Robert's Chronicles Z

Hello les loleux !
Bon, on est le 10 Novembre 2016, soit un an après le 10 Novembre 2015, et c'est quand même vachement sympa de vous montrer que je sais lire un calendrier, donc déjà ça prouve que je suis pas trop con.
En vérité, le 10 Novembre 2015 ( il y a un an, si vous avez suivi ) a été posté le prologue de ma fanfiction principale, à savoir La révolte !
Pour fêter l'anniversaire de ma fic, voici un One Shot, d'une série de six ou sept pas encore écrits parce qu'à la base je devais le faire plus tard, mais qu'en fait je le fais maintenant, parce que je voulais faire un truc pour l'anniv de la fic, mais que j'avais pas grand chose à part quelques fiches de persos ou des infos complémentaires sur l'univers LR, ainsi qu'un autre truc mais je garde ça en secret parce que je suis mystérieux.
Bref, le titre a sûrement dissuadé pas mal de gens à cliquer parce que c'est VRAIMENT KIKOO mais pour ceux qui sont restés, et qui ont survécu à cette intro complétement dafuq et écrite en freestyle, sachez que cette histoire est....attention révélation...complétement canon de l'univers La Révolte. En bref, cette histoire se passe dans le même univers que La Révolte. Z'avez compris.
Néanmoins, vous n'avez AUCUNEMENT besoin de n'avoir lu ne serait-ce qu'une seule ligne du prologue de LR pour comprendre cette série de petits One Shots.
Les seuls points communs entre ces OS, sont la présence de Robert, qui sera un personnage qui sera défini tout au long de ces OS, et le fait que les personnages rencontrés sont tous des humains, ou des personnages secondaires, voir tertiaires, de l'univers Dragon Ball.
Edit: J'avais marqué Roger et ici et dans le titre. J'ai édité. Je suis un génie, je ne connais pas le nom de mes propres personnages.
Au niveau du rythme de parution, bah, genre un chapitre par an, voir tous les six mois...En fait, c'est vraiment un truc essentiel à l'univers LR mais tellement inutile pour le moment vu la parution de La Révolte que bah je sais pas quand j'écrirai ce truc. Sûrement comme avec Le fruit de ses tourments que j'écris quand je suis bloqué sur La Révolte.
D'ailleurs, cette série de One Shots passe après tout hein, c'est vraiment des gros délires persos. ça n'impactera pas le rythme de parution de LR ( en ce moment, ce qui impacte surtout, c'est que je déménage, mais sinon hein no problem ).
Bref, je fais chier avec cette intro inutile, go to the chap.
-Buvez ce breuvage, Ô mon roi. Il vous conférera force pour votre duel. Puisse les dieux vous faire remporter la victoire.
Tchappa, agenouillé, accepta, en tendant ses deux mains, le bol en bois dans lequel une sorte de thé vert, sans en être, se trouvait et fit sentir au vieux roi plusieurs arômes. Il reconnut la menthe, et plusieurs sortes de fruits. Il approcha le contenant de sa bouche, remercia sa servante en inclinant la tête, puis avala d'un trait le breuvage.
Son corps se réchauffa, et il tressaillit. Étrangement, le liquide lui donna l'illusion de voler. Serait-il réellement béni ? Ou bien était-ce l'excitation ?
Voilà bien plusieurs années que le roi n'avait pas combattu un véritable adversaire, et aujourd'hui, enfin, il pourrait peut-être se dérouiller un peu, malgré ses 70 ans approchant.
La servante sourit en coin, en regardant le roi. Celui-ci la remarqua, et l'expression étonnée par les effets du breuvage laissa place à des sourcils froncés exprimant le questionnement:
-Vous riez, Devi ?
Elle recula, presque choquée:
-Je...Je suis amusée...Cet homme qui prétend vous battre doit être bien sot pour penser pouvoir vous vaincre, mon roi. C'est en pensant à cela que je ris...
Elle sentait le mensonge. L'instinct du roi ne le trompait jamais.
D'habitude, Tchappa aurait continué de l'interroger, mais l'heure n'était pas à ce genre de futilités, en ce début d'après-midi. Le duel allait débuter, et il se devait de quitter ses quartiers pour se diriger vers le lieu du combat.
Il se leva puis congédia Devi. Il alla ensuite se changer: Son habituelle tenue composée d'une simple toge jaune et d'une ceinture bleue n'était pas adaptée au duel symbolique qui allait se tenir. Il devait porter un habit de roi, sinon son titre serait déjà visuellement entaché.
Il opta pour une toge décorée: Le jaune laissa place à du doré, comme toujours, et les finitions de l'habit étaient d'excellente facture. La ceinture était ornée de motifs variés.
Après plusieurs minutes de marche, il arriva enfin, seul, devant la porte de la salle de combat. Il la poussa, et ferma les yeux.
Ce bruit...Ce bruit dérangeant...
La foule acclamait leur roi, ils criaient son nom, scandaient son titre, jetaient des fleurs sur son passage. Et il marchait, faisant intérieurement le vide. Il ne voyait rien, il savait le nombre de mètres le séparant de l'aire de combat, et s'arrêta juste devant les escalier, sachant parfaitement où ils se situaient.
Il sentait toujours l'odeur du breuvage, même celui-ci ne parvenait pas à le soustraire du bruit de la foule. Rien ne pouvait l'y soustraire, pour le moment. Et ces maudites traditions millénaires, elles ne laisseraient pas Tchappa tranquille avant une bonne et longue minute.
Ces maudites personnes n'ont jamais autant crié le nom de leur roi. Jamais !
Parce qu'aujourd'hui, elles étaient fausses, ces voix, elles étaient toutes factices, emplies d'ironie...
C'était ça qui énervait Tchappa, ça qui animait sa colère.
Il ouvrit enfin les yeux, quand la foule, enfin, se tut. Et elle s'arrêta quand l'adversaire, le fameux avorton, arriva, en face, devant les escaliers de son coté. Lui, qui était si beau, si fort, si riche, si apprécié...
...et surtout si jeune.
Tchappa tourna sa tête pour faire semblant de considérer son peuple: Tous dans les gradins, tous le regardait en espérant qu'il perde, tous attendait de voir l'adversaire le mettre au tapis.
Ses rides apparentes ne vacillèrent pas, et il grogna intérieurement.
Que le peuple aille se faire foutre.
Près de l'aire de combat, l'arbitre, un homme si maigre qu'on le briserait en le bousculant, et si vieux qu'il avait déjà enterré ses petits-enfants, hurla de vive voix, ayant été nommé arbitre de ce duel si important:
-Aujourd'hui est un grand jour. Nous sommes tous réunis en ce lieu symbolique pour assister à un évènement si important pour nous, peuples du désert !
Dans la salle, les deux grandes communautés de ce „peuple du désert“, les Douhin, les habitants des grandioses palais de l'Ouest gouvernés par Tchappa, et les Gouarets, modestes mais nombreux natifs des landes Est du pays, se toisaient, étrangement avec complicité. D'habitude, lors de ce genre de confrontations, les deux clans se fusillaient du regard, plus par rivalité que par haine.
Quoiqu'il en soit, tous se turent pour continuer à écouter l'annonceur:
-Depuis les évènements oubliés de l'année 774, et comme nous le savons tous, les gouverneurs des capitales ont ordonnés la réunification des clans du désert. Pour décider de notre nouveau dirigeant, ce duel fut quémandé par les dieux eux-mêmes entre les deux représentants des peuples !
Tchappa grognait toujours.
Les dieux ? Ha ! Première nouvelle ! Non, c'était surtout une façon de le mettre au pas. Eux qui supportaient la présence de leur roi depuis bien trop longtemps ! Des générations que personne n'arrivaient à le toucher en combat singulier, il n'avait jamais été battu...
...si ce n'est par ce fichu gamin à queue de singe.
-Le duel va donc débuter sans plus de cérémonies, le dirigeant de notre somptueux palais, le roi lui-même ayant demandé à ce que le combat soit allégé de tout rituel préliminaire ! Notre roi, qui est d'ailleurs un des combattants: Je vous prie d'accorder tous vos encouragements au grand et immortel Roi Tchappa !
Encore une fois, ce désagréable tintamarre ironique.
Tchappa avait beaucoup aimé le „immortel“. Encore une façon de se moquer de lui et de lui demander de perdre.
Une sorte de boule au ventre s'installa en Tchappa. Du stress ? Non, impossible, en face il n'y a qu'un gamin.
-De l'autre coté, le somptueux Shiva, représentant des Gouarets et prince de l'Est ! Il est venu jusqu'ici pour espérer vaincre les talents illusoires de notre bon roi ! Bénissez le !
Le garçon avait vingt ans. Il était magnifique: Des cheveux d'or, lisses et attachés en queue de cheval en arrière, des traits si fins et si doux, une mâchoire carrée qui ne trahissait pas la beauté de ce visage angélique, des yeux bruns perçants; son bindi – le point rouge sur son front – lui donnait une allure divine. Habillé de la même façon que Tchappa, mais tout de bleu et vert, il était élégant.
Son corps, jeune et frais, était déjà forgé par un certain entraînement: Vingt ans, et déjà un potentiel incroyable. On eut dit qu'il pouvait détruire des rochers avec un simple kiaï.
Et Shiva était silencieux, mais souriant. Les encouragements envers lui étaient sincères.
C'était évident: Il allait gagner, et remplacerait – enfin – Tchappa.
Les deux adversaires se fixèrent, puis avancèrent en montant sur le ring de combat.
Encore une fois, le vieux combattant sentait quelque chose en lui de dérangeant, comme un mal de ventre.
Le vieil annonceur continua sa tirade:
-Public, faites silence à présent. Laissez notre roi et son adversaire se saluer.
Tchappa n'avait pas envie de s'abaisser à ça, surtout venant d'un adversaire si faible qu'il mettra au tapis en cinq secondes. Mais pour éviter qu'on ne le hue et qu'on ralentisse le début du combat, il s'inclina, et Shiva de même.
-Que le combat commence ! Acheva l'arbitre.
Aussitôt dit, aussitôt fait, Shiva fonça, le poing droit en avant, en y mettant toute sa force.
Tchappa se laissa glisser en arrière, le bras tendu de son adversaire ne l'effleura même pas.
-C'est tout ce que tu as dans le ventre, gamin ? Se permit-il de lui dire, se moquant.
Shiva ignora la remarque, il avança vivement, puis tenta une balayette avec son pied droit, que Tchappa esquiva d'un ridicule saut. Prévoyant l'esquive, le jeune adversaire amorça un coup de gauche en remontant.
Cependant, le roi avait attrapé sa main avec la sienne alors que ses pieds n'avaient pas encore touchés le sol:
-A moi.
De son bras gauche, il emmena son poing dans le plexus de Shiva. Une petite onde de choc, et le corps siiiii robuste du marmot fut éjecté. Se rattrapant de bien belle manière en traçant un cercle sur le sol en retombant, il se tint la zone touchée ave une main, serra les dents, puis retourna au combat.
Et soudainement, il s'arrêta, et se remit droit. Dans la même position qu'avant de s'incliner:
-Vous êtes beaucoup plus fort que moi, malgré votre âge, Tchappa.
D'habitude, le fait de l'appeler par son prénom de cette manière aurait été assez impoli, même venant de lui, mais le vieil homme détestait les principes, et surtout ceux-ci, donc il y fit abstraction.
En plus, il l'avait appelé gamin juste avant, donc c'était une sorte de compensation.
-Je te prierai de ne pas citer des évidences, morveux.
Il sourit enfin. Provoquer un adversaire fait toujours un certain petit plaisir.
Mais, apparemment, Shiva ne se laisserait pas faire:
-Une évidence ? Je ne pense pas. Je dirai plutôt, le fruit d'efforts considérables.
Quel objectif cela avait de lui faire autant de louanges ?
-Et donc ? N'en as-tu pas marre de discuter ? Viens prouver ta valeur, ou j'en finis maintenant.
Il ricana.
-Alors ce duel a été décidé pour que vous me testiez ? Vous savez bien mieux que moi les raisons de cet affrontement.
-Oui, et c'est pour ça que je m'en vais te donner la leçon que tu mérites, bavard.
-Je ne pense pas. Vous ne pourrez désormais plus me toucher. Vous êtes vaincu, Tchappa.
Vaincu ? Par ce gringalet si faible ?
Beaucoup de personnes fondent un espoir sur lui, mais au point qu'il en ait pris la grosse tête ? C'est surréaliste...C'est même inconscient.
Tchappa voulut lui rabattre le caquet. Il s'approcha
On lui en empêcha, soudainement.
Il se prit un coup dans l'épaule gauche, enchaîné avec un uppercut. Ce dernier précédait un coup de pied transversal qui ne manqua pas de blesser les côtes, puis enfin, un kiaï. Les coups suivants: Une myriade dans le ventre, plusieurs kicks dans les jambes, et pour achever le bon vieux roi, une droite dans la gorge, pour lui couper la respiration.
Le corps de Tchappa tituba, puis s'écroula. Ses yeux se fermèrent, et il tomba, inconscient.
Le roi fut vaincu, vive le roi.
Shiva détacha ses yeux du corps meurtri de son assaillant. Il regarda l'arbitre, et lui lança:
-Suis-je donc le nouveau dirigeant de ces lieux, vénérable ?
-Oui, maître Shiva.
Tout le monde était resté bouche bée. Il avait vaincu Tchappa aussi facilement ? Avant d'encaisser la technique des huit bras ? Ils savaient qu'il allait vaincre, mais pas comme ça...Shiva venait littéralement d'abattre une légende vivante !
Le blondinet n'attendit pas les cris du public. Il hurla:
-Jetez le en dehors du palais.
-Mais, c'est l'ancien roi...Il a le droit d'après les traditions de...
-Au diable les traditions ! Je suis roi, et j'ai donné un ordre.
Sa tête dans le sol, camouflée par son épaisse touffe de cheveux, ne sentit pas tout de suite le petit bâton qui venait la bousculer. Après quelques secondes, enfin, celui qui tenait le-dit bâton utilisa sa main et tenta de réveiller l'homme:
-Monsieur ? Vous vous êtes endormi ? Ne me dites pas que vous êtes mort !
Tchappa grogna en se réveillant.
Où était-il ? Il ne se sentait pas bien, et il devait être tout sale, maintenant. Le sable lui collait aux lèvres, et il avait du mal à se relever, blessé. Très peu blessé, mais l'âge lui avait fait perdre sa résistance d'antan.
