ma fic. Je dis pas ça dans le sens où ta fic ne servirait qu'à mettre en valeur la mienne hein, j'espère que t'as compris la nuance. Jamais je dirais un truc pareil :lol:

Même si tu l'avais dis, ça m'aurait pas dérangé, au contraire ! J'aime beaucoup l'idée que certaines fics puissent être au service d'autres, à l'occasion, dans une certaine mesure. J'aime le côté communautaire et l'idée qu'il y ait une sorte de tissu plus ou moins cohérent, dans la section, avec une certaines porosité entre les différentes fics :)
I have a dream, that one day, toutes les fics de la section seront canon entre elles ! :mrgreen:

Paulemile a écrit:Le style est toujours très bien maîtrisé. J'aime bien qu'on passe dans le un peu moins burlesque par rapport à CGS, tout en gardant un tas de petits détails amusants.

*omurah ouvre le champagne*

Paulemile a écrit:Y a peut-être juste un truc que j'ai raté, mais j'imagine mal Bulma déjà exister alors que les scientifiques sont encore des ados limite pubères.

En effet, Kochin a 15 ans ^^ ; sachant du reste qu'au chapitre 1 Gokû est déjà marié :)

Anyway, super travail encore, qui annonce une fic assez géniale. 8-)

#grossepression

Merci beaucoup ! ^^


@Axaca
Spoiler
Axaca a écrit:les chapitres de transition comme celui-là, j'adore , notamment l'introspection qui est juste montreuse :O

waw, bah franchement merci *-* ; surtout que cette introspection j'y tenais beaucoup. Du coup merci ! :cry:

Axaca a écrit:Et pour la blague de Violet qui "kidnappe" un certain appendice, ça me rappelle le début de l'épée de vérité ^^


*/me appuie sur le bouton "file-moi un indice steuplé, que je m'endorme moins con ce soir, sachant que j'ai pas encore vu l'épée de vérité" :cry:


@Kurama_Senju
Spoiler
Kurama_Senju a écrit:Boum ! Le rythme est bon (c'est moi qui suis en retard pour la lecture).

Vieux motard que jamais :mrgreen:

Kurama_Senju a écrit:C'est juste que si le chapitre avait été plus long, je n'aurais pas pu le lire d'une traite par manque de temps.

Les chapitres de Calfiru feront en moyenne 6000 mots, ce sera assez rare que j'atteigne les 7000 ^^

Kurama_Senju a écrit:Alors déjà, la forme. Encore une fois, c'est top. Non seulement fluide, mais d'une grande richesse de vocabulaire.
Sincèrement, je trouve ça top.
Et bien sûr, sans faute d'orthographe ; ça aurait été dommage de gâcher un tel travail à cause de ça !

*omurah fait péter le champagne*

Kurama_Senju a écrit:"aile" plutôt non ?

Absolument, je corrige ça tout de suite, merci ^^

Kurama_Senju a écrit:Pour le fond, c'est vrai qu'on n'avance pas des masses mais il faut des chapitres comme ça. Et je trouve que tu les gères admirablement bien.
Je suis d'autant plus impressionné qu'il s'agit de chapitres que je n'aime personnellement pas écrire, et malgré tout on voit ton implication dans cette partie. Chapeau bas.

Encore merci à toi ! Et en effet, j'ai pas mal craché de sang et de sueur sur ce chapitre :mrgreen:

Kurama_Senju a écrit:L'histoire avance, c'est totalement nouveau pour moi.
Hâte que les choses sérieuses commencent, la coupe du monde des meuporgs, le tsunami... Et je suis curieux de découvrir ton traitement des personnages connus décalés, car je t'avoue ne pas avoir l'habitude de lire ce genre de fics !

J'espère ne pas te décevoir :)
En tout cas merci pour ce long commentaire ^-^


@Broly97
Spoiler
broly97 a écrit:Sympa la petite discussion dans la chambre, même si le seul tout petit bémol pour moi et le commandant violet qui ne me dis rien, mais sinon c'était nickel.
Pareil pour le dernier paragraphe avec les pensées de Kochin. Assez tristes pour le coups.

content de voir que tu as apprécié ces passages ^-^

Violet, il y a quelque chose qui m'a toujours fasciné chez ce perso, c'est le fait qu'au final, de tout le Ruban Rouge, dans l'anime, elle est mine de rien la seule (dans mon souvenir) à avoir su tirer son épingle du jeu et échapper au courroux de Goku, en mode like a boss. C'est un truc qui m'a frappé et qui fait que j'ai une sympathie particulière pour ce perso, comme j'en ai toujours en général pour les méchants qui "gagnent à la fin" 8-)

broly97 a écrit:(Serais-ce un méga Tortank Légendaire de 20 mètre de haut avec un level 101 :mrgreen: ?)

Dans ces eaux-là ^^ (les jeux de mots sont en solde le dimanche du coup j'en profite :mrgreen: (les super sayens c'est le mardi))

broly97 a écrit:En tout cas même si j'ai quelquefois des difficultés à suivre, il me tarde d'avoir tes réponses aux questions que je me pose :D

La cavalerie des questions est en route, et celle des réponses suit juste derrière :)

Merci pour ton commentaire !
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omurah
 
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Re: Calfirũ

Messagepar omurah le Dim Nov 20, 2016 15:03

3

Édito






Terminus : la porte d'entrée du bureau de Red. Veronica Blanc y abandonna Hiéronimus Gero avec trois précieux conseils et une tape dans le dos, s'en retournant ensuite honorer le port de son pyjama dans ses quartiers : l'étage n°8 de la tour du muscle. Main gauche en suspens sur la poignée ronde, Gero n'avait toujours pas actionné le mécanisme d'ouverture. Sa main hésitait encore. Non pas à entrer mais à arracher cette poignée en diamant pour se carapater avec. Combien d'antidouleurs pourrait-il en tirer pour son propre petit-frère ? Et combien de repas, pour lui-même qui frisait l'anorexie ? Le camarade de chambre de Wheelo cessa de se faire du mal à se poser toutes ces questions et prit la décision la plus sage : toquer et entrer.



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Socquettes à plat sur la moquette.
Jambes légèrement écartées.
Coudes sur les genoux.
Mains ballantes.


Ou la position typique de n'importe quel quidam assis sur le rebord de son lit. Quidam répondant en l'occurrence au nom de Wheelo, lui qui avait enfin trouvé la force de s'arracher à sa couette. Aaron faisait désormais face à Kochin, lui-même posté sur le lit de Gero dans une posture similaire à celle de Wheelo… quoi que plus crispée.

— Vu comme tu as agressé le colonel Violet au point qu'elle te taxe ton zgeg, j'ai bien fait de ne pas te dire que Bulma faisait partie du public de la cérémonie. Tu aurais fait pareil avec elle… et elle aussi t'aurait taxé ton Machin, mais d'une manière certainement plus… irréversible et sanguinaire.

— Traître !

— Ça t'apprendra à résoudre des équations sur une vitre au lieu de faire attention à ce qui se passe autour de toi. Elle n'était qu'à quelques mètres de nous en plus, avec des copines de classe à elle…

— Traître !! siffla le rouquin en resserrant ses petits poings sur la blanche et cotonneuse couverture du lit double qu'il occupait.

— Kochin, c'est quoi ton problème avec tes hormones ? Pourquoi tu sautes toujours sur tout ce qui bouge façon gros beauf ?

— Les opportunités ne se créent pas toutes seules. Un homme doit savoir mettre ses couilles sur la table.

— En l'occurrence, de couilles, tu n'en as plus des masses…

— ………

— Tu cours contre la montre et tu as peur de te faire rattraper par l'âge, hein ? Tu as peur de finir comme ton grand-père. J'ai vu ses photos jeune, chez ton père. Et j'ai vu ses photos peu avant son décès. Le jour et la nuit. Il a très mal vieilli. C'est de famille et tu te vois finir pareil, du coup tu veux profiter de ta jeunesse à fond tant que tu le peux encore. J'ai raison ?

— Quand tu auras finis de dresser mon portrait psychologique, t'iras te débarbouiller dans la douche puis tu fileras au dixième étage de la tour du muscle, hein ? C'est pas comme si Red venait expressément de te convoquer… hein ?

— Non, on peut continuer à parler de ta course obsessionnelle contre le temps. Je n'ai pas l'intention de répondre à la convocation de Red, murmura Wheelo sur un timbre qui lui donnait tout l'air d'être sur le point de se rendormir d'une seconde à l'autre en position assise.

— … Tu plaisantes ?

— Du tout, souffla Aaron en réarrangeant paresseusement ses longs cheveux blonds au moyen d'un chignon improvisé le temps de remettre la main sur l'élastique qui lui permettrait de reconstituer sa queue de cheval. Je sais déjà ce que Red veut me dire. Il va me demander de faire en sorte de perdre le tournoi au profit de Gero. Autrement dit de faire perdre le Gouvernement au profit de l'URR.

— …… J'y ai pensé aussi. Mais… tu ne peux pas vraiment… je veux dire…

— Refuser ? Oh que si je vais refuser. Red est un détraqué, certes. Mais certainement pas autant que Tao Paï Paï. Et si je dois trahir l'un des deux je préfère encore trahir Red. Question de vie ou de mort pour le coup.

— … Tu es sûr que c'est la seule raison ? Et que ce n'est pas la rivalité - au delà du malsain - que tu entretiens avec Gero, qui te pousse à cet arbitrage ? Ton mobile n'est ni l'envie d'exposer fièrement la coupe de glace sur ta commode à toi… ni celle de ne pas la voir être narquoisement exposée par Gero sur sa commode à lui ?

— Puisqu'on en est à parler de Gero, tu sais, tu n'as pas assuré des masses, tout à l'heure.

— … De quoi tu me parles ?

— Quand il t'a confié qu'il avait besoin de l'argent du tournoi pour sauver son frère.

— …… Tu ne dormais pas ?

— Non. Et franchement, l'attitude indifférente que tu as eue après tout ce qu'a dit Gero, j'ai connu plus classe. Tu étais paniqué, je le comprends bien. C'était subit. Tu ne savais pas comment réagir. Mais…

— Paniqué… le mot est faible.

— “Cachez cette douleur que je ne saurais voir” ?

— Un peu. Mais je ne vois pas en quoi je n'ai pas assuré. Gero m'a explicitement dit qu'il ne voulait pas s'étendre sur le sujet. Comment j'étais censé savoir qu'il fallait faire le contraire de ce qu'il a expressément demandé ? Moi je ne le connais que depuis quelques mois, tu sais. Contrairement à toi je ne sais pas comment il fonctionne, fit remarquer l'adolescent à lunettes en décollant du lit d'Hiéronimus pour enfin se diriger vers la porte de sortie de cette chambre quatre étoiles.


