Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 26

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 24

Messagepar Masenko le Jeu Mai 20, 2021 12:21

QUOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ???

J'ai TROIS chapitres de retaaaaard ?

Désoléeuuuh Heika !!!! :( Je vais rattraper mon retard, promiiiiis !!!! J'ai trop laissé enfoncer l'option "je procrastine pour pouvoir bien lire et bien commenter plus tard parce que ça fait plus plaisir que de lire en diagonale et de laisser un "Tro B1 la suit' " " Mais bon, pas de lecture ni de com du tout ça fait encore moins plaisir à tout le monde T.T
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Chapitre 14 : Super Trahison

IL EST ARRIVE
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 24

Messagepar Heika le Jeu Mai 20, 2021 13:11

Ne t'inquiète pas, Masenko ! XD
J'étais réellement en mode "Hey ! Je ne l'avais pas encore faite, celle-là, dépasser les 2 chapitres à la suite ! Voyons jusqu'où je vais aller... ?"
Je mets désormais mes lecteurs au défi de me court-circuiter pour que je ne batte pas mon record de 3 ! :D

...
...
..
Oh mais attends...
Je suis en train de rater une occasion, là...
...
...


OUIIIIIN !!!
Tu ne te rends pas compte, c'était horrible, aucune nouvelle depuis siiiii longteeeemps de peeeeersoooooonneuh...
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Je me suis sentie seule, abandonnée, tout ça, tout ça...

Pour la peine, je veux un nouveau chapitre d'AGP !!
Et un nouveau PDF de La Terreur de Xela avec le paquet d'épisodes qui me manquent. Maintenant que j'ai récupéré de nouveau une liseuse, je vais pouvoir reprendre ma lecture.
Et les chapitres 1 à 30 de Calfirù en PDF. Tels qu'ils sont là, pas besoin de les retravailler, Omumuh.
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FANFIC est la meilleure des maisons !
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 24

Messagepar Heika le Mar Août 16, 2022 0:11

Moi, le 20/05/2021 :
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"YOUPIIIII !! J'ai posté 2 chapitres en peu de temps !!"
Par rapport à ma vitesse de ces derniers temps, s'entend.

Moi, 10 mois plus tard :
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"Euh... C'est bien, mais faudrait peut-être que je m'y remette... ?"


Voilà ce que c'est que de se reposer sur ses lauriers... >__>'


Voici ENFIN un nouveau chapitre pour les braves qui n'ont pas décrochés. Merci à vous. <3

Par contre, je suis la première à dire que la qualité n'est pas au rendez-vous. J'ai teeeeeeellement bloqué sur la première partie (les 2000 premiers mots/3 pages sous Word) que allez, basta, je vous balance ça comme ça, et je reviendrai dessus dans quelques années, quand ça aura bien reposé.
Donc mes excuses par avance.
Si vous constatez des incohérences (que j'ai quand même tenté d'éviter, mais je voudrais là passer au prochain chapitre), signalez-les moi ! <3
Oui, bon, ça suggère que vous ayez en tête le chapitre précédent, ou le courage de le relire. Ce n'est pas gagné... ^^'

AH !!! Et merci par avance à toute personne travaillant dans le médical qui rectifiera les potentielles erreurs faites dans ce domaine. Parce que moi, je ne suis pas du monde médical. Donc mes connaissances sont faibles. Et j'espère ne pas avoir mis de trop grosses bêtises quand même. :/
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-25-





« Oh là là… Tu as beaucoup rouspété tonton… »
Brutalement tirée de ses tristes pensées, Joanna tourna la tête si vite vers la petite voix qu’elle crut sur l’instant s’être coincée le cou.
« Taasai ! Tu es réveillé ?! Comment tu te sens ? Tu as mal où ?
-Pourquoi je suis coincé ? » Il gigota dans les sangles.
Joanna l’interrompit immédiatement. « Non, non ! Ne bouge pas ! Tu as peut-être de graves blessures, et tu ne dois pas bouger pour ne pas risquer de les aggraver !
-Des gros bobos ?
-Euh… Oui, des gros bobos. Des très gros bobos, qui pourraient saigner très fort si tu bouges ! »
Les yeux de l’enfant s’emplirent de larmes. « Je veux pas de gros bobos… Ca fait très mal, les bobos… Ils sont où, les bobos ?
-Tu as mal quelque part ? »
L’enfant prit quelques instants pour réfléchir, ce qui la rassura un peu.
« Je crois que j’ai une grosse bosse, à la tête…
-Est-ce-que tu vois des étoiles ?
-Des étoiles ? Ben non, il fait jour… Les étoiles, c’est que la nuit qu’on les voit… »
La femme rit un peu, surprise. « Non, pas ces étoiles-là ! Ce ne sont pas vraiment des étoiles, mais c’est plus facile de les appeler comme cela. Ça ressemble à des lumières, devant les yeux, qui te gêneraient pour voir… ça tourbillonne un peu… »

La réponse fut donnée par un Taasai très inquiet de ne pas en voir.
Joanna lui caressa le front en souriant. « Alors c’est très bien. Et est-ce-que tu as des nausées ?
-C’est quoi, des nausées ?
-C’est quand tu as envie de vomir, que tu sens que tu n’es pas bien, par là… » Elle se toucha l’estomac.
« Ce n’est donc pas à manger ?
-N-non, ce n’est pas à manger…
-Dommage, j’ai un peu faim.
-Donc… Tu n’as pas envie de vomir…
-Non ! Et tant mieux ! J’aime pas vomir !
-Tu as bien raison… Si je te tâte là, ça va ?
-Oui ?
-Ce n’est pas me dire ‘oui’ pour me faire plaisir. Si ça te fait mal, tu le dis. C’est ça que je veux.
-D’accord… »

Après quelques minutes prises à palper l’enfant en tous sens, Joanna se laissa retomber en arrière en soupirant de soulagement.
« A première vue, tu n’as pas l’air d’avoir de gros bobos.
-J’ai été sage, alors ?
-Oui, tu as été très sage.
-Tu me détaches ? S’il te plaît ? »
Après une hésitation, elle acquiesça. « A condition que tu restes encore allongé.
-Encore ? Mais j’en ai marre, moi…
C’est… C’est tonton qui a dit que tu devais rester allongé.
-C’est pas vrai. Il a pas dit ça. Maman, elle dit que c’est pas beau de mentir ! »
Joanna fit la grimace. « D’accord, il ne l’a pas dit. C’est moi qui l’ai dit.
-Alors tu me détaches ? J’en ai marreuuh. Et pis j’ai le soleil dans les yeux, j’aime pas ! »
L’enfant avait raison au moins sur ce dernier point. La journée était belle et ensoleillée, et la température montait. Sauver le petit pour lui faire attraper une insolation était une idée des moins brillantes qu’elle ait eu récemment.
Elle le déplaça donc en bas de la colline, sous le couvert des arbres, en prenant soin d’être cachés tout en ayant une bonne visibilité sur les alentours. Et là, une fois assurée que la zone était calme, elle détacha le blessé en lui rappelant qu’il avait promis de ne pas se lever.



Et l’attente la plus longue de sa vie sur Vegeta commença. Une heure qui lui parut durer une éternité.
Et une certitude vit le jour en Joanna : ses souvenirs avaient beau avoir disparus en partie, JAMAIS de sa vie connue et inconnue elle n’avait eu à s’occuper d’enfants.
Des questions, des questions, des questions. Des questions au début amusantes, pleines d’innocence et de naïveté, puis des questions de plus en plus fatigantes, comme il interrompait les réponses trop longues à son goût pour poser d’autres questions dont il n’écoutait pas la moitié de la réponse, et des questions sur des mots inconnus qu’il n’avait pas l’intention de retenir.
Mais elle eut le déplaisir de découvrir que tenter de répondre brièvement par « oui », « non », et autres « peut-être » n’était pas du tout une solution, car le petit insistait encore et encore pour avoir une réponse développée qu’il n’allait pas écouter.
Un tel manque de logique mettait ses nerfs à rude épreuve : pourquoi poser une question si c’était pour ne pas en écouter la réponse ? Pourquoi insister pour obtenir une réponse développée alors qu’au bout de cinq mots il n’allait déjà plus écouter ?
Et il fallait se répéter encore, encore et encore…

« Ne bouge pas. »
« Je t’ai dit de ne pas bouger. »
« Tu ne dois pas te lever. »
« Je t’ai dit que tu ne dois pas te lever. »
« Tu avais promis que tu ne te lèverais pas. »
« Reste allongé, enfin ! »
« Mais arrête de bouger ! »
« Tu veux que je te rattache ? »
« Tu me désobéis encore une fois, et je te rattache. »
« Tu as gagné, je vais te rattacher. »
« Tu m’avais promis de m’obéir. Je vais vraiment te rattacher la prochaine fois. »
« Je m’en fiche, je te rattache. »
Et il y eut la pire des épreuves : « Je veux faire caca… »
Comment Tôgan pouvait-il apprécier passer du temps avec ce monstre dévoreur d’énergie et d’attention ? Comment sa mère pouvait-elle supporter de rester en permanence avec ?
L’envie de fuir la démangeait, mais son sens des responsabilités était plus fort, à son grand dam.



Elle sursauta en entendant quelqu’un atterrir à côté d’eux. L’enfant avait tellement accaparé son attention qu’elle avait totalement baissé sa garde ! Elle se rua sur l’arrivant pour les défendre, elle et son protégé, et termina sa course en attrapant le col de l’armure du guerrier enfin identifié.
« Tôgan ! Ne me laissez plus jamais seule avec un enfant ! Je n’en peux plus ! »
Elle se fit pousser sur le côté sans ménagement.
« Il est réveillé ? Taasai ! Tu vas bien ? »
L’homme se précipita à son chevet. Le garçonnet l’accueillit avec un grand sourire.
« Tonton !
-Ça va ? Comment tu t’sens ? T’as mal kek’part ?
-Oui, j’ai mal à la tête, là… » Geignit l’enfant, trouvant un nouveau public à qui se plaindre d’ennui.
« Toi ! Dépêche-toi ! Il faut le soigner ! »
Joanna avisa alors la présence d’un quatrième individu, et reconnut la petite silhouette à tête ronde et à peau bleue. Son cœur ne put s’empêcher de faire un bond dans sa poitrine.
« Cizel ! »
Ce dernier la salua discrètement, visiblement pressé d’obéir au guerrier. Il traîna un lourd sac jusqu’à l’enfant et en sortit un appareil relativement volumineux qu’il passa au-dessus du blessé. Une fois l’examen effectué, il reposa le lourd appareil en soupirant de soulagement. La manipulation de l’objet avait été éprouvante pour ses maigres bras.
« Alors ? Qu’est-ce-qu’il a ? Parle ! » Le Saiyen ne lui laissa pas le temps de se reposer que déjà il le rabrouait.