-Où...Où suis-je ?
Il se redressait difficilement. En face de lui, un homme tout rondouillard qui vendait des Capsule Corp en plastique miniatures dans un panier.
Ce dernier colla sa moustache grise sur le nez de Tchappa, puis ses yeux, derrière des lunettes carrées, s'écarquillèrent à s'en déchirer les yeux:
-Mais vous êtes le...
-Oui, je suis le roi Tchappa, tout ça tout ça. Où suis-je ?
Le vendeur tomba à la renverse.
Il était confus de ne pas avoir reconnu le fameux gouverneur du pays, et il se sentait bête de ne pas avoir compris en voyant ces habits hors de prix, mais l'étrange proximité que le roi installait en oubliant les protocoles, les traditions de respect, le bouleversait.
-Vous...Vous êtes à un kilomètre du palais...Regardez plutôt par ici, on le voit !
-Qu'est ce que je fais là ? Enchaîna-t-il en constatant que son domicile n'était finalement pas très loin.
-Aucune idée...Je viens de vous trouver...
Comme d'habitude, Tchappa râla. Il avait même une bosse.
Il regarda le vendeur, jeta un coup d’œil à ses marchandises, puis dévia pour chercher une route et retourner au palais.
-Merci de ne pas m'avoir laissé ic...Oh...
Un blocage. Soudainement, il arrêta ses paroles et se positionna comme s'il venait d'apprendre que Dieu était un escargot: Il venait de se souvenir !
-Shiva...Il a sifflé...Souffla-t-il d'un coup.
Le regardant étrangement, le moustachu s'interrogea, perturbé:
-Shiva ? Le prince Shiva, de l'Est ?
-Cet enfoiré de gamin a triché !
-Triché à quoi ? Je ne vous suis plus, mon roi.
La réaction à chaud de Tchappa avait de quoi étonner, surtout face à un inconnu comme ça.
Cependant, le vieil homme se reprit, et ferma les yeux. Il serra les dents et les poings, sa posture avait l'air de plus en plus combattive, et il tremblait.
Une colère intérieure, assez violente, mais qu'il camoufla grâce à sa maîtrise de soi.
Il ne voulait pas paraître non plus trop agressif devant ce pauvre homme qui ne demandait rien.
Alors il se retourna, alors que le vendeur se posait des centaines de questions, et contempla ce château duquel il avait été chassé. Shiva était rancunier à ce point là, ou était-il juste un vil voleur de trône?
Comment un simple sifflement avait-il pu le faire vaincre, lui, Tchappa, l'homme qui n'avait été vaincu que deux fois !? Un poison ? L'âge qui surgissait au mauvais moment ?
Quoiqu'il en soit, il n'avait plus rien à faire. Soit il tentait de revenir au palais, auquel cas il serait mal accueillit, soit il..
Il s'assit, dans le sable, là où deux minutes avant il en mangeait. Il répondit alors simplement à son interlocuteur:
-Je ne suis plus roi.
Le plus jeune – de 40 ans – fut intrigué:
-Plus roi ? Mais, vous n'êtes pas mort. Vous avez transmis la royauté à un proche ?
-J'ai perdu un duel.
Le vendeur se rappela de quelque chose. Il n'était pas le fameux Roi Tchappa qui n'avait jamais perdu un combat ? Perdre contre un jeunot, n'est ce pas incroyable pour quelqu'un de sa trempe ?
Cependant, même s'il était invincible d'après les rumeurs, d'autres couraient qu'il était de moins en moins aimé de son peuple.
-Est-ce que votre...défaite...serait due à ce sifflement dont vous parliez tout à l'heure ?
Cette idée traversa son esprit au bon moment.
-Je ne sais pas...Mais j'avais déjà mal au ventre avant le combat.
Serait-ce...?
Un combat de cet acabit truqué avec ce genre de poisons ?
Le moustachu pouvait alors émettre une certaine hypothèse:
-Dans mon pays, il existe des bonbons nommés „ Ka ka ka“ qui servent de puissants laxatifs. On les utilise pour punir les enfants.
-Qu'est ce que ça a à voir avec mon combat ?
-En fait, il existe plusieurs variantes, plus ou moins dangereuses, mais qui fonctionnent toutes de la même façon: Un sifflement, et le produit fait effet.
-Ah, je comprends...Le sifflement de Shiva a provoqué mon malaise et mon évanouissement, tandis que les sifflements du public, juste avant, ont commencés à me rendre mal. Ce serait ça ?
-C'est une théorie.
-Mais...Quand ai-je été empoisonné ? Je ne mange pas de bonbons.
Le vendeur réfléchit quelques secondes, puis leva le doigt:
-Vous avez bu quelque chose juste avant ? Il existe de la poudre Ka ka ka.
Et Tchappa s'immobilisa.
Oui il avait bu quelque chose...et ce quelque chose n'avait à la base pas pour but de l'empoisonner. Au contraire, le breuvage à l'odeur de thé, il était prétendument béni !
Dévi la servante était donc une traîtresse, directement sous les ordres de Shiva...C'était ça qu'il fallait déduire ? Elle qui officiait depuis déjà trente ans au palais, elle qui avait tant connu Tchappa, et qui l'avait même conseillé. Elle qui était sûrement la personne qui connaissait le mieux l'ancien roi, et qui savait même pour ses amoures.
La vieille femme connaissait mieux Tchappa que sa femme et ses fils elle-même, et elle l'aurait trahi ?
Ce fait parut complétement inconcevable pour lui...et pourtant, force est de constater que tout collait...à moins que le moustachu ne mentait. Et l'intérêt de cette idée n'existe pas.
Aussi, Tchappa préféra garder tout ça pour lui, et se contenta de répondre:
-Oui. Je crois que je comprends mieux. Merci beaucoup
Le moustachu s'inclina alors, presque trop:
-Non, Roi Tchappa, c'est à moi de vous remercier d'avoir pu discuter avec vous !
L'homme aux cheveux noirs détourna le visage de son interlocuteur, un peu lassé:
-Ne m'appelez plus Roi. J'ai perdu mon titre. Mon prénom est Tchappa, utilisez le simplement.
Complétement abasourdi, le plus jeune rétorqua:
-Oh non, je ne voudrais pas vous manquer de...
-Je n'aime pas le vouvoiement. Quel est ton nom, étranger ? Coupa alors l'ancien roi.
-Euh...Robert...répondit-il, un peu timide.
Le combattant commença à marcher sur un coté de la dune où il discutaient depuis cinq minutes, puis enchaîna:
-Bon Robert, on fait quoi maintenant ?
Confus, ce dernier s'injuria, profitant de la semi-proximité qui s'installait entre les deux hommes:
-Comment ça ? Tu ne vas pas te venger et récupérer ton trône ? Tu ne peux pas bêtement rester là attendre ! V...Vous allez bien retourner au palais et lui forcer la main non ? Il en va de votre honneur de combattant, cria-t-il à moitié en confondant les tu et les vous au fur et à mesure.
Le remarquant, Tchappa ne put s'empêcher de sourire, puis reprit son sérieux pour répondre:
-Inutile. Je suis bien plus fort, mais je ne pourrais commander un match de retour. De plus, il est inutile de tenter de redevenir roi d'un peuple qui attends depuis belle lurette votre mort, ou votre destitution.
Intrigué, Robert lui murmura, décontenancé:
-Votre peuple...ne vous aimait pas ?
-Oh, tu ne sais pas, je suppose. Mais je vais t'expliquer. Laisse moi te raconter mon histoire, Robert. On a rien de mieux à faire, et il n'y a personne à qui vendre tes trucs dans les parages de toute façon.
-J'allais au palais pour le faire...
-Tu aurais été rejeté, mais bref. Je disais:
J'avais vingt ans, j'étais jeune et beau. Mais j'étais surtout le fils de mon père, le roi Tchappa VII !
-Votre père portait le même prénom que vous ?
Interrompu, alors qu'il partait dans sa narration avec envie, il bougonna:
-Portait et porte encore, il a actuellement 99 ans et vit en ermite au fond d'une grotte près d'une capitale. La lignée des Tchappa s'est donc achevée aujourd'hui même, avec moi...Tchappa VIII.
-Vous n'aviez pas d'héritier ?
-Bien sur que si. J'ai eu trois fils: Le premier est parti dans la capitale Nord, le second est au palais mais n'a jamais su se battre, devenant prêtre, et le dernier est...
Un petit moment d'attente. Robert comprit dans les yeux de Tchappa que c'était une information qu'il n'avait pas voulu divulguer. Après encore une bonne dizaine de secondes, le roi déchu sourit:
-Au point où j'en suis, je peux te le dire, je pense...
Le moustachu s'interposa:
-Si c'est privé, ne me dites rien, surtout à moi...
Tchappa se devait d'extérioriser. Après tout, il était seul maintenant, et il s'en foutait royalement de savoir à qui il se confiait. Autant tout balancer:
-Après un tournoi durant lequel j'ai perdu – face à un gosse - j'ai rencontré une femme. Nous étions restés en contact et j'ai appris bien plus tard qu'elle avait en fait accouché d'un fils...
-Vous voulez dire qu'il y a une branche de la famille Tchappa qui n'est pas...légitime ?
-Oui, dans les îles du sud.
-Je vois...Vous y êtes allé ?
-Juste une fois oui, pour y rencontrer un petit-fils...Rajouta-t-il, pensif.
-Ah et donc vous avez vraiment toute une branche qui s'est créée ?
-Ils ne me connaissent que peu mais il est indéniable qu'ils sont mes descendants. Néanmoins, jamais ils n'accèderont au trône...expliqua-t-il en baissant la tête.
-De toute façon, faisant parti de la troisième branche, ils auraient dû attendre la succession de la première et de la deuxième, et donc, de leurs enfants et petits enfants, non ?
Tchappa cogita un peu, puis tourna son regard vers les mini Capsule Corp et comprit:
-Ah, tu dois parler des systèmes de successions de votre pays, ou bien du Roi du monde peut-être ?
-Le système de votre palais est différent ?
-Oui, l'héritier est soit choisi par le roi actuel, soit décidé lors d'un duel entre deux prétendants de la lignée. Il y a des exceptions cependant, comme les prêtres qui ne peuvent accéder aux fonctions royales, et...
Encore une pause...mais Robert alla la combler:
-...les enfants illégitimes ?
-Comment l'as-tu deviné ? S'étonna Tchappa.
-Vous aviez l'air un peu perdu, je me suis dit que c'était lié à vos révélations précédentes...Sourit-il.
Le huitième de sa lignée sourit aussi. Décidément, Robert était vraiment la meilleure personne sur qui il avait pu tomber. Pour une fois qu'il avait le droit de librement causer à quelqu'un de sa vie, de se plaindre et de laisser transparaître sa vraie personnalité...
-Oui, exactement. Enfin, je vais continuer mon histoire:
“Mon père nomma mon frère aîné pour lui succéder. Tout comme lui m'appelait Aph, mon véritable prénom, je l'appelais Rô. Je vais utiliser son nom de cette façon pour éviter les confusions avec tous ces Tchappa.
Mon frère était fort, et menait le pays bien mieux que notre père ! Il avait apaisé les tensions entre notre palais et les clans du désert, avait conclu des marchés avantageux lors de la création de l'alliance entre tous les états du monde et la première élection d'un Roi du monde, et bien d'autres choses.
Je l'admirais: Il était grandement intelligent ! Mais Rô ne m'arrivait pas à la cheville, car je venais à l'époque de créer ma fameuse technique des huit bras. Et nous nous aimions dans un respect mutuel, pendant plusieurs années, jusqu'à ce qu'il décède d'une maladie cardiaque.“
Tchappa souffla: Même aujourd'hui, se souvenir de la mort de Rô l'attriste. Cependant, comme pour lui faire oublier ce court malaise, Robert lui posa une question:
-Vous avez parlé d'une technique...celle des huit bras. Vous...me la montreriez ?
Tchappa regarda le moustachu. Ainsi, il voulait réellement voir de quoi était capable le roi déchu ?
Mieux, cet homme voulait-il réellement voir une technique si minable ?
-Huit bras tu dis? Il y a de ça déjà bien longtemps que j'ai dépassé le chiffre huit. Je m'étais bloqué à celui-ci pour correspondre à ma position dans ma lignée, mais j'ai finalement franchi le cap.
Étonné, le vendeur s'écarta, laissant place au maître pour faire sa démonstration.
-Tu as raison de te pousser Robert, tu risquerais de te prendre un coup sans que je ne le veuille, prévint Tchappa.
Le roi déchu se positionna, les bras pliés sur le coté, fermant les yeux et en inspirant. Puis, tout en soulevant ses paupières, fit apparaître une seconde paire de bras, sur ses épaules. Ce n'était pas fini: Au fur et à mesure du temps, une troisième paire, puis une autre, apparurent.
-Voilà ce sur quoi fut bâti ma légende ! Mais dépassons ce niveau ridicule...cria-t-il alors qu'une veine apparut sur son front et que ses réactions se firent plus nombreuses encore.
Une nouvelle paire...Encore une autre...On en...ajoute une...Une...douloureuse....autre...et...
La neuvième paire de bras apparut un instant avant de s'évanouir dans le champ de vision de Robert. Et quelques secondes après, toutes les autres s'échappèrent.
Tchappa était trop vieux maintenant, il ne pouvait maintenir que huit paires de bras.
Totalement essoufflé, le vieux roi posa ses mains sur ses genoux et commença à tenter de se rétablir, tout en expliquant ce qu'il venait de faire à Robert:
-En bougeant mes bras à une certaine vitesse, j'arrive à stabiliser des images de ceux ci en l'air. De cette façon, un adversaire ne saura jamais d'où partira l'attaque. Trop de bras actifs ne servent à rien, si ce n'est gâcher de l'énergie. D'après moi, le nombre de bras suffisant pour berner optimalement l'adversaire serait de six paires.
La fameuse goutte d'eau perla sur le front du moustachu. Comment est-ce possible de faire ça !?
Se redressant, Tchappa se gratta les cheveux:
-Une fois, j'ai réussi à atteindre la vingtaine de bras, mais n'ais hélas pas réussi à la maintenir.
-Vous êtes incroyable...! Cria-t-il.
-Avec de l'entraînement, tout est possible: Un simple fermier pourrait dépasser les plus grands maîtres ! Mais en ce qui me concerne, c'est mon envie d'apprendre qui m'a permise de devenir si fort. Justement, je m'en vais t'expliquer...