C'est qu'il se faisait tard.

C'est aussi et surtout que le rouquin avait dans la main un papier dans lequel était marqué le nom complet de Gero. Papier que Joachim s'apprêtait à aller glisser de ce pas sous la porte — fermée à clé, vu l'heure — de Margareth Taha. Cette dernière comprendrait vite le message une fois vu : “mon second et dernier ticket pour l'Arche est à réserver au nom d'Alexander Hiéronimus Gero”. Kochin avait déjà pris la lourde décision de donner son dernier ticket à Gero ; et il n'avait pas l'intention de revenir sur cette décision. C'était mieux ainsi. Wheelo allait voyager dans l'Arche aux côtés de son véritable meilleur ami ; et l'autre, le rouquin — celui qui se devinait être l'ami de trop — allait simplement continuer sa vie d'avant sa rencontre avec Wheelo ; une existence de rat solitaire. Un rat solitaire dont l'espérance de vie allait fatalement chuter à trois petits jours dès lors qu'il se serait délesté de son précieux ticket pour la survie. Un rat solitaire qui n'en était pas moins infiniment reconnaissant envers ce jeune lord à la blonde queue de cheval qui avait accepté de le prendre comme ami, fût-ce de seconde zone… ça restait une belle affaire, pour un beau geste, peut-être mû par la pitié ; Kochin n'osait trop se poser cette question-là, préférant croire que quelque part, peut-être, Aaron Wheelo avait un tant soit peu apprécié les moments qu'ils avaient passés ensemble, quand bien même Joachim devinait-il bien que ces moments-là ne tenaient pas la comparaison avec la compagnie largement plus stimulante de Gero. Kochin faisait d'ailleurs souvent en sorte que ses interactions avec Wheelo précèdent celles de ce dernier avec Gero ; ce pour ne pas avoir à stresser quant aux barres placées trop haut par Hiéronimus.

Le rouquin arriva à bon port et s'apprêtait à ouvrir la porte quand il fut coupé dans son élan.

— Kochin ?

— Quoi ? souffla Joachim sans se tourner vers Wheelo ni détacher sa main droite de la poignée de porte.


La gauche - elle - couvait encore le petit papier flanqué du nom civil de Gero.

— Je peux te poser une question avant que tu ne sortes ?

— …

— …

— Oui, vas-y. Mais je ne promets pas d'y répondre, précisa le binoclard en prenant finalement toute la mesure de l'air sérieux tombé comme un voile sur le regard de jais d'Aaron ; regard d'autant plus ravageur que s'y imprimaient les reflets d’une certaine lune écarlate.

— Je vais être direct : je n'ai pas l'intention de laisser Gero gagner le tournoi. Même en sachant que la vie de son petit frère en dépend. Et je n'ai pas non plus l'intention de partager avec lui le cachet du vainqueur… à supposé que Tao Paï Paï et moi remportions la coupe. Tu comprends ce que ça veut dire ?

— …

— J'ai un rêve, Kochin. J'en ai parlé à la cérémonie… et tout le monde m'a ri au nez.

— J'ai ri aussi.

— Je ne t'en veux pas.

— Gero…… Gero ne te pardonnera pas… si jamais son frère est débranché…

— C'est là tout l'objet de la question que je veux te poser.

— …

— Dans quelques heures, il se peut que Gero et moi ne nous adressions même plus la parole. Et ce ne sera probablement que le début d'une vertigineuse descente aux enfers pavée de haine mutuelle et d'obsession pour la vengeance… menant inévitablement à la tombe pour au moins l'un des deux. Et quand je dis vertigineuse ça ne veut pas dire interminable. Ni Gero ni moi ne sommes du genre à faire traîner les choses inutilement. On va aller au plus simple ; à l'ancienne. Et des moyens très faciles de liquider quelqu'un à l'ancienne, il y en a tout un annuaire. En deux ou trois jours maximum ce sera plié et le survivant passera à autre chose.

— …

— Ma question est la suivante : quel sera ton camp au moment où le torchon brûlera ?


Kochin ne parvint pas à répondre sur le coup. Son attention se polarisait au niveau des multiples petits yeux rouges qui semblaient s'être subitement entrouverts à travers la pénombre, sous le lit-même de Wheelo. Joachim — le haut le cœur passé — supposa qu'il s'agissait là des meuporgs d'Aaron, tapis sous le meuble en bois de rose ; lesquels meuporgs venaient probablement d'être éveillés par le timbre de voix de leur maître. Wheelo ne parlait pas particulièrement fort, mais sa voix était brûlante… et ses meuporgs avaient dû entrer en résonnance avec, en ressentant la chose comme une sorte d'appel au sang. Kochin déglutit, tandis qu'Aaron Wheelo, statufié sur le rebord de son lit dans la position du quidam, fixait le rouquin de son regard ébène comme la nuit et rouge comme cette lune qui dansait encore dans ses pupilles.

— Bon alors Kochiant, qui choisiras-tu ?

— …

— Crétin, je ne t'en voudrais pas si tu me dis “Gero”. Par contre je ne peux pas promettre que je ne serai pas un peu jaloux de lui si tu le choisis. Je ne suis pas vraiment du genre possessif avec les filles. D'aucune me l'a d'ailleurs déjà reproché. Mais mon meilleur ami, j'aime pas spécialement le partager avec un autre.


Les épaules de Joachim tombèrent.
Sa mâchoire se décrocha.
Ses yeux tremblèrent.
Une minute passa.

— Attends… tu……… tu pleures ? Et on peut savoir pourquoi ? souffla Wheelo en penchant flegmatiquement la tête sur le côté pour mieux dévisager son ami dont il n'avait absolument aucune idée de quelle mouche avait bien pu le piquer ; lui - Kochin - qui était d'ordinaire détaché de tout au point d'avoir toujours la même expression faciale à quelques nuances microscopiques près selon les émotions qui le traversaient occasionnellement.

Et là, en l'occurrence, il n'était plus du tout question de nuances microscopiques, puisque le visage de Kochin fut bientôt aussi froissé et inondé qu'un morceau de papier roulé en boule puis jeté dans un sceau d'eau salée. Cette imagerie signée Wheelo était d'ailleurs d'autant plus à propos que résonna bientôt, dans l'atmosphère de la chambre, le bruit d'un papier subitement déchiré puis roulé en boule. Un papier bien réel ; dont Aaron devinait d'ailleurs qu'il se trouvait dans la main gauche du rouquin ; laquelle main broyait encore la pauvre feuille dont le blondin n'avait aucune idée du contenu ; sans avoir eu le temps d'y penser plus que ça… dans la mesure où la bouche de Joachim s'entrouvrit bientôt, toute seule, impatiente de répondre à la question du camp qu'il avait l'intention de choisir à l'heure où les tambours de guerre déchireraient son ciel en deux.

Impatiente de recracher une évidence.

— Je te suivrai jusqu'en enfer, Wheelo.




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Guetté par le sommeil, Hiéronimus craignait de s'endormir debout et de mettre — de ce fait — un éventuel vent à Red lorsque ce dernier se déciderait enfin à l'apostropher. Le directeur ensaché dans son costume hors de prix donnait toujours le dos à l'adolescent. Red, perché sur ses talonnettes ; Red aux mille et une bagues aux doigts ; Red qui avait surtout regardé — dans sa jeunesse — un peu trop de films porteurs d'antagonistes charismatiques de la vieille école, perdait ostentatoirement son regard à travers la baie vitrée qui éclipsait toute cloison murale derrière le bureau en bois massif. La scène se cristallisait ainsi depuis bien cinq minutes. Aucun mot n'avait été prononcé de part et d'autre depuis l'entrée de Gero dans la salle, sinon les chuchotis du climatiseur. Et puis — pile à l'instant où l'esprit embrumé d'Hiéronimus allait décrocher pour de bon — une première phrase fusa dans l'air saturé de parfum Bior.

— Tu es viré.

— Non, je suis riche. Faites chauffer le chèque de 3 milliards, je passe le récupérer tout à l'heure, rebondit Gero sur un sourire lumineux, en se frottant les yeux de sommeil.




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La chaîne en argent — et le pendentif au bout — flottaient au vent sans que ce dernier ne parvienne à les arracher des mains du rouquin, qui les tenait à proximité de son front en signe de prière. Car ce pendentif en forme d'hélice n'était autre qu'un objet de culte appartenant à Joachim. Lequel Joachim se trouvait encore dans la chambre de Wheelo ; plus précisément : sur le lit de Gero… encore et toujours ; Kochin se tenait à genoux face à la fenêtre par laquelle Veronica Blanc était tantôt passée. Le courant d'air qui circulait encore dans la chambre témoignait du fait que Joachim n'avait pas encore pris le parti de refermer ladite fenêtre. Il y avait au contraire fait passer la tête après avoir ancré ses coudes sur le cadre en fer, teinté de rouge cerise. Le chant persistant de l'eau courante témoignait quant à lui du fait qu'Aaron Wheelo en était encore à prendre sa douche.

Joachim n'était pas plus pressé que ça que son ami en finisse avec la salle de bain ; car le rouquin s'apprêtait à prier “son” propre Dieu et ne saurait le faire en présence d'une personne dont il savait pertinemment qu'elle avait une certaine propension au blasphème. Ironique quand on savait que c'était justement et précisément pour la personne en question, que Joachim s'apprêtait à se perdre en prières.

“Seigneur, fais en sorte que Wheelo perde le tournoi de tout à l'heure. S'il te plaît seigneur, fais gagner John Staar. Au pire fais gagner Gero, mais surtout il ne faut pas que Wheelo gagne.”

Kochin marqua un temps d'arrêt… partant du fait qu'écrire, à l'encre de ses mots, une lettre au Dieu Amon, suivait un code de procédure assez particulier. En premier lieu : l'envoi d'une requête expresse ne pouvait se faire qu'après avoir capitalisé 300 heures de prières, sachant que les compteurs seraient remis à zéro ensuite. Ce capital-prière-là, Kochin l'avait présentement en poche. Encore fallait-il trouver le moyen de formuler sa requête de la manière la plus explicite possible, en faisant, toujours en vertu du code de procédure, étalage d'absolument toutes ses émotions, sans autocensure et surtout sans présumer des capacités de prescience de Dieu. Cette dernière règle avait d'ailleurs toujours perturbé Kochin. D'où son temps d'arrêt. Le fait de devoir expliquer à Dieu des choses qu'il savait probablement déjà, lui l'omniscient. Surprenant ; mais les voies du seigneur sont impénétrables.

