Comme pour les chapitres 8 et 9, si je les laisse vraiment reposer le temps qu'il faudrait pour qu'ils puissent être peaufinés, il faudrait attendre six mois.
Et je n'ai pas envie.
Alors je vous balance le chapitre 10, avec un paragraphe plein d'erreurs de temps et de maladresses.
Le reste avait été écrit bien avant et n'a pas eu beaucoup de retouches, donc il devrait être à peu près correct. Désolée par avance si ce n'est pas le cas... 'x'
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-10-
La porte s’ouvrit brusquement et une personne entra sans se faire annoncer. Le roi retira prestement sa main pour se tourner, outré, vers l’importun ; Joanna ne put s’empêcher de s’écarter précipitamment en rougissant, aussi gênée que s’ils venaient d’être pris sur le fait dans une position embarrassante. C’était en effet un moment intime qui venait d’être interrompu, mais pas du même ordre…
« En voilà, des manières ! »
Face au souverain courroucé, sa silhouette bloquant l’accès vers l’extérieur, Trente-Deuxième regardait le tableau qui s’offrait à lui d’un œil sombre. « C’est moi qui l’ai trouvée et ramenée, » répondit-il enfin à son grand-père. « Elle est à moi. Vous ne pouvez pas en faire ce que bon vous semblera.
-Je suis ton roi, jeune impertinent, » lui répondit le vieil homme d’un ton froid. « Je décide, et tu dois te plier à ma volonté.
-Alors peut-être est-il temps de couronner un nouveau roi, dans ce cas, » répondit le jeune avec un sourire carnassier.
Yeux dans les yeux, les deux hommes bandèrent leurs muscles, prêts à en découdre à la première étincelle qui enflammerait l’ambiance soudainement électrique.
« Non, Vegeta ! Ce serait une terrible erreur ! »
Joanna s’interposa immédiatement entre les deux hommes. Le prince sembla choqué de la voir réagir ainsi. Elle lui faisait face, le dos collé au torse royal, les mains agrippant les gants blancs derrière elle. La trahison qu’il ressentit face à cette scène détourna son attention vers elle, et instantanément la stupeur laissa place à une colère froide. « Tu as donc choisi ton camp, à ce que je vois ?
-Quel camp ? Je ne comprends rien, Vegeta ! Majesté a décidé que je resterai ici, auprès de vous ! C’est une bonne nouvelle, non ? Je pourrai vous voir tous les jours, tous les deux ! C’est une bonne nouvelle, non ? »
L’adolescent ne sut que répondre, déstabilisé. Il regarda son grand-père pour avoir la confirmation.
« Elle est ma protégée. Elle restera auprès de moi. Je ne t’ai jamais mentionné. » Trentième regretta ses paroles sitôt prononcées, mais non seulement il ne changea pas pour autant son attitude hautaine et méprisante, mais il ne put s’empêcher d’appuyer ses propos en posant une main possessive sur la frêle épaule. Tout comme son petit-fils s’était senti blessé en voyant la proximité physique entre Joanna et le roi, il avait ressenti une pique de jalousie en entendant la jeune femme l’appeler Vegeta au lieu de Trente-Deuxième. Parler des rois et princes en utilisant leur place dans la succession avait été très pratique pour les différencier les uns des autres, puisqu’ils portaient tous le même nom, mais au final ils s’étaient retrouvés en quelque sorte privés de leur individualité, ils n’étaient plus devenus que des numéros… Et il avait l’impression qu’elle avait reconnu son petit-fils en tant qu’être, mais pas lui.
Trente-Deuxième regarda le monarque un instant comme s’il venait d’être giflé, puis sortit sans rien dire, le visage déformé par la haine.
Joanna voulut le suivre, mais Trentième la retint. « Nous n’avons pas terminé de déjeuner.
-Je refuse de croire que vous avez parlé sérieusement. » Elle le défia du regard de le contredire.
« Et si c’était le cas ? Pourquoi te partagerais-je avec lui ?
-Il est votre unique descendant, votre petit-fils, l’enfant de votre précieux fils disparu ! Vous qui vous sentez si seul, pourquoi le rejetez-vous de la sorte ?
-Il est entré dans ma chambre sans s’annoncer ni y avoir été invité ! » Trentième, déstabilisé par cette attaque verbale sur un point sensible qu’il pensait caché, n’avait rien trouvé que cette défense d’enfant pris en faute.