« Le petit monsieur a une légère commotion cérébrale, qui devrait disparaître rapidement, Maître.
-Quel taux de confiance on peut accorder à c’te chose ? » Le ton méprisant ne manqua pas de vexer le Feesh’Ermanin.
« Ces appareils de détection portatifs bénéficient des dernières technologies avec une miniaturisation des éléments qui les rendent mobiles ! Leur taux d’efficacité est supérieur à nos appareils de laboratoire de vingt pour cent ! Le petit monsieur n’aurait pas bénéficié de meilleur traitement dans nos locaux, en ce qui concerne la détection de ses maux !
-Tontooon… ça veut dire que je vais mourir ?
-Mais non, tu vas pas mourir, sale gosse ! T’as juste une bosse !
-Alors je peux me lever ?
-Bien sûr, qu’tu peux t’lever ! Sauf si tu veux rester allongé parce que t’es une chochotte. »
Taasai bondit sur ses pieds, mécontent. « Chuis pas une chochotte ! » Et il se jeta sur l’homme pour se bagarrer.
Ce dernier fit semblant de le malmener pour le taquiner, puis le serra contre lui. « Non, t’es pas une chochotte. T’es le digne fils de tes parents ! T’es mon p’tit costaud !
-Ben Joanna, elle est pas drôle, en fait ! Dis, tonton, la prochaine fois, on joue sans elle, hein ? Parce que avec elle, qu’est-ce-que je me suis en-nui-yééé !
-Ouais, je sais, elle est pas drôle.
-Dis, tonton, c’est qui, ça ? » Ses doléances exprimées, l’enfant put enfin laisser libre cours à sa curiosité. « C’est un monsieur, ou une madame ? Pourquoi qu’il a une tête toute bizarre ?
-T’occupe pas d’lui, il est pas intéressant. Tellement pas intéressant qu’il faudra rien dire à maman, d’accord ? »

Agacée du traitement réservé à son ami après l’aide qu’il venait de leur apporter, Joanna ne put s’empêcher de jeter aux orties sa résolution de ne plus rien avoir à faire avec l’enfant.
« C’est un monsieur qui s’occupe de tous les bobos. Il est différent parce qu’il vient d’une autre planète. »
Entendant cela, Taasai prit un air inquiet. « Mais…Alors il travaille au palais ?
-En effet.
-Mais… Maman, elle veut pas que les gens du palais ils nous voient… »
Tôgan, jusque-là mécontent de la tournure qu’avait prise la conversation, sauta sur l’occasion qui se présentait : « Justement ! Faudra rien dire à p’tite Kino ! On dira juste à maman qu’on a joué tous les trois ensemble, ce matin, et qu’à un moment, tu t’es cogné la tête, et qu’c’est pour ça qu’t’as une grosse bosse ! Après, elle va un peu me gronder, mais c’est pas grave… Sinon, tu sais qu’elle va être sacrément en pétard, et t’as pas envie d’voir ça non plus, hein ?
-Non… » Mais visiblement, mentir ne lui plaisait pas.
« En tout cas, t’es doué, toi, quand même ! »
Le visage de l’enfant s’éclaira. « Ah oui ? Pourquoi ?
-De toutes les cachettes possibles, t’as trouvé la plus dangereuse ! »

Comprenant que l’homme se moquait de lui, Taasai se renfrogna. « Maieuh ! C’est pas de ma faute ! Je savais pas, moi, que c’est un mauvais trou ! »
En riant, l’adulte chiffonna les cheveux du petit qui protesta en raison de la douleur. Tôgan retira immédiatement sa main, un peu penaud. Il voulut jeter un coup d’œil vers la femme pour lui signifier de ne pas la ramener, mais constata qu’ils n’étaient plus que tous les deux, Taasai et lui. Il fronça légèrement les sourcils. Puis haussa les épaules.
« Dis, tonton, c’est quand qu’on rentre ? J’ai faim… »
L’homme commença à se relever. « T’as raison. On a suffisam… » Il s’interrompit en fronçant de nouveau les sourcils, puis, après une légère hésitation, s’allongea. « Pas de suite, gamin.
-Quoi ?? Mais pourquoi, euh ?
-Parce que tonton a beaucoup couru pour aller chercher le monsieur bizarre, et tonton doit se reposer un peu avant de partir. »
Le petit gonfla les joues. « C’est nul. »



Cizel, ne voyant plus Joanna, partit à sa recherche. Il la trouva assise de l’autre côté de la colline, renfrognée.
« Ça n’a pas l’air d’aller…
-Tout va bien. » Le ton sec de la réponse fit soupirer le scientifique.
« C’est le saiyen, c’est ça ?
-Ah ! Ça me rassure que vous disiez cela ! Ce n’est donc pas que moi !
-Que vous qui… ? » Encouragea-t-il.
« Qui le trouve insupportable ! Non mais, sérieusement ! Il nous embarque sans rien dire à personne dans un coin paumé, avec ses idées de jeux débiles, il encourage le petit à faire des bêtises, je sauve le petit, et d’ailleurs, à cette étape, tout ce qu’il a trouvé à faire, lui, c’est chouiner que gnagnagna tout était fini, je lui fais se bouger les fesses pour sauver la vie de l’enfant, et non seulement je n’ai droit à aucun remerciement, mais en plus je me fais traiter comme un chien et il a même osé me reprocher d’avoir fait mon possible pour éviter au petit d’aggraver d’éventuelles blessures ! Il croit quoi ? Que je n’ai jamais vu ce genre d’accidents ? Que je n’ai jamais vu personne se mettre à cracher du sang après qu’il ait été déplacé en urgence, sans précaution ? Que je ne sais pas ce que c’est, un traumatisme crânien ? Taasai aurait pu avoir un organe éclaté ! Et ce n’est pas parce que je sais ce que c’est que je sais les repérer ! Et encore moins les soigner ! Par contre je sais très bien regarder les gens agoniser et mourir sans rien pouvoir y faire !
-Tu te souviens donc de ton passé ? » La curiosité l’emportait sur la sympathie qu’il portait à la femme au visage baigné de larmes à ses côtés.

Les bras qui entouraient les longues jambes se serrèrent un peu plus et la silhouette déjà misérable fit un peu plus le dos rond. « Non, » dit-elle après un silence. « Ce n’est pas vraiment cela… Je n’ai pas de souvenir dans le sens où je ne peux pas raconter ce que j’ai pu vivre autrefois, comme je pourrais raconter… » Non, il ne fallait pas parler de ce qui l’avait faite fuir. « … Raconter quand… » Le scientifique n’était pas au courant pour le village. « … Ou… Raconter comment… » Ses souvenirs les plus récents ne devaient pas être partagés avec Cizel, car malgré la camaraderie qui régnait entre eux un léger sentiment de malaise retenait ses mots dans sa gorge. Quelque chose en elle l’empêchait de se confier plus, pour leur bien à tous les deux. L’ignorance pouvait parfois être une vertu salvatrice.
Mais avec ces hésitations, le silence de sa réflexion devint rapidement gênant… « Enfin… Comme je pourrais raconter ma vie ici, quoi… »
Cizel approuva d’un signe de tête, laissant entendre qu’elle n’avait pas à s’excuser. « Si tu ne te souviens pas, comment sais-tu ? »

Joanna regarda ses mains qu’elle ouvrit et ferma lentement à plusieurs reprises en tentant d’expliquer : « Je ne sais comment le dire… Je ne me souviens pas, mais j’en ai le souvenir… Ce sont plus des sensations qui me sont revenues, le souvenir d’un sentiment d’horreur de voir une personne qu’on croit avoir sauvé mourir dans ses bras, de la peur de tuer chaque personne découverte sous des décombres… En venir à espérer que le prochain corps découvert sera déjà sans vie, pour ne pas risquer d’être celle qui va précipiter sa mort. De la peur, de l’angoisse, de l’impuissance. Et en réponse à tout cela, mon cerveau qui passe en revue tout ce qu’il peut se rappeler sur pareille situation, en tentant de trier ce qui peut être applicable au cas présent et au contraire ce qu’il faut éviter, et la panique de ne pas savoir où peut se situer la limite entre ce qui permettra à la personne de vivre ou ce qui au contraire la fera mourir. Je… Je crains que ce ne soit pas très clair… Ce n’est pas facile à expliquer…
-En effet, c’est plutôt… Abstrait. En gros, tu as vécu des expériences suffisamment marquantes pour que malgré ton amnésie, le souvenir des enseignements que tu en as tiré te reviennent.
-Non. » La femme réfléchit quelques secondes après sa réponse au tac au tac. « Ou peut-être que si. Un peu, du moins. … C’est compliqué.
-Dire que je trouvais mon résumé clair et concis… » Le scientifique soupira.

« Ce n’est pas de votre faute ! C’est que ça me fait bizarre d’entendre les choses présentées ainsi… Mais je pense sincèrement que vous n’avez pas tort ! »
Cizel rit un peu. « Je te taquine, allons. » Voyant son interlocutrice rougir en se renfrognant un peu, il reprit. « Au fait, c’est quoi, un… Chien ?
-Un chien, c’est un animal de compagnie ! Ça a quatre pattes, une queue, le corps recouvert de poils, et c’est le meilleur ami de l’homme ! Il est fidèle, obéissant, il aime son maître plus que tout et sacrifierait sa vie pour le protéger ! Il n’hésite pas à attaquer ceux qui voudraient agresser son maître !
-Et cette créature si admirable est donc aussi maltraitée que ça ? »
Joanna le regarda avec des yeux ronds. « Pourquoi ?
-Tout à l’heure, tu t’es plainte d’être traitée comme un chien. Je me suis dit que ça avait un sens péjoratif, pour le coup j’ai du mal à saisir.
-En fait, en raison de leur obéissance et de leur fidélité, des gens pensent qu’ils peuvent tout se permettre avec eux. Ce n’est pas grave, ils n’ont pas de sentiments. Ce qui est faux, ils les expriment juste différemment ! » Elle resta pensive pendant que Cizel se relevait, mettant ainsi fin à la conversation. Elle reprit cependant, en l’imitant : « Vous avez raison. C’était idiot de m’étonner qu’un guerrier traite une étrangère autrement qu’en esclave sans importance. Montez sur mon dos, je vous ramène au palais. »
Tout en grimpant, il demanda : « Tu as réussi à apprendre à voler ?
-Non, je vais simplement courir.
-Mais… Et le saiyen ?
-Il n’a plus besoin de nous. Il a l’enfant à s’occuper.
-Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée… On devrait au moins lui dire… »
Le départ de sa monture lui coupa la parole.