“Seigneur, si Aaron gagne, Gero va automatiquement passer en mode Vendetta, à la seconde-même où le coup de sifflet final du tournoi retentira dans le stade. De quoi j'aurais l'air, moi, à monter dans l'Arche tout seul, après avoir assisté à l'enterrement de ces deux crétins, une fois qu'ils se seront bêtement entrégorgés au couteau, sinon avec leurs dents ? Amon, je ne veux pas être le dernier survivant des trois. Je ne veux pas avoir à monter dans l'Arche tout seul ; encore moins en duo avec Gero ! Que le destin garde ses ironies pour lui, sur cette affaire.”

Kochin se détacha passablement de sa fenêtre en réalisant que Wheelo était déjà sorti de la douche…

… Et l'épiait discrètement, emmitouflé dans son peignoir.

— Je vais y aller Wheelo, le jour ne va pas tarder à se lever. Tu dois te reposer avant le tournoi.

— Il est si tard que ça ? Enfin… si tôt ?

— Le premier coup de sifflet de la coupe du monde est pour quelle heure exactement ?

— La première épreuve du tournoi se déroulera à la plage de Chungfũ, une fois la marée haute. Donc ouverture du bal vers 9h45 a.m si on compte le temps de se rendre sur place avec le bus du comité.

“Raison de plus pour te recoucher rapidement”
aurait dit Kochin si son attention n'avait pas entretemps été détournée par la drôle de créature qui s'était discrètement hissée sur sa jambe gauche pour ensuite s'y allonger paresseusement, comme si de rien n'était.

— C'est quoi ce truc ? Un meuporg ?

— C'est un Truc, oui.

— … Hein ?

— C'est un meuporg de niveau 1, classe fik. Son nom est effectivement “Truc”.

— … Il tient dans ma main, murmura Kochin en empoignant très délicatement la chose.

— C'est petit, oui…

— L'un des quatre meuporgs de John Staar était un “Truc” aussi, non ?

— Effectivement, John Staar est monté sur l'estrade avec un Cyclope, un Dragon-nain, un Golem et un Truc.

— … Tu te sens capable d'affronter tout ça tout à l'heure ?

— Ça m'étonnerait que John Staar utilise ce roster-là durant le tournoi. La synergie et les combinaisons stratégiques sont trop pauvres. C'était juste du showcase.

— …

— …

— Et du coup ça fait quoi les… “Trucs” ?

— Rien.

— …

— Tant qu'il n'a pas donné 5 coups à un autre meuporg, ce n'est qu'un Truc de type fik qui ne fait aucun dégât et qui a de très fortes chances de passer totalement inaperçu durant une mêlée. Mais une fois qu'il a 5 coups au compteur, s'il n'a pas été mis hors-combat entretemps, il peut se transformer aléatoirement en n'importe quel meuporg mécanique du top 300. Il sera alors capable de se battre mais uniquement contre le meuporg qu'il a précédemment tapé 5 fois.

— …

— Les “Trucs” sont des pochettes surprise, en gros. Celui-ci je l'ai gagné à un championnat cantonal. Si tu le reposes fais-le doucement s'il te plaît, ça coûte la peau du cul ces machins-là, et c'est plus fragile qu'un papillon.


— J'avais cru remarquer.

Kochin déposa soigneusement le Truc sur les draps blancs du lit de Gero et repassa ensuite la tête à travers la fenêtre encore ouverte, désireux de repérer les gardiens de son propre bâtiment résidentiel ; les repérer pour mieux les esquiver.

— Purée… ce malandrin de Gero qui me taxe ma tarte au citron tranquilou…, souffla Wheelo en avisant du coin de l'œil le plateau repas vide, tout en amalgamant harmonieusement sa toison d'or dans l'élastique récupéré à l'instant sur une commode ; la sienne.

— Attends, y'a un truc qui va pas, là.

— Qu'est-ce qu'il y a ? … Il se passe quelque chose dehors ? fit le blondin en orientant ses pupilles noires vers le bio-informaticien en herbe dont la tête nageait encore dans le vide, par-delà une certaine fenêtre ouverte ; au passage, Aaron vérifia l'heure sur la montre qu'il avait au poignet, histoire de déterminer s'il pouvait encore attendre un peu avant de se rendormir ou s'il fallait d'urgence se coller un coup de marteau sur la tête.

— Pratiquement toutes les lumières de toutes les chambres de tous les bâtiments de l'aile Nord sont allumées… alors qu'il est trois heures du matin…, souffla Kochin, déjà totalement hypnotisé par le spectacle insolite qui lui sautait aux yeux depuis sa fenêtre.

— …

— Il vient de se passer quelque chose au campus.




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— … Je vois. Je ne pensais pas qu'il existait des gamines à peine pubères capables de mettre à genoux un système de sécurité mis en place par une armada de grands manitous de l'informatique.

— Ce monde est plein de surprises.

— Tu l'as payée combien ?

— Pas un rond. Cette personne est une amie à moi.

— Tu as un carnet d'adresse intéressant. Et qui est donc cette charmante jeune fille ?

— Bulma. Fille cadette de Lévis Brief.

— …… Tu viens sérieusement de me donner son nom ? s'étouffa Barnaby Red sans pour autant se détourner de sa baie vitrée ni dénouer ses bras précédemment croisés dans son dos ; le style avant tout.

— Elle m'a demandé de le faire. Apparemment elle n'a pas peur de vous affronter si vous lui cherchez noise.

— …

— …

— Tao Paï Paï non plus n'a pas eu à débourser un seul peso ?

— Si. Dans la mesure où c'est moi qui l'ai mis en contact avec Bulma. Il a dû me verser une… commission.

Red marqua un silence de plus d'une minute. Puis se tourna, pour la première fois, vers Gero.

— Tu es le fils du prince Arthyus Albon, c'est ça ? Gamin, tu m'intéresses encore plus que cette Bulma… et même encore plus que Tao Paï Paï. J'ai l'intuition que nous pourrions faire de grandes choses… ensemble.

— Dans une autre vie peut-être.

— Pourquoi remettre à une autre vie ce qu'on peut oser dans celle-ci ? Enfin, ça c'est ce que j'aurais dit si tu n'avais pas mis un contrat au dessus de ma tête.

— …… Je ne me souviens pas avoir fait une telle chose.

— Viens voir, approche-toi, viens regarder à travers la baie vitrée. J'aimerais te montrer quelque chose.


Gero marqua un temps mort puis s'avança, chacun de ses pas le rapprochant de la réponse à la question : “sur quoi donne cette baie vitrée ?”. Une fois au pied de la plaque transparente, Hiéronimus eut sa réponse : sur les jardins de l'aile Nord. De nuit la vue était à couper le souffle. L'expression “le jour et la nuit” prenait tout son sens. Ces jeux de lumières dans les buissons et les fontaines de jardin, ces jets d'eau aux mille couleurs, cette brillance du gazon fraîchement arrosé, ces…… chars d'assaut ?

— Regarde ici.


Red en disant cela n'avait indiqué aucune direction ni avec le doigt ni avec rien d'autre. Ses bras étaient toujours croisés dans son dos et son regard indéfini de direction. Gero ne demanda pas où regarder. Si Red avait vraiment voulu préciser il l'aurait fait. Le fils de feu le prince Arthyus Albon préféra donc chercher tout seul, baladant son regard au large des glorieux jardins, à la recherche d'une singularité quelconque, outre les chars. Absorbé dans son enquête, Gero n'eut pas l'occasion de voir venir la main qui s'était soudain aplatie sur l'arrière de son crâne pour lui écraser le visage contre la baie vitrée, sans sommation.

— Ici j'ai dis ! hurla Red toujours sans préciser où, tout en comprimant d'avantage le visage de Gero contre la vitre blindée. Regarde dans le ciel… qu'est-ce que tu vois petit merdeux ? Hein ?! Tu vois quoi ?!


Gero s'empressa de répondre, ignorant le filet de sang qui s'écoulait déjà de son nez vers ses lèvres.

— La flotte de l'Empire et le vaisseau-mère…, souffla péniblement l'adolescent au visage encore sauvagement comprimé contre la vitre.

— Non, je ne te parle pas de ça. Je te parle des planètes de notre système solaire. Tu vois le petit point vermeil à 11 heures ? C'est Guomus. Si tu as ne serait-ce que la culture générale d'un enfant de 7 ans tu sais que Guomus est la planète habitée la plus éloignée de notre Terre et qu'elle est la seule du système à ne pas encore être sous contrôle relatif ou absolu de l'Empire. Mais sais-tu combien ça coûte pour s'y rendre ? Sais-tu combien coûte un voyage aller pour les terres saintes de Guomus ? Et combien coûte un voyage aller-retour ?


— … J'y réfléchirais peut-être mieux si vous me laissiez décoller mon nez de cette vitre…

— Sophink Airlines a fait l'objet d'une nationalisation par le Gouvernement, dans les années 600, fit Red en ignorant la requête de Gero. C'est aujourd'hui la seule compagnie à organiser des vols commerciaux en dehors du sillage terrestre. Qui veut obtenir un billet pour Guomus doit nécessairement passer par Sophink, et la compagnie étant aux mains d'inconditionnels du Gouvernement, je n'ai aucun contrôle sur les prix. Mon billet je dois l'acheter comme tout le monde. Le ticket pour un vol à destination de Guomus m'a coûté 1 milliard de zenis. Que j'ai payés de ma poche. Le ticket expire dans une semaine. Le vol est déprogrammable mais non remboursable. La question qu'on est maintenant en droit de se poser est : pourquoi ? Pourquoi diable ai-je dilapidé autant d'argent pour me rendre sur Guomus dans les heures à venir ?

— …

— Gamin, sais-tu à quoi sert le tournoi des trois meupo-dresseurs ? J'entends par là : son utilité RÉELLE.


— Putain, vous m'avez cassé le nez je crois…

— La véritable vocation de cette compétition est de permettre à chacune des trois grandes puissances mondiales de réaffirmer son poids militaire, pour décourager toute volonté d'annexion de la part des deux autres. Vois ce tournoi comme une sorte de mise à jour qui tombe tous les cinq ans. Une mise à jour permettant aux trois grandes entités politico-militaires de se rendre compte de leurs forces de frappe respectives. Si l'une des entités paraît militairement faible à l'occasion de ce tournoi, elle risque de faire l'objet d'une invasion de la part des deux autres. La loterie sert en ce sens d'échantillonnage. On prend les 100 meilleurs “militaires” de chacune des trois grandes entités, puis on en tire un au hasard pour représenter chaque faction. Si le militaire tiré au hasard dans le groupe A s'avère très fort et fait très bonne impression durant le tournoi, on peut en déduire que le groupe A est en moyenne potentiellement très fort. Si par contre ce militaire fait une piètre performance, cela permet de présumer du niveau moyen - dans tous les sens du terme - du groupe A. Et toi, imbécile, avec ton Griffondor niveau 2 tu…


— Niveau 3, soyons précis, souffla paresseusement Gero, qui ne faisait même plus l'effort d'essayer de se dégager de la prise de Red.