« Oui, il a eu tort, mais de là à réagir ainsi… ! » Elle plissa les yeux en prenant un air fâché sans quitter l’homme du regard. « Ah, et d’ailleurs c’était vraiment un sale coup, de vous servir de moi ainsi ! Je n’appartiens à personne ! C’est moi qui décide de mes amitiés ! » L’inquiétude balaya instantanément sa pseudo colère. « Et on dirait que vous le détestez ! Ce n’est pas possible, dites-moi que je me suis trompée ! Alors que lui était si bouleversé quand vous avez failli mourir… Voilà comment vous récompensez son attachement ? » Elle tourna la tête vers la porte en fronçant les sourcils, soucieuse. Elle se retenait clairement de partir à la poursuite du prince.
Le roi ne sut que répondre, choqué de se faire ainsi accuser. Pourquoi avait-elle donc dit qu’il détestait son héritier ? C’était faux…
Il l’entendit continuer, pour elle-même : « Ce n’est pas possible. Je me trompe. C’est obligé. Il y a un malentendu quelque part. »
Elle lui fit de nouveau face. Il put lire dans son regard la confiance qu’elle lui portait, qu’elle portait en ses sentiments envers son descendant.
« Ne vous inquiétez pas, Majesté. Je ferai tout pour régler ce problème. Je suis aussi là pour ça. »
Avec un sourire qu’elle espérait rassurant, elle sortit à la recherche de Vegeta, laissant un Trentième seul, un peu hagard.
Il se laissa tomber sur la chaise la plus proche, hébété. Cela faisait plus de trente ans qu’il ne s’était pas retrouvé aussi impuissant dans une situation de conflit… Il devait finalement être encore bien faible, si ce n’était dans son corps, au moins dans sa tête.
Un visage lui revint en mémoire, lui tirant un sourire nostalgique. Haaa… Oui, il avait eu le don de le désarmer, à lui tenir tête avec amour et confiance… Comme quoi, elle n’avait peut-être pas ses traits, mais elle avait au moins un peu son caractère…
Il ne fut pas aisé pour Joanna de poursuivre le prince : elle dut demander aux gardes du hall, puis à ceux du couloir par où il était passé, et quelle direction il avait prise, puis elle avait fait son possible pour interroger les gens qu’elle croisait, mais elle se heurta le plus souvent à des silences surpris et du dédain. A court d’idées, elle avança au hasard en scandant son nom dans les couloirs.
« C’est notre prince, que tu appelles ainsi ? » S’enquit un préadolescent. Il était entouré d’une dizaine d’autres jeunes entre treize et dix-huit ans. Quelque chose dans son visage et sa coupe de cheveux semblait familier à la jeune femme.
« Hé, Bardack, qu’est-ce-que tu fiches ? » L’interpella un de ses camarades.
« Je vous rejoindrai ! » Répondit-il. Le reste du groupe ne semblait pas très chaud de rester en présence de la métisse, et préféra continuer sa route.
« Tu es la nouvelle, c’est bien ça ? La protégée de Sa Majesté ?
-Oui… Pourquoi tu n’es pas resté avec tes amis ?
-Pour t’aider. Je trouve ta façon d’appeler Son Altesse des plus intéressantes.
-Je présume que le Vegeta était de trop… ?
-Possible. Moi, je trouve ça original. » Il la prit par le poignet. « Viens. On va d’abord voir s’il n’est pas en train de s’entraîner. »
Il l’entraîna dans les couloirs jusqu’à une salle remplie de moniteurs très différente de la zone médico-scientifique. Des êtres de races très différentes se tenaient derrière les consoles de mesures tournées vers trois portes donnant sur de vastes salles. L’une d’entre elles avait porte close.
« Est-ce-que Son Altesse est venue s’entraîner, aujourd’hui ? » Demanda le jeune Saiyen.
« Oui, elle est actuellement occupée avec Aujin, en salle 1, » répondit un homme. « Faut-il que je les interrompe ?
-Non, non, ce sera inutile, il n’y a rien d’important ! » Bardack sembla soudainement un peu paniqué. « Bon, tu sais où est Son Altesse, il ne te reste plus qu’à attendre ! Il risque d’en avoir pour un moment, par contre. Bonne chance !
-Tu ne restes pas ?
