Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 26

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 16

Messagepar Heika le Ven Sep 06, 2019 1:23

Couuucouuuu !
Image

...
Punaise, je suis VRAIMENT en train de me calquer sur la CAF, moi... >__>
Image

Bon, bref...

@Xela > Mais je ne suis pas partie bien loin, la preuve en est que je traîne tous les jours mes guêtres sur le forum, même si je survole plutôt qu'autre chose ce qui est posté !
Tu as peut-être simplement une bonne mémoire, pour avoir si facilement raccroché ? :D
La suite est lààà ! :D (avant les prochains 3 mois d'attente...)
Et pis encore merci à toi d'être toujours présent, fidèle au poste ! Tu es formidable !

@Masenko > Olaaaaa toaaaah !
Vouzizi ? Je vous croyais zozo ?
Hum...
Spoiler
Tu as eu une baisse de régime en lecture ? Ca tombe bien, j'en ai une en écriture, ça se complète ! XD
Ho, des oublis sur ce qui s'est déroulé dans les chapitres précédents ? Achète-toi une Xela-memory, visiblement c'est de la bonne qualité. D'ailleurs, le titre du tome 1 de la série sur Kriss de Valnor a été inspirée de lui : "Je n'oublie rien".
Mais ici, c'est de TOI dont on parle, Masenko. Revenons-en à toi.
Le Docteur est là, il t'écoute. Vas-y, confie-toi. Oui, il est tard, j'aurais dû me coucher au lieu de poster. Ça se sent ?
Haaa, les idées pour commenter... Je crois que c'est un talon d'Achille général. Moi-même, un pauvre "Hey ! J'ai lu et j'ai aimé", même en sachant que ça fait quand même plaisir au destinataire parce que ça fait quelqu'un qui fait un minimum d'effort pour signaler qu'il a lu, ben je trouve ça tellement pauvre, et si peu révélateur de tout ce que j'ai pu ressentir en lisant... :/
Mais une fois le dernier mot lu, tourné et retourné dans mon esprit, apprécié jusqu'à la dernière lettre, je suis là, l'esprit vide... X_x
Bref :
Image
(j'ai l'impression de faire mon Artikod, à parler pour ne rien dire, là... ? :D )
Je ne voulais pas te faire un p'tit com' tu vois, ton histoire mérite mieux !

Elle est toujours aussi spéciale, je crois que, avec les fics d'Omurah, c'est la fic la plus décalée que j'aie pu lire...

Je... je...
*Blush*
En voilà de bien beaux compliments !
Surtout qu'être comparée/mise en parallèle/Citée avec la fic de Daddy Omuh' est toujours pour moi un honneur !

Mais... Mais... Mais... Ton style est très bien aussi ! Il y a juste quelques petites tournures malheureuses (que je ne peux décemment critiquer, parce que je suis sûre que j'en ai aussi, même si personne ne les a pointé du doigt jusqu'à présent) et des pt'tites fautes dues à l'inattention ;)

Woé ? La relation grand-père/petit -fils est si étonnante que cela ? °o°
Ce n'est pas du bête conflit d'ado qui se cherche face à l'autorité familiale, puis qui apprend à devenir à son tour un adulte considéré par cette même autorité ?
Ooooh oh, oh, oh ooooh... *rire à la Frifri* C'était pour éviter d'écrire un autre commentaire d'étonnement quand à l'ingéniosité que tu me dis trouver sur cette autre relation... Je croyais que tu allais simplement dire "ha, on sent le retour de la Mary-Sue dans ce passage !" XD

Si Paragus est aussi difficile à cerner que dans le film, c'est donc qu'il n'est pas OOC ! Chouette !

Hum, malgré toutes les qualités que tu trouves à ma fic, il se peut qu'à un moment j'arrive à te décevoir sur le dénouement...
Si dénouement il y a...
C'est p'têt' pour ça...
Mais c'est bien, aussi, le lâcher prise.
Je crois.


Voilà voilà, je vais m'arrêter là et j'espère que ça va t'encourager suffisamment pour nous amener la suiiiiite dans pas trop longtemps :)

Il se trouve que j'étais justement en train de mettre la dernière main au chapitre suivant... :D

(et te commenter ça m'encourage à continuer à avancer dans la suite de l'écriture d'AGP ... Ouioui, tu as bien lu... J'ai repris...)

Image
N'hésite pas à visionner la vidéo d'origine de ce gif... :D

Allez, c'est parti pour le nouveau chapitre !
Après, je vais devoir affronter le plus terrible chapitre qui soit : le 18.
Je bloque énormément dessus. >.<
Mais à un point que vous n'imaginez pas.
Peut-être qu'une fois vaincu, la suite viendra plus facilement ?
J'ai espoir ! ^^/
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



-17-




La période d’incarcération se termina enfin.
Un garde ouvrit la cellule de la métisse. « Tu es libre. »
Joanna le remercia en souriant. « Et… Est-ce-que je pourrais avoir un peu d’aide pour ramener mes affaires au palais, s’il vous plaît ? »
L’homme s’éloigna en faisant la sourde oreille, la laissant avec ses bagages. Elle avait tout soigneusement emballé après le petit-déjeuner, comme elle savait regagner enfin sa liberté, et à ce moment-là le luxe dont elle avait joui durant son incarcération lui avait plus que jamais sauté aux yeux : combien de prisonniers pouvaient se vanter d’avoir eu droit à un bureau, une chaise, des livres, du matériel de dessin et d’écriture, des couvertures supplémentaires, et un coin toilette portatif ? Elle regarda le paravent replié avec appréhension. Elle avait été bien contente de l’avoir lorsqu’elle avait eu besoin de se laver et de se soulager, pour ne pas courir le risque d’être surprise en position gênante, mais comment allait-elle l’emmener ? Déjà que transporter la table et la chaise n’allait pas être facile, alors avec le paravent en sus…
Elle n’avait pas le choix, constata-t-elle en soupirant. Elle renversa la table, mit la chaise dessus, le paravent, chargea bassines, livres et papiers, et souleva le tout pour le porter sur sa tête.

Elle soupira de nouveau lorsqu’elle constata que la table ne passait pas la porte de la cellule de cette façon ; elle dut tout poser, décharger, passer la table en la penchant, recharger dans le couloir et enfin, enfin ! Elle put se mettre en route vers le palais.
Mais son calvaire ne s’arrêtait pas là… Elle avançait avec hésitation dans les couloirs, s’arrêtant à chaque intersection pour étudier les marques qui y étaient apposées, s’engageant dans une voie sans assurance, rebroussant chemin en doutant de son interprétation des signes, et soupira de lassitude quand enfin elle atteignit la sortie de la zone de détention. Elle venait de sortir du dédale le plus simple…

Ce qu’elle avait redouté ces six derniers mois était en train de se produire : elle était mise au pied du mur, contrainte de se débrouiller seule pour se déplacer avec des connaissances sommaires en signalisation. Cela faisait un moment qu’à l’heure de dormir elle se fustigeait de ne pas avoir tenté de mettre en pratique les faibles connaissances en orientation qu’elle avait, et chaque fois, pour se donner bonne conscience, elle se disait qu’elle consacrerait un temps de sa journée pour la mise en pratique. Oui, elle le ferait demain, dès demain, toujours demain…
Mais Vegeta était toujours là, toujours présent dans les périodes propices à un apprentissage, et il avait toujours quelque chose à lui montrer, un endroit où l’emmener, et elle, elle se laissait docilement transporter sur la planète, à la découverte de cette nature si étrangère et si familière à la fois, loin des regards réprobateurs de ces valeureux guerriers qui toléraient contraints et forcés sa présence dans le saint des saints sans jamais l’accepter.



Elle laissa échapper un bref rire amer, à l’idée qui venait de lui traverser l’esprit : pour trouver le chemin vers le palais, il lui suffisait de suivre la route la plus étouffante…
L’affection qu’elle portait envers le Prince et le Roi n’étaient ni feinte ni forcée. Il lui en fallait peu pour se laisser dévoyer par Son Altesse et ses idées de promenades hors du palais alors que l’un comme l’autre auraient pu consacrer ce temps à des activités plus importantes pour leurs buts respectifs. Mais passer du temps avec le jeune homme était devenu essentiel à son quotidien, une sorte de dépendance qu’elle ne voulait s’avouer en journée mais qui refaisait surface lors de ses crises d’insomnie. L’idée de déplaire au peuple Saiyen n’était pas ce qui la dérangeait le plus, quand elle osait y réfléchir, aux heures les plus sombres de la nuit ; par contre, le fait de savoir qu’il faudrait arrêter un jour prochain cette fréquentation lui serrait le cœur douloureusement, et elle ravalait ses larmes jusqu’à avoir trouvé un autre sujet de lamentation où elle pouvait lâcher les vannes.
Il était tout de même étrange de constater que la métisse, pourtant si prompte à pleurnicher, refusait catégoriquement de se laisser aller sur ce sujet. Elle avait l’impression, quelque part, que le jour où elle pleurerait pour cela serait celui de sa défaite. Elle était cependant incapable de dire pour quoi ou contre quoi elle se devait de lutter…



Ses pensées s’interrompirent comme un sentiment de malaise fleurissait en elle. Elle n’avait encore croisé personne, depuis qu’elle avait quitté la zone des cellules… Les couloirs étaient étrangement déserts. Personne ne vivait donc dans cette partie ? Sinon, comment expliquer cette absence de vie ? Elle nota tout de même que le couloir était propre et correctement éclairé, donc Joanna en conclut qu’il devait tout de même être utilisé… Mais quel silence oppressant…Tout un tas de scénarii traversèrent son esprit toujours prêt à imaginer les pires histoires, et elle dut se faire violence pour ne pas croire que cet horrible Freeza avait massacré le peuple Saiyen dans le seul but de la récupérer elle. C’était vraiment présomptueux de sa part de s’imaginer avoir une telle importance. Même si, lui rappela une part de son esprit, il avait fait en sorte de soi-disant se perdre pour la revoir une dernière fois avant son départ…

De penser à cet épouvantable individu et face à cette situation pour le moins étrange, ses sens étaient désormais plus en alerte que jamais depuis son arrivée sur la planète Vegeta. Son instinct s’était comme brutalement réveillé, et elle sentait comme des présences, plus ou moins proches, lui donnant l’impression qu’il y avait des gens tout près, et elle entendait des bruits… Des murmures, des bruissements légers… Elle avait l’impression de voir les ombres bouger, du coin de l’œil, de sentir des courants d’air là où il n’aurait rien dû avoir…

Une certaine appréhension se mélangea à son malaise. Les Saiyens avaient-ils des histoires de fantômes ? Peut-être était-elle tombée sur une partie de la construction très peu utilisée, car hantée ? Et dans ce cas, hantée par qui ? L’histoire de cette planète refit surface dans sa mémoire : et si c’étaient les fantômes des Tsufurs ? Vaincus de leur vivant, peut-être avaient-ils acquis dans la mort des capacités particulières grâce à la haine qui leur permettait de faire du mal aux descendants de leurs bourreaux ?
Elle préféra presser le pas, songeant au passage à se débarrasser du paravent vraiment trop encombrant, juste ‘au cas où’. Parce que là, à porter son barda, elle était très vulnérable…



Elle eut soudainement l’impression d’une présence toute proche qui la suivait. Elle s’arrêta pour écouter. Il n’y avait que le silence… Elle se remit à marcher, incapable de se tourner à cause de sa charge, et entendit un bruit de pas. Elle s’arrêta de nouveau. Le bruit cessa aussitôt. Alors qu’il faisait plutôt bon, dans le couloir, elle sentit l’étreinte glacée de la peur s’insinuer en elle. Elle se mit à courir en tournant de façon aléatoire aux intersections dans l’espoir de semer son poursuivant. Cela ne faisait plus aucun doute : elle était bel et bien poursuivie ! Le second bruit de pas avait mis quelques instants à s’aligner sur sa vitesse.

Ne faisant plus attention à ce qui se passait devant elle, elle percuta une personne de petite taille, ce qui fit voler son chargement quelques mètres plus loin.
« Aïe ! Faites attention quand vous… Joanna ? »
L’interpellée se redressa un peu péniblement pour regarder sur qui elle était tombée. « Gine ?
-Que fais-tu ici ? » S’étonna l’enfant. « Et à courir, en plus ? Et… C’est quoi, tout ça ?
-Ce sont mes affaires… J’étais en train de rentrer au palais lorsque… Dis-moi, Gine… Est-ce-que cette partie serait hantée ? »
La fillette la regarda avec surprise. « C’est quoi, hanté ?
-Il n’y a pas de fantôme ? De spectre ? D’esprit ?
-Je crois que je ne comprends pas de quoi tu me parles… » S’excusa Gine en retour, gênée.
Joanna reprit ses questions sous une autre forme : « Est-ce-que cette zone ne serait pas le théâtre d’événements inexpliqués ? »
L’enfant réfléchit quelques secondes. « Non…
-Pas de disparitions mystérieuses ? D’endroits bizarrement froids ? Des bruits étranges qui viennent d’on ne sait où ?
-Non plus…
-Mais alors… Pourquoi il n’y a personne ici ?
-Sa Majesté a terminé ses négociations avec le seigneur Freeza, et il y a eu plein de contrats d’établis. C’est la première fois qu’autant de Saiyens s’en vont en mission en même temps ! Alors maintenant, les couloirs sont un peu vides… »

Joanna soupira de soulagement en s’allongeant sur le sol. Tout cela n’avait été que le fruit de son imagination…
« Joanna… Tu ne te serais pas perdue ? »
La question fit sourire la métisse. « Qu’est-ce-qui te fait dire ça ?
-Ce n’est pas la route la plus normale entre le quartier des cellules et le palais… »
Joanna se mit à rire pour de bon. Après la peur qu’elle venait de se faire, cela lui faisait un bien fou. « En fait, tu as tout à fait raison… Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais j’ai eu la trouille et je me suis mise à courir comme une folle, sans regarder où j’allais.
-La trouille ? Tu as eu peur de quoi ? » Les magnifiques yeux noirs de Gine étaient écarquillés par la stupeur.
« J’ai cru que les morts étaient revenus depuis l’autre côté et voulaient nous faire du mal… Des fantômes, quoi, » dit Joanna, de nouveau debout, en rassemblant ses affaires éparpillées.
L’enfant lui apporta son aide. « Et tu as fui ? Il ne faut pas fuir, c’est déshonorant ! Laisse le paravent, je vais le porter. »

La femme, reconnaissante, laissa la fillette lui donner un coup de main. Elles reprirent leur chemin tout en continuant de parler.
« Les fantômes n’ont pas de corps physique, » expliqua Joanna, « alors on peut difficilement les frapper. Mais ils ont quand même le pouvoir de nous faire du mal.
-Vraiment ?? J’espère ne jamais en rencontrer, alors… Déjà que je ne suis pas forte, si en plus je n’ai aucune chance de le toucher…
-Tu comprends mieux pourquoi je me suis mise à courir ?
-C’est quand même déshonorant. »
Joanna grimaça face au verdict implacable de la fillette. « Disons dans ce cas qu’il s’agissait d’une retraite stratégique, d’accord ?
-Une débandade, plutôt… »
Elles éclatèrent de rire en chœur.



Gine conduisit son amie jusqu’à un balcon. « On arrivera plus rapidement au palais en passant par ici, » précisa-t-elle.
« Je ne sais pas voler… » S’excusa Joanna.
De surprise, l’enfant laissa tomber le paravent. « Quoi ?? Tu n’es quand même pas si faible que ça ??
« Vingt-six unités, tu trouves ça comment ? »
Gine commença par rester silencieuse, gênée. « Faible, » dit-elle enfin. « J’ai plus que toi. Mais tu pourrais quand même voler, si on t’apprenait. Tu serais très lente, et tu te fatiguerais très vite, mais…
-A quoi bon, dans ce cas ? » Fit Joanna en haussant les épaules.
Gine ne sut que répondre.
« Bon, on fait demi-tour ? » Proposa la métisse.

Pour toute réponse, l’enfant écarquilla les yeux de stupeur et ouvrit grand la bouche sans dire un mot ; au même instant, Joanna sentit quelque chose s’enrouler autour de ses hanches et l’enserrer tout en la tirant en arrière. Son premier réflexe fut de se défendre en faisant basculer la table sur sa tête pour en frapper son agresseur derrière elle, et un bruit mat suivi du fracas métallique des bassines et du froissement des livres et feuilles se déversant au sol lui apprit qu’elle avait fait mouche. Mais la prise autour de sa taille ne faiblit pas pour autant.
« Hé ! » Protesta une voix connue. « Tu aurais presque pu me faire mal !
-Vegeta ! » S’écria Joanna, soulagée. Elle se laissa aller contre son torse, tremblante. Elle tourna un peu la tête pour pouvoir voir le visage princier. « Ça ne va pas, la tête ? Vous m’avez fait une de ces peurs !
-Au point de détaler en courant ? »
Un silence gêné s’instaura. Le rouge monta aux joues de la métisse comme elle comprenait.
« C’était donc vous ? Mais… Mais… Enfin… Pourquoi vous n’avez rien dit ?
-C’était amusant, » répondit-il en toute simplicité. « J’ai d’ailleurs eu du mal à rester silencieux, tellement j’avais envie de rire en te voyant déguerpir. »

Joanna ouvrit la bouche pour protester, pinça les lèvres, retenta de dire quelque chose et finit par gonfler les joues, boudeuse. « Oh, vous, alors ! » Lâcha-t-elle tout de même.
« Oui, moi ? » Demanda le prince en retour, narquois. « Tu voulais dire quelque chose ? Te plaindre, peut-être ?
-Je ne vous ferai pas ce plaisir, Votre Altesse. » L’usage du titre le fit tressaillir.
Vegeta jeta un œil autour d’eux. « Tu es toujours là, toi ? » Constata-t-il en avisant Gine.
La pauvre enfant eut soudainement envie de rentrer sous terre. « Je vous présente mes excuses, Votre Altesse…
-Gine !! » Appela Joanna, voyant l’enfant s’éclipser rapidement. « Gine, reste, s’il te plaît ! Roh, Altesse, dites-lui qu’elle ne gênait pas et qu’elle peut rester !
-Mais si, elle gênait. Bon débarras, » répondit-il sans une once de remord. « Pose tout ça, nous allons faire un tour pour voir tes plantes chéries. »

Il sentit la femme se raidir dans ses bras.
« Non.
-Comment cela, non ? » S’étonna-t-il. « Ça ne te manque pas, de ne pas être sortie si longtemps ?
-Si, mais…
-Alors pose tout ça, et on y va, » l’interrompit-il.
« Non, il n’en est pas question, Altesse. »
L’usage du titre l’agaça. « C’est bon, elle est partie, Joanna. » Il la lâcha enfin.
Elle s’écarta, la table toujours sur sa tête, pour pouvoir lui faire face. « Ce n’était pas gentil, ce que vous avez fait. »
Le visage princier se ferma. « Et alors ? Ce n’était qu’un enfant de basse classe !
-Elle s’appelle Gine, et elle est mon amie. »
Un silence s’instaura. Ils avaient beau être à l’air libre, l’atmosphère était devenue pesante.

Vegeta fut le premier à reprendre la parole, d’un ton très froid : « Ça te plaît donc tant que cela de traîner avec des moins que rien ? Tu en as déjà assez des hautes sphères ? »
Joanna fronça les sourcils. « De quoi vous parlez ?
-Tu… » Le prince s’arrêta brusquement, comme une pensée venait de le traverser. « C’est à cause de Freeza, c’est cela ? »
Elle le regarda, bouche bée, durant quelques secondes, avant de demander, machinalement : « Pardon ?
-En fait, tu ne nous rejettes pas, Grand-Père et moi-même, » expliqua-t-il en hochant la tête, fier de sa théorie. « Mais Freeza t’a fait tellement peur que tu préfères te faire oublier en faisant semblant de préférer les basses classes !

-Je ne comprends absolument rien de ce que vous me racontez, Vegeta… Est-ce-que vous pourriez recommencer, s’il vous plaît ? » Joanna posa la table pour prendre la main du jeune homme, comme s’il était souffrant.
« Tu n’as plus à te forcer avec ces êtres sans importance, Joanna. J’ai compris, ne t’en fais pas.
-Mais… Compris quoi, Vegeta ?
-Ta soi-disant amitié avec ces gens. Tu as cherché à nous remplacer, Grand-Père et moi, pour faire croire que tu ne nous aimais plus, et qu’il te fallait rester loin de nous. Ainsi tu pourrais peut-être te trouver plus facilement loin du regard de Freeza. » Il enveloppa à son tour les mains de la femme désappointée. « Mais ne t’en fais pas, nous trouverons une solution. Tu n’as donc plus à te forcer à prêter attention à ces êtres minables. » Il plongea ses yeux fauves dans les yeux noisette, confiant.



Que faire, que dire… ? Joanna était totalement atterrée par l’absurdité des propos qu’elle venait d’entendre. S’il n’avait pas tenu ses mains, elle l’aurait giflé, pour voir si ça pouvait lui remettre un peu de bon sens en tête. Mais comme ça l’aurait assurément vexé, finalement, ça n’avait pas été plus mal qu’elle n’en puisse rien faire. Lui dire qu’il n’était qu’un imbécile n’était pas non plus la meilleure des idées, vu sa susceptibilité.
Elle finit par se dégager les mains des siennes, silencieuse.

Vegeta, perplexe face à ce mutisme, la regarda remettre la table à l’envers, puis ramasser les affaires éparpillées pour les poser de nouveau sur le meuble, et prendre finalement avec un soupir résigné le paravent pour le faire tenir de nouveau sur l’amoncellement. Il l’entendit soupirer de nouveau avant de rassembler ses forces pour soulever la charge sans la renverser.
« Joanna ? » Appela-t-il enfin en la voyant faire une première tentative qui renversa quelques affaires.
« Joanna ? » Essaya-t-il de nouveau en la voyant ranger de nouveau, sans rien dire, les objets.
« Bon, quoi, à la fin ? Tu me fais la tête ? » Demanda-t-il, un peu vexé de se faire snober.
Elle se releva et le regarda avec lassitude. « Je voudrais juste ramener mes affaires à ma chambre, au lieu de les laisser traîner ici, Vegeta.
-Pourquoi tu n’as pas dit à la première personne que tu as croisée de le faire pour toi ?
-Vegeta… Je ne suis rien, ici. Je n’ai pas d’ordre à donner à qui que ce soit. » Le message du gardien de cellule avait été très clair, à ce niveau.

« Tu es la protégée de Sa Majesté, » objecta-t-il. « Ainsi que la mienne.
-Ca ne signifie pas que je puisse donner des ordres à qui que ce soit pour autant. De toute façon, après ma rencontre avec Freeza, je ne me suis pas attirée la sympathie générale… On n’aide généralement pas les gens qu’on n’apprécie pas.
-Je ne comprends pas pourquoi tu te compliques la vie ainsi. Tu es la protégée du roi, tu peux obtenir des faveurs de qui tu veux. Mais si tu n’as pas envie de donner d’ordre, laisse ça ici, et j’ordonnerai à la première personne rencontrée de ramener tout cela. Ça te va ?
-Non, je veux le faire moi-même, Vegeta. »
Le prince soupira d’énervement. « Tu es compliquée. » Il s’éloigna.
Joanna soupira aussi, mais de lassitude.



En temps normal, l’amitié possessive de Vegeta ne lui posait aucun problème. Mais d’un autre côté, en temps normal, il n’y avait personne dont elle eut pu apprécier la compagnie en dehors de la famille royale…
Non, Gine n’était pas un substitut, elle avait vraiment une place dans le cœur de Joanna. Sa présence l’apaisait et lui faisait du bien sans même qu’elle en ait conscience. La métisse savait juste qu’elle lui était précieuse.
Ils lui étaient tous deux précieux, pour des raisons différentes.

Mais si ça avait été Vegeta, qui s’était trouvé un ami, comment l’aurait-elle pris ? Elle n’aurait pu s’empêcher d’être triste, car cela aurait signifié la fin de tous ces moments privilégiés qu’elle partageait avec lui… Mais elle aurait cherché à connaître l’autre, ne serait-ce que pour pouvoir continuer de passer du temps avec le prince.
Ha, se dit-elle, désappointée, mais Son Altesse n’en aurait pas attendu moins, de toute façon… Lui a le droit d’avoir tous les amis qu’il veut, à ses yeux, mais pas les autres.
Accablée par ses pensées, Joanna put reprendre sa route dans le dédale de couloirs, après avoir bataillé pour reprendre sa charge : ça n’avait pas été facile de soulever le tout sans support, pire encore que dans le couloir des cellules, comme en plus tout était dans un tel désordre que les affaires avaient tendance à glisser plus facilement qu’avant.

« Tu en as mis, du temps ! »
Joanna ne s’était tellement pas attendue à ce que le prince l’attende après le premier tournant qu’elle sursauta et manqua de renverser une nouvelle fois ses affaires.
« Vegeta ! Vous m’avez fait peur ! Qu’est-ce-que vous faites ici ?
-Ca ne te fait pas plaisir ? » Ronchonna l’interpellé.
« Si, au contraire ! Mais ce que je voulais dire… Je vous croyais fâché, et donc parti ? » reformula-t-elle.
« Parce que tu aurais réussi à retrouver ta route seule, jusqu’à nos appartements, peut-être ? »
La métisse lui sourit de reconnaissance, sa tristesse un peu éclaircie. « Je me demandais justement comment j’allais réussir à rentrer… Je vous remercie, vous m’êtes d’un grand secours. »
Il se mit en marche, avec sur le visage cet air de suffisance qui traduisait sa satisfaction.
Emboitant le pas au prince, la métisse leva discrètement les yeux au ciel en laissant échapper un discret soupir.
Image


FANFIC est la meilleure des maisons !
Avatar de l’utilisateur
Heika
 
Messages: 1000
Inscription: Dim Jan 29, 2017 23:45

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 17

Messagepar Masenko le Jeu Sep 26, 2019 22:18

Bon, la dernière fois que j'ai commenté, il y a eu la suite très vite donc là je retente :D

Alors j'ai dévoré ce chapitre !!

Je l'ai trouvé très "cute", à l'image de Jojo :lol:

J'ai vraiment vu la charge de Joanna et sa galère à retrouver son chemin, sa peur, etc. j'ai vraiment ressenti l'ambiance "gag" de ce chapitre ! Tellement que j'en ai imaginé tous les personnages en Chibi ! c'était cool !! :D

Est-ce que ça te surprend ? c'était voulu ou pas du tout ?


Ensuite, j'ai trouvé Végéta consternant mais comme il était en Chibi, il est tout pardonné :p Et oui, Jojo est compliquée mais c'est parce que c'est lui qui a une vision trop binaire du monde ;)

J'aime le fait qu'elle élargisse son cercle d'amis avec des "basses classes" ça va donner des situations intéressantes pour la suite je pense :)

Bref... Vivement la suite !
- Masenko -


Fanfiction : A.G.P.

Chapitre 14 : Super Trahison

IL EST ARRIVE
Avatar de l’utilisateur
Masenko
 
Messages: 1034
Inscription: Sam Oct 21, 2006 15:33
Localisation: Liège, Belgique

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 17

Messagepar Heika le Mer Jan 08, 2020 20:37

@Masenko > Haaaan, malheureusement, l'exploit ne s'est pas renouvelé... T^T
Je n'ai même pas réussi à poster en même temps que ma déclaration CAF, ça me pourrit mon rythme ! XD

Je suis super contente que ce chapitre t'ait plu ! ^___^
Ca fait du bien, un peu de légèreté... ;)
...
...
Vegeta en Chibi... XD
Etait-ce voulu ? J'en sais rien... XD

Oui, élargir le cercle des connaissances n'est pas plus mal, ça tournera un peu moins en rond, quelque part... :D
Après, côté "Vegeta imbuvable" et "situations intéressantes", ça commence dès ce nouveau chapitre, je pense...



BONNE ANNEE à tous mes lecteurs ! <3
Bon, 2019 n'a pas été très glorieux par ici... :/
Juste 3 chapitres, c'est triste...
Je voulais poster le chapitre 18 en Décembre, malgré mon habituel calendrier de l'Avent BJD, mais je n'ai pas réussi à le retravailler à temps... T__T
Voici donc ce si difficile chapitre, enjoy !
(en version "je viens d'être terminé", donc fortement améliorable)
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------




-18-




Une heure plus tard, Vegeta et Joanna étaient de nouveau hors du palais, au milieu de la nature.
Ils avaient volé bien plus loin que d’habitude, à la stupéfaction de la métisse. « Cela ne va-t-il pas poser de problème pour les cours ? » L’idée de faire défaut au professeur Takenoko et la punition qui allait en découler l’angoissaient assez pour ennuyer le prince.
« J’ai déjà prévenu que nous ne viendrions pas aujourd’hui, » la rassura-t-il.
« Personne n’a protesté ? » Joanna avait du mal à y croire.
« Nous avons quelques heures devant nous, mais je me demande si tu les mérites. » Il était malgré tout toujours un peu fâché de ce qui s’était passé sur la plateforme…

Posant les carnets de notes qu’elle avait pour habitude de remplir en observant la nature de la planète, la métisse vint s’asseoir aux côtés du jeune homme. « Je ne comprends pas votre jalousie envers Gine, Vegeta. »
Il la regarda avec un air dégoûté. « Jalousie ? Parce que tu crois que je suis jaloux ?
-Je ne cherche pas à vous vexer, mais sincèrement, je ne vois pas ce que cela pourrait être d’autre. »
Pour toute réponse, il se tourna de façon à lui présenter son dos, boudeur.

