Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 26

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 9

Messagepar Heika le Mer Juin 20, 2018 1:05

Bon, bon, bon, inutile d'attendre plus longtemps, je vous mets le chapitre 10.
Comme pour les chapitres 8 et 9, si je les laisse vraiment reposer le temps qu'il faudrait pour qu'ils puissent être peaufinés, il faudrait attendre six mois.
Et je n'ai pas envie.

Alors je vous balance le chapitre 10, avec un paragraphe plein d'erreurs de temps et de maladresses.
Le reste avait été écrit bien avant et n'a pas eu beaucoup de retouches, donc il devrait être à peu près correct. Désolée par avance si ce n'est pas le cas... 'x'
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-10-





La porte s’ouvrit brusquement et une personne entra sans se faire annoncer. Le roi retira prestement sa main pour se tourner, outré, vers l’importun ; Joanna ne put s’empêcher de s’écarter précipitamment en rougissant, aussi gênée que s’ils venaient d’être pris sur le fait dans une position embarrassante. C’était en effet un moment intime qui venait d’être interrompu, mais pas du même ordre…
« En voilà, des manières ! »

Face au souverain courroucé, sa silhouette bloquant l’accès vers l’extérieur, Trente-Deuxième regardait le tableau qui s’offrait à lui d’un œil sombre. « C’est moi qui l’ai trouvée et ramenée, » répondit-il enfin à son grand-père. « Elle est à moi. Vous ne pouvez pas en faire ce que bon vous semblera.
-Je suis ton roi, jeune impertinent, » lui répondit le vieil homme d’un ton froid. « Je décide, et tu dois te plier à ma volonté.
-Alors peut-être est-il temps de couronner un nouveau roi, dans ce cas, » répondit le jeune avec un sourire carnassier.
Yeux dans les yeux, les deux hommes bandèrent leurs muscles, prêts à en découdre à la première étincelle qui enflammerait l’ambiance soudainement électrique.

« Non, Vegeta ! Ce serait une terrible erreur ! »
Joanna s’interposa immédiatement entre les deux hommes. Le prince sembla choqué de la voir réagir ainsi. Elle lui faisait face, le dos collé au torse royal, les mains agrippant les gants blancs derrière elle. La trahison qu’il ressentit face à cette scène détourna son attention vers elle, et instantanément la stupeur laissa place à une colère froide. « Tu as donc choisi ton camp, à ce que je vois ?
-Quel camp ? Je ne comprends rien, Vegeta ! Majesté a décidé que je resterai ici, auprès de vous ! C’est une bonne nouvelle, non ? Je pourrai vous voir tous les jours, tous les deux ! C’est une bonne nouvelle, non ? »
L’adolescent ne sut que répondre, déstabilisé. Il regarda son grand-père pour avoir la confirmation.

« Elle est ma protégée. Elle restera auprès de moi. Je ne t’ai jamais mentionné. » Trentième regretta ses paroles sitôt prononcées, mais non seulement il ne changea pas pour autant son attitude hautaine et méprisante, mais il ne put s’empêcher d’appuyer ses propos en posant une main possessive sur la frêle épaule. Tout comme son petit-fils s’était senti blessé en voyant la proximité physique entre Joanna et le roi, il avait ressenti une pique de jalousie en entendant la jeune femme l’appeler Vegeta au lieu de Trente-Deuxième. Parler des rois et princes en utilisant leur place dans la succession avait été très pratique pour les différencier les uns des autres, puisqu’ils portaient tous le même nom, mais au final ils s’étaient retrouvés en quelque sorte privés de leur individualité, ils n’étaient plus devenus que des numéros… Et il avait l’impression qu’elle avait reconnu son petit-fils en tant qu’être, mais pas lui.

Trente-Deuxième regarda le monarque un instant comme s’il venait d’être giflé, puis sortit sans rien dire, le visage déformé par la haine.
Joanna voulut le suivre, mais Trentième la retint. « Nous n’avons pas terminé de déjeuner.
-Je refuse de croire que vous avez parlé sérieusement. » Elle le défia du regard de le contredire.
« Et si c’était le cas ? Pourquoi te partagerais-je avec lui ?
-Il est votre unique descendant, votre petit-fils, l’enfant de votre précieux fils disparu ! Vous qui vous sentez si seul, pourquoi le rejetez-vous de la sorte ?
-Il est entré dans ma chambre sans s’annoncer ni y avoir été invité ! » Trentième, déstabilisé par cette attaque verbale sur un point sensible qu’il pensait caché, n’avait rien trouvé que cette défense d’enfant pris en faute.

« Oui, il a eu tort, mais de là à réagir ainsi… ! » Elle plissa les yeux en prenant un air fâché sans quitter l’homme du regard. « Ah, et d’ailleurs c’était vraiment un sale coup, de vous servir de moi ainsi ! Je n’appartiens à personne ! C’est moi qui décide de mes amitiés ! » L’inquiétude balaya instantanément sa pseudo colère. « Et on dirait que vous le détestez ! Ce n’est pas possible, dites-moi que je me suis trompée ! Alors que lui était si bouleversé quand vous avez failli mourir… Voilà comment vous récompensez son attachement ? » Elle tourna la tête vers la porte en fronçant les sourcils, soucieuse. Elle se retenait clairement de partir à la poursuite du prince.
Le roi ne sut que répondre, choqué de se faire ainsi accuser. Pourquoi avait-elle donc dit qu’il détestait son héritier ? C’était faux…

Il l’entendit continuer, pour elle-même : « Ce n’est pas possible. Je me trompe. C’est obligé. Il y a un malentendu quelque part. »
Elle lui fit de nouveau face. Il put lire dans son regard la confiance qu’elle lui portait, qu’elle portait en ses sentiments envers son descendant.
« Ne vous inquiétez pas, Majesté. Je ferai tout pour régler ce problème. Je suis aussi là pour ça. »
Avec un sourire qu’elle espérait rassurant, elle sortit à la recherche de Vegeta, laissant un Trentième seul, un peu hagard.
Il se laissa tomber sur la chaise la plus proche, hébété. Cela faisait plus de trente ans qu’il ne s’était pas retrouvé aussi impuissant dans une situation de conflit… Il devait finalement être encore bien faible, si ce n’était dans son corps, au moins dans sa tête.
Un visage lui revint en mémoire, lui tirant un sourire nostalgique. Haaa… Oui, il avait eu le don de le désarmer, à lui tenir tête avec amour et confiance… Comme quoi, elle n’avait peut-être pas ses traits, mais elle avait au moins un peu son caractère…



Il ne fut pas aisé pour Joanna de poursuivre le prince : elle dut demander aux gardes du hall, puis à ceux du couloir par où il était passé, et quelle direction il avait prise, puis elle avait fait son possible pour interroger les gens qu’elle croisait, mais elle se heurta le plus souvent à des silences surpris et du dédain. A court d’idées, elle avança au hasard en scandant son nom dans les couloirs.
« C’est notre prince, que tu appelles ainsi ? » S’enquit un préadolescent. Il était entouré d’une dizaine d’autres jeunes entre treize et dix-huit ans. Quelque chose dans son visage et sa coupe de cheveux semblait familier à la jeune femme.
« Hé, Bardack, qu’est-ce-que tu fiches ? » L’interpella un de ses camarades.
« Je vous rejoindrai ! » Répondit-il. Le reste du groupe ne semblait pas très chaud de rester en présence de la métisse, et préféra continuer sa route.

« Tu es la nouvelle, c’est bien ça ? La protégée de Sa Majesté ?
-Oui… Pourquoi tu n’es pas resté avec tes amis ?
-Pour t’aider. Je trouve ta façon d’appeler Son Altesse des plus intéressantes.
-Je présume que le Vegeta était de trop… ?
-Possible. Moi, je trouve ça original. » Il la prit par le poignet. « Viens. On va d’abord voir s’il n’est pas en train de s’entraîner. »
Il l’entraîna dans les couloirs jusqu’à une salle remplie de moniteurs très différente de la zone médico-scientifique. Des êtres de races très différentes se tenaient derrière les consoles de mesures tournées vers trois portes donnant sur de vastes salles. L’une d’entre elles avait porte close.

« Est-ce-que Son Altesse est venue s’entraîner, aujourd’hui ? » Demanda le jeune Saiyen.
« Oui, elle est actuellement occupée avec Aujin, en salle 1, » répondit un homme. « Faut-il que je les interrompe ?
-Non, non, ce sera inutile, il n’y a rien d’important ! » Bardack sembla soudainement un peu paniqué. « Bon, tu sais où est Son Altesse, il ne te reste plus qu’à attendre ! Il risque d’en avoir pour un moment, par contre. Bonne chance !
-Tu ne restes pas ?
-J’ai des entraînements à poursuivre, il faut que j’y aille ! Tu me raconteras, comment il prend les ‘Prince Vegeta’ ? » Termina-t-il en s’éloignant en courant, sans lui laisser le temps de répondre.
Un peu étourdie par le brusque départ du garçon, elle s’assit sur un siège. Elle n’avait nulle part où aller, de toute façon.
Autant en profiter pour faire le point, se dit-elle. La dernière heure avait été plutôt éprouvante.



« Majesté, » se risqua-t-elle enfin, « que comptez-vous faire de moi ? Avez-vous décidé quelque chose ? Je vais partir dans une usine, c’est ça ? Ou aux cuisines ? »
N’y tenant plus, elle avait lancé l’assaut. Cela faisait une bonne vingtaine de minutes qu’il prenait un malin plaisir à la faire poireauter en lui faisant l’éloge de sa table, et elle avait fini par craquer.
Le badinage n’avait jamais été son fort. Elle ne savait pas si une attaque directe était vraiment la solution, mais elle lui avait semblé préférable à une tentative d’approche détournée et très maladroite.
De toute façon, elle était alors trop stressée pour agir avec prudence. Elle avait trop en jeu pour réussir à se calmer…

Le roi s’était levé et avait contourné lentement la table, jusqu’à être à trois pas d’elle. Que pouvait-il donc bien lui vouloir, à se rapprocher ainsi ? Les yeux sur son assiette, elle avait dégluti silencieusement, encore plus stressée par cette attitude étrange.
Et il s’était arrêté… Elle avait attendu une minute, puis deux, mais il était resté où il était… La perplexité chassant la peur, elle avait alors levé la tête pour le regarder. Elle avait d’abord tressailli de surprise en le voyant la fixer, mais finalement ce n’était pas elle qu’il était alors en train de regarder… Il lui avait semblé perdu dans ses pensées. Pensées apparemment pas très agréables, vu la grimace qu’il avait soudainement faite. A quoi pouvait-il donc bien réfléchir, s’était-elle demandé en penchant la tête ?
Son mouvement n’était apparemment pas passé inaperçu, comme le roi avait semblé revenir à lui pour la scruter avec attention, la rendant de nouveau mal à l’aise.

« Et que devrais-je faire de toi ? »
Il avait posé sa question de ce ton de bavardage anodin qu’il semblait tant apprécier tout en se postant dans son dos.
Elle s’était immédiatement mise sur ses gardes, incertaine quant à ce qu’il allait faire. Contre toute attente il avait alors posé ses mains sur ses épaules, la faisant sursauter. Elle avait heureusement réussi à contrôler son instinct qui lui avait alors commandé de fuir, quitte à attaquer si elle avait été retenue. Cela n’aurait pas servi son plan… Mais oui, son plan ! Il fallait absolument qu’elle ne le perde pas de vue.

« Votre Majesté… » Le moment était venu de se lancer. Elle n’avait écouté le roi parler nourriture que d’une oreille, tentant en même temps de réfléchir aux arguments à avancer pour parvenir à son but. « Je… Je ne sais pas en quoi je pourrai vous être utile… Je n’ai pas la force de votre peuple, je ne connais pas mes capacités, ni si elles pourraient être utilisables, mais je vous promets d’apprendre et de chercher en quoi je pourrai vous être indispensable… J’ai compris que mon souhait de rentrer sur ma planète n’est pas envisageable, alors… Alors si j’avais la possibilité d’exprimer un vœu, ce serait de pouvoir rester auprès de vous, Majesté. »

Elle avait pesté intérieurement : elle n’avait pas pu s’empêcher de mentionner le fait qu’elle désirait en premier lieu retrouver son monde, au cas où… Au cas où quoi ? Qu’il eut été plus clément avec elle qu’avec les esclaves ou qui que ce fut sur ce monde ? Elle s’était trouvée pitoyable d’espérer ainsi un traitement de faveur impossible à obtenir et que tant ici espéraient.
Mais au moins elle avait réussi à dire ce qu’elle avait voulu, malgré tout.
Qu’est-ce-qui avait bien pu surprendre le plus le roi dans ce qu’elle avait dit ? Elle l’avait senti se crisper très légèrement. Il avait un contrôle de lui-même des plus impressionnants…

« Tu désires donc partager mon lit ? »
C’était donc bien sa demande de rester avec lui qui l’avait étonné… Pourquoi cela l’avait-il autant surpris ? … Et pourquoi avait-il voulu lui prêter son lit ? Il n’y avait donc pas assez de couchages, sur ce monde ? Ou l’avait-il cru si fragile qu’elle ne pouvait se contenter des lits classiques de cette planète ?
Un doute l’avait soudainement habitée : peut-être étaient-ils vraiment particuliers, lesdits lits… Dans le doute, elle avait fait dévier l’échange vers le fauteuil qu’elle avait vu dans un coin. Comme ça, si jamais les lits dits normaux étaient trop bizarres, elle aurait au moins eu ce fauteuil qui semblait tout à fait normal.

Le roi avait dû lui aussi trouver cette histoire de lit très décalée, car il était revenu au sujet principal de façon directe :
« Pourquoi veux-tu donc rester auprès de moi ?
-Je veux vous protéger. »

Elle avait immédiatement repris son sérieux pour lui répondre. On ne jouait plus. La lutte était de nouveau engagée, et là elle ne se terminerait que sur sa victoire ou sa défaite.
Il avait ri avec un peu de mépris.
« Toi, me protéger ? Et de quel terrible danger vas-tu donc me protéger, avec ta misérable force ? »
Il ne la croyait donc pas capable de l’aider...

« De votre solitude. »
Elle n’avait pas voulu s’avouer vaincue.
Ils s’étaient regardés droit dans les yeux.
Le premier à rompre le contact visuel aurait perdu.
Elle avait senti son cœur battre à tout rompre, au point qu’elle avait eu l’impression qu’il était remonté dans sa gorge, tandis que l’homme avait reculé, effrayé. Elle avait pris l’avantage.
« Et que sais-tu donc de ma solitude ? »
Il avait peur.

Elle s’était levée lentement, avec prudence. Les créatures effrayées étaient toujours les plus dangereuses, car leurs réactions étaient imprévisibles.
Que savait-elle de sa solitude ?
Tandis qu’elle se battait pour le faire revenir, alors qu’elle tentait de rallumer sa vie, elle s’était sentie à chaque minute plus étouffée par l’idée de se retrouver seule, abandonnée de nouveau par des êtres aimés. Qui avait-elle donc déjà pu perdre ? Combien de proches avait-elle donc vu s’éteindre et la laisser en arrière ?
Lorsqu’elle soufflait en vain dans ses poumons, les yeux fermés, elle avait eu l’impression qu’elle et le roi étaient des miroirs reflétant la même douleur. Sauf que lui ne voulait plus avancer. Il voulait tout abandonner pour suivre une autre route, tandis qu’elle, elle se tenait toujours sur la route de la vie. Elle avait ponctué chaque appui de ses mains sur sa cage thoracique par des appels désespérés qu’elle entendait encore résonner à ses oreilles : « Ne me laissez pas ! Ne m’abandonnez pas ! Je vous en supplie, revenez ! »
Elle savait qu’il était parti très loin, peut-être trop loin, mais elle n’avait pu s’empêcher de lutter de toutes ses forces en priant intérieurement pour qu’un miracle s’accomplisse…

« Elle vous a tué. »
Elle connaissait bien cette sensation d’avoir un trou dans la poitrine, quand un être très cher, une part de soi était arrachée. « Elle a rongé votre cœur et vidé votre âme. Vous vouliez mourir. Vous étiez sur le point de franchir le point de non retour. »
Pour ne pas accentuer le malaise du roi, elle avait préféré poser une main sur son cœur plutôt que sur son plexus, véritable centre de son être, là d’où la douleur irradiait, mais même ainsi elle avait été repoussée d’une claque sèche sur sa main.
« Je n’ai que faire de ta pitié ! »
La peur avait rendu l’homme agressif, mais cela ne l’avait nullement impressionnée. Beaucoup plus assurée, elle lui avait répondu, sans jamais rompre le contact visuel.
« Je n’ai pas de temps à perdre à vous prendre en pitié. Ce serait vous insulter que de s’apitoyer sur votre sort. Je veux rester auprès de vous, pour que vous sachiez que vous n’êtes plus seul. »
Et qu’elle non plus ne le soit plus, mais elle ne pouvait le dire à voix haute… l’inquiétude l’avait de nouveau gagnée : allait-il accepter son aide et l’aider par la même occasion ?

Le silence dans lequel le roi s’était plongé durant de longues secondes n’avait fait qu’accroître son angoisse.
« En quoi ta présence à mes côtés changera-t-elle quelque chose ? En quoi serait-elle différente de celle des gardes et des conseillers ? »
C’était vrai, à quoi allait-elle bien pouvoir lui servir, concrètement ? Pas à grand-chose, elle le savait. Mais l’avouer aurait été reconnaître sa défaite.
« Je voudrais pouvoir venir vous voir souvent, pour parler de tout et de rien avec vous, je voudrais vous voir rire, que vous me racontiez tout ce que vous voudrez bien me raconter, à défaut que moi je puisse vous raconter mes souvenirs… »
Elle avait détourné le regard, mal à l’aise. Elle savait que ses arguments étaient piètres et creux, et elle n’avait pu les énoncer en le regardant en face. Elle avait alors eu le sentiment d’avoir échoué, mais elle avait tout de même continué. « Je voudrais être là quand vous avez de la peine pour vous aider à la surmonter, vous aider à faire retomber votre colère… Être là pour vivre avec vous vos moments de joie et de peine, de lassitude et d’entrain… » Non, tout n’était pas perdu. Ce n’étaient pas de vagues prétextes sans fondement, elle pensait sincèrement chaque mot énoncé. Elle joignit les mains sur son cœur, rassemblant son courage. Il fallait absolument qu’elle réussisse à lui transmettre ses sentiments ! « Je… Je voudrais devenir votre amie…

-Absurde. Un roi n’a pas d’ami. »

Il n’avait pas pris le temps de réfléchir pour lui répondre cela. Il l’avait dit tellement machinalement que cela devait en effet être quelque chose de fermement ancré en lui. Elle en eut encore plus le cœur brisé.
Mais alors qu’elle avait cru la partie terminée et sa défaite annoncée, il avait levé une main vers elle et avait interrompu son geste, hésitant.
Il restait encore un espoir !
Il ne l’avait pas totalement repoussée… Il semblait lutter contre l’éducation dans laquelle il avait été si longtemps enfermé… Emue, elle chercha à l’encourager en frottant sa joue contre la paume, vague souvenir d’un être aimé qui avait fait ainsi des années auparavant…

« Tu auras ta chambre à toi, dans le couloir des invités, en attendant de décider de ce que je ferai de toi. »
Cela fonctionnait ? L’acceptait-il enfin auprès de lui ?
« Et je pourrais venir vous voir tous les jours ?
-Nous verrons. »

Il ne l’avait pas rejetée ! Il lui laissait une chance d’apprendre à se connaître…
Heureuse, elle avait appuyé un peu plus son visage ans le creux de sa main, et eut le bonheur de le sentir répondre enfin favorablement en lui caressant la joue de son pouce.



« Qu’est-ce-que tu fiches ici ? » Fit une voix familière et contrariée.
Elle se redressa d’un bond, gênée. Elle ne s’était pas rendue compte qu’elle s’était légèrement assoupie en l’attendant. « Vegeta ! Prince ! Je vous cherchais…
-Ah oui ? » Répondit-il en la dépassant tout en séchant sa sueur avec une serviette, sans accorder un regard à la visiteuse. « Tu ferais mieux de rentrer au plus vite dans la chambre de Sa Majesté, sans quoi elle va te punir. Tu l’as entendu, tout à l’heure : Grand-Père n’est pas du genre à prêter ses jouets. »

Joanna soupira de lassitude. « Je n’appartiens à personne. Est-ce-que l’un de vous deux pourrait enfin m’expliquer ce qui se passe, précisément ? Les rares fois où je vous vois en présence de votre grand-père, vous vous comportez comme deux étrangers ! Et encore, dans les bons jours, semble-t-il. Cette situation ne va tout de même pas s’éterniser éternellement, tout de même ?
-Non, jusqu’à ce qu’il claque pour de bon, » répondit le prince avec cynisme. Il s’arrêta pour faire face à la femme en croisant les bras, méprisant. « Observe donc bien, jusque là. Et je te conseille de le suivre, quand il crèvera. Je n’aime pas les jouets usagés.
-Puisque je vous dis que je ne suis le jouet de personne… » Répondit-elle avec lassitude tout en s’approchant. « Pourquoi réagissez-vous donc ainsi ? Pourtant vous aimez votre grand-p… » Une gifle la jeta au sol.

Trente-Deuxième regardait Joanna, horrifié. Elle ne bougeait plus. Il jeta des regards paniqués autour de lui, et constata que la pièce était vide, à la fois soulagé et encore plus paniqué. Aujin avait trouvé préférable qu’ils aient leur conversation en privé. Si seulement il s’en était rendu compte avant de la frapper ! Dire qu’il aurait tué sans sommation quiconque aurait levé la main sur elle, et là, par fierté et orgueil, il… Mais elle avait été sur le point de tenir des propos embarrassants en public, il avait fallu l’arrêter…
Il se pencha pour vérifier si elle était toujours vivante, et l’entendit avec soulagement grommeler de douleur. Il la regarda se redresser sans rien faire ; il se sentait trop minable pour avoir le droit de la toucher. Le sentiment de honte qui s’était emparé de lui était nouveau et très désagréable. Une part de son cœur se mit à en vouloir à la jeune femme de lui avoir fait découvrir une sensation aussi écœurante.



Joanna s’assit en boule, le dos appuyé au mur, une main couvrant la partie frappée de son visage, la joue qui avait été caressée par Trentième quelques heures plus tôt. De son œil visible des larmes coulaient.
« J’ai compris le message, Votre Altesse. Je ne chercherai plus à vous ennuyer par ma présence. » Le ton était amer, douloureux. « Quand Majesté mourra, vous n’aurez qu’à me donner un monoplace, et je dégagerai de votre planète. Comme ça, vous n’aurez plus à supporter ma compagnie. »
Étrangement, ces mots faisaient plus de mal à Trente-Deuxième que les coups reçus à l’entraînement. Une seule personne jusqu’à présent avait jamais réussi à lui infliger verbalement cette douleur, le roi son grand-père.

Ils restèrent ainsi sans bouger pendant quelques minutes.
Finalement, Joanna tendit sa main libre au Prince debout face à elle. Il la fixa sans savoir qu’en faire.
« Vous n’êtes finalement pas parti… » Lui dit-elle enfin en relevant la tête.
« Non, en effet.
-Pourquoi ? »
Il marqua une pause avant de lui répondre : « Parce que tu es à moi.
-Je croyais que je vous dégoûtais… Vous ne voulez même pas me prendre la main.
-Et moi je croyais que tu n'appartenais à personne, » rétorqua-t-il du tac au tac, un peu soulagé.
La femme soupira un peu, exaspérée. « Bon, je peux à la rigueur me prêter. Mais je choisis à qui. »

Il s’accroupit et mélangea ses doigts à ceux de la jeune femme avant de presser doucement sa paume contre la sienne. « Sais-tu pourquoi je t’ai frappée ?
-Parce que vous n’aimez pas qu’on vous dise des vérités qui vous dérangent. En même temps, peu de gens aiment ça… Mais tout le monde ne frappe pas pour montrer son mécontentement, vous savez ? Généralement, on crie ‘Silence !’ dans un cas pareil… »
Elle avait enfin baissé la main qui couvrait son visage. Sur sa joue enflée, un bleu se formait autour d’une plaie. Il ne lui avait pourtant pas semblé frapper fort… Elle était tellement fragile…

Il se redressa en l’attirant contre lui. Elle avait la même taille que lui, ou peut-être avait-elle quelques centimètres de moins, mais cela importait peu. Il était tellement facile de la tenir ainsi, contre lui, et d’enfouir son visage contre le long cou gracile pour respirer son odeur.
« Votre Altesse ? » Joanna appela le prince par son titre à trois reprises, en vain, avant de tenter : « Vegeta ? » Ce qui tira enfin un grognement de l’interpellé.
« Tu ne peux pas te taire un peu ?
-Je tenais à vous dire… Je ne vous en veux pas, pour le coup.
-Encore heureux ! Je suis ton prince ! Il est interdit de m’en vouloir pour si peu ! » Râla-t-il en la serrant plus fort contre lui, le cœur plus léger. Il la sentit poser ses mains sur ses côtés, un peu déçu qu’elle ne l’enlace pas en retour.

« Vegeta… Puis-je parler sans risquer de vous fâcher de nouveau ?
-Bien sûr. Tu n’as qu’à faire attention à ce que tu dis, voilà tout.
-Comment n’y avais-je pas pensé ? » Soupira-t-elle, blasée. « Je suis sérieuse, Vegeta.
-Moi aussi. »
Il la sentit expirer profondément de lassitude. C’était agréable de la sentir soupirer contre lui, et de sentir son souffle dans ses cheveux.
« Vegeta… Je ne peux pas devenir votre amie, dans ces conditions. »
Le bien-être qui l’avait envahi en sentant le corps de la femme contre le sien se transforma en glace dans ses veines. Il relâcha son étreinte suffisamment pour pouvoir regarder le visage tuméfié. Il n’avait pas souvenir d’avoir ressenti une telle panique depuis l’annonce de la disparition du signal du vaisseau de son père.

Joanna soutint son regard, peinée.
« Vegeta… Nous ne nous connaissons quasiment pas, nous venons à peine de nous rencontrer… Pourtant je voudrais rester auprès de vous. Mon premier souhait, quand j’ai repris connaissance sur votre planète, a été de retrouver mon monde natal, avec son ciel bleu. Il me manque. Mais ensuite je vous ai rencontré, vous et votre grand-père. » Comme le prince s’éloignait d’elle, mécontent d’entendre mentionner le roi, elle prit le visage ovale dans ses mains. Surpris, il n’osa plus faire un mouvement.

« Je ne peux pas ne pas le mentionner, Vegeta. Ma rencontre avec lui est aussi importante que la nôtre. Je veux être votre amie à tous les deux. J’ai entendu dire que c’est vous qui m’aviez ramené de la planète où vous m’aviez trouvée, mais vous êtes bien plus important à mes yeux qu’un simple sauveur. Je veux en apprendre plus sur le garçon gentil et attentionné qui m’est venu en aide plus d’une fois depuis mon arrivée ici. Je veux parler de tout et de rien avec lui, je veux partager des moments de joie et des moments de peine, je veux pouvoir l’aider quand ça ne va pas.

-Tu es amoureuse du roi ? » La question lui avait échappé sous le coup du dépit. Elle l’avait appelé ‘garçon’. Elle avait beau n’avoir que peu d’années de plus que lui, elle le considérait comme un enfant.
« Non, je ne suis pas amoureuse. Mais je vous aime tous deux.
-Je ne comprends pas la différence.
-L’amour qui lie un parent à son enfant, ce n’est pas être amoureux. L’attachement qui lie des amis est une forme d’amour, mais ce n’est pas être amoureux. »
Il se dégagea enfin, agacé. « D’accord, d’accord ! J’ai compris. » Il la fixa en silence. « Tu me jures que tu n’es pas amoureuse de lui ?
-Je vous le jure sans problème, Vegeta, » répondit- Joanna, perplexe devant tant d’insistance.
« Et… Ce n’est pas grave, » se ravisa-t-il au dernier moment. Il n’avait finalement pas envie de savoir si son cœur était déjà pris. La réponse l’effrayait de trop.