-J’ai des entraînements à poursuivre, il faut que j’y aille ! Tu me raconteras, comment il prend les ‘Prince Vegeta’ ? » Termina-t-il en s’éloignant en courant, sans lui laisser le temps de répondre.
Un peu étourdie par le brusque départ du garçon, elle s’assit sur un siège. Elle n’avait nulle part où aller, de toute façon.
Autant en profiter pour faire le point, se dit-elle. La dernière heure avait été plutôt éprouvante.
« Majesté, » se risqua-t-elle enfin, « que comptez-vous faire de moi ? Avez-vous décidé quelque chose ? Je vais partir dans une usine, c’est ça ? Ou aux cuisines ? »
N’y tenant plus, elle avait lancé l’assaut. Cela faisait une bonne vingtaine de minutes qu’il prenait un malin plaisir à la faire poireauter en lui faisant l’éloge de sa table, et elle avait fini par craquer.
Le badinage n’avait jamais été son fort. Elle ne savait pas si une attaque directe était vraiment la solution, mais elle lui avait semblé préférable à une tentative d’approche détournée et très maladroite.
De toute façon, elle était alors trop stressée pour agir avec prudence. Elle avait trop en jeu pour réussir à se calmer…
Le roi s’était levé et avait contourné lentement la table, jusqu’à être à trois pas d’elle. Que pouvait-il donc bien lui vouloir, à se rapprocher ainsi ? Les yeux sur son assiette, elle avait dégluti silencieusement, encore plus stressée par cette attitude étrange.
Et il s’était arrêté… Elle avait attendu une minute, puis deux, mais il était resté où il était… La perplexité chassant la peur, elle avait alors levé la tête pour le regarder. Elle avait d’abord tressailli de surprise en le voyant la fixer, mais finalement ce n’était pas elle qu’il était alors en train de regarder… Il lui avait semblé perdu dans ses pensées. Pensées apparemment pas très agréables, vu la grimace qu’il avait soudainement faite. A quoi pouvait-il donc bien réfléchir, s’était-elle demandé en penchant la tête ?
Son mouvement n’était apparemment pas passé inaperçu, comme le roi avait semblé revenir à lui pour la scruter avec attention, la rendant de nouveau mal à l’aise.
« Et que devrais-je faire de toi ? »
Il avait posé sa question de ce ton de bavardage anodin qu’il semblait tant apprécier tout en se postant dans son dos.
Elle s’était immédiatement mise sur ses gardes, incertaine quant à ce qu’il allait faire. Contre toute attente il avait alors posé ses mains sur ses épaules, la faisant sursauter. Elle avait heureusement réussi à contrôler son instinct qui lui avait alors commandé de fuir, quitte à attaquer si elle avait été retenue. Cela n’aurait pas servi son plan… Mais oui, son plan ! Il fallait absolument qu’elle ne le perde pas de vue.
« Votre Majesté… » Le moment était venu de se lancer. Elle n’avait écouté le roi parler nourriture que d’une oreille, tentant en même temps de réfléchir aux arguments à avancer pour parvenir à son but. « Je… Je ne sais pas en quoi je pourrai vous être utile… Je n’ai pas la force de votre peuple, je ne connais pas mes capacités, ni si elles pourraient être utilisables, mais je vous promets d’apprendre et de chercher en quoi je pourrai vous être indispensable… J’ai compris que mon souhait de rentrer sur ma planète n’est pas envisageable, alors… Alors si j’avais la possibilité d’exprimer un vœu, ce serait de pouvoir rester auprès de vous, Majesté. »
Elle avait pesté intérieurement : elle n’avait pas pu s’empêcher de mentionner le fait qu’elle désirait en premier lieu retrouver son monde, au cas où… Au cas où quoi ? Qu’il eut été plus clément avec elle qu’avec les esclaves ou qui que ce fut sur ce monde ? Elle s’était trouvée pitoyable d’espérer ainsi un traitement de faveur impossible à obtenir et que tant ici espéraient.
Mais au moins elle avait réussi à dire ce qu’elle avait voulu, malgré tout.
Qu’est-ce-qui avait bien pu surprendre le plus le roi dans ce qu’elle avait dit ? Elle l’avait senti se crisper très légèrement. Il avait un contrôle de lui-même des plus impressionnants…
« Tu désires donc partager mon lit ? »
C’était donc bien sa demande de rester avec lui qui l’avait étonné… Pourquoi cela l’avait-il autant surpris ? … Et pourquoi avait-il voulu lui prêter son lit ? Il n’y avait donc pas assez de couchages, sur ce monde ? Ou l’avait-il cru si fragile qu’elle ne pouvait se contenter des lits classiques de cette planète ?