— Avec ton Griffondor niveau 3, tu vas faire passer l'URR pour le petit morveux de la cour de récréation ! s'emporta Red en écrasant trois plus fort la tête de Gero, tout en faisant fi de l'engourdissement qui galopait dans le bras qu'il avait tantôt hissé assez haut pour pouvoir atteindre le crâne de l'adolescent.


— Donc… vous abandonnez le navire avant le naufrage, c'est ça ? parvint laborieusement à articuler Gero, au bout d'une minute complète à rassembler une à une les pièces de son esprit éparpillé façon puzzle.

— Personne n'a gobé la thèse du bug dans les bases de données. Si le Gouvernement et l'Empire décident de prendre l'URR d'assaut en constatant ta nullité au tournoi, ma tête sera assurément la première à tomber. Il y a une voiture et un chauffeur qui m'attendent actuellement à la sortie du campus. Dès là seconde où tu seras déclaré perdant par l'arbitre du tournoi, je filerai en quatrième vitesse dans cette voiture qui filera elle-même vers l'embarcadère de Sophink Airlines. Et toi tu recevras avant midi la balle d'un tueur à gage. Je ne sais pas à quoi tu joues mais je n'aime pas être pris pour un con. Et encore moins qu'on joue avec ma vie. J'avais des plans pour ce monde, qui tombent tous à l'eau si le campus se fait bombarder dans la matinée par ta faute. Tu as essayé de me doubler alors tu vas assumer. Gamin tu as intérêt à te débrouiller pour gagner ce tournoi avec ton Griffondor niveau 3, parce qu'autrement sache qu'il y a un contrat sur ta tête et un billet vert à la pointe d'un fusil de sniper, lâcha Red en libérant enfin le crâne d'Hiéronimus, arrachant au passage une touffe des cheveux bruns de l'adolescent.


Gero tituba à reculons puis se laissa le temps de reprendre un peu contenance. Il fit bientôt calmement craquer son cou et réarrangea le col de sa chemise blanc cassé. S'orientant ensuite en direction du bureau en bois d'acajou, Hiéronimus fit quelques pas qui le menèrent au pied de l'imposant fauteuil du directeur ; fauteuil — tout de cuir, tout de brocart — que l'adolescent fit tournailler dans sa direction avant de s'asseoir dessus sous le regard déboussolé de B. Red. Gero se laissa ensuite lentement pivoter avec le siège de sorte à refaire face au numéro 1 de l'URR.

— Je crois que vous n'avez pas encore compris que je n'ai plus rien à perdre, Barnaby.

— ……

— Et surtout je crois que vous n'avez pas encore compris à quel point ce tournoi est important pour moi. Et jusqu'où je suis prêt à aller pour le gagner.




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Kochin était encore et toujours posté au niveau de sa fenêtre en fer forgé. Pour autant, il n'épiait plus les gardiens de son immeuble ; pas plus qu'il ne se perdait en contemplation des événements qui agitaient encore l'aile Nord du campus. Le rouquin ne se perdait plus en contemplation de rien du tout en réalité — sinon son univers intérieur — ses paupières étant closes. Closes dans la mesure où Joachim avait décrété n'avoir pas assez prié tantôt. Dès lors, une nouvelle tournée d'implorations des astres ne pouvait pas faire de mal. Au final — et selon toute vraisemblance — le jeune prodige des mathématiques tentait de submerger le dieu Amon pour l'avoir à l'usure. Et la prière de Joachim n'avait pas bougé d'un pouce depuis la dernière fois ; d'ailleurs, le rouquin psalmodiait dorénavant ses suppliques en boucle. Il s'arrêta pourtant un instant de prier, réalisant qu'Aaron était de retour dans la chambre.

— Tu es parti longtemps ; tu étais où ? Il s'est passé quoi finalement ? C'est quoi toute cette agitation dans l'aile Nord ?

— Je discutais avec les gardiens de la résidence.

— C'est quoi ça ?

— Un nouvel édito de la gazette, souffla Wheelo en retournant s'asseoir sur son lit, journal en main.

— Un édito ? S'enquit le rouquin encore posté au niveau de la fenêtre grande ouverte.

— Ça sort du four. Et c'est chaud.

— Ne me dis pas que ça parle de…

— John Staar est mort, lâcha Wheelo, dans son éternelle position du quidam. Il a été retrouvé mort dans l'enceinte du campus, précisément dans la chambre de la suite ministérielle qui lui a été attribuée dans l'aile Nord par le comité du tournoi. Tous ses meuporgs sont morts eux aussi. Leurs corps flottent encore dans la baignoire de J. Staar.

— … Tu plaisantes ? Ça veut dire quoi ça “John Staar est mort” ?

— Ça veut dire que le tournoi a déjà commencé, fit Wheelo tandis qu'une pelletée d'yeux rouges s'illuminaient soudain de tous leurs feux sous son lit.

— Tu…… tu déconnes ?! En plus la chambre de John Staar se trouve dans le même secteur résidentiel que le mien !

— L'article 4 de la charte du tournoi a dû être activé par un participant. On part sur un Deathmatch, le cas échéant…

— Hein ?! … Putain, non ! Merde ! Merde ! Déconnez pas, annule-ça bordel ! Y'a pas un article pour annuler ?!

— Kochin ?

— …… Quoi ?!

— Retourne dans ta chambre et ferme ta porte à double tour. Et surtout ne reviens pas ici avant le lever du soleil.



__________________________________________________________________

Édito


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Re: Calfirũ

Messagepar Point le Dim Nov 20, 2016 23:29

Ce chapitre est réellement intéressant. C'est le premier des trois de Calfi-roux qui se laisse lire presque fluidement - parce que les ; c'est sympa mais des fois OMG t'abuses XD - mais aussi pour le moment le seul qui m'a déçu.

Déçu parce que ça m'a fait chier de le terminer si vite.

Sans rire, enfin tes personnages je commence à les voir dans mon esprit. Je vois la distinction entre Gero et les deux autres. Je n'arriverai pas à l'exprimer parce que je fatigue, mais vraiment le récit m'a donné envie de continuer, et ça me fait CHIER de devoir attendre une semaine vois tu.

Red donne une sensation de puissance pure, les enjeux, les personnages, l'univers wtf mais si cool, et ce cliffhanger OMG. Ouai, j'ai tellement aimé que c'est la première fois que j'écris ou dit le mot Cliffhanger !

Bref, en attendant que quelqu'un te donne un avis construit, contente de toi de ça ! GG X1000 et merci pour la lecture !
La révolte
En cours.
Le plus modeste des êtres...Un homme qui fera peur au plus grand des démons...Celui-là même qui en deviendra le guerrier le plus fidèle...


Le fruit de ses tourments
En cours.
Piégé à cause de ses origines, Thalès va tenter de survivre pour venger son peuple. Mais avant tout, il va devoir se battre contre lui-même, et ce sera bien plus dur que ce qu'il imaginait.
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Re: Calfirũ

Messagepar Paulemile le Jeu Nov 24, 2016 22:07

Bien bien, on va entrer dans le vif du sujet. J'ai hâte de voir ce que peuvent donner les Meuporg en action, malgré le fait que je ne sois pas fan de Pokémon :mrgreen:
On sent bien la détresse de Kochin, puis son émotion lorsque Wheelo lui avoue son amitié.

J'aime bien le passage avec Red aussi. Ca lui donne une personnalité style gros boss respecté qui lui va bien. Les trois grandes puissances et la sorte de guerre froide qui sévit entre eux, c'est bien trouvé aussi.
Je me demande ce qu'il va rester de tout ça après le Tsunami, si Tsunami il y a !
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Re: Calfirũ

Messagepar omurah le Sam Nov 26, 2016 21:34

Merci à tous les deux pour vos commentaires Zaagaan et Paulemile !
Ils font d'autant plus plaisir que vous avez évoqué absolument tous les points sur lesquels j'ai le plus bossé !


Allez, comme dit sur l'autre topic, je me fend d'un premier sondage, attaché au chapitre à venir (le quatrième donc) o/
Avis aux lecteurs et futurs votants : vous pouvez voter pour plusieurs options, donc vous pouvez donner une note, puis donner votre avis sur le rythme, puis sur les pavés, etc. Il y a un "bug" qui fait que vous pouvez du coup noter deux fois, genre mettre un 4/10 et un 6/10, évidemment, ça n'a aucun intérêt de faire ça puisque c'est contradictoire, donc ne le faites pas :p. Par contre vous pouvez bien sûr voter pour plusieurs options si elles ne sont pas contradictoires, par exemple 6/10 et Wtf/10 ne sont pas contradictoires, ou encore 7/10 et "des hauts et des bas, tendance haut", c'est pas contradictoire, au contraire ça se complète bien :mrgreen:

__________________________________________________________________________

4

C-X


Le décès de tout participant avant le coup de sifflet officiel marquant le départ de la coupe du monde déclenche automatiquement l'article 4 de la charte édifiée par le comité organisateur. L'activation duquel article se fait quand bien même le décès en question serait dû à un suicide ou un accident, sachant que les meurtres peuvent être maquillés en suicide ou en accident. NB : lorsqu'il est officiellement avéré que le ou les participants décédés ne se sont pas suicidés et n'ont pas subi d'accident, mais ont bel et bien été tués par un concurrent ou une faction concurrente, l'article 4 ne s'active pas, c'est l'article 5 qui s'active alors, à savoir la disqualification immédiate de la ou des factions incriminées. L'article 4 ne s'active - lui - qu'en cas de suicide ou d'accident supposé et consiste en la généralisation du permis de tuer les participants encore en vie, sous réserve que les assassinats à venir soient eux-mêmes parfaitement maquillés en suicide ou en accident non imputables aux factions adverses, faute de quoi l'article 5 s'activera. À charge aux trois factions de protéger efficacement leurs représentants respectifs de toute tentative d'assassinat. Si un second décès survient après l'activation de l'article 4, le dernier participant encore en vie est déclaré vainqueur du tournoi par forfait. Idem si l'activation de l'article 4 se fait sur la constatation de deux décès. NB : le permis de tuer n'est valide qu'en tant que l'heure officielle du démarrage de la coupe du monde n'est pas encore atteinte. Si aucun nouveau participant n'a pas pu être tué d'ici l'heure en question, l'article 4 cesse d'être actif et le tournoi se déroulera alors comme prévu initialement, le participant déjà mort étant simplement remplacé par un candidat issu de la même faction, suite à une loterie programmée pour ne faire émerger qu'un remplaçant d'un niveau supérieur ou égal à celui du remplacé.