Shiva était assis, incliné en avant, sur un trône en or et en argent, qui siégeait au beau milieu d'une grande salle, laquelle n'avait rien à envier au trône au niveau des matières et pierres précieuses: Les tapis étaient rouges, sûrement une sorte de soie, le sol dallé de bronze gris, les meubles tous en bois rares et d'excellente facture, les pylônes qui soutenaient la salle paraissaient gigantesques, alors qu'ils ne mesuraient qu'une douzaine de mètres, sûrement grâce à l'art architectural dans lesquels ils furent édifiés, les vitraux, car il y avait des vitraux, étaient composés de saphir, d'émeraude, de rubis, de cobalt, d'améthyste, de diamant, d'or, d'argent, de bronze, et de bien d'autres pierres dont vous ignorez le nom, même en étant spécialiste. Impossible de décrire la beauté de la salle, tant elle respirait et incarnait la royauté, le luxe.
Et le nouveau roi, le roi fourbe, était maladroitement posé là. Il attendait, pensif, que ses conseillers, qu'il avait appelé quelques minutes plus tôt, arrivent, et lui donnent des nouvelles de leur débat. Oui, les vingt conseillers royaux, qui avaient tous assisté au match entre Tchappa et Shiva, avaient débattu, sur justement l'issue de ce combat, et le juron ainsi que l'ordre irrespectueux du nouveau dirigeant du pays à sa suite.
Le plus sage des conseillers, d'après eux-mêmes, donc certainement le plus neutre, entra seul, venant expliquer à Shiva, tel un messager, le résultat des discussions. C'est ce que Shiva attendait, et la réponse arriva donc, dans la barbe, et ce, dans tous les sens du terme, du conseiller, parce qu'il bégayait un peu, ne sachant pas comment s'exprimer devant ce nouveau roi:
-Ô Roi Shiva, maître des Gouarets, vainqueur de l'affrontement contre notre précédent roi, prodige des....
-Ouai, abrège. Ils ont dit quoi ? Le coupa-t-il, de façon extrêmement malpolie.
Abasourdi et perturbé, le sage continua de bégayer, hésitant sur la formule, alors qu'il y avait bien réfléchi juste avant de venir, pour finalement répondre, tremblotant:
-Ayant juré sur nos dieux sacrés et protecteurs, vous serez sanctionnés et devrez mener offrandes à tous nos dieux pendant une semaine, comme l'avait fait le premier roi de la lignée précédente, il y a de ça plusieurs décennies. Vous respecterez les rituels, et les quantités de biens dont vous devrez vous destituer.
Shiva se redressa un peu, non par politesse, mais par inconfort:
-C'est tout ? Ria-t-il en arborant un rictus dédaigneux.
Déstabilisé par la réaction de son nouveau roi, le sage recula avant de se reprendre, déséquilibré. Il voulut d'abord vaciller, ne comprenant pas comment Shiva, et même s'il n'était roi que récemment, réagissait de cette manière. En effet, c'est totalement contraire à l'attitude que devrait avoir un dirigeant, encore plus quand la punition répond d'une insulte directe aux dieux !
Alors le sage fronça les sourcils, de la colère anima son esprit érudit, et même si Shiva ne connaissait pas les préceptes, il était convenu de les lui apprendre. Se redressant, il annonça de vive voix:
-Non, bien entendu. Votre réaction ne me plaît pas, et par extension, ne plaît pas au conseil. Sachez répondre de façon modeste, et acceptez vos sanctions en restant neutre, sans vous en moquer. Malgré votre position, vous risquez de vous mettre à dos le conseil, ainsi que le peuple.
Il était satisfait. Bien qu'écrasé par le charisme de Shiva, l'étonnant charisme de Shiva faudrait il corriger, il s'était un instant senti comme libre de toutes contraintes et de pouvoir énoncer ses réprimandes comme il en avait envie. Un courage certain, et notable...
...mais vain.
Shiva ne répondit pas comme le conseiller espérait, ce serait trop facile et trop beau; non, il élargit son sourire:
-Et alors ?
Une courte pause, qui laissa alors le temps au visage du sage de se liquéfier devant tant de désintérêt. L'impolitesse de Shiva le rendait déjà fou: Jamais en soixante-dix-huit ans, un roi n'avait autant aussi mal réagit, même au tout début de son règne.
Ça y est il recommençait à tituber, et c'est en voyant ça, que le jeune et hautain roi continua:
-Oui, j'ai manqué de respect aux dieux, oui, j'ai aussi manqué de respect à Tchappa, oui, je ne parle pas de façon modeste, ou quoi que vous voulez, vous et votre conseil. Mais à vrai dire, je m'en fout, je suis le roi, et j'ai le pouvoir. Parce que je crois aux mêmes dieux que vous, et parce que j'ai plusieurs fois été béni par eux, je vais obéir à mes punitions, sans rechigner, mais n'attendez rien de plus de moi pour vos notions de respect.
Un vrai plaisir pour Shiva de voir les traits du visage du sage fondre au fur et à mesure de ses paroles presque injurieuses. Ce dédain était hors norme, et sa façon de parler si décomplexée, si peu conventionnelle.
Malgré tout ce qu'il avait pu dire ou penser, le sage regrettait maintenant Tchappa.
Pour finir, et comme s'il donnait le coup final sur le crâne du vieil homme, le chef des Gouarets enchaîna:
-Vous n'avez rien d'autre à dire ? Sinon, partez.
Le sage avait la mâchoire presque décrochée. Il la réajusta littéralement, et entre deux gouttes de sueur, il réussit à placer quelques mots, démoralisé.
-Je...Je...Nous...Le...Conseil a ordonné que vous...que vous retrouviez l'honorable roi Tchappa...et que vous...lui rendiez ses appartements...tout en le réhabilitant...
Shiva grogna. Il devait bien ça à ce vieil imbécile.
-Ok, je le ferai. Et ensuite ?
-Je retourne...devant le conseil...conclut-il, se retournant, des larmes se retenant de couler.
Shiva soupira. Il le laissa partir, puis après qu'il soit dissimulé par la distance, le monarque se leva de son trône d'or et d'argent, et prit le chemin de ses appartements.
Il réfléchit un peu durant sa marche, seul, et constitua déjà ses plans pour la fin de soirée et le lendemain: Il allait tout de suite aller se changer, puis ira donner à des gardes l'ordre d'aller retrouver Tchappa, comme il se devait de faire.
Et après, demain matin, avoir fait offrande aux dieux, il pourra mettre son plan en marche.
Le pays changera, et retrouvera sa gloire, sa grandeur d'antan.
“J'ai succédé à mon frère. À l'époque, je n'étais pas au pays. Il n'était pas prévu que je devienne roi, et j'ai dû me dépêcher de retourner au palais.
On m'a fait toutes les cérémonies, les rituels, et les bénédictions, on m'a habillé, on m'a expliqué, on m'a montré ce que e pouvais faire. Et j'ai eu beaucoup de mal à remplir mon rôle de roi.
Au début, en tout cas.
J'étudiais autre part, dans la capitale Sud, et j'avais décidé de ne pas revenir avant longtemps au pays, en espérant que mon frère aie un enfant et le nomme, ou qu'il choisisse quelqu'un d'autre. Non, il n'a décidé de personne, et j'ai dû poursuivre la royauté. Il n'a pas été appelé Tchappa d'ailleurs, parce qu'il avait décidé de se nommer Rô 1er, ne pensant pas pouvoir égaler notre père et porter le nom.
Enfin bref, je m'égare. J'ai tenté de poursuivre ce que faisait mon père, c'est à dire unifier les peuples du désert, soit nous, les Douhin, les Gouarets, et les peuples du Sable Rouge au nord. Cependant, après une année de règne, les membre du Sable Rouge ont décidés de prendre d'assaut notre palais, et ont mené leur armée jusqu'ici, malgré les mises en garde du gouvernement mondial, tout nouveau à l'époque. Profitant de la succession tout d'abord de mon père à mon frère, puis de ce dernier à moi-même, ils pensaient pouvoir nous écraser, car pensant le pays fragilisé.
Heureusement, grâce aux Gouarets, dépêchés par mon père, nous pûmes les repousser. Ainsi, la paix se réinstalla. C'est à cette même époque que je développais la technique des huit bras, concentrant mon temps libre, et même plus, aux arts martiaux.
Je jouissais d'une réputation exceptionnelle ! On m'appelait le Fabuleux Roi Tchappa ! A cette époque, j'étais un grand dirigeant, aimé de tous.
J'ai préféré jouer sur ça, et je me suis rendu, plusieurs années après, à un grand tournoi d'arts martiaux: Le Tenkaichi Budokai. Je ne sais plus quelle édition cependant, la douzième je crois...
J'ai gagné sans même qu'un adversaire ne me touche, et c'est comme ça que je ma réputation s'est agrandie et que même toi des dizaines d'années après tu connaisses mon nom.
Revenant au pays, je fut congratulé, et j'utilisais l'argent de ma victoire du tournoi pour entamer des actions de reconstruction et de négociations avec le Sable Rouge.
Les Gouarets ont d'ailleurs décidés de s'allier à eux, et ainsi furent réunifiés ces deux clans. Quoiqu'on en dise, ce fut un soulagement pour le pays. Et c'est à partir de là que mon règne a commencé à être moins apprécié.
Déjà, les Gouarets prétextèrent vouloir vivre indépendamment des Douhin pour mieux se construire dans les terres Nord du Sable Rouge, car des nouveaux territoires impliquent forcément de grands aménagements. En vérité, c'est à cette époque que je signe des documents très importants, contre une bonne partie des avis du conseil: J'ai fais rentrer mon pays dans l'Union Internationale.
Mon pays ne possédant pas les terres du Nord, les Gouarets quittèrent tous le pays. Mon espace fut donc plus vaste, et de l'amertume commença à naître quand j'ai débuté les aménagements sur leurs terres. Maintes fois j'ai dit à leurs chefs qu'ils étaient libres sur mes terres, mais ils ont toujours refusés.
Les Gouarets ne se sentaient pas chassés, mais trahis. Alors une sorte de rivalité naquit, et nous ne cohabitions pas ensemble. Nous nous retrouvions seulement lors des grandes fêtes religieuses, cinq ou six fois par ans.
Mon peuple a commencé à me haïr: La scission entre les peuples, le tourisme perturbant, les nouveaux modes de vies que j'installais, la modernisation que j'apportais des grandes villes, ils n'aimaient pas et me le faisaient savoir.
Quand mon premier fils, Lâ, fut en âge de gouverner, le conseil, me disant explicitement de lui léguer mon trône car j'étais trop détesté pour continuer sans que le peuple ne soit malheureux, il prit une décision qui offusqua une très grande partie de la population: Il partit du palais et alla s'installer dans une des capitales, quittant le pays.“
Robert s'était presque allongé près d'un rocher, alors que Tchappa contait son histoire, presque bercé par son récit. Le vieil homme parlait fluidement, comme s'il répétait son discours dans sa tête depuis longtemps et qu'il cherchait quelqu'un à qui se confier.
En vérité, Robert admirait déjà cet homme, peu importe ce qu'il avait fait.
Malgré ses rides et son torse qui laissait paraître ses os, Tchappa avait l'air si...jeune...si vigoureux. Oui, on aurait à cet instant dit que la mort même ne pouvait mettre au pas le roi déchu ! Une telle prestance s'accompagnait souvent de grands faits, seulement, d'après ses dires, ces grands faits avaient été incompris.
Alors Robert, même si pris par le récit, se permit, encore une fois, d'interrompre le discours pour poser une question:
-Vous n'avez pas demandé à votre fils de rester ?
Tchappa ne fut pas dérangé, il avait besoin d'une pause pour reprendre son souffle, et il se rappela que beaucoup d'interrogations pouvaient tarauder l'esprit de son nouvel ami. Il répondit:
-Moi même, jeune, je ne voulais pas de la royauté, c'est elle qui s'est imposée à moi. Mon fils a décidé de vivre loin des siens, et je ne l'ai pas empêché de le faire. Son choix est mon choix, mon fils est libre.
-Vous étiez un bon roi, et vous resterez un bon père, Tchappa, complimenta Robert.
-Un bon père, c'est peut être trop d'éloges. Je ne fais que respecter mes enfants: Un bon père serait allé assisté à la naissance de son dernier enfant, peu importe son lieu de naissance. Ma royauté m'en empêchait...et j'en suis le premier frustré...
…Mais avant ça, mon deuxième et dernier fils avec ma femme naquit. Quelle ne fut pas ma joie quand je l'ai vu, et ma désillusion quand j'ai compris que ma femme ne pourrait plus jamais avoir d'autres enfants, à cause d'une maladie. Pour tout dire, j'en voulais quatre, mais passons.
Mon deuxième enfant, Li, a décidé jeune de vouer sa vie à la religion, et à nos coutumes, s'écartant ainsi de la possibilité de devenir roi. J'ai cherché à l'en dissuader, mais depuis bien longtemps déjà le peuple, le conseil, tout le monde savait que moi-même, rappelles toi, le mauvais roi Tchappa, voulait s'écarter des traditions, ou en tout cas les moderniser !
Personne ne me soutint, et mon fils devint prêtre: Pas que je ne voulais pas qu'il atteigne ce rang, mais que je ne pouvais plus dès lors avoir de descendant !
Les prétendantes étaient nombreuses, mais je n'ai jamais pu me résigner à quitter ma femme, pour avoir un enfant avec une autre qui ne m'aimerait que pour la position sociale.
Bloqué dans cette position, ma notoriété se dégrada encore plus, et je fut bientôt encore plus détesté que les démons.
J'ai tenté de leur montrer ma puissance et mon courage en retentant de participer et de gagner un Tenkaichi Budokai. Cette fois je m'en rappelle: C'était le 22ème...et j'ai échoué. J'ai été vaincu, non pas durant le tournoi, mais durant la phase de qualifications, par un sale gosse. Un certain Son Goku, un garçon d'à peine quatorze ou quinze ans...
Honteux, je ne revint pas au pays tout de suite, mais stagna sur l'île du tournoi pendant une semaine. Tu t'en rappelles, c'est là que je rencontrais la femme des îles avec qui j'eus mon troisième fils, l'illégitime Lô. Je ne l'ai rencontré qu'une seule fois, lorsque son propre fils vint au monde...et la relation que j'eus avec lui fut assez tendue.