« Hors de question. Il ne voulait pas de nous, il nous l’a bien fait sentir, alors on ne fait qu’obéir aux ordres du graaand guerrier si puissant pas capable de sauver la vie d’un enfant sans risquer de le tuer ! Heureusement qu’il y a de pauvres esclaves pour faire ce qu’il ne peut pas faire, hein ? Sérieux, c’est bien la peine qu’ils soient tous si puissants si le seul pouvoir que cette force leur apporte c’est uniquement de détruire et de tuer ! »
Cizel s’accrochait, mal à l’aise d’entendre des critiques si ouvertes envers ceux qui avaient droit de vie et de mort sur eux, les faibles. Ces choses, cette amertume, il avait appris à les refouler pour les murmurer entre ses dents dans certains moments de solitude, après avoir vu tant de nouveaux disparaître après avoir eu le malheur d’exprimer leur mécontentement à voix haute. Il tenta de dire quelque chose, mais le vent de la course refoula les mots dans sa gorge. Devant forcer la voix, il réessaya : « Mais que vas-tu faire, maintenant ? Revenir au palais avec moi ?

-Hors de question ! Je ne reviendrai pas au palais ! Je vous laisserai au plus près que je pourrai sans me faire repérer, et après, vous devrez marcher ! Je suis désolée, mais je ne pourrai pas faire mieux ! Et si vous avez des problèmes, vous renvoyez vers le guerrier ! Ah ! Une chose… Si vous pouviez garder pour vous le fait qu’on se soit revus, aussi… Et l’enfant… Il ne faut pas parler de lui, s’il vous plaît ! Par contre, en cas de problème, vous dites bien au guerrier que vous n’hésiterez pas à parler de l’enfant ! J’espère qu’il résoudra vos problèmes avec cette menace, parce que je ne veux pas qu’il vous arrive quoi que ce soit, mais je ne veux pas non plus que cet enfant soit découvert… Ecoutez : si vraiment, vraiment, vraiment vous n’avez pas le choix, balancez-moi ! Moi, pas l’enfant. Ne parlez surtout pas de l’enfant ! Jamais ! Je vous en supplie !
-La méthode la plus simple est de m’empêcher de parler définitivement, vous savez ?
-Dans ce cas, essayez de fuir et de me rejoindre dans la forêt ! Et si ce n’est pas possible… Sachez que si je venais à découvrir qu’il vous était arrivé quelque chose, je vous jure que ce guerrier s’en mordra les doigts toute sa vie ! »
Le scientifique était un peu déstabilisé par cette réponse. Elle n’avait visiblement pas du tout compris qu’il lui avait dit que le plus simple était de le tuer maintenant. Non pas qu’il voulait mourir, bien au contraire, mais il n’avait pu s’empêcher de se demander comment elle réagirait à une telle suggestion… Une pousse de culpabilité fit une petite fleur dans son cœur.
« Ce n’est pas très rassurant… » Conclut-il.
-C’est le mieux que je puisse faire dans ma situation compliquée ! Je suis désolée ! »
Ils continuèrent leur route en silence.



« Vous connaissez l’expression ‘trop bon, trop con’ ? »
Cizel déglutit en entendant la voix de la femme. Apparemment, courir pendant une demi-heure à travers bois n’avait pas suffi pour faire retomber sa colère. « Euh… Non, mais je crois en deviner le sens…
-Je savais qu’il ne fallait pas faire confiance à ce type ! Je le savais ! Il était trop louche ! Mais voilà, j’ai encore baissé ma garde, parce que je pensais qu’on avait trouvé un terrain d’entente et qu’avec ça, on pouvait se permettre de considérer l’autre au moins comme un camarade. Mais je me suis plantée en beauté ! Le respect… Quel respect ? Est-ce-que au moins ce tas de muscle connait la notion de respect ? Ça m’énerve ! Je sais que ça m’a blessée, et ça m’énerve ! Et ça m’énerve de m’énerver de la sorte ! »
Le scientifique l’écouta vitupérer de la sorte pendant cinq minutes, incapable de dire quoi que ce soit. Dans pareille situation, il n’y avait de toute façon pas grand-chose à dire… Comme, en plus, elle ne criait plus, ses propos étaient un peu étouffés par le vent de la course, et il tentait de donner des signes d’approbation quand il y avait un léger silence, espérant qu’elle ne pose pas de réelle question qui lui échapperait. A son grand soulagement, elle se mura de nouveau dans le silence.
Il put reprendre le fil de ses propres pensées.

Comment pourrait-il la convaincre de rentrer au palais ? Il ne savait pas comment aborder la question… Pourquoi ne voulait-elle pas rentrer ? Vu l’état d’esprit dans lequel elle était actuellement, il avait peur de se la mettre à dos en tentant simplement d’évoquer la question.
Si elle venait à découvrir que lui aussi lui mentait… Oh, il l’appréciait, oui. Elle était polie et respectueuse avec lui, gentille et amicale. Pourquoi l’aurait-il rejetée ? Mais même entre compagnons d’infortunes il était d’usage de se méfier les uns des autres… La trahison était une des techniques de survie les plus utilisées, dans leur situation.
Peut-être allait-elle enfin comprendre que non, les rangs F ne se serraient pas les coudes. Que les saiyens semblaient unis face aux gens extérieurs, mais qu’entre eux, c’était là aussi à qui pourrait prendre le dessus sur l’autre pour l’écraser et le dominer. Et c’était sûrement ainsi partout dans l’univers. Un univers partagé entre les faibles et les forts, les dominés asservis et les dominants qui avaient droit de vie et de mort sur eux.
Et entre eux deux… S’ils étaient amis, c’était parce qu’elle était une ‘amie pratique’. Grâce à elle, il était bien moins en contact avec les guerriers, gens plus souvent soupe-au-lait qu’à leur tour. Il avait même acquis une sorte d’immunité grâce au roi en personne, qu’il rencontrait désormais régulièrement. Car Joanna était désormais le projet d’étude secret que le roi lui avait confié en personne. Oui, elle était avant tout son cobaye et sa clef pour survivre. Et si elle ne revenait pas au palais, il serait un scientifique sans sujet, donc sans valeur.
Il ne faisait rien de mal d’abuser de sa gentillesse spontanée. C’était normal. S’il y avait un problème, c’était sa naïveté à elle qui était à mettre en cause. Mais cette pensée rationnelle n’arrivait pas à tuer dans l’œuf le début de scrupule ressenti…

Combien de temps pourrait patienter le roi, vu son état ? Pas longtemps. Et quel pouvait être le pourcentage de chance que le nouveau roi veuille poursuivre son étude ? Cizel n’arrivait pas à se convaincre de choisir un chiffre au-dessus de 50%. Allait-il seulement survivre à la mort prochaine du roi ? N’allait-il pas être enterré avec son projet secret, pour que rien ne soit su, jamais, de personne ?
Haaaa… Que son avenir lui semblait bien sombre, en cette heure…



Sortir de la forêt et se retrouver en plein soleil remonta légèrement le moral de Joanna. La course allait être plus fluide, sur terrain dégagé.
Sentant sa gorge un peu sèche, elle décida qu’il était temps de faire une pause. Elle voulait trouver un cours d’eau où boire et se rafraîchir un peu, et pour tenter d’en repérer un sauta sur un énorme rocher.
Ses pieds ne touchèrent jamais la pierre, comme quelque chose la saisit par la taille juste avant.
Oh non, ils étaient repérés !
Dans sa panique, elle fila un violent coup de tête à son agresseur qui se mit à pester sans pour autant relâcher sa prise.
« Putain de bordel, t’as fini de gigoter, oui ?? Tu crois que chuis pas assez chargé comme un esclave, pour en plus chercher à faire tomber tout l’monde ?!
-Tôgan… » Soupira-t-elle de soulagement.
« Ben oui, Tôgan ! Tu t’attendais à qui ? La famille royale ??
-Bien sûr que non ! » Comment avait-il pu évoquer cette possibilité en ayant connaissance des événements ? « J’ai cru qu’on avait été repérés par des guerriers ! D’autres guerriers ! »

Il lui jeta un regard noir à cette mention qu’elle ne se gêna pas de lui rendre. Elle n’en avait plus rien à faire qu’il se fasse griller, après son attitude de tout à l’heure. Enfin… Elle savait surtout que le seul à ne pas être au courant, l’enfant suspendu au cou de l’homme, allait totalement passer à côté de ce sous-entendu.
Elle ne put qu’admirer son jeu d’acteur en entendant son ton railleur, quand il reprit aussitôt la parole, son courroux bouillonnant toujours dans ses yeux.
« T’vas pas m’dire que M’dam’ ‘je sens les énergies’ a été surprise d’mon arrivée ? Rooh, j’aurais réussi à t’faire peur, sérieux ? »
Elle pinça les lèvres, furieuse. Impossible de nier. Elle était encore plus en rage contre elle-même de constater qu’elle avait complètement jeté aux orties la plus élémentaire des prudences à cause de sa colère.
« Tontooon, j’ai faiiim, » se plaignit soudainement l’enfant dans le lourd silence qui venait de s’installer.
« Ouaiiis, ouaiis, on rentre, t’inquiète… » Le soupir de l’adulte laissait entendre que ce n’était pas la première fois qu’il entendait la plainte. « On est presque arrivés. T’vas suivre gentiment Joanna jusqu’au village, ok ?
-Hein ? Quoi ? » Le petit fit une moue dépitée. « Mais elle est pas drôle, tonton ! Pourquoi que tu me ramènes pas à la maison ?
-T’as oublié le monsieur bizarre ? Tu crois qu’elle va faire quelle tête, maman, en le voyant ? Et notre secret, t’as oublié qu’c’était not’secret ?

-Haaa, oui… Non, j’ai pas oublié ! » L’expression de son visage fit penser à la femme que ledit secret n’allait pas vivre très longtemps… Un coup d’œil sur le visage résigné du guerrier lui tira un sourire en coin.
L’homme reprit tout de même, tentant de bien faire rentrer les choses dans la cervelle du moineau qu’il faisait voler : « vous rentrez tous les deux, t’racontes juste qu’t’es tombé et qu’tu t’es fait une grosse bosse, qu’c’est d’ma faute… » Joanna haussa un sourcil. Elle avait perdu espoir de le voir prendre ne serait-ce qu’un minimum de responsabilités dans l’affaire… « … Et moi pendant c’temps j’ramène fissa l’bonhomme et j’reviens. On mange après tous ensemble, avec papa, maman et la Jojo, et tu passes l’aprem’ avec ton pater. Chouette programme, non ?
-Ouiii ! Je vais pouvoir jouer avec mon papa !! »
L’enfant babilla durant le reste du trajet, soulageant les autres voyageurs. Joanna n’avait aucune envie de sortir de son mutisme en présence de Tôgan, Tôgan, saoulé de sa matinée, n’avait pas envie de chercher communiquer avec les autres, et Cizel restait perdu dans ses réflexions.