Vade-mecum de la coupe des meuporgs, page 12.





Blue toqua d'abord, actionna la poignée en diamant ensuite, et poussa enfin la porte d'entrée de l'antre climatisée du directeur général de l'URR. L'éphèbe fit deux pas dans la pièce et s'arrêta net, de bouger de penser et de respirer, surpris qu'il était par la présence de toutes ces bonnes gens. Il reconnut Tao Paï Paï ainsi que le professeur Humblee Goue. Le premier avait apparemment troqué la tenue jaune poussin arborée quelques heures plus tôt pour une tunique en tous points identique sinon le coloris ; bleu ciel. Goue se noyait quant à lui dans une longue veste gothique blanche en droite provenance des collections Morpheus. Blue reconnut aussi Hiéronimus Gero, pour l'avoir vu arpenter l'estrade de la cérémonie d'ouverture clôturée deux heures en amont. Blue tenait un meuporg organique dans les bras, lesquels bras lui en tombèrent lorsqu'il percuta enfin : Gero se tenait dans le fauteuil de Red. Le meuporg fit une chute libre d'un mètre mais se réceptionna avec la grâce d'un chat. Tao Paï Paï fut d'ailleurs le seul à percevoir le “toc” de l’atterrissage, lui qui n'avait pourtant pas du tout l'attention focalisée sur cette scène-là puisqu'il regardait quelque chose à travers une certaine baie vitrée, ignorant l'entrée et la présence de Blue. Humblee pianotait quant à lui sur une sorte de calculatrice, depuis sa chaise excentrée, tout sourire. Red faisait de son côté face à Gero comme qui passerait un entretien d'embauche. Le meuporg bondit bientôt sur les genoux de Barnaby qui se mit — si tôt fait — à le caresser.



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— Alors, Franklin a bien fait sa petite promenade du soir ? souffla le directeur depuis sa vulgaire chaise.

Franklin, le meuporg de Red. Blue referma la porte d'entrée. Il épousseta ensuite son bel uniforme militaire tâché par la cuisse de poulet dont Franklin avait refusé de se départir lorsque Blue l'avait pris dans ses bras pour le ramener à son maître.

— Oui, monsieur.

B. Red faisait dos à Blue et ne s'était pas retourné pour lui poser sa question. La honte le lui interdisait.
Et cela Blue l'avait compris, aussi n'aborda-t-il pas le sujet de la présence de Gero sur le fauteuil en cuir.

— Le capitaine John Staar est mort, fit Blue de but en blanc. Tout porte à croire qu'il s'agit d'un suicide.

Humblee Goue qui avait entendu l'annonce d'une oreille partit dans un fou rire instantané, avant d'y aller de son petit mot.

— Alors, c'est lequel de vous trois ? lâcha gaiement le professeur, en replongeant le nez dans sa calculette.

Tao Paï Paï, Hiéronimus Gero et Barnaby Red échangèrent un “regard à trois”.
Tao fut le premier à casser la chaîne en reportant — lentement et sans mot dire — son attention sur la baie vitrée.

— Tiens, Capitaine Wilpher, tant que vous êtes là, j'ai une question pour vous ! scanda soudain Gero sur un large sourire.

“Quand je t'aurais arraché la langue on verra si tu arrives encore à parler avec autant d'assurance” fut la réplique qui caressa l'esprit de Blue. Il ne la formula pas, de peur que Gero la fasse payer à Red d'une manière ou d'une autre. Cela étant, Blue attendait un quelconque feu vert de la part du directeur, pour répondre civilement à Gero. La complète minute de silence qui suivit valut feu vert par défaut.

— J'écoute, abdiqua finalement le bras droit de Red.

— Vous êtes du canton de Bathavare non ?

— Affirmatif, lâcha machinalement le numéro 3 de l'URR, sans même accorder un regard à l'adolescent.

— Là-bas à ce qu'il paraît vous aimez beaucoup la bière, le foot et les tournois amateurs de meuporgs. Alors dites-moi, sauriez-vous par hasard combien d'argent brasse annuellement l'économie du football mondial ? Même question pour l'économie mondiale des combats de meuporgs.

— Dans les 600 milliards pour le football, et dans les 400 milliards pour tout ce qui gravite autour des meuporgs.

— Comme dirait l'autre : Faux !

— …

— Depuis que la chasse et les combats de meuporgs mécaniques sont officiellement devenus un sport réglementé, ce créneau pèse beaucoup plus lourd que le football pour ce qui est de la popularité et de l'argent brassé annuellement. S'il y a un domaine dans lequel se faire beaucoup de thune très vite c'est celui-là, que ce soit en tant que joueur, en tant que parieur, ou encore en qualité de promoteur. Mais tout cela concerne uniquement les meuporgs mécaniques. Les 400 milliards dont vous parlez - votre chiffre est faux mais passons - ne tiennent pas compte de l'économie souterraine de ce “sport” que représentent la chasse et les combats de meuporgs. Cela étant, savez-vous quel est le nerf de l’économie souterraine en question ?

— …

— En août 702, Les meuporgs mécaniques ont officiellement été reconnus par décret Gouvernemental comme n'ayant pas d'âme. Décret qui à ce jour ne concerne toujours pas les meuporgs organiques. Raison pour laquelle les combats de meuporgs organiques sont interdits. Même les matchs dits “amicaux” ont été prohibés puisque le législateur a voulu éviter les zones grises. Mais je ne vous apprends rien en vous disant que tout ce qui est interdit est rare. Et que ce qui est rare est précieux. Les combats clandestins de meuporgs organiques, voilà le nerf de l'économie souterraine dont je parle ; et croyez-moi, du côté sombre de la force il y a de quoi avoir le vertige quant aux flux monétaires annuels.

— …

Blue avait décidé de ne s'embêter à répondre que lorsqu'une question lui serait explicitement posée.

— Tu attends une question ? Qu'à cela ne tienne, je vais t'en poser une, de question, rebondit Gero sans hargne. Dis-moi, Julien Wilpher, sais-tu qui est à la tête de la face politiquement correcte de l'économie mondiale des combats de meuporgs ? Même question pour la partie invisible de l'iceberg.

— …


Finalement, Blue avait décidé de ne pas s'embêter à répondre, même lorsqu'une question lui serait explicitement posée.

— Allez, je t'aide, concéda Gero, mi-complaisant mi-intimidé. Les réponses sont respectivement : Barnaby Red et son beau-frère : Lord Jaguar.

— …

— Dans le jargon je crois que c'est ce qu'on appelle une arnaque en bande organisée, asséna Gero en haussant le ton. Red joue la devanture présentable et amasse l'argent propre pendant que Jaguar compte les billets sales dans l'arrière-boutique. Ainsi prospéra l'Empire familial. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de bébés biffetons en investissant à tour de bras tout en casant leurs petits pions un peu partout au Gouvernement.

— Bon dieu…, souffla soudain Tao Paï Paï en se désolidarisant de la baie vitrée pour aussitôt prendre la direction de la sortie. Je me suis endormi debout au moins trois fois depuis que vous avez commencé à parler politique. Red, j'ai à vous parler en privé, lorsque vous en aurez fini avec tous ces gens faites moi rappeler. Si vous ne me trouvez pas dans mes appartements c'est que je me promène dans les jardins.

— Oh, monsieur Je-m'invite-tout-seul-dans-le-bureau-de-Red nous quitte-t-il déjà ? minauda Gero, feignant la tristitude.

— On se retrouve au premier coup de sifflet du tournoi, rétorqua Tao fils sans un regard pour l'adolescent.


Sans freiner sa marche non plus. D'ailleurs deux secondes plus tard Tao Paï Paï disparaissait dans le couloir adjacent.

— Bon, qui pour aller dire à Tao que l'article 4 est actuellement actif ? lança Gero en se frottant les yeux de sommeil.

— Apparemment Tao Paï Paï ne s'est pas embêté à lire les règles du tournoi ; sinon il aurait déjà tué Gero sans laisser aucune trace, rien de plus facile pour un assassin professionnel comme lui. Du coup au moins maintenant je sais que ce n'est pas notre monsieur à la natte qui a tué John Staar. Reste donc Gero et Red, sourit Humblee en toisant arbitrairement Hiéronimus du regard.


L'étudiant rendit au professeur son sourire, paresseusement.

— Vous oubliez un certain quelqu'un, mais ça ne fait rien. Wilpher, pourrais-tu refermer la porte s'il te plaît ? Ce serait dommage qu'une oreille indiscrète capte au vol des éclats de ce que se dit ici. Car ce sont des choses importantes qui se disent là, ce soir, tu ne penses pas ? sourit Hiéronimus en étouffant cette fois un bâillement.


— Comment… comment as-tu fais pour savoir tout ça ? murmura Red, presque imperceptiblement.

— Pour vous et Jaguar ? Toujours garder contact avec celle qui fut votre voisine de table à l'école primaire, Barnaby. Toujours.

— Encore cette fille…, chuchota le nain en se blanchissant les phalanges.

— Non, cette fois c'est sa grande sœur. Qui est d'ailleurs - comble de l'ironie - une ancienne élève du département de journalisme de l'URR. Bon sinon à part ça, mon ami Julien, tu dois certainement te demander quel rapport peut bien avoir Humblee avec toute cette histoire ? Non ?

— …


Cette interrogation de Gero n'appelant pas à une réponse, Blue ne s'embêta pas à desserrer les dents. Hiéronimus n'avait de toute façon pas complètement rabattu ses lèvres après avoir formulé sa question, signe qu'il s'apprêtait à enchaîner directement.

Ce qu'il fit.

— Eh bien professeur Humblee, on fait quoi, j'explique ou vous le faîtes vous-mêmes ?

Humblee Goue répondit par un coucou de la main assez hors sujet, mais le sourire y était. Le sourire parfait d'un cinquantenaire qui s'était entraîné toute sa vie à taper des bananes de circonstance devant sa glace. Entraîné à sourire pour le jour où il recevrait le prix nomel d'informatique. Jour de gloire qui ne lui arriva jamais. La déception lui coûtait deux cases chaque année. Sachant qu'il visait le prix nomel depuis ses 12 ans, la facture s'élevait de fait à 40 ans de déception. Ne restait plus qu'à faire la conversion en cases perdues.