Déprimé après ma défaite, je retournais dans mon palais...et je fut hué. Tellement hué, que des fois je n'en dormais pas. Ma notoriété était tellement basse que des fois je me demandais si plus de gens dans le monde connaissaient l'existence de mon concierge que la mienne !
Puis, un jour que je m'entraînais, dans la cour arrière du palais, un monstre apparut à moi, et je fus tué.“
Déjà, Robert ne faisait que compatir à la triste vie de roi malaimé de Tchappa, mais quand il prononça ces paroles, le moustachu parut comme réveillé, et demeura béat:
-T...Tué...!?
-Étonnant, n'est ce pas ? Je me souviens de son apparence, il m'a longuement regardé, et en tendant devant lui une feuille, il prononça mon nom, et m'écrasa le crâne. Je décédais.
Robert fronça les sourcils:
-Je veux bien vous croire pour une bonne majorité de faits, mais étant donné votre présence devant moi, je ne peux que m'interroger sur ce dernier.
-J'ai été ressuscité.
-...Ressuscité...?
-Oui, je me suis réveillé dans mon lit de mort, frais comme un gardon. Je ne savais même pas que j'avais été tué et suis directement reparti m'entraîner. Finalement, ce que je te raconte est peut-être faux, mais des dizaines de témoignages expliquent précisément la cause de la mort. La télévision est même venue confirmer mes dires, car...
-Piccolo Daimaô ! Trouva Robert, complétement Tchappa.
-Oui, c'est le nom. J'ai été tué par Piccolo Daimaô.
-Non, il avait des acolytes d'après les journaux. Il y a même un monstre qui terrorisait mon village il y a de ça des dizaines d'années, j'étais trop jeune pour le voir, qui a été tué et qui est mystérieusement revenu à la vie ! On parlait aussi d'un démon vert.
-Étrange.
-Véritablement...Plusieurs sources affirment que Piccolo Daimaô est encore en vie.
-Qu'il ne vienne pas ici, je l'exterminerai.
-Je n'en doute pas une seule seconde.
Le silence s'installa alors. Les deux hommes se fixèrent. Le sujet avait été épuisé, et les yeux de Robert traduisaient son envie d'en savoir plus sur Tchappa. Alors ce dernier continua, et termina, son long récit:
"Ma mort et l'affaire tout autour passée, le conseil fit pression sur moi. Ils me jugèrent inaptes à gouverner, trop faible moralement et physiquement, trop détesté, trop rejeté, trop peu capable de continuer.
Ils pensèrent à me trouver un successeur, alors j'ai invoqué mon droit de décision royal, et ils la fermèrent. Ils tentèrent d'ajouter que je devrai rappeler mon premier fils au palais, mais j'ai ignoré les demandes.
J'ai fais une erreur, assez grosse pour être citée, mais mon seul moyen d'évasion: Citer la règle qui expliquait que le vainqueur d'un duel officiel avec le roi pourrait remettre en cause et destituer celui-ci !
Des dizaines, non, des centaines, je pourrais même dire un millier de combattants sont venus me voir, pour me défier. Je m'amuse à le dire: Personne ne m'a touché une seule fois.
J'étais trop fort, trop impressionnant. Et pour ça, on me haïssait d'autant plus que je ne mourrais jamais ! Le conseil a même été jusqu'à tenter d'organiser des tournois ou de quémander des combattants d'autres pays: J'ai accepté de reparticiper au Tenkaichi Budokai, et j'ai encore perdu lors des qualifications, par ce même Son Goku. On m'a dit qu'il avait été tué peu après, lors des évènements Cell.
En parlant de Cell, j'étais alité quand il est arrivé, sinon, je serai très certainement allé le combattre. Une maladie, au mauvais moment. Beaucoup ont espéré que je meurs, et j'aurai voulu aussi, mais je crois que j'avais fais exprès de ne pas mourir pour les embêter.
Bref, depuis ce jour, et même depuis les Jours Oubliés de 774, je suis seul et détesté. Aujourd'hui, le Gouvernement Mondial à décidé que je devais participer au fameux duel pour des raisons de regroupement des régions et peuples, un truc bien énervant que j'ai laissé faire aux conseillers.
Tu connais le reste de l'histoire, Robert.“
Tchappa souffla. Il était à la fois bon et mauvais de ressasser son passer de cette manière: Il se sentait à la fois lassé et soulagé.
Le vendeur de Capsule Corp en plastique se releva. Il s'approcha duroi déchu et lui tendit la main:
-Merci beaucoup de vous être confié à moi, Tchappa. Je ne peux rien faire pour compenser, sinon vous témoigner mon affection et mon soutien.
Le vieil homme refusa mentalement de serrer la main de Robert, mais son corps le fit à sa place: Il se sentait heureux de ne pas être détesté par quelqu'un, mais étranger à cette pratique. Même s'il avait longtemps cotoyé les capitales, il n'était pas habitué à ce qu'un homme du peuple, même s'il ne fait techniquement pas parti de son peuple, soit si familier avec lui. Mais Tchappa se souvint: C'était lui l'homme familier depuis le début. Il avait demandé le tutoiement, il avait tout révélé sur sa vie privée, sur ses secrets. Il avait extériorisé avec un inconnu, et c'est maintenant qu'il s'en rendait compte.
Mesurant alors ce qu'il avait fait, il abdiqua devant lui-même, et apprécia la conversation:
-C'est à moi de te remercier. Jamais je n'avais autant parlé, et encore moins avec un inconnu.
-Oh, ne vous inquiétez pas, je ne dirai rien à personne, dit-il gêné.
-Je n'en doute pas. Enfin, qu'importe ces révélations, parle moi de toi Robert.
Le moustachu s'immobilisa, décontenancé. Pourquoi un roi voudrait savoir de quoi est faite la vie d'un simple homme comme lui ?
-Que je parle de moi..? Mais ce n'est pas intéressant, vous savez...
-Si, ça l'est. Ne sois pas perturbé par une comparaison entre nos vies. Crois moi, sans la connaître, je sais que j'aurai certainement préféré vivre ta vie.
-Et bien, j'habite dans la campagne, près de la capitale Ouest, avec ma femme, et mes cinq enfants...et j'ai fait des études de journalisme. Je suis fonctionnaire dans une entreprise de fabrication de la Capsule Corporation, et actuellement, je cherche à promouvoir notre nouvelle marque de tournevis, annonça timidement Robert.
Avant toute chose, la plus importante des interrogations s'échappa automatiquement de la bouche de Tchappa:
-Des tournevis ? rétorqua-t-il en regardant une nouvelle fois le panier.
-Oui, ce sont des tournevis couteaux-suisses en forme de dôme Capsule Corp. Regardez, ça fait aussi lampe torche, dit-il en appuyant sur un bouton sur le haut d'un des articles qu'il avait pris à l'instant.
-Intéressant...
-En vérité, ça ne sert à rien, mais j'ai été obligé de venir ici pour tenter d'en vendre parce que je me suis mêlé d'une affaire qui ne me concernait pas...J'aime bien titiller les autres...Hé hé...
Un grand silence s'installa. Le plus long de tous. Et ils comprirent au même moment qu'ils allèrent bientôt se quitter, chacun continuant sa vie tranquillement, ou le plus possible.
Alors, le plus jeune des deux s'interrogea:
-Qu'allez vous faire maintenant ?
La question avait déjà été posée, plus tôt, mais Tchappa n'avait toujours pas réfléchi à une autre solution que la vengeance envers Shiva, bien qu'il sache qu'elle lui sera inutile pour reprendre son trône.
De toute façon, récupérer la royauté, ce serait alimenter la haine du peuple envers lui.
-J'ai bien une idée de ce que je vais faire.
-Vous retournerez au palais ?
-Je ne pense pas.
-Mais alors où ?
-J'ai quelqu'un à retrouver. Je pense que je vais aller le voir, maintenant.
-Un de vos fils ?
-Non, une autre personne. Je m'en vais maintenant, Robert.
-Vous partez donc...Bonne chance pour votre voyage, et encore merci, Tchappa.
-Je ne vous oublierai pas, mon ami. Puisse les dieux, s'ils veillent encore sur moi, vous bénir.
Plus le dialogue, cette fin de dialogue, avançait, plus les deux hommes s'écartaient l'un de l'autre. Un signe de la main partagé, et bientôt, les deux silhouettes disparurent chacune entre les dunes.
Robert resta solitaire. Il lança un regard vers le palais, puis un autre dans son panier. Ce n'est pas ici qu'il pourra vendre ses objets.
Shiva était énervé. En fait, ses plans se voyaient contrariés.
Trois jours, trois longs jours qu'il attendait Tchappa. Et le conseil ne l'autorisait pas à faire quoique ce soit sans la venue du roi précédent. Il n'avait toujours pas obéit au conseil, et son insubordination décroissait sa popularité au sein de toutes les institutions.
Il allait devoir changer son caractère.
Certaines rumeurs couraient: On disait que le roi Tchappa avait été assassiné. Pas qu'on pleurait sa prétendue mort, mais qu'on regrettait un roi patient. Finalement, même si ça avait été son objectif, le peuple devait s'habituer à ce nouveau dirigeant.
La zone tout autour du palais avait été ratissée au peigne fin, aucun roi dans les parages.
On envoya une missive dans la capitale pour voir si Tchappa avait rejoint son plus grand fils, la réponse ne tarda pas, mais le roi n'y était pas.
Aussi, nous comprenons aisément la frustration de Shiva, qui ne pourra pas débuter son plan de reconstitution avant un bon mois d'attente, s'il ne retrouve pas son prédécesseur.
Toujours sur son trône, le chef des Gouarets grognait en mangeant du raisin. Alors qu'il crachait un pépin, salissant les accoudoirs dorés, un serviteur, plutôt enveloppé, pénétra dans la salle en sueur, interrompant Shiva dans ses réflexions énervées:
-Ô mon roi, pardonnez moi mon arrivée, mais j'ai une nouvelle de première importance...Pfiou...
-Dis toujours, grogna le jeune blondinet.
-Dans un village proche, un homme dit avoir rencontré Tchappa. Nous lui avons demandé de venir, et il est prêt à vous rencontrer.
Shiva s'écarquilla. Cet homme serait son salut !
Il se redressa, faisant alors semblant d'avoir une tenue, malgré la peau de raisin qui restait pitoyablement scotché sur sa lèvre supérieure.
-Qu'il rentre ! Ordonna Shiva, plutôt heureux de pouvoir enfin avancer dans les recherches.
L'homme en question arriva jusque devant le trône.
Une démarche légère, décomplexée, comme s'il n'y avait aucun différence entre le roi et lui: Il se permettait même de se curer le nez.
Shiva le remarqua, et il s'injuria alors. En fait, il voulut s'injurier. Mais il risquait d'énerver l'homme et ce dernier ne lui donnerait pas ses informations.
Alors il lui dit:
-Bienvenue en mon palais. On m'a dit que vous aviez aperçu Tchappa. Où est-il ?
L'homme, moustachu, leva enfin la tête vers le jeune dirigeant. Et oui, il n'avait même pas encore croisé les yeux de Shiva.
Pour seule réponse, ce regard justement, suivi d'un certain silence, lequel vint facilement au bout de la patience de du roi.
-Et bien ? On a perdu sa langue ?
-...
-Tu sais, je peux te payer pour cette information.
-...
-Tu ne me réponds pas ? Sache que je risque de m'énerver, étranger. Je suis le r...
-..le roi ? Mais tu n'as pas le charisme d'un roi mon pauvre !
Les yeux de Shiva virèrent au rouge. Qui était-il ? Quel était ce malpoli malotru !?
Et soudainement l'étranger éclata de rire. Il leva son panier, rempli de Capsules Corp miniatures couteaux suisses multifonctions, et s'approcha un peu plus du trône. Puis il attrapa un de ses articles et l'offrit à Shiva.
-Vous n'aurez jamais sa grandeur, du coup, cadeau de la maison !
La maison était habitée.
Une petite maisonnette rose, à toit rouge, avec plusieurs salles, et un étage. Un modèle de maison en capsule tout à fait classique et pas du tout cher.
Logée tout au fond d'une grotte, laquelle était sujette à de violents fracas des vagues, car elle était enfoncée dans une falaise, elle était isolée et solitaire.
Combien d'années s'étaient écoulées depuis que personne ne s'était approchée d'elle ? On ne saurait le dire. La localisation de cette grotte était inconnue, sauf de deux personnes: L'habitant, et celui qui actuellement toquait à la porte, un baluchon au bout d'une branche installé sur l'épaule.
Après quelques minutes, enfin, une voix, étouffée, littéralement:
-Entre, fils.
Tchappa pénétra dans la maison.
Sur le canapé, un très, très, très vieil homme regardait un jeu télévisé. Caché, presque intégralement, dans sa barbe blanche, ne laissant entrapercevoir qu'une toute petite partie de ses jambes.
Le roi déchu s'assit à coté de celui qui était son père.
Il posa son baluchon près de lui, et attendit, regardant la télé lui aussi.
Le présentateur posa une question à un candidat, et le nouveau venu en la maison recluse répondit:
-Une gerbille !
Le plus vieux des hommes grogna:
-J'aurai dit un fennec grumbl...
Ils attendirent ensuite la prochaine question. Ils y répondirent, mais aucun des deux ne trouva. Pareil pour la suivante, et celle d'après.
L'émission termina.
Tchappa VII chuchota à Tchappa VIII:
-Qui est le successeur ?
La question était inévitable:
-Il n'y a pas de successeur.
Immobile, le père s'immobilisa:
-Que s'est il passé ?
-J'ai décidé de partir.
S'il avait pu, le septième se serait levé et aurait donné une claque à son fils. Finalement, il attendit justification.
Et le huitième de la lignée se releva:
-Je suis venu te revoir, d'une part parce que tu m'as manqué, et d'autre part, parce que je suis venu t'annoncer que je ne venais pas mourir avec toi.
-Que vas tu faire, loin des tiens ?
-Je vais transmettre mon art.
-Et à qui donc, Aph ?
-Ton arrière-arrière-petit fils. Il vit dans les îles du Sud.
Avant même que le quasi-centenaire ne pose d'autres questions, Tchappa s'échappa par la fenêtre, tel une brise passagère. Une telle vitesse, et une situation aussi improbable: Le septième crut avoir halluciné.
Quant à son fils, les vagues l'avaient déjà avalé.