« Aujin semble s’impatienter. Je crois qu’il est temps de libérer la salle, » signala-t-elle.
« Peuh ! Je fais ce que bon me semble ! Les autres n’ont qu’à attendre !
-J’aurais besoin que vous me rameniez dans la zone spéciale, s’il vous plaît ? » Tenta Joanna. « Il paraît que je vais avoir une chambre à moi dans le couloir ! Mais je ne sais pas du tout où sont les appartements royaux, à partir d’ici… Je vous ai cherché en courant dans tous les sens, et je me suis perdue.
-Et tu m’as cherché longtemps ? » L’interrogea-t-il sur le ton de la conversation, cachant son plaisir à l’apprendre.

« Oh oui, j’ai beaucoup marché… Et j’ai aussi pas mal cassé les oreilles de tout le monde en vous appelant, » lui conta-t-elle en l’entraînant dans le couloir, permettant ainsi aux employés de reprendre leurs tâches, et à d’autres guerriers de s’entraîner. « Tiens, ça me fait penser… C’est si étonnant que cela de vous appeler Vegeta ?
-Oh, non, tu es juste la seule, » la taquina-t-il.
« Oh, voilà qui explique certains regards de travers auxquels j’ai eu droit. Par contre, le garçon qui m’a amené ici a adoré.
-Tiens donc ? » S’étonna Vegeta, un peu énervé. « Et comment s’appelle-t-il ?
-Vous croyez vraiment que je vais vous le dire avec la tête que vous faites… » Elle appuya sa phrase d’un sourire charmeur qui le désarma.
Il renifla dédaigneusement et lui enjoignit de faire attention aux marquages pour qu’elle n’ait plus besoin d’être maternée pour se déplacer.


Bonus :
Spoiler
-Bardack : Oui, bon, vous savez déjà qui c'est, l'origine de son prénom, tout ça, mais je tenais juste à dire que, ballotée entre l'horrible Bardock hérité de Funimation-écorcheur de noms et un バーダック qui me laissait présager plus que le joli et simple Baddack que j'ai si longtemps connu, j'ai décidé de creuser la question en me rappelant un peu mes cours de Japonais : le ー, allongement de la syllabe qui précède, est très souvent employée pour marquer un R. Et quand j'ai lu que la véritable origine de son prénom était la bardane et non le tabac (merci Joypad XD), j'ai trouvé d'autant plus logique d'écrire Bardack. Et j'ai récemment lu qu'en fait, c'était de surcroît l'écriture adoptée dans la Perfect Edition. La classe, quoi.
-Oh, au passage : j'espère que le flashback ne vous aura pas trop fait râler. Un peu, mais pas trop. :p
Allez, avouez, c'était quand même intéressant de voir son point de vue, non ? ... Ah, non... ?
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 10

Messagepar xela26 le Jeu Juin 21, 2018 12:14

Chapitre intéressant, où cette sorte de ménage à trois ce mets en place. le petit fils jaloux de son Papy? normalement ça aurait du être le père, mais vu qu celui-ci est mort.
Je ne vois toujours pas où va nous mener cet arc, ce qui est positif.
Vivement la suite :)
Cell: l'ascension de la terreur- Cell a vaincu Son Gohan lors du Cell game!! Quel sort réserve-t-il à la Terre?? Pour le savoir....viewtopic.php?f=42&t=5990
Chapitre 138: publié
Chapitre 139- 145: 90%- relecture, correction

Cell: Damned Souls- Les aventures parallèles de héros de "l’ascension de la terreur". Pour les connaitre:
viewtopic.php?f=42&t=6774
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 10

Messagepar Heika le Mer Juil 04, 2018 17:01

@Xexe-chan :
Chapitre intéressant, où cette sorte de ménage à trois ce mets en place. le petit fils jaloux de son Papy? normalement ça aurait du être le père, mais vu qu celui-ci est mort.

Quand tu es en bisbille avec quelqu'un que tu aimes, tous les prétextes sont bons pour attirer l'attention, même quitte à entrer en conflit. ^^

Je ne vois toujours pas où va nous mener cet arc, ce qui est positif.

J'ai toujours tellement peur, quand je lis ça... ^^'

Vivement la suite :)

Allez, la voilà ! ^^/




Bon, je continue de vous poster des chapitres qui n'ont pas le temps de reposer, parce que déjà que mon pronostic de départ a volé en éclat (ok, pas pronostic... C'était le postulat, mais pronostic est plus dans l'ère du temps XD - C'était "pas plus de 2 semaines entre 2 chapitres max") et qu'après un rapide calcul à la louche on devrait en être au chapitre 14, pas 11... Oh, tiens, je pensais avoir plus de retard que ça. 'o'
Bon, ben tout va bien, alors !! :D
...
...
...
Pas taper, fragile, moi...
Donc je continue de poster des chapitres pas aussi "pourléchés" que je voudrais, cependant ce n'est pas une raison pour vous montrer indulgents !
N'hésitez pas à souligner ce qui ne va pas selon vous !
Merci encore de votre passage ! <3
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-11-





Vegeta emmena Joanna dans les couloirs pour lui montrer les différentes parties, et lui enseigner comment s’y retrouver, tout en jetant de fréquents coups d’œil dans son dos. A chaque croisement, il baissait la voix et faisait preuve d’une étrange prudence.
Face à ce comportement plutôt anormal, la jeune femme n’y tint plus et demanda : « Vegeta, il y a un problème ?
-Non, je vérifie… Je vérifie juste qu’il n’y a pas trop de monde, pour que tu ne te sentes pas mal à l’aise, » répondit le prince en prenant un air dégagé.
« C’est une louable attention, Votre Altesse, » fit la voix d’Aujin derrière le duo. « Personnellement, je croyais que Son Altesse cherchait à m’éviter. »

La théorie du précepteur fut confirmée par le claquement de langue agacé du prince.
« Aujin, lâche-nous, veux-tu ?
-La pause de Son Altesse est terminée depuis une dizaine de minutes. Il est temps pour vous de retourner à vos devoirs.
-Ils attendront, j’ai mieux à faire. » Le ton sec du prince rendit l’ambiance soudainement électrique. Le regard du mentor, habituellement juste distant, était devenu froid. Il était fixé sur la femme qui se sentait d’autant plus mal à l’aise d’être à l’origine du conflit. Aujin, tout en ne disant rien, la déclarait ouvertement responsable de la situation. « Nid à problèmes, » avait-elle l’impression de l’entendre dire.

Elle commençait à baisser les yeux, impuissante, lorsqu’elle se ressaisit. Elle releva la tête et regarda l’homme droit dans les yeux avec un air décidé. Seul un sourcil trahit la surprise du guerrier.
Joanna prit la main du prince. « Vegeta, je veux tout connaître de votre vie ! Vous voulez bien me montrer vos devoirs ? Je voudrais vous voir les résoudre ! »
L’interpellé s’écarta légèrement, stupéfait et incertain. « Résoudre mes devoirs ? Ça ne se résout pas, des devoirs. Ça se remplit…
-Ca se remplit ? » Joanna était à son tour perplexe.
« Je crains que le mot ‘devoir’ n’ait un sens différent pour vous deux, Votre Altesse. Je pense que le mieux serait de montrer à la demoiselle de quoi il s’agit. Ce sera le plus simple. »
Joanna crut discerner une légère satisfaction sur le visage d’Aujin. Vegeta, quant à lui, s’était renfrogné. Il avait perdu.



Les devoirs princiers n’étaient pas, comme l’avait cru au départ Joanna, des leçons à étudier après les cours accompagnés d’exercices d’entraînement, mais plutôt les tâches qui incombaient à son rang de prince : dans cette société guerrière où la force prédominait, il avait, bien évidemment, des entraînements pour garder un bon niveau, mais aussi en tant qu’héritier des leçons de lecture et d’expression écrite, de mathématique, de géopolitique, et un peu de cours d’étiquette histoire de ne pas se montrer grossier avec les délégués des employeurs. La femme eut un mal fou à ne pas éclater de rire lorsque la conclusion qu’il s’agissait d’un devoir sans devoirs à la maison surgit inopinément dans son esprit.

Les leçons étaient prodiguées dans la seule bibliothèque de la planète, qui se trouvait plus loin dans le couloir dit ‘des invités’. C’était le couloir jusqu’alors inconnu qui commençait dans le même hall à la moquette rouge vif et aux murs rouge sang d’où l’on pouvait se rendre soit dans les appartements royaux soit dans la salle du trône.
La porte pour y accéder ressemblait à celle que la métisse avait franchie la première fois qu’elle avait rencontré le roi, en moins imposante. Les deux salles étaient étrangement similaires, longues et hautes de plafond, avec des éclairages plus anciens que ceux des parties communes. Les fenêtres, placées près du toit, étaient en forme d’arc de cercle de deux mètres de haut, qui laissaient passer une abondante lumière, et bien qu’elles fussent de verre incolore et de motif plutôt simple, il était visible qu’elles avaient été façonnées avec le même art que les vitraux éclairant le trône.

Vegeta, sans la présence d’Aujin, aurait pu raconter à Joanna que la bibliothèque ne faisait que la moitié de la superficie de la salle du trône, et que son architecture particulière montrait que les deux salles étaient les derniers vestiges d’une ancienne civilisation, ancienne même pour les Tsufuls. Ces derniers avaient, à l’arrivée des Saiyens, déjà remplacé la plupart des constructions par les leurs, plus modernes, et convenant mieux à une société évoluée comprenant un grand nombre d’habitants regroupé sur une petite surface. Le palais Saiyen avait été bâti sur la capitale, la mégalopole de ce monde.
Une fois les Tsufuls éradiqués, les immeubles avaient fait place à un immense complexe-cité très prisé par deux des plus grandes puissances de l’univers : l’empire Cold et les C.H.A.U.D.

Ce genre de structures convenait aux sociétés communautaristes qu’étaient ces trois puissances, en comptant les Saiyens : tout y était réfléchi pour que l’individu n’y soit qu’une cellule parmi d’autres, composant le corps patriotique. Il n’y avait pas de place dans le complexe pour une vie individualiste. Les repas étaient pris dans ces cantines, il n’y avait que les vestiaires pour se laver et se changer, les tenues étaient uniformisées. Seules les chambres étaient personnelles, mais elles ne contenaient généralement guère plus qu’un lit et parfois des souvenirs de conquêtes. Seule la famille royale avait droit à un peu plus de confort avec une chambre un peu plus garnie et des sanitaires privés. Les chambres pour les délégations étrangères étaient elles aussi dotées de tout le confort individualiste attendu.

La salle du trône et la bibliothèque avaient beau être de très anciens bâtiments, ils n’en étaient pas moins eux aussi des espaces publics à accès restreint. Vingt-Neuvième, une fois sa conquête du monde Tsuful terminée, avait décidé de les garder par pur caprice stratégique : il avait décidé de s’approprier l’immense salle, vestige d’un lieu de culte quelconque, dans le but d’impressionner ses visiteurs. Les Saiyens avaient peut-être une infrastructure des plus récentes, puisqu’elle n’avait pas un siècle, mais au moins pouvaient-ils se targuer d’avoir la plus belle salle du trône.
Il avait fallu plus d’une dizaine d’années avant que la plus petite des deux salles antiques, jusqu’alors un musée, ne finisse par devenir la bibliothèque où le trio venait d’entrer.
Que Vegeta se rassure : Aujin avait beau l’empêcher de prendre le temps de conter tout ceci à sa protégée, cette dernière allait apprendre tout cela rapidement.



L’intérieur était découpé en deux parties : la majorité du bâtiment était rempli d’étagères croulant sous les livres, et une zone d’une trentaine de mètres carré était remplie de longues tables. Dans ce coin de salle, Joanna eut la surprise de voir un groupe d’une vingtaine de Saiyens aux âges allant d’une dizaine d’années à la vingtaine passée concentrés sur des ouvrages, sous l’égide d’une femme d’âge mûr. Voyant les arrivants, elle ordonna à son groupe de se lever et de saluer le prince, ce qu’ils firent tous en silence et bon ordre. Joanna repéra le jeune Paragus parmi eux et lui sourit en lui faisant un signe de la main, mais l’enfant, le visage impassible, la dédaigna froidement.

« C’est la Classe Particulière, » l’informa Vegeta en s’installant à une table proche. « La femme est le professeur Takenoko. Tu vas voir qu’ici c’est beaucoup plus ennuyeux que dans une salle d’entraînement.
-La Classe Particulière ? » L’interrogea-t-elle en retour.
« Je t’expliquerai plus tard, » soupira le prince comme son précepteur avait posé bruyamment un ouvrage devant lui pour couper court aux bavardages.

La première demi-heure passa silencieusement, comme chacun était absorbé dans son livre.
Joanna regarda le prince étudier son ouvrage en prenant des notes, puis elle s’intéressa au livre lui-même. Les pages étaient recouvertes de signes étranges ; elle soupira, déçue de ne pas pouvoir connaître le sujet étudié. Elle décida de se lever et de regarder les étagères sans déranger les étudiants.
Comment donc les enfants de ce monde apprenaient-ils à lire et écrire ? Elle n’arrivait pas à mettre la main sur quelque ouvrage ressemblant de près ou de loin à un manuel d’apprentissage.

Entendant des voix, elle retourna vers les élèves. Takenoko et l’un des élèves les plus âgés débattaient sur une leçon. Tout le monde s’était arrêté pour les écouter. Joanna s’assit pour écouter elle aussi. Elle ne connaissait aucun nom de planète ou de peuple mentionnés, mais elle écouta avidement, vivement intéressée. Apprendre, apprendre le plus possible. Retenir au maximum ce qui était dit. Ne pas se concentrer sur les noms, mais sur les faits. Apprendre et comprendre leur façon de penser.
Le prince se mêla au débat, apportant un troisième point de vue que l’enseignante démonta en quelques arguments, car même s’il était juste, dans les circonstances particulières du sujet traité il ne pouvait être utilisé. Vegeta, renfrogné, se rassit et écouta la suite de l’argumentaire. Il était intérieurement vexé de ne pas avoir réussi à briller en présence de son invitée.

Une fois le débat terminé et chacun de nouveau plongé dans son travail, la métisse glana discrètement des feuilles et un stylet et se mit à recopier le premier livre qui lui était tombé sous la main. Elle avait préféré s’installer à l’écart pour éviter à la fois d’attirer l’attention de Vegeta, ce qui risquait de lui donner une nouvelle bonne raison de se disperser, et de se trouver trop dans le champ de vision d’Aujin, ombre dans les ombres de la bibliothèque, dont le regard lourd pesait constamment sur ses épaules. Elle eut soudainement la surprise de voir une main lui ôter son travail.
« Vegeta, ce n’est pas le moment, j’essaie de travailler, moi aussi ! » Protesta-t-elle à voix basse.

Le regard réprobateur de Takenoko la paralysa.
« C’est ‘Votre Altesse’, quand tu t’adresses à l’héritier de la couronne, » la réprimanda-t-elle sèchement. « Et si Son Altesse a envie de voir ce que tu fabriques dans ton coin, tu te tais et tu lui tends tes affaires. Qu’est-ce-que c’est que ce torchon ?
-J’essaie d’apprendre à écrire, » lui répondit Joanna, le visage enflammé par la honte. Honte de s’être trompée, honte de s’être faite réprimander, honte d’être jugée.

« Comprends-tu ce que tu gribouilles ?
-Non, Madame. Je ne connais rien à l’écriture de votre monde. Mais si je veux apprendre, je dois savoir lire.
-Et qu’est-ce-que tu veux apprendre ? »Lui demanda-t-elle avec une pointe de sarcasme, tout en la toisant.
Encore plus honteuse face à ce mépris ouvert, la jeune femme baissa la tête sans pour autant baisser les yeux.
« Takenoko. » La voix d’Aujin, dans son dos, fit sursauter la métisse. Elle ne l’avait pas entendu arriver.

Le précepteur échangea quelques paroles avec l’enseignante, puis retourna dans son coin.
La femme reporta son attention sur Joanna. « C’est donc de ta faute si Paragus est contrarié, aujourd’hui.
-Comment cela ?
-Les moments où il est obligé de s’occuper de toi sont des moments d’enseignement de perdus qui lui font prendre du retard. Et en début d’après-midi, tu n’étais pas là où tu aurais dû être. Il n’a pas pu t’escorter, et s’est fait par conséquent réprimander.
-Je ne voulais pas lui créer de problèmes, Madame. Et je veux apprendre le plus vite possible à me débrouiller sans lui, pour qu’il puisse se consacrer entièrement à ses études. »

La femme s’éloigna sans répondre, en emportant le livre qu’elle avait commencé laborieusement à recopier.
Joanna se rassit en soupirant de découragement. La vie n’allait décidément pas être facile tous les jours, sur cette planète. Elle entreprit de réécrire ce qu’elle avait péniblement copié.
L’enseignante lui arracha de nouveau ses feuilles et les brûla instantanément sans autre forme de procès, comme par magie. « Encore avec ces horreurs ? Comme si ça allait t’apprendre quoi que ce soit.
-Comment voulez-vous que… » Commença à se rebeller Joanna.
Takenoko lui coupa la parole en posant une liasse de feuilles devant elle. « Tu as intérêt à t’appliquer. Je veux voir des lettres, des vraies. Pas les horreurs de tout à l’heure. Concentre-toi sur ces cinq lettres, pour aujourd’hui. »

La jeune femme regarda ce qui venait de lui être apporté. Il y avait une forme par feuille, d’abord complète et en gros dans un coin, puis son développement sur une première ligne, et enfin complète en début de chaque ligne. Comme dans les cahiers d’apprentissage qu’elle avait eu en cours préparatoire, se souvint-elle vaguement.
Emue, elle releva la tête. Takenoko s’éloignait déjà.
« Attendez ! » L’appela Joanna.
La femme se tourna vers elle. « Inutile de me remercier. Ce sont juste les ordres de Sa Majesté. »

Joanna resta interdite quelques instants, puis elle plissa les yeux en prenant un air buté. Finalement elle décida de laisser un sourire pincé sur son visage. « Je voulais en fait savoir à quelles lettres correspondent ces dessins, histoire de savoir ce que j’apprends. »
Les deux femmes s’affrontèrent silencieusement du regard quelques secondes. Takenoko revint finalement sur ses pas et étala les feuilles. « Dans l’ordre : a-i-u-e-o. » Elle s’en retourna alors avec un air satisfait sur le visage ; Joanna se mit au travail en souriant. Elle avait l’impression d’avoir réussi un examen difficile.
Toutes ses lignes du jour furent qualifiées d’épouvantables.



Tous les élèves finirent par se lever, saluer leur enseignante et se mettre à ranger les affaires utilisées tandis que Takenoko quittait la bibliothèque -non sans avoir omis de saluer ses supérieurs.
Joanna s’empressa de les imiter, rassemblant ses feuilles sans savoir quoi en faire. Serrant les papiers contre elle, elle rejoignit Aujin et le prince.
« Que veux-tu donc faire avec ça ? » Lui demanda ce dernier en la voyant approcher, les bras chargés.
« Je ne sais pas où les mettre… Alors je les garde… » Lui répondit-elle avec un haussement d’épaule.

Il la conduisit à un meuble spécial vers l’entrée. La comparaison qui vint à l’esprit de l’étrangère en le voyant était un ensemble de boîtes aux lettres de résidence. Son compagnon désigna un compartiment vide. « Tu n’as qu’à prendre ce casier, pour le moment. Personne ne l’utilise, ça ne devrait pas poser de problème. »
Elle obéit en le remerciant, soulagée d’un tracas.
« Si tu veux me faire plaisir, tu n’as qu’à dîner avec moi. » Il lui fit son plus beau sourire charmeur.

« Elle est attendue par Sa Majesté, pour le dîner, Votre Altesse, » intervint Aujin avant même que la jeune femme ait pu dire quoi que ce fut.
Le visage de Vegeta se ferma immédiatement. « Ça tombe bien, je viens de me rappeler que j’ai du retard à rattraper. » Il tourna le dos au duo et s’éloigna sans rien dire de plus.
Il se sentit attrapé par la main et retenu. Il se tourna, surpris, vers la métisse au regard implorant.
« Vegeta, s’il vous plaît… »
Son sourire revint. « Tu ne veux pas manger avec le vieux ? »

Aujin toussota de mécontentement en entendant ce propos irrespectueux.
« Si, je veux manger avec lui. Mais je veux aussi manger avec vous… »
Le sourire s’affadit.
« S’il vous plaît… » Insista Joanna. « Restez avec moi encore un peu… »
Le prince soupira, agacé. « D’accord, d’accord ! Mais je reste avec toi, pour toi ! Compris ?
-Oui ! Merci ! »
Derrière eux, le guerrier laissa échapper un léger grognement. Un nid à problèmes, cette fille, il n’en démordait pas.

Bonus :
Spoiler
*Takenoko : pousse de bambou en japonais
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 11

Messagepar Heika le Mer Juil 11, 2018 15:31

Image


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-12-





Trentième vit avec plaisir Joanna entrer dans sa chambre pour le dîner. Il avait eu un peu de mal à se concentrer, durant l’après-midi, après le départ précipité de son invitée. Il avait même craint, à un moment, qu’elle ne se mette à le détester à son tour, sans raison valable. Après tout, il n’y avait aucune raison logique pour que Trente-Deuxième le haïsse…
Sa joie fut de courte durée, comme il vit qu’elle traînait son petit-fils. Le visage, l’expression corporelle de l’adolescent, tout en lui montrait clairement qu’il n’était pas là de son plein gré. La méfiance naturelle du roi se réveilla. Que cherchait-elle donc à faire, à manigancer ainsi ?

« Majesté, » demanda timidement la femme, « serait-il possible de rajouter un couvert ? »
Il l’observa longuement, ainsi que son héritier qui semblait de plus en plus mal à l’aise sous son regard. S’étaient-ils entendus pour qu’il puisse monter sur le trône plus vite ? Etait-ce donc là le but de leur manigance ? Ou bien Joanna cherchait-elle autre chose en plus ?
Il finit par acquiescer. S’ils voulaient le tuer… Mourir de la main de son successeur n’était pas la pire des morts. Même si elle était manipulée par la descendante de celui qu’il avait le plus aimé.

La métisse entraîna un Vegeta un peu surpris à l’intérieur. « Vous voyez, Vegeta ! Je savais qu’il accepterait ! »
Trentième fronça légèrement les sourcils. Etait-il donc si prévisible ?
« Aujin, demande à ce que des plats supplémentaires soient amenés, » ordonna le roi.
« Non, Majesté, ce n’est pas la peine ! Ce midi, il y en avait beaucoup trop !! Ça serait encore gâcher de la nourriture. Il ne faut pas gaspiller. C’est ce que j’ai appris. Un jour. »
Il la fixait sans rien dire. Elle rougissait de plus en plus, mal à l’aise. Pas plus de nourriture, pour ne pas gâcher ? Ils comptaient donc passer à l’acte avant la fin du repas ? « Soit. »
Le prince s’approcha de la table d’un air dégagé, tandis que sa comparse lui demandait : « C’était irrespectueux ?
-Bien sûr, idiote. »
Elle prit place dans rien dire, honteuse.



Une fois installés, personne ne toucha au moindre plat. Le roi et le prince s’étaient engagés dans une lutte de regards tandis que la femme restait les yeux baissés.
Les minutes passaient, silencieuses, incroyablement longues. Joanna commençait à se demander si c’était une si bonne idée que cela de les mettre ainsi en présence l’un de l’autre. Dans la théorie, ça lui avait semblé parfait : les mettre en présence l’un de l’autre lors d’un moment de détente, par exemple le repas, discuter de tout et de rien tout en remplissant les estomacs, puis, une fois chacun contenté, les laisser discuter à cœur ouvert…

Ne sachant pas quoi faire, elle prit machinalement un bâtonnet de racine crue dont le goût et la texture ressemblaient à de la carotte et le grignota. Elle entendit Vegeta soupirer à côté d’elle. Mais il n’était pas pour autant contrarié.
« Haa, tu n’as décidément aucunes manières, » la réprimanda-t-il affectueusement.
« Merci, ça fait toujours plaisir à entendre, » bougonna-t-elle en retour.
« Ne pas savoir comment faire en présence de membres de familles royales ne signifie pas ne pas avoir de manières, » corrigea Trentième pour prendre sa défense. « Cela est plutôt dû à un manque d’éducation. Tout le monde ne reçoit pas l’enseignement adéquat pour une situation aussi exceptionnelle. »

Ils recommencèrent à se fixer froidement, ne voulant pas céder face à l’autre.
Joanna n’avait qu’une envie, leur hurler dessus combien ils étaient ridicules.
« Et… Comment mange-t-on en présence de membres de familles royales ? » Leur demanda-t-elle d’une petite voix plutôt que de se laisser aller à sa frustration, avant de s’enhardir. « Ou juste de vous ? Parce que en fait, les autres familles royales, je m’en fiche un peu, moi… »
Elle avait de nouveau réussi à interrompre le duel de volontés. Elle étouffa un soupir de soulagement.
« C’est pourtant logique, » lui répondit Vegeta. « Le roi commence à manger, puis ce sont les princes par ordre de naissance, quand il y en a plusieurs, et enfin les sujets.
-S’il y a un invité, le roi ou les princes peuvent lui céder la préséance, s’ils veulent l’honorer, » compléta Trentième qui ne voulait pas céder de terrain à son petit-fils niveau connaissances.

Joanna n’en crut pas ses yeux lorsqu’elle les vit se fixer pour la troisième fois. Elle se força à sourire et se servit une cuillerée de ragoût tout en déclarant : « C’est vraiment trop d’honneur que vous me faites, dans ce cas. Mais je ne voudrais pas vous affamer plus longtemps… Voilà, j’ai commencé, vous pouvez vous servir. N’hésitez pas. »
Ils tournèrent la tête vers elle d’un même mouvement et la fixèrent, éberlués.
« Quoi ? Ce n’est pas pour cette raison que vous vous tenez là, sans rien dire, depuis bien quinze minutes ? » Elle n’avait pu s’empêcher de laisser poindre le sarcasme dans sa voix. Elle leur sourit en prenant un air le plus innocent possible, les poings serrés sous la table à cause de sa maladresse.

Vegeta s’empourpra et allait la réprimander lorsqu’un éclat de rire le surprit. Son grand-père, une main sur le visage, l’autre tenant ses côtes, était pris d’un fou-rire.
« Toi, vraiment… » Dit-il enfin lorsqu’il parvint à se calmer, plus d’une minute après. « Mangeons, dans ce cas, Trente-Deux.
-Bien, Votre Majesté. »
La réponse très formelle jeta un nuage de tristesse sur le vieux visage.
« C’est quand même bizarre de vous appeler avec des chiffres, je trouve… » Préféra enchaîner la métisse.
« Vraiment ? » La questionna le roi bien obligeamment.
« Ça me fait l’effet que vous êtes des produits remplaçables, sans valeur… On use et on jette, et on passe au numéro suivant… Je trouve ça triste, » expliqua-t-elle.