Elle continua donc : « Gine ne vous remplacera jamais, Vegeta. Ni vous, ni votre grand-père. L’amitié que j’entretiens avec Sa Majesté n’a jamais empêché la nôtre, je vous rappelle. Là, c’est la même chose. Gine ne peut pas vous remplacer, et vous ne pouvez pas remplacer Gine.
-J’en vaux au moins mille comme elle ! » Ne put s’empêcher de protester le prince, piqué.
« En tant que Saiyen, vous êtes bien au-dessus d’elle, c’est un fait. Mais en tant qu’être vivant, vous êtes égaux.
-C’est quoi, le retour de ton idée débile sur l’égalité ? » Maugréa-t-il.
« Ce n’est pas une idée débile, c’est comme ça. Les êtres humains naissent libres et égaux en droits. »

Vegeta renifla de dédain. « Tu sors ça d’où ?
-Je crois que j’ai appris cela quand j’étais petite. Ça vient de me revenir. »
Intrigué, le jeune homme se pencha un peu vers elle. « Tu retrouves la mémoire ? »
Elle secoua la tête avec un léger soupir. « Je n’ai que des phrases comme celle-là, et des rêves… Un peu bizarres. J’aime bien ceux avec les Super Saiyens. »
Il ricana légèrement. « Tu rêves du Super Saiyen Légendaire ? Tu as décidément passé trop de temps avec ces fichus tableaux. Il suffit de voir où ça t’a mené, » termina-t-il sans plus sourire.

L’évocation de Freeza donna aux deux jeunes l’impression qu’une bise fraîche s’était levée.
Joanna préféra continuer la conversation comme si de rien n’était en glissant sur la dernière phrase et sur la mine sombre du prince : « Non, je rêve de Super Saiyens. De plusieurs Super Saiyens.
-Plusieurs Super Saiyens, et non pas un ? » Le soleil semblait briller à nouveau sur le duo comme sur le visage princier. « Haaa… » Soupira-t-il en levant la tête vers le ciel. « Que ne donnerais-je pas pour avoir une armée de Super Saiyens…
-Ils ne sont pas là pour conquérir, Vegeta. Ce sont des protecteurs. »
Il fit une grimace de dégoût. « Comment cela, des protecteurs ? Ils peuvent bien conquérir, tout en protégeant leur roi, non ?
-Puisque je vous dis qu’ils sont là pour protéger l’univers !
-Arrête donc de me casser les oreilles avec tes rêves idiots d’utopiste. Le seul plaisir et la seule volonté d’un Saiyen est de conquérir l’univers. »

Là, c’en était trop. Il était encore plus épouvantable que d’habitude, et Joanna, plus fatiguée que d’ordinaire ne put réussir à prendre sur elle. « Eux, au moins, ils auraient su me protéger de Freeza ! »
Elle n’avait pu s’empêcher de se lever pour lui lancer ces paroles à la figure, et lui-même avait bondi sur ses pieds en les entendant. Ils se faisaient désormais face en silence. Elle était partagée entre la honte et un plaisir sadique à voir l’air choqué et blessé du prince. Elle savait qu’elle venait de toucher un point sensible, et qu’elle était injuste en disant cela : elle s’était mise seule dans les ennuis et lui et son grand-père avaient au contraire fait leur possible pour rattraper la situation. Le mieux était de s’excuser, mais pour une fois, avant de reconnaître ses torts, elle voulait qu’il fasse le premier pas. Ses mots à elle étaient de trop, mais c’était de sa faute à lui, si elle les avait prononcés.

Elle ne put cependant l’affronter longtemps et elle lui tourna bien vite le dos.
« Je… Vais regarder les herbes. Là-bas. »
Maintenant, elle s’en voulait, et les larmes lui piquaient les yeux. Elle se pencha pour ramasser ses carnets, en prenant bien soin de ne pas montrer son visage au prince.
Ce dernier la saisit au poignet alors qu’elle allait se saisir de son bien et la tira contre lui.
« Ne t’éloigne pas de moi. Je te l’interdis. »
Ce n’étaient pas les paroles espérées, et encore moins le ton adéquat, mais la façon dont il la serrait contre lui en tremblant, les muscles contractés par l’effort fourni pour éviter de l’écraser contre lui fit vibrer son cœur et balaya tout le ressentiment éprouvé un instant auparavant.
Il n’était guère plus grand qu’elle, mais il l’enveloppait de bien plus que ses bras. Elle se sentait baignée de sa peur, de ses hésitations, et surtout de son affection et de sa détermination. C’était la première fois depuis la fois où il avait pleuré sur ses genoux qu’il se mettait ainsi à nu.
A son grand dam elle éclata en sanglots contre lui, comme la boule d’angoisse générée par la visite de Freeza dans la zone carcérale se relâchait enfin.



Vegeta commençait à réaliser : Joanna était dans ses bras, sans aucune trace de sa retenue habituelle. Certes, elle pleurait, ce qui le mettait toujours mal à l’aise, mais elle s’était abandonnée contre lui, semblant s’en remettre totalement à lui pour… Pour tout ? Il se sentait légèrement grisé par un sentiment de victoire, et se dit qu’il pouvait pour cette fois laisser couler quant aux paroles blessantes prononcées quelques instants plus tôt.

Cet après-midi bien mal parti n’avait qu’un but : la faire sienne, marquer au plus profond de sa chair qu’elle lui appartenait à lui et à personne d’autre. Pour cela, il avait réussi à obtenir plusieurs heures de tranquillité, car il s’était dit qu’il allait falloir du temps pour la travailler au corps et lui faire admettre qu’il était le seul qui importait dans sa vie. Et voilà qu’en même pas une heure il était à deux doigts d’atteindre son but… Pour le coup, après la première fois, ils auraient le temps pour une deuxième, puis une troisième… Il pourrait prendre son temps pour lui apprendre et lui faire admettre que chaque centimètre carré de sa peau claire à l’odeur sucrée n’appartenait qu’à lui…

L’idée de faire quoi que ce fut avec une pleureuse ne l’enchantant guère, il prit donc la peine de lui dire en faisant glisser ses mains le long du dos frêle : « Cesse de te tracasser inutilement. Si tu t’inquiètes de son retour, n’aie crainte : il t’aura sûrement oublié d’ici son prochain voyage, et tu auras juste à éviter de montrer le bout de ton nez. »
Il la sentit se raidir et reprendre la distance habituelle qu’elle tenait quand il la prenait dans ses bras. Il préféra ne pas résister quand elle se dégagea, comprenant qu’il venait de gâcher sa plus belle chance d’avoir un après-midi de rêve. Il ne put que se maudire intérieurement de s’être montré aussi stupide.

Elle leva vers lui un visage encore humide des larmes versées. Au moins s’était-elle arrêtée de pleurer. « Oui. Il m’aura sûrement oublié. »
Savait-elle qu’elle était transparente ? Qu’il était facile de lire en elle comme dans un livre ouvert ? Même quand elle faisait des efforts pour faire bonne figure, le fait qu’elle ait des problèmes était marqué sur sa figure. Il avait parfois presque honte des compliments dont elle le couvrait, à grands renforts de ‘comme vous êtes prévenant, avec moi’.
« Allez, va donc tripoter tes herbes puantes, tu verras que ça ira de suite mieux. » Au fond de lui, il était désemparé par leurs mensonges respectifs.

Elle ne pouvait pourtant pas savoir… Freeza, oublier la métisse ? Le tyran n’avait eu de cesse durant la semaine de parler d’elle à chaque occasion qui s’était présentée. Il était totalement obnubilé, et avoir une relation rationnelle avec lui avait été difficile. Heureusement le bon sens avait primé dans les négociations. Si ça n’avait pas été le cas, le roi lui-même aurait été contraint à demander à l’invité de bien vouloir s’en aller tout en rompant tout contrat commercial. Freeza aurait sûrement refusé, bien évidemment. Et malgré l’absence des derniers Saiyens d’élite en déplacement, qui étaient trop loin pour pouvoir être de retour en cinq jours, un conflit aurait éclaté.

Il s’assit, agissant comme il lui semblait faire habituellement, sans cesser de la fixer une seule seconde. Pourquoi ses paroles n’avaient pas suffi à la rassurer ? Est-ce-que son mensonge à lui avait été aussi transparent que le sien ? Elle, si naïve en temps normal, l’avait-elle percé à jour ? Ce ne pouvait qu’être cela, puisque l’étranger n’avait pu la revoir depuis cette fatidique matinée… Vegeta repensa à l’absence du tyran deux jours auparavant, sous prétexte d’une incommodation. Non, les soldats n’avaient rien relevé de particulier, il était resté trois heures dans son vaisseau, puis était revenu, plus en forme…
Satisfait, murmura un recoin de son esprit qu’il préféra ignorer. Non. Il était impossible qu’un tel individu ait réussi à déjouer ses meilleurs gardes.
Vegeta préféra se convaincre que la jeune femme était ainsi à cause du choc initial, parce que son séjour en cellule lui avait fait comprendre à quel danger elle s’était exposée, que de chercher plus loin une vérité qui aurait pu être déplaisante.



Joanna ne mit pas vingt minutes à revenir auprès du prince. Elle n’arrivait pas à se concentrer sur quoi que ce fut d’autre que lui.
« Vegeta… Est-ce-qu’il est indispensable de garder des liens avec… Avec Freeza ?
-Vu qu’il est en passe de devenir notre principal commissionnaire, j’en ai bien peur. »
Elle se sentit pâlir. « C’est… De ma faute ?
-Ou grâce à toi. Cette situation de partage entre l’Empire Cold, le C.H.A.U.D. et les imbéciles de Pastans est des plus agaçantes. On a une demande des uns, que les négociations des autres font échouer parce que, tu comprends, la cible est un de leurs alliés, ou alors dans leurs proies parce que c’est ce qui était ratifié par la Charte des Majors, et nous, on reste sur le carreau, pendant ce temps. N’oublie pas qu’un contrat rempli c’est des vivres et des biens pour notre peuple. »

Elle eut comme un vertige. C’était pire que ce qu’elle avait pu imaginer. « Mais… Et cette planète ? Elle ne peut pas nous donner ce qu’il faut, pour vivre ? Pourquoi on doit forcément passer par d’autres ? Elle ne m’a pourtant pas l’air si pauvre que cela… ? »
Le prince lui offrit sa plus belle moue de dégoût. « Mais tu crois quoi ? Qu’on est des vers de terre, pour la creuser ? Non, Joanna. Nous sommes des guerriers, les plus vaillants et dans les plus puissants de l’univers ! Bientôt, j’en suis sûr, le peuple Saiyen sera le plus puissant de tout l’univers ! Freeza devra se soumettre ou mourir ! Ne t’en fais donc pas pour cette histoire de monopole, puisque je trouverai le moyen d’inverser tout cela. »

D’habitude, elle aimait à le voir si catégorique et confiant, mais pas cette fois. Quelque chose manquait, quelque part. Mais comment exprimer son sentiment ? Comment réussir à expliquer à Vegeta les raisons de son inquiétude ? Elle sentait qu’il y avait un problème, mais elle n’arrivait pas à trouver les mots à mettre sur son pressentiment alarmiste. Mais, tout de même… Vegeta n’avait-il donc pas conscience du potentiel de Freeza ? Ou de la faiblesse du peuple Saiyen face à lui ? Elle avait l’intime conviction qu’il existait des puissances bien plus grandes, des puissances vraiment écrasantes, quelque part… Et dont nul, ici, ne pouvait approcher. Sauf Freeza.

Un mot revint à son esprit, salvateur, pour lui éviter de lâcher des paroles malheureuses telles que ‘faible peuple Saiyen’.
« Embargo. »
L’étau dans sa poitrine se desserra un peu face à la perplexité du prince.
« Pardon ? » Fit ce dernier, comme si elle avait parlé une langue étrangère.
« Un embargo. Vous savez ce que c’est, n’est-ce-pas ? » Ce mot était apparu dans un texte dicté durant la semaine écoulée, et l’explication d’Aujin avait été suffisamment grossière pour que la métisse occulte ce concept obscur. Du moins jusqu’à cet instant.
« Bien évidemment que je sais ce qu’est un embargo. C’est un moyen ennuyeux de faire plier ou de briser un peuple, en lui coupant toute ressource. … » Il plissa les yeux. « Mais cela n’arrivera jamais au peuple Saiyen, si c’est ce qui t’inquiète. Nous étudions nos contrats en ce sens. »



Qu’elle pouvait donc bien être agaçante, à la fin ! Que croyait-elle donc ? Que le roi et lui n’avaient jamais envisagés cette possibilité ? Pourquoi croyait-elle qu’ils allaient mettre un peu de temps avant de n’avoir que Freeza comme employeur, si ce n’était pour se ménager des portes de sortie ?
Bah, se dit le prince, visiblement, réfléchir à tout cela était trop compliqué pour elle. Le plus simple était désormais de réussir à lui faire oublier sa peur pour qu’elle redevienne la jolie étourdie qui illuminait son quotidien.
« Si les plantes d’ici ne t’intéressent plus, allons voir plus loin. »

Il fit mine de la prendre par la taille pour s’envoler, mais elle l’esquiva. D’abord surpris, il tenta de nouveau de l’attraper, mais elle réussit à se dérober de nouveau, ce qui l’amusa. Il fit une nouvelle tentative qui se solda de nouveau par un échec, ce qui le fit sourire. « Alors, Joanna, on tente de fuir son prince ?
-Ce n’est pas moi qui fuis, c’est vous. » Elle ne souriait pas du tout.
Son agacement le reprit. « Comment ça, je fuis ?
-La discussion. Vous fuyez la discussion. »

Il grogna de mécontentement. « Il n’y a rien de plus à dire sur le sujet, voilà tout !
-Vous prenez Freeza à la légère !
-Et qu’en sais-tu, d’abord, que je le prends à la légère ?
-Il ne faut pas qu’il devienne le seul maître de l’univers ! Il ne faut plus travailler avec lui ! Il faut… Il faut le tuer, Vegeta ! Sinon, ça va très mal se finir ! »
Le prince, intérieurement profondément agacé, fit son possible pour montrer un visage rassurant. « Joanna, je comprends que tu aies eu très peur quand tu l’as rencontré, mais je t’assure qu’il n’y a rien à craindre. Nous le tuerons quand le moment sera arrivé. Pour le moment, nos forces sont un peu justes pour espérer une victoire totale contre lui, mais dans vingt… Non, quinze ans, je suis certain que nous aurons la force nécessaire pour l’annihiler. Je te demande de bien vouloir patienter jusque là. »

Il vit son argumentation être balayée d’un geste. « Il n’est pas si faible que quelques soldats d’élite de plus pourront y changer quelque chose, Vegeta ! Il cache sa véritable force ! Il est… Il est juste monstrueux ! Il peut détruire une planète !
-Mais nous aussi, on peut détruire une planète ! On l’a déjà fait ! » La moutarde commençait à vraiment lui monter au nez.
« Ah oui ? En combien de temps ? Moi, je parle d’une destruction en moins de vingt minutes !
-Mais nous aus… » Il s’interrompit en haussant un soucil. « Allons, personne ne peut détruire une planète si rapidement. En fait, tu es juste une couarde. » Et il ne trouvait plus cela si mignon, juste agaçant.

Il la vit se passer les mains sur le visage de façon nerveuse en inspirant un grand coup pour tenter de reprendre son calme, avant de reprendre : « Vegeta… Je sais de quoi je parle. La puissance qu’il montre actuellement, ce n’est rien. Il est au moins quatre fois plus fort que ça. Il peut se… Oui, il peut se transformer ! J’en suis sûre ! Et même si vous vous alliiez avec l’univers entier, vous ne pourriez lui faire face ! Il ne sera tué que par un Super Saiyen !
-Et tu tiens ça d’où ?
-Je… Je ne sais pas… je le sais… J’en suis sûre… Faites-moi confiance, je vous en prie… »

Vegeta éclata de rire. « C’était là aussi dans tes rêves ? Comme les hommes aux cheveux de lumière que tu dessines ? Mais voyons, le Super Saiyen tel que tu nous l’as décrit, ce n’est qu’une légende ! C’est d’ailleurs pour ça qu’il s’appelle le Super Saiyen Légendaire… Tu t’es laissée berner par des tableaux idiots, tout ça parce que tu n’as pas les pieds sur terre ! Tu rêves trop, et tu finis par prendre tes rêves pour la réalité, ma pauvre. Un Super Saiyen, c’est un Saiyen extrêmement fort, mais comment tu veux qu’il ait des ‘cheveux de lumière’ ? C’est juste une allégorie de la puissance transposée dans ces stupides œuvres créées par des benêts aussi tête en l’air que toi… »
Ha, elle était repartie à pleurer. En silence, au moins, c’était déjà ça de gagné.

« Et ne va pas ennuyer mon grand-père avec tes peurs infantiles, » reprit-il en suivant en prenant un air sévère. « Il n’est pas en état d’entendre de telles inepties. » Bon, il avait enfin le fin mot de l’histoire. Elle s’était juste monté la tête toute seule dans son coin pendant son incarcération et maintenant elle lui faisait une sorte de crise d’angoisse. Il ne lui avait jamais pensé avoir les nerfs aussi fragiles…
« Il peut détruire ce qu’il veut. »
Mais que fallait-il donc faire pour lui faire lâcher le morceau ?
« Il peut prendre ce qu’il veut. » Il la vit baisser la tête, vaincue par cette sottise.

Une bouffée de colère prit le prince à la gorge. Elle parlait d’elle, c’était évident. Et elle l’accusait de ne pas pouvoir la défendre, c’était tout aussi évident. Et si l’autre venait la réclamer avant qu’il ait réussi à avoir suffisamment de soldats pour le tuer, elle serait à lui, c’était là aussi évident. Sa colère se mua en rage incontrôlable. Joanna était à lui. A lui seul. Elle était sienne, il était impossible que qui que ce fut la lui enlève. Quiconque tentait de la lui soustraire devenait un ennemi à ses yeux, qu’il fut un puissant mécène ou une simple enfant de son peuple. Depuis le temps qu’il ne cessait de le répéter, comment pouvait-elle ne pas l’avoir compris ?
Il la saisit au poignet, lui tirant un cri de douleur, et l’entraîna vers une zone où l’herbe était plus haute. Il n’était plus l’heure d’hésiter ou de se montrer conciliant. Il était désormais le moment de faire savoir à tous que nul ne pouvait s’interposer entre elle et lui, qu’elle était sa chose du bout des orteils jusqu’à la moindre pointe de ses cheveux.

La jetant au sol, il se laissa tomber à quatre pattes au-dessus d’elle, la surplombant d’un air possessif. Elle était terrifiée. Bien, voilà qui ne pouvait pas lui faire de mal. La peur engendre le respect. Peut-être allait-elle enfin être moins agaçante. Par contre, cela ne l’empêchait visiblement pas de parler, mais il n’en avait cure. Elle avait dû s’en rendre compte, puisqu’elle était désormais silencieuse. Il maintenait ses bras au sol en tenant fermement ses poignets, et se permit quelques longues secondes pour laisser courir son regard sur ce corps doux et moelleux qui allait être sien dans un instant. Qui allait être sien après avoir enlevé les vêtements. Il voulait avoir accès à chaque centimètre de peau, il voulait pouvoir lécher et couvrir de sa semence chaque parcelle de son être, et cela allait être un peu difficile en l’état… Il ramena les deux bras au-dessus de la tête de sa proie pour pouvoir les tenir d’une seule main, ce qui ne fut pas difficile compte tenu de sa force, et commença à retirer le haut d’une main empressée.
Des étoiles éclatèrent devant ses yeux et son souffle se coupa dans sa gorge tandis qu’une violente douleur se mettait à irradier de son entrejambes. Il se laissa tomber sur le côté, le visage de plus en plus congestionné par le manque d’oxygène et la douleur, les mains ramenées sur la zone sensible malmenée par un inattendu coup de genou.



Il lui fallut plus d’une minute pour réaliser qu’il était désormais seul.



Il se redressa, la douleur se dissipant. « Joanna ! Reviens ! C’est un ordre ! »
Comment avait-elle pu oser… ?
Comment osait-elle décliner l’honneur qu’il avait décidé de lui faire ?
La colère le faisait grincer des dents.
Voyant qu’elle n’obéissait pas, il prit le scaouteur à sa ceinture et, le remettant à son œil, l’activa en maugréant. Elle croyait quoi, cette femelle décolorée ? Qu’elle allait pouvoir lui échapper ?
Repérant son énergie, il avança droit vers elle, en décidant de lui laisser une chance, magnanime. « Joanna ? Je sais où tu es ! Sors de ta cachette, et tout ira bien ! Allons, sois raisonnable, ma belle ! »
Elle cherchait à s’éloigner ? Très bien, elle l’avait cherché. Il se précipita sur elle et l’attrapa rudement à la corne.

« Qu’est… Ce que c’est que ça ?? »
L’animal, paniqué, se débattait autant qu’il pouvait sous la poigne de fer du Saiyen.
Contrarié, le prince le jeta au loin avant d’enclencher de nouveau son détecteur. Il y avait plusieurs énergies du niveau de la jeune femme qui s’éloignaient, mais… Laquelle était la bonne ? Il s’était précipité sur la plus proche, comme il était impossible qu’elle se fut éloignée plus que cela durant le court laps de temps imparti… Elle n’avait jamais eu la réputation d’être rapide… Avait-elle caché son jeu ?

La panique commençait à s’emparer de lui. Il se précipita sur chaque énergie pour vérifier, et au sixième animal qu’il débusqua, il arracha le scaouteur de son oreille pour le balancer sur un rocher, rageur. Impossible ! Juste impossible !! Elle ne pouvait pas avoir disparu comme cela ?!
« Joanna ?? Joanna, je t’en prie, sors de ta cachette ! Je ne te ferai rien, je te le jure ! Joanna ? S’il te plaît, reviens ! J’ai eu tort ! Je… Je m’excuse ! »

Tandis qu’il cherchait en tous sens, paniqué, une certitude s’ancrait de plus en plus en lui : il l’avait perdue. Il avait cherché à la prendre de force, à aller à l’encontre de toute raison et de toute logique, et il en payait désormais le prix.
Il se laissa tomber à genoux et frappa le sol de ses poings, en rage contre lui-même, avant de s’envoler vers le palais, vaincu et hanté par la vision des grands yeux bruns terrifiés et des paroles qu’il entendait enfin prononcer : « Qui êtes-vous ? »




Il partait enfin.
Elle sentait sa présence s’éloigner avec plus de clarté que jamais.
Se détendant enfin, elle se mit à pleurer en étouffant le plus possible ses sanglots.
Quand elle avait réussi à se libérer, elle avait couru ventre à terre jusqu’au couvert des arbres et s’était réfugiée, tremblante, dans un creux de terrain sous un buisson épineux.
Mais il allait la retrouver, c’était obligé. Elle ne pouvait soustraire sa force, aussi faible fut-elle, au scaouteur.

« … Contrôle bien ton énergie… Rendre invisible… »
Baisser son énergie pour se rendre indétectable… ! Oui, elle savait faire cela ! Il fallait juste qu’elle reprenne son calme, malgré les cris de colère du prince. Elle se répéta les instructions surgies du fond de sa mémoire, faire le vide en soi, contrôler sa respiration, être aussi serein qu’un ciel vide de nuages… Baisser sa puissance n’avait pas été difficile à maîtriser, à cette lointaine époque dont elle ne se souvenait plus, mais en ce qui concernait les autres façons de la contrôler pour l’augmenter, voler ou la concentrer en attaques, elle n’avait jamais réussi…
Heureusement que la dissimulation était une habitude bien ancrée en elle, car quand elle sentit le prince foncer dans sa direction en poussant un cri victorieux, sa peur fusa de nouveau, manquant de lui faire perdre le contrôle de son être et de la dévoiler. Elle sentit le vent de la course sur elle et bruisser son buisson comme le prince venait de passer à moins d’un mètre de sa cachette pour se saisir d’une créature locale. Il s’en était fallu de peu…

Durant l’heure qui suivit, il lui arriva à plusieurs reprises de s’approcher à moins de cinq mètres d’elle, et elle sentait son cœur frapper tellement fort dans sa poitrine qu’elle croyait qu’il l’avait trahi et qu’il avait mis le prince sur sa piste.
Les cris de Vegeta changeaient tandis que le temps passait, mais la terreur de Joanna ne s’apaisait pas. Et si c’était un piège ? Ses cris de repentir, sa demande de pardon, n’allaient-ils pas s’envoler sitôt qu’il l’aurait vue ? Sa rage n’allait-elle pas s’enflammer de nouveau à sa simple vue ? Et là, si jamais il venait à s’emparer d’elle, elle n’aurait plus aucune chance de lui échapper…



Joanna était épuisée, après l’épreuve qu’elle venait de traverser, mais elle était trop sur le qui-vive pour ne serait-ce qu’avoir envie de dormir. Il pouvait toujours faire demi-tour. Il pouvait envoyer des gens la chercher.
Comment allait-elle pouvoir retourner au palais ?
Ce n’était pas retrouver le lieu en lui-même qui l’inquiétait, mais bien les conséquences de ce qui venait de se passer entre le prince et elle. Elle avait non seulement osé désobéir à son prince, mais elle avait en plus osé lever la main sur lui.
Comment allait réagir le roi ?
Allait-elle réussir à se cacher pour leur échapper ?

Le regard de Vegeta la hantait. Il avait eu dans les yeux cette même lueur qui était apparue dans ceux de Freeza quand il s’était intéressé à elle, et qui ne l’avait pas quitté quand il était venu lui rendre visite dans la zone carcérale. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait ce regard. Ni avec Vegeta, ni avec Freeza. Toutes ces nuits où elle s’était réveillée en sueur, tremblante, c’était à cause de ce même regard, de ces yeux qui semblaient lui dire « tu es à moi, et je te briserai pour que tu deviennes ma chose ». Il y avait pire que la mort. Il y avait la torture.
La bile lui remonta dans la gorge sans prévenir et elle resta plusieurs minutes pliée en deux, une fois le liquide évacué, pour tenter de calmer les spasmes et tremblements qui continuaient de la secouer.
Vaincue par la fatigue, elle se terra dans un creux hors de vue pour se reposer, aux aguets. Il ne fallait surtout pas laisser filtrer la moindre parcelle d’énergie, la moindre présence.
Image


FANFIC est la meilleure des maisons !
Avatar de l’utilisateur
Heika
 
Messages: 1000
Inscription: Dim Jan 29, 2017 23:45

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 18

Messagepar Masenko le Lun Jan 13, 2020 15:19

Bon d'accord, j'arrête les prédictions... Poste quand tu veux (mais dans pas trop longtemps)


MAIS VEGETA QU ESTCE QUE TU FOUUUUUUS??? Vilain nain plus du tout Chibi... :evil: :evil: :evil:

En plus t'as trop bien écrit ça (comme tout le reste) donc ça faisait encore plus mal au coeur T.T Pauv' Jojo, elle doit être bien paumée... -_-


... purée mais ton histoire m'embarque vraiment dans des endroits où je ne m'imaginais vraiment pas aller... C'est dingue :o

je sais de moins en moins à quoi m'attendre dans les prochains chapitres !

Bon, j'ai fait court mais ça te motivera peut-être à poster plus vite avoir un prochain commentaire plus vite, mwhaaahahaha :D
- Masenko -


Fanfiction : A.G.P.

Chapitre 14 : Super Trahison

IL EST ARRIVE
Avatar de l’utilisateur
Masenko
 
Messages: 1034
Inscription: Sam Oct 21, 2006 15:33
Localisation: Liège, Belgique

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 18

Messagepar Heika le Dim Fév 09, 2020 22:33

Masenko a écrit:Bon d'accord, j'arrête les prédictions... Poste quand tu veux (mais dans pas trop longtemps)

Quelle chance ! Le nouveau chapitre ne s'est pas vraiment fait prier ! :D
J'espère que ce chapitre très difficile à écrire était mon seul gros blocage... Ce n'était pas un sujet facile. Déjà que je hais les conflits de base, encore plus avec la famille et les amis, alors un conflit avec un ami et... Ca...