Merci d'avoir lu
Bon, on est le 10 Novembre 2016, soit un an après le 10 Novembre 2015, et c'est quand même vachement sympa de vous montrer que je sais lire un calendrier, donc déjà ça prouve que je suis pas trop con.
En vérité, le 10 Novembre 2015 ( il y a un an, si vous avez suivi ) a été posté le prologue de ma fanfiction principale, à savoir La révolte !
Pour fêter l'anniversaire de ma fic, voici un One Shot, d'une série de six ou sept pas encore écrits parce qu'à la base je devais le faire plus tard, mais qu'en fait je le fais maintenant, parce que je voulais faire un truc pour l'anniv de la fic, mais que j'avais pas grand chose à part quelques fiches de persos ou des infos complémentaires sur l'univers LR, ainsi qu'un autre truc mais je garde ça en secret parce que je suis mystérieux.
Bref, le titre a sûrement dissuadé pas mal de gens à cliquer parce que c'est VRAIMENT KIKOO mais pour ceux qui sont restés, et qui ont survécu à cette intro complétement dafuq et écrite en freestyle, sachez que cette histoire est....attention révélation...complétement canon de l'univers La Révolte. En bref, cette histoire se passe dans le même univers que La Révolte. Z'avez compris.
Néanmoins, vous n'avez AUCUNEMENT besoin de n'avoir lu ne serait-ce qu'une seule ligne du prologue de LR pour comprendre cette série de petits One Shots.
Les seuls points communs entre ces OS, sont la présence de Robert, qui sera un personnage qui sera défini tout au long de ces OS, et le fait que les personnages rencontrés sont tous des humains, ou des personnages secondaires, voir tertiaires, de l'univers Dragon Ball.
Edit: J'avais marqué Roger et ici et dans le titre. J'ai édité. Je suis un génie, je ne connais pas le nom de mes propres personnages.
Au niveau du rythme de parution, bah, genre un chapitre par an, voir tous les six mois...En fait, c'est vraiment un truc essentiel à l'univers LR mais tellement inutile pour le moment vu la parution de La Révolte que bah je sais pas quand j'écrirai ce truc. Sûrement comme avec Le fruit de ses tourments que j'écris quand je suis bloqué sur La Révolte.
D'ailleurs, cette série de One Shots passe après tout hein, c'est vraiment des gros délires persos. ça n'impactera pas le rythme de parution de LR ( en ce moment, ce qui impacte surtout, c'est que je déménage, mais sinon hein no problem ).
Bref, je fais chier avec cette intro inutile, go to the chap.
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One Shot 1: Tchappa
-Buvez ce breuvage, Ô mon roi. Il vous conférera force pour votre duel. Puisse les dieux vous faire remporter la victoire.
Tchappa, agenouillé, accepta, en tendant ses deux mains, le bol en bois dans lequel une sorte de thé vert, sans en être, se trouvait et fit sentir au vieux roi plusieurs arômes. Il reconnut la menthe, et plusieurs sortes de fruits. Il approcha le contenant de sa bouche, remercia sa servante en inclinant la tête, puis avala d'un trait le breuvage.
Son corps se réchauffa, et il tressaillit. Étrangement, le liquide lui donna l'illusion de voler. Serait-il réellement béni ? Ou bien était-ce l'excitation ?
Voilà bien plusieurs années que le roi n'avait pas combattu un véritable adversaire, et aujourd'hui, enfin, il pourrait peut-être se dérouiller un peu, malgré ses 70 ans approchant.
La servante sourit en coin, en regardant le roi. Celui-ci la remarqua, et l'expression étonnée par les effets du breuvage laissa place à des sourcils froncés exprimant le questionnement:
-Vous riez, Devi ?
Elle recula, presque choquée:
-Je...Je suis amusée...Cet homme qui prétend vous battre doit être bien sot pour penser pouvoir vous vaincre, mon roi. C'est en pensant à cela que je ris...
Elle sentait le mensonge. L'instinct du roi ne le trompait jamais.
D'habitude, Tchappa aurait continué de l'interroger, mais l'heure n'était pas à ce genre de futilités, en ce début d'après-midi. Le duel allait débuter, et il se devait de quitter ses quartiers pour se diriger vers le lieu du combat.
Il se leva puis congédia Devi. Il alla ensuite se changer: Son habituelle tenue composée d'une simple toge jaune et d'une ceinture bleue n'était pas adaptée au duel symbolique qui allait se tenir. Il devait porter un habit de roi, sinon son titre serait déjà visuellement entaché.
Il opta pour une toge décorée: Le jaune laissa place à du doré, comme toujours, et les finitions de l'habit étaient d'excellente facture. La ceinture était ornée de motifs variés.
Après plusieurs minutes de marche, il arriva enfin, seul, devant la porte de la salle de combat. Il la poussa, et ferma les yeux.
Ce bruit...Ce bruit dérangeant...
La foule acclamait leur roi, ils criaient son nom, scandaient son titre, jetaient des fleurs sur son passage. Et il marchait, faisant intérieurement le vide. Il ne voyait rien, il savait le nombre de mètres le séparant de l'aire de combat, et s'arrêta juste devant les escalier, sachant parfaitement où ils se situaient.
Il sentait toujours l'odeur du breuvage, même celui-ci ne parvenait pas à le soustraire du bruit de la foule. Rien ne pouvait l'y soustraire, pour le moment. Et ces maudites traditions millénaires, elles ne laisseraient pas Tchappa tranquille avant une bonne et longue minute.
Ces maudites personnes n'ont jamais autant crié le nom de leur roi. Jamais !
Parce qu'aujourd'hui, elles étaient fausses, ces voix, elles étaient toutes factices, emplies d'ironie...
C'était ça qui énervait Tchappa, ça qui animait sa colère.
Il ouvrit enfin les yeux, quand la foule, enfin, se tut. Et elle s'arrêta quand l'adversaire, le fameux avorton, arriva, en face, devant les escaliers de son coté. Lui, qui était si beau, si fort, si riche, si apprécié...
...et surtout si jeune.
Tchappa tourna sa tête pour faire semblant de considérer son peuple: Tous dans les gradins, tous le regardait en espérant qu'il perde, tous attendait de voir l'adversaire le mettre au tapis.
Ses rides apparentes ne vacillèrent pas, et il grogna intérieurement.
Que le peuple aille se faire foutre.
Près de l'aire de combat, l'arbitre, un homme si maigre qu'on le briserait en le bousculant, et si vieux qu'il avait déjà enterré ses petits-enfants, hurla de vive voix, ayant été nommé arbitre de ce duel si important:
-Aujourd'hui est un grand jour. Nous sommes tous réunis en ce lieu symbolique pour assister à un évènement si important pour nous, peuples du désert !
Dans la salle, les deux grandes communautés de ce „peuple du désert“, les Douhin, les habitants des grandioses palais de l'Ouest gouvernés par Tchappa, et les Gouarets, modestes mais nombreux natifs des landes Est du pays, se toisaient, étrangement avec complicité. D'habitude, lors de ce genre de confrontations, les deux clans se fusillaient du regard, plus par rivalité que par haine.
Quoiqu'il en soit, tous se turent pour continuer à écouter l'annonceur:
-Depuis les évènements oubliés de l'année 774, et comme nous le savons tous, les gouverneurs des capitales ont ordonnés la réunification des clans du désert. Pour décider de notre nouveau dirigeant, ce duel fut quémandé par les dieux eux-mêmes entre les deux représentants des peuples !
Tchappa grognait toujours.
Les dieux ? Ha ! Première nouvelle ! Non, c'était surtout une façon de le mettre au pas. Eux qui supportaient la présence de leur roi depuis bien trop longtemps ! Des générations que personne n'arrivaient à le toucher en combat singulier, il n'avait jamais été battu...
...si ce n'est par ce fichu gamin à queue de singe.
-Le duel va donc débuter sans plus de cérémonies, le dirigeant de notre somptueux palais, le roi lui-même ayant demandé à ce que le combat soit allégé de tout rituel préliminaire ! Notre roi, qui est d'ailleurs un des combattants: Je vous prie d'accorder tous vos encouragements au grand et immortel Roi Tchappa !
Encore une fois, ce désagréable tintamarre ironique.
Tchappa avait beaucoup aimé le „immortel“. Encore une façon de se moquer de lui et de lui demander de perdre.
Une sorte de boule au ventre s'installa en Tchappa. Du stress ? Non, impossible, en face il n'y a qu'un gamin.
-De l'autre coté, le somptueux Shiva, représentant des Gouarets et prince de l'Est ! Il est venu jusqu'ici pour espérer vaincre les talents illusoires de notre bon roi ! Bénissez le !
Le garçon avait vingt ans. Il était magnifique: Des cheveux d'or, lisses et attachés en queue de cheval en arrière, des traits si fins et si doux, une mâchoire carrée qui ne trahissait pas la beauté de ce visage angélique, des yeux bruns perçants; son bindi – le point rouge sur son front – lui donnait une allure divine. Habillé de la même façon que Tchappa, mais tout de bleu et vert, il était élégant.
Son corps, jeune et frais, était déjà forgé par un certain entraînement: Vingt ans, et déjà un potentiel incroyable. On eut dit qu'il pouvait détruire des rochers avec un simple kiaï.
Et Shiva était silencieux, mais souriant. Les encouragements envers lui étaient sincères.
C'était évident: Il allait gagner, et remplacerait – enfin – Tchappa.
Les deux adversaires se fixèrent, puis avancèrent en montant sur le ring de combat.
Encore une fois, le vieux combattant sentait quelque chose en lui de dérangeant, comme un mal de ventre.
Le vieil annonceur continua sa tirade:
-Public, faites silence à présent. Laissez notre roi et son adversaire se saluer.
Tchappa n'avait pas envie de s'abaisser à ça, surtout venant d'un adversaire si faible qu'il mettra au tapis en cinq secondes. Mais pour éviter qu'on ne le hue et qu'on ralentisse le début du combat, il s'inclina, et Shiva de même.
-Que le combat commence ! Acheva l'arbitre.
Aussitôt dit, aussitôt fait, Shiva fonça, le poing droit en avant, en y mettant toute sa force.
Tchappa se laissa glisser en arrière, le bras tendu de son adversaire ne l'effleura même pas.
-C'est tout ce que tu as dans le ventre, gamin ? Se permit-il de lui dire, se moquant.
Shiva ignora la remarque, il avança vivement, puis tenta une balayette avec son pied droit, que Tchappa esquiva d'un ridicule saut. Prévoyant l'esquive, le jeune adversaire amorça un coup de gauche en remontant.
Cependant, le roi avait attrapé sa main avec la sienne alors que ses pieds n'avaient pas encore touchés le sol:
-A moi.
De son bras gauche, il emmena son poing dans le plexus de Shiva. Une petite onde de choc, et le corps siiiii robuste du marmot fut éjecté. Se rattrapant de bien belle manière en traçant un cercle sur le sol en retombant, il se tint la zone touchée ave une main, serra les dents, puis retourna au combat.
Et soudainement, il s'arrêta, et se remit droit. Dans la même position qu'avant de s'incliner:
-Vous êtes beaucoup plus fort que moi, malgré votre âge, Tchappa.
D'habitude, le fait de l'appeler par son prénom de cette manière aurait été assez impoli, même venant de lui, mais le vieil homme détestait les principes, et surtout ceux-ci, donc il y fit abstraction.
En plus, il l'avait appelé gamin juste avant, donc c'était une sorte de compensation.
-Je te prierai de ne pas citer des évidences, morveux.
Il sourit enfin. Provoquer un adversaire fait toujours un certain petit plaisir.
Mais, apparemment, Shiva ne se laisserait pas faire:
-Une évidence ? Je ne pense pas. Je dirai plutôt, le fruit d'efforts considérables.
Quel objectif cela avait de lui faire autant de louanges ?
-Et donc ? N'en as-tu pas marre de discuter ? Viens prouver ta valeur, ou j'en finis maintenant.
Il ricana.
-Alors ce duel a été décidé pour que vous me testiez ? Vous savez bien mieux que moi les raisons de cet affrontement.
-Oui, et c'est pour ça que je m'en vais te donner la leçon que tu mérites, bavard.
-Je ne pense pas. Vous ne pourrez désormais plus me toucher. Vous êtes vaincu, Tchappa.
Vaincu ? Par ce gringalet si faible ?
Beaucoup de personnes fondent un espoir sur lui, mais au point qu'il en ait pris la grosse tête ? C'est surréaliste...C'est même inconscient.
Tchappa voulut lui rabattre le caquet. Il s'approcha
On lui en empêcha, soudainement.
Il se prit un coup dans l'épaule gauche, enchaîné avec un uppercut. Ce dernier précédait un coup de pied transversal qui ne manqua pas de blesser les côtes, puis enfin, un kiaï. Les coups suivants: Une myriade dans le ventre, plusieurs kicks dans les jambes, et pour achever le bon vieux roi, une droite dans la gorge, pour lui couper la respiration.
Le corps de Tchappa tituba, puis s'écroula. Ses yeux se fermèrent, et il tomba, inconscient.
Le roi fut vaincu, vive le roi.
Shiva détacha ses yeux du corps meurtri de son assaillant. Il regarda l'arbitre, et lui lança:
-Suis-je donc le nouveau dirigeant de ces lieux, vénérable ?
-Oui, maître Shiva.
Tout le monde était resté bouche bée. Il avait vaincu Tchappa aussi facilement ? Avant d'encaisser la technique des huit bras ? Ils savaient qu'il allait vaincre, mais pas comme ça...Shiva venait littéralement d'abattre une légende vivante !
Le blondinet n'attendit pas les cris du public. Il hurla:
-Jetez le en dehors du palais.
-Mais, c'est l'ancien roi...Il a le droit d'après les traditions de...
-Au diable les traditions ! Je suis roi, et j'ai donné un ordre.
* * *
Sa tête dans le sol, camouflée par son épaisse touffe de cheveux, ne sentit pas tout de suite le petit bâton qui venait la bousculer. Après quelques secondes, enfin, celui qui tenait le-dit bâton utilisa sa main et tenta de réveiller l'homme:
-Monsieur ? Vous vous êtes endormi ? Ne me dites pas que vous êtes mort !
Tchappa grogna en se réveillant.
Où était-il ? Il ne se sentait pas bien, et il devait être tout sale, maintenant. Le sable lui collait aux lèvres, et il avait du mal à se relever, blessé. Très peu blessé, mais l'âge lui avait fait perdre sa résistance d'antan.