« Peut-être le sommes-nous vraiment, » répondit le roi. « Et ce peu importe notre rang. Chaque Saiyen est au service de la splendeur de la race Saiyenne. Notre rôle à nous, qui sommes en haut de l’échelle sociale, est de mener le peuple dans la bonne voie pour le rendre plus fort. Nous, Saiyens, sommes supérieurs à la majorité des peuples de l’univers, et c’est en le démontrant à la force de nos poings que nous progressons jusqu’à notre but ultime : la suprématie de la race Saiyenne. Tant qu’aucun Vegeta n’oublie cela, qu’importe s’il n’est au final qu’un maillon, une marche numérotée.
-J’ai quand même le droit de dire que ça ne me plaît pas ? » L’explication l’avait laissée dubitative.
Trentième ne put s’empêcher de sourire. « Je t’accorde ce droit. Par contre, je tiens à te dire en retour que moi, ce que j’ai trouvé étrange, c’est que tu appelles Trente-Deux Vegeta. Pour ma part, je trouve que ça le dépersonnalise, puisqu’on ne sait pas à quel Vegeta on a affaire.

-C’est parce que quand je l’ai rencontré, je ne savais pas qu’il fallait en fait l’appeler par son numéro, » s’excusa-t-elle.
« Il se trouve que tu n’es pas censée l’appeler par son numéro non plus. Il n’y a que le roi qui puisse se permettre une telle familiarité. Toi, tu dois l’appeler ‘Votre Altesse’, ou bien ‘Altesse’.
-Elle a ma permission de m’appeler Vegeta, Majesté. J’aime bien qu’elle m’appelle comme cela. Au moins je sais qu’elle s’adresse à moi et à personne d’autre, puisqu’elle n’use pas de ce nom avec les autres Vegeta encore en vie. »
Joanna lança au prince un regard lourd de reproches. C’était sournois, comme réflexion.
« Votre grand-père ne m’avait pas été présentée, et j’ai cru que son nom était ‘Majesté’. J’ai trouvé ça un peu étrange, mais comme cela vous allait très bien, Majesté… » Termina-t-elle à l’attention de Trentième.

Les deux hommes s’étaient arrêtés de manger pour la regarder, abasourdis. Et ce fut au tour de Trente-Deuxième de rire. Pour sa part, le roi était étrangement satisfait. Lui aussi avait été distingué, finalement, même si cela avait été d’une bien étrange façon.
« Vraiment… » Tentait de dire le prince en riant, « tu es… Vraiment… Bête !
-Je venais de me réveiller ! » Protesta-t-elle en retour. « Et j’étais perdue, dans un endroit inconnu, sans souvenirs ! C’était très perturbant… »
Voir une larme rouler sur la joue ronde coupa court à l’hilarité du prince. « Je crois un peu imaginer, » tenta-t-il de se rattraper. « Ça me rappelle la fois où je me suis fait salement rosser par Caro et que je me suis retrouvé dans un caisson de régénération sans avoir le souvenir de m’être évanoui. En me réveillant, j’avais cru être dans ma chambre, et en fait, ce n’était pas le cas…

-C’est un peu ça, » concéda-t-elle en s’essuyant les yeux. Comment pouvait-il réellement comprendre ? Au moins avait-il fait un effort pour se racheter… « Pardon, je suis un peu fatiguée… Et puis il paraît que je suis une pleurnicheuse, alors c’est sorti tout seul…
-Ah ? Qui disait cela ? » S’intéressa Trentième.
Joanna leva les bras en haussant les épaules pour signifier qu’elle n’en avait aucune idée. « C’est déjà pas mal que je me rappelle de ça. Je crois qu’il ne faut pas trop en demander.
« Majesté, j’ai emmené Joanna à la bibliothèque, cet après-midi, » intervint Vegeta pour changer de conversation, craignant que parler de sa mémoire perdue ne fasse de nouveau pleurer la jeune femme.

« C’est une excellente idée, Trentième. Je te félicite, » répondit le roi avec sincérité. L’authenticité de la réponse prit de court son petit-fils.
« Ce n’est pas mon idée, » ne put-il s’empêcher de se défendre perversement. Cette amabilité soudaine le rendait mal à l’aise. Quand le roi allait connaître la vérité, il le traiterait de nouveau froidement, comme d’habitude. « Je lui ai dit qu’il me fallait travailler, et c’est elle qui a absolument tenu à voir ce que je faisais.
-Je sais que tu n’aimes pas trop cette partie de ton éducation, Trente-Deux, et je suis d’autant plus content que tu te sois montré raisonnable et que tu lui aies fait découvrir la bibliothèque, » continua tout de même de le complimenter son grand-père. « Comment n’y ai-je pas songé plus tôt ? Vu ta force, on ne pourra jamais faire de toi une combattante. T’envoyer dans la Classe Particulière est une grande idée !

-La classe particulière ? » Répéta la métisse, perplexe.
« Le peuple Saiyen a principalement besoin de guerriers, mais tout le monde ne peut l’être. Les individus dont la force est en dessous d’un certain seuil sont inutiles pour conquérir les autres mondes. Nous leur avons trouvé des postes pour les occuper. Ce sont eux, par exemple, qui nous ont préparé ce repas.
-Oh… » La femme regarda un instant les plats. « Et vous voulez donc que j’apprenne à cuisiner ?
-Non, évidemment non, » la contredit le roi en chassant cette idée d’un geste de la main. « Toi, tu vas intégrer la Classe Particulière.
-On envoie dans cette classe des gens qui n’ont aucun potentiel pour combattre mais dont il serait dommage de se priver de l’intelligence, » enchaîna Vegeta qui ne voulait pas rester à l’écart. « Ils se retrouvent avec des postes à responsabilités une fois leur formation terminée. »

La métisse regarda les deux hommes d’un air dubitatif. « Vous êtes sûrs de vouloir me voir à un tel poste ? Je doute d’être la personne qu’il faut…
-Alors que veux-tu ? Passer ta vie à cuisiner ou faire le ménage ? » Lui demanda Trentième.
Joanna prit quelques instants pour réfléchir. « En fait, je n’en sais rien. Je cuisine parce qu’il faut que je mange. Le fait de cuisiner ne me passionne pas. Le ménage… C’est un peu la même chose. Pour le moment, tout ce que je veux, c’est apprendre tout ce que je peux sur le peuple Saiyen et cette planète.
-Alors la Classe Particulière est ce qu’il te faut, » insista le roi.
« Arrête de faire ta difficile et accepte, » grogna Vegeta. « Je te signale qu’il s’agit là d’un traitement de faveur qui n’a pas de précédent. En général, on teste les nouvelles recrues, et si elles ne sont ni fortes ni intelligentes, elles sont reléguées aux basses tâches sans avoir le choix. On n’est pas sûrs que tu sois intelligente, mais on t’offre quand même la possibilité de faire un peu ce que tu veux, en te laissant intégrer la CP. Si finalement on voit que ça ne te va pas, on te trouvera une autre affectation, point barre.

-Présenté comme cela… » Elle se remit à manger, un peu boudeuse. Mais l’insulte fut rapidement oubliée : elle avait droit à un traitement de faveur, et ni le grand-père, ni le petit-fils ne semblaient douter qu’elle n’en fut pas digne. Et si, finalement, Vegeta avait raison et qu’elle n’avait pas les capacités intellectuelles suffisantes, elle n’aurait qu’à travailler plus dur pour se montrer à la hauteur de l’honneur qui lui était fait. Et soudainement elle réalisa : elle avait réussi à les mettre d’accord sur un sujet, bien malgré elle. Elle décida de pousser l’avantage en continuant la conversation sur ce terrain neutre, en leur posant des questions sur la bibliothèque, l’enseignante et les leçons.



Joanna avait terminé de manger bien avant les deux Vegeta ; ils n’avaient eu de cesse de critiquer son appétit d’oiseau alors qu’elle avait eu l’impression de se goinfrer, et elle se retrouva somnolente. Cela lui donna l’idée de feindre l’assoupissement sur la table.
« Elle s’est endormie… » Constata le prince avec surprise. Il se leva et la prit délicatement dans ses bras. « Il faudra que je songe à lui dire qu’on ne s’endort pas en présence de son roi, » dit-il avec affection pour lui-même.
La voix de son grand-père l’arrêta tandis qu’il se rendait à la porte.
« Attends, Trente-deux. J’ai à te parler. » Voyant son petit-fils s’immobiliser en silence, il finit par continuer : « Je sais que tu me hais, mais j’ai une faveur à te demander.
-Non, vous ne savez rien de moi. » Son amertume était telle que Vegeta n’avait pu s’empêcher de répliquer.
« Comment cela ? » Trentième était plutôt interloqué.

Son petit-fils lui tournait le dos. A voir ses épaules se contracter, il semblait faire un effort pour se contenir. « Je ne vois qu’une seule personne ici qui en hait une autre, et ce n’est ni moi, ni cette fille.
-Mais… Pourquoi donc tout le monde s’évertue à penser que je te hais ? » Balbutia le vieil homme.
« Vous êtes-vous seulement jamais intéressé à moi ? Que savez-vous de ce que je vis ? Ce que je pense ? Ce que j’aime faire, mes plats préférés ? Rien, vous ne m’avez jamais posé la moindre question ! Je suis toujours renvoyé tel le dernier des serviteurs. Ca fait des années que nous n’avons pas été plus de cinq minutes ensemble dans la même pièce. Si vous ne me chassez pas, c’est vous qui trouvez un prétexte pour partir. Vous me croyez aveugle, ou bien stupide ?
-Je ne voulais pas te gêner dans tes études…

-Ca m’aurait énormément handicapé de dîner parfois avec vous, bien sûr ! Ou de prendre trente minutes pour qu’on discute ! D’ailleurs, elle a bon dos, l’excuse de l’éducation ! Je suis censé être le prochain roi, mais je ne sais rien ou presque des affaires de mon royaume, puisque je suis toujours tenu à l’écart des réunions !
-Je pensais que cela ne t’intéressait pas…
-Normal, vous ne m’avez jamais demandé si c’était le cas !! » Le ton commençait à monter du côté du prince.
« Cela n’intéressait pas ton père. »

Vegeta resta silencieux. Il ne s’attendait pas à une telle réponse.
« Je ne suis pas mon père, » finit-il par répondre.
« Non, tu ne l’es pas, » approuva Trentième. « Mais c’est lui que je voyais dans tes yeux, après sa disparition. Lui que j’entendais dans ta voix. Je… Je t’ai fui. Je tentais de fuir ma douleur en te fuyant. »
Dans le nouveau silence qui s’ensuivit, Joanna prit bien garde à continuer de faire semblant de dormir. Elle avait l’impression d’être une voyeuse, de violer l’intimité de leur discussion. Et, évidemment, elle n’avait plus du tout envie de dormir…
« Je croyais que vous me méprisiez. Parce que je lui suis inférieur, » reprit enfin Vegeta.

« Peux-tu m’expliquer ? Je ne comprends pas, » lui demanda son grand-père.
« Je suis plus faible que lui. Je n’ai pas son génie du combat, ni sa prestance.
-Encore heureux ! Il n’aurait plus manqué que mes héritiers soient tous deux des idiots ! »
Vegeta lui fit face, interloqué et en colère. « Pardon ??

-Ton père… Mon fils, » rappela-t-il, « était quelqu’un de formidable. Il était puissant, il était doué. Il attirait les regards et savait charmer les gens. Mais en tant qu’héritier, il était une calamité. Il n’avait aucun sens politique, et aurait ruiné notre peuple. Il eût été un Saiyen normal, il n’aurait jamais été au-dessus du rang A. Non seulement ça, mais il aurait à peine atteint la cinquantième place. Il savait comment envoyer les autres à la mort, mais il ne savait pas réellement les diriger. Il savait comment raser le plus efficacement possible une planète, mais pas comment éviter que notre planète ne se retrouve sur la liste des mondes à éradiquer. Alors oui, je l’adorais, je le trouvais formidable, mais en même temps je m’arrachais les cheveux pour savoir comment la succession allait se dérouler. Quand la nouvelle de sa mort m’est parvenue, j’ai… J’étais bouleversé. Mais une part de moi… Une détestable part de moi… Le roi en moi, celui qui ne pense qu’à l’avenir du peuple Saiyen… » Il fit silence quelques instants, puis reprit : « Ce sentiment de soulagement que j’ai ressenti en même temps m’a choqué. »

Vegeta prit quelques minutes pour assimiler tout ce qu’il venait d’entendre, puis fit face à son grand-père. « Avez-vous fait tuer mon père ?
-Grands dieux non ! » Se scandalisa le vieil homme. « Sans savoir comment toi-même allais évoluer ? Faire assassiner le père pour finalement me rendre compte que le fils est lui aussi un incapable ?
-Et… Comment pouvez-vous savoir si je lui ressemble ou pas, au final ? Vous ne vous êtes jamais intéressé à moi.
-Aujin m’a fait un rapport de chacune de vos sorties. Il m’a tenu au courant de tes progrès dans tes études. Il m’a parlé de ta façon d’agir lors des missions.
-Et ?

-Tu es le seul digne d’être mon héritier, Trente-Deux. Ton père serait encore de ce monde, je lui aurais demandé d’abdiquer en ta faveur. Et s’il avait refusé, oui, je l’aurais fait éliminé. »
Le prince resta silencieux un moment. « Aujin… En parlant de lui… » Il se dirigea vers la porte et l’ouvrit. « Aujin ! » Appela-t-il.
Le soldat, qui attendait dans le couloir, s’approcha en s’inclinant. « Votre Altesse ? »
Vegeta lui jeta Joanna qui ne put réprimer un cri de surprise. Le guerrier la rattrapa sans ménagement.
« Amène-là à sa chambre, où elle pourra continuer de faire semblant de dormir, si ça lui chante. Cette conversation ne la concerne pas. » L’adolescent rentra et referma la porte sans plus se préoccuper de la jeune femme qui avait rougi, un air coupable sur le visage.



« Quest-ce-que ça cache ? » Attaqua Vegeta, sitôt la porte de la chambre du roi refermée.
« Comment cela ?
-Vous passez votre temps à m’éviter, à m’ignorer, voire à me mépriser, et tout à coup vous me dites toutes ces fadaises, que vous avez toujours eu un œil sur moi, que je suis votre seul véritable héritier… C’est quoi, ces conneries ? Où est le piège ?
-Il n’y a pas de piège.
-Qu’est-ce-qui vous a décidé, dans ce cas ?

-Je vais juste bientôt mourir. » Trentième fixait son petit-fils sereinement. Il reprit, voyant que son descendant restait silencieux : « La mort ne m’effraie plus. Je l’ai déjà vécue, et j’en ai été arraché pour pouvoir mettre mes affaires en ordre. C’est un honneur qui m’a été fait, et j’ai compris au cours de ce repas que te parler fait partie de ces fameuses affaires à ordonner. Je ne te demande pas de cesser de me haïr, juste que nous collaborions pour la grandeur du peuple Saiyen jusqu’à ma disparition. »
Vegeta avait blêmi. « Quand ? »
Trentième contempla ses mains, un sourire mélancolique sur les lèvres. « Qui peut le dire ? Ce corps ne tiendra pas plus de cinq… Non, deux ans. Peut-être moins.
-Non… Non !! » Vegeta se jeta sur lui pour le saisir aux bras et le secouer. « Vous allez m’abandonner, vous aussi ?!
-Ce que tu dis là est stupide. » Le prince lâcha le vieil homme comme si les paroles l’avaient frappé. Trentième continua : « Je ne vais pas t’abandonner. Je vais te céder ma place. Je vais te confier notre peuple.

-C’est ça, la faveur que vous vouliez que je vous accorde ? Ou ce n’était qu’un prétexte pour me parler ?
-Je suis heureux de constater que tu m’avais écouté, » dit le roi, quelque peu sarcastique, avant de continuer, plus sérieux : « Mais non, ce n’était ni un prétexte, ni la faveur dont je voulais te parler. Asseyons-nous, je te prie. Je tiens à ménager ce corps pour qu’il tienne le plus longtemps possible. »
Il prit place dans son fauteuil favori, et désigna un siège à son petit-fils qui obtempéra.
« Un verre ? Non ? C’est pourtant un excellent alcool, mais tant pis. » Il se servit une dose de liquide ambré et fixa son verre quelques minutes, pensif.
Vegeta n’osait interrompre sa réflexion, alors qu’il bouillait intérieurement de savoir ce que voulait obtenir de lui le vieillard.

Trentième finit par soupirer. « Non, ce ne sera pas une tâche facile… Tu vas devenir roi, tu vas diriger le peuple Saiyen dans la voie glorieuse qui est sienne, je n’ai jamais eu de doute là-dessus. Tu sais de qui il faut te méfier, et tu sauras négocier avec eux. Sur tous ces points, je n’ai jamais douté de toi, même avant que nous ayons cette discussion. » Il porta le verre à ses lèvres et but une longue rasade. « Aaah, j’espère que dans l’autre monde, il y aura d’aussi bons alcools… Trente-Deux, ma faveur est la suivante : protège Joanna.
-Mais… Bien sûr… C’est absurde… » Balbutia le prince, surpris.

Le roi l’interrompit en levant son index. « Tu ne sais rien. Je n’en sais pas beaucoup plus, mais je dois te transmettre mes maigres connaissances. Tu as sûrement dû entendre ce qui se dit sur mon problème de santé.
-Plusieurs rumeurs courent, à ce sujet…
-La seule et unique vérité est que j’étais mort. Mon âme était sur le point d’arriver au royaume des morts. J’ai alors rencontré… Son ancêtre. Le Saiyen qui la relie à nous. C’était une vieille connaissance, à qui je devais beaucoup, et qui a disparu du jour au lendemain. Il m’a mis en garde : elle est en danger. Et là, elle s’est emparée de mon âme et m’a ramené à la vie. » Il but une nouvelle gorgée. « Elle a fait quelque chose à mon corps. Tu as dû entendre parler de mon petit exploit de ce matin, en salle d’audience. Il y a deux jours, j’aurais été incapable de le faire. Il fallait que je leur montre que je n’étais pas faible. … Mon corps semble plus vigoureux, rajeuni, mais cette démonstration, ce matin, m’a bien plus fatigué que prévu. L’intérieur se vide, pour que l’extérieur paraisse en forme. Mais cela me va.

-C’est assez… Terrifiant.
-Oui et non… Je n’ai plus de douleur, plus de maladie. Je sens juste ma vie s’écouler plus ou moins lentement hors de mon corps. Crois-moi, elle m’épargne quelques soucis de santé qui commençaient à s’installer et qui sont des plus humiliants… » Oh, comme il ne regrettait ni les problèmes de prostate, ni le début de dégénérescence nerveuse qui lui faisait trembler légèrement les mains, et contre lesquels les scientifiques étaient impuissants. « Je suis plutôt satisfait de ma condition actuelle, » réfléchit-il à voix haute. « J’espère juste avoir suffisamment d’énergie pour finir de te former. Je pourrai ainsi partir l’esprit tranquille. Mon peuple sera en de très bonnes mains. »
Vegeta se leva et s’agenouilla devant son aïeul. « C’est un honneur pour moi d’avoir ainsi votre considération, Majesté ! Je ferai mon possible pour m’en montrer digne !

-Je n’en attends pas moins de toi, Trente-Deux. » Il prit une nouvelle rasade. « Joanna… Rassieds-toi, s’il te plaît. Elle n’est pas une mutante. Elle est issue d’un métissage avec une race inconnue et très puissante. Je n’ai jamais entendu parler de tels pouvoirs. Et c’est heureux, je dirais. Imagine comment un tel don pourrait être exploité…
-Nous pourrions faire revivre les guerriers tombés au combat pour qu’ils puissent terminer leur travail, » proposa Vegeta en exemple.
« Tout à fait. Mais combien de fois peut-elle relever un mort ? Une ? Deux ? Jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une coquille vide ?
-Ne me dites pas que vous voulez… » Commença à paniquer le prince.

« Non, je ne veux pas finir en sujet expérimental. Et personne ne le deviendra. » Il soupira, résigné. « Elle est immature. Elle ne contrôle rien. A moins que l’on se trompe, elle ne semble capable que de réaliser des miracles. Auquel cas, elle ne fera pas deux fois la même chose. Et puis… S’il s’agit en fait bien d’un don de résurrection, et qu’il s’avérait qu’elle en a le contrôle, il faudrait l’envoyer sur les champs de bataille, pour exploiter son potentiel. Mais elle est faible. Son cœur est trop tendre. Si elle ne venait pas à être tuée par une attaque ennemie, elle finirait par mourir de chagrin.

-Vous semblez bien la comprendre, Majesté…
-Elle a touché mon âme, mon garçon. Je doute que quiconque puisse sortir d’une telle expérience sans séquelle. »
Vegeta regarda son grand-père, quelque peu impressionné. « Je vois…
-Ou peut-être suis-je simplement trop vieux, et que la mort m’a rendu bêtement sentimental. Dans tous les cas, nous devons garder le silence sur ce que nous soupçonnons sur elle.
-Et les rumeurs sur votre résurrection ?
-Oh, ne t’en fais pas. Bientôt, les gens parleront d’elle comme d’une très bonne -ou très chanceuse- guérisseuse. Sois rassuré.
-Bien, Votre Majesté.
-Cependant, nous devons la garder près de nous, pour veiller à ce qu’il ne lui arrive rien qui puisse dévoiler plus de choses sur elle. Arbi m’a prévenu que ses pouvoirs la mettraient en danger. »
Le prince hocha la tête, sombre. « Près de nous, elle ne risquera rien, et n’aura donc pas d’occasion de se dévoiler. Je la protègerai, Majesté. Soyez-en sûre. »

Bonus :
Spoiler
Rien, en dehors de vous dire que voilà la fin de la première partie de ce tome. ^^
12 chapitres pour 48 heures assez intenses... Non ? :D
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 12

Messagepar xela26 le Mer Juil 11, 2018 16:16

MAgnifique chapitre !
je commenterai en détails plus tard
Cell: l'ascension de la terreur- Cell a vaincu Son Gohan lors du Cell game!! Quel sort réserve-t-il à la Terre?? Pour le savoir....viewtopic.php?f=42&t=5990
Chapitre 138: publié
Chapitre 139- 145: 90%- relecture, correction

Cell: Damned Souls- Les aventures parallèles de héros de "l’ascension de la terreur". Pour les connaitre:
viewtopic.php?f=42&t=6774
abandonnée
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 12

Messagepar Heika le Mer Juil 25, 2018 18:13

@Xela :
Rien que ces deux lignes, c'est de l'or. *^*


C'est parti pour un chapitre sans prétention, sans action, plutôt de mise en situation.
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-13-





Huit mois s’écoulèrent paisiblement. Il ne fut pas aisé pour Joanna de s’intégrer aux cours car, fait étrange, les mots prononcés n’étaient pas ceux qu’elle lisait, et la lecture était pour elle chose laborieuse… Mais visiblement cet apprentissage avait déjà été fait à un moment de sa vie, car le sens des mots déchiffrés lui revenait assez facilement, donnant espoir aux scientifiques que la mémoire perdue ressorte un jour. Une fois la lecture et l’écriture relativement maîtrisées, elle put suivre les leçons données à Paragus et autres jeunes sélectionnés pour leur intelligence malgré leur force médiocre ; ces cours visaient à former les dirigeants des sections non combattantes, telles que les usines et la division médico-scientifique. Même si les personnes employées là étaient majoritairement des étrangers à ce monde, il était inconcevable que le roi s’entretienne avec des non-Saiyens lors des comptes-rendus. Il n’y avait que les Saiyens pour pouvoir comprendre les ordres du roi, selon eux.

Dans le cadre de leurs études, les élèves avaient eu l’occasion d’assister à quelques réunions de cet ordre. Les supérieurs donnaient les résultats effectués par leurs subordonnés, et prenaient les directives pour les objectifs à remplir jusqu’au rassemblement suivant.
« Mais c’est pourtant Cizel, un non Saiyen, qui a été chargé de me présenter à Sa Majesté, » s’étonna Joanna auprès de son professeur, Takenoko, la première fois qu’elle put assister à cela.
« Il s’était occupé de ton dossier, » lui répondit la femme d’une quarantaine d’années aux allures strictes. « Il était le plus à même de répondre aux questions de Sa Majesté avec précision. De plus il est bon que les individus des castes inférieures puissent approcher leur roi de temps à autre. Et surtout un tel rapport n’avait pas vraiment d’importance »



Elle avait aussi appris l’organisation hiérarchique de ce monde, et son système de castes. Il y avait d’abord le roi et sa descendance, qui étaient au-dessus de tous les autres. Il était bon de noter qu’il n’y avait pas de système patriarcal à proprement parler, pour la succession, mais il y avait eu bien plus de fils engendrés que de filles, et les seules reines présentes dans l’arbre généalogique se situaient dans cette partie obscure de l’histoire Saiyenne remontant à avant la conquête de la planète Vegeta. La personne qui partageait le lit du dirigeant était appelé concubin ou concubine, et jouissait de privilèges qui n’allaient pas jusqu’à ceux de la famille royale proprement dite. De plus le dirigeant ne liait pas sa vie à cette personne et pouvait avoir plusieurs concubins ou concubines officiels à la suite. Evidemment, le changement de partenaire faisait baisser le nombre de privilèges du précédent, voire les annulaient totalement si jamais il n’y avait pas ou plus de descendance. Et chacun continuait de travailler dans sa branche : les concubins soldats continuaient de conquérir des planètes ou de monter la garde au palais, les concubins qui dirigeaient une section géraient toujours leur section… La mère de Trente-Deux, par exemple, était une guerrière toujours active sur le terrain, qui repassait de temps à autre présenter ses hommages à son fils.

Ensuite il y avait la caste des guerriers, la plus importante après la famille royale. La valeur d’une personne se mesurait à la force relevée sur le scaouteur, puis à ses capacités de combat. Cette caste était elle-même découpée en rangs, de C pour les plus faibles à S pour les plus forts. Autant les places dans les rangs C et B étaient illimitées, autant il était difficile d’obtenir le rang A, limité à cent soldats qui étaient souvent employés dans la garde royale. Et pour bien accentuer dans l’esprit de chaque Saiyen leur magnificence, les vingt-cinq meilleurs guerriers Saiyens faisaient partie d’une élite appelée la brigade spéciale, ou rang S. Chaque membre du rang A et du rang S avait un numéro attribué de un à cent, qui donnait sa position et donc son importance au sein de ces rangs d’excellence. Du centième au vingt-sixième, les gens savaient avoir affaire à un rang A, et à vingt-cinq et moins, c’étaient les âmes damnées du roi, celles qui remplissaient des missions secrètes et dangereuses. Pour obtenir le rang A, il fallait avoir une force exceptionnelle et un sens incroyable du combat, et pour entrer dans le rang S il fallait en plus des capacités d’adaptation et une intelligence subtile.

Tout Saiyen ne pouvant prétendre au moins au rang C faisait partie du rang D, le rang des plus faibles, où Joanna avait été elle-même classée. Là, selon l’intelligence et l’habileté rencontrées, les gens étaient dirigés dans l’un des secteurs essentiels au bon fonctionnement du monde. Ces secteurs étaient au nombre de trois : il y avait d’abord les Producteurs, constitués entre autre des récolteurs, qui pouvaient ramener soit de la viande, soit des légumes trouvés sur la planète. C’était dans cette section qu’étaient classées les quelques usines essentielles au bon fonctionnement du secteur scientifique : comme certains matériels ne pouvaient voyager sous leur forme assemblée sans souffrir des transports interplanétaires et changements constants de gravité, Ils étaient amenés en pièces détachées et montés sur le sol Saiyen. Une des quatre usines de Vegeta avait pour but de produire et éventuellement réparer ou recycler les armures et pièces de tenues, denrées les plus utilisées après la nourriture par les Saiyens. Puis il y avait le deuxième secteur, qui comprenait les Services, où l’on trouvait entre autre les agents d’entretien et les cuisiniers. Et le Médico-Scientifique était le troisième secteur, et était étrangement dédaigné par les Saiyens de rang D.