Masenko a écrit:MAIS VEGETA QU ESTCE QUE TU FOUUUUUUS??? Vilain nain plus du tout Chibi... :evil: :evil: :evil:

Il est plus grand que 33e... ^^
Pour le côté chibi, aucune défense ! :D

Masenko a écrit:En plus t'as trop bien écrit ça (comme tout le reste) donc ça faisait encore plus mal au coeur T.T Pauv' Jojo, elle doit être bien paumée... -_-

Bon, l'effort pour "accoucher" de ce chapitre n'aura pas été vain, dans ce cas ! ^^
Ca marque, et ça brise des choses. (pas la virginité, cette fois-ci. Ok, c'était... Je sors, quoi...)

Masenko a écrit:... purée mais ton histoire m'embarque vraiment dans des endroits où je ne m'imaginais vraiment pas aller... C'est dingue :o

je sais de moins en moins à quoi m'attendre dans les prochains chapitres !

Je ris de gêne, derrière mon écran. Parce que je ne sais pas quoi répondre à cela.
Ben oui, je ne trouve pas le cheminement de mon histoire si surprenant que ça, moé... ^^'
Haaaa, mon innocence, que tu es loin... Loin aussi le temps où j'étais très facilement surprise par les retournements de situation que je n'avais pas vu venir...

Masenko a écrit:Bon, j'ai fait court mais ça te motivera peut-être à poster plus vite avoir un prochain commentaire plus vite, mwhaaahahaha :D

Oh, mais tu peux écrire des pavés, hein, ne te gêne pas !
Ce n'est pas la taille des commentaires qui influent les délais de parution des chapitres ! XD
Et youpi, 70% !!




Allez, comme promis ci-dessus, voici un nouveau chapitre !
Et vous le livre tout frais, qui mériterait de reposer 6 mois pour une relecture et des corrections !
N'hésitez pas à me signaler de possibles incohérences scénaristiques et autres problèmes, en plus de me dire ce que vous voulez !
Warning : langage vulgaire et injurieux
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



-19-





Joanna se réveilla en sursaut, tremblante du cauchemar qu’elle venait de faire. Ses bras se tendirent pour se refermer sur du vide. Il n’y avait rien de plus qu’elle sous ce buisson, personne à serrer contre elle pour se rassurer, comme elle avait pu faire dans cette autre vie dont elle n’avait pas de souvenirs. Elle avait beau ne pas se rappeler de cet être, son absence était plus assourdissante qu’un chœur de hurlements.
Elle avait beaucoup pensé à cet étranger tant aimé durant les trois derniers jours, comme ses conseils pour s’en sortir dans la nature lui revenaient. Elle retrouvait de vieilles habitudes partagées à deux et souffrait en silence de devoir les adapter à sa nouvelle vie solitaire.



Son corps se rappela à son esprit, mais avant de sortir de son abri elle préféra prendre le temps de sonder les environs grâce à cette nouvelle capacité qu’elle découverte… Ou plutôt retrouvée. Elle souffla un peu : il n’y avait aucune puissante énergie dans les environs. Elle se glissa enfin hors de sa cachette. Si l’une des présences senties n’était pas un animal, ce n’était en tout cas pas un danger insurmontable comme un guerrier Saiyen, même de rang C. Sa faiblesse la dégoûtait encore plus en cette période difficile : même le plus faible des soldats du roi était trop fort pour qu’elle puisse s’en sortir face à lui. Et sûrement que les plus forts des rangs D pouvaient réussir à la maîtriser…

Soulageant le besoin naturel qui avait été à l’origine de son réveil, elle soupira de désappointement. Elle n’allait plus pouvoir faire ce rêve sans qu’il tourne au cauchemar, désormais. Elle tenta de se raisonner : finalement, ce pouvait être là un mal pour un bien… Il lui était arrivé plusieurs fois, au cours de l’année écoulée, de voir certaines parties de son corps influencer d’autres durant son sommeil. Parfois, au lieu d’avoir de simples rêves désagréables de recherche de toilettes, elle s’était retrouvée à faire des rêves inavouables et très frustrants avec une personne dont elle n’avait jamais voulu admettre l’identité. Sauf que ce jour-là le prince aux -trop- subtiles caresses intimes s’était soudainement transformé en Freeza au regard possédé. Elle serra ses bras contre son corps en repensant à la sensation d’impuissance face à l’étranger qui avait voulu la prendre de force dans son rêve. Mais… Avait-il au moins ce qu’il fallait, niveau appareillage, pour pouvoir prétendre à le faire ? Un frisson désagréable la parcourut. Finalement, elle n’avait pas envie de le découvrir.
Se dirigeant vers le point d’eau repéré la veille avant de dormir, elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer une fois de plus cette sorte de lueur qu’elle avait vue : c’était celle des yeux de Freeza, des yeux de son cauchemar, mais aussi de Vegeta. Plus le temps passait, plus elle se souvenait d’avoir eu un sentiment de malaise en sa présence, à quelques moments où il se montrait particulièrement possessif, et l’impression d’avoir vu un je-ne-sais-quoi dans son regard, qui l’avait toujours aidée à garder une certaine distance avec lui.



La jeune femme put se rafraîchir et se désaltérer sans problème, mais cela ne suffit pas à la revigorer. Ne connaissant pas les plantes de ce monde, elle n’avait pas voulu prendre de risque, et n’avait mangé en trois jours qu’une petite proie grosse comme un lapin qu’elle avait cuit à la hâte de peur que le feu ou l’odeur de la nourriture n’attirât quelqu’un. Entre la faim et la vigilance constante, l’épuisement commençait à gagner. Elle devait trouver une solution.
L’une d’elles consistait à essayer arbitrairement les plantes locales en se basant sur ses connaissances, avec l’espoir que les règles apprises pour les plantes de son monde s’appliquassent aussi ici. Une autre était de se signaler à la prochaine personne survolant la zone.
Tout en marchant, elle ne put s’empêcher de se demander s’il était commun pour un Saiyen, un guerrier de surcroît, de venir voler dans ces zones reculées, ou bien s’il s’agissait d’une patrouille à sa recherche… En trois jours, cinq personnes étaient passées, volant assez lentement. Logique s’ils cherchaient quelqu’un ou quelque chose, mais… En même temps, ils partaient trop vite, ça ne collait pas. Le roi avait-il seulement envoyé quelqu’un la chercher ? Peut-être passaient-ils par ici par hasard, en simple promenade, ou en chasse de gibier… En tout cas, depuis trois jours qu’elle avait fui, il n’y avait pas eu de battue ni de recherche virulente. Elle ne savait si elle devait en être soulagée ou vexée…

Est-ce-que le mal qui avait touché Vegeta et Freeza était contagieux ? Le roi avait déclaré à plusieurs reprises la protéger, mais quels étaient les risques de le voir lui aussi avec ce regard possédé ? Et alors que se passerait-il ? Il l’enfermerait dans une cellule tout confort ‘pour son bien’, en la coupant du reste de l’univers ?
Mais peut-être s’inquiétait-elle pour rien concernant Majesté, car peut-être Vegeta l’avait-il déjà éliminé pour prendre sa place, et être sûr de pouvoir disposer d’elle selon son bon vouloir une fois retrouvée… Elle croyait quand même peu à cette version, car si cela avait été le cas, il aurait envoyé bien plus de soldats à sa recherche. Sauf qu’il était intelligent… Et peut-être voulait-il lui faire croire que tout allait bien et la laisser rentrer d’elle-même pour mieux l’enfermer, et lui donner l’illusion qu’elle avait elle-même choisi sa fin ?
Sans personne à qui parler, sans personne pour la raisonner, elle ne pouvait faire taire son imagination qui s’emballait et montait des scénarii plus alarmistes les uns que les autres qui lui donnaient souvent envie de pleurer ; heureusement, l’inquiétude constante dans laquelle elle vivait l’empêchait de se poser pour s’apitoyer sur son sort et se désespérer, et la poussait à avancer toujours plus loin.



Ses pensées morbides s’envolèrent comme son attention fut alertée par un attroupement d’énergies plus élevées que celles des habituels animaux. Elle secoua la tête. Non, ce n’était pas juste ça, elle sentait qu’il y avait des gens, que cette fois ce n’étaient pas des animaux. Les présences ressenties étaient différentes.
Elle n’hésita presque pas, et se mit à avancer précautionneusement vers eux. C’était un groupe de classes D. Que pouvaient-ils donc bien faire par ici ?
Ses pas la menèrent aux abords d’une clairière et la stupeur la poussa à se dévoiler imprudemment. Un village… Il y avait donc un village Saiyen, sur la planète Vegeta ? Tout le monde ne vivait donc pas dans les extensions du palais ? Elle regardait les maisons aux murs en torchis avec ébahissement, et les enfants qui s’étaient arrêtés de jouer pour la regarder en retour, curieux. Oui, c’était un vrai village, avec une pompe à eau au milieu, du linge qui séchait sur des cordes tendues, des étais de séchage de plantes et de viandes… Et le palais en arrière-plan, à plus de deux kilomètres de cela, que l’on devinait plus qu’on ne le voyait. Elle s’était donc tant rapprochée que cela ? Ses poumons se vidèrent sous le coup de la désagréable surprise.

« Maman, il y a une madame bizarre… »
Une femme sortit précipitamment pour se saisir de l’enfant qui venait de parler. Elle s’arrêta net en voyant Joanna. « Taasai ! Va chercher Kabotcha ! »
Un gamin partit en courant. Le mouvement fit bondir la métisse dans les buissons.
« Attendez ! » S’écria la Saiyenne. « Nous ne vous voulons pas de mal… Gine nous a parlé de vous ! »
Méfiante, Joanna ne sortit qu’à moitié de sa cachette. Il n’y avait que 3% de risques que le prince eut dit de mentionner ce nom pour la piéger. Sa fierté ne l’aurait pas permise. Mais comme il n’était plus tout à fait lui-même, la métisse s’accordait une marge de 3.
La femme posa son enfant au sol et se plaça devant lui et ses amis, semblant être aussi méfiante envers l’étrangère que cette dernière l’était envers elle.
« Gine est inquiète pour vous. Il paraît que vous avez disparue depuis que vous êtes sortie de cellule. »
Joanna se contracta un peu plus en entendant cela. ‘Il paraît’ ? Pourquoi faire comme si elle n’était pas au courant ? Une nouvelle pareille, personne n’avait dû la manquer…

« Elle vous a cru malade, quand vous n’étiez pas venue manger dans les appartements royaux, » continuait la femme, immobile. Elle devait sentir que le moindre geste pouvait être à même de détruire le lien ténu qui retenait la métisse. En tout cas, elle n’exprimait aucune hostilité, et cela plus que toute autre chose retenait Joanna.
« Quand elle ne vous a vu à aucun repas, il y a deux jours, elle a commencé à s’inquiéter. Elle a vu que vous n’étiez pas dans votre chambre. Elle a bien essayé de se renseigner, mais personne ne savait rien. Et elle n’a évidemment pas osé demander quoi que ce soit à la famille royale. Est-ce-que… Nous feriez-vous l’honneur de rester un peu ? Qu’elle puisse vous voir… Ca la rassurerait… Si elle est votre amie, comme elle le pense, bien sûr… »
La métisse fronça un peu les sourcils. Il y avait beaucoup de prudence dans la façon de s’exprimer de la femme. Comme si elle cherchait à gagner du temps. Ainsi donc, c’était bien un piège… ?

Joanna ne s’enfuit pourtant pas. Quelque chose la chiffonnait. « Qu’est-ce-qui vous fait peur ? » Elle sursauta intérieurement en s’entendant parler. Jamais elle ne s’était entendu un ton si dur et tranchant.
La femme en face perdit deux tons de couleur. « Vous, évidemment. » Elle ne broncha cependant pas en répondant. Elle était forte de caractère et ne manquait visiblement pas de courage.
La métisse expira de surprise. C’était elle, la source de son inquiétude ? Les enfants, derrière la Saiyenne, la regardaient eux aussi comme s’ils avaient une bête sauvage en face d’eux. Comment pouvait-elle donc faire peur à qui que ce fut ?

Avant qu’elle ait pu poser la moindre question, un homme arriva au pas de course, faisant prendre instinctivement à la métisse une pose de défense, ce qui entraîna quelques discrets cris de peur de la part des plus jeunes qui préférèrent se cacher dans la maison.
« Kinoko ! Que se passe-t-il ? Quelque chose est… » Il s’arrêta net en voyant la visiteuse. Son long visage plutôt rectangulaire passa de l’inquiétude à la froideur. « La putain royale. Que nous vaut ce déplaisir ? »
Les mots eurent l’effet d’une gifle sur Joanna qui n’en croyait pas ses oreilles. C’était la première fois de sa vie… Sur Vegeta, du moins, qu’elle était si ouvertement insultée. Il n’avait donc pas peur des représailles royales ? Vexée, elle relâcha sa vigilance.
La dénommée Kinoko fila un coup de coude dans l’estomac de l’homme qui se plia en deux, et le poussa au sol où il s’écrasa lamentablement. Elle l’y bloqua d’un pied. « T’es vraiment un boulet, Kabotcha. C’est pas possible. »
Les enfants ressortirent immédiatement de la maison pour se jeter sur l’homme et se servir de lui comme d’un paillasson, sans aucun scrupule.

« Ki… Kinoko ! Je t’en prie ! J’ai eu tort ! Je suis désolé ! Libère-moi et fais dégager les mioches, s’il te plaît ! »
La femme le libéra dédaigneusement et adressa un signe de tête à l’étrangère. « Je suis désolée. Kabotcha a beau être un imbécile, il est malgré tout le chef de notre communauté.
-Comment ça, votre communauté ? » Joanna en oublia jusqu’à sa vexation. « Vous n’êtes pas des sujets de Sa Majesté ?
-Et voilà, t’as qu’à tout lui dire, pauvre crétine ! » S’insurgea Kabotcha auprès de Kinoko en s’époussetant. Il retrouva le sol en suivant. « J’ai rien dit, j’ai rien dit !!! »
La Saiyenne soupira un peu, sans que Joanna puisse savoir si c’était de désespoir face à l’homme ou par rapport à elle. Peut-être un mélange des deux. « Je pense qu’on serait mieux installés dans ma maison pour discuter. Pardon, pour attendre Gine. Je pense qu’elle est la plus à même de tout vous expliquer. »
Voilà qui était curieux. Mais la méfiance de la métisse se raviva.

« Qu’est-ce-qui me dit que ce n’est pas un piège ? »
Les deux adultes la regardèrent avec curiosité, plutôt dissimulée pour la femme, ouverte pour l’homme. Kinoko chassa les enfants en leur disant qu’il fallait trouver Gine ou bien un grand pour aller la chercher, et que c’était pour le jeu du secret.
« La protégée du roi a quelque chose à craindre ? » Demanda-t-elle enfin une fois qu’ils ne furent plus que tous les trois.
« Comment va Sa Majesté ? » Interrogea Joanna en retour.
Kinoko haussa les épaules. « Aussi bien que depuis que vous l’avez sauvé, à ce que je sache.
-Il est censé lui être arrivé quelque chose ? » Kabotcha semblait tout excité à cette idée, et le rouge lui montait au visage. « Tu as tenté de le tuer ? »

Le regard que lui lança Joanna le figea sur place.
« Je m’inquiétais parce que sa santé n’est pas très bonne, et que… Je n’étais pas là, ces derniers jours.
-Ah oui ? Et tu étais où ? Et tu faisais quoi ? » Le ton de Kabotcha était aussi affectueux qu’à son arrivée.
« Je… Cherchais des plantes. Et… Je me suis perdue.
-Ca en l’air, oui, » railla le Saiyen.

L’homme se prit de nouveau un coup dans le plexus. « Putain, Kabotcha, c’est pas nos affaires ! Les enfants vont sûrement revenir d’un instant à l’autre. Vous voulez un thé ? Je pense qu’à l’intérieur, on sera mieux que sous ce beau ciel bleu… Le fond de l’air est un peu frais, en cette saison.
-Non, il est très bien… » Il se prit un nouveau coup de coude.
La métisse acquiesça et avança vers la modeste demeure. Comment avait-elle pu se montrer distraite au point d’oublier qu’elle était présentement exposée aux yeux de tous ?
« Réfléchissez un peu à votre mensonge, si vous ne voulez pas que Gine s’inquiète, » lui fut-il murmuré au passage de la porte.
Elle jeta un regard coupable à son hôte en rougissant un peu. Kinoko avait raison.



En plus d’un thé, un assortiment de mets simples furent servis à l’invitée sur une table si basse qu’elle dut s’asseoir sur un coussin à même le sol.
« Vous avez l’air d’avoir faim. Je n’ai que des restes de ce midi… » s’excusa Kinoko en les présentant. « Mais n’hésitez pas. »
Joanna goûta prudemment un aliment cru. « C’est trop bon ! Qu’est-ce-que c’est ? On n’en a jamais eu d’aussi bon !
-Ce sont des racines de tom ! » Se rengorgea soudainement Kabotcha. « Et ça, ce sont des harry ! On les mange généralement en accompagnement de la viande. »
La métisse goûta une tige rendue molle par la cuisson, et se servit une poignée en suivant dans ce qui restait, tant elle trouvait cela délicieux.
« Et ça, ce sont des biscuits fourrés à la confiture de chantal.
-Mais même la farine n’est pas la même ! C’est vraiment trop bon ! Vous avez eu ça où ?
-Ici même, voyons ! » Le visage du Saiyen, alors fier et triomphant, se ferma soudainement.

Kinoko le regardait sans rien dire depuis plusieurs minutes, la tête posée sur son poing. « Tu t’es grillé tout seul, crétin.
Le regard de l’homme redevint froid. « Alors on va devoir…
-Attendre le retour de Gine » l’interrompit la Saiyenne en lançant un très rapide coup d’œil en coin vers l’invitée pour tenter de faire passer un message à l’homme.
Joanna se força à vider sa bouche. « Vous les avez obtenus comment ? Vous les cultivez ? »
La lueur froide dans le regard de Kabotcha s’évanouit instantanément. « Tu connais ce terme ??
-Ben… Oui ?
-Et tu sais ce qu’il veut dire ? » Il était dubitatif, après avoir été positivement stupéfait.
« Que vous avez eu des graines de plantes, que vous les avez mises en terre et qu’une fois qu’elles ont poussées vous les avez récoltées… ? Enfin… C’est le sens que j’ai appris moi, pour ‘cultiver’…
-Mais… Mais oui, c’est ça… » Il était abasourdi. « C’est tout à fait ça ! Comment une crétine du palais sait ça ? »
Kinoko se passa une main sur le visage. « Kabotcha, pauvre idiot, arrête de te ridiculiser et réfléchis un peu… Elle n’est là que depuis un an à peine. Elle a eu une autre vie, avant. Comme nous.

-Ha… Ah oui. Tu as toi aussi été récupérée sur le tard. Tu t’appelles comment, la décolorée ?
-Je m’appelle Joanna, monsieur Caboche Sale.
-Tu vois, Kinoko, t’as vraiment un accent pas possible : les étrangers te comprennent mal. Kabotcha. Moi, c’est Kabotcha. Et elle, c’est Kinoko.
-Mais bien sûr… » Soupira cette dernière.
« Ce village est magnifique, et cette nourriture est fantastique ! » S’extasia l’invitée entre deux bouchées, dédaignant le commentaire de l’homme. « Mais… Je croyais que tous les Saiyens…. Non, tout le monde vivait dans le palais… Pour ce que j’en ai vu, il y a encore suffisamment de places… ?
-Comme si j’allais vivre là-bas, avec ces barbares ! » Kabotcha cracha au sol. Et son visage se retrouva l’instant d’après à l’essuyer. « Désolé, désolé ! Pardon, Kinoko ! Là, voilà, c’est propre…
-Kabotcha, s’il te plaît, juste ferme-là. » Kinoko se tourna de nouveau vers son invité. Son malaise était palpable. « Est-ce-qu’il serait possible d’attendre l’arrivée de Gine pour reparler de tout ça, s’il vous plaît ?
-Je ne comprends pas pourquoi, mais oui, si vous voulez… » Concéda Joanna, perplexe. « Euh… Je peux vraiment tout manger ? Vous avez d’autres bouches à nourrir, et je ne voudrais pas…
-Allez-y, n’ayez crainte, j’ai des provisions. » Un sourire franc éclaira le visage de la Saiyenne. « Vous ferez même plaisir à mon garçon : il râle quand je lui sers des restes. Je vais donc devoir cuisiner autre chose, puisque vous allez tout finir. »
Cela tira le premier vrai rire de la métisse depuis des jours, même s’il était plutôt léger.
« Il est dans un âge un peu difficile, vous voyez, » continua Kinoko avec affection. « A quatre ans, ils testent encore les…

-C’est lequel, le meilleur, entre le roi et le prince ? » L’interrompit brutalement Kabotcha.
Les deux femmes le regardèrent, un peu surprises.
« Le meilleur ? » Répéta Joanna sans comprendre.
« Ben, oui, au lit ! C’est lequel, le meilleur coup ?
-Mais punaise, Kabotcha, ça ne nous regarde pas !! » Kinoko semblait ne plus savoir où se mettre tant elle semblait gênée.
« Coup de quoi ? Au lit de quoi ? » Lui demanda la métisse en fronçant les sourcils.
« Rien, ce n’est rien ! Oubliez, s’il vous plaît…
-Je voudrais comprendre.
-Elle voudrait comprendre, Kinoko ! » Renchérit le Saiyen, jubilant.
La femme sembla se tasser un peu sur elle-même comme si elle se retenait très fortement d’étrangler son confrère, puis soupira de lassitude. « Kabotcha vous demande lequel entre le roi et le prince a été… Votre meilleur partenaire sexuel.
-Oui ! Voilà !! » Il en aurait presque applaudi d’excitation.
Joanna resta quelques instants sans rien pouvoir dire. « Mais… Non… Il n’y a jamais rien eu… » Elle frissonna en pâlissant comme le souvenir de l’incident survenu trois jours auparavant semblait vouloir l’assaillir.
Kabotcha, imperméable aux variations de ses interlocuteurs, s’exclama, déçu : « Quoi ?? Mais je croyais que t’étais le royal sac à biiii-hi-hi-hi-heuuuuu… » Un nouveau coup dans le plexus de la part de Kinoko lui coupa la respiration.
« Je suis désolée, il ne sait vraiment pas se tenir… » S’excusa la Saiyenne, très fortement gênée.

« Il n’y a jamais rien eu de tel entre nous… Vous sortez cette idée d’où ? »
Kinoko se raidit un peu en voyant l’expression contrariée du visage de son invitée. « Ce sont des rumeurs, une explication parce que vous passez beaucoup de temps avec la famille royale… »
Joanna soupira. « Je me doutais bien que ça ne plaisait pas… Mais quand même… !
-Mais tu sers à quoi, alors, si c’est pas pour la… j’ai rien dit ! » L’homme regarda le poing s’arrêter à un cheveu de son visage, une goutte de sueur lui coulant dans le cou.
« Je suis leur amie. »
Kinoko ouvrit des yeux ronds de surprise.
« Mais on peut baiser aussi, entre amis… » Contra Kabotcha. « La preuve : Kinoko et moi… »
Cette dernière tourna la tête vers lui, dégoûtée. « Mais même pas en rêve !
-Ca, c’est parce que t’as jamais voulu m’essayer ! Mais si tu veux, ce soir, je peux te prouver que je suis un super bon coup !
-Plutôt crever, Kabotcha.
-Roh, là là, tout ça parce que môdame a des principes de fidélité ! »
Ce fut au tour de Joanna d’ouvrir de grands yeux. « Vous avez un compagnon, madame Kinoko ? »
L’air émerveillé de la métisse fit sourire l’interpellée. « En effet. Il est le père de mon enfant.
-C’est formidable !
-Ben non, » la contra Kabotcha, « ce n’est pas formidable, puisque ça la fait passer à côté de superbes occasions comme moi !
-Désolée, je me contenterai de mon compagnon… »

L’homme renifla dédaigneusement. « Décidément, tu ne sais pas ce que tu rates. Et toi, là, la décolorée ? Puisque tu dis que tu ne fais rien avec les deux autres, tu dois bien avoir des envies, non ? Tu les passes avec qui ? »
La cible commença par rougir puis pâlit et se renfrogna un peu. « Je n’ai jamais rien fait avec personne parce que je n’ai besoin de rien à ce niveau-là.
-Oh, sérieux ? Mais tu sais, les mains, même pour les filles, ça ne va qu’un temps, hein… Attends… Me dis pas que t’es frigide ? » Il était étonnamment compatissant, pour une fois. « Tu sais que ça se soigne ? Ou je peux t’aider, hein… Vraiment, ça me ferait plaisir… Sincèrement.
-On n’en doute pas, » l’interrompit Kinoko. « T’es vraiment lourd ! T’as toujours pas pigé que si une femme a envie de toi, elle te le fera savoir ? Alors arrête de nous harceler !
-Mais je ne fais que proposer ! Ça ne coûte rien, de proposer ! » Se défendit le Saiyen. « Je me suis fait de bonnes copines, comme ça, d’ailleurs ! »
La Saiyenne était sidérée. « Quoi ? Tu as vraiment eu des réponses positives à ton harcèlement ?
-Ben quoi, tu crois quoi ?
-Faudra que tu me dises qui c’est, pour avoir aussi mauvais goût.
-Mais t’es vraiment une connasse !
-A ton service. Désolée, Joanna… On doit vous ennuyer…
-Ce n’est rien, » la rassura cette dernière.



On frappa à la porte de la maisonnette. Joanna bondit immédiatement sur ses pieds, prête à fuir. Elle se détendit très vite.
« C’est Gine. Elle est seule avec les enfants. »
Les deux Saiyens, qui s’étaient contractés en voyant la métisse bondir, ne purent que la regarder bouche bée, avant que l‘un des deux ne se précipite à la porte.
« Madama Kino… Oh, monsieur Kabotcha ! Pardon, je ne savais pas que vous étiez là…
-Entre vite, gamine. Et vous, les mioches, continuez de jouer dehors, et qu’on vous entende pas, hein ! » Il referma vite la porte, toujours stupéfait.
« Merci d’être venue aussi vite, Gine, » l’accueillit Kinoko pendant que les grands yeux sombres de l’enfant s’accommodaient à la pénombre de la maison. « On a besoin de ton aide. »
La femme n’eut pas besoin de rajouter quoi que ce fut comme la jeune Saiyenne voyait enfin la raison pour laquelle elle avait été appelée.
« Joanna ! » Elle se précipita vers cette dernière qui se laissa tomber à genoux pour pouvoir la serrer contre elle. « Joanna, j’ai eu si peur pour vous ! Vous aviez… Disparue ! Personne ne pouvait rien me dire… Personne ne semblait s’inquiéter pour vous… Je ne comprenais pas… Je…
-Je suis désolée, Gine, je suis désolée, je suis désolée… » La métisse ne semblait pas pouvoir prononcer autre chose que des excuses, le visage enfoui dans la courte chevelure hérissée.

« Mais… Vous pleurez ? »
L’enfant la sentit acquiescer après un silence.
« Qu’est-ce-qui vous est arrivé ? »
Joanna se retrouvait au pied du mur. Que devait-elle lui répondre ? Elle avait l’impression de sentir le regard de Kinoko peser sur elle. Que dire ? Quel mensonge pouvait être à même de…
« Je… Nous nous sommes disputés, Vegeta et moi. » C’était le mensonge le plus proche de la vérité. Si elle en disait plus…
Elle laissa la jeune Saiyenne reculer pour mieux la regarder, horrifiée.
« Disputés ? Vous vous êtes… Disputés ? Avec Son Altesse ? » L’effroi dans la voix de l’enfant était à l’image de la réaction que la métisse avait crainte de déclencher.
Joanna s’essuya les yeux et les leva sur les deux adultes. Ils étaient atterrés, les visages décomposés.
Ça y était, tout était fichu. Elle était désormais coincée. A trois contre un, elle n’allait pas réussir à s’en sortir. Surtout qu’il était hors de question de toucher à Gine. Mais peut-être réussirait-elle à les faire fléchir, à les convaincre de lui laisser une chance de s’enfuir, et ils n’entendraient plus jamais parler d’elle ? Si elle retournait là-bas, combien de risques de voir une descendance métisse arriver dans la famille royale ? Et qui voudrait de métisses comme rois ?