Un doute l’avait soudainement habitée : peut-être étaient-ils vraiment particuliers, lesdits lits… Dans le doute, elle avait fait dévier l’échange vers le fauteuil qu’elle avait vu dans un coin. Comme ça, si jamais les lits dits normaux étaient trop bizarres, elle aurait au moins eu ce fauteuil qui semblait tout à fait normal.
Le roi avait dû lui aussi trouver cette histoire de lit très décalée, car il était revenu au sujet principal de façon directe :
« Pourquoi veux-tu donc rester auprès de moi ?
-Je veux vous protéger. »
Elle avait immédiatement repris son sérieux pour lui répondre. On ne jouait plus. La lutte était de nouveau engagée, et là elle ne se terminerait que sur sa victoire ou sa défaite.
Il avait ri avec un peu de mépris.
« Toi, me protéger ? Et de quel terrible danger vas-tu donc me protéger, avec ta misérable force ? »
Il ne la croyait donc pas capable de l’aider...
« De votre solitude. »
Elle n’avait pas voulu s’avouer vaincue.
Ils s’étaient regardés droit dans les yeux.
Le premier à rompre le contact visuel aurait perdu.
Elle avait senti son cœur battre à tout rompre, au point qu’elle avait eu l’impression qu’il était remonté dans sa gorge, tandis que l’homme avait reculé, effrayé. Elle avait pris l’avantage.
« Et que sais-tu donc de ma solitude ? »
Il avait peur.
Elle s’était levée lentement, avec prudence. Les créatures effrayées étaient toujours les plus dangereuses, car leurs réactions étaient imprévisibles.
Que savait-elle de sa solitude ?
Tandis qu’elle se battait pour le faire revenir, alors qu’elle tentait de rallumer sa vie, elle s’était sentie à chaque minute plus étouffée par l’idée de se retrouver seule, abandonnée de nouveau par des êtres aimés. Qui avait-elle donc déjà pu perdre ? Combien de proches avait-elle donc vu s’éteindre et la laisser en arrière ?
Lorsqu’elle soufflait en vain dans ses poumons, les yeux fermés, elle avait eu l’impression qu’elle et le roi étaient des miroirs reflétant la même douleur. Sauf que lui ne voulait plus avancer. Il voulait tout abandonner pour suivre une autre route, tandis qu’elle, elle se tenait toujours sur la route de la vie. Elle avait ponctué chaque appui de ses mains sur sa cage thoracique par des appels désespérés qu’elle entendait encore résonner à ses oreilles : « Ne me laissez pas ! Ne m’abandonnez pas ! Je vous en supplie, revenez ! »
Elle savait qu’il était parti très loin, peut-être trop loin, mais elle n’avait pu s’empêcher de lutter de toutes ses forces en priant intérieurement pour qu’un miracle s’accomplisse…
« Elle vous a tué. »
Elle connaissait bien cette sensation d’avoir un trou dans la poitrine, quand un être très cher, une part de soi était arrachée. « Elle a rongé votre cœur et vidé votre âme. Vous vouliez mourir. Vous étiez sur le point de franchir le point de non retour. »
Pour ne pas accentuer le malaise du roi, elle avait préféré poser une main sur son cœur plutôt que sur son plexus, véritable centre de son être, là d’où la douleur irradiait, mais même ainsi elle avait été repoussée d’une claque sèche sur sa main.
« Je n’ai que faire de ta pitié ! »
La peur avait rendu l’homme agressif, mais cela ne l’avait nullement impressionnée. Beaucoup plus assurée, elle lui avait répondu, sans jamais rompre le contact visuel.
« Je n’ai pas de temps à perdre à vous prendre en pitié. Ce serait vous insulter que de s’apitoyer sur votre sort. Je veux rester auprès de vous, pour que vous sachiez que vous n’êtes plus seul. »
Et qu’elle non plus ne le soit plus, mais elle ne pouvait le dire à voix haute… l’inquiétude l’avait de nouveau gagnée : allait-il accepter son aide et l’aider par la même occasion ?
Le silence dans lequel le roi s’était plongé durant de longues secondes n’avait fait qu’accroître son angoisse.