-Où...Où suis-je ?
Il se redressait difficilement. En face de lui, un homme tout rondouillard qui vendait des Capsule Corp en plastique miniatures dans un panier.
Ce dernier colla sa moustache grise sur le nez de Tchappa, puis ses yeux, derrière des lunettes carrées, s'écarquillèrent à s'en déchirer les yeux:
-Mais vous êtes le...
-Oui, je suis le roi Tchappa, tout ça tout ça. Où suis-je ?
Le vendeur tomba à la renverse.
Il était confus de ne pas avoir reconnu le fameux gouverneur du pays, et il se sentait bête de ne pas avoir compris en voyant ces habits hors de prix, mais l'étrange proximité que le roi installait en oubliant les protocoles, les traditions de respect, le bouleversait.
-Vous...Vous êtes à un kilomètre du palais...Regardez plutôt par ici, on le voit !
-Qu'est ce que je fais là ? Enchaîna-t-il en constatant que son domicile n'était finalement pas très loin.
-Aucune idée...Je viens de vous trouver...
Comme d'habitude, Tchappa râla. Il avait même une bosse.
Il regarda le vendeur, jeta un coup d’œil à ses marchandises, puis dévia pour chercher une route et retourner au palais.
-Merci de ne pas m'avoir laissé ic...Oh...
Un blocage. Soudainement, il arrêta ses paroles et se positionna comme s'il venait d'apprendre que Dieu était un escargot: Il venait de se souvenir !
-Shiva...Il a sifflé...Souffla-t-il d'un coup.
Le regardant étrangement, le moustachu s'interrogea, perturbé:
-Shiva ? Le prince Shiva, de l'Est ?
-Cet enfoiré de gamin a triché !
-Triché à quoi ? Je ne vous suis plus, mon roi.
La réaction à chaud de Tchappa avait de quoi étonner, surtout face à un inconnu comme ça.
Cependant, le vieil homme se reprit, et ferma les yeux. Il serra les dents et les poings, sa posture avait l'air de plus en plus combattive, et il tremblait.
Une colère intérieure, assez violente, mais qu'il camoufla grâce à sa maîtrise de soi.
Il ne voulait pas paraître non plus trop agressif devant ce pauvre homme qui ne demandait rien.
Alors il se retourna, alors que le vendeur se posait des centaines de questions, et contempla ce château duquel il avait été chassé. Shiva était rancunier à ce point là, ou était-il juste un vil voleur de trône?
Comment un simple sifflement avait-il pu le faire vaincre, lui, Tchappa, l'homme qui n'avait été vaincu que deux fois !? Un poison ? L'âge qui surgissait au mauvais moment ?
Quoiqu'il en soit, il n'avait plus rien à faire. Soit il tentait de revenir au palais, auquel cas il serait mal accueillit, soit il..
Il s'assit, dans le sable, là où deux minutes avant il en mangeait. Il répondit alors simplement à son interlocuteur:
-Je ne suis plus roi.
Le plus jeune – de 40 ans – fut intrigué:
-Plus roi ? Mais, vous n'êtes pas mort. Vous avez transmis la royauté à un proche ?
-J'ai perdu un duel.
Le vendeur se rappela de quelque chose. Il n'était pas le fameux Roi Tchappa qui n'avait jamais perdu un combat ? Perdre contre un jeunot, n'est ce pas incroyable pour quelqu'un de sa trempe ?
Cependant, même s'il était invincible d'après les rumeurs, d'autres couraient qu'il était de moins en moins aimé de son peuple.
-Est-ce que votre...défaite...serait due à ce sifflement dont vous parliez tout à l'heure ?
Cette idée traversa son esprit au bon moment.
-Je ne sais pas...Mais j'avais déjà mal au ventre avant le combat.
Serait-ce...?
Un combat de cet acabit truqué avec ce genre de poisons ?
Le moustachu pouvait alors émettre une certaine hypothèse:
-Dans mon pays, il existe des bonbons nommés „ Ka ka ka“ qui servent de puissants laxatifs. On les utilise pour punir les enfants.
-Qu'est ce que ça a à voir avec mon combat ?
-En fait, il existe plusieurs variantes, plus ou moins dangereuses, mais qui fonctionnent toutes de la même façon: Un sifflement, et le produit fait effet.
-Ah, je comprends...Le sifflement de Shiva a provoqué mon malaise et mon évanouissement, tandis que les sifflements du public, juste avant, ont commencés à me rendre mal. Ce serait ça ?
-C'est une théorie.
-Mais...Quand ai-je été empoisonné ? Je ne mange pas de bonbons.
Le vendeur réfléchit quelques secondes, puis leva le doigt:
-Vous avez bu quelque chose juste avant ? Il existe de la poudre Ka ka ka.
Et Tchappa s'immobilisa.
Oui il avait bu quelque chose...et ce quelque chose n'avait à la base pas pour but de l'empoisonner. Au contraire, le breuvage à l'odeur de thé, il était prétendument béni !
Dévi la servante était donc une traîtresse, directement sous les ordres de Shiva...C'était ça qu'il fallait déduire ? Elle qui officiait depuis déjà trente ans au palais, elle qui avait tant connu Tchappa, et qui l'avait même conseillé. Elle qui était sûrement la personne qui connaissait le mieux l'ancien roi, et qui savait même pour ses amoures.
La vieille femme connaissait mieux Tchappa que sa femme et ses fils elle-même, et elle l'aurait trahi ?
Ce fait parut complétement inconcevable pour lui...et pourtant, force est de constater que tout collait...à moins que le moustachu ne mentait. Et l'intérêt de cette idée n'existe pas.
Aussi, Tchappa préféra garder tout ça pour lui, et se contenta de répondre:
-Oui. Je crois que je comprends mieux. Merci beaucoup
Le moustachu s'inclina alors, presque trop:
-Non, Roi Tchappa, c'est à moi de vous remercier d'avoir pu discuter avec vous !
L'homme aux cheveux noirs détourna le visage de son interlocuteur, un peu lassé:
-Ne m'appelez plus Roi. J'ai perdu mon titre. Mon prénom est Tchappa, utilisez le simplement.
Complétement abasourdi, le plus jeune rétorqua:
-Oh non, je ne voudrais pas vous manquer de...
-Je n'aime pas le vouvoiement. Quel est ton nom, étranger ? Coupa alors l'ancien roi.
-Euh...Robert...répondit-il, un peu timide.
Le combattant commença à marcher sur un coté de la dune où il discutaient depuis cinq minutes, puis enchaîna:
-Bon Robert, on fait quoi maintenant ?
Confus, ce dernier s'injuria, profitant de la semi-proximité qui s'installait entre les deux hommes:
-Comment ça ? Tu ne vas pas te venger et récupérer ton trône ? Tu ne peux pas bêtement rester là attendre ! V...Vous allez bien retourner au palais et lui forcer la main non ? Il en va de votre honneur de combattant, cria-t-il à moitié en confondant les tu et les vous au fur et à mesure.
Le remarquant, Tchappa ne put s'empêcher de sourire, puis reprit son sérieux pour répondre:
-Inutile. Je suis bien plus fort, mais je ne pourrais commander un match de retour. De plus, il est inutile de tenter de redevenir roi d'un peuple qui attends depuis belle lurette votre mort, ou votre destitution.
Intrigué, Robert lui murmura, décontenancé:
-Votre peuple...ne vous aimait pas ?
-Oh, tu ne sais pas, je suppose. Mais je vais t'expliquer. Laisse moi te raconter mon histoire, Robert. On a rien de mieux à faire, et il n'y a personne à qui vendre tes trucs dans les parages de toute façon.
-J'allais au palais pour le faire...
-Tu aurais été rejeté, mais bref. Je disais:
J'avais vingt ans, j'étais jeune et beau. Mais j'étais surtout le fils de mon père, le roi Tchappa VII !
-Votre père portait le même prénom que vous ?
Interrompu, alors qu'il partait dans sa narration avec envie, il bougonna:
-Portait et porte encore, il a actuellement 99 ans et vit en ermite au fond d'une grotte près d'une capitale. La lignée des Tchappa s'est donc achevée aujourd'hui même, avec moi...Tchappa VIII.
-Vous n'aviez pas d'héritier ?
-Bien sur que si. J'ai eu trois fils: Le premier est parti dans la capitale Nord, le second est au palais mais n'a jamais su se battre, devenant prêtre, et le dernier est...
Un petit moment d'attente. Robert comprit dans les yeux de Tchappa que c'était une information qu'il n'avait pas voulu divulguer. Après encore une bonne dizaine de secondes, le roi déchu sourit:
-Au point où j'en suis, je peux te le dire, je pense...
Le moustachu s'interposa:
-Si c'est privé, ne me dites rien, surtout à moi...
Tchappa se devait d'extérioriser. Après tout, il était seul maintenant, et il s'en foutait royalement de savoir à qui il se confiait. Autant tout balancer:
-Après un tournoi durant lequel j'ai perdu – face à un gosse - j'ai rencontré une femme. Nous étions restés en contact et j'ai appris bien plus tard qu'elle avait en fait accouché d'un fils...
-Vous voulez dire qu'il y a une branche de la famille Tchappa qui n'est pas...légitime ?
-Oui, dans les îles du sud.
-Je vois...Vous y êtes allé ?
-Juste une fois oui, pour y rencontrer un petit-fils...Rajouta-t-il, pensif.
-Ah et donc vous avez vraiment toute une branche qui s'est créée ?
-Ils ne me connaissent que peu mais il est indéniable qu'ils sont mes descendants. Néanmoins, jamais ils n'accèderont au trône...expliqua-t-il en baissant la tête.
-De toute façon, faisant parti de la troisième branche, ils auraient dû attendre la succession de la première et de la deuxième, et donc, de leurs enfants et petits enfants, non ?
Tchappa cogita un peu, puis tourna son regard vers les mini Capsule Corp et comprit:
-Ah, tu dois parler des systèmes de successions de votre pays, ou bien du Roi du monde peut-être ?
-Le système de votre palais est différent ?
-Oui, l'héritier est soit choisi par le roi actuel, soit décidé lors d'un duel entre deux prétendants de la lignée. Il y a des exceptions cependant, comme les prêtres qui ne peuvent accéder aux fonctions royales, et...
Encore une pause...mais Robert alla la combler:
-...les enfants illégitimes ?
-Comment l'as-tu deviné ? S'étonna Tchappa.
-Vous aviez l'air un peu perdu, je me suis dit que c'était lié à vos révélations précédentes...Sourit-il.
Le huitième de sa lignée sourit aussi. Décidément, Robert était vraiment la meilleure personne sur qui il avait pu tomber. Pour une fois qu'il avait le droit de librement causer à quelqu'un de sa vie, de se plaindre et de laisser transparaître sa vraie personnalité...
-Oui, exactement. Enfin, je vais continuer mon histoire:
“Mon père nomma mon frère aîné pour lui succéder. Tout comme lui m'appelait Aph, mon véritable prénom, je l'appelais Rô. Je vais utiliser son nom de cette façon pour éviter les confusions avec tous ces Tchappa.
Mon frère était fort, et menait le pays bien mieux que notre père ! Il avait apaisé les tensions entre notre palais et les clans du désert, avait conclu des marchés avantageux lors de la création de l'alliance entre tous les états du monde et la première élection d'un Roi du monde, et bien d'autres choses.
Je l'admirais: Il était grandement intelligent ! Mais Rô ne m'arrivait pas à la cheville, car je venais à l'époque de créer ma fameuse technique des huit bras. Et nous nous aimions dans un respect mutuel, pendant plusieurs années, jusqu'à ce qu'il décède d'une maladie cardiaque.“
Tchappa souffla: Même aujourd'hui, se souvenir de la mort de Rô l'attriste. Cependant, comme pour lui faire oublier ce court malaise, Robert lui posa une question:
-Vous avez parlé d'une technique...celle des huit bras. Vous...me la montreriez ?
Tchappa regarda le moustachu. Ainsi, il voulait réellement voir de quoi était capable le roi déchu ?
Mieux, cet homme voulait-il réellement voir une technique si minable ?
-Huit bras tu dis? Il y a de ça déjà bien longtemps que j'ai dépassé le chiffre huit. Je m'étais bloqué à celui-ci pour correspondre à ma position dans ma lignée, mais j'ai finalement franchi le cap.
Étonné, le vendeur s'écarta, laissant place au maître pour faire sa démonstration.
-Tu as raison de te pousser Robert, tu risquerais de te prendre un coup sans que je ne le veuille, prévint Tchappa.
Le roi déchu se positionna, les bras pliés sur le coté, fermant les yeux et en inspirant. Puis, tout en soulevant ses paupières, fit apparaître une seconde paire de bras, sur ses épaules. Ce n'était pas fini: Au fur et à mesure du temps, une troisième paire, puis une autre, apparurent.
-Voilà ce sur quoi fut bâti ma légende ! Mais dépassons ce niveau ridicule...cria-t-il alors qu'une veine apparut sur son front et que ses réactions se firent plus nombreuses encore.
Une nouvelle paire...Encore une autre...On en...ajoute une...Une...douloureuse....autre...et...
La neuvième paire de bras apparut un instant avant de s'évanouir dans le champ de vision de Robert. Et quelques secondes après, toutes les autres s'échappèrent.
Tchappa était trop vieux maintenant, il ne pouvait maintenir que huit paires de bras.
Totalement essoufflé, le vieux roi posa ses mains sur ses genoux et commença à tenter de se rétablir, tout en expliquant ce qu'il venait de faire à Robert:
-En bougeant mes bras à une certaine vitesse, j'arrive à stabiliser des images de ceux ci en l'air. De cette façon, un adversaire ne saura jamais d'où partira l'attaque. Trop de bras actifs ne servent à rien, si ce n'est gâcher de l'énergie. D'après moi, le nombre de bras suffisant pour berner optimalement l'adversaire serait de six paires.
La fameuse goutte d'eau perla sur le front du moustachu. Comment est-ce possible de faire ça !?
Se redressant, Tchappa se gratta les cheveux:
-Une fois, j'ai réussi à atteindre la vingtaine de bras, mais n'ais hélas pas réussi à la maintenir.
-Vous êtes incroyable...! Cria-t-il.
-Avec de l'entraînement, tout est possible: Un simple fermier pourrait dépasser les plus grands maîtres ! Mais en ce qui me concerne, c'est mon envie d'apprendre qui m'a permise de devenir si fort. Justement, je m'en vais t'expliquer...