« Nous nous sommes disputés, je l’ai frappé, et je me suis enfuie. » Elle se mordit la lèvre. Ce n’était pas ça qu’elle avait voulu dire. Parler de bâtards royaux, oui, de ce qui était arrivé, histoire de s’enfoncer un peu plus, non.
Le visage de Kabotcha redevint aussi sérieux et dur qu’à son arrivée. « Kinoko. Fais en sorte que les mioches ne mouftent pas un mot. Et toi, Gine, pas un mot à ton crétin de Bardack. C’est un guerrier, on ne peut pas avoir confiance dans les guerriers. » Il regarda la Saiyenne à ses côtés. « Meuf, cette nana, elle en a dans le froc ! C’est une héroïne ! »
Kinoko se passa une main sur le visage, désespérée. « Kabotcha, ce n’est pas si simple. Bien sûr qu’on va faire notre possible pour la cacher, mais il faut aussi qu’on fasse attention aux conséquences. Un tel secret ne pourra pas être éternellement gardé. »
Joanna n’en revenait pas. Ils disaient bien ce qu’elle croyait entendre ? Ils parlaient de cacher, de ne rien dire, et c’était pour elle ? Vraiment pour elle ?
« Vous… Vous n’allez pas… » Ce n’était juste pas possible. « Ecoutez, c’est bon, pas la peine de me mentir. Je ne me débattrai pas. Je suis incapable de survivre seule sur cette planète, je n’y connais rien.
-Donc voilà la solution, » dit Kinoko à l’homme. « Il suffit de la cacher le temps qu’elle apprenne à se débrouiller.
-Oui, pas bête… » Kabotcha hocha la tête, appréciateur.
Ils continuaient de parler de la cacher…

Joanna se laissa tomber au sol, les jambes en coton, abasourdie. « Je ne comprends pas : vous ne voulez pas me livrer au palais ?
-Quel intérêt ? » Lui demanda Kinoko.
« Je me suis rebellée contre la famille royale ! Ca ne vous fait rien ? » Joanna hurlait presque.
Kinoko fronça les sourcils. « Je vais croire que tu es aussi stupide que Kabotcha. Si, ça nous fait quelque chose : plaisir. »
La métisse le put que regarder la Saiyenne sans rien dire, les yeux écarquillés de stupeur, la bouche prête à gober des mouches.
« Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, nous ne sommes pas très… Patriotes, dans le coin, » continua la femme. « Je pensais pourtant que la façon peu flatteuse de parler de Kabotcha de la famille royale t’avait mise la puce à l’oreille… Si nous ne sommes pas installés dans le palais, c’est parce que nous ne nous y sentons pas à notre place. Le roi, ton ami, nous a arrachés enfants à nos familles pour nous envoyer sur de lointaines planètes puis a envoyé des guerriers tuer les familles que nous nous étions faites pour nous exiler ici et nous traiter comme des déchets. Alors tout ennemi de la famille royale est notre ami. »
La méfiance. La crainte. Les enfants qui jouent silencieusement. Le jeu du silence. La lumière se fit enfin. Comment avait-elle pu être aussi aveugle ? Comment avait-elle pu croire qu’il n’y avait qu’elle qui avait des soucis ? Sa venue dans ce village était un très gros risque pour eux, et ils l’avaient quand même accueillie.
Joanna baissa la tête, honteuse. « Je… Suis désolée. Et merci. »
Gine se jeta à son cou pour la serrer contre elle, heureuse de l’avoir retrouvée.
« Bon, ben, Kinoko… On n’avait pas vraiment besoin de la p’tite, finalement, » conclut Kabotcha en souriant.


Spoiler
Kabotcha : variété de potiron
kinoko : champignon
taasai : variété de choux
Image


FANFIC est la meilleure des maisons !
Avatar de l’utilisateur
Heika
 
Messages: 1000
Inscription: Dim Jan 29, 2017 23:45

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 19

Messagepar Masenko le Lun Fév 17, 2020 16:18

Heika a écrit:Ben oui, je ne trouve pas le cheminement de mon histoire si surprenant que ça, moé... ^^'
Haaaa, mon innocence, que tu es loin... Loin aussi le temps où j'étais très facilement surprise par les retournements de situation que je n'avais pas vu venir...


Forcément que tu es moins surprise par les retournements de situation de ton histoire, vu que c'est toi qui les provoque et les écrit et donc trouve ça normal et naturel :p

Heika a écrit:Et youpi, 70% !!


On approche des 80... Je suis moi-même toute fofolle de mon avancée ^o^


Oooohh... J'ai beaucoup aimé ce chapitre aussi !

Je l'ai trouvé très juste au niveau des émotions ! Et j'aime bien l'idée que le peuple n'est pas à 100% uni et que tout n'est pas blanc ou noir... Bref, ton histoire avait un air "léger" au début je trouve (la petite candide dont tous les "gentils" saiyens sont amoureux pcq elle est trop mimi...) et plus les chapitres passent, plus ça devient sérieux et "réaliste" tout en gardant une Tite touche délire (Big up Kabotcha ;) + avec son "sketch" avec Kinoko :D ). J'ai particulièrement apprécié le côté doute et méfiance... Toute naturelle dans cette société mais qu'il ne fallait pas négliger.

J'ai un tout mini moins parce que j'ai eu la sensation qu'au début de la rencontre avec les gens du village, la narration perdait de sa précision habituelle. Mais rien de grave parce que je ne retrouve pas l'endroit :p te connaissant, quand tu te reliras, tu rectifieras ça ;)

La chuiiiite :mrgreen: ??
- Masenko -


Fanfiction : A.G.P.

Chapitre 14 : Super Trahison

IL EST ARRIVE
Avatar de l’utilisateur
Masenko
 
Messages: 1034
Inscription: Sam Oct 21, 2006 15:33
Localisation: Liège, Belgique

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 19

Messagepar Heika le Mer Avr 08, 2020 23:56

Masenko a écrit:Forcément que tu es moins surprise par les retournements de situation de ton histoire, vu que c'est toi qui les provoque et les écrit et donc trouve ça normal et naturel :p

Bon, je ne vais pas remettre mon habituel pavé sur ce que je pense du "je les provoque"... ;)
Quoi qu'il en soit, je dois avoir l'esprit bien tordu pour trouver beaucoup de choses normales... ^^

Oooohh... J'ai beaucoup aimé ce chapitre aussi !

Image
(dommage qu'il ne bouge pas plus, ce gif... :( )

Je l'ai trouvé très juste au niveau des émotions ! Et j'aime bien l'idée que le peuple n'est pas à 100% uni et que tout n'est pas blanc ou noir...

En même temps, le peu qui nous a été montré jusqu'à il y a peu des saiyens n'était que le visible de l'iceberg...
C'est comme de dire que tous les français portent un béret et se baladent avec une baguette sous le bras et un litron de rouge à la main ! :D
(et de dire que tous les saiyens grandissent lentement parce qu'on n'a eu QUE Gokû comme modèle... Lui a sûrement eu une façon un peu particulière de grandir, c'est tout.)
((J'avais fait le parallèle avec Rocco Siffredi, comme quoi si on devait penser que tous les hommes sont comme lui parce qu'on aurait vu juste la sienne...))

Bref, ton histoire avait un air "léger" au début je trouve (la petite candide dont tous les "gentils" saiyens sont amoureux pcq elle est trop mimi...) et plus les chapitres passent, plus ça devient sérieux et "réaliste"

Cela suit la progression dans la vie de Joanna. C'est léger comme l'innocence de l'enfance, puis les "années ado", où on se cherche et se découvre, et où on commence à voir que la vie est plus complexe que ce qu'on avait vu avant, et puis arrive le moment où on doit affronter la vie et ses aléas, qui sont bien plus nombreux que les moments de plaisir et de joie qu'ont pu avoir les enfants privilégiés comme Joanna.

tout en gardant une Tite touche délire (Big up Kabotcha ;) + avec son "sketch" avec Kinoko :D ).

Parce que heureusement que la vie nous apporte toujours de bonnes choses et du rire ! ;)
(mais faut réussir à lever le nez de ses soucis pour le voir, et ce n'est pas toujours facile...)
Je te servirai du Kabocha, l'original, cette fois, dans une autre histoire. ;) Lui et Kinoko, je n'ai fait que les reprendre d'une autre histoire pleine de saiyens, qui se passe à un autre temps. Par contre, Kabocha est toujours un perso secondaire... :P

J'ai particulièrement apprécié le côté doute et méfiance... Toute naturelle dans cette société mais qu'il ne fallait pas négliger.

Chat échaudé craint l'eau froide, d'un côté, et... Euh... Pour l'autre côté... Prudence -et méfiance sont mères de sûreté, là, voilà !

J'ai un tout mini moins parce que j'ai eu la sensation qu'au début de la rencontre avec les gens du village, la narration perdait de sa précision habituelle. Mais rien de grave parce que je ne retrouve pas l'endroit :p te connaissant, quand tu te reliras, tu rectifieras ça ;)

Oh, c'est fort probable !!! 'o'
Merci, j'en prends bonne note, et quand je retravaillerai le tome 3 dans 2 ans à compter de la mise en ligne du dernier chapitre (comment ça, "une estimation s'il vous plaît" ??) j'y veillerai !
Parce que je relève toutes les remarques qui me sont faites sur un document Word pour les avoir plus facilement accessibles quand je veux reprendre une partie. <3

La chuiiiite :mrgreen: ??

C'est partiiii !! :D



Zut, à cause de diverses raisons dont je vous épargne la liste, je n'ai pas réussi à finir ce chapitre pour le mois de Mars, comme je me l'étais promis... :'(
En tout cas, en 4 mois, j'ai désormais publié autant de chapitres que sur les 12 mois de 2019. T__T
Je suis tristesse (d'avoir si peu écrit l'an dernier).
Est-il utile de préciser que vous voilà une fois de plus avec un chapitre "expérimental" ? (c'est à dire tout frais pondu, pas de retrait, à peine de la relecture quand même, bref du brut de décoffrage...)
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



-20-





La famille royale se mettait à table pour le repas du soir.
En silence.
Depuis quelques jours, l’ambiance n’était plus la même, lorsque le petit-fils rejoignait son grand-père.
Depuis quelques jours, Vegeta réfléchissait à beaucoup de choses. Des choses très importantes.

En servant son roi, il aborda le dernier sujet du jour : « Les Pastans ne représentent rien, en tant que menace. Autant les éradiquer une fois le C.H.A.U.D. rayé des cartes de l’univers, ne pensez-vous pas ?
-Il sera en effet plus facile de s’occuper des Pastans que du C.H.A.U.D., mais s’ils disparaissent en premier, cela affaiblira le C.H.A.U.D plus sûrement que de procéder dans l’ordre inverse. »
Vegeta fit une moue dédaigneuse. « Comme si nous avions besoin de cela pour les vaincre.
-S’ils sont toujours dans la triade de l’univers, ce n’est pas pour rien. Ils ont de très bons éléments au sein de leur groupe, ne l’oublie pas, » le corrigea sans animosité son grand-père en prenant machinalement un bout de papier posé sur sa fourchette.
« Les Pastans en font aussi partie, et il n’y a pas plus faibles qu’eux ! » S’esclaffa le prince avec mépris.
« Leur force ne réside pas dans le physique. Ils sont la première plateforme commerciale de l’univers. Que ce soit l’Empire, le C.H.A.U.D. ou nous-même, nous sommes à l’heure actuelle dépendants de leur puissance économique.
-Alors s’ils nous sont aussi essentiels, pourquoi prendre des risques en les éliminant, dans ce cas ? » Avec un ronchonnement, Vegeta se servit à son tour.
Trentième haussa les épaules. « Parce que le gain en retour nous sera doublement profitable, voilà tout. »
Son petit-fils fronça les sourcils. « Doublement ? Je ne vois pas quel gain cela pourrait nous apporter en dehors de passer pour des pleutres qui ne peuvent pas affronter un adversaire au faîte de sa puissance !
-Tu réfléchis encore à trop court terme, » le rabroua le roi. « Tu sais qui est notre véritable ennemi, pourtant. »

Vegeta plissa les yeux un instant puis fit claquer sa langue, mécontent. « Je suis encore trop jeune et impulsif, c’est bien ça ? Vous avez toujours un coup d’avance… » L’amertume transparaissait dans son ton.
« Il faut bien justifier ma présence ici-bas. » Le roi lui sourit de cet étrange sourire carnassier que Vegeta avait découvert quelques jours plus tôt, avant de reprendre : « J’ai dit à Lord Freeza que nous nous en occuperions en premier pour affaiblir son plus grand ennemi, le C.H.A.U.D. Je nous ai donné pour cela un an pour monter un plan pour les éliminer de façon sûre et définitive. »
Le prince s’esclaffa. « Un an pour eux ? C’est leur faire bien trop d’honneur ! Un mois suffit, et encore, c’est sans forcer ! »
Le roi leva une main pour couper court à la raillerie de son descendant. « Allons, mon garçon, tu sais qu’ils sont plus répandus dans l’univers que la boue dans les couloirs du palais…
-Et Freeza a gobé cette excuse ? Sérieusement ? » Il se tassa sous le regard que lui porta son roi, comme s’il venait de se prendre un coup de fouet.
« Lord Freeza. N’oublie jamais son titre, même dans l’intimité de tes pensées, pour ne jamais trahir tes véritables pensées. Combien de fois devrais-je te le répéter ? Même en ma présence, jamais, jamais ! Il doit être le trois fois bienvenu à chacune de ses visites, et ce peu importe combien tu peux le détester. Aucun Saiyen ne doit être au courant de tes véritables sentiments à son égard. C’est le meilleur moyen pour éviter tout soupçon de sa part. »
Vegeta renifla dédaigneusement. « J’exècre bien plus les Pastans que lui.
-Alors ça devrait t’être facile de le duper.
-Mais pourquoi attendre aussi longtemps, pour ces minables ? Surtout que ça nous serait profitable de montrer à Fr… Lord Freeza que nous sommes efficaces.
-Ne sois donc pas trop pressé de te passer la chaîne au cou avec lui. Plus vite nous aurons réglé son problème de rivalité, plus vite nous serons enchaînés à lui. »
Le prince laissa échapper une expression de dégoût. « Tout ça pour… A cause d’elle ! »

Trentième leva les mains en soupirant, laissant tomber le papier qu’il triturait depuis quelques minutes. « Allons, je te l’ai déjà dit ! Cela fait deux ans qu’il tente de me rallier à sa cause par tous les moyens ! S’il n’y avait pas eu l’incident avec Joanna, peut-être aurait-il enfin mis le plus terrible des poids dans la balance : la vie de tous nos sujets. A chacune de ses visites je tremblais à l’idée qu’il ne se décide à faire pression de la sorte. Présentement, quoi qu’il arrive, je pourrai potentiellement retourner ma veste sous prétexte qu’elle s’est enfuie de la planète, alors que si le peuple Saiyen avait été pris en otage, il m’aurait été impossible de faire quoi que ce fut, puisque je ne peux pas mettre chacun de mes sujets hors d’atteinte. »
Vegeta se redressa en tapant ses mains sur la table de colère, faisant trembler la vaisselle. « Une telle magouille retombera tout de même sur le peuple Saiyen, vous le savez !!
-Mais nous avons tout de même plus de marge de manœuvre avec elle en soupape que dans l’autre cas. Tu vois que je ne suis pas qu’un vendu. » Ils se fixèrent en se défiant du regard, à qui allait baisser les yeux le premier.



Quatre jours auparavant, le prince était rentré très troublé de sa catastrophique promenade, au point que toute personne le croisant s’était rendue compte que quelque chose n’allait pas. Cependant personne n’avait osé le déranger pour autant.
Désemparé, ses pensées se bousculaient alors en tous sens dans sa tête, au point qu’il avait eu l’impression de devenir fou. Deux principes contradictoires étaient en train de se livrer une bataille sans merci dans son esprit : comment avait-elle pu refuser l’honneur qui lui avait été fait ? Mais cela en valait-il la peine au point de la perdre ?
Finalement, cela n’avait été rien comparé la suite.

Il avait à peine franchi la porte des appartements de son grand-père qu’il s’était retrouvé au sol, suffocant. Il avait agrippé les mains qui serraient impitoyablement son cou pour les faire lâcher, paniqué. Qui, en un tel lieu, pouvait donc chercher à attenter à sa vie ? Et où était le roi ?
Juste au-dessus de lui. En train de le tuer.
Des paroles étranges s’étaient échappées des lèvres du prince, dans un maigre souffle : « Qui êtes-vous ? »
A peine les avait-il prononcées qu’il s’était figé. Elle avait dit la même chose, quand il l’avait…
Avait-il donc eu un visage familier aussi étranger que celui de l’homme au-dessus de lui, lorsque c’était arrivé ?
Il reconnaissait le visage de son roi, mais il avait eu l’impression de faire face à un étranger.
Sentant que sa victime ne cherchait plus à se dégager, l’agresseur avait relâché légèrement sa prise pour lui permettre de respirer un peu de nouveau. C’était plus pratique pour le faire parler.
« Que lui as-tu fait ? » Sa voix avait été tel un grondement.
Vegeta n’en revenait pas. D’où ce vieillard mourant pouvait bien tirer une telle force ? Il n’avait pourtant pas fait semblant de chercher à se libérer, mais les mains avaient été comme des mâchoires d’acier.
Et il savait. Il savait réellement. Il savait donc tout sur elle ? Tout ce qui lui arrivait ? Vraiment ? Mais… Comment ?

Une pensée avait alors traversé l’esprit du prince. Non… Impossible. Ou pas, en fait. « Et à nous ? Que nous a-t-elle fait ? » Il se décida à affronter le regard de l’être face à lui. Un être qui ne lui paraissait plus si humain.
La Bête lui avait souri. Un sourire carnassier encore jamais vu sur l’auguste visage. Et pourtant le roi pouvait avoir des sourires cruels, quand il le voulait. Mais là, ce n’était pas pareil. Jamais encore il n’avait eu un tel côté… Animal.
La Bête s’était relevée, le libérant avec l’impudence du chasseur désirant jouer avec sa proie. « Que vas-tu faire, dans ce cas ? »
Vegeta s’était redressé en se massant la gorge malmenée. « Et si j’éliminais l’imposteur ? »
Ils s’étaient toisés en silence.
« Je n’ai de compte à rendre qu’à mon roi, » finit-il par dire à l’individu face à lui.
« Et à qui crois-tu être en train de parler, petit impertinent ? » La Bête n’était plus, le Roi se dressait face à son héritier, agacé. Et toujours sans une once de faiblesse apparente.
Vegeta avait posé un genou au sol, tête basse. « Je prie Sa Majesté de bien vouloir m’excuser. Il semblerait que le manque d’air ait troublé ma vue.
-Maintenant, réponds-moi : qu’as-tu fait ? »
Vegeta s’était de nouveau brutalement redressé pour regarder son aïeul droit dans les yeux. Non, c’était bien Trentième. « Avec tout mon respect, Majesté, qu’est-ce-que cela peut bien faire ?
-Elle est ma protégée, je te rappelle.
-Alors je vous le demande : depuis quand une ‘protégée’ doit avoir plus d’importance que son devoir ?
-Elle est mon devoir.
-Le devoir du roi n’est-il pas le peuple Saiyen entier ?
-Elle a été acceptée en tant que Saiyenne, je te rappelle. »

Vegeta se contracta, encore un peu plus sur ses gardes. La discussion prenait une tournure des plus dangereuses, à son goût. « Mais depuis quand la majorité doit-elle payer pour un individu ? Le rôle du roi n’est-il pas de s’occuper des avantages de tout son peuple, et non de la survie d’un individu au dépend du peuple ? Vos manières de biaiser ne leurreraient pas le plus débutant des diplomates !
-Qu’as-tu intenté à son encontre, qui l’a mise en danger ? » Sur le souverain visage avait alors de nouveau régné une froide expression. « Je suis au courant de chaque moment où une personne a des pulsions meurtrières à son égard. »
Ces paroles n’avaient pas manqué de déstabiliser le prince. Il n’avait pas… Il ne se souvenait pas… Un sentiment désagréable avait chatouillé sa nuque, lui avait murmuré des paroles où il était question de frustration de ne pas avoir eu le cou de la femme entre les mains quand il avait brisé celui de l’animal qu’il avait saisi en pensant l’attraper elle. Il chassa l’idée fermement, se refusant à reconnaître quoi que ce fut de cet ordre. Se ressaisissant, il répliqua avec aplomb : « Il n’y a rien eu de tel ! Et je n’ai pas à me justifier auprès de vous, de toute façon ! »
Il avait frémi sous le regard bestial et impitoyable qu’il s’était alors vu adressé en réponse.
« Le roi demande ce qu’il veut à qui il veut, quand bien même il s’agirait d’un membre de la famille royale. Ton roi te demande donc : qu’as-tu fait ?
-Je n’ai pas à vous répondre. » Tête haute, Vegeta avait répondu en détachant chaque mot.
« Désires-tu que je te condamne à mort, dans ce cas ?
-Ha ! Vous ne le ferez jamais ! Je suis votre seule descendance !
-J’aurais tué mon fils sans hésitation, s’il avait été une gêne. »

Une goutte glacée de sueur avait coulé du front au cou du prince, puis avait été absorbée par le tissu de sa combinaison. Son grand-père et roi ne plaisantait pas. Il lui avait déjà dit qu’il l’aurait fait, quelques mois auparavant. Il n’y avait aucune forme possible d’hésitation dans son attitude. Lui qui avait grandi avec la certitude, parfois agaçante, que rien ne pourrait lui arriver car il était le prince était soudainement confronté à une nouvelle réalité.
Il avait dégluti. « Je… Je n’ai fait que vouloir passer un moment agréable avec elle. Mais elle m’a repoussée.
-Tu as voulu forniquer avec elle et tu as été éconduit. Ce désir d’elle qui te rongeait petit à petit depuis des mois a fini par éclater et tu y as succombé. Tu as tenté de la violer. » Voyant son descendant pâlir sans répondre, Trentième avait continué. « Il n’y a que cette possibilité, que tu ne nies pas, qui expliquerait pourquoi tu es revenu seul, dans un état anormal, et pourquoi tu as subi une colère telle qu’elle t’a poussée à ressentir des pulsions meurtrières à son encontre. De toute façon, tu auras beau nier, nous saurons la vérité à son retour. »

Vegeta était resté silencieux, blême. « Elle m’a manipulée. » Voilà la conclusion à laquelle il avait fini par arriver. « Elle nous a manipulés. Tous deux.
-Elle ne me manipule pas, » l’avait contredit son grand-père d’une voix posée. « Je me suis soumis à elle de mon propre chef. Il fallait que je revienne. »
Les mots avaient estomaqué le prince comme si son aïeul l’avait frappé directement. Il avait redressé la tête, le regard de nouveau flamboyant. « Vous l’avouez donc enfin !
-Il ne m’avait pas semblé te l’avoir particulièrement caché… Tu n’as simplement jamais voulu écouter, jusqu’à présent, préférant me répondre en vantant ses louanges. »
Le prince avait baissé les yeux, de plus en plus effaré face à sa propre stupidité. Son grand-père avait raison, il s’était montré tellement aveugle, durant cette année. « Pourquoi n’avez-vous rien fait pour y remédier, si vous vous en étiez rendu compte ? » l’avait-il alors attaqué, dégoûté. « Ha ! C’est parce qu’il ne faut rien faire qui la désavantagerait ! Et c’est quoi, son but, à elle ? Asservir le peuple Saiyen ? »

L’éclat de rire qui avait accueilli son accusation l’avait déstabilisé une fois de plus.
« Elle ? Devenir reine ? Mais mon garçon, si elle avait voulu devenir reine, elle aurait profité de son ascendant sur toi pour te baiser dans tous les sens du terme ! Vu que tu as passé ton temps à baver devant elle, elle aurait pu faire en sorte que tu la choisisses depuis longtemps ! Et elle ne t’aurait pas repoussée, tout à l’heure… »
C’était on ne peut plus juste, avait été forcé d’admettre le prince en son fort intérieur. Mais il n’avait pas voulu pour autant en démordre. « En devenant ma concubine, elle n’aurait pas eu accès au trône !
-Parce que tu crois qu’elle a besoin de s’asseoir sur le trône et d’avoir le cerclet à son bras pour pouvoir diriger ? » Le roi avait chassé cette idée d’un haussement d’épaule. « Rappelle-toi la planète Patey et le roi Hill’s. Ce n’était qu’un fantoche. Sa femme décidait de tout dans son ombre. Et quand il y a eu des problèmes, c’est lui qui a terminé sur le bûcher. Elle, elle a continué encore quelques temps, jusqu’à ce que son fils, suffisamment intelligent et ambitieux, la fasse assassiner dans un coin. Le jeune roi m’avait demandé de dire à sa mère qui nous avait mandaté, et c’est ainsi qu’il m’avait tout exposé de sa situation. » Il soupira de regret. « J’aimais bien les ambitions du roi Purina… Il avait une certaine envergure, celui-là. Dommage qu’il ait fâché Lord Freeza. Mais bon, les affaires sont les affaires. »

Il y avait eu un silence, comme Vegeta n’avait rien eu à répondre à cela. Il avait décidé de reprendre ses premiers arguments. « Elle nous a manipulés ! Pourquoi ?!
-Je te répète qu’elle ne m’a pas manipulé, puisque je me suis offert à elle. Ce que je fais, je le fais de mon plein gré.
-Nous y revoilà. Vous admettez donc ne plus agir pour le bien du peuple Saiyen mais bien pour le sien. » Le prince avait fixé son aïeul d’un regard intense.
« Ais-je manqué à mes devoirs envers mon peuple à quelque moment que ce soit ?
-C’est le cas, quand vous avez décidé de vendre les Saiyens pour la sauver elle ! »
Le roi avait levé les mains et baissé la tête, capitulant. « Très bien, très bien… Je vais appeler Lord Freeza, et lui dire de venir chercher Joanna, comme ça notre marché sera caduc. » Il avait relevé légèrement le visage, posant de nouveau un regard de fauve sur son descendant. « Par contre, je me demande s’il nous accordera un répit de deux ans, cette fois, avant de chercher à nous acheter de nouveau… Quoique… Il doit déjà avoir pris goût à l’idée de nous avoir sous son joug, et de devenir le numéro un de l’univers… Peut-être que finalement, il ne nous accordera que six mois, avant de nous relancer avec cette offre… A moins qu’il n’en reparle le jour même où il la récupèrera. D’une pierre deux coups… ça serait bien son style… »

Vegeta avait aperçu le sourire carnassier du prédateur qui le guettait, prêt à lui sauter à la gorge. Il était resté quelques secondes à le regarder, fasciné, son esprit réfléchissant en arrière-plan aux propos énoncés.
« Je ne peux plus vous croire, » avait-il fini par déclarer. « Pas alors que vous avez clairement dit que vous vous êtes vendu à elle. » Il s’était contracté. « Je crois que l’heure est venue de la passation du pouvoir. »
Son grand-père s’était redressé face à lui, tel qu’il l’avait toujours connu, un sourire narquois sur les lèvres. « Heureux de te l’entendre dire, Vegeta. Mais je ne crois pas que ce soit le cas, pour ma part.
-Parce qu’un roi n’abdique pas ? Parce que le nouveau roi se doit d’arracher le cerclet, symbole de la fonction, au bras encore chaud de son prédécesseur ?
-Entre autre, » avait approuvé le roi. « Mais il n’y a pas que cela. Tu as beau vouloir me tuer sur l’instant, tu es tout sauf prêt à prendre fonction.

-Donc vous avez l’intention de vous défendre.
-Oh, si je n’étais qu’un vendu à la solde d’une seule personne, il est possible que soit je te laisse faire sous la promesse solennelle de ne lui faire aucun mal, soit je cherche à fuir avec elle pour la protéger, jetant aux orties mon honneur et mon devoir. Mais, et ce malgré ce que tu peux penser de moi, il se trouve que l’intérêt du peuple Saiyen a encore quelque valeur à mes yeux, et que j’ai donc décidé de traîner ma vieille carcasse sur le trône jusqu’à ce qu’elle me lâche. Je suis content d’avoir eu la chance de constater que tu n’es absolument pas prêt pour ce rôle.
-Seule l’histoire nous l’aurait dit, si vous n’étiez pas revenu d’entre les morts ce jour-là ! » Vegeta s’était lancé sur son aïeul.
« Naïf. » Le roi avait repoussé le premier coup de poing. « Impulsif. » Il avait esquivé le coup de pied retourné lancé par son descendant qui avait tenté d’optimiser la rotation initiée par le vieil homme. « Tu crois que c’est ainsi, en fonçant tête baissée, que tu pourras mener le peuple Saiyen vers la gloire qui doit être sienne ? »
Vegeta s’était rétabli en jetant un regard mauvais à Trentième. « Alors que suis-je censé faire, selon vous ?
- Tu peux m’utiliser jusqu’à ce que je casse ma pipe tout seul. Ce qui ne manquera pas d’arriver bientôt. Mais d’ici là, je vais te faire cravacher, crois-moi. » Le ton avait été étrangement serein.