Tous les êtres non Saiyens arrachés de gré ou de force à leurs mondes pour venir travailler sur la planète Vegeta étaient de rang E.



Le rang d’un Saiyen était déterminé à sa naissance, par la force qu’il possédait lors de sa venue au monde : en effet, comme il fut expliqué à la métisse, la force des Saiyens -des guerriers, tout du moins s’accroissait de façon régulière et homogène. Un guerrier de mille unités à un instant X, si à l’instant Y était passé à mille six cent, il était sûr qu’autour de lui ses camarades et le reste de son peuple avaient eux aussi progressé de façon relativement équivalente.
Bien évidemment, ce n’était là qu’une façon schématisée d’expliquer les choses, mais le principal à retenir était qu’il était extrêmement rare de voir un guerrier de rang C ou autre accroître son potentiel sur un court laps de temps, lui permettant ainsi de prétendre à une place dans un rang supérieur. Cela arrivait de temps à autre, mais bien trop rarement au goût du roi pour réussir à trouver quels facteurs pouvaient engendrer cela et tenter de les appliquer à la multitude après. Une croissance aussi rapide aurait pu placer le peuple Saiyen en maîtres de l’univers…



Aux liens familiaux étaient préférés les liens de fraternité liant les membres d’un groupe de combat.
Par conséquent il n’était pas rare de voir les enfants de trois à six mois dotés d’une force moins que passable envoyés sur des planètes lointaines aux ressources exploitables, possédant généralement au moins une lune, et dont les habitants ne représentaient ni un intérêt commercial, ni une réelle menace pour la vie du conquérant en herbe. A l’étonnement de Joanna de les voir être envoyés si petits, il fut répondu : « le temps d’arriver à la destination ils ont suffisamment grandi pour remplir la mission qui leur a été confiés. Ils voyagent dans des monoplaces spécifiques, étudiés pour répondre à leurs besoins vitaux, et qui leur enseigne leur mission. Le vaisseau peut même, dans certains cas, pallier à l’absence de lune si elle tarde à apparaître ou s’il n’y en a pas : il a quelques fusées d’intégrées qui, quand elles explosent, recréent le rayonnement nécessaire à notre transformation. »


Les enfants étaient ensuite récupérés par les unités de combat qui avaient des contrats à honorer à un ou deux systèmes solaires de distance, ce qui pouvait prendre deux, trois, cinq, parfois quinze ans. Cela choqua la métisse, mais un tiers des enfants ainsi envoyés bébés ne survivait pas, et ceux qui étaient récupérés âgés d’au moins dix ans étaient plus difficiles à intégrer dans la société saiyenne. Un tel traitement s’expliquait parce que les enfants envoyés de la sorte étaient presque toujours des sujets de rang D, donc incapables de devenir des guerriers une fois récupérés. Ces êtres étaient presque considérés comme des bouches inutiles à nourrir, mais s’ils n’étaient pas mis systématiquement à mort c’était grâce au fait que la population Saiyenne ne pouvait se passer d’eux pour le renouvellement des générations. Pour le coup, une fois ramenés sur Vegeta, ils étaient généralement forcés de travailler soit dans le secteur des services soit dans le secteur des producteurs. Il y avait aussi entre un tiers et un quart des enfants de rang C, les plus faibles, qui avaient droit à un tel traitement. Ceux-là, lorsqu’ils étaient récupérés, étaient testés pour voir s’ils pouvaient tout de même faire des guerriers ou s’ils se retrouvaient déclassés en rang D et enrôlés dans un des secteurs précédemment cités.


Il existait malgré tout une possibilité pour les Saiyens de rang D de ne pas finir dans une basse caste : lorsque les enfants atteignaient les huit ans, ils passaient des tests de logique et d’intelligence, et ceux qui avaient des scores impressionnants pouvaient prétendre à suivre un enseignement particulier pour devenir des dirigeants de secteurs. Les plus faibles des jeunes guerriers de rang B pouvaient aussi tenter ces tests ; ainsi le jeune Paragus, qui entrait dans le rang B pour un seul point, avait-il eu la chance de pouvoir intégrer les Classes Particulières pour prétendre, dans l’avenir, à un poste de dirigeant. Une alternative lui avait été proposée entre continuer en tant que guerrier et avoir un poste à responsabilité. Pour lui le choix avait été rapide. L’idée même de n’être qu’un soldat de bas étage, à peine au-dessus du pire rang dans la hiérarchie guerrière, l’insupportait. Par contre, en décidant d’entrer dans la Classe Particulière, il savait qu’il avait la possibilité de monter en grade.


Les débouchés de cette classe étaient nombreux. Le grade le plus haut était bien évidemment celui de Maître de Secteur, celui qui régissait sa section et qui avait l’honneur de pouvoir faire les rapports directement au roi ; en dessous se trouvaient les Seconds, plus ou moins nombreux selon la section et selon les besoins du moment ; sous chaque Second se trouvaient une dizaine de subordonnés, qui avaient eux aussi chacun une quinzaine d’employés. Il était commun de commencer au rang le plus bas et de monter en grade jusqu’à devenir Second. Les changements de Maîtres de Secteur étaient rares, et dus à leur mortalité. C’était un poste à haut risque, malgré l’honneur rattaché, car les Maîtres étaient en première ligne face à la colère de leur suzerain lorsque les nouvelles étaient mauvaises, et les leçons de Takenoko avaient déjà bien faites comprendre à Joanna que les Saiyens n’aimaient pas s’embarrasser des faibles et des incompétents. Les Maîtres n’étaient pas forcément ceux qui avaient fait le mauvais travail, mais ils avaient accepté d’assumer pour leurs subordonnés face au roi lorsqu’ils avaient décidé d’endosser le titre.
Et dans le vivier des Classes Particulières et Dirigeants de Castes le roi piochait des élus selon son bon vouloir, pour en faire ses conseillers. Partant de ce constat, tout le monde dans ces deux domaines travaillait très dur pour se faire remarquer le plus positivement possible. Les conseillers étaient très haut placés et avaient un taux de mortalité bien moins important que celui des Maîtres.



C’était donc à cette Classe Particulière à laquelle Joanna, Saiyenne de rang D, avait été rattachée à la demande du roi. Elle ne pouvait s’empêcher de douter de cet honneur, car elle n’avait pas passé les tests spécifiques d’entrée dans cette section ; cependant elle préféra ne rien dire de son appréhension car c’était là la meilleure chance qui avait pu lui être offerte, et elle en avait conscience. Les quelques privilèges des étudiants lui importaient peu. Sa véritable chance était de pouvoir se trouver au meilleur endroit pour pallier à ce handicap qui la frustrait, son manque de connaissances. Là, elle pouvait en apprendre le plus possible sur toutes les facettes de la vie Saiyenne. Elle avait aussi ainsi la plus belle des opportunités de gagner un statut lui permettant de rester auprès de la famille royale : si elle avait la chance d’être élue en tant que conseillère, elle n’aurait plus à avoir peur d’être chassée loin du couloir royal une fois ses études terminées.

Son ciel bleu lui manquait toujours, mais elle aimait de plus en plus ce peuple rude et fier. Elle s’était promis de trouver la planète bleue sur laquelle elle était née, mais ce serait pour mieux revenir sur la planète rouge. Sa vie était désormais ici, et non sur son monde natal.
Il y avait malgré tout une ombre au tableau, une ombre de taille : la base même du système économique Saiyen était corrompue, à ses yeux. Ils achetaient ce qu’ils ne pouvaient produire grâce au fruit de leur commerce, un commerce fait de mort et d’esclavage. Ils vendaient leur force et leurs dons de guerriers aux plus offrants, pour asservir les peuples qui avaient un intérêt technologique et économique, et pour éradiquer ceux des planètes qui n’avaient que leurs ressources naturelles comme avantage. Un tel commerce l’horrifiait, et elle ne s’en était pas cachée auprès des membres de la famille royale, qui n’avaient montrés que mépris face à son indignation.

Elle avait fini par raconter à Vegeta son rêve de voir le peuple Saiyen adulé à travers l’univers en tant que sauveur des opprimés et défenseurs des libertés, en arguant qu’ils retireraient bien plus de gloire à voir leur nom loué et non craint. Elle avait bien souligné qu’il y aurait toujours besoin de muscles, partout ; mais agir pour le bien des peuples plus faibles était plus gratifiant que de massacrer aveuglément et d’asservir impitoyablement.
Cette fois-là, il ne lui avait pas ri au nez. Il lui avait simplement répondu : « Deviens ma conseillère, et peut-être consentirai-je enfin à te prêter un oreille. » Il ne lui en avait pas fallu plus pour la motiver les premiers mois.

L’ennui était qu’elle était en retard par rapport aux autres élèves. Après analyses, Cizel avait statué qu’elle avait au moins dix-huit ans, peut-être vingt, et à son âge, normalement, les Saiyens étaient considérés comme adultes ; les jeunes avoisinant son âge qui étaient membres de la Classe Particulière parvenaient à peu près à la fin de leurs études là où elle ne faisait que les commencer. Même si certains étudiaient plus longtemps que les autres, selon l’urgence à pourvoir certains postes, ils n’allaient pas tarder à prendre leurs fonctions dans une des sections. A moins, bien sûr, qu’ils ne soient réclamés par le prince lors de son accession au trône…



Actuellement, elle côtoyait quatre jeunes adultes : Bijeli, du haut de ses vingt-quatre ans, était l’aîné ; suivaient Prei, vingt ans, Zorn, dix-huit ans et Fajal, tout juste dix-sept ans. Fajal était la seule femme du groupe des aînés, et s’était montré hautement antipathique envers Joanna dès leur première rencontre. Joanna était alors trop concentrée sur la nouveauté du lieu mais voir la métisse entrer dans la bibliothèque avait suffi à transformer les beaux yeux bleu marine de la Saiyenne en lacs noirs de mépris et de dégoût. Les trois hommes, eux, lui avaient toujours parlé normalement.

Prei avait été le plus hardi en étant le premier -et le seul- à se montrer familier avec la nouvelle, quand le prince était absent. Au bout de huit mois, il lui avait confié son contentement à la savoir parmi eux : « Depuis que tu nous a rejoint, Son Altesse passe encore plus de temps avec nous.
-En quoi cela vous arrange-t-il ? » S’était étonnée la jeune femme.
« Si Son Altesse prend la peine de venir étudier avec nous, c’est principalement pour se rendre compte de nos aptitudes, de notre niveau et pour voir quelles affinités il arrive à développer avec chacun d’entre nous. C’est entre autre pour cela que nous t’avons si bien accueillie parmi nous : vu que tu as un statut particulier auprès de la famille royale, il aurait été stupide de te rejeter et de se faire mal voir de la sorte. Fajal est une idiote, à agir comme elle le fait. En tout cas, grâce à toi, nous multiplions les chances de se faire bien voir auprès de Son Altesse. »
Le cœur de Joanna avait raté un battement en entendant sa confession.

« Et pourquoi donc me dis-tu cela, Prei ?
-Tu n’es pas une rivale, et tu es une jolie femme… En plus, j’ai pu remarquer que tu es loin d’être idiote, et il se trouve que je ne cherche pas à avoir des enfants dans l’espoir de les voir devenir des Classe S, mais plutôt de dignes successeurs de nos capacités intellectuelles. Je ne crois pas être ton genre, tu ne m’as jamais vraiment regardé, mais réfléchis-y : nous pourrions nous entre-aider en nous unissant sur plus d’un plan.
-C’est-à-dire ? » L’interrogea-t-elle prudemment.
« J’ai bien vu la tête que tu faisais à chaque fois que l’on parlait de massacres pour la colonisation et la récupération de territoires pour la revente. Cela te déplaît. Et moi, je voudrais réussir à changer la société Saiyenne : mon rêve serait que les gens comme nous aient plus d’importance. Trop d’importance est accordée à l’heure actuelle aux muscles. En comptant moins sur la force et plus sur la ruse, les Saiyens peuvent dominer l’univers. Continue d’étudier en gardant mes paroles en tête. Tu n’as pas besoin de me répondre avant d’en avoir appris plus sur nous. Ce ne serait pas sage. »
Il l’avait alors salué et était parti.

De tels aveux étaient lourds. Lourds de sens, lourds à porter.
Et elle avait effectivement réfléchi à cette conversation plus d’une fois, et pas que durant les heures d’études. Il lui avait appris bien des choses.
Déjà, il avait eu raison sur un point : elle ne serait jamais une menace pour le quatuor. Quels que soient ses efforts, elle n’arriverait jamais à atteindre un niveau d’études suffisant pour prétendre au titre de Conseillère lorsque Vegeta serait couronné. Le roi était en trop mauvaise santé pour tenir aussi longtemps.

Ensuite, Prei s’était engagé dans un jeu dangereux : il avait dévoilé son côté calculateur. Ce n’était pas une mauvaise chose pour aider son futur roi dans ses affaires, mais… Quel crédit pouvait-elle donc rattacher à son soi-disant désir de changer la société Saiyenne ? Il donnait l’impression à la femme d’être du genre manipulateur : Il pouvait avoir pensé à cela juste pour se gagner ses faveurs, car, comme il l’avait rappelé, sa voix portait jusqu’aux oreilles princières, et il pouvait espérer qu’elle parle en sa faveur en se déclarant son allié. Il n’avait cependant apparemment pas compris que ce n’était pas la débauche de violence qui lui déplaisait le plus, mais le fait de rabaisser les autre peuples et de les massacrer.
Jusqu’à cette conversation, elle l’avait considéré comme un homme d’apparence sympathique mais avec un quelque chose qui l’empêchait de se sentir à l’aise en sa présence. Elle avait enfin compris ce qui la dérangeait chez lui : il n’était pas franc. Fajal la méprisait, Bijeli et Zorn étaient amicaux mais sans plus. Peut-être les deux hommes avaient-ils pensés comme Prei au début, et l’avaient approchée dans un but intéressé, mais si c’était bien le cas ils avaient rapidement changé d’idée. Ils ne cherchaient actuellement à revendiquer aucune amitié particulière avec elle, juste la camaraderie de collègues d’études.

Prei l’avait-il flattée ainsi sur son intelligence et son apparence pour se gagner un peu plus ses faveurs ? Joanna ne pouvait nier que même si c’était gênant, il pouvait être agréable d’entendre qu’on était désirable. Mais et que ce fut vrai ou que ce fut faux, l’idée de se retrouver de nouveau en tête à tête avec lui lui faisait peur. Il voulait se servir d’elle, et offrait en retour qu’elle se serve de lui pour que ses idées soient exprimées au pied du trône, une fois le prince couronné. Elle savait que c’était là sa meilleure chance, mais… Plus elle réfléchissait à l’idée de se servir de lui et de le laisser se servir d’elle, plus elle était dégoûtée à l’idée de voir Prei.
Et si jamais Vegeta venait à apprendre qu’ils complotaient ensemble ? L’idée même de lire le mépris dans ses yeux la terrifiait.

Joanna savait qu’un jour elle aurait à affronter le prince pour avoir sa bénédiction auprès de l'être qu'elle aurait choisi pour partager sa vie. Il avait beau clamer à tout va qu’elle lui appartenait, elle finirait par faire sa vie sans lui. Elle avait déjà imaginé des discours du genre « je sais que vous faisiez cela uniquement pour me protéger », et autres « vous n’étiez pas sérieux, je l’ai toujours su, et je vous en remercie », et elle avait tenté de se le répéter avec l’image de Prei à ses côtés. Le flot d’émotions qui l’avait alors envahi lui avait coupé le souffle. Non, Prei n’était vraiment pas l’homme pour cela. Elle ne pouvait ainsi balayer la complicité qu’elle avait avec Vegeta pour un homme qui la révulsait.

Et elle réalisa que le constat final était pire que ce qu'elle pensait : il était impossible pour le moment pour elle de se trouver un compagnon. Elle se devait d’être là pour le prince aussi longtemps qu’il aurait besoin d’elle. Elle ne pouvait pas l’abandonner pour vivre égoïstement sa vie avec un autre, du moins… Pas tant qu’il n’aurait pas trouvé une concubine de sang pur.
Sur ces douloureuses pensées, le huitième mois s’acheva.


Bonus :
Spoiler
Prei : poireaux en Néerlandais
Bijeli : ou plutôt bijeli luk, ail en Bosniaque
Fajal : radis, en Arabe
Zorn : ...... En Funimation. Pour le coup, vous savez à quel poste il va finir, lui. :D Mais selon les sources que j'ai trouvé, il n'a jamais eu de nom en dehors de celui attribué par la Cie Funimation... Par contre, je n'ai pas trouvé pourquoi ils l'ont appelé comme ça. Mais bon, on parle de Funimation, qui renomme les persos comme ça lui chante. C'est mon avis qui n'engage que moi, mais ils m'exaspèrent. ;)
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 13

Messagepar xela26 le Ven Juil 27, 2018 18:23

Encore un bon chapitre qui nous plonge dans le fonctionnement quotidien de la planète Végéta. Vision qui colle avec ce que l'on en voie dans le manga sans problèmes.

Donc ce conseiller serait un futur ennemi de notre jojo nationale ? :mrgreen:
Cell: l'ascension de la terreur- Cell a vaincu Son Gohan lors du Cell game!! Quel sort réserve-t-il à la Terre?? Pour le savoir....viewtopic.php?f=42&t=5990
Chapitre 138: publié
Chapitre 139- 145: 90%- relecture, correction

Cell: Damned Souls- Les aventures parallèles de héros de "l’ascension de la terreur". Pour les connaitre:
viewtopic.php?f=42&t=6774
abandonnée
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 13

Messagepar Heika le Ven Oct 26, 2018 23:06

Hé ? Hé hoo ?
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Il y a quelqu'uuuuun ?


Je me sens soudainement seule et abandonnée...
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Oui, comme ça...

Glissons-nous discrètement pour éviter de rappeler que cela fait un moment que je n'ai pas posté...
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:edit:
Je tiens à signaler qu'une bonne partie de mon absence est due à une famille contenant un bellâtre aux yeux de biche.
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Ouais, c'est ça, t'as qu'à te la jouer, p'tit sa**piot

@Xela
Encore un bon chapitre qui nous plonge dans le fonctionnement quotidien de la planète Végéta. Vision qui colle avec ce que l'on en voie dans le manga sans problèmes.

Je suis ravie que tu dises que cela colle avec l'image du manga ! Cela me montre que je n'ai pas trop déformé tout ça, avec ma vision (qui me semble parfois en décalé du reste du monde...) ^^

Donc ce conseiller serait un futur ennemi de notre jojo nationale ? :mrgreen:

Seul le futur te répondra ! :D


Et en parlant de futur...
Voici le chapitre 14, dernier chapitre posté cette année, puisque là, je m'embarque dans la grande aventure de mon histoire de Noël avec mes poupées.
D'ailleurs, si j'ai enfin réussi à retravailler ce chapitre, c'est grâce à l'histoire de Noël.
"Il faut que j'écrive le scénario !!"
>>> se lance dans la correction du chapitre qui attend depuis 3 mois.
CQFD... >__>
Ceci dit, je suis contente.
Quand j'ai écrit la version 2 du tome 3, ce chapitre était le plus gros. Les chapitres précédents se sont étoffés en cours de route, mais j'ai réussi à maintenir son avance en le retravaillant. (cela ne signifie pas qu'un futur chapitre non écrit ne finisse pas par le battre, ceci dit...)

MAIS POURQUOI AIS-JE MIS TANT DE TEMPS POUR CE CHAPITRE ???
Parce qu'il a fallu que je change un tout petit détail. Et que je créée ce qui devait remplacer le détail en question.
Quel est ce "détail" ?
Lisez, et vous aurez la réponse ! :D
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-14-





Les étrangers ne se bousculaient pas sur la planète Vegeta, qu’ils soient esclaves ou visiteurs. Il était donc facile de connaître tous ceux qui étaient de passage en mission diplomatique lorsqu’on était d’un rang élevé, comme celui de prince.



Maintenant qu’il savait que le temps de son grand-père était compté, Vegeta avait décidé de ne plus partir en mission, et d’assumer pleinement son rôle d’héritier du trône. Il restait auprès du roi lors des réunions et audiences, écoutant attentivement et prenant des notes sur ce qui était dit et décidé, débattant avec son aïeul en privé des décisions, étudiant pendant des heures, s’entraînant quand il en avait l’occasion, et trouvant si possible un moment pour partager les heures libres de son amie métisse.

Vegeta était enfin devenu majeur en atteignant ses dix-sept ans, et cela avait été jour de fête sur la planète entière. Le peuple avait mangé et bu en son honneur, et les plus hauts dignitaires avaient eux aussi mangé et bu en son honneur… Et en sa compagnie. Le prince regrettait de ne pas avoir pu partager ce repas avec celle qui occupait si souvent son esprit, mais il avait été convenu avec son grand-père qu’elle serait laissée à l’écart pour ne pas risquer d’exacerber de potentielles jalousies. Ils avaient l’un comme l’autre bien conscience que les événements de son arrivée l’avaient un peu trop mise en avant alors qu’il aurait fallu faire preuve de la plus grande discrétion à son sujet. Heureusement, comme Trentième l’avait prévu, le temps avait fait oublier une bonne partie des détails aux Saiyens et elle n’était plus qu’une sang mêlée qui avait eu la chance d’avoir été au bon endroit au bon moment lorsque le roi avait fait un malaise. Il aurait été dès lors stupide de la remettre sous le feu des projecteurs en l’invitant à un repas où seuls les rangs A et S, les conseillers et maîtres de section étaient conviés… Ainsi qu’un invité d’exception en la personne de l’ambassadeur de la planète Pasta.



Le prince abhorrait les Pastans. Ils étaient mous, faibles, obséquieux jusqu’à l’insulte et fourbes. Ils avaient un don pour user la patience de leurs interlocuteurs et les pousser à l’incident diplomatique. Et une fois la faute obtenue, ils abandonnaient les manières serviles et montraient alors leur vrai visage, celui de négociants implacables prêts à tout pour gagner le moindre avantage et faire le moindre profit.
Le prince était dégoûté de la présence de cet individu à sa table en un tel jour, mais il n’avait pas eu le choix. Les communications pouvaient se montrer capricieuses dans l’espace, selon la présence de tempêtes solaires sur le passage des ondes, ou l’absence de relais de transmission suffisamment puissants dans certaines zones dites arriérées, rendant le signal au mieux haché, au pire nul.

Les Pastans se servaient donc de cette excuse pour ne prévenir de leur venue que quelques heures à l’avance, pour permettre ainsi au destinataire de préparer de quoi les recevoir convenablement sans lui laisser la possibilité de trouver une échappatoire.
Ce fut donc avec dépit que Vegeta avait appris l’arrivée de l’ambassadeur Pastan si peu de temps avant les réjouissances marquant son entrée dans la vie adulte. Le roi avait dû le contraindre à proposer à l’opportuniste de se joindre à eux pour les réjouissances, car les Pastans étant prompts à se vexer, le mettre ainsi à l’écart aurait sans aucun doute déclenché un incident diplomatique…



Il pouvait sembler étrange, au premier abord, que des êtres si faibles n’aient pas été asservis par les autres puissances œuvrant dans l’univers. La raison en était fort simple : la Couronne Pasta, comme ils aimaient à se nommer, était l’épine dorsale du commerce interplanétaire. Ils avaient été les premiers à voir les intérêts de commercer avec les autres mondes, là où les autres ne faisaient qu’apprendre aux planètes visitées qu’elles n’étaient pas seules dans l’univers.

Et si Pasta travaillait conjointement avec Vegeta, c’était en raison d’une étrange complémentarité entre le géant commercial et le petit peuple guerrier. La technologie permettait aux Pastans de conquérir des mondes faibles et peu développés pour réduire leurs populations en esclavage. Cependant, dès qu’ils faisaient face à des êtres doués d’une force -physique ou technologique- au moins équivalente à la leur, le temps et l’énergie consacrés à la conquête devenaient trop importants pour dégager des bénéfices valables à leurs yeux.

Du coup, lorsqu’une mission d’exploration déclarait une planète HBI -hors bénéfices immédiats-, le contrat était présenté aux Saiyens. Pour une somme prédéfinie et longuement discutée, ces derniers s’occupaient de ces mondes, en essayant de ne pas tuer tous les habitants, permettant ainsi aux Pastans de passer derrière et de récupérer ce qui était récupérable en ressources intelligentes. Les Saiyens faisaient dans le trafic de mondes, les Pastans s’étaient spécialisés dans le trafic d’êtres.



Mais ce n’étaient pas leurs activités, ni leur caractère soupe-au-lait qui incommodait autant le prince. Leur simple vue était à même de lui donner des nausées. Il avait pourtant l’habitude, depuis tout petit, de voir des êtres aux apparences différentes de la sienne, mais quelque chose en eux en particulier le révulsait. Ils étaient pourtant d’apparence humanoïde, et ce n‘était pas leur côté filiforme qui posait problème, ni leur énorme tête en forme de coing au faciès plat ; mais tout petit, la première fois qu’il avait rencontré l’ambassadeur Gliatel, Vegeta avait trouvé très étrange sa façon de se mouvoir. C’était comme s’il n’avait aucun os dans son corps, car ses bras et ses jambes ne semblaient pas avoir d’articulation et ils ne se pliaient pas tout à fait comme ceux des gens qu’ils avaient vu depuis toujours… Non, ils semblaient se tordre selon l’endroit le plus pratique pour l’individu, à un moment donné. Et quand il lui avait serré la main… Sa petite mimine avait été entièrement enveloppée dans la chose géante et plate à doigts comme si elle avait été de la farce à ravioli, et le pire de tout avait été cette sensation de légèrement gluant, limite collant qui lui avait immédiatement donné un haut-le-cœur. Et à chaque fois qu’il voyait la peau jaune pâle d’un de ces individus, il ne pouvait s’empêcher d’y repenser.



De son côté, Joanna n’avait fait qu’observer de loin ce repas d’exception. Elle n’était nullement dérangée d’avoir été mise à l’écart, bien au contraire : l’idée même d’y être invitée ne lui avait pas traversé l’esprit. Depuis la galerie supérieure de la salle du trône, où elle avait eu la permission de se glisser avec ses camarades de classe, elle les avait vus manger et boire à foison, écouter un peu l’orchestre qui jouait en fond, et organiser des joutes amicales pour se divertir. La présence de l’ambassadeur l’avait laissée perplexe : c’était bien la première fois depuis son réveil qu’elle avait vu les Saiyens traiter un être d’une autre race avec déférence. Il avait été installé à la gauche du roi et semblait être le seul à profiter réellement des festivités à ce bout de table. La famille royale et les guerriers de rang S installés autour de lui faisaient preuve d’une circonspection perceptible même à plus de cent mètres.

Un peu en retrait, l’orchestre jouait quasiment sans faire de pause. Il avait été prêté pour la soirée en guise de présent pour le prince par Gliatel, et il fit forte impression auprès de la métisse. Que ce soient de lentes valses ou de sautillants quadrilles, elle écoutait avidement, le cœur retourné par mille émotions, les larmes coulant sans retenue sur ses joues. Une nostalgie indéfinissable s’était emparée de son être et son esprit ne cessait de répéter : du classique ! C’est du classique ! Sans qu’elle puisse s’expliquer le sens de ces mots.



Les nuits qui suivirent furent éprouvantes pour Joanna : la musique lui rappelait des gens, des gens qu’elle savait aimer, et elle les voyait être attaqués par un être terrifiant, encore et encore. Et elle appelait au secours, encore et encore, dans l’espoir que les hommes aux cheveux de lumière viennent les sauver. Mais elle appelait en vain…

Lui trouvant une petite mine, le roi la poussa à se rendre au pôle scientifique pour que Cizel l’étudie.
« Qu’a dit le scientifique ? » Demanda Trentième à son retour.
« Il penche sur un réveil partiel de ma mémoire, Majesté, » lui répondit-elle avec un soupir de lassitude. « Selon lui, je ferais un blocage psychologique suite à une expérience traumatisante. Et maintenant, il essaie de s’exprimer en me faisant faire tous ces cauchemars. Il… Cizel, pas mon esprit… Cizel veut me faire prendre des comprimés bizarres… Mais je préfèrerais de la passiflore et de la valériane.
-Valériane ? Passichlore ? » Répéta le roi, perplexe.