« En quoi ta présence à mes côtés changera-t-elle quelque chose ? En quoi serait-elle différente de celle des gardes et des conseillers ? »
C’était vrai, à quoi allait-elle bien pouvoir lui servir, concrètement ? Pas à grand-chose, elle le savait. Mais l’avouer aurait été reconnaître sa défaite.
« Je voudrais pouvoir venir vous voir souvent, pour parler de tout et de rien avec vous, je voudrais vous voir rire, que vous me racontiez tout ce que vous voudrez bien me raconter, à défaut que moi je puisse vous raconter mes souvenirs… »
Elle avait détourné le regard, mal à l’aise. Elle savait que ses arguments étaient piètres et creux, et elle n’avait pu les énoncer en le regardant en face. Elle avait alors eu le sentiment d’avoir échoué, mais elle avait tout de même continué. « Je voudrais être là quand vous avez de la peine pour vous aider à la surmonter, vous aider à faire retomber votre colère… Être là pour vivre avec vous vos moments de joie et de peine, de lassitude et d’entrain… » Non, tout n’était pas perdu. Ce n’étaient pas de vagues prétextes sans fondement, elle pensait sincèrement chaque mot énoncé. Elle joignit les mains sur son cœur, rassemblant son courage. Il fallait absolument qu’elle réussisse à lui transmettre ses sentiments ! « Je… Je voudrais devenir votre amie…
-Absurde. Un roi n’a pas d’ami. »
Il n’avait pas pris le temps de réfléchir pour lui répondre cela. Il l’avait dit tellement machinalement que cela devait en effet être quelque chose de fermement ancré en lui. Elle en eut encore plus le cœur brisé.
Mais alors qu’elle avait cru la partie terminée et sa défaite annoncée, il avait levé une main vers elle et avait interrompu son geste, hésitant.
Il restait encore un espoir !
Il ne l’avait pas totalement repoussée… Il semblait lutter contre l’éducation dans laquelle il avait été si longtemps enfermé… Emue, elle chercha à l’encourager en frottant sa joue contre la paume, vague souvenir d’un être aimé qui avait fait ainsi des années auparavant…
« Tu auras ta chambre à toi, dans le couloir des invités, en attendant de décider de ce que je ferai de toi. »
Cela fonctionnait ? L’acceptait-il enfin auprès de lui ?
« Et je pourrais venir vous voir tous les jours ?
-Nous verrons. »
Il ne l’avait pas rejetée ! Il lui laissait une chance d’apprendre à se connaître…
Heureuse, elle avait appuyé un peu plus son visage ans le creux de sa main, et eut le bonheur de le sentir répondre enfin favorablement en lui caressant la joue de son pouce.
« Qu’est-ce-que tu fiches ici ? » Fit une voix familière et contrariée.
Elle se redressa d’un bond, gênée. Elle ne s’était pas rendue compte qu’elle s’était légèrement assoupie en l’attendant. « Vegeta ! Prince ! Je vous cherchais…
-Ah oui ? » Répondit-il en la dépassant tout en séchant sa sueur avec une serviette, sans accorder un regard à la visiteuse. « Tu ferais mieux de rentrer au plus vite dans la chambre de Sa Majesté, sans quoi elle va te punir. Tu l’as entendu, tout à l’heure : Grand-Père n’est pas du genre à prêter ses jouets. »
Joanna soupira de lassitude. « Je n’appartiens à personne. Est-ce-que l’un de vous deux pourrait enfin m’expliquer ce qui se passe, précisément ? Les rares fois où je vous vois en présence de votre grand-père, vous vous comportez comme deux étrangers ! Et encore, dans les bons jours, semble-t-il. Cette situation ne va tout de même pas s’éterniser éternellement, tout de même ?
-Non, jusqu’à ce qu’il claque pour de bon, » répondit le prince avec cynisme. Il s’arrêta pour faire face à la femme en croisant les bras, méprisant. « Observe donc bien, jusque là. Et je te conseille de le suivre, quand il crèvera. Je n’aime pas les jouets usagés.
-Puisque je vous dis que je ne suis le jouet de personne… » Répondit-elle avec lassitude tout en s’approchant. « Pourquoi réagissez-vous donc ainsi ? Pourtant vous aimez votre grand-p… » Une gifle la jeta au sol.