* * *
Shiva était assis, incliné en avant, sur un trône en or et en argent, qui siégeait au beau milieu d'une grande salle, laquelle n'avait rien à envier au trône au niveau des matières et pierres précieuses: Les tapis étaient rouges, sûrement une sorte de soie, le sol dallé de bronze gris, les meubles tous en bois rares et d'excellente facture, les pylônes qui soutenaient la salle paraissaient gigantesques, alors qu'ils ne mesuraient qu'une douzaine de mètres, sûrement grâce à l'art architectural dans lesquels ils furent édifiés, les vitraux, car il y avait des vitraux, étaient composés de saphir, d'émeraude, de rubis, de cobalt, d'améthyste, de diamant, d'or, d'argent, de bronze, et de bien d'autres pierres dont vous ignorez le nom, même en étant spécialiste. Impossible de décrire la beauté de la salle, tant elle respirait et incarnait la royauté, le luxe.
Et le nouveau roi, le roi fourbe, était maladroitement posé là. Il attendait, pensif, que ses conseillers, qu'il avait appelé quelques minutes plus tôt, arrivent, et lui donnent des nouvelles de leur débat. Oui, les vingt conseillers royaux, qui avaient tous assisté au match entre Tchappa et Shiva, avaient débattu, sur justement l'issue de ce combat, et le juron ainsi que l'ordre irrespectueux du nouveau dirigeant du pays à sa suite.
Le plus sage des conseillers, d'après eux-mêmes, donc certainement le plus neutre, entra seul, venant expliquer à Shiva, tel un messager, le résultat des discussions. C'est ce que Shiva attendait, et la réponse arriva donc, dans la barbe, et ce, dans tous les sens du terme, du conseiller, parce qu'il bégayait un peu, ne sachant pas comment s'exprimer devant ce nouveau roi:
-Ô Roi Shiva, maître des Gouarets, vainqueur de l'affrontement contre notre précédent roi, prodige des....
-Ouai, abrège. Ils ont dit quoi ? Le coupa-t-il, de façon extrêmement malpolie.
Abasourdi et perturbé, le sage continua de bégayer, hésitant sur la formule, alors qu'il y avait bien réfléchi juste avant de venir, pour finalement répondre, tremblotant:
-Ayant juré sur nos dieux sacrés et protecteurs, vous serez sanctionnés et devrez mener offrandes à tous nos dieux pendant une semaine, comme l'avait fait le premier roi de la lignée précédente, il y a de ça plusieurs décennies. Vous respecterez les rituels, et les quantités de biens dont vous devrez vous destituer.
Shiva se redressa un peu, non par politesse, mais par inconfort:
-C'est tout ? Ria-t-il en arborant un rictus dédaigneux.
Déstabilisé par la réaction de son nouveau roi, le sage recula avant de se reprendre, déséquilibré. Il voulut d'abord vaciller, ne comprenant pas comment Shiva, et même s'il n'était roi que récemment, réagissait de cette manière. En effet, c'est totalement contraire à l'attitude que devrait avoir un dirigeant, encore plus quand la punition répond d'une insulte directe aux dieux !
Alors le sage fronça les sourcils, de la colère anima son esprit érudit, et même si Shiva ne connaissait pas les préceptes, il était convenu de les lui apprendre. Se redressant, il annonça de vive voix:
-Non, bien entendu. Votre réaction ne me plaît pas, et par extension, ne plaît pas au conseil. Sachez répondre de façon modeste, et acceptez vos sanctions en restant neutre, sans vous en moquer. Malgré votre position, vous risquez de vous mettre à dos le conseil, ainsi que le peuple.
Il était satisfait. Bien qu'écrasé par le charisme de Shiva, l'étonnant charisme de Shiva faudrait il corriger, il s'était un instant senti comme libre de toutes contraintes et de pouvoir énoncer ses réprimandes comme il en avait envie. Un courage certain, et notable...
...mais vain.
Shiva ne répondit pas comme le conseiller espérait, ce serait trop facile et trop beau; non, il élargit son sourire:
-Et alors ?
Une courte pause, qui laissa alors le temps au visage du sage de se liquéfier devant tant de désintérêt. L'impolitesse de Shiva le rendait déjà fou: Jamais en soixante-dix-huit ans, un roi n'avait autant aussi mal réagit, même au tout début de son règne.
Ça y est il recommençait à tituber, et c'est en voyant ça, que le jeune et hautain roi continua:
-Oui, j'ai manqué de respect aux dieux, oui, j'ai aussi manqué de respect à Tchappa, oui, je ne parle pas de façon modeste, ou quoi que vous voulez, vous et votre conseil. Mais à vrai dire, je m'en fout, je suis le roi, et j'ai le pouvoir. Parce que je crois aux mêmes dieux que vous, et parce que j'ai plusieurs fois été béni par eux, je vais obéir à mes punitions, sans rechigner, mais n'attendez rien de plus de moi pour vos notions de respect.
Un vrai plaisir pour Shiva de voir les traits du visage du sage fondre au fur et à mesure de ses paroles presque injurieuses. Ce dédain était hors norme, et sa façon de parler si décomplexée, si peu conventionnelle.
Malgré tout ce qu'il avait pu dire ou penser, le sage regrettait maintenant Tchappa.
Pour finir, et comme s'il donnait le coup final sur le crâne du vieil homme, le chef des Gouarets enchaîna:
-Vous n'avez rien d'autre à dire ? Sinon, partez.
Le sage avait la mâchoire presque décrochée. Il la réajusta littéralement, et entre deux gouttes de sueur, il réussit à placer quelques mots, démoralisé.
-Je...Je...Nous...Le...Conseil a ordonné que vous...que vous retrouviez l'honorable roi Tchappa...et que vous...lui rendiez ses appartements...tout en le réhabilitant...
Shiva grogna. Il devait bien ça à ce vieil imbécile.
-Ok, je le ferai. Et ensuite ?
-Je retourne...devant le conseil...conclut-il, se retournant, des larmes se retenant de couler.
Shiva soupira. Il le laissa partir, puis après qu'il soit dissimulé par la distance, le monarque se leva de son trône d'or et d'argent, et prit le chemin de ses appartements.
Il réfléchit un peu durant sa marche, seul, et constitua déjà ses plans pour la fin de soirée et le lendemain: Il allait tout de suite aller se changer, puis ira donner à des gardes l'ordre d'aller retrouver Tchappa, comme il se devait de faire.
Et après, demain matin, avoir fait offrande aux dieux, il pourra mettre son plan en marche.
Le pays changera, et retrouvera sa gloire, sa grandeur d'antan.
* * *
“J'ai succédé à mon frère. À l'époque, je n'étais pas au pays. Il n'était pas prévu que je devienne roi, et j'ai dû me dépêcher de retourner au palais.
On m'a fait toutes les cérémonies, les rituels, et les bénédictions, on m'a habillé, on m'a expliqué, on m'a montré ce que e pouvais faire. Et j'ai eu beaucoup de mal à remplir mon rôle de roi.
Au début, en tout cas.
J'étudiais autre part, dans la capitale Sud, et j'avais décidé de ne pas revenir avant longtemps au pays, en espérant que mon frère aie un enfant et le nomme, ou qu'il choisisse quelqu'un d'autre. Non, il n'a décidé de personne, et j'ai dû poursuivre la royauté. Il n'a pas été appelé Tchappa d'ailleurs, parce qu'il avait décidé de se nommer Rô 1er, ne pensant pas pouvoir égaler notre père et porter le nom.
Enfin bref, je m'égare. J'ai tenté de poursuivre ce que faisait mon père, c'est à dire unifier les peuples du désert, soit nous, les Douhin, les Gouarets, et les peuples du Sable Rouge au nord. Cependant, après une année de règne, les membre du Sable Rouge ont décidés de prendre d'assaut notre palais, et ont mené leur armée jusqu'ici, malgré les mises en garde du gouvernement mondial, tout nouveau à l'époque. Profitant de la succession tout d'abord de mon père à mon frère, puis de ce dernier à moi-même, ils pensaient pouvoir nous écraser, car pensant le pays fragilisé.
Heureusement, grâce aux Gouarets, dépêchés par mon père, nous pûmes les repousser. Ainsi, la paix se réinstalla. C'est à cette même époque que je développais la technique des huit bras, concentrant mon temps libre, et même plus, aux arts martiaux.
Je jouissais d'une réputation exceptionnelle ! On m'appelait le Fabuleux Roi Tchappa ! A cette époque, j'étais un grand dirigeant, aimé de tous.
J'ai préféré jouer sur ça, et je me suis rendu, plusieurs années après, à un grand tournoi d'arts martiaux: Le Tenkaichi Budokai. Je ne sais plus quelle édition cependant, la douzième je crois...
J'ai gagné sans même qu'un adversaire ne me touche, et c'est comme ça que je ma réputation s'est agrandie et que même toi des dizaines d'années après tu connaisses mon nom.
Revenant au pays, je fut congratulé, et j'utilisais l'argent de ma victoire du tournoi pour entamer des actions de reconstruction et de négociations avec le Sable Rouge.
Les Gouarets ont d'ailleurs décidés de s'allier à eux, et ainsi furent réunifiés ces deux clans. Quoiqu'on en dise, ce fut un soulagement pour le pays. Et c'est à partir de là que mon règne a commencé à être moins apprécié.
Déjà, les Gouarets prétextèrent vouloir vivre indépendamment des Douhin pour mieux se construire dans les terres Nord du Sable Rouge, car des nouveaux territoires impliquent forcément de grands aménagements. En vérité, c'est à cette époque que je signe des documents très importants, contre une bonne partie des avis du conseil: J'ai fais rentrer mon pays dans l'Union Internationale.
Mon pays ne possédant pas les terres du Nord, les Gouarets quittèrent tous le pays. Mon espace fut donc plus vaste, et de l'amertume commença à naître quand j'ai débuté les aménagements sur leurs terres. Maintes fois j'ai dit à leurs chefs qu'ils étaient libres sur mes terres, mais ils ont toujours refusés.
Les Gouarets ne se sentaient pas chassés, mais trahis. Alors une sorte de rivalité naquit, et nous ne cohabitions pas ensemble. Nous nous retrouvions seulement lors des grandes fêtes religieuses, cinq ou six fois par ans.
Mon peuple a commencé à me haïr: La scission entre les peuples, le tourisme perturbant, les nouveaux modes de vies que j'installais, la modernisation que j'apportais des grandes villes, ils n'aimaient pas et me le faisaient savoir.
Quand mon premier fils, Lâ, fut en âge de gouverner, le conseil, me disant explicitement de lui léguer mon trône car j'étais trop détesté pour continuer sans que le peuple ne soit malheureux, il prit une décision qui offusqua une très grande partie de la population: Il partit du palais et alla s'installer dans une des capitales, quittant le pays.“
Robert s'était presque allongé près d'un rocher, alors que Tchappa contait son histoire, presque bercé par son récit. Le vieil homme parlait fluidement, comme s'il répétait son discours dans sa tête depuis longtemps et qu'il cherchait quelqu'un à qui se confier.
En vérité, Robert admirait déjà cet homme, peu importe ce qu'il avait fait.
Malgré ses rides et son torse qui laissait paraître ses os, Tchappa avait l'air si...jeune...si vigoureux. Oui, on aurait à cet instant dit que la mort même ne pouvait mettre au pas le roi déchu ! Une telle prestance s'accompagnait souvent de grands faits, seulement, d'après ses dires, ces grands faits avaient été incompris.
Alors Robert, même si pris par le récit, se permit, encore une fois, d'interrompre le discours pour poser une question:
-Vous n'avez pas demandé à votre fils de rester ?
Tchappa ne fut pas dérangé, il avait besoin d'une pause pour reprendre son souffle, et il se rappela que beaucoup d'interrogations pouvaient tarauder l'esprit de son nouvel ami. Il répondit:
-Moi même, jeune, je ne voulais pas de la royauté, c'est elle qui s'est imposée à moi. Mon fils a décidé de vivre loin des siens, et je ne l'ai pas empêché de le faire. Son choix est mon choix, mon fils est libre.
-Vous étiez un bon roi, et vous resterez un bon père, Tchappa, complimenta Robert.
-Un bon père, c'est peut être trop d'éloges. Je ne fais que respecter mes enfants: Un bon père serait allé assisté à la naissance de son dernier enfant, peu importe son lieu de naissance. Ma royauté m'en empêchait...et j'en suis le premier frustré...
…Mais avant ça, mon deuxième et dernier fils avec ma femme naquit. Quelle ne fut pas ma joie quand je l'ai vu, et ma désillusion quand j'ai compris que ma femme ne pourrait plus jamais avoir d'autres enfants, à cause d'une maladie. Pour tout dire, j'en voulais quatre, mais passons.
Mon deuxième enfant, Li, a décidé jeune de vouer sa vie à la religion, et à nos coutumes, s'écartant ainsi de la possibilité de devenir roi. J'ai cherché à l'en dissuader, mais depuis bien longtemps déjà le peuple, le conseil, tout le monde savait que moi-même, rappelles toi, le mauvais roi Tchappa, voulait s'écarter des traditions, ou en tout cas les moderniser !
Personne ne me soutint, et mon fils devint prêtre: Pas que je ne voulais pas qu'il atteigne ce rang, mais que je ne pouvais plus dès lors avoir de descendant !
Les prétendantes étaient nombreuses, mais je n'ai jamais pu me résigner à quitter ma femme, pour avoir un enfant avec une autre qui ne m'aimerait que pour la position sociale.
Bloqué dans cette position, ma notoriété se dégrada encore plus, et je fut bientôt encore plus détesté que les démons.
J'ai tenté de leur montrer ma puissance et mon courage en retentant de participer et de gagner un Tenkaichi Budokai. Cette fois je m'en rappelle: C'était le 22ème...et j'ai échoué. J'ai été vaincu, non pas durant le tournoi, mais durant la phase de qualifications, par un sale gosse. Un certain Son Goku, un garçon d'à peine quatorze ou quinze ans...
Honteux, je ne revint pas au pays tout de suite, mais stagna sur l'île du tournoi pendant une semaine. Tu t'en rappelles, c'est là que je rencontrais la femme des îles avec qui j'eus mon troisième fils, l'illégitime Lô. Je ne l'ai rencontré qu'une seule fois, lorsque son propre fils vint au monde...et la relation que j'eus avec lui fut assez tendue.