« Passiflore, » le reprit-elle machinalement en saisissant une feuille et un stylet. Elle fit deux croquis rapides. « Voilà à quoi cela ressemble. Ce sont des plantes de mon monde natal. Elles sont bonnes contre les troubles du sommeil. »
Le roi ouvrait des yeux ronds de stupéfaction. « Ces plantes sont très bien faites ! Tu ne nous avais pas dit que tu avais un don pour le dessin… »
Elle regarda de nouveau ses productions, perplexe. « Ce ne sont que des esquisses. Un dessin aussi mal léché m’aurait valu un coup de bâton. Regardez… » Elle prit le temps d’améliorer une fleur. « Voilà. Ça, c’est à peu près satisfaisant. Je crois. »

Le roi regardait avec attention, admiratif. « Et tu es sûre que nous n’avons pas ces plantes-là chez nous ?
-Certaine, Majesté. J’ai pu découvrir avec Vegeta que toutes les plantes se ressemblent, pour un néophyte.
-Comment cela ?
-Je crois que vous savez que dès que votre petit-fils a un moment de libre qui correspond à mes heures de repos, il les passe avec moi ? » Voyant le roi approuver, elle continua : « Cela vient des premiers jours que j’ai pu passer avec vous deux… Vegeta a commencé par m’emmener découvrir le palais, pour que j’apprenne à m’y orienter, puis il m’a emmené découvrir le monde extérieur. Et là, quand j’ai vu les plantes… » Elle se mit à rire, gênée. « En fait, moi aussi je me suis trompée, au début. Je croyais reconnaître des espèces que je connaissais, mais en les regardant de plus près, je me suis rendue compte de mon erreur… Depuis, quand il le peut, Vegeta m’emmène pour que je continue de découvrir tout ce qui peut pousser ici.

-Ha, il m’en a parlé, oui. » Le roi eut un sourire en coin. « D’ailleurs, j’aimerais savoir… C’est vraiment pour l’étude de la flore, que vous sortez ainsi pendant une heure ?
-Oui, Majesté. D’ailleurs je ne comprends pas ce qu’il peut y avoir de si intéressant à me regarder m’extasier et me lamenter sur les plantes… » Elle se prit le menton dans la main, pensive. « Je lui ai pourtant déjà dit plusieurs fois qu’on pouvait faire autre chose, mais non… Je crois qu’au fond, il doit bien aimer la botanique, lui aussi. Sinon pourquoi resterait-il si longtemps à m’écouter ? Je ne fais que radoter sur les plantes que j’ai connues, sur leurs propriétés, les façons de les préparer… Il faut vraiment être passionné pour supporter cela, vous ne pensez pas ? »

Le roi lui caressa la tête en soupirant intérieurement. Son petit-fils avait justifié ces expéditions par le fait que cela semblait stimuler la mémoire de sa protégée. En cela, il avait manifestement eu raison. Cependant, une telle patience pour quelque chose d’assurément barbant était suspecte aux yeux du vieil homme. Bah, se dit-il. S’il avait voulu faire quelque chose, il n’aurait pas attendu six mois pour le tenter. Ce garçon… Non, cet homme, se corrigea-t-il, n’était pas du genre à se compromettre de la sorte. Confiant, le roi classa cela dans un coin de son esprit.
« Dis-moi, toi qui sais dessiner, » reprit-il, « saurais-tu nous faire des tableaux ? »
Face à sa surprise et à son incompréhension, il l’enjoignit à le suivre dans le couloir des invités. La découverte qu’elle y fit fut un second choc pour elle, en moins d’une semaine.



La chambre qui lui avait été attribuée était la plus proche du hall donnant sur le couloir menant à la salle du trône et à celui des chambres de la famille royale. N’ayant eu aucune occasion de s’interroger sur le contenu des autres portes, elle n’avait pas eu la curiosité de les ouvrir.
Somme toute, il n’y avait là rien de bien original : il s’agissait tout simplement de chambres d’amis, impersonnelles mais agréables. Mais leur particularité principale était d’être décorée de merveilles en verre filé et en cristal, de statuettes en pierres fascinantes comme celle sur le guéridon dans le hall, et d’une collection de peintures des plus troublantes.

Les Saiyens n’étaient pas artistes. Du moins pas ouvertement. Ce n’était pas une activité encouragée. La plupart des œuvres d’art possédées par la famille royale, et utilisées judicieusement comme enrichissement des pièces d’accueil des factions étrangères, avaient été offertes par les ambassadeurs de divers peuples. Mais ce n’était pas le cas des toiles.
« Elles ont été peintes bien avant l’arrivée de nos ancêtres sur ce monde, » lui conta-t-il en lui montrant le premier tableau. « Les Tsufurs eux-mêmes étaient incapables de dire qui en avait été l’auteur. Feu mon père n’a jamais réussi à en savoir plus, avant de les éradiquer. Elles étaient entreposées dans la bibliothèque, avec d’autres babioles. Cet endroit était alors appelé un mosée.

-Musée… » Rectifia Joanna machinalement, les yeux rivés sur la toile. Elle leva une main pour en caresser le sujet, comme hypnotisée, et sursauta en sentant le roi lui attraper le poignet pour l’arrêter.
« Attention. C’est ancien, et fragile. Oui, un musée. Je ne pensais pas que cela te serait enseigné, » s’étonna-t-il.
Elle lui sourit. « C’est parce qu’il y a des musées partout. » Son sourire s’effaça. « Je crois. Du moins il y en avait, là où j’ai vécu autrefois. C’est… Majesté, c’est bien ce que je pense ? Ces cheveux d’or et de lumière… C’est bien un Super Saiyen ? »

Trentième toussota un peu de surprise. « Un Super Saiyen ? Non, voyons. C’est le Super Saiyen Légendaire.
-Légendaire ?
-Oui, le Super Saiyen Légendaire, celui qui renaît tous les mille ans… Cela t’aura été raconté, je présume ? » Le roi fut encore plus étonné de la voir nier. « Comment peux-tu connaître le Super Saiyen Légendaire, si personne ne t’en a parlé ?
-Je rêve d’eux depuis cinq nuits. Ou plutôt, » se reprit-elle, « je les appelle désespérément depuis cinq nuits, pour qu’ils viennent tuer ce monstre qui s’en prend à ces gens que j’aime. Dire qu’il y en avait un là, si près… »

Trentième regardait sa protégée, impressionné. Elle était là, regardant le tableau, le visage inondé de larmes, une expression soulagée sur le visage, comme si… « Où donc as-tu vécu jusqu’à présent ? Qui sont ces Saiyens si puissants que leurs cheveux… » Il inspira brutalement, comme une idée venait de lui traverser l’esprit. « Ton parent… ! L’enfant d’Arbi… Serait-il l’un d’entre eux ?
-Oh, non, mes parents, ce sont ceux qui étaient attaqués, » répondit-elle sans réfléchir, avant de sursauter. « Oh ! Voilà pourquoi j’avais aussi peur de les perdre…
-Alors qui était ce… Pardon, ces Saiyens Légendaires ?

-Ce n’étaient pas des Saiyens Légendaires, mais juste des Super Saiyens, » corrigea-t-elle en réfléchissant. « Je ne les ai pas bien connus, je crois… L’impression qui me reste d’eux, c’est qu’ils étaient comme des montagnes, aussi hauts et puissants, et indestructibles… Je les admirais de tout mon cœur. Je n’en sais pas plus. » Elle soupira de lassitude. « Je suppose que c’est déjà pas mal, et qu’il ne faut pas trop en demander, pour mes souvenirs… »
Le roi lui serra l’épaule, compatissant, avant de l’entraîner dans d’autres chambres.

Il y avait huit toiles différentes présentant le Super Saiyen Légendaire sous différentes poses guerrières, et une neuvième qui tranchait étonnamment par la quiétude qui émanait du sujet.
« Il semble tellement en paix… » Murmura Joanna, révérencieuse.
« Ce tableau est de loin le plus impopulaire. Il ne met pas suffisamment les valeurs guerrières de notre peuple en avant, » commenta Trentième.
« Je le trouve magnifique. Il me rappelle tellement ces gens que je cherche dans mes rêves… »
Le roi soupira. « Savoir qu’il est ton préféré ne m’étonne même pas, si mon opinion t’intéresse. »
Elle lui sourit. « Je crois que vous me connaissez trop bien ! »



La vision de ces tableaux avait beau avoir rasséréné Joanna, elle ne pouvait s’empêcher de chercher à retrouver les souvenirs liés à ses anciens cauchemars, un peu comme l’on ne pourrait s’empêcher de toucher à une croûte parce qu’on sent qu’il reste dedans quelque chose qui empêche une saine cicatrisation.

Quand elle était seule, elle restait dans sa chambre et tentait de dessiner le monstre qui la terrifiait tant. Elle n’arrivait pas à avoir une image précise de lui, l’imaginant tantôt avec une queue, tantôt avec des proéminences sur le crâne rappelant vaguement des cornes. Agacée, elle finit par mixer les deux et tenta d’exorciser ses peurs en le faisant affronter un Super Saiyen. Bien évidemment, elle mettait toujours ce dernier en position de supériorité, car il ne pouvait être concevable qu’un Super Saiyen perdît face à cette abomination, aussi puissante fut-elle.
Ses dessins n’étaient pas du grand art, mais elle avait autrefois acquis une maîtrise du crayon suffisante pour que chacun puisse reconnaître le sujet. Elle était incapable de dessiner le moindre visage ni même la moindre expression, et l’essentiel passait au travers des poses.

Mais les poses ne suffisaient pas à transcrire toute la malignité de cet être. Ses dessins ne faisaient pas ressortir combien il était horrible, malfaisant. Elle n’avait que peu décrit son apparence cauchemardesque, mais elle était incapable de mettre sur papier son âme maléfique. Il était cruel, malsain. Il aimait tuer et détruire, torturer les corps et les âmes. Et il voulait par-dessus tout la voir hurler de désespoir en détruisant tout ce qui comptait à ses yeux, la voir sombrer dans la folie en annihilant tout être vivant, toute créature, la planète entière. Peut-être même l’univers, si cela était nécessaire. Et tout cela, elle ne pouvait pas le mettre sur papier. Elle n’y arrivait pas.
Alors elle le dessinait face à un de ces êtres aux cheveux de lumière, si rassurants, si puissants. Et si l’inspiration lui manquait, elle retournait voir les tableaux, et se perdait longuement dans leur contemplation, au point d’avoir affolé à deux reprises la famille royale, comme elle n’avait pas été à l’heure pour le souper.



C’est dans ce contexte qu’un nouvel incident se déclara, après huit mois de quiétude.
Il était tard. Le dîner était passé depuis longtemps, il était normalement l’heure de dormir. Elle avait passé une soirée agréable à discuter de tout et de rien avec le roi et le prince, comme ils aimaient faire à peu près chaque soir depuis qu’elle avait été officiellement adoptée en tant que Saiyenne.

Et elle se trouvait enfin dans son lit, à regarder le plafond dans le noir. Le sommeil la fuyait. Résignée, elle ralluma et prit son nécessaire à dessin. Mais face à la feuille blanche, rien ne vint.
Poussant un soupir, elle embarqua toutes ses affaires dans une couverture et se rendit dans une des chambres d’invités, où elle s’installa le plus confortablement possible dans un fauteuil. Elle l’avait positionné de façon à pouvoir observer son tableau préféré, celui du Légendaire Super Saiyen assis.

Le sujet de ce tableau, les bras sur les genoux, la tête un peu relevée et légèrement penchée, semblait à l’écoute d’une personne en face de lui, qui n’était pas même esquissée. Contrairement aux huit autres tableaux où l’interprétation du sujet se rapprochait de l’icône religieuse, il n’y avait ni auréole de lumière ni pose exprimant puissance et magnificence, juste un homme assis, ses cheveux d’or fièrement dressés sur sa tête, le tout baignant dans une ambiance de douceur et de chaleur.
Elle resta ainsi, pelotonnée dans un fauteuil, à griffonner sans vraiment dessiner sur son bloc, et à regarder rêveusement le tableau, sans voir le temps passer. La somnolence la prit ; elle resserra sa couverture contre elle et se roula en boule, la tête sur un bras.



Le chuintement de la porte la tira légèrement de son somme. Il était donc déjà l’heure de se lever… Comme à chaque fois, elle fit celle qui n’avait rien entendu, dans l’espoir que la personne qui venait d’entrer lui accorde quelques minutes supplémentaires.
Mais au lieu de se rendormir, elle se réveilla un peu plus, son attention attirée par un détail : il y avait trois voix inconnues, donc trois personnes qui venaient d’entrer. Jamais ils ne s’étaient mis à trois pour la chercher. Et ces voix avaient des tonalités étranges.
Ils étaient entrés et s’étaient tus brutalement, créant un silence oppressant.

Joanna préféra ouvrir discrètement les yeux, pour découvrir une main étrange à trois doigts roses légèrement blanchâtres se diriger sur elle. Surprise, elle se redressa vivement en parant la main, déséquilibrant son siège qui se renversa en arrière, éparpillant au passage tous ses dessins. Elle roula et se mit en position propice à la fuite, en jetant un rapide coup d’œil à son environnement. Ses réflexes d’une autre époque n’étaient pas émoussés, même si sa roulade avait été un peu raide. La manche de sa tenue de nuit était restée dans la poigne étrangère, seule partie qui avait été attrapée.

Trois individus. Deux pas loin de l’entrée, le troisième de l’autre côté du fauteuil. Elle se concentra sur ce dernier, qui était le plus proche. Elle ouvrit des yeux de plus en plus ronds en le dévisageant : comment une plante avait-elle pu entrer dans le palais ? Elle secoua un peu la tête pour se reprendre. Non, il en avait l’apparence, mais n’en était pas une. Un doute s’insinua tout de même en elle… Sans pouvoir toucher sa peau, il lui était impossible de dire si elle avait la même douceur que l’écorce de cerisier Prunus dont elle avait l’aspect, avec sa teinte brun-rouge aux reflets dorés. La teinte de ses mains, si semblable aux fleurs de cet arbre, renforçait la confusion, dans son esprit. Et ce qui l’empêchait surtout de totalement classer l’individu dans les animaux et non les végétaux était sa chevelure, si semblable à un amas de racines de différentes tailles. Des racines soigneusement coiffées, mais des racines tout de même… Mais le plus marquant était ses yeux. Son visage donnait l’impression d’être un tronc vide avec deux trous où vivaient deux brillantes lucioles. Et les trous et les lueurs lançaient clairement un regard surpris et furieux à leurs proie. De toutes les races croisées par la métisse depuis son réveil, celle-ci était la plus remarquable par sa singularité.

« Elle t’a bien feintée, Ceirios, » le railla une des deux créatures vers l’entrée. Il avait une profonde voix de gorge rauque, si caractéristique des gens de forte corpulence. Il était en effet presque plus large que haut, sans pilosité, et d’allure grossièrement humanoïde. Sa peau, rose vif, était parsemée de piques, et semblait tenir plutôt de la carapace souple.
L’homme-plante tourna la tête vers lui. « Je la croyais endormie. Elle m’a surpris. » Son timbre était clair mais aurait pu autant appartenir à un homme qu’à une femme. Il jeta la manche déchirée au sol.
Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre, et elle n’arrivait pas à le calmer. Ces individus ne lui inspiraient aucune confiance. Ils n’étaient pas des rang E. Ils n’en avaient ni l’allure, ni l’attitude. Elle se força à se relever comme si de rien n’était.

« Je suis désolée de m’être montrée si impolie, monsieur, » s’excusa-t-elle à l’attention du dénommé Ceirios, « mais je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait quelqu’un à côté de moi à mon réveil. J’ai été surprise.
-Elle a une queue de Saiyen. » Il avait dit cela à l’attention des deux autres, comme si elle n’avait pas été là. Donc peu importait qui ils étaient et d’où ils venaient, ils faisaient partie de la classe dominante, eux aussi, conclut-elle.

Le troisième individu se dévoila alors, sortant de l’ombre du costaud à pics. Pas plus grand qu’un enfant de douze ans, il avait une tête qui semblait un peu disproportionnée par rapport à son corps fluet, peut-être à cause des deux grosses cornes lui sortant du crâne, ou la moitié exosquelette de sa tête qui donnait l’impression qu’il portait un casque. Peut-être aussi étaient-ce les larges épaulettes de son armure qui créaient une différence entre le haut et le bas, car il était un faux maigrelet. Ses membres étaient certes minces, mais avec des muscles tressés qui laissaient entendre qu’il savait se battre. Il avait le regard fin et calculateur, et la froideur de ses yeux rouge donnaient l’impression que ses deux accompagnateurs étaient de gentils compagnons de jeux, à côté de lui.

Mais outre son regard qui lui donnait l’impression d’être un papillon épinglé sur un tableau de trophées, deux détails filèrent la nausée à Joanna : ce petit être avait une queue ressemblant fortement à celle du monstre de ses cauchemars, et son aura avait quelque chose se rapprochant de la créature qui avait hantée ses nuits deux mois auparavant. Quel pouvait être leur lien ?
Elle se mit instinctivement sur la défensive tandis que le troisième homme la scrutait des pieds à la tête. Elle ne put s’empêcher de reculer d’un pas en le voyant avancer vers elle.
« Toi. Tu n’es pas une Saiyenne, mais tu as la même queue qu’eux. » Sa voix était étonnamment claire et haute. Il parlait posément, avec distinction, comme un noble personnage. « Pourquoi ?
-Je… Je suis une métisse, monsieur, » lui répondit-elle avec difficulté.

« Tiens donc, nos chers amis se croisent avec d’autres races, maintenant ? » Cette idée semblait fortement l’amuser. Ses deux compagnons sourirent eux aussi. Il n’y avait aucune chaleur dans leurs sourires. « Je les croyais plus fiers que cela…
-Mon ancêtre a disparu il y a cinquante ans de cela, et n’avait plus les moyens de revenir, Monsieur. Je suppose qu’il n’a eu d’autre choix que de faire sa vie là où il était…
-Et comment t’es-tu retrouvée ici ?
-J’ai… Il m’arrive de faire des cauchemars, et quand je n’arrive pas à me rendormir, j’aime venir contempler les tableaux qui se trouvent dans les chambres d’invités, Monsieur… Surtout cette toile-ci… Je suis vraiment navrée, je n’avais pas été prévenue que nous allions recevoir, sans quoi je n’aurais pas eu l’outrecuidance de m’endormir ici… Je vous prie de bien vouloir accepter mes plus humbles excuses… » Elle avait enfin pu s’excuser, elle allait peut-être enfin pouvoir s’échapper…

Mais le silence perplexe qui s’installa lui fit comprendre que c’était raté.
« Je te demande pardon ? » Finit par dire le petit cornu, perplexe.
« Notre Seigneur Freeza ne t’a pas demandé ce que tu faisais ici, dans cette pièce, femme, » corrigea Ceirios, « mais ici, sur la planète Vegeta. »
Joanna resta silencieuse quelques instants. Elle avait tellement attendu le moment où elle aurait pu s’excuser et partir, qu’elle avait répondu de travers à la question. Elle sentit une chaleur envahir son visage. Elle ne put s’empêcher de croiser ses bras devant elle en réflexe instinctif de protection.

« J-je suis désolée… J’avais mal compris votre question. » Son sentiment de malaise grandissait d’instant en instant. Le regard glacial la fixait avec intensité, sans sourciller. Elle préféra se dépêcher de répondre : « Je suis apparue de nulle part devant Son Altesse et son groupe, lors de sa dernière mission. C’est lui qui… M’a ramenée… Ici… » Elle se rendit compte de son erreur quelques secondes après avoir prononcé ces mots. Les yeux roses jusqu’à présent impassibles s’étaient écarquillés de surprise et d’intérêt. Pourquoi n’avait-elle pas simplement dit que Vegeta l’avait trouvée, au lieu d’entrer dans des détails qui ne concernaient qu’elle ? Elle baissa les yeux, furieuse, et constata avec horreur que son bras gauche, dénudé, brillait un peu. Le signe qui était apparu lors de son arrivée s’était réactivé. Elle plaqua vainement son autre bras dessus pour tenter de le masquer.

Le dénommé Freeza, s’approcha de nouveau ; elle tenta de reculer encore, mais le mur l’en empêcha.
« Montre-moi ton bras.
-Non, Monsieur. » A voir son air contrarié, il n’était pas quelqu’un à qui l’on disait communément ‘non’.
« J’ai dit : montre-moi ton bras. »
Elle ne voulait pas qu’il le regarde. Elle ne voulait pas qu’il la touche, même au bras. Ne pouvant se cacher elle-même, elle passa son bras dans son dos. « Je ne reçois d’ordre que de mon roi, Monsieur. » il fallait qu’elle réussisse à s’enfuir.
« Seigneur, » fit l’homme aux piquants, « sa force est de 26 unités…

-Que veux-tu que cela me fasse, Dodoria ? Je suis infiniment plus puissant qu’elle.
-Mais elle n’avait qu’une force de douze unités, jusqu’à présent, et elle continue d’augmenter lentement…
-De plus en plus intéressant… Voudrais-tu donc tenter quelque chose à mon encontre, femme ? » Demanda-t-il, ironique. « Alors que je pourrais t’écraser tel un insecte, sans même avoir besoin de te toucher ?
-Seigneur Freeza ! » Ceirios, surpris, tendit des dessins à son supérieur.

Joanna, paniquée, sauta pour récupérer ses papiers, mais Freeza la renvoya contre le mur d’un geste négligé de la main.
« Voilà qui est étonnant… C’est moi, ce vilain gribouillis ? Et ça, c’est le Légendaire Super Saiyen ? Nous venons à peine de nous rencontrer, mais déjà tu souhaites me voir écrasée de multiples façons par le Super Saiyen ?
-Ce n’est pas vous ! C’est un monstre dont je n’arrête pas de rêver ! Ça n’a rien à voir avec vous ! Je ne vous connais même pas ! Je vous le jure ! »

La porte s’ouvrit.
« Seigneur Freeza, je suis navré de… » Fit la voix du roi à la porte.
« Le seigneur Freeza est actuellement occupé, » l’interrompit Dodoria en l’empêchant d’entrer.
« Je vous assure que je suis navré de devoir vous interrompre, surtout que Sa Seigneurie doit avoir fortement envie de se reposer un peu au calme après son long voyage, cependant je suis à la recherche d’un de mes sujets, que l’on m’a signalé être potentiellement ici. »
Freeza en personne s’approcha alors de la porte. « Votre sollicitude me touche, Trentième Roi, mais n’ayez crainte, je ne fais que découvrir mon nouveau cadeau…

-Votre nouveau… » Ne put s’empêcher de répéter le roi en balayant la pièce du regard. Il n’y avait rien d’inhabituel, en dehors de la présence de Joanna. « Je crains qu’il n’y ait un malentendu, Seigneur. Je ne vois que le sujet dont j’étais à la recherche. Joanna, viens ici. »
L’interpellée cherchait justement un moyen de le rejoindre, après avoir ramassé ses dessins. Cependant les trois invités continuaient de former un barrage.
« Tiens donc… Me serais-je trompé ? Je croyais que vous aviez mis cette délicieuse enfant dans ma chambre pour me divertir… C’est ennuyeux, je m’y suis déjà attaché… » Répondit Freeza sur un ton doucereux.
« Il y a en effet méprise, et je saurais la réparer, n’ayez crainte, » insista le roi. « Joanna, ici présente, a été reconnue officiellement en tant que sujet de ma personne. De plus, je l’ai prise sous ma protection personnelle. »

Freeza cessa de sourire quelques instants. L’ambiance sembla s’alourdir, aussi pesante qu’à l’approche d’un violent orage. Mais le visage blafard reprit une expression affable. « Quel dommage, vraiment. Moi qui me réjouissais d’avoir trouvé un animal de compagnie. Mais il faut savoir faire parler la raison avant son cœur, n’est-ce-pas, Trentième Roi ? Il serait tellement dommage de voir nos relations se dégrader à l’aube d’une nouvelle ère… » Il s’écarta pour laisser passer la jeune femme.
Joanna sortit en essayant de ne pas courir. Elle se sentit attrapée par un bras et entraînée d’un côté du couloir, bâillonnée pour qu’elle ne puisse faire un seul bruit. Elle passa ainsi à côté de la moitié des rangs A et S présents au palais, sur le qui-vive, pendant que Trentième continuait son travail de diplomatie. « Une collation a été préparée en votre honneur… » Sa voix disparut rapidement au loin.



Bonus :
Spoiler
La planète Pasta, les Pastans : ... Dois-je vraiment vous expliquer ? Sérieux ?
Gliatel : Tagliatelle, bravo ^^
Ceirios : cerisier en Gaélique

Encore une interruption, pardon...
J'espère que ce chapitre vous aura plu, même s'il regroupe beaucoup de choses qui ne semblent pas très en accord les uns avec les autres.
Mais sans ceci, il n'y aurait pas eu cela, n'est-ce-pas ? C'est fou comment des choses parfois insignifiantes, telles qu'un orchestre, peut entraîner des événements dont on n'aurait pas eu idée...
A très bientôt, et merci pour votre soutien silencieux !
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 14

Messagepar xela26 le Dim Nov 11, 2018 2:20

Encore un bon chapitre.
Mon commentaire viens tard. Mais l'arrivée de Freezer annonce des choses intéressantes.
Vivement la suite
Cell: l'ascension de la terreur- Cell a vaincu Son Gohan lors du Cell game!! Quel sort réserve-t-il à la Terre?? Pour le savoir....viewtopic.php?f=42&t=5990
Chapitre 138: publié
Chapitre 139- 145: 90%- relecture, correction

Cell: Damned Souls- Les aventures parallèles de héros de "l’ascension de la terreur". Pour les connaitre:
viewtopic.php?f=42&t=6774
abandonnée
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 14

Messagepar Heika le Mer Mars 06, 2019 22:18

Alors...
Voyons...
je crois que ça doit être par ici...
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Ah, oui ! Ca y est ! Voilà le sujet de ma fic !!! :D


@Xela : Ne t'en fais pas, j'ai été encore plus longue à répondre...
J'ai battu mon peu glorieux record précédent. U__U
Mais merci une fois encore pour ta fidélité !!


De mon côté, c'est un peu la traversée du désert...
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Naaan, pas le côté "à la plage-swag-avec-des-lunettes-classes" !!

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Ouii, celle-là, où tu te sens...

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Lamentable.


Pas d'inspiration, donc pas d'écriture, et pas de lecture (j'ai repris un bon retard sur ta fic, Xela...), et même pas de communication sur le tchat ou un Discord.

La loose totale, quoi.


Mais voici tout de même un nouveau chapitre !!
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-15-






Arrivée dans les appartements royaux, Caro, qui s’était saisie de la métisse sitôt qu’elle avait été à portée pour la traîner jusqu’à une zone plus sûre, laissa éclater sa colère tout en poussant Joanna vers un fauteuil.
« Mais où avais-tu la tête ?? Aller te jeter ainsi dans la gueule du démon ! Pauvre nouille ! Est-ce-que tu sais au moins à qui tu as eu affaire ? Non, je parie ! C’est Freeza ! Un de nos mécènes ! Tu crois que tu peux être nourrie et habillée grâce à qui ? Grâce aux contrats que Sa Majesté signe avec lui ! Tu sais que c’est un miracle, qu’il ne t’ait pas tuée ? Que dis-je, un miracle ? Une malchance, oui ! Si seulement il avait pu te tuer, toi aussi ! Je te signale qu’il a déjà pulvérisé un rang D qui n’avait pas pu terminer de nettoyer sa chambre à temps, parce qu’il était arrivé plus tôt que prévu ! Grâce à ça, Sa Majesté avait pu négocier les contrats en notre faveur ! Là, va savoir ce qu’il va devoir céder pour le rachat de ta misérable personne ! Espèce d’andouille décolorée ! Si jamais il venait à nous lâcher, je te jure que je saurai te le faire regretter jusqu’à la fin de tes jours !