Trente-Deuxième regardait Joanna, horrifié. Elle ne bougeait plus. Il jeta des regards paniqués autour de lui, et constata que la pièce était vide, à la fois soulagé et encore plus paniqué. Aujin avait trouvé préférable qu’ils aient leur conversation en privé. Si seulement il s’en était rendu compte avant de la frapper ! Dire qu’il aurait tué sans sommation quiconque aurait levé la main sur elle, et là, par fierté et orgueil, il… Mais elle avait été sur le point de tenir des propos embarrassants en public, il avait fallu l’arrêter…
Il se pencha pour vérifier si elle était toujours vivante, et l’entendit avec soulagement grommeler de douleur. Il la regarda se redresser sans rien faire ; il se sentait trop minable pour avoir le droit de la toucher. Le sentiment de honte qui s’était emparé de lui était nouveau et très désagréable. Une part de son cœur se mit à en vouloir à la jeune femme de lui avoir fait découvrir une sensation aussi écœurante.
Joanna s’assit en boule, le dos appuyé au mur, une main couvrant la partie frappée de son visage, la joue qui avait été caressée par Trentième quelques heures plus tôt. De son œil visible des larmes coulaient.
« J’ai compris le message, Votre Altesse. Je ne chercherai plus à vous ennuyer par ma présence. » Le ton était amer, douloureux. « Quand Majesté mourra, vous n’aurez qu’à me donner un monoplace, et je dégagerai de votre planète. Comme ça, vous n’aurez plus à supporter ma compagnie. »
Étrangement, ces mots faisaient plus de mal à Trente-Deuxième que les coups reçus à l’entraînement. Une seule personne jusqu’à présent avait jamais réussi à lui infliger verbalement cette douleur, le roi son grand-père.
Ils restèrent ainsi sans bouger pendant quelques minutes.
Finalement, Joanna tendit sa main libre au Prince debout face à elle. Il la fixa sans savoir qu’en faire.
« Vous n’êtes finalement pas parti… » Lui dit-elle enfin en relevant la tête.
« Non, en effet.
-Pourquoi ? »
Il marqua une pause avant de lui répondre : « Parce que tu es à moi.
-Je croyais que je vous dégoûtais… Vous ne voulez même pas me prendre la main.
-Et moi je croyais que tu n'appartenais à personne, » rétorqua-t-il du tac au tac, un peu soulagé.
La femme soupira un peu, exaspérée. « Bon, je peux à la rigueur me prêter. Mais je choisis à qui. »
Il s’accroupit et mélangea ses doigts à ceux de la jeune femme avant de presser doucement sa paume contre la sienne. « Sais-tu pourquoi je t’ai frappée ?
-Parce que vous n’aimez pas qu’on vous dise des vérités qui vous dérangent. En même temps, peu de gens aiment ça… Mais tout le monde ne frappe pas pour montrer son mécontentement, vous savez ? Généralement, on crie ‘Silence !’ dans un cas pareil… »
Elle avait enfin baissé la main qui couvrait son visage. Sur sa joue enflée, un bleu se formait autour d’une plaie. Il ne lui avait pourtant pas semblé frapper fort… Elle était tellement fragile…
Il se redressa en l’attirant contre lui. Elle avait la même taille que lui, ou peut-être avait-elle quelques centimètres de moins, mais cela importait peu. Il était tellement facile de la tenir ainsi, contre lui, et d’enfouir son visage contre le long cou gracile pour respirer son odeur.
« Votre Altesse ? » Joanna appela le prince par son titre à trois reprises, en vain, avant de tenter : « Vegeta ? » Ce qui tira enfin un grognement de l’interpellé.
« Tu ne peux pas te taire un peu ?
-Je tenais à vous dire… Je ne vous en veux pas, pour le coup.
-Encore heureux ! Je suis ton prince ! Il est interdit de m’en vouloir pour si peu ! » Râla-t-il en la serrant plus fort contre lui, le cœur plus léger. Il la sentit poser ses mains sur ses côtés, un peu déçu qu’elle ne l’enlace pas en retour.
« Vegeta… Puis-je parler sans risquer de vous fâcher de nouveau ?
-Bien sûr. Tu n’as qu’à faire attention à ce que tu dis, voilà tout.
-Comment n’y avais-je pas pensé ? » Soupira-t-elle, blasée. « Je suis sérieuse, Vegeta.
-Moi aussi. »
Il la sentit expirer profondément de lassitude. C’était agréable de la sentir soupirer contre lui, et de sentir son souffle dans ses cheveux.