Depuis quelques jours, l’ambiance n’était plus la même, lorsque le petit-fils rejoignait son grand-père.
Depuis quelques jours, Vegeta pesait le pour et le contre de laisser l’actuel roi en vie.
Il se rassit en grinçant des dents.
« Cherchez-vous à vous racheter une conduite en la présentant soudainement comme une soi-disant soupape ?
-Non, je présente juste les faits tels qu’ils sont.
-Mais bien sûr ! » La raillerie du prince ne rencontra qu’une moue méprisante.
« Décidément, je réitère ce que j’ai dit l’autre jour. Tu n’es toujours pas prêt à devenir roi. »
Vegeta se redressa, furieux. « Vous voulez peut-être que je vous élimine maintenant pour vous prouver le contraire ??
-Tue-moi si tu veux, ça ne changera pas qu’il te manque une qualité fondamentale. »

Le prince resta de longues secondes à trembler d’indignation, partagé entre la rage et l’inquiétude. De quoi pouvait donc bien parler Trentième ? Il mourait d’envie de l’envoyer paître, trop fier pour lui poser d’autres questions.
Et pourtant…
Quelques jours auparavant, il aurait su mettre son égo de côté pour l’interroger. Mais désormais tout avait changé. Vegeta se retint tout de même de rabrouer vertement son aïeul sous le coup de la vexation, vu que tous les commentaires qu’il lui avait fait durant ces derniers jours avaient été on ne peut plus pertinents.
Il décida de ravaler sa fierté en faisant claquer sa langue de mécontentement. « Et quelle est-elle ? »
Le changement qui s’opéra sur l’homme en face de lui à ces simples mots était impressionnant. Il était de nouveau assis face à son grand-père, comme avant qu’elle ne gâche tout. Ou plutôt que la venue de Lord Freeza ne gâche tout.
« Je suis heureux de constater que tu as toujours en toi la volonté de t’améliorer, Vegeta. » Le ton était certes caustique, mais il n’y avait plus cette sensation d’attaque dans chacun des mots prononcés, comme cela avait pu être dernièrement. Vegeta était simplement taquiné par son aïeul, comme cela s’était si souvent produit ces derniers mois…

Déboussolé, il préféra cependant ne pas relâcher sa vigilance.
Trentième, qui ne mangeait toujours pas, tout comme son descendant, pointa sur lui le bout de papier qu’il avait repris pour le tripoter en tous sens comme s’il s’agissait là d’une balle antistress. « Le détachement. »
Vegeta fronça les sourcils. « Vous ne me trouvez pas suffisamment détaché ?
-En effet.
-Mais il vous faut quoi, alors ? Je ne fricote avec personne, j’ai fait attention à ne me lier avec personne, je…
-Mais pourquoi tu n’as pas d’ami ?
-C’est ce que votre exemple m’a appris : un roi n’a pas d’ami. »
Le vieil homme soupira en laissant ses épaules s’avachir pour la première fois depuis le début du conflit. « Quel gâchis ais-je encore fait…
-Je ne vous suis pas.
-Le roi, en tant que fonction, n’a en effet pas d’ami. Mais le roi, en tant qu’individu, peut s’en faire sans problème, s’il en a envie. »
Vegeta ouvrit de grands yeux. « Vous voulez dire que si vous êtes seul, c’est par choix ?
-Exactement.
-Mais avoir des amis, c’est risquer de se faire manipuler par des intrigants ! »

Trentième soupira d’agacement. « C’est bien pour cela qu’il nous faut être détachés lorsque nous officions en tant que rois. Peu importe ce que l’on ressent, peu importe ce que l’on nous susurre à l’oreille, il ne faut jamais réfléchir qu’en fonction du bien du peuple Saiyen et de son profit.
-Mais vous avez abandonné votre propre détachement ! » L’attaqua le prince, énervé de se faire faire la leçon par une personne qui avait renoncé à son devoir.
« A aucun moment, par bonheur ! » Lui répondit le roi avec une certaine légèreté agaçante.
« Vous l’avez dit quand vous vouliez me tuer ! » Fulmina le prince.
« Oh, à ce moment-là, je n’ai rien fait d’autre que de te poser une question, je m’en souviens très bien. Me crois-tu donc déjà sénile ?
-Non, Majesté, » grogna le prince. « Tout comme je n’ai pas oublié le fait que vous avez clairement spécifié que vous me tueriez sans scrupule si je ne vous avouais pas ce que j’avais tenté de faire à la bâtarde. Et c’est là la plus belle preuve de mon argumentation !
-En quoi cela l’est-il ?
-Vous m’auriez tué pour elle ! » Cracha le prince.

Trentième soupira. « Non, je ne t’aurais pas tué pour elle, comme tu le dis si bien. S’il n’y avait eu qu’elle dans la balance, à ce moment-là, je l’aurais cherché et je me serais enfui avec elle loin de tout. Tiens, j’aurais peut-être cherché une lointaine planète avec un ciel bleu… Mais si j’avais eu à te tuer, ce jour-là, Vegeta, cela aurait été pour eux. Te rends-tu seulement compte de ce que tu aurais été prêt à faire pour la retrouver et lui faire payer ? En entrant dans cette pièce, tu portais sur ton visage la marque de ceux qui auraient sacrifié jusqu’à leur honneur pour faire payer l’affront subi. Combien de Saiyens aurais-tu sacrifié pour avoir ta vengeance ? »
Soudainement très calme, le prince ne répondit rien. Il entendait, au loin dans son esprit, les échos de sa rage d’alors.
« Si je t’ai laissé une chance, c’est parce que j’ai lu en toi… Autre chose. »
Vegeta leva les yeux vers son grand-père, surpris de l’entendre soudainement parler de façon si peu assurée. Mais où donc était l’homme puissant qui l’avait tenu en respect ces derniers jours ? Il avait tout à coup face à lui un vieil homme fatigué, faible et hésitant, tripotant son affreux bout de papier dans tous les sens.
« J’ai… J’ai hésité. Le roi devait te tuer, mais le grand-père s’est mis à espérer. Etais-tu définitivement perdu ? Ne pouvait-on point te sauver ? Allais-je amèrement regretter de te lâcher ? Très bien, Vegeta, il semblerait que tu as eu raison, je le reconnais : j’ai manqué de détachement en cet instant. Je n’aurais jamais dû prendre un tel risque pour notre peuple sur un si faible espoir. »

Vegeta ne savait que penser de ce soudain revirement. Il prit sa fourchette et commença à manger en silence. C’était bien la première fois qu’un Saiyen de sang pur s’adonnait à du sentimentalisme en sa présence, et cela le décontenançait.
« Vous devriez laisser tomber ce papier et manger, même si c’est froid, Majesté.
-Quel bout de papier ? » S’étonna le roi, avant de constater qu’il en avait en effet un dans les mains. Et tandis qu’il le dépliait machinalement pour voir ce que cela pouvait bien être, son petit-fils continuait :
« Vous êtes si épuisé que vous en devenez… Niais. »
Le grand-père leva les yeux vers son petit-fils, le regard soudainement brillant et un vrai sourire sur les lèvres. « Oh, ma fatigue disparaîtra vite, ne t’en fais pas. » Il froissa nonchalamment le papier et le jeta derrière lui. « Mais tu as raison : mangeons pour reprendre des forces. »



Je vais bien, ne me cherchez pas.
Joanna



Bonus :
Spoiler
*La planète Patey, le roi Hill's, le prince et roi Purina : je me suis soudainement rappelée qu'il fallait que je commande du pâtée pour un de mes chats, et comme le Royal Canin est actuellement hors stock, il a fallu que je regarde chez deux autres marques...

J'ai eu du mal à écrire ce chapitre, parce qu'il y avait énormément de nuances à y mettre, et d'éléments. D'ailleurs, je n'ai finalement pas mis tout ce que j'avais l'intention d'y mettre.
Pour le coup, j'ai l'impression que ce chapitre est lourd et limite indigeste... J'ai raison ? :/
Je n'ai pas voulu écrire cela avant que vous ayez lu, pour ne pas vous influencer.
Merci de votre passage ! <3
Image


FANFIC est la meilleure des maisons !
Avatar de l’utilisateur
Heika
 
Messages: 1000
Inscription: Dim Jan 29, 2017 23:45

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 20

Messagepar xela26 le Mer Avr 15, 2020 1:21

Salut Heika,

Petit retour sur tes chapitres, vraiment très intéressant, avec des thématiques peu abordés dans les fic DBZ en général (agressions sexuelles, relations père-fils compliquées...)

Bref, juste pour dire que je continuais à lire dans l'ombre, j'espère qu'on aura la suite rapidement!
Cell: l'ascension de la terreur- Cell a vaincu Son Gohan lors du Cell game!! Quel sort réserve-t-il à la Terre?? Pour le savoir....viewtopic.php?f=42&t=5990
Chapitre 138: publié
Chapitre 139- 145: 90%- relecture, correction

Cell: Damned Souls- Les aventures parallèles de héros de "l’ascension de la terreur". Pour les connaitre:
viewtopic.php?f=42&t=6774
abandonnée
xela26
 
Messages: 1639
Inscription: Lun Oct 03, 2011 20:57

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 20

Messagepar Masenko le Mer Mai 13, 2020 8:53

Oh yeah ! Dernier chapitre enfin lu !

Eh ben... Je vais finir par penser que les nuances psychologiques développées à donf' est un truc de gonzesses xD (je plaisante évidemment...)

Je ne dirais pas que ce chapitre est lourd, vraiment pas. Il y a moins d'action mais ça n'empêche pas que ça fait avancer l'histoire.

Après le gros choc du chap 18 (ou 17), il était nécessaire de remettre un peu d'humanité et de choses aimables chez notre petit Végéta. Et personnellement, après ce qu'il a fait, je ne voyais plus rien de positif. Grâce à ce chapitre, on se souvient qu'il y a autre chose et, même si je ne lui pardonne pas pour autant (mais comment il a pu en arriver lààà ?!!) je recommence à le voir avec un poil plus d'objectivité... ;)

Quant au roi, il n'est pas en reste niveau esprit tortueux très nuancé, j'aime ! :D (le contraire aurait été surprenant ...)

Je me sens prête à repartir dans l'histoire par contre, fraiche de toutes ces nouvelles données et ce nouveau regard. Il ne faudrait pas plusieurs chapitre du genre, là ça alourdirait ton récit je pense, parce que ce n'est pas ton habitude de faire plusieurs chapitres de développement de personnages de suite, il me semble. Mais l'ordre est remarquable, il n'aurait pas fallut que ce chapitre arrive avant la rencontre entre super Jojo et les villageois, on aurait été moins écoeuré par Végéta et ça aurait été dommage.

Bref, toujours du bon boulot cette fic !

Zuuut, j'avais repéré une "faute d'orthographe" mais elle était tellement grossière que même en survolant ton chapitre tu vas la repérer je pense. Et c'est la seule preuve que ton chapitre est un premier jet... La seule... Le reste est nickel, ça m'énerf' toute cette perfection, Heika !! :p Sur un projet jet !! Je suis jalouse !!! :lol: 8-)

Bon vivement le prochain ! :)
- Masenko -


Fanfiction : A.G.P.

Chapitre 14 : Super Trahison

IL EST ARRIVE
Avatar de l’utilisateur
Masenko
 
Messages: 1034
Inscription: Sam Oct 21, 2006 15:33
Localisation: Liège, Belgique

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 20

Messagepar BejitaSan le Ven Mai 29, 2020 14:52

DL sur ma tablette Kindle.

https://www.docdroid.net/b4qqYNJ/sykia- ... pdf#page=2

Je lis ça tranquillement après mes travaux d'auto entreprenariat, avec mon petit jus fruit glacé au frais et au calme.

Ensuite j’enchaîne sur la fiction de Tonay ^^ D'ailleurs Tonay vérifies tes MP.
Avatar de l’utilisateur
BejitaSan
 
Messages: 2820
Inscription: Jeu Août 11, 2011 17:52
Localisation: Loup garou. Meilleur topic de la section.

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 20

Messagepar Heika le Sam Juin 20, 2020 1:08

Xela > Un grand merci à toi d'être toujours là !
Il faut que je récupère la suite de ta fic, tiens, au passage...
Ha ? Les relations père (bon, grand-père, ici)/fils compliquées n'est un thème si usité que cela ? Je pensais pourtant que c'était une valeur sûre, moi, contrairement aux agressions sexuelles... Même si je ne l'aborde pas de façon très protocolaire, je le reconnais.
En ce qui concerne la suite "rapidement", se référer à mon blabla pré chapitre ! XD

Masenko > La psychologie de la prise de tête Les "nuances psychologiques développées à donf'" c'est pas un truc de gonzesses, c'est juste que pour ma part je n'ai pas encore lu beaucoup de fics pour te dire que des mecs en font. Mais je suis sûre qu'ils en font. Aussi. Quelque part. Sur ce forum-même. J'en suis sûre. Faut chercher. Et demander. Je suis sûre qu'il y en a plein qui veulent en écrire, mais ils n'ont pas le temps. C'est tout. ;)
Ouf, je suis soulagée de savoir qu'au moins une personne n'a pas trouvé ce chapitre indigeste. ^^
C'était bien le chapitre 18, semble-t-il. ^^
Les personnages manichéens, c'est bien, mais à petites doses. A réserver pour ceux qui ne sont que de passage, qu'on n'a pas envie de s'embêter à creuser. Parce qu'il y a toujours quelque chose derrière les attitudes... ;)
Oui, c'est la fille qui trouve toujours des excuses à tout le monde qui parle. >_> D'ailleurs, cette fille devrait cesser de parler ainsi, parce qu'elle va finir par avoir de gros ennuis dans sa vie dans ce monde à force de trouver des excuses aux autres, et à jouer les "trop bons trop cons". Désolée, Joanna, tu ne peux pas échapper à ce mauvais trait de notre personnalité...
Ouf ! J'ai eu peur que le roi ne finisse par passer pour une girouette, avec ses façons retorses ! Mais ma relecture attentive à ce niveau semble avoir porté ses fruits !
"WUT ?? Hey, dis voir, tu ne serais pas en train de te contredire, Trentième, là ?? Haaa, non, j'ai mal rapporté tes propos, haaaa, pardon... Voilà, dis comme ça, on a toujours le même fond, mais au moins la forme ne saborde plus ce qui a été dit !"
Ce chapitre de confrontation était en effet censé arriver avant la découverte du village par Joanna, au départ. Voire les deux mélangés. Mais non, ça n'allait pas.
On terminait le chapitre sur Vegeta, puis on reprenait sur Vegeta, avec une discussion très mièvre entre lui et son grand-père, discussion qui a dû être pêchée dans un cauchemar tellement elle ne leur ressemble pas.
Tout à coup, je me suis crue dans un sitcom familial, avec plein de repentances et de bons sentiments. J'ai regardé le grand-père, j'ai regardé le petit-fils, je leur ai demandé s'ils se fichaient de moi, et j'ai claqué la porte. Je l'ai rouverte quelques minutes après, la conversation avait commencé à prendre une autre tournure, et elle semblait vouloir s'éterniser, alors j'ai doucement refermé pour ne pas les déranger et je les ai laissés s'expliquer. C'était le mieux à faire, je pense...
Sur ce, je suis allée voir comment ça se passait de "mon" côté, et chose normale, Joanna ne s'est pas faite prier pour tout me dire, et voilà comment le chapitre 19 a été centré sur elle.
Puis je suis retournée voir comment ça se passait du côté des deux autres, et ils avaient terminés, ils ont pu me raconter.
Et bonus sur la cerise du gâteau, pour le coup, tout s'emboîte bien côté chronologie, puisque le repas se passe après l'arrivée de Joanna au village... ^^

Une faute ?? UNE FAUTE ??? ... J'ai supervolé (c'est survoler de façon très très superficielle :D ) et je ne l'ai pas vue ! Mince !!!
J'ai peur ! Serait-ce un défaut linguistique profondément ancré en moi ?? Au secours !!


BejitaSan > Hiiii ! >.< Il fallait attendre que je dise que j'avais repris et amélioré le premier tome ! T^T
Bon, ben si tu as des commentaires à faire pour m'aider à améliorer tout ça, n'hésite pas... ^^
Si je ne te vois pas reposter dans le coin, je considèrerai que tu n'as pas tenu jusqu'à la fin du tome 1...
Après, comme c'est une histoire plutôt... Particulière, hein, ne t'en fais pas, je ne peux t'en tenir rigueur ni te garder rancune. C'est déjà super gentil d'avoir essayé !
Et oui, tu peux poster juste pour dire "désolé, je n'ai pas tenu le coup". ;)



Voici notre nouveau chapitre !!
*J'avais flemme de relire, donc la relecture se fait en même temps que je poste. C'est encore pire que pour le précédent chapitre, donc. :D
*Mon projet de poster un chapitre par mois cette année est lamentablement tombé à l'eau, comme vous avez pu le constater. Bon, c'est vrai que je n'en avais pas parlé, il me semble. Donc je ne romps aucune promesse envers vous. Juste envers moi-même... T__T
*pour les gens qui s'ennuient et qui suivent quand même un peu cette histoire, il y a deux liens surprises dans des chapitres du tome 1. Ça renvoie vers un site en cours de construction (avec que des photos faites par moi pour combler les vides en attendant des illustrations). Pour les personnes qui n'ont pas peur...
*J'espère ne pas regretter d'avoir coupé mon chapitre là, pour me retrouver après avec trois fois rien quand j'aurai écrit la suite. XD Si c'est le cas... Je ferai une update !
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



-21-





Le jour s’était levé, et pénétrait dans la pièce, tamisé par un rideau.
De la salle adjacente arrivaient des bruits de vaisselle entrechoquée et des odeurs de plats en cours de cuisson.
Qu’il était donc confortable de dormir au sec, dans des couvertures chaudes ! Avec un soupir de contentement, elle se pelotonna sous la courtepointe pour repartir dans les bras de Morphée. Après tout, maman passerait suffisamment tôt pour ouvrir les volets, et lui dire de se lever. Et puis papa Feu du Ciel viendrait lui arracher sa protection si jamais elle traînait trop à son goût, et il l’accompagnerait à la cuisine, où tata Chichi servirait un copieux petit-déjeuner à son petit-frère Gohan pendant que grand-frère Gaël se contenterait de tartines plongées dans un bol de chocolat chaud. Ha… Mais que prendre, pour manger ? Elle allait devoir chasser un lapin, et il fallait dire à la femme aux habits chinois qu’il fallait faire attention, en le cuisant, sinon ils allaient être trouvés… Qui était-elle, déjà ? Et tout le monde s’était caché, sauf elle, et tous les visages, et les noms étaient oubliés, sauf le sien, qui était répété encore et encore, et il fallait qu’elle aussi, elle se cache, sinon…
Un choc pesant sur le ventre la fit s’asseoir d’un coup sur sa couche.

« Tu es réveillée ! » Fit la masse sur elle. « Ça y eeeest ! Mamaaan ! Elle est réveillééée ! »
Une tête souriante passa par l’ouverture. Alors qu’elle commençait à prononcer les salutations d’usage, ses yeux et sa bouche s’arrondirent de stupeur et c’est une Kinoko furieuse qui entra dans la pièce, cuillère à la main, pour attraper sa progéniture par l’oreille et la traîner hors du lit, permettant à l’invitée de reprendre son souffle. « Taasai ! Qu’est-ce-que je t’ai demandé de faire ? » Le tança-t-elle.
« Mais tu m’as dit d’aller voir si elle était réveillée… » Pleurnicha l’enfant en retour.
« Est-ce-que je t’ai demandé de lui sauter dessus ? » Les yeux bleu nuit de la femme semblaient jeter des éclairs.
« Non, maman… » Continuait de pleurnicher l’enfant.
« Tu ne pouvais pas juste revenir me dire qu’elle dormait encore ?
-Mais je voyais rieeen…
-Comment ça, tu voyais rien ?
-Elle avait la couverture sur la tête, je voyais rieeen…
-Alors pourquoi tu lui as sauté dessus ??
-Ben je lui ai dit : ‘Joanna ! Tu es réveillée ?’ et elle disait rien, alors j’ai dit : ‘si tu réponds pas, je te saute dessus’, et elle a rien dit, alors je lui ai sauté dessus…
-Mais si elle disait rien, c’est qu’elle était encore en train de dormir !! Mais c’est pas possible !
-Mais c’est comme ça qu’on fait avec papa, quand tu me dis d’aller le réveiller, le matiiiiin… Et il me fait un gros câliiiin, quand je lui saute dessuuuus… »
Kinoko se passa une main sur le visage. « Ton père va m’entendre, quand il va rentrer.

-Ça va, Kinoko, ça va, » intervint Joanna en se levant. « C’est de ma faute : cela m’apprendra à me relâcher de la sorte. Vigilance… Constante ! » Finit-elle en se jetant sur le petit garçon qui poussa un cri, surpris, avant de s’enfuir dans la pièce suivante pour s’y cacher avec un « Tu me trouveras pas ! »
Kinoko, le regard empli de commisération, arrêta son invitée à la porte de la chambre. « Tu as le droit de te détendre, tu sais ? On t’a promis qu’on t’aiderait, maintenant que tu fais partie des nôtres. »
Joanna lui sourit. « Je ne vous remercierai jamais assez de votre accueil, à Kabocha, vous et tout le village. Mais je n’ai pas le droit de me reposer sur vous tous ainsi. »
Le regard de son interlocutrice s’assombrit. « Tu ne nous fais pas confiance.
La métisse se gratta la tête, ennuyée. « Ce n’est pas un problème de confiance. Sincèrement, vous l’avez, ma confiance. C’est… C’est plus compliqué. Je ne sais pas comment l’expliquer… C’est moi. Uniquement moi, par rapport à moi. J’ai trop envie de me laisser aller et de me reposer sur vous. Mais si je fais cela, je deviens un parasite. Je n’ai pas envie de devenir quelqu’un de pénible pour vous. Et pour cela, je dois rester vigilante. Et de moi, et de ce qui m’entoure. Désolée, je ne sais pas comment mieux l’exprimer…
-Ha, d’accord, » répondit poliment Kinoko. Mais il était clair, à voir son expression, qu’elle n’avait rien compris et que ce n’était que par politesse qu’elle s’en tenait là pour cette fois.
L’enfant, voyant que le jeu n’était pas près de continuer, réclama son repas de façon pressante, et tous trois passèrent à table.



Après l’avoir accueillie comme l’une des leurs, la veille, ils lui avaient parlé du village pour répondre à ses nombreuses interrogations. Il était légitime d’être surpris d’entendre parler de « village caché » pour parler de ce groupement de bâtiments installé dans un espace dégagé à la vue du palais lui-même. Mais en fait ils avaient leur légitimité en tant que bâtiments servant à entreposer « tout ce qui pouvait être incommodant » au palais, ainsi qu’à accueillir des « activités dérangeantes ». Et, comme l’avait expliqué Kabocha, quoi de plus incommodant que les rangs D et E ? Et quoi de plus dérangeant qu’une vie de Saiyen non conforme avec la politique royale ?
Il n’y avait cependant aucun rang E vivant dans le village, comme avait pu le constater très rapidement la métisse, car ils n’étaient pas fiables, selon ce qui lui avait été répondu.
« Ces salauds te vendraient père et mère dans l’espoir d’avoir un vaisseau pour se tirer loin. On peut pas leur faire confiance, jamais. Mets-toi bien ça dans l’crâne, la bâtarde. »
Cela avait rappelé à la métisse ses deux premiers jours, quand son statut et donc son avenir sur cette planète avaient été des plus incertains. Il lui avait été expliqué que l’on faisait miroiter aux rangs E, esclaves officieux, la promesse de voir leur dur labeur récompensé par l’obtention d’un monoplace pour la destination de leur choix. Beaucoup avaient perdu leurs planètes, mais qu’importait ? Ailleurs… Il y avait forcément un ailleurs meilleur que leur situation actuelle, quand bien même travailler sur la planète Vegeta n’était pas le pire qui put exister. Cette pratique, couramment utilisée dans tout l’Empire Cold auprès du personnel non combattant engagé de force, était tellement bien présentée à leur arrivée qu’ils ne pouvaient qu’y croire et travailler d’arrache-pied ou rejeter le mensonge et se laisser aller… Et mourir.

Et comme plus de la moitié des mondes détruits et asservis l’avaient été avec le concours de Saiyens, aucun rang E présent sur Vegeta ne voulait ne serait-ce qu’entendre parler d’un village de gens qui se sentaient proches d’eux, avec qui ils auraient pu vivre sur un pied d’égalité. Que ces gens étaient des Saiyens de corps, mais extra planétaires comme eux de cœur.
Le mépris général des guerriers n’arrangeait rien.
« Rang E comme esclave… » L’ironie d’une telle classification n’avait de sens qu’aux oreilles de la métisse. « N’importe quoi, » lui avait-il été répondu. « Esclave s’écrit avec un D. » Au moins avait-elle pu découvrir ainsi que Kabocha savait un peu écrire, information sans grand intérêt, finalement.



Une fois le petit-déjeuner terminé, Taasai s’empressa de rejoindre ses camarades. Joanna, ne sachant trop que faire, s’empressa d’aider Kinoko à faire la vaisselle, puis se retrouva quelque peu embarrassée : cela faisait huit mois qu’elle n’avait pas eu à réfléchir à ses activités. Sa routine s’était mise en place très vite, une fois les ordres donnés par la famille royale. Elle avait eu ses journées rythmées par ses leçons et ses promenades avec le prince. Elle ne put s’empêcher de ressentir un pincement au cœur en y repensant, nostalgie très vite douchée par le souvenir du regard du prince. Heureusement, Kinoko détourna très vite les pensées de son invitée en l’entraînant dans son sillage. La matinée fut ainsi employée à l’apprentissage d’une partie des plantes locales, celles utilisées pour l’agriculture, et l’après-midi s’annonçait tout aussi studieux. Malheureusement, les connaissances des villageois étaient limitées car avec l’éradication des Tsufurs c’était tout leur savoir autre que technologique qui avait disparu. Autant il n’avait pas été difficile de retrouver ce qui avait été cultivé, entre les souvenirs des plus anciens rangs E (dont la longévité de certains était plus importante que celle des Saiyens) et la découverte des anciennes zones agricoles laissées en friche, où poussait désormais de façon anarchique le fruit du labeur d’autrefois, autant savoir comment les cultiver, comment les récolter, les stocker et les préparer avait demandé des recherches et de la patience aux Saiyens qui avaient reçus un enseignement agricole sur leurs planètes d’accueil désormais dévastées.
Les connaissances médicales, qui étaient vraiment la cible de la métisse, étaient hélas, quant à elles, inexistantes. Elle allait devoir à son tour s’atteler à la difficile tâche des essais empiriques pour en savoir plus, en gardant en tête que ses tests à elle pouvaient provoquer la mort et non une bonne diarrhée…



Kinoko était partie préparer le déjeuner, laissant la métisse livrée à elle-même. Elle avait refusé toute aide pour une juste raison : « Profite-en pour te familiariser avec le village et ses occupants, plutôt. » Joanna, qui n’avait rien trouvé à répondre à la Saiyenne, regardait les gens autour d’elle s’activer pour les plus grands ou jouer pour les plus jeunes. Ses interrogations ne l’avaient pas quittées de la matinée. Était-elle vraiment prête à mettre leurs vies en danger pour ses expérimentations ?
Elle sentit des larmes lui piquer les yeux, incapable de trancher le nœud gordien de sa conscience. Sans médecine, quiconque tombait malade était condamné à souffrir avec une issue parfois fatale, pour des problèmes qui souvent étaient à la base anodins… Du moment que l’on possédait la connaissance pour les soulager. Mais pour retrouver ce savoir, il fallait que des volontaires… Non, des cobayes endurent des expérimentations qui pouvaient entraîner de plus grandes souffrances, voire pire…

Elle n’arrivait pas à comprendre comment ce savoir crucial, fondamental même avait pu ainsi disparaître. La maladie ne frappait-elle donc jamais dans l’Empire de la Mort du Grand Seigneur Freeza ? Cizel lui avait pourtant raconté qu’en l’an 667, une base avancée avait été contaminée par un virus, et le temps que l’alerte soit lancée, des dizaines de guerriers étaient partis sur d’autres bases, propageant le mal sans s’en rendre compte. Cela avait eu des conséquences terribles. Un tiers des armées du roi Cold et de celles de son grand rival, Heater. Tous les grades avaient été touchés sans distinction. Guerriers, agents d’entretien, personnel scientifique… L’épidémie avait heureusement -ou malheureusement ?- été arrêtée avant qu’elle ait trop mutée et qu’elle ait pu se propager à des génotypes de plus en plus éloignés de ceux de la souche d’origine. La seule solution trouvée alors avait été d’intégrer des systèmes de désinfection dans tous les vaisseaux, même les monoplaces. Et depuis lors, aucune recherche n’avait été engagée pour tenter d’enrayer les phénomènes épidémiques si jamais un nouvel épisode venait à apparaître. Sauf que la désinfection ne suffisait plus, quand une personne était contaminée…

Il fallait cependant se faire une raison : dans cette industrie universelle de conquête, la préservation des êtres autres que guerriers était tellement insignifiante aux regards des grands pontifes qu’ils dédaignaient cet aspect. Seule la guérison des blessures physiques et la préservation des soldats importaient, et ainsi avaient été développés les caissons de régénération des bases et les systèmes de stase dans les vaisseaux monoplaces. Ces derniers permettaient de ralentir au maximum les fonctions vitales, permettant aux blessés de tenter de rejoindre la base de son choix pour s’y faire soigner. Cette technologie qui était proche de figer les corps avait sauvé de nombreuses vies. Il était impossible de transporter lors des conquêtes le matériel médical nécessaire en cas de blessure grave, et les voyages de plusieurs mois en moyenne auraient fait succomber plus de quatre-vingt pour cent des soldats blessés avant d’arriver à un centre médical adapté. Comme ce problème ne touchait pas que les Saiyens, mais bien l’ensemble des conquérants de l’univers, la recherche à ce niveau avait été primordiale dès les premiers jours de l’Ère des Conquêtes.
De surcroît, le système de stase permettait aux petites unités d’éviter de se déplacer avec des réserves de nourriture et d’eau conséquentes. Même le système d’oxygénation pouvait tourner au ralenti, durant la période de voyage.