— Je serai la taupe de l'histoire, sourit - de toutes ses dents blanches comme un linge - l'illuminé aux longs cheveux poivre et sel, tout en avisant Blue d'un regard éteint qui générait de fait un contraste extrêmement perturbant entre la partie supérieure et la partie inférieure de son visage imberbe. Pour comprendre mon rôle dans l'histoire il faut déjà savoir que l'auteur avait envie de créer un informaticien un peu taré pour marquer la dichotomie avec l'autre informaticienne majeure du scénario, bien plus propre sur elle ! Ensuite il faut savoir qu'à chaque fois qu'un meuporg mécanique est synchronisé par son dresseur, le matricule dudit meuporg change sur tous les meupodex du monde et passe par exemple de C-344 à C-344-JL322. L'indice “JL322” correspondant au numéro d'identification du dresseur, lequel numéro aura été attribué audit dresseur dès sa première capture effectuée avec du matériel conventionnel génération digitale. Pour résumer simplement : en utilisant n'importe quel MG4, il est possible de savoir qui possède quoi, qui a échangé quoi avec qui et contre quoi. Dans la mesure où de nos jours 99% des dresseurs utilisent du matériel de génération digitale : la transparence sur les transactions est totale.

— Raison pour laquelle l'URR et son directeur ne peuvent pas aller taper dans leurs stocks de meuporgs overcheatés pour m'en filer en cachette et s'assurer ainsi que je gagne facilement le tournoi, reprit Gero en bâillant pour de bon cette fois. S'ils essayent de synchroniser à mon nom des meuporgs qui ne sont pas les miens, cette transaction pourra se voir sur les meupodex. Or le code de procédure du tournoi veut que l'arbitre vérifie sur son MG4 les ID et flux transactionnels de chaque participant avant de donner le coup de sifflet initial. Et s'il vérifie mes flux, il verra rapidement qu'il y a eu magouille.


— Et c'est là que j'entre en jeu ! enchaîna fièrement le docteur en génie informatique. Attention, pavé en approche. S'il y a des gamers dans la salle, vous n'êtes pas sans savoir qu'autant hacker un gros jeu en ligne c'est la croix et la bannière autant cracker un petit jeu sur DVD c'est de l'eau à boire à priori. Bah c'est pareil pour les meupodex. Je suis capable de traficoter un meupodex ou un réseau local mais pas d'infiltrer le réseau mondial. Du coup, jeune homme, rien qu'avec ce que je viens de dire tu as déjà les éléments pour comprendre que je m'engage dans une mission suicide, fit remarquer Humblee à Blue. Mais ne t'inquiète pas, je te vois confus, je vais préciser. Ma mission est de parvenir à hacker mon propre meupodex avant 6 heures du matin. Ce hack consistera au fait d'intervertir dans ce MG4 les ID de Gero ci-présent et de Cédric Igor Dee, l'un des plus brillants étudiants du département meuporg affairs. Cette interversion permettra de mettre les meuporgs de Cédric - avec la complicité de ce dernier - au nom de Gero sans risque de se faire choper par l'arbitre pour transaction frauduleuse. Mais tu auras probablement compris, maintenant, qu'il va aussi falloir encoder la nouvelle base de données du meupodex hacké dans le meupodex de l'arbitre. Ce dernier loge actuellement sous haute surveillance dans une résidence au sud des collines de Vinewood. Il y a des snipers partout autour de ce duplex quadrillé au sol par une délégation tripartite d'officiers Gouvernementaux et Impériaux, sans oublier le détachement armé de l'URR et la présence très probable d'au moins un membre de la GN : C-17, selon mes sources, mais ça reste à vérifier. Bref, approcher l'arbitre à moins de 50 mètres sans se faire descendre comme un lapin : mission impossible. Or pour faire entrer le meupodex de l'arbitre et le meupodex hacké en réseau local pour ensuite les synchroniser il va falloir que le rayon de distance entre les deux appareils soit au grand maximum de 30 mètres. Une fois dans la zone des 30 mètres j'infiltrerai le meupodex de l'arbitre et la synchro prendra 10 secondes chrono. Pour atteindre cette zone des 30 mètres, je vais devoir foncer dans le tas au volant d'une voiture blindée équipée de charges pyrotechniques. Une fois dans les jardins de la résidence - donc là où se trouve la zone des 30 mètres - je me ferai descendre par les snipers en quelques secondes. Plus de dix, espérons. Les tireurs penseront que j'avais l'intention d'entrer dans la villa pour attenter à la vie de l'arbitre. Ils jugeront que ma mission a échoué. Je suis mort. Fin de l'histoire.

— Et maintenant tu te demandes pourquoi ce cher professeur Humblee a accepté d'aller au casse-pipe ? se gaussa Gero. Une statue en or massif de sa personne. Haute de 40 mètres et disposée dans l'une des artères du campus. 40 mètres : un pour chaque année perdue à quêter le Saint-Graal pour rien.


Humblee sourit crescendo en gonflant la poitrine, comme envahi par une énorme bouffée d'émotion.

— Je me demande surtout ce que tu aurais fait s'il avait refusé, s'autorisa Blue. En lui proposant cette mission suicide, vous étiez contraints de lui divulguer en amont des informations confidentielles et compromettantes. Le refus est une chose. La présence d'infos dans la tête en est une autre.

— Essaye encore, t'arriveras pas à me faire passer pour le méchant de l'histoire, se braqua Gero en se redressant sèchement sur son fauteuil pour aussitôt pointer Blue d'un index impérieux. J'ai sauvé ce no-name de l'enfer de l'anonymat !

— 1-0 pour le futur chauve moi je dis, souffla Humblee Goue en levant la main comme à l'école, sans détacher ses yeux bleus-verts de la calculette - qui n'en était pas une - dans laquelle il avait replongé le nez.


Blue lâcha l'affaire et laissa le point à Gero lorsqu'il se rendit compte que Red caressait Franklin suivant une séquence correspondant à un message codé. Lequel code fut aussi bien compris par le meuporg domestique que par le bras droit du directeur. Bras droit qui — bien évidemment — fit ensuite mine de rien.

— Parfait ! lança Gero en croisant les bras sans plus sourire. Tu as cassé mon délire Julien, donc je vais y aller un peu plus cash. Je ne sais pas comment vous voyez la situation actuelle mais voilà comment moi je la vois : Hiéronimus Gero est au courant de la combine Red-Jaguar. Hiéronimus Gero est aussi au courant de ce qui se cache au sous-sol n°9.

Blue s'étouffa au dedans tout en restant parfaitement de marbre au dehors.
“Ce gosse, au courant du secret gardé à l'avant-avant-dernier sous-sol de la tour ? Vraiment ?”

— Et oui, Julien. Tu as raté cet épisode de notre petite conversation avec Red, je crois. Bon, je te la refais en version courte : Je sais ce qu'il y a - et surtout ce qu'il n'y a pas - au sous-sol n°9 de la tour du muscle ; et je n'hésiterai pas à inonder les internets avec cette information si vous tentez de me la faire à l'envers. Pareil pour la combine Red-Jaguar, à la minute où je sens le vent tourner soyez certains que toute la planète saura tout ce qu'il y a à savoir sur nos deux criminels en col blanc.


Gero se leva du fauteuil et prit la direction de la porte de sortie, qu'il ouvrit tranquillement, s'apprêtant à la passer.

— Une dernière chose, je ne sais pas ce que vous mijotez avec Franklin, mais j'espère que vous n'avez pas fait un truc du genre me lancer une attaque Psy qui me fera oublier tout ce que je sais à l'instant-même où je franchirai le pas de la porte. J'ai des backups partout, les gens. Ce que vous me faîtes oublier je saurai m'en rappeler. Et si je ne m'en rappelle pas ou que je meure d'ici au lever du soleil, sachez que la procédure de diffusion sur les internets se fera automatiquement. Sur ce, je vous fais grâce de mon départ ; et Barnaby, bien entendu, que je gagne le tournoi ou pas ne solde pas nos comptes, nous n'en sommes vous et moi, j'en ai peur, qu'au début d'une longue histoire d'amitié. N'est-ce pas ?

— …

— Oui, vous avez bien raison de me mettre un vent. La réponse est si évidente qu'elle se passe de mots. Excusez-moi pour ça. Mais il est tard monsieur, il faut que je rentre chez moi. Je vous ai laissé des bonbons dans le tiroir de votre bureau. Comme l'aurait fait n'importe quel ami, n'est-ce pas. Bonsoir.


Gero prit congé, claquant la porte aussi violemment qu'un bras de quasi-anorexique pouvait le permettre.
Trois longues minutes coulèrent ensuite sans qu'aucun mot ni geste ne soit esquissé ni par Blue ni par Barnaby Red.
Il fallut qu'un premier “miaulement” de Franklin éclose pour bousculer les esprits anesthésiés et délier une langue sur deux.

— Tu peux disposer Julien. Fais appeler Tao Paï Paï et va te reposer un peu. Tu cours partout depuis ce matin.

— Oui, monsieur.

— Ne t'inquiète pas, on s'en sortira.

— Oui, monsieur.

— Au fait, le reste du comité a-t-il trouvé un remplaçant à John Staar, finalement ?

— Un certain Sydney Strangelove Jr.

— Bien. Tu penseras à me faire parvenir le PV de la procédure.

— Oui, monsieur.


La honte interdisait encore à Red de se tourner vers son bras droit.
Ce dernier ne s'en formalisa pas et prit la porte, sans l'ombre d'un bruit.
Humblee emboîta bientôt le pas du blond, oubliant au passage de refermer la porte.
Tao Paï Paï s'en chargea, en entrant quelques minutes plus tard dans le bureau climatisé.

— Je vois que vous avez repris place sur votre fauteuil, s'amusa Tao fils en toisant Red du regard.

— …… Cette journée a été vraiment longue.

— Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas l'autre cure-dent. Je vais faire vite et bien, promit Tao Paï Paï en prenant rapidement place sur la chaise précédemment occupée par Red ; chaise encore chaude mais Tao ne fit pas la remarque et se contenta de fixer Red droit dans les yeux, pour ne pas perdre de vue l'objet de cette entrevue. Je sais ce que vous m'avez fait. Et je viens aujourd'hui demander réparation…

— …

— Mon père, mes frères et mes sœurs. Le monde entier. Personne ne me croit. Mais moi je sais. Je sais que durant mon stage au palais royal il y a cinq ans, vous avez conclu un marché avec le Gouvernement, dans le dos de Médor VI, pour vous servir de moi comme cobaye. Et vous avez réussi à tout me faire oublier. Vous avez effacé ma mémoire. Mais il y a une chose que vous n'avez pas su effacer : mon immortalité. Je ne vieillis plus. Et si je ne vieillis plus c'est que je suis un meuporg mécanique. Un meuporg créé par vous.

— …… C'est très grave ce que tu dis, Tao. As-tu au moins des preuves de ce que tu avances ? As-tu fais constater ton absence de vieillissement par voie médicale ? Tu as une attestation écrite ?

— Ne vous foutez surtout pas de moi… Red, murmura Tao fils en se caressant la moustache tout en arquant un sourcil.