Déprimé après ma défaite, je retournais dans mon palais...et je fut hué. Tellement hué, que des fois je n'en dormais pas. Ma notoriété était tellement basse que des fois je me demandais si plus de gens dans le monde connaissaient l'existence de mon concierge que la mienne !
Puis, un jour que je m'entraînais, dans la cour arrière du palais, un monstre apparut à moi, et je fus tué.“
Déjà, Robert ne faisait que compatir à la triste vie de roi malaimé de Tchappa, mais quand il prononça ces paroles, le moustachu parut comme réveillé, et demeura béat:
-T...Tué...!?
-Étonnant, n'est ce pas ? Je me souviens de son apparence, il m'a longuement regardé, et en tendant devant lui une feuille, il prononça mon nom, et m'écrasa le crâne. Je décédais.
Robert fronça les sourcils:
-Je veux bien vous croire pour une bonne majorité de faits, mais étant donné votre présence devant moi, je ne peux que m'interroger sur ce dernier.
-J'ai été ressuscité.
-...Ressuscité...?
-Oui, je me suis réveillé dans mon lit de mort, frais comme un gardon. Je ne savais même pas que j'avais été tué et suis directement reparti m'entraîner. Finalement, ce que je te raconte est peut-être faux, mais des dizaines de témoignages expliquent précisément la cause de la mort. La télévision est même venue confirmer mes dires, car...
-Piccolo Daimaô ! Trouva Robert, complétement Tchappa.
-Oui, c'est le nom. J'ai été tué par Piccolo Daimaô.
-Non, il avait des acolytes d'après les journaux. Il y a même un monstre qui terrorisait mon village il y a de ça des dizaines d'années, j'étais trop jeune pour le voir, qui a été tué et qui est mystérieusement revenu à la vie ! On parlait aussi d'un démon vert.
-Étrange.
-Véritablement...Plusieurs sources affirment que Piccolo Daimaô est encore en vie.
-Qu'il ne vienne pas ici, je l'exterminerai.
-Je n'en doute pas une seule seconde.
Le silence s'installa alors. Les deux hommes se fixèrent. Le sujet avait été épuisé, et les yeux de Robert traduisaient son envie d'en savoir plus sur Tchappa. Alors ce dernier continua, et termina, son long récit:
"Ma mort et l'affaire tout autour passée, le conseil fit pression sur moi. Ils me jugèrent inaptes à gouverner, trop faible moralement et physiquement, trop détesté, trop rejeté, trop peu capable de continuer.
Ils pensèrent à me trouver un successeur, alors j'ai invoqué mon droit de décision royal, et ils la fermèrent. Ils tentèrent d'ajouter que je devrai rappeler mon premier fils au palais, mais j'ai ignoré les demandes.
J'ai fais une erreur, assez grosse pour être citée, mais mon seul moyen d'évasion: Citer la règle qui expliquait que le vainqueur d'un duel officiel avec le roi pourrait remettre en cause et destituer celui-ci !
Des dizaines, non, des centaines, je pourrais même dire un millier de combattants sont venus me voir, pour me défier. Je m'amuse à le dire: Personne ne m'a touché une seule fois.
J'étais trop fort, trop impressionnant. Et pour ça, on me haïssait d'autant plus que je ne mourrais jamais ! Le conseil a même été jusqu'à tenter d'organiser des tournois ou de quémander des combattants d'autres pays: J'ai accepté de reparticiper au Tenkaichi Budokai, et j'ai encore perdu lors des qualifications, par ce même Son Goku. On m'a dit qu'il avait été tué peu après, lors des évènements Cell.
En parlant de Cell, j'étais alité quand il est arrivé, sinon, je serai très certainement allé le combattre. Une maladie, au mauvais moment. Beaucoup ont espéré que je meurs, et j'aurai voulu aussi, mais je crois que j'avais fais exprès de ne pas mourir pour les embêter.
Bref, depuis ce jour, et même depuis les Jours Oubliés de 774, je suis seul et détesté. Aujourd'hui, le Gouvernement Mondial à décidé que je devais participer au fameux duel pour des raisons de regroupement des régions et peuples, un truc bien énervant que j'ai laissé faire aux conseillers.
Tu connais le reste de l'histoire, Robert.“
Tchappa souffla. Il était à la fois bon et mauvais de ressasser son passer de cette manière: Il se sentait à la fois lassé et soulagé.
Le vendeur de Capsule Corp en plastique se releva. Il s'approcha duroi déchu et lui tendit la main:
-Merci beaucoup de vous être confié à moi, Tchappa. Je ne peux rien faire pour compenser, sinon vous témoigner mon affection et mon soutien.
Le vieil homme refusa mentalement de serrer la main de Robert, mais son corps le fit à sa place: Il se sentait heureux de ne pas être détesté par quelqu'un, mais étranger à cette pratique. Même s'il avait longtemps cotoyé les capitales, il n'était pas habitué à ce qu'un homme du peuple, même s'il ne fait techniquement pas parti de son peuple, soit si familier avec lui. Mais Tchappa se souvint: C'était lui l'homme familier depuis le début. Il avait demandé le tutoiement, il avait tout révélé sur sa vie privée, sur ses secrets. Il avait extériorisé avec un inconnu, et c'est maintenant qu'il s'en rendait compte.
Mesurant alors ce qu'il avait fait, il abdiqua devant lui-même, et apprécia la conversation:
-C'est à moi de te remercier. Jamais je n'avais autant parlé, et encore moins avec un inconnu.
-Oh, ne vous inquiétez pas, je ne dirai rien à personne, dit-il gêné.
-Je n'en doute pas. Enfin, qu'importe ces révélations, parle moi de toi Robert.
Le moustachu s'immobilisa, décontenancé. Pourquoi un roi voudrait savoir de quoi est faite la vie d'un simple homme comme lui ?
-Que je parle de moi..? Mais ce n'est pas intéressant, vous savez...
-Si, ça l'est. Ne sois pas perturbé par une comparaison entre nos vies. Crois moi, sans la connaître, je sais que j'aurai certainement préféré vivre ta vie.
-Et bien, j'habite dans la campagne, près de la capitale Ouest, avec ma femme, et mes cinq enfants...et j'ai fait des études de journalisme. Je suis fonctionnaire dans une entreprise de fabrication de la Capsule Corporation, et actuellement, je cherche à promouvoir notre nouvelle marque de tournevis, annonça timidement Robert.
Avant toute chose, la plus importante des interrogations s'échappa automatiquement de la bouche de Tchappa:
-Des tournevis ? rétorqua-t-il en regardant une nouvelle fois le panier.
-Oui, ce sont des tournevis couteaux-suisses en forme de dôme Capsule Corp. Regardez, ça fait aussi lampe torche, dit-il en appuyant sur un bouton sur le haut d'un des articles qu'il avait pris à l'instant.
-Intéressant...
-En vérité, ça ne sert à rien, mais j'ai été obligé de venir ici pour tenter d'en vendre parce que je me suis mêlé d'une affaire qui ne me concernait pas...J'aime bien titiller les autres...Hé hé...
Un grand silence s'installa. Le plus long de tous. Et ils comprirent au même moment qu'ils allèrent bientôt se quitter, chacun continuant sa vie tranquillement, ou le plus possible.
Alors, le plus jeune des deux s'interrogea:
-Qu'allez vous faire maintenant ?
La question avait déjà été posée, plus tôt, mais Tchappa n'avait toujours pas réfléchi à une autre solution que la vengeance envers Shiva, bien qu'il sache qu'elle lui sera inutile pour reprendre son trône.
De toute façon, récupérer la royauté, ce serait alimenter la haine du peuple envers lui.
-J'ai bien une idée de ce que je vais faire.
-Vous retournerez au palais ?
-Je ne pense pas.
-Mais alors où ?
-J'ai quelqu'un à retrouver. Je pense que je vais aller le voir, maintenant.
-Un de vos fils ?
-Non, une autre personne. Je m'en vais maintenant, Robert.
-Vous partez donc...Bonne chance pour votre voyage, et encore merci, Tchappa.
-Je ne vous oublierai pas, mon ami. Puisse les dieux, s'ils veillent encore sur moi, vous bénir.
Plus le dialogue, cette fin de dialogue, avançait, plus les deux hommes s'écartaient l'un de l'autre. Un signe de la main partagé, et bientôt, les deux silhouettes disparurent chacune entre les dunes.
Robert resta solitaire. Il lança un regard vers le palais, puis un autre dans son panier. Ce n'est pas ici qu'il pourra vendre ses objets.
* * *
Shiva était énervé. En fait, ses plans se voyaient contrariés.
Trois jours, trois longs jours qu'il attendait Tchappa. Et le conseil ne l'autorisait pas à faire quoique ce soit sans la venue du roi précédent. Il n'avait toujours pas obéit au conseil, et son insubordination décroissait sa popularité au sein de toutes les institutions.
Il allait devoir changer son caractère.
Certaines rumeurs couraient: On disait que le roi Tchappa avait été assassiné. Pas qu'on pleurait sa prétendue mort, mais qu'on regrettait un roi patient. Finalement, même si ça avait été son objectif, le peuple devait s'habituer à ce nouveau dirigeant.
La zone tout autour du palais avait été ratissée au peigne fin, aucun roi dans les parages.
On envoya une missive dans la capitale pour voir si Tchappa avait rejoint son plus grand fils, la réponse ne tarda pas, mais le roi n'y était pas.
Aussi, nous comprenons aisément la frustration de Shiva, qui ne pourra pas débuter son plan de reconstitution avant un bon mois d'attente, s'il ne retrouve pas son prédécesseur.
Toujours sur son trône, le chef des Gouarets grognait en mangeant du raisin. Alors qu'il crachait un pépin, salissant les accoudoirs dorés, un serviteur, plutôt enveloppé, pénétra dans la salle en sueur, interrompant Shiva dans ses réflexions énervées:
-Ô mon roi, pardonnez moi mon arrivée, mais j'ai une nouvelle de première importance...Pfiou...
-Dis toujours, grogna le jeune blondinet.
-Dans un village proche, un homme dit avoir rencontré Tchappa. Nous lui avons demandé de venir, et il est prêt à vous rencontrer.
Shiva s'écarquilla. Cet homme serait son salut !
Il se redressa, faisant alors semblant d'avoir une tenue, malgré la peau de raisin qui restait pitoyablement scotché sur sa lèvre supérieure.
-Qu'il rentre ! Ordonna Shiva, plutôt heureux de pouvoir enfin avancer dans les recherches.
L'homme en question arriva jusque devant le trône.
Une démarche légère, décomplexée, comme s'il n'y avait aucun différence entre le roi et lui: Il se permettait même de se curer le nez.
Shiva le remarqua, et il s'injuria alors. En fait, il voulut s'injurier. Mais il risquait d'énerver l'homme et ce dernier ne lui donnerait pas ses informations.
Alors il lui dit:
-Bienvenue en mon palais. On m'a dit que vous aviez aperçu Tchappa. Où est-il ?
L'homme, moustachu, leva enfin la tête vers le jeune dirigeant. Et oui, il n'avait même pas encore croisé les yeux de Shiva.
Pour seule réponse, ce regard justement, suivi d'un certain silence, lequel vint facilement au bout de la patience de du roi.
-Et bien ? On a perdu sa langue ?
-...
-Tu sais, je peux te payer pour cette information.
-...
-Tu ne me réponds pas ? Sache que je risque de m'énerver, étranger. Je suis le r...
-..le roi ? Mais tu n'as pas le charisme d'un roi mon pauvre !
Les yeux de Shiva virèrent au rouge. Qui était-il ? Quel était ce malpoli malotru !?
Et soudainement l'étranger éclata de rire. Il leva son panier, rempli de Capsules Corp miniatures couteaux suisses multifonctions, et s'approcha un peu plus du trône. Puis il attrapa un de ses articles et l'offrit à Shiva.
-Vous n'aurez jamais sa grandeur, du coup, cadeau de la maison !
* * *
La maison était habitée.
Une petite maisonnette rose, à toit rouge, avec plusieurs salles, et un étage. Un modèle de maison en capsule tout à fait classique et pas du tout cher.
Logée tout au fond d'une grotte, laquelle était sujette à de violents fracas des vagues, car elle était enfoncée dans une falaise, elle était isolée et solitaire.
Combien d'années s'étaient écoulées depuis que personne ne s'était approchée d'elle ? On ne saurait le dire. La localisation de cette grotte était inconnue, sauf de deux personnes: L'habitant, et celui qui actuellement toquait à la porte, un baluchon au bout d'une branche installé sur l'épaule.
Après quelques minutes, enfin, une voix, étouffée, littéralement:
-Entre, fils.
Tchappa pénétra dans la maison.
Sur le canapé, un très, très, très vieil homme regardait un jeu télévisé. Caché, presque intégralement, dans sa barbe blanche, ne laissant entrapercevoir qu'une toute petite partie de ses jambes.
Le roi déchu s'assit à coté de celui qui était son père.
Il posa son baluchon près de lui, et attendit, regardant la télé lui aussi.
Le présentateur posa une question à un candidat, et le nouveau venu en la maison recluse répondit:
-Une gerbille !
Le plus vieux des hommes grogna:
-J'aurai dit un fennec grumbl...
Ils attendirent ensuite la prochaine question. Ils y répondirent, mais aucun des deux ne trouva. Pareil pour la suivante, et celle d'après.
L'émission termina.
Tchappa VII chuchota à Tchappa VIII:
-Qui est le successeur ?
La question était inévitable:
-Il n'y a pas de successeur.
Immobile, le père s'immobilisa:
-Que s'est il passé ?
-J'ai décidé de partir.
S'il avait pu, le septième se serait levé et aurait donné une claque à son fils. Finalement, il attendit justification.
Et le huitième de la lignée se releva:
-Je suis venu te revoir, d'une part parce que tu m'as manqué, et d'autre part, parce que je suis venu t'annoncer que je ne venais pas mourir avec toi.
-Que vas tu faire, loin des tiens ?
-Je vais transmettre mon art.
-Et à qui donc, Aph ?
-Ton arrière-arrière-petit fils. Il vit dans les îles du Sud.
Avant même que le quasi-centenaire ne pose d'autres questions, Tchappa s'échappa par la fenêtre, tel une brise passagère. Une telle vitesse, et une situation aussi improbable: Le septième crut avoir halluciné.
Quant à son fils, les vagues l'avaient déjà avalé.
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Merci d'avoir lu