Joanna recentra ses pensées sur la maladie, grande faiblesse des Saiyens et des forces conquérantes de l’univers en général. Elle n’arrivait pas à comprendre comment les divers dirigeants pouvaient ne prêter aucune attention à cette déficience de leur système. A la rigueur, Freeza, elle pouvait deviner : la piétaille était sûrement facilement changeable, à ses yeux. Des soldats mouraient ? Ils étaient facilement remplacés. De même pour les autres. Mais n’avait-il jamais pensé qu’il puisse lui-même se retrouver alité, tout puissant qu’il était ? Et les deux monstres de puissance qui l’accompagnaient, n’avait-il donc jamais songé qu’ils puissent disparaître sans combattre ?
Eux, après tout, elle s’en contrefichait. Mais que les Vegeta, qui pourtant se plaignaient du faible taux de reproduction du peuple Saiyen et de la faible densité de la population ne fasse rien contre cela… !
Elle soupira. Une fois de plus, elle était confrontée à une logique qu’elle n’arrivait pas à saisir. Le peuple Saiyen doit dominer l’univers, mais il n’est pas nombreux. Donc il diminue ses chances de conquérir l’univers. Mais au lieu de préserver son peuple, les bébés les plus faibles étaient envoyés au loin en sachant qu’un enfant sur quatre ne s’en sortirait pas, et tous étaient exposés à des problèmes pouvant entraîner un handicap, donc une incapacité d’agir, voire la mort, alors qu’il aurait suffi de garder plus de connaissances pour éviter cela. Ou de ne pas éradiquer les Tsufuls.

Et elle…
Consciente du problème, elle avait fait quoi ? Elle avait batifolé dans la nature comme un jeune chiot que l’on promène avec un individu qui n’avait eu de cesse de lui répéter depuis leur première rencontre qu’il la considérait comme sa proie.
Indolente, couarde et stupide. Voilà ce qu’elle avait été, durant cette année.
De rage, elle donna du poing contre le mur le plus proche. Son propriétaire sortit de la maison pour lui crier dessus : les murs n’étaient pas à l’épreuve de la force saiyenne.
Joanna préféra s’enfuir en s’excusant.



Elle fut bousculée un peu plus loin par des enfants jouant à se poursuivre. Après l’austérité du palais, c’était surprenant et plaisant de voir qu’ils allaient et venaient librement dans le village. Les petits nés ici étaient cachés aux autorités pour éviter qu’ils ne soient eux aussi arrachés à leurs familles et envoyés dans de stupides conquêtes mettant leurs vies en jeu, comme cela était arrivé à leurs parents. Cependant, même si la majorité des Saiyens quittant le palais étaient des rangs D complices de la machination, il y avait une part non négligeable de guerriers à qui il pouvait prendre le caprice de faire un tour sur la planète pour se dégourdir ou chasser. Et eux, bien formatés par le système qui leur permettait tout de même de vivre une vie des plus agréables, s’ils avaient vu des petits Saiyens courir dans les rues, ils se seraient empressés d’aller divulguer l’information à qui de droit pour qu’un ramassage soit effectué.

Mais heureusement, cela avait été pensé, à l’époque, par les fondateurs de la communauté. La métisse jeta un œil en souriant à la solution n’avait pas été très difficile à trouver : répartis dans divers points du village, comme par exemple les entrées des maisons, des scaouteurs avaient été détournés de leur usage premier et trafiqués pour ressembler à des sortes de pendules, disséminées un peu partout. Pour les étrangers, ce n’étaient que des pendules défectueuses qui se mettaient toutes à sonner à 7h, mais pour les villageois, c’était l’indication qu’une personne de haut niveau approchait dans les deux kilomètres environnants. Ils avaient mis une limite un peu inférieure à ce qui était demandé normalement pour entrer dans la catégorie C, par mesure de prudence. Les rangs D un peu justes pour entrer dans le rang C pouvaient potentiellement aussi chercher à se faire bien voir pour monter en grade. La mesure maximum était de 1200, soit 12h, pour jauger du degré de danger approchant.
Les enfants, lorsqu’ils entendaient sonner les alarmes, devaient obligatoirement se cacher.
Il était arrivé que quelques plus grands, soucieux de bien cacher leurs cadets, aient été aperçus, mais heureusement ils avaient été considérés comme des apprentis de rang D venus chercher des fournitures. Aucun guerrier n’avait jamais remis en question cette explication.
Jamais ce système n’avait été pris en défaut, et c’était là la raison de la mortification de la Saiyenne. A ses yeux, la métisse pouvait se reposer sur ses deux oreilles du moment qu’elle réagissait en entendant les alarmes.



Joanna, qui déambulait en errant dans ses pensées, retrouva justement Kinoko, en compagnie de son garçon. Taasai, pour la première fois depuis qu’elle l’avait rencontré, ne semblait pas très intéressé par le déjeuner imminent. Au contraire, il fixait le palais, surexcité.
« C’est bientôt, hein, maman ? » Ses yeux brillaient d’anticipation alors qu’il posait la question à sa mère.
Cette dernière lui sourit. « Oui, c’est bientôt, mon chéri. Je suis sûre qu’ils sont en route. »
La métisse porta le regard dans la même direction que l’enfant, perplexe. « Que se passe-t-il ?
-Son père est sur le point de rentrer. » La Saiyenne ne put s’empêcher de soupirer. « Que c’est long, cinq jours… »
Cela étonna son interlocutrice. « Cinq jours ? Il est parti cinq jours ? Comment ça se fait ? Il est guerrier ?

-Non, tu sais bien qu’il n’y a aucun guerrier ici, ce serait trop risqué. Renkon, mon compagnon, travaille dans l’équipe d’entretien. Ces groupes ont des missions de plusieurs jours d’affilée, et par souci de discrétion, il a été convenu qu’ils resteraient sur place, au palais. Ils peuvent être appelés à n’importe quelle heure. Si jamais quelqu’un venait les chercher ici et découvrait ce qu’on fait, ça serait catastrophique…
-Oui, en effet… » Joanna réfléchit un instant, avant de reprendre : « Mais vous pouvez rester ensemble combien de temps, alors ? Ils reviennent, et après ?
-C’est vrai que tu n’as jamais connu la vie des rangs D ! » S’excusa Kinoko. Elle se pencha vers elle, comme pour lui confier un secret. « En fait, nous, les rangs D, on a ce qu’on appelle des jours de repos…
-Et vous allez en promenade, parce que tous les magasins sont fermés ?
-Les quoi ? »

Il y eut un silence, durant lequel une Kinoko perplexe regardait une Joanna décontenancée par ses propres paroles.
« Désolée, Kinoko, je crois que c’était en rapport avec mon ancien monde. Il y avait des lieux de commerce appelés magasins, où on pouvait trouver toute sorte de produits différents. Et tout était fermé le dimanche, le septième jour de la semaine, en dehors de quelques commerces d’appoint qui fournissaient l’essentiel et n’étaient donc pas très intéressants à visiter…
-Chez moi aussi, il y avait des commerces… Le plus intéressant c’était quand même les jours de marché, tous les trois jours. Il y avait tellement d’articles différents, c’était impressionnant ! »
Avec un soupir, elle fit de nouveau silence, se remémorant sa vie d’autrefois, vie qui lui avait été arrachée vers ses dix ans. Elle finit par reprendre : « Tu avais donc toi aussi des jours de repos, autrefois ? »
Joanna approuva avant de réfléchir un peu. « Et pourquoi est-ce exceptionnel d’en avoir, ici ?

-Tu n’as donc pas remarqué ? » La Saiyenne soupira en la voyant nier. « Il n’y a aucune règle pour les repos. En fait, les guerriers partent en mission, puis se reposent une fois de retour ici jusqu’à ce qu’ils soient envoyés sur une nouvelle mission. Mais les petites gens comme nous, là-haut, ils s’en fichent. Et nous, on peut bien trimer tous les jours, sans avoir une seule journée pour se reposer. Après tout, on fait quoi, de nos journées ? Rien d’intéressant, pour eux. On n’est bons à rien de bien, donc faut qu’on se démène dans les postes qu’on nous a donnés, parce que ces basses tâches sont tout juste bonnes pour nous. Et puis c’est teeeeeeellement moins fatigant que de combattre et s’entraîner ! Nous, on est juste bons à faire les basses besognes, et on n’a pas intérêt à se plaindre ! Des minables comme nous, il y en a déjà trop qui grouillent dans le palais, alors qu’on meure ou qu’on vive, ça n’intéresse personne !
-Maman… » Taasai lança un regard inquiet et triste à sa mère qui le serra contre elle en retour.
« Excuse-moi, mon chéri…
-Je présume que vous n’avez fait là que me rapporter ce qui vous a déjà été dit.
-Dit, et redit. »

Joanna s’appuya contre un mur et reprit, en regardant ses pieds : « Dans la CP… La Classe Particulière, pardon, nous avions cour tous les jours. J’étais tellement obnubilée par mon idée de devenir conseillère que je n’ai pas remarqué l’absurdité de la chose. Je me demande comment les autres arrivent à le supporter. Pour ma part, j’ai eu de la chance. Mon amitié avec Vegeta m’a permis d’avoir un traitement de faveur. Je le savais, mais je n’en ai jamais été aussi consciente que maintenant. Chaque jour, pendant les heures d’étude, il m’a emmenée en divers points de la planète pour que… » Sa nostalgie désabusée se transforma en ressentiment qui déforma son visage en grimace. « Le but était que j’étudie la flore. Et en fait, je n’ai fait que batifoler comme une idiote. Je crois que j’ai cherché ce qui m’est arrivé… Il se sera fait tellement d’idées, grâce à ma stupidité… C’est de ma faute. »
Kinoko fronça un peu les sourcils, inquiète. « Que t'est-il arrivé ?
-Vegeta… Il… » Joanna redressa soudainement la tête en regardant en direction du palais. Les pupilles dilatées, elle se mit à trembler. Son visage était blême. « Un rang A arrive !! »

Kinoko la regarda, bouche bée. « Quoi ? » Machinalement, elle porta son regard autour d’elle, sur le reste des habitants qui vaquait à ses occupations dans le calme, les enfants qui pour certains continuaient de jouer, pendant que d’autres s’étaient rassemblés dans l’attente du retour du groupe d’agents d’entretien. Tout était normal…
Joanna attrapa Taasai et le serra contre elle. « Kinoko ! Il faut qu’on se cache ! Il faut que les enfants se cachent ! Où ? Il faut se cacher où ? Il approche, Kinoko !
-Dans… Dans les maisons… » La Saiyenne était étrangement incapable de réagir, et ne pouvait que regarder la métisse se précipiter vers les plus jeunes pour les pousser à entrer dans les maisons les plus proches malgré leurs protestations. Elle regardait les petits être gagnés par la panique de l’étrangère et se mettre à hurler et pleurer, elle voyait les adultes commencer à insulter la femme aux cheveux clairs en récupérant leurs enfants apeurés, incapable de bouger, paralysée par l’incongruité de la scène.
« Tu crois que les alarmes sont en panne ? »
Ces mots, lâchés d’un parent inquiet à un autre parent, la réveillèrent. Elle se précipita alors à son tour vers la métisse et lui arracha un Taasai en pleurs des bras.

« Joanna ! Mais ça ne va pas, la tête ?? Qu’est-ce-qui t’arrive ?
-Mais c’est vous ! Vous êtes tous fous ? Je vous dis qu’un rang A arrive ! Il est en vue ! » L’étrangère désigna une direction, où se devinait des silhouettes.
« Mais enfin, Joanna ! N’aie pas peur, ce ne sont que nos compagnons qui reviennent ! » Kinoko tentait désespérément de calmer la situation chaotique dans laquelle le village était désormais plongée. « Je t’en ai parlé, tout à l’heure ! C’est Renkon et ses camarades ! C’est tout !
-Il y a un rang A qui arrive !!
-L’alarme n’a pas sonné, Joanna ! Il n’y a aucun rang A, ni B, ni même C qui arrive, enfin ! » La Saiyenne n’avait pas pu s’empêcher de crier, dans l’espoir que le volume de sa voix arriverait à traverser la panique qui embrumait l’esprit de la femme en face d’elle.
Cette dernière eut un mouvement de colère. « Au diable votre stupide alarme ! Il y a un rang A qui arrive, et il est hors de question qu’il m’attrape ! » Elle fila dans les buissons en lisière de forêt.
Kinoko laissa échapper un soupir de découragement. Elle se sentait soudainement vidée de ses forces. Son fils en profita pour s’échapper et se précipiter vers un homme qui venait d’atterrir dans son dos.

« Papaaa !! »
L’homme, plus svelte que les guerriers, attrapa l’enfant sous les bras pour le soulever très haut et le faire tournoyer. « Taasai ! Ma parole, tu as encore grandi ! J’ai bien failli ne pas te reconnaître !
-C’est pas vrai ! Tu dis ça à chaque fois ! » Répondit l’enfant en riant.
« Ah si, si ! Cette fois-ci, c’est vrai, je t’assure ! » Reprit le père en le faisant sauter en l’air.
« C’est pas vrai ! » Continuait de rigoler l’enfant. « C’est ce que tu dis toujours ! »
Au grand dépit de son fils, l’homme arrêta son rituel plus tôt que d’habitude et porta son regard sur sa compagne. « Kinoko… Qu’est-ce-qui se passe ? C’est quoi toute cette agitation ? Tu vas bien ? Tu veux un verre d’eau ?
-Renkon… » Elle se laissa aller contre son épaule, à la recherche d’un peu de réconfort et d’énergie.
« Oùs’k’elle est encore, la bâtarde ?? » Entendirent-ils alors gueuler un peu plus loin. Kabocha semblait furieux. « Ha ! Elle va m’entendre, celle-là, à son retour ! »

Renkon regarda de nouveau Kinoko, interrogateur. « La bâtarde ?
-Hé, Kinoko ! » Un des nouveaux venus l’interpella, l’empêchant ainsi de répondre à son compagnon. « Dis, c’est quoi ce singe doré qui s’est fait la malle quand on est arrivés ? »
La femme réussit à sourire à son ami qui venait d’approcher. « Tu as toujours d’aussi bons yeux, Tôgan. On a une nouvelle habitante, depuis hier… C’est la fille trouvée par le prince.
-Haaa, la bâtarde, » fit Tôgan.
« Du genre y’en a beaucoup d’autres ? » Plaisanta Renkon.
« Et elle avait quoi, la bâtarde, pour foutre le souk, là ? » S’intéressa Tôgan, goguenard.
Kinoko répondit en soupirant : « Elle disait qu’un rang A arrivait, et qu’il fallait que les enfants se cachent… »
Les deux hommes haussèrent les sourcils, stupéfaits. Renkon se tourna vers Tôgan. « Il n’y avait que nous huit, à rentrer, c’est ça ?
-Personne d’autre en vue, chef ! » Confirma le second. « Et puis… Il y a des alarmes qui se sont déclenchées, Kinoko ?
-Non, aucune ! Son attitude était totalement incompréhensible ! Je veux bien croire qu’on ait une pendule qui tombe en panne, mais pas toutes en même temps ! Je ne comprends pas… Pourquoi est-ce-qu’elle… »

Une main sur sa tête lui coupa la parole. Tôgan lui chiffonna les cheveux comme si elle avait été une enfant. « Allez, arrête de te tracasser ! Va profiter de ton homme, je m’occupe du reste !
-Tôgan, arrête ça ! … Ce n’est pas à toi d’y aller, elle est sous ma garde, tant qu’elle ne se sera pas habituée au village. » La femme répondait cela en se forçant visiblement, préférant faire passer son devoir avant le reste.
« Allez, te fais pas prier ! Je suis célibataire, j’ai personne qui m’attend, pas de gosse à m’occuper, je peux bien faire ça pour mes meilleurs amis, non ? Et j’irai moi-même en parler à Kabocha, d’accord ? »
Renkon fronça les sourcils. « Tôgan, je ne suis pas sûr…
-Mais c’est pas vrai, ce que vous pouvez être aussi chiants l’un que l’autre ! R’gardez votre môme, là ! Il a plus besoin de vous que la décolorée, non ? »
Le couple baissa son regard. Taasai, au bord des larmes, leur lançait un regard implorant.
« Y l’a pas vu son pater depuis des jours, et vous voulez le priver de ça ? Y l’a pourtant rien fait pour mériter une telle punition, non ?
-Renkon va rester avec lui, et… » Se décida Kinoko.

« Haa, alors c’est toi qu’as fait des bêtises ? Rooh, cochonne, j’t’avais dit de m’attendre, si t’en avais marre de lui ! »
Sa répartie lui valut un coup à chaque bras, de la part des deux concernés.
« T’as gagné, Tôgan… De toute façon, tu arriveras mieux à la retrouver que moi, avec tes talents de pisteur. » Elle l’attrapa par le col de son plastron et le tira vers elle. « Par contre, t’as intérêt à faire gaffe à ce que tu vas dire avant d’ouvrir ton clapet.
-Oui, oui, d’accord…
-T’es le roi de la parole en trop, alors fais pas ton p’tit con, pigé ?
-Oui maaaamaaaan… »
Délaissant son air sévère pour un sourire chaleureux, elle l’embrassa sur la joue avant de le lâcher.



Le danger était désormais infiltré dans le village. Il s’était mélangé aux gens, parlait et riait avec eux, en compagnie de ceux qu’il avait accompagné.
La panique empêchait Joanna d’affiner sa perception pour savoir lequel était le Judas. Elle était tellement effrayée qu’elle craignait de ne plus réussir à masquer sa présence si elle cherchait à savoir qui était le traître. De toute façon, pour l’accueillir de façon si cordiale, ils devaient tous être de mèche…
C’était incompréhensible. Totalement illogique.
Après tout ce qu’elle avait vu et entendu, comment pouvaient-ils ainsi fraterniser avec un ennemi ? Elle rejeta vite l’idée d’un piège monté pour la capturer : tout était trop authentique pour avoir pu être monté en trois jours. Et puis elle avait pu fuir trop facilement.
Le plus discrètement possible, elle s’éloigna de la scène des retrouvailles. Même si personne ne semblait vouloir la prendre en chasse de suite, autant ne pas traîner et risquer de se faire repérer plus facilement.

Au bout d’une vingtaine de minutes de marche, Joanna s’installa sur une souche en soupirant, laissant sa tension se relâcher. Les larmes lui montèrent aux yeux, et elle ne put les réfréner. Elle ne le chercha pas, en fait, toute à son abattement. Elle avait tellement voulu y croire, à cette nouvelle vie Saiyenne. Elle avait passé la matinée à s’imaginer partager le quotidien de ces gens, à vivre une vie Saiyenne plus proche de ce qu’elle avait le sentiment d’avoir vécu, avec le confort d’un abri au-dessus de sa tête et d’un repas trois fois par jour, de vêtements propres et de douches chaudes.
Cela lui était visiblement refusé. Ce devait être une sorte de châtiment divin, pour lui faire payer ces derniers mois auprès de la famille royale. Qu’une fille comme elle ait pu avoir un tel traitement de faveur était anormal, et elle devait désormais le payer. La facture la plus lourde avait été la transformation du prince… A la peur qu’elle éprouvait désormais en pensant à lui se mêla l’amertume de l’avoir perdu. Il… Il lui manquait. Elle se sentit encore plus perdue à ce constat. Elle était terrifiée à l’idée de le revoir, mais il lui manquait. Et ce village, cette cachette qui lui avait donné l’illusion de pouvoir le regarder de loin, lui aussi était désormais perdu. Et il ne lui restait désormais plus qu’à vivre sa vie de fugitive, jusqu’à ce que la mort ou l’épuisement aient raison d’elle…

Quelque chose interrompit son cours de pensée de drama-queen ; se maudissant pour avoir eu la stupidité de relâcher son attention, elle se jeta sous un buisson en cachant de nouveau toute présence. Sa respiration s’étrangla dans sa gorge quand elle se rendit compte que la puissante énergie perçue au village était toute proche.
Les minutes passèrent, lentes. Joanna transpirait d’angoisse. Bizarrement, l’autre ne bougeait plus non plus… La femme se détendit un tout petit peu : elle avait dû masquer sa présence juste à temps pour qu’il perde de nouveau sa piste. Elle prit le luxe de changer de position, pour détendre un début de courbature. Et elle attendit. Il allait forcément partir.
Il finit par lui donner raison au bout d’une bonne demi-heure. Elle le sentit s’éloigner lentement. Du coup, elle se décida à son tour à partir à l’opposé, doucement, prudemment. Elle allait s’éloigner jusqu’à ne plus sentir sa présence, puis s’éloigner d’encore autant, avant de s’accorder une pause.

Mais au bout d’un moment, elle se rendit compte que rien n’avait changé. L’autre était toujours à un peu moins d’un kilomètre d’elle, quand bien même elle venait d’avancer d’autant.
Mal à l’aise, elle se permit d’avancer un peu plus vite, puis elle décida de partir sur la droite, puisque aller à l’opposée n’apportait aucune évolution. Mais cela non plus ne put résoudre son problème.
La panique croissait, la rendant de moins en moins discrète ; mais après tout, cela valait-il donc la peine de faire tous ces efforts alors que visiblement rien ne pouvait le semer ?
Un bruit attira son attention, et lui donna une idée. Elle décida de foncer vers la rivière coulant non loin et plongea dedans. L’eau permettait de couper les pistes des plus fins limiers ! Elle se devait d’essayer !
Le cours d’eau, d’une dizaine de mètres de large, charriait des eaux grossies par une pluie récente et violente qui avait eu lieu la veille en amont. Se disant que le premier réflexe dans un cas pareil était de remonter le canal et que son poursuivant risquait donc de chercher ses traces dans cette direction, elle partit dans le sens du courant, se disant qu’elle en sortirait un peu plus bas. Ce choix fut très vite regretté…

Le courant se fit très vite plus puissant, au point qu’elle devait lutter pour rester à la surface, gênée par moults branchages parfois gros comme des jeunes troncs. Bousculée de toutes parts, remuée en tous sens, elle se retrouva à boire la tasse à plusieurs reprises, ballotée contre les rochers auxquels elle ne parvenait pas à se raccrocher, rendus glissants par l’eau. Et tout à coup, ce fut l’horreur : le grondement qui s’amplifiait de secondes en secondes, qu’elle croyait être dû aux chocs et à la suffocation, se transforma soudainement en cascade d’où elle fut précipitée sans ménagement.
Elle tombait, tombait, et voyait le lac en contrebas s’approcher de plus en plus alors qu’elle n’arrivait pas à prendre une pose aérodynamique pour pouvoir plonger. L’impact vida ses poumons de son air, et elle eut l’impression de passer dans une machine à laver, avec l’eau de la chute qui la coulait à chaque fois qu’elle tentait d’émerger.
Et tout s’arrêta soudainement. La cascade en avait assez de jouer avec elle, et l’avait rejetée un peu plus loin.

Epuisée, elle cracha tant bien que mal l’eau de ses poumons et reprit enfin son souffle, la tête prise de vertiges, ses muscles endoloris et lourds au point de lui donner l’impression d’avoir été coulés dans du béton, les oreilles sonnant comme si des milliers de grelots y tintaient sans discontinuer.
Heureusement, dans son malheur, elle s’était retrouvée projetée vers le bord le plus proche… Elle réussit tant bien que mal à se traîner sur les galets et à se laisser choir, le buste au-dessus du niveau de l’eau.
« Ah, pas trop tôt. Je commençais à me d’mander si j’allais pas devoir te repêcher. »
La stupeur permit à Joanna d’avoir un ultime regain d’énergie, juste suffisant pour redresser la tête et voir un homme, assis nonchalamment à deux mètres de là, le dos appuyé contre un arbre. Ses cheveux coiffés en catogan semblaient assortis à la nature environnante, avec ses reflets verts. Il portait l’uniforme des rangs D, mais son énergie était celle d’un rang A.
Tout devint noir pour la métisse.


Spoiler
Renkon : racine de lotus en japonais
Tôgan : courge cireuse en japonais
HA !! J'allais oublier :
Tôgan n'a pas réellement dit "singe doré" quand il a posé sa question à Kinoko : « Dis, c’est quoi ce singe doré qui s’est fait la malle quand on est arrivés ? »
Évidemment, les Saiyens ne connaissent pas le mot "singe", ils ne connaissent pas cet animal.
C'est juste une traduction instantanée pour ne pas perdre le lecteur avec des explications lourdes au sujet d'un mot étrange qui parlerait d'une créature de la planète.
Si j'avais avant cela parlé d'une telle bestiole, ça aurait été mieux... A voir quand je reprendrai ce tome.
Dernière édition par Heika le Ven Sep 29, 2023 20:59, édité 1 fois.
Image


FANFIC est la meilleure des maisons !
Avatar de l’utilisateur
Heika
 
Messages: 1000
Inscription: Dim Jan 29, 2017 23:45

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 21

Messagepar Masenko le Dim Août 23, 2020 16:00

Oyoyyoooo !!!


J'ai donc lu ce chapitre deux fois : une fois quasiment dés que tu la posté et une seconde en diagonale pour me remettre dedans avant de commenter ;)

Ma lecture fut rapide, signe de bonne fluidité et de bonne compréhension des éléments.

Bon point particulier pour les dialogues, drôles et percutants :)

Y'a juste l'histoire des rangs E etc... Je me souviens que tu as abordé le sujet avec précision au début de l'histoire mais là j'ai pas mal oublié... Je suppose que lors d'une lecture des chapitres sans grande interruption, on capte du premier coup.

Du coup, je sais pas trop pourquoi elle flippe tellement Jojo à la fin... Et je sais pas si c'est parce que j'ai loupé un élément du chapitre, parce que j'ai oublié des infos données dans les chapitres précédents ou si il est normal que je comprenne pas pourquoi Jojo flippe ... Enfin, j'ai compris qu'elle flippait parce qu'elle sent que Togan est différent des autres mais je sais pas si je devrais comprendre pourquoi, ou non ?...

Bref, je pense que je devrais relire depuis le début ou presque mais... Vu tout ce que je dois lire, ça attendra :lol: sauf si tu me dis précisément quel(s) chapitre(s) je dois relire pour mieux comprendre :p oui oui... #feignasse ...

Et j'espère que ça va bien se finir cette fois, j'aimerais bien qu'elle se trouve des alliés solides la Jojo là, je la sens très seule depuis quelques chapitres :(

à bientôt !!! :) (plus vite sur le topic de sykia que sur celui d'AGP je pense...)
- Masenko -


Fanfiction : A.G.P.

Chapitre 14 : Super Trahison

IL EST ARRIVE
Avatar de l’utilisateur
Masenko
 
Messages: 1034
Inscription: Sam Oct 21, 2006 15:33
Localisation: Liège, Belgique

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 21

Messagepar Heika le Dim Août 23, 2020 23:14

Alors là...
Alors là...
O__o

J'étais en train de préparer mentalement mon début de message ainsi :

Helloooo !!
Image

Il semblerait que les commentaires ne sont pas sortis de confinements, eux !
Mais qu'importe !
Sykia continue !!

Tout en me disant "Allez, c'est bon, tu peux couper là, ne retarde pas plus, personne n'a rien dit jusqu'à présent, ce n'est pas en leur donnant 3 jours de plus qu'ils vont avoir de l'inspiration..."

Et... XD
Tu es juste magique ! <3
(en même temps, "Masenko" n'avait pas été 'traduit' par "rayon magique", à un moment ? XD )
Je viens à 16h10 poster, et là oooOOOoooh !! (et ça m'aura pris 6h pour poster derrière... >__>' )

Masenko a écrit:Y'a juste l'histoire des rangs E etc... Je me souviens que tu as abordé le sujet avec précision au début de l'histoire mais là j'ai pas mal oublié... Je suppose que lors d'une lecture des chapitres sans grande interruption, on capte du premier coup.


Image
Oh, là, là, on dirait mon directeur... !!!
Allons-y pour un retour sur la leçon des rangs !