— Je n'oserais pas. J'aimerais juste savoir comment cela se fait que tu sois immortel et que ça n'ait pas encore fait la couverture des journaux. Alors que tu ne cesses de le crier tout le temps sur tous les toits. Et puis si tu es vraiment un meuporg c'est que tu as une capacité spéciale. T'es-tu découvert une capacité spéciale ?

— Je n'ai pas encore découvert ma capacité spéciale, mais ça ne veut pas dire que je n'en ai pas une, puisque je suis un meuporg. C'est un fait. Des preuves indéniables j'en ai un carton plein. Red, ça va faire cinq ans que je n'ai pas pris une ride et que je ne suis pas tombé malade une seule fois. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé.

— Eh bien tant mieux, tu es donc de ceux qui possèdent un corps très sain et qui mangent certainement cinq fruits et légumes par jour. Qu'est-ce que tu veux que je te dise d'autre ? Pourquoi tout de suite parler d'immortalité ? souffla Red, tout désinvolte.

— Cessons ce jeu, somma l'autoproclamé meuporg en posant la moitié d'un index sur le rebord du bureau, tic que Red sut traduire par “je n'aime pas me répéter et tourner en rond…… vraiment pas.”

— De toute façon, quel genre de compensation attends-tu de moi ? C'est pas toi qui as dit sur l'estrade tout à l'heure que tu allais gagner le tournoi les mains dans le dos ? 3 milliards ne te suffisent donc pas ?

— Vous les avez pris où ces trois milliards ?

— On avait dit “vite et bien”…

— Ça m'intéresse.

— Subvention du Gouvernement. Prêt de l'Empire. Caisses de l'URR. Fortune personnelle. Les états financiers du comité sont parfaitement transparents et validés via commissaires au compte. L'affaire est déjà classée.

— Ça vous arrive de manipuler autre chose que de l'argent sale, donc. Bien. Tous les films mafieux dont vous vous êtes, dit-on, gavés dans votre jeunesse - et qui vous ont quelque part mené à ce fauteuil - ne vous sont pas trop montés à la tête. Le contraire m'aurait embêté. S'il y a bien une chose que je déteste c'est de voir mon compte en banque être gelé par une enquête fédérale sur fond de blanchiment d'argent. Me suis-je fais comprendre ou dois-je me “répéter” ?

— Ces trois milliards sont blancs comme neige. Si tu gagnes le tournoi, tu n'auras pas à t'inquiéter pour ça.

— Parfait. À ceci près que je ne vois pas l'utilité de parler au conditionnel de notre victoire à Wheelo et moi. Mais passons.

— …

— Dites moi : où est Franklin ?

— Sur mes genoux. Pourquoi ?

— Posez-le sur la table et n'approchez pas vos mains de lui jusqu'à ce que je sois sorti de ce bureau.


Red d'abord incrédule s'éxécuta finalement sans faire d'histoires.

Tao attendit que Franklin ait repris ses aises sur le meuble pour relancer la conversation.

— C'est un meuporg non référencé.

— Effectivement. Tu ne le trouveras dans aucun meupodex.

— Quelle est sa capacité spéciale ?

— Franklin est de type Vigile.

— Mais bien sûr. Selon ce que vient de me souffler Gero dans le couloir, le bruit court que Franklin est plutôt de type “ce qui se passe à Vegas reste à Vegas”. Aussi j'ose espérer que vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que je m'en aille par la baie vitrée au lieu de sortir par la porte, une fois notre petite entrevue terminée ? Simple mesure de prudence, des fois que l’activation du pouvoir de Franklin se jouerait sur le fait de quitter votre bureau par la sortie “officielle”.

— Tu veux défoncer ma vitre ? Elle est blindée, oublie ça tout de suite.

— Une vitre blindée n'arrête pas un Tao.

— …

— Bien. Maintenant ouvrez grand vos oreilles. Si personne ne me croit quand je dis que je suis immortel moi j'y crois dur comme fer. J'ai donc naturellement mené mon enquête pour tirer toute cette histoire au clair. Laquelle enquête m'a fatalement mené à une découverte. Et vous devinez laquelle, n'est-ce pas ?

— ……… Oui. Ça fait deux minutes que j'ai deviné. Mais je préfère te laisser l'annoncer toi-même… pour ne pas me faire entuber…

— Le sous-sol n°11 et le projet Meupo-Tsunami.

— …

— Je sais tout. Et je sais surtout le plus important : le plan Meupo-Tsunami sera paré au lancement dans 3 jours pile. Le Tsunami ne sera pas opérationnel avant cette date, raison pour laquelle vous paniquez tant quant au fait d'être attaqué trop tôt par l'Empire ou le Gouvernement. Attaqué aujourd'hui, par exemple. Vous êtes vulnérable pour l'instant. Mais dans 3 jours vous n'aurez plus peur de rien ni personne et c'est alors non pas la planète Terre uniquement mais le système solaire tout entier qui vous mangera dans la main, Red. D'ailleurs votre timing n'est pas hasardeux. Le tournoi à venir ce matin est une couverture idéale : la meilleure manière que vous avez trouvée pour détourner l'attention de tout le monde loin de votre projet durant la période la plus tendue de son apprêtage, c'est-à-dire aujourd'hui, demain et après-demain…

— …… Combien ?

— Disons 3 milliards. C'est un joli chiffre.

— Tu n'y penses pas. 3 milliards juste pour que tu tiennes ta langue trois jours ? Ce qui fait 1 milliard par jour ? C'est trop.

— Ah non. Vous ne suivez pas. Quand je dis 3 milliards, ça veut dire 3 milliards par jour de silence.


Red, pour toute réponse, ferma les yeux, sans mot dire, saisi d'un vertige passager.

— 9 milliards donc. Libellés pour moitié en devise nationale et pour l'autre en titres sur les gisements d'hydrocarbures du plateau continental, reprécisa Tao fils. Hm…… et puis, soyons fous, arrondissons les 4,5 milliards de zenis à 5 milliards. Ça vous va ? Bien sûr que ça vous va. Tous ces montants ne sont que de la petite monnaie pour vous. Souffrez donc que j'allège un peu votre portefeuille.

— …

— Bien. Affaire classée. Par contre ouvrez les yeux parce que je n'ai pas fini.

— Quoi encore, souffla le directeur exténué en ouvrant un œil sur deux.

— John Staar.

— Ce n'est pas moi…

— Ni moi.

— C'est Gero alors…

— Ni lui ni Wheelo.

— …

— Avez-vous déjà entendu parler de la malédiction des plumes noires ?

— Cette légende urbaine catégorie fantôme de l'opéra ? Des blagues d'étudiants…

— Je ne crois pas qu'il y ait un seul étudiant de cette université qui ait le niveau qu’il faut pour liquider ce John Staar.

— Pourquoi tu me parles de cette légende urbaine ? L'enquête a avancé ?

— Celle de la commission, non. Celle du Ministère fédéral, oui.

— Et donc… ?

— Le corps retrouvé était un faux.

— …

— C'était un meuporg métamorphe invoqué par John Staar pour servir de leurre au cas où quelqu'un chercherait à le tuer dans la nuit. Le vrai corps est introuvable. J. Staar n'est pourtant pas ressorti de ses appartements depuis la dernière fois qu'on l'a vu y entrer. Sorti ni par la porte ni par les fenêtres, affirment les vigiles de son immeuble. Affirmations confirmées par les bandes vidéo des caméras de surveillance : personne n'est entré, personne n'est sorti. Évaporation totale, pure et simple de monsieur Staar. Et justement la cellule d'enquête fédérale s'est rendue compte, en fouillant sa chambre, que son lit n'était étonnement plus capitonné avec de la laine et de la mousse… mais avec des milliers de plumes noires. Des plumes de corbeau.

— …… Cette journée est vraiment… longue.

— La probabilité que John Staar ait été visé au hasard est de 0%.

— … Et tu as une idée du ou des responsables ?

— Savez-vous quel est le meuporg considéré à ce jour comme étant le plus puissant du monde ?

— … C-17 ? Tu penses que C-17 est responsable de l'évaporation de John Staar ?

— Doucement, vous allez trop vite.

— …

— Savez-vous pourquoi C-17 est considéré comme étant le plus fort ? Sachant qu'en théorie les meuporgs allant de C-0 à C-16 sont pourtant tous censés le surclasser sur le papier.

— Parce que les meuporgs allant de C-0 à C-16 n'existent pas. Ou n'ont encore jamais été observés dans la nature.

— Eh bien laissez-moi vous annoncer que C-X rôde dans la nature à la minute où vous parlez.

— C-X ?

— Remplacez juste le “X” par n'importe quel chiffre allant de 0 à 16 et vous comprendrez que l'un des meuporgs qui n'appartenait jusqu'ici qu'à la légende est désormais en train de faire son entrée sur la grande scène du jeu des trônes qui vous occupe Médor VI, Danmarine et vous-même.


Les yeux de Red se dilatèrent tandis qu'il desserrait le col de sa chemise, en proie à une suffocation subite.

— Entendons-nous bien, C-X n'en a pas après vos “trônes” respectifs. C'est du moins la conclusion à laquelle je suis arrivé après avoir mis en parallèle tous les faits divers puis toutes les affaires juridiques ayant eu trait au dossier “malédiction des plumes noires”. Et de cette étude comparée, j'ai tiré une première certitude : C-X n'est pas en quête de pouvoir absolu ; ni même relatif. Du moins ce n'est pas l'impression qu'il me donne.

— Et quelle impression est-ce qu'il te donne ? souffla Red d'une voix triplement nouée.

— L'impression d'un meuporg mécanique qui s'en revient d'un très long voyage loin de la planète Terre. Et qui se découvre la mauvaise surprise - en rentrant à la “maison” - de voir que tous ses congénères ont été asservis par l'homme durant son absence. Que ses frères meuporgs ont été réduits à l'état d'animaux domestiques au mieux ; de chair à canon au pire.

— Non… ça ne joue pas, tiqua Red, qui se sentait par ailleurs de plus en plus à l'étroit dans son fauteuil ; voire dans son bureau ; voire sur la planète Terre. Premier problème : si C-X est un meuporg mécanique, alors il est censé être programmé pour être incapable de nuire à l'homme de son propre chef. Pas seulement incapable de nuire, d'ailleurs, mais même de chercher à nuire. Et là je te renvoie aux trois lois de la meupotique. Alors - partant de là - comment ton C-X se serait-il débrouillé pour annihiler John Staar ? Deuxième problème : les meuporgs du capitaine Staar ont tous été tués. Ce qui invalide sans autre forme de procès ta théorie du meuporg indigné venu défendre et venger ses congénères.

— Les meuporgs de John Staar c'était moi.

— …… Pardon ?

— Je me suis infiltré dans la chambre du capitaine Staar à l'insu des caméras. J'ai tué ses meuporgs et j'ai tué le faux John Staar en pensant qu'il s'agissait du vrai.