Tôgan déposa la première partie de ses passagers à deux kilomètres du village. Il espérait réussir à déposer le reste de son chargement au palais et revenir suffisamment vite pour attraper la potentielle fugueuse.
Il glissa d’ailleurs dans l’oreille de Joanna : « Attends-moi chez moi. On a à se parler. » Le regard froid en coin qu’elle lui rendit en réponse augmenta ses inquiétudes.
Filant à toute vitesse avec scientifique et appareil, il eut la surprise d’entendre l’individu s’adresser spontanément à lui :
« Je vous présente toutes mes excuses… Je n’ai pas su trouver les mots pour la faire revenir au palais.
-Tu as bien fait de te taire, homme. J’ai été surpris par ta clairvoyance. Tu as su sentir qu’une parole de trop aurait pu trahir notre plan.
-Mais… Sa Majesté… L’expérience…
-Rassure-toi. Ta loyauté envers Sa Majesté sera rapportée. Je vais trouver un moyen pour que tu puisses la revoir.
-Dans ce cas… Je m’en remets à vous…
-Une dernière chose : suis son conseil, et ne parle jamais de l’enfant. En cas de problème, renvoie la personne vers Ninjin. Lui saura quoi faire. »
Cizel eut un petit rire nerveux. « Oui, en effet… » Le palais approchait à grande vitesse, ils étaient presque arrivés. Pendant la phase de descente, le scientifique sursauta. « Mais… Comment vous savez tout ça ? Ce qu’elle m’a dit, ce que je n’ai pas dit… ? »
Le guerrier déposa l’homme et les affaires. « Cette idiote a un scaouteur sur elle. Le canal de conversation privé est toujours ouvert. Le mien est en muet.
-Oh. »
L’interjection se perdit dans le puissant courant d’air provoqué par le départ de son interlocuteur.



« Maaaamaaaan ! »
Taasai était de nouveau en sécurité dans les bras de sa mère, mission accomplie. La métisse pouvait partir vers d’autres aventures l’esprit tranquille.
Elle s’approcha tout de même de la petite famille pour aider l’enfant à répondre aux interrogations de sa mère.
« On a pris de l’avance sur Tôgan, il ne devrait plus tarder. »
Prétexter qu’elle allait voir où il en était aurait été l’argument parfait pour disparaître.
« Mamaaan, tata Jo, ben elle est chiaaaante ! Je veux pas qu’elle est la namoureuse de tontoooon… »
Même l’avis d’un enfant pouvait être blessant…
« Tôgan ! C’est méchant, ce que tu viens de dire ! Excuse-toi auprès de Joanna !
-Mais quoiiiii, mamaaaan ! C’est toi qui as dit avec papa que tu veux qu’elle est la namoureuse de tonton ! »
La saiyenne rougit et baissa les yeux, gênée. « Je suis désolée… Tu sais, quand on aime quelqu’un, on veut ce qu’il y a de mieux pour lui… »
La métisse soupira en retour. « Je comprends. » Après tout, si elle n’était pas partie, malgré les quatre opportunités offertes sur un plateau, c’était pour ne pas blesser la femme face à elle. Elle l’appréciait suffisamment pour ne pas vouloir lui faire de peine.
Renkon arriva sur ces entrefaites, et chiffonna la chevelure abondante de son fils. « Alors, crapule, tu n’as pas trop embêté tata et tonton ?
-Aïeuh ! Papa, ça fait maaaal ! »

On y était arrivé, à ce moment où la vérité allait devoir être dévoilée…
Les parents s’inquiétèrent immédiatement et inspectèrent le cuir chevelu de leur progéniture.
« Ouah, quel bel œuf !
-Mais Taasai, comment tu t’es fait ça ??
-Je suis tombé dans un trou…
-Ah oui ? Et comment tu es tombé dans un trou ? Tu n’as pas écouté tonton, encore une fois, c’est ça ? »
L’enfant jeta un regard désespéré à son accompagnatrice, ne sachant quoi dire de plus et craignant d’en avoir trop dit.
Sa mère lui fit son regard le plus sévère. « Taasai ? Tu ne cherches pas à nous cacher des choses, j’espère ? »
L’appel au secours silencieux se fit plus désespéré.
Agacée face au mutisme de l’enfant, la mère ne put que se rabattre sur le seul témoin sous sa main.
« Joanna ? Qu’est-ce- qu’il s’est passé ? Comment il s’est fait ça ?

-Il n’a pas désobéi, Kinoko. . Nous avons joué à cache-cache… A se cacher, si vous préférez. Il avait trouvé une bonne cachette, pourtant, dans un terrier. C’est là qu’il est tombé dans un trou. Un trou dans un terrier. » Le guerrier ne méritait pourtant pas d’être couvert, mais ce lieu l’intéressait au plus haut point, et elle n’avait pas envie de voir d’autres gens y aller, surtout si c’était pour effacer tout danger en le faisant sauter sans préavis. « Apparemment, il y a eu un affaissement de terrain dans la zone où il a trouvé son entrée. C’est vraiment dommage, parce que sa cachette était vraiment bonne, sinon… Par contre il a été inconscient un moment, le choc a été assez gros, donc… » Elle attrapa le bras de la mère paniquée pour capter son regard. « Donc je vous demande de ne pas trop le chahuter ces trois prochains jours. Je l’ai soigneusement examiné, il n’a pas d’épanchement de sang dans la tête ou le corps, que des bleus et des courbatures. Oui, j’en suis sûre, parce que… Parce que Tôgan a été emprunter au palais un appareil portatif de médecine. Discrètement ! Je vous jure qu’il a été le plus discret possible ! Kinoko, je vous en prie, rassurez-vous ! Je vous jure sur ma propre vie que Taasai est en bonne santé et en sécurité !
-Sur… Votre vie ?
-Oui. C’est moi qui lui ai demandé d’aller le chercher. S’il y a quoi que ce soit, au pire, j’aurai à retourner au palais. Il a pour consigne de dire que c’est pour moi qu’il l’a pris.
-Mais tu ne voulais pas retourner au palais, je croyais ?
-Tant pis. Entre voir Taasai et les autres enfants découverts et retourner au palais, mon choix est vite fait. »
La saiyenne fondit en larmes. « Merci… Merci ! Comment te remercier ?
-Ah, au fait… Si je suis une tata… Chiante, c’est parce que j’ai obligé Taasai à rester immobile jusqu’à ce que tonton revienne avec l’appareil. Je ne suis pas secouriste, mais je sais qu’il vaut mieux éviter de trop bouger les gens commotionnés avant d’être sûrs qu’il n’y a rien de sérieux. »
Kinoko lui sauta au cou, en pleurs. « Merci ! Merci…
-Bon, Tôgan, vous pouvez sortir, maintenant que j’ai fini de raconter… »

L’homme sortit de derrière le bâtiment le plus proche en murmurant « j’m’y f’rai décidément pas… »
La stupeur sur le visage du couple donna quelques sueurs à la métisse.
« Comment…
-Surprenant, n’est-ce-pas ? » L’homme soupira, comme résigné. « Moi aussi, j’en rev’nais pas, quand elle me disait qu’elle était super bonne en traque. Elle a l’ouïe vach’ment fine… Même ici, j’arrive pas à la surprendre. C’est pourtant plus animé qu’la forêt… » Il regarda Kinoko durant de longues secondes, impénétrable, avant de lui faire un sourire qui serra douloureusement le cœur des trois adultes l’entourant. « C’est même grâce à ça qu’on a r’trouvé l’petit. » Il se laissa tomber à genoux, tête basse. « Kinoko, Renkon… J’ai merdé. C’était mon idée de jouer à la chasse, c’est moi qu’ai dit au gamin de chercher la cachette la plus compliquée possible, et j’ai pas fait assez attention à lui. Sans Joanna, j’aurai jamais pu le retrouver ni le sauver. Il aurait pu mourir entre mes mains. J’l’ai cru mort, et ça aurait pu l’tuer. Elle, elle a tout fait bien, pendant que moi, j’restais là comme un incapable que j’suis. »
Le couple s’agenouilla à côté du repenti et posa une main sur son épaule.
« Hé, vieux frère, te mets pas dans cet état, ça te ressemble pas… » Tenta de plaisanter Renkon.
« Tôgan, tu fais déjà tellement pour nous, pour ce village… » Kinoko rit un peu en le sentant sursauter. « Tu croyais quoi, qu’on n’était pas au courant ? T’as pas d’enfant, mais t’es comme un père pour ceux qui sont ici. A chaque fois que tu reviens, tu passes un peu de temps avec eux… Tu croyais qu’on savait pas que tu apprenais aux gosses à se cacher des guerriers ? On sait ce que c’est, ton ‘jeu de la chasse’, idiot. Et on t’en remercie tous. Si aucun gamin n’a été découvert, jusqu’à maintenant, c’est justement grâce à toi. On est tous conscients qu’un accident peut arriver. J’ai peur qu’il arrive quelque chose à Taasai… Mais je crois que je préfèrerais le savoir mort qu’emporté par ces connards. Et qu’à cause de lui les autres parents se retrouvent aussi privés de leurs enfants. Alors… Merci, Tôgan. »
Le couple enlaça l’homme qui pleurait en silence.



Joanna s’était éloignée vers la fin de la confession, déstabilisée et un peu révoltée. Il l’avait limite ignorée devant ses deux amis, et avait même été jusqu’à lui jeter un regard mauvais en coin durant sa génuflexion pour lui signifier qu’elle était de trop. Ces aveux sentaient l’arnaque à plein nez. Et après s’être montré aussi abject, il se mettait à l’encenser en public ? Sans lui adresser le moindre mot d’excuse, au passage. Elle ressentait le besoin de frapper quelque chose tellement elle se sentait dégoûtée. Pas lui, elle savait pertinemment que cela ne lui ferait rien.
Elle n’avait qu’une envie : s’enfuir loin de cet hypocrite. Elle avait là une occasion en or : les seules personnes susceptibles de la retenir étaient occupées à parler ensemble.
Mais… Elle ne le faisait pas. La lisière de la forêt était là, juste sous ses yeux, et elle marchait dans le village, sans s’en approcher.
Elle pouvait pourtant vivre seule dans la forêt, elle l’avait déjà fait, autrefois. Elle pouvait réussir à retrouver les habitudes d’alors qu’elle avait perdue. Mais… Il y avait une chose qu’elle ne pouvait pas retrouver, quoi qu’elle puisse faire. Il y avait une chose que même les souvenirs ne pouvaient rendre. Le compagnon qui l’avait accompagné lors de cette vie oubliée. Seule ? Non, elle n’avait jamais survécu seule. Et elle avait peur à la simple idée de l’être. Elle était faible, et cette faiblesse la dégoûtait. Il fallait qu’elle s‘éloigne d’ici, de cet homme, et qu’elle reste seule, mais c’était là quelque chose au-dessus de ses forces. N’était-elle finalement pas au moins aussi dégoûtante que ce menteur de guerrier, avec sa vile faiblesse ?