Sur cette version de planète Vegeta, les habitants sont répartis selon un double système de classement :
-le rang
-la caste

Le rang :
La première chose évaluée chez tout être arrivant (par naissance ou par vaisseau) sur le sol de la planète Vegeta est sa force.
Plus elle est grande, meilleur est le rang.
Rang E : Il englobe tous les non Saiyens. Ils sont forcément faibles, car il n'y a que pour des professions autres que guerriers qu'ils sont amenés. Les non Saiyens guerriers présents ne sont que de passage. Coïncidence : ils sont "rang E comme esclave" (comme dit si bien Joanna), et ne sont que rarement venus de leur plein gré. Pure coïncidence.
Rang D : Tous les Saiyens dont la force est en-dessous d'une certaine limite entrent dans cette catégorie. Ils sont jugés inaptes à devenir guerriers, et servent de main d’œuvre dans les autres domaines. Les bébés de cette catégorie sont la ressource principale de conquête des planètes jugées les plus faibles. Les Saiyens entrant dans cette catégorie ne représentent qu'environ un quart de la population.
Rang C : A partir de ce rang, tous les Saiyens sont des guerriers. Ce sont les guerriers les plus faibles, Raditz aurait été classé là, si le système avait toujours eu cours quand il est allé sur Terre. Les bébés de cette catégorie sont envoyés sur les planètes faibles à un peu résistantes. Les plus faibles guerriers, qui ont été admis pour peu de points de force, peuvent choisir de plutôt intégrer le rang D, comme l'a fait Paragus. Cela leur permet de pouvoir choisir une autre voie et de peut-être réussir à y devenir quelqu'un d'important, plutôt que de rester toute sa vie un guerrier médiocre, chose qui est normalement immuable. Là aussi, ils représentent en gros un quart de la population.
Rang B : Les guerriers sont en général dans cette catégorie, qui comptabilise près de 50% de la population Saiyenne, même si, il faut bien l'avouer, la majorité se situe entre la moyenne basse et la moyenne de ce rang.
Rang A : Rang des Elites Saiyennes. Il ne comptabilise que 100 membres. Pour y entrer, il faut avoir une force très élevée et... Un rang A qui disparaît. Il peut y avoir des rangs B plus forts que certains rangs A, mais c'est bien juste le temps qu'une place se libère. Dire qu'ils sont très dévoués à la Couronne est une évidence.
Rang S : Distinction apportée dans le rang A pour la Super Elite. Seuls 25 des 100 rangs A peuvent obtenir ce titre. Il est attribué par le roi, qui, là, ne prendra pas en compte dans son jugement seulement la force, mais aussi l'intelligence, la ruse, la fidélité... Ces guerriers sont généralement assignés à des missions très particulières, voire même parfois de diplomatie. Et les âmes damnées du roi.

/!\ Dans le chapitre 16, Bardack et Toma évoquent des rangs "B-, B+, B++". Il s'agit d'une classification non officielle interne au rang B pour aider les guerriers à se situer entre eux. Ceux qui ont un - ajouté au B font partie de la moitié inférieure, ceux qui ont un + sont dans la moitié supérieure, et le symbole est doublé pour renforcer la proximité avec les extrêmes. Évidemment, seuls des B++ sont pressentis pour devenir rang A.
Cette classification n'est pas ou très peu utilisée pour le rang C, en dehors des C--, pour les aider à choisir d'intégrer le rang D et prendre une autre voie, ou rester quand même un rang C.


La caste :
Une fois le niveau de force déterminé et le rang attribué, un Saiyen peut enfin intégrer une caste.
Guerrière : Les rangs C, B et A/S sont automatiquement des guerriers. Une exception est faite pour les rangs C-- qui peuvent choisir de ne pas devenir guerriers en intégrant le rang D. Évidemment, cette caste est la mieux vue sur Vegeta.
Autres : Les rangs D peuvent choisir d'entrer dans une des nombreuses petites castes peu valorisées mais nécessaires pourtant au fonctionnement de la planète Vegeta.
* Vu qu'il n'existe pas d'enseignement pour apprendre des matières compliquées telles que les sciences, la principale caste où finissent les rangs D est Entretien. Cela englobe le ménage et l'entretien des locaux, ainsi que la cuisine.
*Pour la caste scientifique (qui englobe entre autre la médecine), son personnel est à 90% constitué de rangs E, importés justement pour leurs connaissances.
*Pour la caste ouvrière, selon le niveau, on pourra y trouver des Saiyens. Quand il s'agit de travaux faciles à apprendre et simples à enseigner, comme par exemple l'entretien de mécaniques simples (sans système technologique) ou le travail en usine de production d'armures, il n'est pas difficile pour un Saiyen d'y entrer. Par contre, dès que la technologie se complique, les rangs E prennent les places.
/!\ La Classe Particulière ou CP : Il s'agit du seul moyen pour un rang D de recevoir un enseignement "compliqué". C'est là que sont formés les chefs de caste (souvent appelés injustement "chefs de section") et leurs suppléants, car il serait inadmissible que des étrangers occupent des postes élevés. Dans le cadre d'enseignements pointus tels que le scientifique (qu'il soit médical ou technologique) après avoir reçu les bases sur Vegeta, l'étudiant est envoyé hors planète recevoir les connaissances nécessaires à l'accomplissement de sa tâche.
Seuls des jeunes entre 8 et 11 ans peuvent intégrer la CP, et ce après avoir passé des tests d'intelligence pour être sûr de ne faire perdre de temps à personne. Ceux qui sont admis dans la CP sont une élite, même s'il s'agit d'une sous-élite.


Merci pour votre attention, la leçon est terminée ! Fiou !
Image

Maintenant, Masenko, à toi de me dire si cela a répondu à ta question ou non. :D
Comprends-tu pourquoi Joanna a la flippette ?



Sur ce, cher public, voici le chapitre du... ... ...
Euh, le 5e chapitre de l'année !!
C'est cool, on se dirige vers un "6 chapitres en un an, ça fait du un chapitre tous les 2 mois !" voire vers un "ooh, 7 chapitres en un an, ça fait plus d'un chapitre par deux mois !"
Oui, bon, on en reparlera quand je les aurais écrits et postés, ces chapitres 6 et 7.
Voilà donc mon nouveau chapitre, une fois de plus relu au moment de poster parce que voilà, na d'abord, et écrit par coups de 3/4 d'heures de surveillance de tortue en rut dans le jardin.
Image
Warning : Langage peu châtié. Comment cela, mon alerte vous fait bien rire ? Comment cela, j'ai mis ça pour trois fois rien ??
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



-22-





Tôgan observait sa proie, confortablement installé sur une branche, à près d’un kilomètre de distance. Il avait hésité à rester auprès d’elle à son réveil, mais quelque chose en cette femme l’intriguait… Pour satisfaire sa curiosité, il avait décidé de prendre le risque de la laisser encore un peu libre de ses mouvements. Il frémissait d’avance à l’idée du spectacle qu’elle allait lui servir.
Il lui était difficile de la voir de si loin, bien qu’il fût réputé pour sa vue perçante parmi les siens, mais ainsi sa discrétion était assurée. Une heure auparavant, il s’était senti vexé d’avoir été si facilement découvert au cours de sa traque. A chaque fois qu’il s’était approché pour l’attraper et mettre fin au jeu, elle avait changé de direction comme si elle avait su qu’elle était sur le point de tomber dans un piège. Il ne pouvait l’affirmer complètement, vu que même lorsqu’il s’était tenu éloigné elle avait tenté des feintes pour essayer de le semer. L’idée de se servir du cours d’eau pour fausser sa piste montrait qu’elle avait un minimum de connaissances en traque, mais jusqu’à quel niveau la chance l’avait-elle sauvée ? Même le plus alerte des animaux n’avait pu lui tenir ainsi la dragée haute. Certes, il ne s’était pas montré sérieux, mais face à un être de sa puissance, normalement, il n’en aurait pas fallu plus.

Son scaouteur lui indiqua soudainement que la puissance de la femme augmentait. De quasiment nulle, chiffre normal dû à son inconscience, elle passa à quatre-vingt. De son œil découvert il l’aperçut en train de remuer, tandis que sa silhouette, grossie sur la lentille, était secouée de spasmes. Il rit intérieurement. Les réveils suite à une noyade n’étaient jamais agréables, entre le système respiratoire irrité par l’intrusion du liquide et les multiples contusions et courbatures dues au courant qui malmenait ses proies en les jetant impitoyablement sur les rochers. Bah, elle n’avait qu’à s’en prendre à elle-même. Il était recommandé à tous les Saiyens, quel que fut leur grade, de faire un entraînement quotidien, aussi minime eut-il été. Si elle avait suivi cette préconisation, elle n’aurait pas eu plus mal qu’en sortant d’exercices. Mais bon, il ne fallait pas se faire d’idée : impossible, vu sa force, qu’elle fasse partie des dix pour cent de rangs D appliquant cette directive. Il n’y avait bien que ceux qui espéraient vainement une montée en grade qui le faisaient.

Une fois son réflexe de toux passé, la métisse resta à quatre pattes, guettant visiblement tout signe de présence anormale. L’homme écarquilla les yeux et sentit son cœur s’emballer en voyant sur sa lunette le chiffre décroître de secondes en secondes. Voilà donc comment elle avait réussi à échapper au prince malgré sa faiblesse ! Quelle faculté fascinante ! Il toucha machinalement le bracelet qui ornait son bras au-dessus du coude en imaginant ce que cela pourrait apporter de posséder le même pouvoir… Mais quelles pouvaient en être les limites ? Il avait entendu parler d’êtres pouvant se rendre ainsi indétectables par les machines mais c’était grâce à une pratique appelée ‘méditation’, qui impliquait de rester immobile. Ils avaient réussi à pousser l’indétectabilité jusqu’à se fondre visuellement dans le décor, mais cette capacité n’était qu’une défense de piètre qualité à ses yeux. Trop de défauts.

Le sourire qui avait fleuri un instant auparavant sur son visage se flétrit.
Elle le regardait.
Il ne savait pas comment il pouvait en être sûr, mais il sentait qu’elle le fixait. Il était très loin, caché dans la frondaison des arbres, sous le vent, sans bouger, alors comment pouvait-elle savoir où il était ? Invisible, inaudible, inodore. Le tiercé gagnant d’une attaque surprise. Et pourtant, la surprise, c’était lui qui l’avait.



Tôgan sourit de nouveau, à la fois agacé et comme pour répondre au défi qu’il avait l’impression que la femme venait de lui lancer. Nouveau sourire qui s’évanouit comme feu de paille.
« Mais c’est pas vrai ?? »
Les ratés de son scaouteur venaient de lui faire réaliser qu’elle reculait lentement, s’enfonçant doucement mais sûrement dans les buissons. S’il venait à perdre le contact visuel avec elle en étant aussi loin, la partie allait être terminée à son détriment.
Il se remit instantanément en mouvement pour se rapprocher au plus vite et permettre à son appareil de continuer de la suivre via le détecteur de silhouettes. Malgré sa crainte d’être mis en échec, il ne pouvait s’empêcher d’être ravi. Il était tombé sur un spécimen d’une fabuleuse rareté ! Comment pouvait-elle ainsi se cacher des détecteurs sans artefact et sans que cela n’entrave sa mobilité ? Comment pouvait-elle réussir à le repérer ? Pourvu que ce ne soit pas là des facultés liées à son métissage… Aucun guerrier de quelque grade que ce fut, à sa connaissance, ne pouvait en faire autant. Quel avantage ce serait de réussir à développer de tels pouvoirs !

Heureux comme il ne l’avait été depuis longtemps, et impatient comme un enfant la veille de Noël, il jouait avec sa proie, maintenant qu’il s’était assuré de l’avoir bien en vue, volant derrière elle, visible, et disparaissant soudainement pour lui couper la route, ombre parmi les ombres, juste pour la voir changer de direction, satisfait à chaque fois de constater que la chance n’était pour rien dans cette affaire.
Elle courait, oh ! Comme elle courait bien ! La forêt était son territoire, animal sauvage au pied agile, aussi silencieuse que si elle volait parmi les troncs, vive et rapide comme… Comme un rang C-. Comme elle avait bien caché son jeu, la finaude ! En manipulant les chiffres des détecteurs, elle avait pu leur faire croire à tous qu’elle n’était qu’une faible créature sans intérêt pour la caste guerrière, alors qu’en fait… !

Il la vit tout à coup s’illuminer, sa chevelure claire rayonnant tout à coup comme un petit soleil marron aux reflets roux. Pourquoi s’était-elle exposée dans une clairière ? En avait-elle donc assez ?
Il réalisa son erreur avec un bref temps de retard, et mit les gaz comme jamais il aurait cru devoir le faire face à un être aussi faible.
« Juste à temps ! »
Il la tenait désormais par le bas de son plastron. Elle avait l’eau de la rivière à un doigt de son nez.
La petite maligne, elle s’était encore bien jouée de lui ! L’air de rien, elle l’avait ramené au lac de la cascade, et avait tenté de lui fausser compagnie en plongeant dans les eaux troubles.
« T’en as pas marre, de te noyer ? T’es suicidaire, peut-être ?
-C’est bien moins dangereux après la cascade qu’avant, » lui répondit-elle en lui lançant un regard noir.
Il rit de bon cœur. « Ma foi, t’as raison ! »

Il la ramena doucement à côté du feu de camp qu’il avait allumé alors qu’elle était encore inconsciente, pour lui éviter d’avoir trop froid, satisfait de constater qu’elle acceptait sa défaite sans broncher. Et grimaça, une fois face à elle, de voir que c’était la fatigue qui était arrivée à bout de sa volonté. Elle était à proprement parler exténuée. Il se félicita de l’avoir rattrapée à temps. Dans un tel état, il aurait été dangereux pour elle de nager.
« Bon, t’as fini de mettre ta vie en danger, maintenant ? » Il restait souriant, ne se laissant pas démonter par l’air renfrogné de son interlocutrice.
« Qu’est-ce-que cela peut bien faire ? De toute façon, pour crime de lèse-majesté, c’est bien la mort qui m’attend, non ? Mais il faut peut-être que je sois en vie pour qu’il ait la satisfaction de pouvoir appliquer la peine lui-même ? Ramener mon cadavre ne suffira pas, c’est cela ? »
Tôgan resta quelques secondes pantois face à cette réponse, puis se reprit : « Comment ça, crime de lèse-majesté ? » Il la vit lui jeter un regard méfiant.
« Ne me faites pas croire que vous ne savez pas. Son Altesse n’a pas mis ma tête à prix, après ce que je lui ai fait ?
-Et tu lui as fait quoi ? »

La femme semblait troublée. « Vous n’êtes vraiment pas au courant ?
-Tu sais, nous, les rang D, on n’est pas au courant de grand-chose, hein… » Il vit la méfiance resurgir instantanément.
« Vous n’êtes pas plus rang D que je suis Saiyenne de sang pur.
-Mais si, je suis un rang D ! Tu veux mon scaouteur ?
-Je suis sûre qu’il est trafiqué. Et ceux du villa… » Elle se mordit la lèvre, se murant instantanément dans le silence.
« Tu veux parler des détecteurs du village ? Tu crois p’t’être que j’suis pas au courant ? Je te répète que je vis là-bas depuis des années. Si j’savais pas ça, franchement… !
-Vous n’êtes pas un rang D ! »
Tôgan prit un air offensé, face à l’insistance de l’accusation. « Et pis d’abord, sur quoi tu t’bases pour m’traiter de satané rang… Rang quoi, d’ailleurs ?
-Rang A. Non, rang S. Peut-être. Rang A, ça, j’en suis sûre. »
Il pencha la tête, ouvertement curieux. « Mais qu’est-ce-qui te rend si catégorique, à la fin ? »

Ils restèrent un moment face à face à se dévisager, comme elle restait muette, le fixant toujours d’un œil sombre. Il rompit lui-même le contact visuel en jetant sa tête en arrière pour s’étirer. « Bon, j’vois qu’j’ai affaire à une tête de mule, grand bien te fasse. » Malgré son détachement extérieur, il était limite de hurler de frustration. Il était si près de ses réponses, il en était sûr ! « Tout c’que j’peux te dire, c’est que non, y’a aucun ordre de personne qui dit de te faire du mal, ou de te ramener. Pasque c’est ça, je parie ? Tu crois que j’vais te ramener là-bas ? »
Le doute semblait de nouveau envahir la métisse. « Ce n’est pas le cas ?
-Je t’l’ai dit ! Y’a aucun ordre d’aucune sorte, à ma connaissance !
-Alors pourquoi vous m’avez suivi ?
-Parce que ma p’tite Kino me l’a demandé, c’tout.
-Kino… Kinoko ? »
Il approuva. « En fait, y’a aucun ordre te concernant, mais ma p’tite Kino s’inquiétait pour toi. T’es partie comme une folle, en piaillant des conneries…
-Un rang A arrivait ! Et ce même rang A m’a poursuivie ! »

Tôgan leva les yeux au ciel en poussant un soupir exagéré. « Raaah… Mais c’est pur hasard qu’ce soit moi qui t’ai poursuivie ! J’étais juste le seul à pouvoir le faire ! Tu sais, on passe que quarante-huit heures à peine, ici, à chaque fois ! Et j’allais pas laisser les autres perdre leur temps avec toi au lieu de le passer avec leurs compagnes et leur marmaille ! Ma p’tite Kino et son Renkon, ils étaient à deux doigts de partir à ta suite, au lieu de rester entre eux. Est-ce-que t’imagines seulement c’qu’aurait ressenti c’pauvre marmot de Taasai ? »
Il eut la satisfaction de la voir baisser la tête de honte.
« D’ailleurs, faudra pas trop tarder à rentrer, parce que chuis sûr qu’elle est toujours inquiète.
-Oui… » Elle se leva.
Il lui attrapa le poignet et la fit se rasseoir à côté de lui. « Attends, pas si vite… On n’est pas à cinq minutes près. On peut discuter encore un peu… »

Il ne l’avait pas lâchée, et sentait combien elle était tendue, prête à attaquer au premier mouvement suspect. Il la libéra en levant délibérément les deux mains, la laissant se relever pour s’asseoir un petit peu plus loin. Lui qui pensait avoir réussi à faire relâcher sa méfiance…
« Discuter de quoi ? » Lui demanda-t-elle, suspicieuse.
« Il se trouve qu’à ma grande surprise, toi, si proche de la famille royale, t’as été acceptée dans notre village. T’as donc des problèmes avec eux. D’ailleurs, tu l’as confirmé tout à l’heure, quand tu croyais si fort qu’j’allais te ramener pour… Pourquoi la peine capitale ? Tu veux pas me raconter ? »
Il se tint coi durant le silence qui s’ensuivit, préférant, cette fois-ci, lui laisser l’initiative de la conversation.
« J’ai attaqué Son Altesse. »
Tôgan resta stupéfait un instant, puis éclata de rire. « Toi ? Avec ta force de moucheron, t’as attaqué le prince et t’as peur de sa colère ? Mais sérieux, vu ta puissance, il aura cru que tu l’caressais ! »
Elle rougit en détournant les yeux, très embêtée. « … Pas vraiment… Je l’ai rendu incapable de me suivre durant un moment. C’est comme cela que j’ai réussi à m’enfuir… »

L’homme devint étrangement sérieux, à ces mots. « Tu as donc caché ta vraie force, depuis ton arrivée ? »
L’épuisement et la gêne avaient masqué à la femme les changements opérés sur son interlocuteur en entendant ces mots. « Non, je suis vraiment faible. Mais je crois que quand je suis en danger, j’arrive à être plus forte, l’espace d’un instant. Cela m’était aussi arrivé quand j’étais face à Freeza. Sinon, c’est sûr que même en lui tapant de toutes mes forces dans les… L’entrejambe, jamais je n’aurais réussi à faire réellement mal à Vegeta…
-Mais pourtant tu sais cacher ta force et te rendre indétectable.
-Oui, et c’est tout ce que je sais faire. Canaliser ma force pour la matérialiser ou voler, là, par contre, je peux toujours rêver ! »
Il la vit frapper le sol d’amertume et le regretter en suivant, comme sa main désormais dénudée avait frappé un roc aux angles un peu aigus. Il était bien placé pour voir qu’elle était trop authentique pour mentir sur ce sujet. Il abandonna son masque de froideur sans qu’elle ait pu l’apercevoir.

« Quoi ?? T’as tapé dans les royales coucougnettes ?? J’crois que finalement, j’t’aime bien ! » Il éclata de rire.
« Les guerriers de votre niveau ne sont pas supposés être fidèles à la famille royale ? »
Il soupira avec exagération. « Mais j’dois faire quoi, pour qu’tu t’enlèves c’t’idée d’la tête, à la fin ?
-Pourquoi vous vous faites passez pour un rang D ? Comment vous faites cela ?
-Raaah… » Tôgan se gratta la tête, désespéré. « Pourquoi tu veux pas me dire pourquoi tu dis ça… ?
-Faisons un échange d’informations, dans ce cas. »
Il regarda la métisse avec surprise. « Tu fais du troc, toi ?
-J’ai besoin de quelque chose que vous pouvez m’apporter, vous avez besoin de quelque chose que je peux vous apporter, nous avons donc de quoi faire affaire.
-T’inquiète, je connais le principe du troc. C’est juste que t’as tellement pas l’air dégourdie, dans ta tête, qu’ça m’a surpris. »
Il lui servit son plus beau sourire en retour de la grimace de vexation qu’elle arborait. Elle reprit quand même, insistante :
« Jurez-moi sur la famille royale que vous ne me cacherez rien et je vous promets de faire de même.
-Tu sais, dans ce village, on n’est pas très fervents des chefs…
-Vous êtes un rang A. Vous l’êtes donc forcément. »

L’homme tisonna les braises encore chaudes pour les raviver, comme la fraîcheur du sous-bois semblait faire frissonner son interlocutrice. Tout en remettant un peu de bois sec pour relancer les flammes, il répondit : « Tu sais, si j’étais le genre de types qu’tu dis, j’aurais quoi à y gagner, à t’le dire ? En plus t’imagines bien qu’c’est le genre de secrets qui sont dévoilés que si celui qui l’apprend crève en retour… Ça te fait pas peur ?
-Si vous aviez voulu me tuer, vous l’auriez déjà fait. Ce ne sont pas les occasions qui vous ont manquées de pouvoir le faire.
-Ha, c’pas faux. » Il se caressa le menton quelques instants, méditatif, puis claqua des doigts. « Mais j’peux refuser d’te répondre justement pour t’protéger ! T’en penses quoi ?
-Que vous n’êtes pas crédible… » La femme sembla se détendre légèrement face à tant de naïveté manifeste.
Il se rejeta en arrière pour un nouveau soupir de lassitude, mais le visage qu’il présenta à la métisse en lui faisant de nouveau face la fit frémir, malgré le feu à ses pieds.
« Soit. Je ne suis pas sûr que tu aies réellement réfléchi aux conséquences de ta requête, mais désormais, tu ne pourras plus faire machine arrière. Si jamais tu me trahis, crois-moi, je saurai te le faire regretter très longtemps. Sans te tuer, rassure-toi. Je jure sur la famille royale à laquelle j’ai prêté serment d’allégeance de répondre au mieux à tes questions. »

Joanna sourit, crispée. « Etes-vous… De quel rang êtes-vous ?
-Je suis de rang S. Le numéro sept.
-J’avais donc raison…
-Et ça t’apporte quoi, de le savoir, au final ?
-Pourquoi mentez-vous aux villageois ?
-Je suis infiltré pour vérifier que ces gens ne cherchent pas à créer de troubles, et pour apaiser les tensions qui peuvent se créer et dégénérer. Et tu as intérêt à garder ta langue en leur présence, si tu ne veux pas la perdre. » Cette réponse ne manqua pas de semer le trouble en face.
« Mais… Vous voulez dire… La famille royale est au courant ?
-Moi aussi, j’ai des questions, » en profita-t-il. « Ne crois pas que je vais gratuitement tout te dire pour ta belle gueule. Comment savais-tu que je ne suis pas un rang D ?
-Je le sais, c’est tout. »
Tôgan se pencha en avant pour se rapprocher un peu d’elle, un sourire rien moins que sympathique sur le visage. « Il y a quelqu’un, ici, qui ne respecte pas sa part du marché… »
Il fut ravi de la voir chercher à reculer précipitamment, paniquée. « Je n’en sais rien ! Je ne sais pas l’expliquer ! Je le savais parce que j’ai senti comme une présence monstrueuse qui approchait ! »

Il se rassit normalement, tout sourire. « Ben voilà ! C’est un début… Tu sens… Tu entends quoi, par ‘tu sens’ ? »
Il la laissa réfléchir malgré l’impatience qui bouillait au fond de lui. Mais au bout de deux minutes, il céda. « Ok. Vu ta tronche, demain on y est encore. Ça se passe comment ? » Il fronça les sourcils en la regardant baisser de nouveau les yeux. « … Booon, dans ce cas, et-ce-que tu peux décrire comment ça se passe ? Comment tu fais ? Ce que tu ressens en le faisant ? Comment…
-Est-ce-que je vous demande comment vous faites pour voir, moi ?? » Explosa-t-elle, frustrée. « Ou pour sentir ? Ou pour entendre ?? C’est pareil ! Ça se fait, un point c’est tout ! »
Tôgan regarda quelques secondes la métisse sans rien dire et se laissa tomber sur le dos en criant : « Nooooon !! ». Sous le regard médusé de la femme, il se mit à gesticuler de frustration en pleurnichant : « Je refuse !! C’est pas possible ! Tu dois savoir ! Je veux savoir !!! Je veux apprendre !! » Sa crise passée, il resta allongé, les bras croisés sur son torse et les jambes sur le tronc qui lui avait servi de siège.

Quand, au bout de longues secondes, la femme osa s’approcher, il ne lui offrit qu’une expression d’enfant boudeur.
« Euh… Monsieur ? »
Il lui jeta un regard empli de reproches.
« Vraiment… Je suis désolée… Mais… Je ne comprends pas pourquoi vous… Euh… Vous vous mettez dans un état pareil…
-Parce que ce serait trop d’la balle de savoir faire ça. T’imagines ? Plus besoin de machine ! Et tu peux trop facilement démasquer ceux qui mentent ! Et trouver les gens ! Franchement, j’aimerais trop faire comme tu faisais, tout à l’heure, quand je m’approchais de toi et que tu partais à l’opposée ! Sans machine ! T’imagines ? Hein ? » Il la vit se rembrunir.
« Ca n’a pas que des bons côtés. »
Il se redressa à moitié, intrigué. « Comment cela ?
-Il y a ces moments où vous vous retrouvez avec la nausée, quand une personne avec une présence écrasante s’est rapprochée tellement vite de vous que vous n’avez pas pu vous y préparer. La force que vous dégagez… J’ai cru plusieurs fois que j’allais m’évanouir, tellement j’avais l’impression d’être plongée brutalement dans… Dans ce que vous dégagez. Vous apparaissiez si vite près de moi, c’était brutal. C’était comme si votre aura me frappait, comme si votre volonté cherchait à m’écraser. »
Il fronça un peu les sourcils, une pointe d’inquiétude apparaissant pour la première fois dans sa conscience. « C’est si pénible que ça, d’rester près de moi ?
-Non. » Sa négation vocale et visuelle le soulagea. « Maintenant, ça va.
-C’est quoi, la différence ?
-Je crois que c’est une question de sentiments. Vous n’avez plus cette hostilité envers moi, actuellement. »

Il haussa les sourcils, surpris. « J’t’ai jamais considéré comme une ennemie…
-Vous me pourchassiez.
-J’n’ai pas cherché à te faire du mal.
-Vous n’avez pas cherché mon bien !
-C’était juste un jeu !
Elle se releva, en colère. « Vous me traquiez ! J’étais votre proie, une proie à ramener vivante ! »
Tôgan resta silencieux, perplexe. Oui, il l’avait un peu chahutée, mais de là à se scandaliser de la sorte pour quelque chose d’aussi anodin… Il finit par se redresser en levant les bras en signe d’apaisement. « Bon, bon… J’pige pas pourquoi t’es en pétard, mais je m’excuse. Mais si t’arrivais à m’expliquer comment qu’tu fais, j’crois que je comprendrais mieux… » Il lui fit un sourire innocent.
Les épaules de la femme s’affaissèrent. « J’essaie, mais je ne sais vraiment pas comment faire… »
Il fit une moue d’enfant gâté, et se laissa tomber de nouveau sur le dos, recommençant son caprice. « Je veux savoir faire ça !! Je veux, je veux, je veux !!! »
Il eut la satisfaction de la voir pouffer légèrement de rire.
« Bon, je résume : tu sais sentir la force des autres, mais tu ne sais pas comment l’expliquer. Et pour changer ton niveau de force ?
-Ça ne fait pas un peu beaucoup de questions de votre côté, là ? » Elle gonfla les joues en faisant à son tour la moue.