Le regard de Red se fit erratique… puis accablé… puis accablant.

— Moins il y a de concurrence mieux je me porte, fit alors Tao fils, sans sourciller. Au début je ne savais même pas que c'était possible de tuer un concurrent. Puis Tao Feï Meï m'a conseillé de lire la page 12 du livret de règles du tournoi…

— Tss…

— Votre avis m'intéresse si peu.

— Et pourquoi n'as-tu pas encore tué Gero alors ? Tu aurais déjà gagné la coupe du monde d'office si tu l'avais fait…

— J'allais le faire. Puis je me suis demandé pour quelle raison j'ôterais la vie au futur DG de Tao Petroleum Industries.

— Tu veux lui confier les clés de ton business après les événements ?

— Ne soyez pas sot ; mon business brasse trop large pour que cet enfant puisse tout superviser de manière efficiente. Je lui confierai juste cette entreprise-clé, sachant que j'aurais besoin d'un gestionnaire compétent pour s'occuper de la paperasse. Je suis un homme de terrain et rien d'autre. La bureaucratie, je la lui laisserai volontiers.

— Des gestionnaires compétents, il y en a d'autres de par le monde. Et je ne parle même pas de personnes, mais de logiciels.

— Vous connaissez beaucoup de logiciels capables de transformer 1 zeni en 1 million de zenis sur commande ?

— Parce que Gero saurait faire ça ?

— Lâchez-le trois jours sur une place boursière et tout le monde l'appellera L'Alchimiste.

— Bon. Viens-en au fait.

— Mais est-ce bien utile ? Vous avez déjà compris où je veux en venir.

— Alors je refuse. C'est trop facile.

— Facile ou pas, vous allez lui réserver une place dans votre Arche. À moi aussi, cela va sans dire.

— S'il survit au déluge, il me mettra des bâtons dans les roues, en grandissant.

— Votre destin m'intéresse si peu.

— …

— Une dernière chose : au cas où vous n'auriez toujours pas percuté, le véritable John Staar ce n'est pas moi qui en ai disposé. C'est C-X. J'en suis sûr à 100%. Ce meurtre-là ne peut être que l'œuvre d'un meuporg. Et c'est l'assassin professionnel qui vous parle.

— S'il y a bien eu meurtre - ce qui reste à prouver - alors c'est du gâchis pur et simple. Staar traitait bien ses meuporgs. Ce n'était pas un esclavagiste…

— Je pense que C-X ne fait aucune différence entre un bon dresseur et un mauvais dresseur.

— Tu… tu crois qu'il veut… tous les éliminer ?

— Jusqu'au dernier.

— Sainte-Mère……

— Et pas que les dresseurs. Il n'y a qu'à voir Rachid Deuff. Ce n'était pas un dresseur et pourtant il n'y a pas coupé. Tout ce qui a un jour touché de près ou de loin à l'exploitation de ne serait-ce qu'un seul meuporg est dans le viseur de C-X. Son jugement est implacable et il n'épargnera rien du tout ; comme la météorite ayant naguère anéanti le règne des dinosaures.

— …

— Il a une liste de cibles prioritaires apparemment. Et John Staar a vraisemblablement été ajouté à cette liste dès l'instant où il a eu le malheur de gagner au tirage au sort dont Alphonse Dandon a communiqué les résultats tantôt.

— …… Alors tu penses que Wheelo, Gero et toi êtes les prochains sur la liste ?

— Je pense que Wheelo, Gero, vous et moi, sommes les prochains sur la liste.




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Quand le gouverneur Danmarine vous intercepte dans le couloir menant à votre chambre pour vous cuisiner au sujet de la disparition de John Staar, et que vous ne tardez pas à vous rendre compte que vous prêchez en fait un convaincu, qui change d'ailleurs bientôt de sujet et propose de vous offrir l'un de ses meuporgs histoire de vous éviter une humiliation littéralement internationale au tournoi que vous vous apprêtez à disputer dans quelques heures, quand une chose pareille arrive, vous vous réveillez. Car une telle chose ne peut arriver qu'en rêve.

En théorie.

— J'insiste. Prend ce Truc, ce n'est pas grand-chose, mais ça pourrait t'aider.

Gero baissa lentement les yeux pour réaliser que Danmarine venait bien de lui glisser un Truc dans la main droite. Les pupilles affolées du jeune garçon s'attardèrent sur ce mythique gant blanc qui enveloppait — en cet instant hors du temps — sa frêle main adolescente. Frêle, moite et bientôt tremblante, et pour cause : “le n°2 de l'Empire m'a serré la main”. Gero qui jusqu'ici était notoirement considéré comme quasi-anorexique pouvait désormais officiellement se passer du “quasi” ; la faute aux millilitres perdus en sueur froide à l'instant de la fantasmagorique poignée de main.

— Prend-le. Il est non-synchronisé.

— M……… Merci.

— C'est moi.


Gero ne sut plus où se mettre. Comment ? Comment expliquer à Danmarine — qui était pourtant le mieux placé pour le savoir — que les règles du tournoi n'autorisaient pas les transferts tardifs ? Non, Hiéronimus ne se trouva pas la force de le dire. Ne s'était pas trouvé la force de le dire, puisque cet épisode n'était déjà plus qu'une réminiscence. Le couloir qui avait servi de théâtre à cette scène onirique n'accueillait plus que l'adolescent et le parfum boisé-fruité du général. Ce parfum auquel Gero s'accrochait lorsque lui revenait la tentation de penser qu'il avait rêvé. Ça c'était passé si vite. Si vite. Et puis ce couloir était si fastueux et si bien éclairé que tout convergeait au final vers le champ lexical du rêve. Hiéronimus posa une main sur sa poitrine, pour réaliser que son rythme cardiaque avait repris un cours normal, au bout de cinq minutes. L'adolescent s'autorisa alors à détacher son postérieur des somptueux carreaux tandis que son dos se désolidarisait du mur constitutif de la moitié du couloir. Le couloir St-Joka ; qui à dater de ce soir avait de quoi être rebaptisé couloir “J'ai parlé à Danmarine ici”. Gero sourit à cette idée… et reprit route vers sa chambre.

Tandis qu'il progressait dans l'interminable boyau de pierre noble, l'étudiant lova bientôt délicatement le Truc dans la poche de sa chemise manches courtes. Ceci fait, il ouvrit enfin sa main gauche, celle dans laquelle Danmarine avait glissé une carte de visite ; cette même carte que Gero prit désormais la liberté de détailler du regard tandis que les mots du général creusaient encore leur trou dans sa tête pourtant déjà saturée de stratégies à tenter durant la coupe du monde à venir.

“Je ne crois pas une seconde à cette histoire de bug. Par contre je crois que tu es une personne intelligente. Et l'Empire manque cruellement de gens cérébraux. Voici ma carte. J'ai bricolé tout ça à l'arrache juste avant de venir te voir. Tu gardes tout ça pour toi. Le numéro et l'adresse sont opérationnels.”

Gero sourit. Il n'avait pas l'intention d'accepter l'invitation, la conquête du système solaire ne la passionnait pas plus que ça. Le fait d'embrasser le côté sombre non plus. N'empêche que c'est l'intention qui compte et l'égo du jeune étudiant ne saurait déjà plus s'habiller en L depuis cette inoubliable rencontre avec le général Danmarine, gouverneur colonial de son état. Tellement inoubliable d'ailleurs qu'Hiéronimus — en se remémorant la poignée de main échangée — sourit cette fois jusqu'aux oreilles. Sourire qui s'évanouit aussitôt, lorsque les yeux du surdoué se posèrent sur une nouvelle série de mots, celle-ci gravée sur un papier scotché sur une porte fermée. La porte de leur chambre à Wheelo et lui.

Chambre dans laquelle Aaron se trouvait encore, très certainement.

“Qui es-tu ?”

Ou les trois mots affichés sur le papier.
Gero reconnut de suite l'écriture de Wheelo.
Le message passa comme une lettre à la poste :


“C'est l'heure d'être des étrangers l'un pour l'autre”



Hiéronimus resta planté devant la porte en bois d'acajou une bonne dizaine de minutes.

Le temps de consommer le “divorce” dans sa tête.

In fine, il posa la main sur la poignée argentée.



Gero retira sa main de la poignée, et s'en alla.



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— Allô…… Bulma ? …… Tu dors ?

— Hiéro ? Ça va pas d'appeler à 4 heures du matin ? Il s'est passé quelque chose de grave ?

— Ça te dit… une partie de cartes ?

— Tu te fous de ma gueule ?

— Non… j'ai besoin de me changer les idées. Avant le coup de siffet.

— …

— S'il te plaît.

— Tu veux sérieusement me faire rater mon épisode de Desperate Househusbands ?

— … Il n'a même pas pris la peine de sortir mes affaires dans le couloir.

— Qui ça “il” ?

— Aaron.

— ……… Ah. Alors ça y est ? C'est terminé ?

— Non. Ça…

— Pitié, ne me dis pas “ça ne fait que commencer”.

— Pour qui tu me prends ? Je ne suis pas l'un des personnages clichés de ta série à l'eau de rose.

— Pourquoi tant de haine ? Et puis don't you dare mal parler de Desperate Househusbands, boy !

— …

— Il a essayé de te tuer ?

— Non ; c'est trop tôt. Il a encore toute la journée pour ça. Le soleil n'est même pas encore levé.

— Purée, elle est super bizarre votre relation…

— Je ne ressens pas de haine envers lui ; physiquement. Pas encore. Sachant que le coup de sifflet final du tournoi ne sera donné qu'aux environs de 10h30… et qu'il n'est même pas encore 6 heures du matin.

— Mec… ça ne m'étonnerait même pas d'apprendre que tu as marqué dans ton agenda : “haïr physiquement Wheelo à 10h30… en cas de victoire de ce dernier à la coupe du monde”.

— …

— Putain j'y crois pas, tu l'as fait !

— La maison abandonnée derrière l'immeuble jaune pas loin de chez toi. On fait ça là-bas.

— …… Parce que tu déconnes vraiment pas avec tes cartes là ?

— …

— ……… Gero ? T'es encore là ?

— Hn ? Euh… oui. Il y a un corbeau noir là…… sur le capot d'une voiture…

— Et… ?

— Je sais pas. Il me regarde bizarrement.

— Tu crois vraiment que les corbeaux n'ont que ça à faire ?

— …… Celui-là, oui. Apparemment.

— …

— Enfin bref. À tout de suite dans la baraque désaffectée. Je m'occupe de la boisson et des clopes.



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N'oubliez pas de voter pour le sondage au sommet de la page, si le cœur vous en dit :wink:

C-X


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