-Merci, Caro, pour cet exposé plein de passion envers un de nos clients, » fit la voix de Vegeta à l’entrée. « Tu peux disposer. »
La femme se dirigea vers la porte. Juste avant de sortir, elle rajouta, à l’attention du prince : « Altesse, elle doit être punie.
-Elle le sera, Caro. Tout comme les personnes qui ont tendance à oublier leur place. » Le ton était sec et froid.
La Saiyenne regarda son prince quelques instants, puis s’inclina avec raideur et sortit, les lèvres pincées. Il ne lui avait pas même accordé un regard.
Une fois la porte refermée, Vegeta s’approcha de la métisse en réfléchissant à voix haute : « Cela ne sera pas facile de trouver quelqu’un pour la remplacer. Dommage, elle est pourtant une excellente guerrière…
-Vegeta… Vous n’allez quand même pas… » S’inquiéta Joanna.

« Vois-tu, ma chère, l’ennui avec ce genre de personnes, c’est que quand elles t’ont côtoyé depuis longtemps, elles ont du mal à te voir grandir. Si elle ne change pas rapidement d’attitude à mon égard, elle va devoir remplir une mission hautement risquée.
-Vous… Vous n’allez pas la condamner à mort ? » Joanna soupira de soulagement.
« C’est tout comme, » la contra Vegeta. « Si elle a de la chance, et il lui en faudra pas mal, elle s’en sortira. Sinon… » Il haussa les épaules. « Dans tous les cas, je suis gagnant. Maintenant, approche-toi. J’ai deux mots à te dire. »
Tête basse, elle obéit. Il la prit dans ses bras, contre lui.
« Heureusement, tu n’as rien, » lui murmura-t-il.

La surprise du geste ne put l’empêcher de remarquer combien les épaules du prince s’étaient développées, ces derniers mois. Il l’enveloppait complètement, lui donnant l’impression d’être, désormais, à l’abri de tout. Elle s’agrippa à lui de façon éperdue, comme ses nerfs se relâchaient, lui donnant l’impression d’être vidée de ses forces. Ses jambes ne la portaient plus, mais Vegeta la maintenait tellement fort contre lui qu’il n’y avait aucun risque qu’elle tombe.
« Mon bras… » Elle se mit à sangloter, incapable de se retenir. « Il a vu mon bras…
-Oui, il te manque une manche, » répondit Vegeta pour la rassurer. « Il t’a fait du mal ? Il t’a touchée ?

-Mon bras brillait ! » Insista-t-elle, comme il ne comprenait visiblement pas. « Ils ont vu mon bras qui brillait ! Ils ont vu la marque ! »
Elle le sentit la serrer plus fort. Il avait enfin compris.
« Grand-père n’est pas au courant. Allez, arrête de pleurnicher, il va bientôt arriver. Tu ne vas pas te montrer la morve au nez, quand même ?
-Toujours les mots qui font plaisir, » ronchonna-t-elle en retour.
« Toujours, oui. » Etre dans les bras de Vegeta après une telle épreuve était le meilleur des réconforts. Mais même ainsi, l’angoisse était celle qui l’étreignait le plus fort.



Vegeta ne lâcha Joanna que lorsqu’il entendit le chuintement de la porte, annonçant l’arrivée de son grand-père.
Trentième entra, marcha d’un pas lourd jusqu’au fauteuil et se laissa tomber dedans. Il était pâle, et ses traits étaient tirés.
Joanna sentit une pierre lui tomber dans l’estomac à le voir ainsi. Elle se précipita à ses côtés, paniquée. Il semblait aussi épuisé que le jour où il avait fait un infarctus. Elle s’agenouilla à ses côtés, ses mains sur le royal bras, ses yeux pleins d’inquiétude posés sur le vieil homme. Son petit-fils lui proposa un verre qu’il n’eut pas la force de porter à ses lèvres.

Les deux jeunes gens le regardèrent en silence durant de longues minutes. Il restait sans rien dire, les yeux fermés, la tête rejetée en arrière, comme endormi. Sa mâchoire sembla s’affaisser, au bout d’un moment.
« Joanna… » Les deux jeunes sursautèrent, comme ils avaient plutôt pensé entendre un ronflement s’échapper des fines lèvres. Le roi continua : « Ta marque s’est mise à briller, n’est-ce-pas ? »
Joanna commença par regarder son bras gauche, où la marque en question se devinait plus qu’elle se voyait, puis elle échangea un regard effaré avec Vegeta, tout aussi décontenancé qu’elle.
« Vous saviez ? » Demanda le prince.

« Pour la marque ? Parce que tu pensais qu’Aujin allait t’obéir, quand tu lui as dit de ne pas m’en parler ? » Le ton sarcastique les rassura. S’il avait la force d’asticoter ainsi son héritier, c’est qu’il devait avoir un peu récupéré de son coup de fatigue. « A moins que tu aies pensé que je n’aurais pas regardé les enregistrements sur l’arrivée de ma protégée ? Tu ne vaux pas mieux que ces idiots de scientifiques qui avaient soi-disant oubliés de le mentionner dans leur rapport. Mais là n’est pas le sujet de notre discussion. Il se trouve que oui, je suis au courant. » Il ouvrit les yeux et baissa le regard vers la jeune femme. « Tu étais en danger. Je l’ai senti. »
Tandis qu’il levait péniblement un bras pour lui caresser la tête en souriant, elle le regardait avec émerveillement. Il lui avait bel et bien dit, il y avait des mois de cela, qu’il la protègerait, mais jamais elle n’avait pensé qu’il se montrerait aussi héroïque. Il avait même le pouvoir de savoir quand elle était en danger !

« Moi aussi, je saurai te protéger ! » Ne put s’empêcher de s’écrier puérilement Vegeta, piqué par la jalousie, en voyant leur proximité. Il serra les dents, bravache, en voyant le regard de son grand-père se porter sur lui.
« Oui, tu la protègeras du mieux que tu pourras quand j’aurai disparu. » L’approbation du vieil homme prit le prince de court.
« Ou… Oui, Votre Majesté.
-En attendant, Joanna, tu vas passer une semaine aux cachots.
-Quoi ? » S’écrièrent les deux jeunes simultanément.
« Tu viens de mettre ton peuple dans une mauvaise posture. J’ai dû mobiliser tous les rangs A et S présents au cas où la discussion aurait mal tourné avec le Seigneur Freeza. Lui et ses deux bras droits sont aussi forts que nos rangs S. Je te laisse imaginer ce qu’il se serait passé si jamais nous avions dû engager le combat. D’un point de vue économique, nous sommes désormais en position de faiblesse face à celui qui est en passe de devenir notre principal collaborateur. Il est donc normal, au vu des désagréments engendrés, que tu sois sanctionnée.

-Majesté, nous sommes nous aussi fautifs de… » Tenta d’intervenir le prince.
« C’est bien pour cela que nous n’irons pas lui rendre visite durant son séjour au cachot, Vegeta. » Entendre le roi appeler ainsi son héritier était déroutant, et lui permit d’avoir le silence de la part des deux jeunes. « En plus ce cachot est le plus éloigné de la salle du trône et des appartements royaux.
-Le plus éloigné de… » Le prince écarquilla les yeux. « Vous voulez dire… Il… Il reste si longtemps ?
-Tu as compris. » Le roi agrippa durement l’épaule de la jeune femme. « Prends garde, Joanna. Il t’a vue, et je ne sais pas s’il pourra t’oublier un jour. »
Elle déglutit en hochant la tête.

« Et continue de cacher ta marque. Je me suis assuré du silence des scientifiques, et j’ai déjà ordonné aux rares personnes à l’avoir vu de tenir leurs langues. Il n’y a plus qu’à vous deux qu’il faut rappeler la prudence.
-Si seulement ce Ceirios n’avait pas arraché ma manche…
-Ce qui est fait est fait. N’y pense plus, et va de l’avant. » Il se tourna vers son petit-fils. « Vegeta, tu vas accompagner Joanna dans le hall pour demander à Caro de l’amener à sa cellule. »
Ils s’inclinèrent tous deux en signe d’approbation et de respect.
Le cœur lourd, la jeune femme s’avança vers la porte.
« Joanna, » la rappela le roi.

Elle se tourna, curieuse.
« C’était encore ce fichu tableau ?
-Je vous prie de m’excuser... » Approuva-t-elle, piteuse.
« Il sera dans ta chambre, à ton retour. »
Trentième la regarda sortir avec un air un peu soulagé. Cependant ses pensées étaient sombres. Il avait récupéré quelques forces au contact de sa protégée, mais son corps commençait à le lâcher. L’énergie qu’il avait dû déployer pour faire face au mécène avait sérieusement entamé son capital vital. Dire qu’ils ne s’étaient même pas battus ! Mais la joute verbale, la lutte de leurs deux volontés avait été aussi éprouvante qu’un combat physique.



Le roi prit le verre servi par son héritier et le vida d’un trait. Il avait beau être épuisé, ses pensées semblaient fuser en tous sens sans qu’il puisse les ordonner. Freeza qui s’intéressait à Joanna ! C’en était risible ! Un être aussi important, qui brassait des milliers de vies chaque jour, qui avait déjà tué ici même un pauvre diable juste parce que sa présence l’avait importuné, avait porté son regard sur une métisse sans force ni pouvoir !

Non, elle n’était pas si démunie de capacités que cela. Il avait senti… Quelque chose. Il ne pouvait s’ôter de l’esprit que ça avait un rapport avec la marque : elle s’était illuminée pour l’appeler. Il le savait, tout simplement. Et il s’était produit quelque chose d’autre, là-bas, avant qu’il n’arrive, sans quoi il n’aurait jamais découvert qu’un cadavre. Et cela ne pouvait qu’avoir un rapport avec cet aveu arraché quelques mois auparavant aux deux scientifiques Spardra et Cizel. Ils lui avaient parlé d’une croyance commune à leurs deux peuples, liée au symbole apparu par deux fois sur le bras de la jeune femme. Comme il ne s’agissait pas de faits tangibles, ils avaient occulté dans le dossier médical ce qu’ils avaient appelés des ‘détails futiles’ : la marque en forme d’éclair et tout ce que cela pouvait impliquer.
Cela leur avait finalement sauvé la vie.



La planète errante.
L’esprit de Trentième sembla soudainement se vider de tout ce qui n’était pas pensées la concernant, comme si elles avaient été chassées par la peur. Cela lui faisait cet effet à chaque fois qu’il y songeait. Et il ne se passait pas un jour sans qu’il se remémore les dires des deux médecins.
Objectivement, ça n’était pourtant qu’une belle fable, comme celle du Super Saiyen Légendaire… L’histoire d’un monde qui voyageait à travers l’univers, que nul ne pouvait trouver sans y être invité, qui pouvait être n’importe où à un instant et l’instant d’après à l’autre bout de l’univers. Un monde qui, pour une raison inconnue, était synonyme d’espoir pour les peuples qui en avaient entendu parler ; des créatures femelles indéfinissables caractérisées par une marque en forme d’éclair qui visitaient des planètes et en repartaient en emportant un élu, de préférence mâle, pour le faire vivre avec elles.

Sauf qu’une fois c’était l’élu qui était venu sur la planète, sans avoir été invité au préalable. Voilà où Arbi avait disparu soudainement. Cela se tenait. Il s’était écrasé sur un monde qui n’aurait jamais dû se trouver sur sa route, un obstacle imprévisible, et la planète avait été errer ailleurs en suivant, semant la confusion chez les Saiyens.
Et Trentième avait peur, comme à chaque fois, de se tromper. Il avait peur que son espoir soit vain, que cette fille ne réussisse à exaucer son vœu et qu’il ne puisse retrouver son ami à sa mort. Car son seul souhait était de passer son éternité posthume en sa compagnie, et il était prêt à tout pour cela.



Repenser à Arbi lui remémora ses paroles. Il l’avait mis en garde, et lui, Trentième, ne s’était pas méfié.
Arbi l’avait prévenu que cette fille qu’il lui avait confié était en danger, et lui, Trentième, avait été à deux doigts de faillir à sa promesse.
Une pensée soudaine le saisit : avait-il été trahi ?
Une fois Joanna mise à l’abri, il avait entamé son travail diplomatique pour adoucir l’humeur du mécène, préférant rester vague sur les liens qui l’attachaient à l’objet de la discussion. Il avait dit de façon rapide qu’il l’avait prise sous son aile pour ‘services rendus’. La réponse qui lui avait été faite l’avait interpellée sans qu’il puisse s’appesantir dessus, et désormais elle l’inquiétait :
« Oui, elle vous a sauvé la vie, c’est bien cela ? »

Comment avait-il pu être au courant ?
Cizel, Spardra, les trois scientifiques présents le jour de l’arrivée de Joanna…
Aujin, Caro, Topin, Ambour, Waro…
Qui était le traître, parmi ces dix personnes ?
Trentième tenta de se raisonner : rapporter qu’il y avait une métisse, et que cette métisse lui avait sauvé la vie était du ressort de n’importe quel mouchard de bas étages. Cela pouvait être n’importe qui. Il savait qu’il y avait forcément des agents doubles sur sa planète. Après tout, il en avait lui-même envoyé chez les autres puissances. Aucune des personnes soupçonnées de faire partie des espions ne faisait partie de la courte liste de gens au courant pour la marque. Si cela avait été le cas, il aurait déjà agi en conséquence.

Et puis… Freeza avait tenté de faire tuer Joanna. S’il avait été au courant de… De quoi, en fait ? Cette histoire de planète errante tenait plutôt de la fable permettant à de faibles opprimés ne pas baisser les bras. Que pouvait-elle bien apporter aux gens ? A lui, cela lui avait apporté un espoir. Pour Spardra et Cizel, les raisons d’y croire étaient très floues. Alors pour un être tel que Freeza… Qu’est-ce-qu’une telle légende pourrait bien lui apporter, si elle venait à être portée à sa connaissance ?

Cette pensée le calma un peu. Non, il ne s’agissait là que d’un malheureux concours de circonstances. Il était simplement impossible pour qui que ce fut de planifier que Joanna irait se réfugier dans cette pièce le jour où arriverait Freeza. Et non, Freeza n’avait pas cherché à la faire tuer pour qu’elle se dévoile. Et il était donc normal que Freeza soit au courant qu’elle lui avait sauvé la vie, car c’était un fait connu de tous, grandement divulgué pour tenter de justifier sa présence auprès de la famille royale.
Il soupira en se passant les mains sur le visage et se morigéna. Ce qu’il pouvait imaginer comme scénarii, tout de même… Mais prendre en compte le plus de possibilités possible était justement son travail, pour tenter de parer à toutes éventualités et d’avoir un coup d’avance. Après tout, il avait bien songé durant un instant que Vegeta fut le traître. Mais même en butte contre son aïeul, ce garçon n’aurait pas mis la fille en danger. Elle lui était trop précieuse. Un peu trop, même.



Trentième regretta soudainement d’avoir vidé si vite son verre. Il aurait bien repris une gorgée de vin, mais la lassitude ne lui donnait pas envie de se lever. Pourtant, il fallait qu’il bouge. La réception officielle en l’honneur de son invité de marque n’allait pas tarder de commencer. Il déglutit machinalement en se remémorant ce qui était arrivé un peu plus d’une heure plus tôt : il avait dû rêver…
Il finissait alors de se préparer, en mettant un point d’honneur à être plus soucieux des détails de son apparence que d’habitude, car le vaisseau de son invité avait atterri. Il était en train de mettre le cercle doré à son bras gauche, symbole de son statut de roi, lorsqu’un oppressant sentiment de danger l’avait envahi. Et alors qu’il perdait de précieuses secondes à analyser ce qui pouvait bien lui causer cela, il l’avait entendu.
Arrête de réfléchir et bouge !

Stupéfait, il s’était tourné en tous sens à la recherche du malotru qui s’était introduit dans ses appartements. Cherchait-il à attenter à sa personne ?
Mais c’est pas vrai, avait repris la voix. Tu es lent à la détente, pour un Chef ! Elle est en danger !
Il n’y avait qu’un seul « elle » à ses yeux pouvant créer des phénomènes étranges. Décidant de reporter à plus tard l’analyse de la scène qui venait de se dérouler, il était sorti de sa chambre et avait mobilisé ses troupes en moins de cinq minutes. Mais la voix avait raison : il avait perdu trop de temps à réfléchir, alors qu’il avait toujours su ce que pouvait être cette angoisse. Il ne l’avait simplement pas réalisé, sur l’instant.
Maintenant que la crise était passée, Trentième pouvait enfin réfléchir calmement à tout cela, assis dans son fauteuil. Et il pouvait enfin se poser ouvertement les questions qu’il avait dû mettre de côté : qui était ce lanceur d’alerte ? Comment avait-il pu entrer sans que personne ne puisse le voir ? Qui était-il, pour oser lui parler de façon aussi familière ? … Comment avait-il pu savoir pour le sentiment d’alarme ?
Une nouvelle question vit le jour dans son esprit : cet individu mystère avait-il un rapport avec cette sensation de présence ressentie au cours de ces huit derniers mois ?

Prenant sur lui, il se leva pour chercher dans chaque recoin de la pièce. Il était là. Il le sentait.
Tu devrais te rasseoir, au lieu de t’épuiser.
D’où provenait donc la voix ? Trente se tourna vivement dans tous les sens, l’œil aux aguets. « Qui est là ? Sortez de votre cachette ! » Malgré toute l’aplomb qu’il avait pu mettre dans cet ordre, il n’avait pu empêcher sa voix de dérailler sur la fin. La vieillesse, cette maudite faiblesse !
Il eut la sensation que l’inconnu soupirait de lassitude.
Tu sais que tu n’en as plus pour longtemps. Pourquoi ne mets-tu pas ce temps à profit pour te reposer ? Tu gagneras du temps de vie, comme ça.

Méfiant, Trente se rassit. Faire preuve de bonne volonté rendrait peut-être son mystérieux interlocuteur moins timide. « Voilà, j’ai fait comme vous avez dit. Allez-vous enfin sortir de votre cachette ? »
Je ne peux pas sortir. Il aurait fallu d’abord que j’entre.
Cette logique imparable prit le roi de court. Après quelques secondes, il décida de changer d’angle d’attaque. « Qui êtes-vous ? Et qu’êtes-vous ? Pourquoi ne puis-je vous voir ? »
Wow, wow, wow. Une question à la fois. Je pense que tu ne peux pas me voir parce que je n’ai pas de corps.
Trente écarquilla les yeux, stupéfait. « Mais comment faites-vous pour vivre, dans ce cas ? »
La voix sembla réfléchir quelques instants. Je suis mort, donc je ne vis plus. Si je ne vis plus, je n’ai pas besoin de corps. Cela répond-t-il à ta question ?

Le roi blêmit. Il avait eu ouï dire que des peuples dans l’univers croyaient à la présence d’êtres morts immatériels appelés fantômes, mais n’avait jamais prêté l’oreille à ces racontars. Jusqu’à sa mort manquée, il avait pensé qu’il n’y avait plus rien, une fois disparu. Maintenant il savait que quelque chose subsistait, mais il pensait que cela partait au Royaume des Morts. La possibilité que cette chose immatérielle appelée âme reste dans le monde des vivants lui avait semblé impossible… Une nouvelle croyance venait d’être bouleversée.
« Ne devriez-vous pas être dans le monde des morts ? » Demanda-t-il prudemment.
Non.
Trente resta un peu silencieux, dans l’espoir d’entendre son interlocuteur développer sa réponse. Voyant que cela était vain, il reprit la parole : « Puis-je savoir pourquoi ? »
Oui.

Le roi expira lentement, comprenant qu’il n’obtiendrait pas de façon spontanée les réponses désirées. « Pourquoi, dans ce cas ? »
J’ai décidé de rester pour la protéger. Je l’ai protégée de mon vivant, je ferai mon possible même mort.
Cela intéressa grandement le roi. « On peut donc vraiment décider de rester ou de partir, une fois mort ? »
Il sentit son interlocuteur réfléchir quelques instants. Je ne sais pas comment cela se passe quand on meurt normalement. Je n’ai failli mourir normalement qu’une seule fois. C’est là que je l’ai rencontrée. Je voulais continuer de vivre. Je lui ai offert mon âme en retour.
Trente en eut le souffle coupé. Il connaissait bien cette histoire… « … Vous aussi ? Et j’ai réellement… Alors, quand je mourrai, moi aussi… ? »
Wow, wow, wow. Du calme. Ne nous mets pas dans le même panier.

Cela piqua la fierté du Saiyen. « Et pourquoi donc, je vous prie ? Moi aussi, j’ai été sur le point de mourir normalement ! Moi aussi j’ai cédé et je suis revenu ! Moi aussi, je lui ai vendu mon âme ! »
Non. Nous sommes différents. Je ne sais pas en quoi, mais nous sommes différents. Peut-être parce que tu ne t’es pas offert entièrement à elle. Tu as accepté de revenir pour l’autre, pas pour elle.
L’autre… Arbi. Son cœur bondit dans sa poitrine. « Que sais-tu de lui ? Où est-il ? »
Il est loin.
« Au Royaume des Morts ? »
Non. Il s’est lui aussi offert, en son temps. Il n’ira jamais là-bas.
Trente jubila intérieurement. Il avait deviné juste ! « Si je… M’offre, comme vous dites… Le retrouverai-je à ma mort ? »
Je me suis offert à ma déesse. Il s’est offert à sa déesse.
« Ha ! » S’exclama le roi, blessé. « A quoi bon m’offrir à elle, dans ce cas, si ce n’est pas la bonne ? Autant partir au Royaume des Morts, si je ne puis le retrouver ! »
Comme tu voudras.
Le roi s’enferma dans un silence offusqué.

Le silence fut rapidement interrompu par des coups à la porte. « Votre Majesté ? Tout va bien ? »
Non, rien n’allait bien ! Comment quiconque pouvait s’imaginer que ça pouvait aller ? Il venait de vendre le peuple Saiyen bien moins cher qu’il n’aurait dû pour sauver une seule personne ! Une personne qui ne pouvait finalement pas réaliser son souhait le plus cher ! Il avait bradé tous ses braves guerriers de sang pur contre une métisse, et pour quelle raison ? Parce qu’il était faible ! Pour le souvenir d’un être aimé !
Wow !
Il avait eu la faiblesse d’imaginer qu’en agissant ainsi, il aurait gagné le droit de le rejoindre… Mais non, même pas !
Hey !
A peine venait-il de découvrir qu’il y avait quelque chose après la mort que lui était déjà dénié le droit de passer cette non-vie comme il l’aurait voulu ! Ha ! Il aurait mieux fait de mourir, au lieu de se préparer la plus amère des coupes empoisonnées ! Parce que désormais, il devait la boire jusqu’à sa dernière goutte, en sachant pertinemment ce qu’elle lui apporterait. Rien ! Voilà tout ce qu’il allait gagner, au bout du compte !
WOH, LE CHEF !

Trentième sursauta. « Vas-tu enfin me laisser en paix ?!
-Je vous présente mes excuses, Votre Majesté, » fit Aujin en s’agenouillant dans le chambranle de la porte.
Le roi eut un nouveau sursaut en le voyant. Il ne l’avait pas entendu entrer. « Que me vaut cette intrusion ? »
Le grand guerrier se tassa sous le ton sec. « Je vous présente mes plus humbles excuses, Votre Majesté. Je vous ai entendu crier, alors j’ai voulu savoir si tout allait bien. Et… Vous ne répondiez pas à mes nombreux appels.
-Et que faisais-tu dans le couloir, devant ma porte ?
-Je vous apportais une boisson, à la demande de Son Altesse. » Il montra la coupe fumante posée sur le plateau qu’il tenait.
Il s’inquiétait. Ils s’inquiètent tous.

Cette voix était des plus agaçantes. S’il lui répondait maintenant, il allait passer pour un fou. Trentième lui intima en pensée de faire silence tant qu’il y avait du monde dans la pièce. Et, tant qu’à faire, de se taire à jamais. Puis il reprit, à l’attention du soldat : « Je réfléchissais. J’étais… Perdu dans mes pensées. Je ne t’ai pas entendu. » Il lui fit signe de se relever. Il vit le soulagement sur le visage du Saiyen.
« Je vous présente une fois encore toutes mes excuses pour avoir été insistant, Votre Majesté, » reprit Aujin en s’inclinant de nouveau. « Je ne voulais pas vous irriter. »
Le roi haussa un sourcil. Quand donc lui avait-il donné l’impression d’avoir été contrarié par lui ?
Il semblerait qu’il ait pris pour lui la gueulante d’il y a un instant. Je préfère te conseiller de ne plus crier quand on se parle, parce que les gens qui parlent tout seuls, ils sont pris pour des fous. Alors ceux qui crient... Il faut être plus discret.
Le rouge monta aux joues de Trentième. Ce fichu… Fantôme n’avait-il donc pas compris que toute cette situation abracadabrante était de son fait ??

« Votre Majesté ? » Se risqua de nouveau prudemment Aujin, en voyant la tête de son roi. « Dois-je décommander l’unité médicale ?
-Une unité médicale ? Pourquoi une unité médicale ? » Son ton était de nouveau cassant. Il voyait le pauvre Aujin être de plus en plus mal à l’aise, incapable de comprendre la cause de l’irritation de son souverain. Cette situation était tellement grotesque que sa frustration manqua de se transformer en fou-rire. « Peu importe. Décommande-là, oui. Ou plutôt… » Une idée venait de le traverser. « Ou plutôt, demande à ce scientifique qui avait accompagné Joanna de venir.
-Cizel, Votre Majesté ?
-Celui-là même. »
Aujin salua et s’exécuta.

Trentième, qui s’était levé de colère à un moment donné, se laissa retomber dans son siège puis enfouit son visage dans ses mains. « Et toi, je t’ai dit de te taire quand il y a du monde. »
Tu ne me l’as jamais dit.
« Si, je te l’ai dit. »
A quel moment, alors ?
« Après que tu aies parlé, à un moment. »
Tu n’as parlé qu’à l’Autre.
« Je t’ai parlé dans ma tête. »
Si tu parles aux gens dans ta tête, ne t’étonne pas s’ils ne t’entendent pas.
L’irritation remontait. Comment osait-il lui donner des leçons ?