Elle sentit l’homme s’éloigner du couple. Leur discussion devait être terminée.
Elle le guettait car elle n’avait pas envie de le voir. De toute façon, il n’allait sûrement pas la chercher. Il n’avait aucune raison de le faire. Genre, il n’avait aucune excuse à lui présenter.
Sentant qu’il venait dans sa direction, elle changea d’endroit. Ainsi il pourrait prétendre en toute bonne foi qu’il ne l’avait pas vu, et qu’il n’avait donc rien pu dire.
Il avait changé de direction après un arrêt… Et repris vers elle. Elle pinça ses lèvres. Il était finalement à sa recherche ? Elle bougea elle aussi en réprimant un sourire. Qu’il bataille, s’il voulait la voir ! Qu’il n’aille pas croire qu’elle allait lui faciliter les choses !
Il s’était de nouveau arrêté. Elle l’imaginait en train de fulminer en voyant qu’il avait fait chou blanc. Et elle ressentit une pointe de déception en pensant qu’il allait très vite se lasser et abandonner… Bah, s’il laissait tomber aussi vite, cela prouverait juste qu’il n’était qu’un caractériel qui ne se remet pas en compte et par conséquent une personne sans intérêt.



Elle fut prise au dépourvu par son action suivante. Elle l’avait senti bouger vers elle, mais si rapidement qu’elle n’avait pu faire qu’un pas avant de se sentir attrapée par la taille et emmenée de force, ballotée sur l’épaule sur laquelle elle venait d’être jetée. Il entra vivement dans une maison juste à côté.
« Sympa de m’avoir attendu devant chez moi. » Le ton de l’homme n’avait aucune note de complicité.
Joanna, furieuse d’avoir subi un tel traitement, oublia instantanément sa colère en regardant autour d’elle et en reconnaissant ce qui l’entourait. « Ah… Mais oui, c’est chez vous… »
Il se passa une main sur le visage, las. « Pars’que tu crois qu’je m’amuse à rentrer comme ça chez les autres, p’têt’ ?
-Euh… Oui ? » Elle lui fit un sourire crispé.
« Laisse tomber… »
Les différents griefs à l’encontre de son interlocuteur lui revinrent. « Hé… Mais ça ne va pas, la tête, d’utiliser votre vitesse de guerrier dans le village ?? J’espère que personne ne vous a vu, au moins ?! »
Il lui jeta un regard étonné. « Depuis quand ça t’inquiète d’savoir si chuis repéré ou pas ? »
La métisse grimaça. En effet, elle n’en avait normalement rien à faire… Peut-être même que ça arrangerait ses affaires, s’il était découvert ? Elle détourna son regard en rougissant. « J’ai dit ça parce que je m’emmêle dans les secrets à ne pas dévoiler… J’ai juste mélangé ! Parce que je m’en fiche, moi qu’ils sachent la vérité sur vous.
-Me disais bien… » Le regard sur une fenêtre, elle ne pouvait voir son petit sourire en coin.

« Ha ! » Un autre point la fit sursauter. « Vous avez réussi à comprendre comment je détecte les gens ?? Vous avez été sacrément précis, les trois fois où vous m’avez cherché ! » Le regardant de nouveau, elle le vit s’approcher avec son air patibulaire si près qu’elle recula d’un pas de surprise, mal à l’aise. Elle le sentit caresser brièvement sa queue, la faisant rougir.
« Ça ne va pas, la tête ?? » Elle manqua de tomber en cherchant à le repousser, comme il s’éloignait déjà de lui-même.
A quatre pas d’elle, il la regarda sévèrement droit dans les yeux en montrant un objet dans sa main. « Ça. Est-ce-que je ne t’avais pas dit que c’était un secret ? »
Le scaouteur. Qu’elle avait rangé à sa taille, tenu par sa queue. La méprise et l’accusation la firent rougir plus fort encore.
« Je… Je l’avais enlevé de l’œil, parce que cela me gênait, je n’ai pas l’habitude…
-Encore heureux !! » Le ton sec la fit sursauter. « Tain, t’as un bol pas possible que personne n’ait rien vu… » Il rangea l’appareil dans une bourse et la lui lança. « Là. Comme ça, tu pourras le garder sur toi sans risque.
-Je n’ai pas dit que je voulais le garder… Haaa ! » La lumière se fit dans son esprit. « C’est grâce à cela que vous nous aviez retrouvés, Cizel et moi ! Et après, dans le village… !
-‘Videmment. Genre j’aurais eu une illumination c’te nuit qui m’aurait appris comment te trouver ?
-Ah, mais il est hors de question que je le garde, alors ! »

Elle plaqua la pochette contre le torse de l’homme qui se saisit de sa main et serra. Elle sentait à travers le tissu les angles de l’appareil lui couper la circulation dans les doigts, la faisant grimacer.
« Si, tu vas la garder.
-Et pourquoi donc, d’abord ? Je n’ai pas forcément envie d’avoir quelque chose qui va me mettre en danger ! Vous pouvez me retrouver, avec ! Sauf que je ne veux pas ! Et puis qui d’autre, pour le coup, pourrait aussi me retrouver ??
-Il est trafiqué. Chuis le seul à connaître sa fréquence. Ça te permettra d’me joindre quand tu voudras. Au cas où toi ou quelqu’un aurait un problème en mon absence.
-Votre absence ?
-J’te rappelle que cinq jours sur sept chuis au palais. Ma maison est à toi. T’inquiète pas, j’t’embêterai pas à mes retours.
-Merci, mais non merci. Vu que je ne suis qu’un boulet qui s’affole pour rien, je ne vais pas plus longtemps vous ennuyer.
-Quoi, t’es encore fâchée ? »
La femme se raidit un peu en entendant cela. « Non. » Elle savait pertinemment que la sécheresse de son ton l’avait trahie. Mince… C’était donc si évident ? Elle avait pourtant tenté d’adopter une attitude neutre, jusque-là… Non ? Peut-être pas, en fait… Pas depuis qu’ils étaient en face à face, du moins… Oh, et puis flûte. Elle ne lui devait rien, n’avait pas besoin de lui, et ne le connaissait pas suffisamment pour nécessiter de prendre des pincettes. Après tout, s’il venait à se vexer, il lui ficherait enfin la paix. Elle dégagea enfin sa main.
« Oh, c’est bon, là, non ? T’as vu, hein, qu’j’ai tout dit qu’c’était d’ma faute à p’tite Kino !
-Ah oui ? Dans mon souvenir, c’est moi qui l’ai fait.
-Nan. Toi, t’as juste parlé des bobos du p’tit. »

Elle fronça les sourcils. Peut-être bien, en effet. Mais elle n’allait pas le lui concéder.
« Si ça peut t’rafraîchir la mémoire, moi, j’ai tout avoué, qu’c’était d’ma faute qu’le gosse s’était blessé, et j’ai même dit qu’t’avais été super pour le sauver. J’t’ai filé tous les beaux rôles. »
Elle serra les poings et les dents, incapable de trouver quoi lui répondre. Il était d’un culotté ! Encore heureux, qu’il ait parlé d’elle de cette façon ! Son soi-disant "beau rôle" n’était que le récit de ce qu’elle avait fait ! A l’entendre, il avait enjolivé les faits en sa faveur ! La colère qu’elle ressentait était telle qu’elle sentait des larmes lui piquer les yeux.
« Après, faut dire c’était pas difficile…
-Oui, merci. Allez, salut. » Elle n’en pouvait plus de l’entendre. Il était en train de la rendre folle de rage. Pas difficile ? Pas difficile de quoi ?? Elle préféra sortir que de réellement entendre le fond de sa pensée.
La profonde inspiration qu’elle prit en voyant qu’il coupait sa route vers la porte produisit un petit sifflement, en passant entre ses dents jointes.
« Ouais, c’était pas difficile, » reprit Tôgan, « de t’mettre en valeur, vu qu’t’as fait tout l’boulot. »
Joanna s’arrêta et lui lança un regard suspicieux.
« Moi, j’ai fait d’la merde, et toi, t’as tout nettoyé derrière. Ça va ? C’est bon, dit comme ça ? Ça t’suffit, ou faut que j’recommence des excuses publiques ? »
La question n’eut pas de réponse immédiate. Elle se contenta de le regarder longuement, semblant l’évaluer.

« Youhou, Jojo, y’a quelqu’un dans l’oreillette ?
-Poussez-vous.
-Pas tant qu’t’as pas dit qu’tacceptais d’rester ici. Et l’scaouteur.
-Je n’ai pas de raison de rester là où je ne suis pas la bienvenue.
-Bien sûr que si, qu’t’es la bienvenue ! T’as sauvé l’mioche là où j’aurais fait qu’le tuer, tu crois pas qu’j’ai une dette énorme envers toi ?? En plus, tu l’as soigné et on est sûr grâce à toi qu’sa vie, elle est pas en danger ! ‘Tain, faut que je le dise combien de fois, pour qu’tu sois satisfaite ?
-Vous avez été juste… Ignoble ! J’étais là, à me faire un souci monstre pour Taasai, pendant que vous étiez là à vous morfondre en croyant qu’il était déjà mort, j’ai fait mon possible pour vous faire vous bouger le cul pour le sauver, j’ai galéré comme pas possible pour le rejoindre dans le noir de ce bâtiment prêt à s’effondrer à chaque instant, et vous, tout ce que vous avez trouvé d’intelligent à faire quand vous avez su qu’il allait bien a été de me traiter comme de la merde ! Je n’ai jamais demandé à ce que vous me montriez une gratitude éternelle, mais un "merci" n’aurait pas été de trop, peut-être ?? Et des excuses sur votre attitude de… De connard ?!
-Woh, hé ! Tu crois qu’chuis en train d’faire quoi, là, d’puis dix minutes, hein ? J’ai même commencé d’vant témoins ! J’l’ai dit, non, qu’t’étais la meilleure, devant p’tit Kino, non ? Et qu’j’ai fait d’la merde, moi ?? J’l’ai dit, non ? »

Oui, c’était à peu près cela qu’il avait dit. Joanna commença à se sentir un peu bête. Elle croisa les bras en tournant la tête.
« Ah bon ? Ben c’étaient des excuses de m… Nulles. Et ce n’est pas mieux pour les remerciements. Parce que franchement, faites comme cela, c’était clair comme de l’eau boueuse. »
Elle sursauta en l’entendant crier un coup de frustration. « Bon, d’accord !! Je m’excuse, je suis juste un gros nullard !! … Et merci pour le mioche. »
Elle se retint de sourire. « Je n’ai pas entendu la fin, c’était dit trop bas…
-T’as très bien entendu !! J’me répèterai pas ! J’vais chercher à manger ! »
Elle le regarda sortir du coin de l’œil en réprimant un sourire.



Tôgan fulminait. A cause de cette chieuse, il avait dû s’asseoir sur sa fierté non pas une, mais deux fois en une heure. Si ça n’avait été pour Kinoko et sa mission, la décolorée aurait pu aller chialer là où elle voulait. Putain de vie.