« Vegeta… Je ne peux pas devenir votre amie, dans ces conditions. »
Le bien-être qui l’avait envahi en sentant le corps de la femme contre le sien se transforma en glace dans ses veines. Il relâcha son étreinte suffisamment pour pouvoir regarder le visage tuméfié. Il n’avait pas souvenir d’avoir ressenti une telle panique depuis l’annonce de la disparition du signal du vaisseau de son père.
Joanna soutint son regard, peinée.
« Vegeta… Nous ne nous connaissons quasiment pas, nous venons à peine de nous rencontrer… Pourtant je voudrais rester auprès de vous. Mon premier souhait, quand j’ai repris connaissance sur votre planète, a été de retrouver mon monde natal, avec son ciel bleu. Il me manque. Mais ensuite je vous ai rencontré, vous et votre grand-père. » Comme le prince s’éloignait d’elle, mécontent d’entendre mentionner le roi, elle prit le visage ovale dans ses mains. Surpris, il n’osa plus faire un mouvement.
« Je ne peux pas ne pas le mentionner, Vegeta. Ma rencontre avec lui est aussi importante que la nôtre. Je veux être votre amie à tous les deux. J’ai entendu dire que c’est vous qui m’aviez ramené de la planète où vous m’aviez trouvée, mais vous êtes bien plus important à mes yeux qu’un simple sauveur. Je veux en apprendre plus sur le garçon gentil et attentionné qui m’est venu en aide plus d’une fois depuis mon arrivée ici. Je veux parler de tout et de rien avec lui, je veux partager des moments de joie et des moments de peine, je veux pouvoir l’aider quand ça ne va pas.
-Tu es amoureuse du roi ? » La question lui avait échappé sous le coup du dépit. Elle l’avait appelé ‘garçon’. Elle avait beau n’avoir que peu d’années de plus que lui, elle le considérait comme un enfant.
« Non, je ne suis pas amoureuse. Mais je vous aime tous deux.
-Je ne comprends pas la différence.
-L’amour qui lie un parent à son enfant, ce n’est pas être amoureux. L’attachement qui lie des amis est une forme d’amour, mais ce n’est pas être amoureux. »
Il se dégagea enfin, agacé. « D’accord, d’accord ! J’ai compris. » Il la fixa en silence. « Tu me jures que tu n’es pas amoureuse de lui ?
-Je vous le jure sans problème, Vegeta, » répondit- Joanna, perplexe devant tant d’insistance.
« Et… Ce n’est pas grave, » se ravisa-t-il au dernier moment. Il n’avait finalement pas envie de savoir si son cœur était déjà pris. La réponse l’effrayait de trop.
« Aujin semble s’impatienter. Je crois qu’il est temps de libérer la salle, » signala-t-elle.
« Peuh ! Je fais ce que bon me semble ! Les autres n’ont qu’à attendre !
-J’aurais besoin que vous me rameniez dans la zone spéciale, s’il vous plaît ? » Tenta Joanna. « Il paraît que je vais avoir une chambre à moi dans le couloir ! Mais je ne sais pas du tout où sont les appartements royaux, à partir d’ici… Je vous ai cherché en courant dans tous les sens, et je me suis perdue.
-Et tu m’as cherché longtemps ? » L’interrogea-t-il sur le ton de la conversation, cachant son plaisir à l’apprendre.
« Oh oui, j’ai beaucoup marché… Et j’ai aussi pas mal cassé les oreilles de tout le monde en vous appelant, » lui conta-t-elle en l’entraînant dans le couloir, permettant ainsi aux employés de reprendre leurs tâches, et à d’autres guerriers de s’entraîner. « Tiens, ça me fait penser… C’est si étonnant que cela de vous appeler Vegeta ?
-Oh, non, tu es juste la seule, » la taquina-t-il.
« Oh, voilà qui explique certains regards de travers auxquels j’ai eu droit. Par contre, le garçon qui m’a amené ici a adoré.
-Tiens donc ? » S’étonna Vegeta, un peu énervé. « Et comment s’appelle-t-il ?
-Vous croyez vraiment que je vais vous le dire avec la tête que vous faites… » Elle appuya sa phrase d’un sourire charmeur qui le désarma.
Il renifla dédaigneusement et lui enjoignit de faire attention aux marquages pour qu’elle n’ait plus besoin d’être maternée pour se déplacer.
Bonus :
Spoiler