« Aujin n’a pas montré la moindre surprise lorsque tu m’as parlé. Cela confirme donc mon idée comme quoi tu parles dans mon esprit. Tu dois donc pouvoir entendre mes pensées. »
Woh. Heureusement non. J’aime bien avoir ma tranquillité. Si j’entendais tes pensées, je n’aurais jamais de tranquillité. Sauf quand tu dors. Je préfère la quiétude de la forêt et des champs au bourdonnement incessant de la ville. C’est dans votre nature de singes d’être bruyants.
Trente ne comprenait pas tout ce que disait la voix, mais pour une fois qu’elle parlait de son propre chef, il préféra ne pas l’interrompre.
Je suis dans ton corps, mais ça s’arrête là.
Et la voix se tut, au grand dam du roi. Il prit quelques instants pour réfléchir, puisque lui était au moins accordée l’intimité de ses pensées. Savoir qu’il abritait ce fantôme dans son corps lui donnait l’impression d’être souillé par une maladie grave. Si tout en lui avait été dévoilé à cet importun… Peut-être aurait-il sombré dans la folie et se serait-il donné la mort…

« Est-ce par choix, que vous n’entendez rien ? » Ne put-il s’empêcher de demander.
Non. C’est comme ça, et j’en suis bien content.
« Moi aussi, » laissa échapper le roi de soulagement.
Hm. Je comprends. Je n’aurais pas aimé non plus.
Cette compréhension commune rendit la voix moins désagréable à Trente. « Puis-je vous demander pourquoi vous êtes là ? … Dans mon corps, j’entends. »
La voix resta silencieuse quelques instants, semblant réfléchir.
Je ne sais pas. Je crois… Que je ne devrais pas être là. Étonnamment, la voix semblait hésitante. Elle était très inquiète… Elle ne pouvait pas veiller sur vous, elle pensait que vous seriez séparés. Qu’elle serait envoyée loin de vous, et cela l’inquiétait. Je n’ai fait que répondre au vœu de son cœur. Je suis venu en toi pour veiller sur toi. En la laissant elle. Tout ceci semblait perturber le fantôme, au point de le rendre locace.

« Alors retourne auprès d’elle. » La solution au dilemme de la voix était pourtant simple, aux yeux de Trente, mais peut-être avait-elle besoin de se l’entendre dire.
Non. Le fantôme était de nouveau assuré. Je resterai jusqu’au bout. Ce ne sera de toute façon plus long.
« Pourquoi te priver ainsi de ta maîtresse ? »
Pour t’aider à la protéger. Elle côtoie chaque jour un danger. Je dois t’aider jusqu’au bout à la protéger de ce danger.
« Pourrons-nous l’éradiquer avant ma mort ? »
Je ne sais pas. Je suis désolé.
« Quel est ce danger ? »
C’est une personne qu’elle voit chaque jour.

Une personne. Qui voyait-elle donc chaque jour ? Il y avait lui-même, son petit-fils, Aujin… Les élèves de la Classe Particulière et leur professeur. Et qui d’autre ? Il allait devoir mener une enquête. « Quand j’aurai trouvé cette personne, je la ferai tuer. Discrètement, bien sûr. »
Vas-tu faire tuer les deux nouveaux dangers qui sont apparus tout à l’heure ?
Le roi claqua la langue de frustration. « Je donnerais beaucoup, pour pouvoir le faire. Le Seigneur Freeza et ses hommes de main sont un des obstacles à la toute-puissance du peuple Saiyen dans l’univers. Je ne peux que courber la tête, en attendant le jour où notre sang sera suffisamment fort pour les réduire à néant. »
Alors tu ne pourras pas non plus tuer le danger proche.
« Pourquoi donc ? »
Le visage du roi s’assombrit en entendant la réponse.



Quand Cizel entra dans la chambre royale, le pas hésitant, il trouva le roi toujours assis dans son fauteuil, silencieux, la mine sombre et le teint émacié.
« V… Votre Majesté ? » Salua-t-il, hésitant quant à la démarche à suivre.
« Approche-toi, homme de médecine. »
Tremblant, le Feesh’Erman s’avança, et s’assit là où il lui avait été indiqué de le faire. Cette simple marque de politesse était plus déstabilisante que tout le reste. Allait-il ressortir d’ici vivant ?
« Homme de médecine, je me meurs.
-Vous avez encore fait un malaise, Votre Majesté ?? » La fébrilité du scientifique fut interrompue par un geste de Trente.
« Non. J’ai juste utilisé un peu trop de la vie qu’elle m’a accordée.

-Pardon, Votre Majesté ? Je… Je ne vous suis pas…
-Ce fameux soir, ici même. Tu m’as vu tomber. Et tu l’as vu me ramener à la vie.
-Ou… Oui, Votre Majesté… Par bonheur, elle connaissait des gestes qui vous ont sauvé…
-Non ! Tu ne comprends pas ! Elle m’a fait revenir de force ! »
Cizel ne savait plus quoi dire. Il regardait le roi devenu fou. Il finit par déglutir, et rompit le silence : « V-votre Majesté… Vous êtes épuisé… Vous devriez vous reposer… Laissez donc à Son Altesse la lourde charge de diriger le peup…
-Non ! Jamais je n’abdiquerai ! Un Vegeta ne reçoit pas de couronne ! Un Vegeta se doit de prendre la couronne sur le cadavre de son prédécesseur ! »

Un nouveau silence s’installa.
Cizel ne voyait vraiment plus quoi dire. Les seules paroles sensées qu’il avait désespérément trouvées venaient de se faire balayer en un instant. Mais garder le silence n’était pas bon non plus…
Ce fut finalement Trentième qui reprit rapidement la parole. « Nous n’avons plus le temps. Arrêtons-nous là.
-B-bien, Votre Majesté, » fit le scientifique, soulagé, en se levant.
« Où crois-tu aller ? »
Cizel sursauta et se remit à trembler de plus belle. « Je… je croyais que vous aviez dit…
-De nous arrêter avec ce dialogue de sourds. Maintenant, tu te rassois et tu m’écoutes. »
Cizel obéit sans demander son reste.

Trentième inspira un coup et reprit : « Je t’ai choisi toi car tu crois en cette légende. L’histoire de cette planète que tu m’as conté. Aucun de nous ne semble connaître la portée des pouvoirs des créatures de ton histoire, mais force m’est de constater qu’elles possèdent des dons assez particuliers. » Il baissa instinctivement la voix en continuant. « J’allais passer le point de non-retour lorsqu’un choix m’a été proposé : me soumettre à elle et gagner un peu de temps de vie, ou continuer. Je ne pouvais pas partir en laissant les choses en l’état. J’ai donc accepté. Elle m’a ressuscité. Elle a même réussi à redonner des forces à mon vieux corps rongé d’amertume. Et aujourd’hui… J’ai trop forcé. J’ai gâché une part de temps… Non, j’ai utilisé une part d’énergie qu’elle m’avait donné. La sauver n’était pas gâcher. Mais mon corps en subit le contrecoup. Cependant, quand elle est près de moi… »
Le roi fit de nouveau silence. Cizel se retint de l’encourager à parler.

« Quand elle a été près de moi, j’ai retrouvé de nouveau quelques forces. Pas assez à mon goût, cependant.
-Mais… Votre Majesté… » Se permit de l’interrompre le scientifique, un peu désespéré malgré le sentiment de révérence qui l’avait envahi en entendant le témoignage, « pourquoi me raconter tout cela ? Pourquoi à moi ?
-Parce que j’ai besoin de ton aide. » Trentième rapprocha sa tête de celle en forme de poisson-lune et lui murmura des instructions.
Cizel se leva précipitamment de sa chaise, horrifié. « Impossible ! Ce que vous me demandez là est impossible ! Ça vous tuera !
-Homme de peu de foi ! Aie confiance en ta légende comme j’ai moi-même décidé d’y croire ! … De toute façon, si ça me tue, cela permettra à mon héritier de monter sur le trône à ma place. Face au Seigneur Freeza, il ne peut y avoir un faible. »
Cizel baissa la tête, vaincu. « Je… Je comprends, Votre Majesté.
-Dépêche-toi d’aller chercher le nécessaire, dans ce cas. N’hésite pas à demander à Aujin de te porter pour aller plus vite. Nous n’avons plus le temps. »



Le guerrier reçut de son roi l’ordre étrange d’obéir au scientifique qui lui était confié. Il dut le ramener à son labo de toute urgence, l’attendre, et le ramener avec ce qu’il aurait jugé bon d’emporter.
Et c’est secrètement inquiet et ouvertement perplexe qu’il regarda la porte de la chambre royale se refermer derrière le scientifique.
Quelques minutes plus tard, il s’agenouilla au passage de son souverain qui sortit d’un pas énergique, la tête haute.
Le roi retournait à ses devoirs, et au temps pour les rumeurs le donnant moribond !
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 15

Messagepar xela26 le Lun Mars 18, 2019 1:29

Commentaire tardif, je suis bien content que tu nous sois revenue dans la section Heika.
J'avais pleins de choses à dire de bien sur ce chapitre, mais j'irai droit au but: FDC de retour pour aider sa protégée?? :mrgreen:
C'est bien qu'il puisse penser, enfin qu'on puisse avoir des idées et des mots sur ce qu'il ressentait pour Johanna.

J'espère que la suite arrivera pas dans plusieurs mois :mrgreen:
Cell: l'ascension de la terreur- Cell a vaincu Son Gohan lors du Cell game!! Quel sort réserve-t-il à la Terre?? Pour le savoir....viewtopic.php?f=42&t=5990
Chapitre 138: publié
Chapitre 139- 145: 90%- relecture, correction

Cell: Damned Souls- Les aventures parallèles de héros de "l’ascension de la terreur". Pour les connaitre:
viewtopic.php?f=42&t=6774
abandonnée
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 15

Messagepar Heika le Mer Mars 20, 2019 22:57

xela26 a écrit:Commentaire tardif,

Pas autant que mes chapitres ces derniers mois, t'inquiète XD
(en vrai, tu gères, parce que à peine quelques jours pour un "commentaire tardif", ce n'est pas du "tardif", pour moi ;) )

je suis bien content que tu nous sois revenue dans la section Heika.

Et j'espère continuer à y traîner mes guêtres de nouveau régulièrement, mais... J'ai un doute >.<

J'avais pleins de choses à dire de bien sur ce chapitre, mais j'irai droit au but:

Zut, je ne vais pas pouvoir me gargariser avec ces "plein de choses à dire de bien" >.<

FDC de retour pour aider sa protégée?? :mrgreen:

De retour...
Mais... Est-il jamais vraiment parti ? ^^

C'est bien qu'il puisse penser, enfin qu'on puisse avoir des idées et des mots sur ce qu'il ressentait pour Joanna.

Cette humanisation ne plaît pas trop à Omurah, je m'en rappelle, mais le souci c'est qu'elle est en quelque sorte forcée... Dans le sens de nécessaire, j'entends.
Même si ça ne s'était pas senti dans la vie quotidienne précédant la rencontre avec les Humains Artificiels, il avait déjà beaucoup changé, depuis sa rencontre avec Joanna. Il en avait conscience. Je crois que j'ai tenté de le faire comprendre à divers moments, via les propos rapportés par la métisse, mais ça ne devait pas pas être si facile à comprendre tout de même.

J'espère que la suite arrivera pas dans plusieurs mois :mrgreen:

Hum.
Le chapitre 16 est écrit depuis des mois, voire un an. Le chapitre 15 m'a posé problème (au cas où ça ne se serait pas senti... ^^'), et... Je pourrais le poster dans pas longtemps, si... Si je n'avais pas eu envie de l'enrichir un peu. U__U'
Et puis après, j'ai plus rien, faut que je me remette sérieusement au taf, quoi. >.<



Vous tous qui me lisez, je vais vous confier une anecdote : tout ce qui m'est dit ici est très précieux.
Et pour pouvoir relire à loisir vos remarques et suggestions, j'ai copié-collé sur un Word toutes vos réponses.
Oui, je suis une folle, je le sais. ^^
Bon, je n'ai encore fait que le tome 1, parce que ça prend du temps malgré tout, hein.
Voilà, c'était le petit commentaire sans intérêt que je voulais partager avec vous. ^^


Et sinon, j'ai l'esprit parasité par Re:Sykia, qui est du What If de l'histoire de ce sujet... ^^'
J'en suis à 3 What If en ébauche : deux sur le tome 1, un sur le potentiel tome 5.
Et pour le premier W.I., je ne peux que vous "remercier" pour cette idée ! XD
Ceci dit, il est possible que j'en ai déjà un peu parlé et que je radote.
C'est l'âge, que voulez-vous.
Ah, et quand j'arriverai enfin à bouger ma flemme, vous en saurez plus.
C'était le 2e commentaire sans intérêt de ce message... ^^
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 15

Messagepar Heika le Mer Juin 19, 2019 0:26

HELLOOOOO !
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Qu'est-ce-qui revient tous les 3 mois ?
...
Oui, la déclaration à la CAF pour la prime d'activité.
Mais pas que.
Un nouveau chapitre sur Sykia ! (je crâne, mais je suis sûre que le prochain chapitre mettra plus de 3 mois... >__>)



Trêve de bavardages insipides et répétitifs (ce que j'ai dit à la fin du commentaire précédent est toujours valable...) !

Voici le chapitre 16 retravaillé. Et retravaillable, je sais.
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-16-





Sa première journée de détention touchait à sa fin, et déjà Joanna n’en pouvait plus d’être enfermée. Caro l’avait traînée à travers les couloirs jusqu’à une cellule, avec une douceur traduisant bien la profonde affection ressentie pour la métisse. Cette dernière avait passé sa matinée à plaquer son poignet douloureux contre les barreaux dans l’espoir que leur fraîcheur réduise l’hématome qui s’y formait.
Vers midi un bruit devant la porte l’avait faite sursauter, mais à son grand dépit le porteur du plateau repas s’était débiné de façon à ne pas être vu. Elle se sentait bien seule, avec pour toute compagnie ses idées noires…

En cours d’après-midi le passage du professeur Takenoko avait été l’espoir d’une forme de délivrance, comme en plus d’un peu de compagnie elle lui avait apporté son matériel d’étude.
« C’est sur ordre de Sa Majesté que je suis venue, » avait-elle tenu à rectifier face à la joie qui lui avait été présentée. « Ceci est le temps que je consacre habituellement à Son Altesse, pendant que vous travaillez chacun de votre côté, mais comme elle est actuellement avec notre prestigieux invité, je viens te faire classe ici. Notre programme sur les prochains jours est le suivant : les bases de la diplomatie, ou comment agir et réagir face aux représentants des autres peuples, les règles fondamentales de la vie au palais, celles de politesse et le savoir-vivre hiérarchique. »
Le message avait été clair quant à ce que pensait l’enseignante de la situation actuelle, au moins…

Au moment de partir, une pénible heure et demi plus tard, Takenoko lui avait signalé qu’Aujin passerait chaque matin pour continuer leur travail commun en cours, car elle ne tolèrerait pas la moindre prise de retard de la part de la métisse : ainsi au calme, sans risque de perturbation, elle avait devant elle des heures pour pouvoir tenter de rattraper ne serait-ce qu’un peu ses énormes lacunes. Elle-même reviendrait chaque après-midi à la même heure pour continuer ses leçons.

Désormais seule, Joanna touchait du bout des doigts un début de bosse fait après le départ de l’enseignante, quand elle s’était laissée tomber de dépit sur la dure planche qui lui servirait de lit les prochains jours, et prenait pleinement conscience de la vie agréable et favorisée dont elle avait bénéficié depuis son arrivée. Elle avait jusqu’alors vécu dans un environnement agréable, avec des gens à qui parler, un lit chaud et confortable… Mais actuellement trop proche de "l’invité". La peur qu’il lui inspirait et qu’elle avait tenté de réfréner durant l’après-midi refit surface, ainsi que son angoisse concernant l’état de santé du roi, et sa culpabilité. Comment avait-elle pu se montrer aussi stupide ? Même si cela n’était arrivé qu’une seule fois depuis son arrivée qu’un émissaire vienne leur rendre visite, elle savait que ces chambres étaient susceptibles d’être utilisées, et qu’il ne fallait pas s’y rendre de façon aussi libre. Elle n’avait fait qu’agir en enfant gâtée, en profitant de façon aussi honteuse de la protection du roi. Et voilà comment elle lui rendait tous les bienfaits et la gentillesse dont il l’avait gratifiée : elle créait un incident diplomatique et assassinait de façon indirecte son bienfaiteur. Il était encore tellement épuisé, lorsqu’il l’avait congédiée…

Son regard se porta sur le coin de ciel rouge visible depuis sa lucarne. Vegeta était donc occupé avec l’autre, lui avait appris Takenoko… Ils n’auraient donc pas pu partir comme à leur habitude visiter un coin du monde quand bien même elle aurait été libre. Quelle maigre consolation… De toute façon, cette activité était mal vue en général, et elle commençait à se dire que les gens n’avaient pas tort de penser cela… Quel était l’intérêt véritable de cette routine ? Elle disait faire cela pour étudier les plantes locales, mais elle ne faisait que se comporter en touriste s’émerveillant de tout et de rien, pas en herboriste…
Une question s’imposa alors dans son esprit, dont la réponse, facile à donner, était plutôt déplaisante : qu’avait-elle fait jusqu’à présent, pour respecter les engagements qu’elle avait pris avec elle-même à son arrivée ? En dehors de faire les yeux doux aux plus hauts placés pour vivre dans la tranquillité (et leur créer des problèmes), rien. Quels faits, quelles actions pouvait-elle revendiquer si un jour elle voulait obtenir un vaisseau ? Aucun. Elle avait aidé le roi, mais celui-ci lui remboursait chaque jour sa dette avec le traitement de faveur qui lui était accordé. Elle était au final plus l’obligée du peuple Saiyen que sa bienfaitrice.

Le bruit du plateau du soir l’interrompit de nouveau. Cette fois, elle eut le temps de voir la petite silhouette de la personne chargée de la nourrir, mais aucun appel ne put la retenir.
Tout comme rien de constructif ne put lui venir en tête jusqu’à ce que le sommeil décide enfin de l’emporter sur ses cogitations stériles.



Le mauvais repos que cette première nuit lui apporta lui permit d’être suffisamment alerte pour mieux voir qui approchait, au petit matin. Faisant semblant de dormir, elle observa une petite fille approcher à pas de loup, l’observer de ses grands yeux sombres et poser le plateau doucement au sol, juste devant l’ouverture par laquelle la prisonnière pouvait se saisir des éléments pour se nourrir. Joanna estima qu’elle ne devait pas avoir plus de dix ans… Voyant que la métisse ne bougeait pas, l’enfant s’attarda un peu, s’approchant de la rude couche pour mieux satisfaire la curiosité qui ne manquait pas de briller dans son regard. Elle avait des cheveux hirsutes lui tombant aux épaules et les plus beaux yeux que la métisse ait pu voir jusqu’à présent : en amande comme ceux d’à peu près tous les Saiyens, mais dans lesquels on ne lisait que candeur et bonté.

La fillette sursauta en constatant que les yeux de l’objet de son observation étaient ouverts, même si la pose laissait toujours croire qu’il était endormi. Elle partit en courant, renforçant dans l’esprit de la femme le parallèle qu’elle venait d’avoir avec une biche : elle en avait la beauté du regard, la vivacité et la méfiance.
Joanna soupira en prenant son petit-déjeuner. Arriverait-elle à entrer en contact avec l’enfant ? Si des ordres avaient été donnés pour que ses fréquentations soient réduites au strict minimum, cela allait être difficile… Au moins elle n’avait lu aucune peur dans les grands yeux, et encore moins -à son grand soulagement, constata-t-elle- mépris, dédain ou dégoût. Tous les Saiyens ne lui étaient donc pas hostiles… Cette pensée la réchauffa autant que la boisson chaude.

Il était étonnant qu’elle eut froid, pourtant : le tissu du justaucorps avait comme propriété, en plus d’être élastique et très résistant, de préserver des variations de température, -sans pour autant garantir la protection dans des situations extrêmes. Mais dans le cas présent, elle n’aurait pas dû avoir ainsi froid, surtout en ayant une couverture, aussi maigre fut-elle. Elle savait qu’il s’agissait là de quelque chose de totalement psychologique, sans qu’elle puisse faire quoi que ce fut pour y remédier, malheureusement… Elle devait juste tenir bon en se rappelant les grands yeux qui avaient disparus au loin et leur ingénuité.

Lors de son arrivée, Aujin trouva la métisse assise par terre, se servant ainsi de son lit comme d’une table de fortune. Il soupira d’agacement.
« Tu ne peux pas t’asseoir normalement ?
-Bonjour aussi, monsieur Aujin. Si par normalement vous entendez sur cette planche, je n’aurai alors plus aucun support pour écrire, et je ne pourrai plus continuer mes études, au déplaisir du professeur Takenoko. »
Elle vit le Saiyen inspirer profondément pour prendre sur lui. « Tu ne peux pas simplement demander ce dont tu as besoin, au lieu de persifler ? »
Joanna se releva et s’étira un peu, la position n’ayant pas été des plus confortables, même avec la couverture pliée en guise de coussin. « Une prisonnière n’a pas à demander quoi que ce soit, il me semble, juste à accepter avec reconnaissance ce que l’on voudra bien lui donner. Je suis nourrie, mieux que lors de mon premier séjour ici, et j’ai de quoi m’occuper. Je n’ai donc pas cherché à persifler, j’ai juste voulu m’expliquer. Je suis navrée que vous l’ayiez ainsi interprété.
-Ferme-là, tu me gonfles. »

Ils restèrent ensuite près d’une minute à s’observer. Un sentiment de gêne vint s’installer dans la cellule, trouvant le coin fort sympathique.
Il n’aurait pas dû céder à l’agacement et terminer ainsi la conversation. Il venait de se coincer : il voyait bien que ce qu’il était venu faire ne pouvait l’être sans aide matérielle, et il ne pouvait donc enchaîner en prenant un livre comme si de rien n’était. Cependant il refusait de faire venir quoi que ce fut sans une demande expressément et poliment formulée de la part de la femme. Une question d’autorité et de hiérarchie. Il avait suffisamment subi de la part de Trente-Deux sans que cette étrangère se mette à son tour à le mener par le bout du nez.

C’est avec soulagement qu’il la vit lever la main, comme c’était la règle en cours.
« Quoi ? » Son ton, volontairement peu aimable, ne sembla pas pour autant rebuter l’autre.
« Puis-je poser deux questions ? Sans compter celle-là, bien évidemment.
-Vas-y. » Elle n’avait jamais été volontairement ou particulièrement insolente avec lui, mais il refusait malgré tout de laisser la porte ouverte à la moindre possibilité de dérive.
« Ma deuxième question découlera en fait de la réponse à la première, » prévint-elle d’abord. « Donc… Cela signifie qu’en étant prisonnière j’ai quand même droit de demander des choses ?

-Tu n’es pas prisonnière. Tu es mise à pied.
-C’est quoi la dif… Pardon, ce n’est pas là ma seconde question. Je ne comprends pas la différence, parce qu’il me semble qu’une mise à pied est une punition, et qu’une personne punie n’est pas censée bénéf…
-Ferme-là, et pose ta question ! » Il avait envie de la gifler tant elle était agaçante.
Joanna ferma ostensiblement sa bouche en semblant compter puis reprit : « Je peux donc quand même demander des choses ?
-Sa Majesté a demandé que te soit fourni tout ce que tu voudras. Tant que cela restera raisonnable. » La deuxième partie était de lui, mais cela, elle ne le saurait jamais. La voir détourner le regard avec inquiétude le surprit.
« Même raisonnable, c’est déjà trop… De tels traitements de faveur ne sont pas bons… »

Elle l’avait murmuré pour elle-même, mais pas suffisamment bas pour qu’il ne puisse l’entendre. Cela le surprit : il ne voyait en elle qu’une intrigante de sang impur, tout en se demandant par moments s’il ne s’agissait pas simplement d’une simplette se comportant en enfant gâté, et constater qu’elle semblait prendre la notoriété de la famille royale en compte était plutôt surprenant. A moins que ce ne fut logique, selon le plan qu’elle pouvait avoir fomenté dans son esprit… Lui faire part de cette pensée en faisait peut-être partie, pour tenter de l’amadouer ? Non, se reprit-il. Si elle avait réellement eu le bien de Sa Majesté à l’esprit, elle aurait évité l’esclandre de la veille, conclut-il. Mais quel pouvait bien être son but ? Arriverait-il un jour à la percer à jour ?

Se rendant compte qu’il avait laissé son esprit vagabonder tandis qu’elle avait continué de parler, et que, surtout, elle était en train de s’adresser à lui, il la foudroya du regard, l’interrompant brutalement.
« Ce… Ce n’est donc pas permis ? Je comprends… » Reprit-elle prudemment après un silence.
« Liste-moi sur un papier tout ce que tu veux. Même… Ça, » termina-t-il pour se rattraper, un peu mal à l’aise de ne pas savoir ce qu’il était en train d’accorder. Il la vit hocher la tête et s’exécuter.
Il prit la feuille et la parcourut rapidement du regard. Un bureau, une chaise, plus de matériel d’écriture, un oreiller, une deuxième couverture et… « Un rideau ??
-Oui, en fait je ne connais pas le mot pour paravent, et c’est ce qui s’en rapproche le plus… C’est pour mon intimité, comme je vous ai dit… » Elle rougit en se sentant obligée de développer : « Je n’aime pas trop l’idée d’être surprise en train de faire mes besoins… Ça me bloque… »

Un rideau ou un paravent. En guise de demande égoïste. Pour éviter d’être vue en train d’uriner ou de déféquer.
Il sortit de la cellule et s’éloigna de quelques couloirs pour recouvrer son sérieux. Il s’en était fallu de peu qu’il ne perde sa réserve devant elle. Une fois suffisamment éloigné, il se permit le luxe de quelques respirations pour dissiper l’hilarité qui avait manqué d’éclater en présence de la femme.
Il ne lui fallut qu’un petit quart d’heure pour réunir les affaires demandées et les livrer. Dont le paravent. Et enfin il put faire ce qu’il était censé être venu faire, et une fois la corvée bouclée, il s’en alla sans un mot.



Avait-elle rêvé ? Il semblait à Joanna avoir vu les commissures des lèvres du tuteur princier se relever quand elle avait expliqué le pourquoi du paravent. Sa réaction des plus étranges avait au moins permis de confirmer ce qu’elle pensait : il ne l’avait pas écoutée et il s’était offusqué de s’apercevoir qu’elle s’en était rendue compte. Sinon pourquoi lui aurait-il jeté un tel regard ? Elle avait à peine entamé son explication pour le séparateur qu’il lui avait fait les gros yeux, semblant rejeter sur elle une faute qu’il venait de commettre. Bon, il fallait bien avouer que cette idée lui était passée en tête juste pour le taquiner… Mais maintenant qu’elle l’avait obtenu, au final, elle reconnaissait que ce n’était pas une si mauvaise idée que cela : la pensée d’être surprise dans un tel moment la dérangeait plus qu’elle ne voulait se l’avouer.
Ce détail n’étant plus un problème, elle décida reprendre sa réflexion de la veille ; maintenant qu’elle avait de nouveau de la nourriture et qu’elle savait qu’elle n’était pas aussi seule qu’elle en avait l’impression, il était plus facile de s’affronter.

Cependant ses pensées la ramenaient toujours au même point : quel que soit l’angle sous lequel on pouvait regarder sa situation, elle avait un comportement d’enfant gâté. Majesté avait pourtant fait en sorte de mettre à sa portée le plus de moyens possible pour qu’elle puisse s’en sortir, une fois sa mort survenue, et elle, elle perdait son temps. La Classe Particulière avait été la plus belle faveur qui eût pu lui être faite, et elle avait l’impression de la gâcher. Elle l’avait intégrée dans le but d’en apprendre plus sur le peuple Saiyen et pour pouvoir briguer un poste de Conseillère, le jour où Vegeta choisirait de remplacer ceux de son aïeul. Combien elle avait pu être naïve de s’imaginer réussir rattraper Fajal, Zorn et les autres ! Elle avait bien survolé des choses sur les ressources disponibles dans l’univers, auprès de qui les obtenir (informations soit dit en passant hautement barbantes et difficilement retenables), et plein d’autres points de ce genre, mais quasiment rien concernant la vie pratique de la planète Vegeta, ainsi que ses us et coutumes. Elle connaissait les grandes lignes de l’organisation des rangs mais rien de leurs réalités. Elle réalisa soudainement qu’elle ne connaissait quasiment personne, en dehors de la famille royale et des élèves de la CP… Qu’avait-elle donc fait, durant tout ce temps ?