Spoiler
Je disais précédemment que Tôgan était fortement inspiré par mon frère, mais rassurez-vous, là, il l'est moins ! ^^'
Mon frangin reconnaît tout aussi mal ses torts mais il présente ses excuses de façon détournée plus subtile que ça. Moins en connard, pour reprendre les mots de mon alter-ego. :D
Ah, et si vous trouvez que Joanna a des réactions de merde, rassurez-vous : c'est normal. Je suis bien placée pour savoir qu'elle en a. Pas mal. :P
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Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 25

Messagepar Heika le Lun Fév 13, 2023 2:21

De retour pour battre mes records ! :D

Pour les personnes qui auraient eu du temps à perdre ou une très bonne mémoire, non, le fait de dire que le roi semble -à son regard, pas au reste de son physique- n'avoir qu'une cinquantaine d'années ne contredit pas les chiffres donnés dans ce chapitre : autant je trouve absurde l'idée de voir les saiyens rester enfants longtemps (mais soit, si vous voulez, hein. Juste... N'appliquez pas ce principe aux métisses, ce qui fait contredire la croissance de Gohan et de Trunks du futur ! Parce que le chapitre spécial L'Histoire de Trunks, c'est quand même tout ce qu'il y a de plus officiel, dans le manga d'origine, pas de la création made in Toei, du spin-off, ce que vous voudrez !!), autant l'idée que les saiyens aient une plus grande longévité que les humains se tient, à mes yeux. Disons un vieillissement 1.5x moins rapide... Donc faire 50 ans à 70 ans, ça se tient...

Allez, c'est parti pour un nouveau chapitre super perfectible qui aura droit à une V.2 -comme tout ce tome, en fait- à une date ultérieure !!! (Genre quand j'en serai au tome 5 ou 6. :D )

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-26-





Cette nouvelle vie dans le village saiyen se présentait bien : elle était entourée de gens sympathiques qui la saluaient en la croisant, au lieu de la toiser d’un air dédaigneux voire de carrément l’ignorer, elle avait eu des excuses et des remerciements de la part de son colocataire, et ce dernier n’était présent que deux jours par semaine. Cerise sur le gâteau : le fait qu’il soit présent ne signifiait pas qu’ils aient à passer leur temps ensemble.
Elle sourit en repensant à Tôgan. L’homme devait sacrément se sentir redevable pour autant insister pour qu’elle reste chez lui et qu’elle garde le scaouteur… Redevable, et surtout coupable de l’avoir aussi mal traitée. Ha, soupira-t-elle intérieurement, si seulement il pouvait arrêter de se montrer aussi désagréable en permanence… Il n’était pas méchant, mais il savait se montrer agaçant tellement souvent que le savoir au loin était une bénédiction. Peut-être qu’avec le temps, il finirait par laisser tomber ses grands airs en sa présence, lui avait dit Kinoko. Elle lui avait dit, aussi, de ne pas tenir compte de son attitude, dans ces moments-là, que ce n’était pas quelqu’un de mauvais, juste un type maladroit avec les gens qu’il ne connaissait pas…
Bah, maintenant qu’il avait pris la peine de s’excuser, il était normal de lui donner une seconde chance. Mais ça ne signifiait pas pour autant qu’elle doive courir après sa présence. Plutôt que de se tracasser par anticipation, autant voir comment les choses allaient se passer dans l’avenir !



Le premier jour, elle entreprit un nettoyage complet de l’intérieur. Le fait d’être logée à titre gracieux ne signifiait pas de laisser le lieu sans entretien. Cette expérience lui rappela qu’elle avait toujours trouvé cette activité barbante au plus haut point. Et à la vue de certains coins, il était clair que son colocataire devait être du même avis… Le ménage, une fois par mois, ça devait suffire, conclut-elle.



Le deuxième jour et les suivants s’avérèrent bien plus intéressants. Pour vivre, il fallait un toit, qu’elle avait, et de quoi se nourrir. Et la nourriture ne tombait pas du ciel dans leurs assiettes…
Et il était hors de question de dépendre du palais. De toute façon, là-bas, il n’y avait que la nourriture des cantines, aucune provision délivrée pour cuisiner soi-même. Et détourner des stocks était trop dangereux…
Elle fut donc en premier lieu intégrée au groupe de chasse, suite aux compliments faits par Tôgan. La chasse, elle connaissait. Elle en avait l’intime conviction. Du coup elle était perpétuellement dans la lune, à chercher à saisir les bribes de souvenirs qui lui revenaient de cette époque perdue où elle formait un duo redoutable avec cet être oublié pour se montrer efficace.
« Quand t’es avec nous, t’es plutôt bonne, mais t’es trop souvent on n’sait où pour pouvoir t’faire confiance, désolé. »
Elle ne put qu’accepter cette mise à l’écart, comme c’était là malheureusement la vérité.

Puis elle accompagna les cultivateurs et découvrit leurs champs. Les plantes, elle connaissait. Mais même si elle n’avait là aucun problème pour aider, elle finit par s’excuser et les laisser œuvrer sans elle. Cultiver était pour elle hautement frustrant. Elle avait bien des connaissances en plantes, mais ne pouvait rien appliquer ici, car rien ne correspondait. Elle était par exemple persuadée qu’il était possible d’augmenter le rendement s’ils avaient les connaissances nécessaires. Et ces connaissances, elle ne les avait pas plus que ses nouveaux camarades…
Non, son domaine à elle, c’était la récolte de plantes médicinales. Et comme elle avait pu le remarquer lors de ses baguenaudages avec le prince, son savoir était rendu caduc par le changement de planète. Au final, ces heures passées à tenter d’étudier les plantes locales avaient été bien vaines, car sans expérimentation, impossible de connaître les effets de telle ou telle plante. Et comment tester sans risquer de mettre des vies en danger ?
Au final elle passa les deux derniers jours à ruminer sur la vacuité de sa vie et à ressasser ces moments si privilégiés passés avec Vegeta, ainsi que la dernière fois qu’ils s’étaient vus.



Ce qui fit que Tôgan retrouva une Joanna désœuvrée à son retour.
« T’vas t’tourner les pouces pendant combien d’temps ? » Il était la délicatesse incarnée.
« Je vais trouver quelque chose ! C’est obligé ! Il y a forcément quelque chose que je peux faire pour contribuer !
-Ben t’as intérêt à vite trouver, pas’qu’on aime pas trop les parasites, hein. »
Elle était déjà suffisamment déprimée pour ne pas entendre en plus ses critiques, et avait la furieuse envie de lui dire d’aller voir ailleurs, mais… Il était chez lui. Il allait falloir trouver une autre maison, rapidement. Mais pour en demander une, il allait falloir trouver comment la mériter, comme pour la nourriture…
Retour à la case départ.
« Tant pis… Je vais continuer l’agriculture. » Elle soupira. Même si cette activité avait un côté frustrant, au final, c’était peut-être la plus adaptée. Et puis, de toute façon…
« K’es’t’a à ricaner comme ça ? Tu m’files les jetons. »
Elle sursauta. Toute à ses réflexions, elle avait oublié la présence de l’homme…
« Bah… Je pense que j’ai en effet laissé tomber un peu vite, la dernière fois. Je crois que cette année passée auprès de la famille royale m’a donné un peu la grosse tête. »

Tôgan haussa un sourcil. « Comment ça ?
-C’est nul, mais je crois que j’ai surtout abandonné parce que… Je ne pouvais rien apporter de génial et flamboyant, pour bien me mettre en avant. Les plantes ? Je connais ! Ça va être trop facile ! Après tout, je suis l’étrangère qui a fait des miracles au palais ! Ah, mais en fait, si je n’apporte rien de neuf et si je galère, c’est juste parce je ne connais pas les plantes d’ici ! Sinon, vous auriez tous été émerveillés par mon savoir !
-T’es zarb.
-Je ne peux pas dire le contraire.
-En gros, t’as laissé tomber au bout de deux jours passke t’étais vexée. »
Joanna resta silencieuse quelques secondes, étonnée par le sentiment de soulagement qu’elle ressentait. Mais pourquoi avait-elle abordé ce sujet avec lui ? Kinoko aurait été plus gentille… Elle grimaça un sourire. « En gros… Oui. »
Au fond d’elle, elle savait pourquoi elle lui en avait parlé à lui, mais elle ne voulait pas s’avouer son contentement d’avoir en face quelqu’un qui n’hésitait pas à lui dire ses quatre vérités.
Il était de toute façon temps de changer de sujet. Elle lui avait suffisamment tendu le bâton.
« Est-ce-que vous pourriez me ramener là où nous étions la semaine dernière, s’il vous plaît ? »
L’homme, qui était jusque-là nonchalamment allongé sur sa couche, se redressa à moitié.

« Hein ? Tu parles de c’truc dangereux où Taasai a failli clamser ?
-Cela même. »
Il se laissa retomber. « Quelle idée. C’est trop dangereux. J’vais surtout aller éclater tout ça au plus vite ! »
Elle se jeta sur lui pour le retenir, même s’il n’avait visiblement pas l’intention de s’exécuter dans l’instant.
« Surtout pas ! Je suis sûre qu’il y a plein de choses intéressantes là-dedans !
-ça fait kekchose comme cinquante ans qu’les Tsufurs sont clamsés ! Tout c’que tu trouveras, c’est des trucs pourris ! Et pis t’as bien vu, avec le gamin : c’est prêt à s’écrouler !
-Non, il n’y a que le haut qui est dangereux, à cause des infiltrations d’eau ! Le bas est sec et sain !
-J’te répète que c’est trop dangereux ! Et pis… Tu t’mets souvent à califourchon sur les hommes, toi ? Coquine… »
Réalisant sa position, elle rougit fortement, lui donna un grand coup dans le ventre et retourna sur son siège.
Faisant semblant d’avoir été gravement touché, il partit rapidement sur un fou-rire qui lui coupa le souffle. Joanna le regardait fixement, avec insistance.
« Emmenez-moi juste une fois, j’ai un peu de mal à le situer, s’il vous plaît, » s’obstina la métisse.