Après presque un an, elle était toujours aussi ignorante qu’à son arrivée. C’était lamentable.
Observer, apprendre, analyser, et apporter une solution. Voilà quel aurait dû être son véritable travail, au lieu de se laisser choyer comme un gentil animal de compagnie.
Surtout qu’il ne fallait pas se faire d’illusion : les vacances se termineraient à la mort de Majesté. Il était inutile espérer bénéficier d’un tel traitement de faveur sous le règne de Vegeta. Il en était de toute façon hors de question.
Le plan était à revoir de fond en comble. Devenir conseillère pour aider les Saiyens à changer était juste impossible d’un point de vue pratique : elle ne pouvait pas étudier normalement.
Certes, une fois l’alphabet assimilé elle avait été autorisée à suivre les cours communs des élèves de la Classe Particulière, mais très vite son incapacité à lire seule un livre l’avait bloquée.

Apprendre le syllabaire n’avait en définitive pas été très difficile, mais comprendre le sens des mots écrits s’était avéré être une tâche bien plus ardue. Takenoko avait fini par réaliser elle aussi que sa nouvelle élève parlait une langue étrangère compréhensible de tous à l’oral mais totalement dissociée de l’écrit. De plus, la dissociation entre l’oral et l’écrit rendait l’apprentissage encore plus difficile, car pour le coup Joanna ne pouvait pas réellement pratiquer leur langue à l’oral : là elle devenait presque aussi incompréhensible que si elle parlait la langue d’un autre monde.

Durant des mois, lors des temps de travail individuel, elle n’avait eu d’autre choix que de se faire des listes de mots, et au quotidien elle se retrouvait donc à fournir un travail personnel considérable pour pouvoir avoir l’espoir de lire les ouvrages nécessaires à son but. Cela avait été épuisant, tant physiquement que nerveusement, et le stress engendré était potentiellement à l’origine de ses cauchemars et mauvaises nuits. Devant la famille royale, son enseignante et ses camarades de classe elle avait fait son possible pour faire bonne figure, mais une fois seule le découragement et l’abattement l’avaient envahie face à la masse de boulot que cela demandait.

Son retard était tel qu’à ce rythme, se disait-elle, elle et Vegeta seraient deux croulants quand elle aurait enfin le niveau requis pour devenir conseillère. Puis, un mois plus tôt, une idée lui était venue. Elle était d’une telle simplicité qu’elle s’en voulait d’avoir perdu autant de temps. Elle avait toujours sa langue à elle, qu’elle écrivait le plus facilement, le français. Il suffisait qu’elle demande à quelqu’un de lui lire le livre désiré suffisamment lentement pour qu’elle puisse le réécrire dans la langue qu’elle maîtrisait, pour, après, pouvoir étudier l’ouvrage à loisir. Pour ça, il avait fallu trouver quelqu’un de disponible, et ni l’enseignante, ni les élèves ne l’étaient. Ce fut Aujin qui avait dû s’y coller. Mais il ne savait pas très bien lire : son rôle était de veiller sur le prince, pas de lui enseigner des choses savantes dont lui, guerrier, n’avait jamais eu besoin au cours de sa vie. Pour le coup il lisait lentement, ce qui était une bénédiction, mais d’un ton monocorde, et il ne savait pas découper les phrases pour leur donner du sens. Cela restait au final un travail des plus laborieux, car la métisse devait écrire puis recopier les pages pour pouvoir après les étudier, et ce sans laisser tomber l’apprentissage de la langue écrite. Elle en avait même attrapé une tendinite, vite soignée par Cizel, heureusement.



Le deuxième jour, elle eut la surprise d’une visite imprévue.
« Ca alors ! C’était donc vrai ! »
Assise à son bureau, concentrée sur son apprentissage, elle sursauta en entendant la voix dans son dos. Elle se retourna vivement et découvrit le jeune Saiyen qui avait bien voulu l’aider, peu après son arrivée, quand elle avait cherché désespérément le prince.
« Toi ? Tu es… » Elle rougit de honte. Un garçon si gentil, elle n’avait pas été fichue de retenir son nom.
« Bardack, mam’zelle.
-Oui, Bardack ! C’est ça ! Je suis désolée d’avoir oublié ton nom, Bardack… Mais merci pour l’aide que tu m’avais apportée, ce jour-là. Je ne sais pas ce que j’aurais fait, sans toi.

-Vous vous souvenez de moi ? » Demanda-t-il en souriant, content.
« Bien sûr ! Je voulais d’ailleurs te chercher pour te remercier, mais… » Elle baissa la tête. « Je passe tellement de temps dans la bibliothèque à apprendre des choses qui ne vont pas me servir à grand-chose… Et je n’en sors que pour aller faire un tour dehors avec Vegeta, en fait… » Elle se passa une main dans les cheveux, effarée. « Et voilà, j’en reviens toujours au même point, peu importe la façon dont je réfléchisse ! Je ne connais rien de la planète Vegeta, ni des Saiyens… Alors que je voulais en apprendre le plus possible sur vous tous… » Elle se laissa aller sur la table qui avait été installée dans sa cellule. « C’est lamentable… »

Bardack la regarda soliloquer sans rien dire, ne comprenant pas quel pouvait être son problème. Voyant qu’elle avait fini par se taire, il décida de relancer la conversation : « C’est chouette que vous vous soyez réconciliés avec Son Altesse Vegeta, l’autre fois ! »
Joanna se redressa brusquement. « Comment tu l’as appelé ?
-Son Altesse Vegeta. » L’adolescent lui fit un grand sourire espiègle.
Pour un peu la surprise l’aurait faite tomber de sa chaise. « Co-comment ça se fait que tu l’appelles comme ça ?
-Il n’y a plus que les plus vieux qui l’appellent encore Son Altesse Trente-Deuxième ! » Lui apprit le garçon. « Il a lui-même demandé à être appelé Vegeta, et non plus Trente-Deux.
-Je sens qu’on va dire que c’est de ma faute…

-Carrément ! Mais c’est plus sympa comme ça, on trouve, mes copains et moi ! Dis, dis, il paraît que tu as rencontré Freezer ? »
Elle se laissa de nouveau aller sur la table, un peu déprimée de devoir y repenser. « C’est même pour ça que je suis ici, je te signale…
-Oui, il paraît que tu as fait une super grosse gaffe, que tu as tordu une étiquette en sa présence. Mais c’était quoi, cette étiquette ? Il y avait quoi, d’écrit dessus ? »

Joanna regarda le garçon de douze ou treize ans avec stupeur, puis partit dans un fou-rire incontrôlable. Il attendit patiemment, curieux, de savoir ce qui avait bien pu la rendre ainsi hilare.
« Excuse-moi, Bardack, mais je ne m’attendais tellement pas à… Je n’ai pas tordu d’étiquette, j’ai fait une entorse à l’étiquette.
-Quand on se fait une entorse à la cheville, c’est qu’on s’est tordu la cheville, non ?
-Oui, raisonnement imparable, » rit-elle de nouveau. « Mais là, l’étiquette, ce n’est pas une chose concrète. L’étiquette dont on parle, c’est un ensemble de règles à adopter en présence soit de supérieurs, soit d’étrangers, pour se montrer poli envers eux. C’est par exemple s’agenouiller devant Sa Majesté, l’appeler Sa Majesté, aussi, d’ailleurs… Attendre que Sa Majesté nous donne le droit de parler… Ou ne pas se trouver dans les appartements réservés aux invités quand ceux-ci viennent nous rendre visite. C’est un peu comme si on ne se connaissait pas du tout et que tu rentrais dans ta chambre pour découvrir que j’y suis entrée sans ton autorisation. Évidemment sans connaître le but de ma présence dans ta chambre. Ça pourrait être avec une intention hostile, qui sait ?
-Haaa, oui, je comprends mieux. Il n’a pas dû être très content, alors ?
-Non, en effet. C’est un miracle que je ne sois pas morte, d’ailleurs. Il paraît qu’il tue pour moins que cela.

-Dis, justement, il est comment ? » Continua d’interroger le jeune, fasciné.
« Terrifiant. » La métisse eut soudainement l’impression qu’une ombre glaciale venait de pénétrer dans la pièce.
« Hein ? » Bardack pencha la tête.
Joanna se ressaisit, en voyant l’air surpris de son interlocuteur. « Même moi qui ne suis pas une guerrière, j’ai pu sentir combien il semble fort et puissant.
-Ouaouh ! Et nous allons travailler avec quelqu’un d’aussi fort ? C’est formidable !
-Mais… Les Saiyens ne remplissaient pas déjà des contrats venant de lui ? » Elle était à son tour perplexe.
« Si, mais pas tant que ça, en fait. Une mission sur huit, je crois. Il paraît qu’il va maintenant être à l’origine d’une mission sur trois.
-Tu es drôlement bien renseigné, je trouve ?
-On nous a fait la leçon, ce matin. D’ailleurs, tu as été citée en exemple d’attitude à ne pas suivre, sauf si on voulait nous aussi finir en cellule. C’est parce que Freezer pourrait vouloir visiter notre planète. Il faut donc qu’on lui fasse bon accueil partout où il ira. »

Visiter la planète ou la chercher ? C’était une pensée bien prétentieuse, mais vu l’intérêt prononcé envers sa personne qu’il avait marqué la veille, elle ne pouvait s’empêcher de l’avoir.
« Oh, il est temps que je m’en aille, sinon je vais me faire punir ! » L’adolescent tourna les talons en la saluant de la main.
« Bardack, attends ! » L’interpella-t-elle. Il se tourna vers elle, attentif. « Est-ce-que… Tu crois que tu pourrais revenir demain ? » Lui demanda-t-elle timidement.
Il lui sourit, heureux. « Bien sûr ! … Je pourrai amener mes amis ?
-Ils seront les bienvenus. J’ai envie de connaître plein de personnes.
-Super ! Alors à demain ! » Il était parti, la laissant de nouveau seule face à ses lignes.



Et le lendemain, il n’avait pas manqué à sa parole.
« Bonjour, Joanna ! Je t’avais dit que je reviendrais !
-Bardack ! Bonjour ! » Elle avisa les quatre jeunes Saiyens qui l’accompagnaient et qui arboraient des airs impressionnés. « Bonjour, je suis ravie de faire votre connaissance à tous, » les salua-t-elle.
Ils marmonnèrent tous de vagues « bonjour » en retour.
Bardack s’occupa des présentations : d’abord son meilleur ami, un garçon un petit peu plus âgé que lui, qui répondait au nom de Toma, et qui était un grand dégingandé. Il devait avoir subi une poussée de croissance assez récemment, et se mouvait comme s’il avait les bras et les jambes d’un autre. Il salua plutôt timidement.

Puis une adolescente à peine plus jeune que le prince, aux épais cheveux longs, appelée Cicoka, s’avança. Elle n’avait pas l’air très aimable et semblait même du genre buté. A côté d’elle se trouvait une autre fille, plutôt de l’âge de Bardack ; ses cheveux courts encadraient un visage résolu au regard malicieux. Elle ne laissa pas son ami la présenter, et préféra donner elle-même son nom, Selipa. Elle tira même la dernière venue de derrière leur groupe pour lui permettre de bien voir la métisse. Joanna sursauta en la voyant. Il s’agissait de la biche insaisissable qui lui apportait ses repas. Elle avait vraiment un quelque chose de différent des autres d’indéfinissable.

« Et toi, quel est ton nom ? » Lui demanda la prisonnière, charmée.
« Gine, mademoiselle. » Elle était toute intimidée et avait rougi d’avoir été ainsi mise en avant.
« Et tu ne sais pas la meilleur, Joanna ! » S’exclama Bardack.
« Mais je sens que tu vas me la dire…
-Elle est une rang D ! »
La métisse regarda l’adolescent sans comprendre. « Et ? » Finit-elle par demander, comme il ne semblait pas vouloir continuer sa pensée.
« Et elle est venue te voir ! » Conclut-il fièrement.
« C’est pour moi un honneur de tous vous rencontrer, cependant je ne saisis pas ce que tu veux dire, Bardack…
-C’est une rang D, elle travaille aux cuisines. C’est pas une guerrière, quoi.
-Ca, je l’avais compris…

-Bardack veut dire que nos autres camarades ont tous trouvé quelque chose d’urgent à faire quand il nous a proposé de venir vous voir, mademoiselle, » intervint Toma. « Alors qu’on avait une pause.
-Ha, là, je saisis mieux… Donc les fiers jeunes guerriers ont eu peur de venir me voir, alors qu’une faible cuisinière en a eu le courage, c’est bien ça ?
-Oui ! » Bardack était tout content. « Et en plus, elle est loin d’être bête ! Je suis sûr qu’elle aurait pu être avec toi dans la CP si elle l’avait voulu. »
La fillette rougit encore plus.
« Et tu n’as pas voulu ? » Lui demanda doucement Joanna.
« Paragus voulait tellement y aller, » expliqua-t-elle en regardant ses pieds. « Et il n’y avait qu’une seule place à pourvoir… Alors…
-Peuh ! Paragus n’est qu’un abruti ! Je suis sûr que tu aurais été meilleure que lui ! » Râla Bardack. « Il fait tellement son fier, d’être dans la CP !

-Mais il a de quoi être fier, tu sais, Bardack, » répondit Joanna en lui souriant.
« Ha, pardon, c’est vrai que tu en fais partie…
-Je n’ai pas dit cela dans ce sens. Je côtoie Paragus tous les jours, comme tu t’en doutes. Oui, il est un peu fanfaron, parfois il est même insupportable, avec sa langue trop bien pendue, mais il travaille très dur. Il n’a pas cherché à aller dans la Classe Particulière juste pour la gloire que ça pouvait lui attirer. Bien au contraire. Je me demande même s’il ne serait pas l’un des plus bosseurs de la section. »
Bardack se rembrunit à entendre toutes ces éloges.

« Par contre, si tu ne le supportes pas, évite-le. Tu vois, je ne te demande même pas d’essayer de sympathiser avec lui. » Elle lui fit un clin d’œil.
« Encore heureux ! Il n’aurait plus manqué que ça… N’empêche que Gine aurait été meilleure que lui, » bougonna-t-il.
Joanna regarda la fillette. « Et toi, Gine, tu avais envie d’y aller, au Cour Particulier ?
-Non, mademoiselle. La vie dans les cuisines me suffit. On y est au calme. » L’enfant fut surprise lorsque la métisse passa un bras à travers les barreaux pour lui caresser affectueusement la tête.
« Tu es intelligente, et aussi sage, Gine, » la complimenta Joanna. « Tout le monde ne pense pas forcément qu’une vie simple est aussi une vie enrichissante, et que l’on trouve plus facilement le bonheur en sachant se contenter de ce que l’on a. »

La petite fille lui sourit en retour, ravie d’être ainsi complimentée.
« Au fait, vous n’avez rien à craindre à venir me voir. Je me suis renseignée, et il n’y a aucune interdiction au niveau des visites, » les informa-t-elle.
« Quoi ?! » S’exclama Selipa, dépitée. « Mince, moi qui espérais montrer ma bravoure… »
Cela fit rire ses camarades, et elle ne put rester longtemps sans se joindre à eux.
Joanna ne pouvait s’empêcher de sourire.
« Bah, tu l’as prouvée, » rappela-t-elle tout de même. « Après tout, tu as pris ta décision quand personne ne savait que c’était autorisé.
-Ah oui ! » Se réjouit-elle. « Ha ! Je vais leur montrer, que Selipa n’est pas une mauviette !
-Quelqu’un t’a traité de mauviette ? » S’étonna Joanna.
« Non, mais comme ça ils auront encore moins l’opportunité de s’y risquer ! »
Cette fois, Joanna se joignit à l’hilarité générale.

« Au fait, les jeunes, vous êtes quel rang ? » S’enquit la métisse, une fois tout le monde calmé.
Ce fut encore Bardack qui répondit pour les autres : « Gine est rang D, Cicoka est rang B -, Selipa est rang B +, et Toma et moi on est rang B ++.
-C’est quoi, ces histoires de moins et de plus ?
-C’est un moyen officieux de savoir où on est dans son rang. Pour les rangs B, par exemple, les B sont dans la moyenne, les B - sont dans la moitié inférieure, et les B + dans la moitié supérieure. Quand le moins et le plus sont doublés, c’est qu’on se rapproche de la limite inférieure ou supérieure. Toma et moi, quand on sera plus grands, on intègrera le rang A ! Il n’y a que des B ++ qui le peuvent. Mais comme le nombre de places en rang A est limité, et qu’on n’a pas fait nos preuves, pour le moment… » Le jeune leva les bras en signe de fatalité.
Joanna hocha la tête, montrant qu’elle comprenait. « Et vos camarades, ils sont de quel rang ?
-Il y a du C et du B. On n’est pas suffisamment nombreux pour faire des groupes de niveaux. »

La métisse hocha la tête en signe de compréhension. Elle avait entendu dire que les Saiyens n’avaient pas un bon taux de reproduction : la population ne s’élevait qu’à quelques dizaines de milliers d’individus, dont une bonne partie était en permanence en déplacement à des coins divers de l’univers pour répondre aux contrats de conquête et destruction passés par leur roi, ce qui ne facilitait pas les rencontres. Les Saiyens tombaient amoureux, se mettaient en couple -parfois plus ou moins libres-, mais les femmes ayant la même culture du combat que les hommes, l’idée même de ne pas pouvoir profiter du plaisir de la compétition physique faisait effet de contraceptif. Lorsqu’une Saiyenne tombait enceinte, elle devait soit rester sur la planète Vegeta jusqu’à l’accouchement, soit y revenir au plus vite, sans quoi elle allait devoir s’occuper elle-même du bébé jusqu’à pouvoir le confier aux couveuses de la nurserie. Il n’était pas culturel chez les Saiyens que les parents s’occupent de leurs enfants, et de toute façon rares étaient ceux qui en avaient envie. Par conséquent, les enfants, de leur naissance jusqu’à ce que leur destinée soit décidée, grandissaient dans des couveuses ; une partie était envoyée sur des planètes lointaines faciles à conquérir, puis récupérée au gré des conquêtes de leurs aînés, ou parfois oubliée sur les terres désolées qu’elle avait dévasté. L’autre partie restait sur le sol natal pour être entraînée et devenir membre de l’élite.

Toma tapa le bras de son ami. « Faut qu’on y aille, Bardack, ou on va se faire attraper !
-Zut ! »
Ce fut la débandade. Les jeunes guerriers partirent en courant sans penser à saluer la captive.
« Euh… Au revoir ! » Leur cria tout de même Joanna. « Et dites bien aux autres que je serai contente de voir n’importe qui !
-Même ceux des cuisines ? » Fit une petite voix.
La métisse se tourna et découvrit que la plus jeune était toujours là.
« Gine ? Tu n’es pas partie ?
-J’ai encore un peu de temps… Je vais rentrer aux cuisines tranquillement.
-D’accord. Et oui, même ceux qui sont aux cuisines peuvent venir me voir. Et ceux qui s’occupent de l’entretien. Je serai contente, peu importe la personne qui viendra me voir. Dis… Tu ne t’enfuiras plus, maintenant, quand tu m’apporteras à manger ? »
La fillette secoua la tête en souriant. « Maintenant que je sais que je ne risque rien des gardes, je n’ai plus de raison de fuir.

-Est-ce-que je peux abuser… ?
-Comment ça ? » La candeur du jeune visage était une vraie source de bonheur.
Pour le coup ce fut Joanna qui fut intimidée. Elle croisa ses bras et se frotta machinalement un bras en détournant le regard. « Est-ce-que parfois tu pourrais manger avec moi ? Je me sens un peu seule, ici…
-D’accord ! » La fillette s’éloigna en la saluant, contente.
Avoir eu autant de monde avait fait prendre conscience à la métisse combien l’isolement et la solitude lui pesaient, bien plus que la perte de ses privilèges. Elle avait le sentiment de ne pas avoir été aussi seule depuis des années, depuis… Non, ce n’était pas la première fois qu’elle était ainsi mise à l’écart. Elle se concentra sur Bardack, Gine et leurs amis, sur la famille royale, sur Takenoko et Aujin. Non, elle n’était pas seule. Même si tous n’étaient pas vraiment ses amis, elle n’était pas seule.
La peur de la solitude la tourmenta plus cette nuit-là que la peur instaurée par le mécène galactique.



Au cours des jours qui suivirent Joanna n’eut finalement, comme visites, que celles de la troupe de Bardack. Cicoka n’était passée que deux fois la voir, pour la regarder en silence, ce qui avait mis la métisse mal à l’aise ; Selipa et Toma venaient tantôt seuls, tantôt avec Bardack, qui était, après Gine, celui qui passait le plus souvent. Mais l’apprentie cuisinière était la plus fréquemment là, mangeant de plus en plus souvent en sa compagnie.
L’enfant avait été très timide au début, mais elle s’était vite révélée être une fillette enjouée et vive d’esprit. Joanna déplorait d’autant plus son absence des Cours Particuliers qu’elle constatait que Gine était aussi du genre curieuse de tout et intéressée d’apprendre ce qu’elle pouvait.
« Mais elle aime ce qu’elle fait, alors comme elle n’est pas malheureuse, inutile de m’en mêler… » Soupira la métisse dans le silence de sa cellule.



Elle voyait donc, chaque jour, Takenoko, Aujin, les soldats de garde et les enfants, mais le cinquième jour elle eut droit à une visite extraordinaire.
« Il n’est pas bon être prisonnier chez les Saiyens, » fit une voix très désagréable à l’entrée de la cellule.
Joanna se leva précipitamment en l’entendant, renversant table, feuilles et encrier sur le sol dans sa précipitation. « Que faites-vous ici ? » Demanda-t-elle, le cœur battant de peur au point qu’elle avait l’impression qu’il allait lui sortir de la poitrine. Elle réussit à se reprendre suffisamment pour rajouter : « Seigneur Freezer. »

« Je visite, » lui répondit-il le plus simplement du monde, un sourire glacial sur les lèvres. « Cette cité est vaste, au point que je n’ai pas su voir la limite entre la partie qui composait le palais et le reste… Il semblerait que je me sois perdu. » Il semblait plutôt amusé.
« Si ce n’est que cela, Seigneur, veuillez prendre le passage à gauche. » Joanna ne bougeait pas du fond de sa cellule. « Après avoir un petit peu marché tout droit, vous rencontrerez des gardes qui vous reconduiront au palais.

-Il n’est pas bon être prisonnier chez les Saiyens, » reprit l’étranger.
« Vous l’avez déjà mentionné tout à l’heure… » Souligna la prisonnière, méfiante.
« Ces cellules sont perdues très loin… » Semblait réfléchir son interlocuteur. « Comme si on voulait oublier, ou faire disparaître ceux qui y sont enfermés…
-Ou peut-être parce qu’il y a d’autres structures bien plus importantes à mettre au plus près du cœur de la cité, Seigneur ? » Le contra-t-elle.

Il cessa de sourire et la regarda. « Viens avec moi. »
Joanna déglutit. « Je suis enfermée ici parce que j’ai commis une faute grave à votre encontre, Seigneur. Je n’en sortirai qu’une fois ma peine purgée.
-C’est parce que ton roi te l’a ordonné ? Je suis l’offensé, dans cette affaire. Si je parle en ta faveur, je peux te faire sortir. »

La métisse faisait son possible pour ne pas se laisser envahir par la pure terreur qui la glaçait. Pourquoi voulait-il autant qu’elle sorte de cette cellule ? Pourquoi avait-il pris le risque de créer un incident diplomatique en venant la chercher ? « C’est avant tout une question d’honneur, Seigneur, » réussit-elle à dire. Elle se mordit la lèvre sitôt ces paroles prononcées. C’était une raison vraiment stupide, mais c’était la seule idée qui lui soit venue…

« L’honneur… » Freezer semblait goûter ce mot, le retourner dans sa bouche, le savourer. « Il est vrai que les Saiyens sont très fiers. Soit, dans ce cas. Je ne voudrais pas salir ton honneur en te faisant sortir trop tôt. »
Joanna se détendit légèrement en l’entendant prononcer ces mots.
« Dans ce cas, je te dis à la prochaine fois, ma chère Joanna. » Le regard qu’il lui lança avant de partir sembla la transpercer. Elle avait montré sa fierté, et cela lui avait procuré du plaisir. La perversité de son regard allait la hanter durant bien des nuits.


Bonus :
Spoiler
Cikoka : topinambour en Croate
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Heika
 
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 16

Messagepar xela26 le Jeu Juin 27, 2019 22:29

Bon retour parmi nous Heika,

J'ai lu le chap il y a quelques jours déjà. Le hiatus ne s'est pas trop fait sentir, enfin pour moi, on se rappelle des derniers évènement facilement.
Que dire de plus. à part que je ne m'attendais pas, comme beaucoup je pense, à une deuxième session Freezer Johanna. Bref, espérons que la suite vienne plus rapidement :mrgreen:
Cell: l'ascension de la terreur- Cell a vaincu Son Gohan lors du Cell game!! Quel sort réserve-t-il à la Terre?? Pour le savoir....viewtopic.php?f=42&t=5990
Chapitre 138: publié
Chapitre 139- 145: 90%- relecture, correction

Cell: Damned Souls- Les aventures parallèles de héros de "l’ascension de la terreur". Pour les connaitre:
viewtopic.php?f=42&t=6774
abandonnée
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 16

Messagepar Masenko le Mar Sep 03, 2019 22:27

Olaaa Heikaaa

Tu te souviens de moi ? :p ça fait longtemps, certes et on a beau être vieille... Je crois que notre mémoire n'est pas encore totalement entamée !

Sache que je n'oublie pas de lire ton histoire... J'ai eu une baisse de régime, certes, j'ai même relu certains chapitres plusieurs fois (ben ouais, plusieurs mois après j'avais oublié des trucs :( )

Et donc, je suis à jour mais je ne trouvais pas le temps/la motivation/l'idée de te commenter...

Je ne voulais pas te faire un p'tit com' tu vois, ton histoire mérite mieux !

Elle est toujours aussi spéciale, je crois que, avec les fics d'Omurah, c'est la fic la plus décalée que j'aie pu lire...

Ton écriture est toujours aussi bonne, toujours aussi soignée, toujours l'opposé de moi :D

La relation entre Jojo et Végéta m'intrigue toujours autant... Amour, amitié ... Avec Végéta père aussi ça m'épate comment ils se considèrent. J'ai mis de nombreux chapitres à m'y faire, tellement c'est original et osé ! à présent, leurs relations me sont familière alors ça m'aide à d'autant plus apprécier la suite et à m'interroger sur la suite du déroulement de l'histoire...

Ces rencontres avec Frifri sont glaçantes ! Et à l'instar des autres relations que ton héroïne tissent, celle-là est également bluffante d'ingéniosité, je me demande où tout ça va nous mener...

Ton petit Baba est bien sympatoche :D ainsi que les petits OC... y'a juste Paragus qui me perturbe un peu, j'ai du mal à le cerner (mais j'avais déjà du mal à cerner le personnage d'origine donc s'po ta faute...)

Et je trouve que ta fic totalement originale et inimaginable a un avantage indéniable : peu de chance d'être déçu sur le dénouement étant donné que tout est surprenant et inattendu !!! ;) et c'est ça qu'est cool ! :D (avant j'avais trop tendance à essayer de la rattacher à quelque chose de familier, là je lâche prise et je profite juste)

Voilà voilà, je vais m'arrêter là et j'espère que ça va t'encourager suffisamment pour nous amener la suiiiiite dans pas trop longtemps :) (et te commenter ça m'encourage à continuer à avancer dans la suite de l'écriture d'AGP ... Ouioui, tu as bien lu... J'ai repris...)
- Masenko -


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Chapitre 14 : Super Trahison

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