« Nan.
-Je trouvais pourtant plus correct de vous le demander plutôt que d’y aller sans rien vous dire, mais si vous insistez ainsi… »
Il lui jeta un regard noir.
« … Et qui sait, peut-être même que je ne reviendrai pas ici… »
Il fut à côté d’elle en un instant. Il saisit son crâne de sa grande main et la lui secoua fermement –mais non sans douceur.
« Mais y’a quoi, dans ton crâne de piaf, à la fin ?? C’est dan-ge-reux ! C’est quoi, qu’tu comprends pas, là d’dans ?? Et pis j’te dis qu’y a rien !!
-Mais siii-euuuh ! J’ai vu deeeees magasiiiiiiins avec des vêtemeeeeeents, et ils sont en bon étaaaaaat ! »
Il la lâcha. « Mais on s’en fout, c’est d’la taille Tsufur !
-Oui, et ?
-Ben ça sert à rien !
-Pourquoi ?
-Parce qu’ils font la moitié d’not’taille, crétine !
-Ah bon ?
-T’étais pas au courant ?
-Ben non, idiot. »

Les Tsufurs, précédents habitants de cette planète, étaient des humanoïdes ressemblant aux saiyens, sauf qu’ils n’avaient pas de queue de singe, et surtout ils avaient la peau plus pâle, les yeux plus clairs, et les cheveux plus souples et colorés. Et en effet leur taille ne dépassait pas le mètre dix de haut, en moyenne. Ce n’était pas à proprement parler la moitié de la taille moyenne saiyenne, qui tournait entre le mètre soixante et le mètre soixante-dix, mais cela montrait une différence flagrante.
Tôgan fit mine de se remonter les manches. « Si j’éclate tout rapidos, t’auras plus à t’emmerder avec ça.
-Si vous faites cela, je m’en vais. Du village. »
Elle le regarda s’asseoir en râlant avec une certaine satisfaction. Quand même, elle ne comprenait pas pourquoi il insistait autant pour s’assurer de sa sécurité et de son confort… Pourtant, c’était une belle occasion qu’elle lui offrait là de se dédouaner de sa dette : si elle disparaissait, il n’aurait plus à s’embêter avec elle… Et il pourrait dire que c’était son choix à elle de s’enfuir ailleurs, qu’il n’y pouvait rien.
Mais non, au lieu de cela, il insistait. Cela lui faisait plaisir, mais elle ne pouvait s’empêcher de tester les limites de la générosité de l’homme. Qu’allait-elle pouvoir réussir à obtenir ?
Tôgan se chiffonna un bon coup les cheveux. « C’est bon, d’accord !
-Youpiiii !
-Mais !
-Mais ?
-En contrepartie, t’as intérêt à respecter certaines règles.
-Lesquelles ?
-Premièrement : tu pars jamais là-bas sans moi. J’t’y amène, j’t’en ramène. Le reste d’la semaine, tu bosses ici.
-Mais j’ai juste besoin que vous me montriez où c’est une fois, et ce sera bon… Je n’aurai plus à vous embêter… »
Elle rentra la tête dans les épaules en voyant son regard féroce.

« C’est dangereux. Tu n’as pas l’air de comprendre c’que c’est, mais je veux savoir quand tu y es, pour être sûr de pouvoir te sauver si’y a une cou… Un problème. Est-ce-que tu peux faire rentrer ça dans ton crâne plein de vide une bonne fois pour toute ? »
Elle hocha la tête, impressionnée.
« Bien. Deuxième point : tu gardes ton scaouteur à l’oreille. Tu dois pouvoir me répondre dans la minute à chaque fois que je t’appellerai. Et je t’appellerai à chaque heure. Pour être sûr que tout va bien. »
Elle approuva là encore. Il prenait sa sécurité avec un tel sérieux que l’envie puérile de continuer de le tester venait de disparaître.
« Très bien. Troisième point : Tu m’tutoies. »
Elle commença à hocher la tête et se figea, les yeux ronds.
« Quoi ?
-T’arrêtes de m’vouvoyer.
-Je… Ne vois pas le rapport…
-L’aut’jour, t’as très bien causé pour m’bouger les fesses. Donc tu sais tutoyer. Donc tu continues. »
Elle réfléchit quelques instants. Il était vrai qu’elle avait manqué de politesse dans ce moment d’énervement… Elle s’en était voulue, même si, quelque part, cela lui avait fait un bien fou…
« C’é… C’était un cas exceptionnel… De force majeure, si vous préférez…
-M’en fous. Pas d’tutoiement, plus d’souterrain. Boum. Crac. Pshout ton truc. »
Elle lui lança un regard furieux.
Il étira ses bras vers le plafond, se joignit les mains derrière la tête pour prendre une pose plus décontractée, et lui répondit avec son sourire le plus éclatant.



Trois quart d’heure plus tard, le duo était de nouveau sur la colline mystérieuse.
L’exploration pouvait reprendre.



La descente depuis l’ouverture ne fut pas difficile. Connaissant désormais la disposition des lieux ainsi que les pièges des étages supérieurs, elle pouvait bouger plus facilement sans craindre quoi que ce soit. Elle restait tout de même sur ses gardes, nul n’était à l’abri d’un accident dû à la vétusté des lieux et aux infiltrations. La lumière portative trouvée lors de sa première visite était elle aussi une grande aide, trouvant cette vision plus agréable que le monocle et ses images spectrales.
En parlant de spectre… Elle n’avait pas peur des fantômes, pas vraiment, mais elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer des êtres éthérés apparaître de chaque recoin sombre pour lui sauter dessus. Et la lampe de poche était une bien meilleure arme contre les affres de son imagination que la lunette. Au contraire, cette dernière semblait même entretenir son appréhension à voir quelque chose apparaître. Sauf qu’en toute logique, ça ne pourrait PAS apparaître dans le scaouteur, pour la même raison que les fantômes lui faisaient un petit peu peur : étant morts, ils n’avaient donc par définition aucune énergie vitale, donc aucun moyen d’être perçus par l’étrange technique qui faisait tant envie à Tôgan, et étant sous forme spectrale, n’avaient aucune consistance pour être capté par l’appareil.
Arrivée à la porte du premier étage, elle décida de sauter directement dans la cour intérieure par sa galerie, plutôt que de continuer jusqu’à la porte trouvée après le sas, craignant que sa curiosité ne l’entraîne trop vite dans les profondeurs sans finir d’observer cette partie-là.
C’était aussi désert qu’elle l’avait perçu une semaine auparavant. En balayant l’espace de sa lumière de là où elle était, elle pouvait voir les parois s’éloigner de part et d’autre en s’incurvant, mais leur point de raccord était trop éloigné pour sa lampe. Elle avança sur le gravier de l’allée qui suivait les murs jusqu’à une bifurcation, quelques pas plus loin, sur laquelle elle s’engagea. Comme elle s’avançait vers le milieu de cet espace vaste comme un stade, elle put découvrir un jardin fantôme à l’herbe sèche, doté de trois arbres morts, avec par ici des restes de buissons, par là des parterres qui avaient dû autrefois réchauffer les cœurs avec la myriade de couleurs des fleurs qui y avaient poussées. Elle ne poussa pas jusqu’à l’aire de jeux qu’elle entraperçut au loin et délaissa l’idée de se laisser aller à une certaine mélancolie qu’elle sentait poindre en elle sur un des vieux bancs disséminés dans cet espace où le temps semblait s’être arrêté des années auparavant.
Secouant ses épaules pour chasser le spleen de son esprit, elle retourna à cet endroit qu’elle avait appelé la galerie marchande, où elle put recharger son stock de batteries pour sa lampe. L’idée de se retrouver avec le scaouteur comme seule source de lumière dans un endroit aussi vaste la faisait frissonner.
Et tandis qu’elle répondait au premier appel de Tôgan, elle franchit le sas qu’elle avait ouvert une semaine plus tôt ; après un nouveau coup d’œil au plan affiché au mur, elle s’engagea dans un couloir qui s’enfonçait un peu plus sous terre.



« Veuillez décliner votre identité. »
Ses senseurs avaient capté du mouvement au niveau de l’entrée principale du complexe souterrain. Un être vivant avait réussi à entrouvrir la porte.
Son système de sécurité ne lui permit pas de se réactiver immédiatement. Le logiciel de diagnostic se lança seul, restreignant ses actions durant cinq minutes. Le lien vers les capteurs n’avait pas été interrompu pour autant, et quatre minutes et douze secondes après son entrée, la créature disparut de sa zone de contrôle.
Hypothèse : S’il avait été un être biologique, il aurait sûrement ressenti frustration et dépit.
Le rapport d’analyse indiqua qu’un vérin était tombé en panne. Cela expliquait comment l’entrée avait pu être forcée.
Son horloge interne lui indiquait que soixante-dix-huit ans s’étaient écoulés depuis le départ du dernier des Créateurs.
Hypothèse : Ils étaient de retour. Cependant, le départ rapide de l’être infirmait cette hypothèse.
Le rapport d’analyse indiquait aussi que l’énergie en réserve n’était pas suffisante pour se permettre des dépenses futiles. Il se remit en veille.

Des mouvements à l’entrée l’en sortirent. Sept jours s’étaient écoulés. Nul besoin d’un nouveau check-up système, il était immédiatement opérationnel. Les senseurs indiquaient que cette fois l’intrus s’enfonçait dans les profondeurs du complexe. Il gagnait à être analysé, pour vérifier son identité et son niveau potentiel de menace. Cependant il préféra reporter l’allumage des caméras pour procéder à cette analyse pour garder cette énergie pour l’essentiel. Il allait devoir attendre que l’être vivant parvienne à trouver la salle de contrôle. En cela, il pouvait l’aider en activant les LED de secours au bas des murs des couloirs menant à la salle principale.
La créature ne fit pas de difficulté et suivit de bon gré le balisage, et enfin la porte s’ouvrit.
Il l’accueillit en illuminant la pièce.
Ce n’était pas un Créateur. Ce n’était pas un tsufur. C’était trop grand, de la taille moyenne des mâles saiyens. Mais la peau était trop claire pour être celle d’un saiyen. C’était une peau claire de tsufur. Les cheveux étaient trop clairs pour ceux d’un saiyen. Mais ce n’était pas pour autant une couleur tsufur.
« Veuillez décliner votre identité. »
Tout en engageant la conversation, il recensait et analysait tout ce qu’il pouvait sur l’être qui venait d’entrer.

Bipède humanoïde.
A sang chaud.
Femelle.
Au fur et à mesure de son relevé, il éliminait les races connues de son répertoire qui ne pouvaient pas être associés à la description. Nameks. Chelonis.
Appendice caudal typique saiyen, quoique plus clair, enroulé autour de la taille. Saiyen.
Pilosité concentrée sur le haut du crâne et sur l’appendice.
Mains constituées de cinq doigts.
Tenant une lampe torche tsufure. Technologie tsufur.
Scaouteur à l’œil droit. Technologie tsufur.
Petites oreilles latérales rondes.
Tenue d’origine et de matière inconnues.
En vingt-deux secondes exactement, il avait pu éliminer tout son catalogue et se retrouvait avec les trois réponses suivantes : saiyenne, tsufure, non recensée.
A la vingt-cinquième seconde, il réitéra sa question, n’ayant pas eu de réponse. L’inconnue ne faisait que regarder en tous sens, comme à la recherche de l’origine de la voix. Puis, à la quarante-huitième seconde, elle prononça une phrase. Interrogative. Dans une langue incompréhensible.
Il revient à la quarante-septième seconde de sa mémoire vive, et diffusa la question dans ses haut-parleurs. Elle était toujours aussi incompréhensible.
La créature fut alors définitivement classée en tant que « non recensée ». Même son langage était inconnu.



La lumière de la torche montrait bien qu’il y avait plusieurs couloirs, mais les veilleuses qui s’étaient allumées lorsqu’elle avait pénétré dans le couloir semblaient l’inviter à les suivre…
S’il y avait invitation, il y avait intelligence, et vie…
Elle se retrouva devant une porte épaisse, dans le même esprit que celle qui avait bloqué l’accès à cette partie du bâtiment, et avant même qu’elle ait cherché un moyen pour l’ouvrir, elle s’était dérobée devant elle.
La lumière qui s’offrit alors à son regard, si vive après ces longues minutes dans les couloirs si noirs, avec juste une lampe et des loupiottes pour toute aide, l’aveugla quelques instants. Une fois ses yeux habitués à la luminosité ambiante, elle découvrit une vaste salle aux murs couverts d’écrans et de panneaux de contrôles, et aux sièges… Vides.
Mais il devait y avoir quelqu’un, quelque part, car une voix sembla sortir de nulle part.
Joanna resta coite en l’entendant, surprise de se retrouver pour la première fois depuis son réveil face à un dialecte inconnu.
La même phrase fut répétée une seconde fois. Ou du moins, ça avait l’air d’être la même… Elle ne pouvait le certifier…
Se ressaisissant, elle tenta d’engager la conversation : « Il y a quelqu’un ? »
Quelques secondes après, elle entendit sa propre voix répéter ce qu’elle venait de dire.
« Oh ! C’est ma voix ! Où êtes-vous ? Je ne vous veux pas de mal, je vous le jure ! »



Voilà qui était ennuyeux.
Cet être n’avait clairement aucune attribution pour légitimer sa présence dans cette partie du complexe, et encore moins dans cette salle qui était le cœur de tout.
Cependant, s’il respectait la procédure à la lettre, autant se déconnecter définitivement à tout jamais.
Cela faisait près de quatre-vingt ans qu’aucun tsufur n’était revenu. Donc tous ceux qui avaient connaissance de ce centre scientifique devaient être morts. Il pouvait même avancer l’hypothèse comme quoi tous les tsufurs avaient été décimés par les saiyens.
Il y avait à partir de là plusieurs scénarii possibles : dans le meilleur des cas, les tsufurs avaient pu s’en sortir lors de la traîtrise des saiyens, mais le docteur Raichi et son équipe avaient péris, emportant le secret de ce complexe dans la tombe. Dans le pire des cas, ils avaient été décimés. Il y avait un corollaire à cette seconde hypothèse : la planète avait ensuite été colonisée par un autre peuple, totalement inconnu de ses fichiers, dont cette femme était la première représentante rencontrée. Il y avait aussi un corollaire à la première hypothèse : ce qui restait du peuple tsufur avait été réduit en esclavage et n’était pas libre de ses mouvements, pour venir dans ce complexe.

De toute façon, de toutes les hypothèses trouvées, il n’y en avait qu’une seule qui découlait sur un état de fait lui permettant de conclure que la vie à la surface était sans danger, et toutes les autres impliquant un danger trop important pour sa précieuse cargaison. Il fallait donc réussir à communiquer avec la femme pour en apprendre plus.
Et seulement après, il pourrait envisager de ramener à la vie les centaines de tsufurs dormant d’un sommeil glacial dans ses entrailles.
Pour cela, il fallait réussir à entamer le dialogue.
Pour cela il fallait parler un langage commun.
L’Intelligence Artificielle reprit sa phrase de départ dans toutes les langues contenues dans ses fichiers. Au début, la femelle tenta de répéter lesdites phrases maladroitement, au lieu d’y répondre, puis son incompréhension se mua en exaspération évidente.
Hypothèse : si elle avait eu elle aussi des sentiments, elle aurait fini par s’énerver aussi. Mais elle ne ressentait pas ce genre de besoins, et alla jusqu’au bout de sa procédure, qui s’avéra être un échec.
Hypothèse : si elle avait eu des sentiments, elle se serait éteinte, frustrée par cet avortement de communication. Mais comme rien ne portait ses fruits, il fallait simplement adopter une nouvelle approche.



Joanna avait envie de pleurer. Quelqu’un lui parlait d’une voix mécanique, de façon répétée et brève, et surtout incompréhensible. Elle avait bien tenté d’ouvrir le dialogue en répétant des phrases tant bien que mal, pour que l’Autre ait moins peur et sorte enfin de sa cachette, mais rien n’y avait fait. Et il continuait inlassablement, de son ton monocorde de plus en plus agaçant, telle une vraie machine. Comme dans les films et dessins animés qui passaient à la télévision…
Des images lui revinrent, mais elles furent aussitôt chassées par une illumination : et si c’était justement la machine qui tentait de lui parler ?
Oui, mais… Des machines, elle en avait déjà vu, surtout dans les labos des scientifiques, et ils ne faisaient qu’exécuter les ordres programmés, ils ne prenaient aucune initiative, jamais.
Et si ici c’était un ordinateur intelligent ? Quelle découverte sensationnelle ce serait ! Une machine qui parlerait, réfléchirait, et pourrait presque se déplacer…
Ce dernier point la remplit de terreur un bref instant. Elle préféra chasser cette idée de son esprit. Une machine ne devait pas bouger.
Un nouveau phénomène détourna son attention : une image venait d’apparaître sur un écran.
« Oh, un arbre ! »
La voix répéta l’intégralité de la phrase d’un ton monocorde. Il n’était plus question de repasser des enregistrements, apparemment.
Elle secoua la tête. « Non. Un arbre. Arbre ! » Insista-t-elle.
« Arbre. »
La métisse se mit à applaudir, enthousiaste. « Ouiii ! Arbre ! »
Un dessin schématique de visage renfrogné secouant la tête de droite à gauche apparut. « Non.
-Oui, bravo ! Euh, non ! Oui, c’est non ! » Elle se prit le visage dans les mains. « Oh nooon, c’est vraiment compliqué… »
Le dessin se rajouta un demi corps avec des bras qu’il croisa devant lui. « Non ».
Puis il devint souriant et hocha la tête avec enthousiasme. « Oui. »
La spectatrice manqua d’en pleurer. « Oui, c’est ça !! » Elle fit la même tête de grognon et forma une croix avec ses bras. « Non ! » Puis elle hocha à son tour vivement la tête, souriante. « Oui ! »
L’écran passa à une autre image.
« Le ciel ! Ciel ! »
Puis la machine répétait, était approuvée par la visiteuse, et passait à l’image suivante.



« Kestufous, à dire des mots sans queue ni tête de façon aussi enthousiaste ?? »
Joanna poussa un cri de surprise, faisant pester le saiyen à l’autre bout de la communication.
« Je… Je regarde des images… » Que pouvait-elle dire sur ce qui se passait ici ?
« Et paske tu regardes des images, t’as besoin d’raconter c’que tu vois comme un gamin qui apprend à parler ?? Allez, j’en ai marre, ça fait suffisamment longtemps qu’t’es là d’dans, ramène tes fesses !
-J’ai compris, j’arrive… »
Mieux valait se montrer docile et obtempérer sans rechigner pour ne pas perdre la chance de revenir. Elle jeta un dernier regard à l’ordinateur, sans trop savoir comment signaler qu’ils devaient s’arrêter, et fut surprise de voir qu’une plaque s’était allumée sur un terminal et que l’écran montrait son scaouteur être posé dessus. L’image repassait en boucle, avec insistance.
« Tu… Tu veux que fasse ça ? »
Incrédule, elle défit l’appareil de son oreille et le posa. « Et maintenant ? »

La plaque se mit à briller plus vivement, et l’écran devint noir, avec une barre qui se remplissait petit à petit. Elle voyait au milieu un chiffre accompagné d’un sigle de pourcentage. Et le chiffre augmentait, augmentait… Et les chiffres qui défilaient étaient les mêmes que ce qu’elle connaissait, seule écriture qu’elle n’avait pas eu besoin d’apprendre. Elle se mit à lire ce qu’elle voyait, et vit l’écran se scinder en deux, le chiffre un d’un côté et la barre de progression de l’autre. Visiblement, la machine voulait profiter des dernières minutes. Elle ne se fit pas prier.
Une fois la barre arrivée à cent pour cent, elle revint à zéro et se remit à progresser, plus rapidement, tandis que la lunette du scaouteur, dont elle pouvait voir la face intérieure, clignotait comme si l’appareil s’éteignait et se rallumait à plusieurs reprises. La plaque, qui restait lumineuse sans pour autant briller comme lors des dernières minutes, s’éteignit totalement lorsque la barre de progression atteignit de nouveau les cent pour cent.
Joanna put reprendre son appareil, comme le signalait une petite animation sur l’écran.
« Qu’est-ce qu’elle a bien pu faire… » La pièce retomba dans le noir tandis qu’elle s’interrogeait sur la raison de l’agissement étrange de la machine envers l’appareil.
« Oh non… Comment je vais faire, pour rentrer ? Hééé, hho ? Est-ce-que je peux avoir de la lumière ? Comme pour venir… »
Elle soupira en baissant les épaules. « Est-ce-que je vais réussir à retrouver mes traces dans la poussière ? … Ha, c’est vrai, il n’y a quasiment pas de poussière, par ici… HA !! »
Elle sursauta, voyant un plan s’afficher sur sa lunette. Un point clignotait à un endroit, puis ce point se mit à suivre une ligne de pointillés qui venait d’apparaître.
« C’est pas vrai ? Il m’a mis le plan du bâtiment, et la route pour rentrer ? » Elle sauta de joie, profondément soulagée.
Grâce à cette aide inespérée, elle ne mit pas longtemps à revenir sur ses pas.



« Bon, alors, kesta fichu, à d’dans ? »
Joanna s’était attendue à ce qu’il lui pose cette question sitôt sortie du complexe. Mais au lieu de cela, il l’avait attrapée et ils s’étaient envolés d’abord. Il devait vraiment en avoir marre de ne rien faire…
« J’ai trouvé un appareil qui montre des images.
-Et c’est ça qui t’passionnait autant, quand j’t’ai appelé ?
-Ca m’a rappelé les livres d’image que j’avais, chez moi, pour apprendre à lire, quand j’étais petite… » Sur le trajet du retour, elle avait décidé d’opter pour des demi vérités.
« Et ça répétait même tes mots ?
-I-il y avait une fonction vocale… » Elle déglutit. Il ne rajouta rien d’autre qu’un soupir.
« Et ça t’a pas suffi, j’présume ?
-Non ! Je veux y retourner la semaine prochaine !
-Ah ouais ? Alors kessondis, dans c’cas là ? Et t’as pas intérêt à t’tromper…
-S’il v… S’il te plaît. »Ha, ce qu’il pouvait être agaçant !!
« Mouais, j’y réfléchirais… »
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