« Ha, oui, pardon, pardon, ma faute, tout ça. Bien sûr qu’le roi est au courant. Et qu’il le tolère. »
La métisse plongea son regard noisette dans les yeux verts de l’homme, tendue. « Et pour les enfants ?
-Perso, j’irai pas lui poser la question. J’pense quand même qu’il s’en doute, hein. Il est tout sauf con. Mais qu’on n’aille pas me dire qu’c’est ma faute s’il y a un jour une rafle. C’pas moi qu’irai lui donner l’idée d’s’y intéresser. »
La femme pencha la tête, indécise et hésitante. « Mais… Je n’arrive pas à vous comprendre. Vous crachez sur la famille royale comme Kabocha, mais vous semblez sincère dans votre fidélité à la couronne…
Il se releva et lui asséna une légère pichenette sur le front. « Cherche pas à comprendre, voilà tout. C’est dans mon intérêt, cette situation, t’inquiète. Il est hors de question que je fasse quoi que ce soit contre les uns ou contre les autres. C’est tout ce que tu as besoin de savoir.
-Et s’ils venaient à se rebeller ? »
Il leva les yeux vers la frondaison des arbres, pensif. Cette question, il se l’était souvent posée, mais il n’avait jamais vraiment voulu y réfléchir. « Hmmm… Peut-être bien que je mourrai entre eux.
-Du moment que Kinoko soit sauvée, c’est cela ? »
Il lui répondit par un sourire et, l’attrapant par un bras, la balança sur son dos . « En parlant de ma p’tite Kino, vaut mieux rentrer avant qu’elle se fasse des cheveux blancs ! »



Tôgan apprécia le silence de la métisse durant la première partie du vol. Il se sentait un peu mal à l’aise, après sa dernière question. Que croyait-elle avoir compris de lui ?
Lui aussi, comme tous les gens du village, avait été envoyé bébé hors planète. « Une erreur, » avait-il entendu dire autour de lui quand il avait été de retour. « Un appareil défectueux » était la justification principale auprès des grands pontifes scandalisés, car « un enfant de cette qualité n’aurait jamais dû être envoyé comme un vulgaire rang C ou D ».
Lui, il ne doutait pas que les chiffres donnés à l’époque eussent été corrects. Que dans certaines conditions, un déchet pouvait se transformer en pépite. Mais comme ils avaient éradiqués les êtres qui l’avaient élevé, il resterait un miracle unique, et cela le réjouissait intérieurement. Il haïssait la caste guerrière, ces monstres sanguinaires qui avaient massacré sa famille adoptive.

S’il s’était autant entraîné, une fois rentré sur Vegeta, s’il avait autant donné de sa personne pour gravir les échelons et devenir puissant, c’était uniquement pour pouvoir s’approcher de cette famille royale tant honnie et massacrer ce symbole de pouvoir perverti. Et pour pouvoir aussi, au passage, entraîner le plus possible de ces bêtes infâmes en enfer avec lui, le jour où il aurait enfin décidé de se venger.
Malheureusement, son plan avait été mis à jour par le roi lui-même. L’intelligence de cet homme l’avait impressionné. Non seulement cet homme avait su, mais en plus il en avait été satisfait.
Cette discussion avait eu lieu en particulier, et publiquement rien n’avait changé. Il avait été nommé comme il se devait rang A, puis rang S, conformément à ses divers mérites, selon le plan qu’il avait conçu en son fort intérieur peu après ce qu’il appelait son enlèvement.

Mais en privé, il sentait à chaque instant le nœud coulant de la laisse qu’il s’était laissé passer au cou.
S’il venait à se rebeller, tous les rangs D sans exception seraient massacrés.
Si des rangs D fomentaient un complot visant à occire un membre de la famille royale ou à renverser le pouvoir en place d’une façon ou d’une autre, ils seraient éliminés ainsi que les personnes connues pour être proches d’eux.
Si Tôgan venait à prendre parti pour les rebelles, tous les rangs D seraient exécutés sans distinction.
Si des rangs D venaient à faire du remue-ménage pour quelque sujet que ce soit, ils seraient supprimés.
Si Tôgan venait à tenter de les protéger, tous les rangs D seraient décimés.
Tôgan le rang D n’avait pas le droit de prendre parti pour ses camarades. Tôgan n’existait pas.
Sa dernière pensée en s’endormant, sa première pensée en se réveillant était que Tôgan n’était qu’un mensonge.
Mais dès qu’il voyait Kinoko, le dégoût qu’il ressentait envers lui-même semblait s’envoler magiquement, comme si sa simple présence avait le don de chasser tous ses démons.
Alors pour elle il continuerait d’être un guerrier fantoche, d’être le pantin du roi et un traître auprès de ceux qui comptaient réellement pour son cœur.



« Mais vous ne m’avez pas dit comment vous faites pour passer inaperçu auprès des autres ! »
Le guerrier sursauta en entendant sa passagère, comme il l’avait complètement oubliée, perdu dans ses pensées.
Elle prit appuie sur ses épaules pour se hisser au-dessus de lui et le regarder en fronçant les sourcils. « Nous sommes partis alors que je n’avais pas toutes mes réponses !
-Bon, bon, d’ac’… Euh… » Il réfléchit quelques instants. « Mais tu m’l’as jamais d’mandé, ça.
-Ah que si ! C’était l’une de mes toutes premières questions ! J’en suis certaine !
-D’ac’, d’ac’, te fous pas en pétard pour ça ! De toute façon, on aura encore du temps pour s’raconter nos p’tits secrets. »
Elle ouvrit des yeux ronds de surprise. « Ha ? Comment cela ?
-Ben tu vas vivre chez moi. »
Il compta les secondes avant qu’elle ne réagisse.
« Pourquoi est-ce-que je ferais cela ? »

Zut. Quatre secondes, et elle n’avait pas été plus stupéfaite que cela. Par contre, cette expression sur son visage qui semblait dire que c’était une idée absurde était tout de même assez amusante.
« Parce que tu vas pas squatter chez ma p’tite Kino tout le temps, tout d’même. Elle et Renkon on l’droit à leur intimité. »
Il la vit rougir avec satisfaction. Elle reprit sa place sur son dos.
« Non… C’est vrai que je n’ai pas à les ennuyer… » Approuva-t-elle. « Mais je pourrais avoir ma propre maison, plutôt… Enfin, à condition que je reste au village, bien sûr.
-Pourquoi qu’t’y resterais pas ? » Quelle drôle d’idée, tout de même. Où irait-elle, sinon, puisqu’elle semblait refuser de retourner au palais ?
« C’est trop dangereux. Il y a trop de guerriers qui passent dans le coin. C’est trop près du palais. »

Qu’elle pouvait être casse-pied. Il l’envoya en l’air, lui tirant un cri de surprise satisfaisant, et la rattrapa sous les aisselles, face à elle, lui volant sur le dos. « Hé, j’t’ai dis quoi, tout à l’heure ? Y’a personne qui t’recherche. Tu peux rester tranquille au village si ça t’chante. Et puis pourquoi t’as si peur du morveux ? Il t’a fait quoi, pour que vous vous disputiez ? »
Elle détourna le regard. Il sentait sa peur. Effrayée par un autre, il trouvait cela moins amusant que quand c’était par lui.
« Allez, tu peux bien m’raconter… Au point où on en est, niveau confessions… Et puis j’peux p’têt’ te conseiller ?
-Vraiment ? »
Tôgan s’en voulut presque d’avoir dit cela juste dans le but de satisfaire sa curiosité. « Oui, vraiment. » Et le pire, c’est qu’il persistait à lui mentir, et qu’au final, non, ça ne le gênait aucunement. « Allez, vas-y. Chuis sûr qu’tu t’sentiras mieux. »
La femme sembla réfléchir quelques instants, avant de se lancer, hésitante. « Il m’avait emmené voir des plantes sauvages, comme il aime à le faire chaque jour… Quoique… Non, ce n’était pas comme les autres fois, et je n’ai pas su le voir… Il avait un air plus… Déterminé… Et… Et il avait dit que nous avions l’après-midi pour nous promener… Moi, j’étais contente… Cela faisait une semaine que j’étais enfermée, et retrouver la nature… J’étais très heureuse… Mais il y avait des pensées qui me tracassaient… Nous avons un peu parlé, et… »

Et il voyait le plan.
« Ok, il t’a fait un plan drague à deux balles, et il a cherché à t’emballer et t’as pas été d’accord. Comme quoi, même princier, un puceau, c’est con. »
Elle saisit les poignets de l’homme et y enfonça douloureusement ses doigts. « Non ! Ce n’est pas cela !! » Sa voix était aussi effrayée que son expression.
Il fit une moue dubitative. « Hein ?
-Soudainement, ce n’était plus lui ! Ce n’était plus Vegeta ! Enfin… Si, c’était lui, mais… Il y avait cette lueur, dans son regard… Comme s’il avait été possédé… C’est vrai que nous étions un peu en train de nous disputer… Et tout à coup, son regard a changé. » La métisse ne regardait plus le Saiyen en face d’elle, mais revivait clairement son épreuve d’il y a quelques jours. Combien de fois avait-elle pu repasser cet événement dans sa tête, pour s’en souvenir aussi clairement ? « Il m’a attrapé par le bras, il m’a entraînée un peu plus loin, et m’a fait tomber par terre. Il s’est mis au-dessus de moi de façon à m’empêcher de bouger. De toute façon, j’étais terrifiée… Quand il a commencé à chercher à enlever mon haut, j’ai voulu me débattre, et là, je me suis rendue compte que ma jambe était libre et… Bien placée. C’est comme cela que j’ai pu le fuir. »
Tôgan n’en croyait pas ses oreilles. Voilà qui était loin de tout ce qu’il avait pu imaginer.

Un cri effrayé en dessous de lui retint son attention. Il se rendit alors compte qu’il avait lâché sa passagère sous le coup de la surprise. « Oh, merde ! »
Il la rattrapa et se posa au premier espace dégagé trouvé sur la route. Elle était dans ses bras, tremblante, le visage encore plus pâle que d’habitude. Difficile de dire si c’était à cause de la chute ou des souvenirs. Peut-être les deux à la fois, se dit-il.
Il attendit qu’elle se soit suffisamment calmée pour la prendre par les épaules en la regardant droit dans les yeux. « Hé, fillette, t’as rien à craindre, d’accord ?
-Mais j’ai refusé… La faveur d’un membre de la famille royale… Et je l’ai même frappé dans… Sa fierté… Ce sont des crimes de lèse-majesté, non ? »
Zut. Elle n’avait pas réagi à sa légère provocation. Elle était encore bien secouée.
« Je te le dis et te le répète : tu n’as rien à craindre. Le viol est interdit sur Vegeta, et tu l’as frappée en état de légitime défense. D’accord ? Tu as compris ? »
A voir l’air choqué qu’elle arborait désormais, il se demanda si on pouvait appeler cela du progrès…

« Le… Quoi ? Vous avez dit… Interdit ?
-Le viol est interdit, oui.
-Le viol est interdit sur Vegeta ?
-Ouiii. Ça commence à rentrer ?
-Mais… » Elle était abasourdie. « Mais vous êtes des Saiyens !
-Oui, et ?
-Les Saiyens tuent sans scrupules des peuples entiers !
-Oui, les Saiyens sont des brutes sanguinaires qui attaquent des mondes innocents et pour se baigner dans le sang de leurs victimes ! »
La métisse fit une grimace, consternée.
Amusé, il continua : « Ils sont des barbares avides de combats et de violence, qui n’obéissent qu’à la loi du plus fort ! Et oui, ces bêtes infâmes n’ont pas le droit de violer leurs semblables. Ni qui que ce soit vivant sur Vegeta.
-Les rangs E ?
-Protégés eux aussi par la loi. »
Il sentit les épaules s’affaisser sous ses mains, comme si les bras en tombaient à la femme.

« Mais… Pourquoi ?
-Pourquoi quoi ? T’es pas contente d’une telle loi ? Tu préfèrerais que ton p’tit cul soit constamment en danger face à ces milliers de guerriers plus forts que toi qui pourraient te contraindre quand ils le voudraient ? »
Elle recula un peu en se récriant : « Non ! Non, je n’ai pas dit cela… C’est juste que… C’est tellement étonnant…
-J’vois c’que tu veux dire. Moi aussi, en fait, ça m’a fait ça, à l’époque. Ça colle pas à l’image, hein ? »
Elle lui fit un demi sourire, gênée. « Oui… En quelque sorte…
-J’t’avoue, en fait, j’sais pas pourquoi c’est comme ça. C’est p’têt’ une très vieille loi prise j’ne sais où qu’a jamais été abrogée. Après, quand on y réfléchit… Y’a jamais eu besoin d’le faire.

-Comment cela ?
-Les guerriers forniquent à tout va quand ils sont pas trop esquintés, à la fin d’une mission. Paraît qu’ça renforce les liens des équipes. Après, j’sais pas c’qu’ils font avec ceux qu’ils sont censés buter, mais j’crois qu’en général ils trouvent plus drôle d’les traquer et d’les éclater que d’perdre du temps à s’envoyer en l’air avec et d’risquer d’avoir un moins bon palmarès qu’les copains. Et ici, c’est en quelque sorte question d’bon sens. Si on protège pas un minimum les faibles, ça pourrait s’retourner contre les forts. Les scientifiques, ce sont tous des rangs E, par exemple. Et ce sont eux qui soignent les guerriers. Donc faut éviter d’les abîmer, si on veut pas qu’ils… Ratent leurs soins. Ça s’est déjà vu, ailleurs. Pour les rangs D… C’est rare, de toute façon, qu’un guerrier ait envie d’faire des choses avec. Trop pas envie d’s’entendre dire qu’il a engendré un raté à cause de ça. Et puis les mœurs sont suffisamment libres en général pour que les choses se passent bien, et qu’on n’ait pas de crétin frustré.
-C’est quand même…
-Ouais, j’vois c’que tu veux dire. J’ai mis un temps à l’admettre. J’dirais qu’c’est le seul bon côté de c’te putain d’planète. »

Il la remit sur son dos sans la prévenir et reprit la route. « Maint’nant, tu comprends p’têt’ que de vous deux, c’est l’prince qu’a le plus d’soucis à se faire, dans ton histoire ?
-Comment cela ?
-Tu peux porter plainte.
-Et… Ca donnerait quoi ?
-Au pire, la peine de mort. Bon, comme il est pas parvenu à ses fins, y’s’rait p’têt’ juste émasculé. » Il marqua une pause, et reprit : « Tu comprends pourquoi tu dois le dire à personne, au village.
-Po… Pourquoi ?
-Parce que des gens comme Kabocha pourraient en profiter. L’intégrité et l’autorité du prince seraient touchées, mais j’suis pas sûr que, derrière, le roi ne trouve pas un moyen d’leur faire payer. » Et cela, il devait l’éviter à tout prix. Tant pis pour la satisfaction de voir le prince dans de sales draps.
« D’accord. De toute façon, je ne veux rien de tout cela pour Vegeta.
-Quoi ? T’es pas en train d’me dire qu’après c’qu’il a osé t’faire, t’as pas envie d’lui en faire baver ?? »
La femme resta silencieuse suffisamment longtemps pour lui hérisser le poil.

« T’es amoureuse de lui.
-Quoi ?? Mais non, voyons !
-J’parie qu’t’es rouge.
-Même pas vrai !
-Tu veux qu’j’vérifie ?
-Non ! Si, je suis rouge ! Mais c’est parce que c’est gênant et absurde ! Ce n’est qu’un enfant, de toute façon ! »
Il se mit à rire de bon cœur. « Ta défense est pitoyable ! Il est adulte, maintenant ! Et puis j’te signale qu’vous avez sûrement l’même âge ! Ha, t’as quel âge, au fait ?
-Je n’en sais rien, je suis amnésique… On m’a dit que selon certaines analyses je devrais avoir dans la vingtaine, quelque chose comme cela, mais… Je n’ai pas le sentiment d’être si jeune, au fond de moi. A mes yeux, Vegeta n’est qu’un enfant. »
Tôgan siffla entre ses dents. « J’croirais entendre une vieille de quarante ans…
-Hé, ce n’est pas vieux, quarante ans ! »

Il éclata de nouveau de rire. « J’crois qu’dans huit ans, j’pourrai dire ça, moi aussi !
-Ha ? Pourquoi ?
-Ha mais qu’t’es gourde… Réfléchis ! Si j’ai dit ça, c’est pars’que j’en ai trente-deux !
-Vous n’êtes pas gentil… » Son ton boudeur le fit sourire.
« J’n’ai jamais dit l’être, j’vois pas où c’que tu t’es mis c’t’idée en tête.
-Vous êtes parti à ma recherche pour que Kinoko ne soit pas embêté. Ha… Vous êtes amoureux d’elle ! Vous faites moins le malin, maintenant, quand on vous ressort vos arguments, hein ?
-Oui, chuis amoureux d’elle, et t’as pas intérêt à lui en parler. J’veux pas la rendre triste. On sait tous deux qu’c’est impossible, inutile de s’faire plus de mal en parlant d’sujets inutiles. Tu vois, mad’moiselle ‘nan mais moi, je suis pas comme le prince, je suis une grande’, c’est comme ça qu’ça réagit, un vrai adulte ! »

Son ton railleur n’engendra pas la réaction attendue. Il la sentit lâcher ses épaules pour passer ses bras autour de son cou et enfouir son visage dans son cou.
« Je ne suis pas aussi gentille et généreuse que vous, moi… » Murmura-t-elle dans ses cheveux. « Si je devais m’avouer ces sentiments, je souffrirais à en devenir folle, de ne pas être aimée en retour. Ou de ne pas pouvoir être aimée. »
Tôgan préféra ne rien répondre. Il avait plus cherché à la taquiner qu’à la rendre malheureuse. Elle avait donc déjà bien réfléchi à son cas, même si elle ne voulait pas le reconnaître. Et l’acte du prince, quelques jours auparavant, n’allait pas l’aider.
« Oh non ! V’là déjà l’village ! On n’a pas révisé quel baratin on allait leur sortir pour leur expliquer ! » S’écria-t-il pour changer de conversation.
-Ne vous inquiétez pas, je ferai attention. »
Le Saiyen était moyennement convaincu… Mais l’absence avait été trop longue, ils devaient rentrer.


Spoiler
Non, c'est vrai ! 40 ans, c'est pas vieux !
Image


FANFIC est la meilleure des maisons !
Avatar de l’utilisateur
Heika
 
Messages: 1000
Inscription: Dim Jan 29, 2017 23:45

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 21

Messagepar Heika le Jeu Avr 01, 2021 0:20

Qui c'est qui continue son p'tit bonhomme de chemin ?

Image


C'est miah !

Qui est dépitée de ne pas avoir réussi à sortir un dernier chapitre l'an dernier ?

Image


C'est encore miah. U__U

Tout chaud, fraîchement terminé, voici un nouveau chapitre !
Et :
*il bat mon précédent record de longueur
*il a sa suite presque terminée

Allez, place à la lecture !
ATTENTION : encore plein de grossièretés.
CHOUIIIIIIIN !! J'ai mis plus de 30 minutes pour la mise en forme pour la lecture sur forum, et nous sommes passés au 1er Avril, alors que je tenais absolument à poster sur le premier trimestre 2021 !!! ToT
Maudite procrastination! Si je n'avais pas glandé, ce soir, j'aurais terminé dans les temps !

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



-23-





Ils se posèrent devant la maison de Kinoko, où elle et sa famille attendaient visiblement leur retour depuis un moment.
« Je suis désolée d’être partie comme cela… » La métisse fut interrompue dans ses excuses par une Kinoko chamboulée qui lui sauta au cou.
« Joanna ! J’ai eu tellement peur pour toi ! Mais qu’est-ce-qui a bien pu te passer par la tête, à la fin ??
-Kino, Kino ! Tu vas l’étouffer ! Laisse-la parler, si tu veux qu’elle te réponde ! » Renkon prit sa compagne par les épaules pour la tirer un peu en arrière.
La fugueuse regarda la femme avec stupeur pendant quelques secondes, puis éclata en larmes. « Je… Pardon ! J’avais tellement peur ! Je suis désolée ! Je ne voulais pas vous inquiéter ! Pardon ! J’ai été bête ! Pardon ! »
Tôgan ne put s’empêcher de soupirer intérieurement quand il constata que malgré ses émotions elle ne semblait pas sur le point de faire une gaffe. Il avait été prêt à l’assommer furtivement pour faire croire que l’épuisement l’avait emporté et l’empêcher d’en dire trop, mais sa crainte ne semblait finalement pas justifiée.

« C’est ma faute, Joanna, j’ai pas su te comprendre et t’aider… » Avait repris Kinoko de son côté. « Mais tu es dans quel état ! Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est encore pire que quand tu es arrivée, hier…
-Je suis tombée dans l’eau, et le courant m’a emportée…
-Et j’l’ai repêchée avant qu’elle soit totalement noyée ! J’t’avais dit, hein, qu’je suis aussi bon pêcheur ? »
Le guerrier ne s’y était absolument pas attendu. Il avait rebondi sur les paroles de la métisse parce que ainsi était le rang C qu’ils connaissaient, un peu crâneur et grande gueule, mais il n’avait pas prévu que la saiyenne se jette à son cou et le serre avec émotion. Deux fois en une journée, cela commençait à être rude pour son petit cœur…
« Oh, Tôgan, merci ! Merci ! Que ferions-nous, sans toi ? »
Le regard que lui lança Renkon le transperça. Son ami avait toujours su pour ses sentiments, il n’avait pas réussi à les lui cacher, et le remord que Renkon ressentait dans ces moments était une double peine pour le guerrier. Pourquoi ne pouvait-il pas simplement souffrir de ce qui n’avait pu être ? Pourquoi fallait-il en plus qu’il souffre du tourment que cela causait à son ami ? Tout à l’heure déjà, quand elle l’avait embrassée sur la joue…

La saiyenne, loin de ces troubles dont elle était l’origine, se saisit de la main de la métisse. « Tu as l’air séchée. Viens prendre un bain !
-Euh… Oui, je suis sèche… Lui, là, il a fait du feu… Pourquoi il faut que je me mouille de nouveau ? »
Le couple la regarda avec stupéfaction, tandis que le troisième homme éclatait de rire.
« Mais non, andouille ! P’tite Kino t’parlait pas d’être sec ! »
Les regards emplis d’incompréhension se tournèrent vers le guerrier qui continua, avec un grand sourire : « Elle a dit qu’t’étais séchée… Crevée, quoi ! »
Joanna resta silencieuse quelques instants avant de lâcher un « Oh. » un peu dubitatif.
Pour le coup, le couple se mit à sourire à son tour.
« Tu connaissais pas ? » L’interrogea Renkon, amusé.

« ‘Tention, Ren, » fit Tôgan en prenant un air exagérément prudent. « Faut pas oublier qu’on a d’vant nous une membre d’la CP et qui cause au gratin du palais, en plus ! Ces gens-là, y causent pas normal ! »
Si Joanna avait pu le foudroyer littéralement du regard, il serait mort sur place.
« Oooh, c’est vrai, oui ! » Rebondit Renkon en se mettant à faire des révérences caricaturales qui firent rire son fils aux éclats. « J’espère que madame excusera les pauvres gens qu’on est, on n’a pas eu la grrrrande et fôôôrmidable éducation de la Classe Particulière qui apprend à faire des phrases de trois kilomètres avec des formulations tordues et compliquées ! »
Les deux hommes se prirent un coup de la saiyenne.
« Oh, vous deux, vous êtes impossibles ! » Elle se tourna ensuite vers la métisse. « Excuse-les, Joanna. Ils sont intenables, quand ils sont ensemble… Ne fais pas attention à leurs conneries…
-Oui, je pense que le mieux serait que je les ignore totalement, » approuva-telle avec un grand sourire pas naturel.
Ils se jetèrent sur elle pour l’attraper et la secouer un peu. « Noon ! Tout mais pas ça !! Ne nous ignore paaas !! »

Kinoko fut obligée de les repousser. « Mais foutez-lui la paix, bordel ! ‘Tain, vous êtes soûlants, quand vous vous y mettez ! »
Tôgan se figea soudainement, le regard dans le vide. « Attendez… »
Même le petit Taasai s’arrêta en levant la tête vers lui, intrigué.
« Non… Je sais pas…
-Quoi, tonton ?
-Quoi ?
-Quoi donc ? »
Joanna se mordit la lèvre pour ne pas lui montrer qu’elle était elle aussi curieuse. Instinctivement, elle avait cherché à sentir si une menace arrivait, mais elle avait abandonné immédiatement cette idée : ce n’était ni de l’inquiétude ni du qui-vive qu’elle percevait chez l’homme.
« En fait… » Tôgan tourna son regard vers la métisse, grave. « J’sais pas si j’t’ai entendu pousser un seul juron ou dire une seule insulte, durant ces dernières heures.
-Oh que t’es bête ! » Fit Kinoko en lui donnant une claque sur l’épaule. « Tu m’as fait peur !
-J’t’ai bien eu ! »
La métisse, secrètement soulagée de constater que ce n’était qu’une bêtise de plus de l’homme, se promit intérieurement de faire tout son possible pour ne pas user de langage vulgaire en sa présence. Et pourvu qu’il ne le remarque pas, si cela m’échappe…



« Ah ! Elle est d’retour, l’aut’connasse ! »
L’attention générale fut soudainement déportée sur un Kabocha qui arrivait, furieux. « J’m’en vais te lui apprendre comment qu’on s’comporte, ici ! C’est mon village ! J’vais pas laisser n’importe quelle décolorée s’amuser à fout’la trouille aux gosses pour rien ! »
Joanna esquiva Kinoko et Renkon qui cherchaient à s’interposer pour la protéger et avança vers le quarantenaire en le regardant droit dans les yeux.
« Putain de salope ! Tu mériterais que j’t’en colle une ! »
Il avait levé la main, sur le point d’exécuter sa parole.
Tôgan allait intervenir lorsqu’il vit la métisse se laisser tomber à genoux et poser le front contre terre.
« Je vous prie de bien vouloir pardonner l’étrangère que je suis, ô chef de village ! J’ai fait preuve d’une incroyable bêtise en prenant les nouveaux arrivés pour des ennemis ! J’implore votre clémence et vous jure que plus jamais une telle erreur de jugement n’aura lieu de ma part en ces terres ! »

Tout le monde la regardait, médusés. Intérieurement, elle ne pouvait s’empêcher de ricaner. Ha ! Ils s’étaient moqués de ses manières ? Elle pouvait faire pire encore !
« Oui… Bon… Ça ira pour c’te fois-ci. » Gêné, Kabocha lui tourna le dos en croisant les bras. « Mais que j’t’y r’prenne plus ! »
Kinoko s’agenouilla à côté de la métisse, inquiète. Son fils l’imita, curieux.
« Joanna, tu t’sens bien ? Ça va ?
-Oui, merci, Kinoko. Je suis soulagée. J’avais peur d’être chassée… »
Renkon fronça un peu les sourcils en voyant que son ami se mordait la lèvre pour éviter de rire. Très vite, les coins de ses lèvres se redressèrent.
« Mais non, voyons. Kabocha ne te chassera jamais du village. » Kinoko lui tapotait le dos, rassurante, avec un regard insistant sur le concerné. « N’est-ce-pas, Kabocha ? »
Ce dernier se dandina un peu, mal à l’aise. « Oui, oui… Enfin, du moment qu’elle arrête de foutre le boxon… C’tout, l’reste, j’m’en fous, hein… C’est juste qu’les pauv’gosses…
-Merci infiniment pour extrême bonté ! Je saurai rendre vos bienfaits au centuple, ou mourrai en essayant ! »
Kinoko pinça la femme légèrement pour lui signifier de cesser son petit jeu. Cette dernière tourna légèrement la tête vers elle en souriant.
« Pas une pour rattraper les autres… » Murmura la saiyenne.

Tôgan frappa dans ses mains pour couper court à la scène. « Bon ! Maint’nant qu’tout va bien, j’vais em’ner la d’moiselle se r’faire une beauté, et on va vous laisser profiter d’votre temps en famille, hein ? »
La femme se tordit les mains, visiblement partagée. « Je peux pas continuer à t’embêter avec ça, Tôgan…
-Ton mec, il est pas souvent à la maison, alors laisse-moi faire !
-Et puis il lui faut de quoi se changer, et un bain, et un bon repas…
-Vous savez, je peux aussi rester dormir dehors, » intervint Joanna qui commençait à se demander si elle était un chaton trouvé dans un fossé ou une personne pouvant s’exprimer. « Ce n’est pas si mal que cela, dormir dehors…
-Hors de question ! » La véhémence de Kabocha surprit tout le monde. « Moi vivant, aucun invité ne dormira à la belle étoile ! … T’as vu comme chuis classe, hein, Kinoko ?

-Est-ce-que tu pourrais arrêter de draguer ma femme devant moi, au moins ? » Renkon soupira de désespoir.
« C’est à elle de décider avec qui elle veut baiser ! J’sais qu’t’es pas là souvent, mais ce soir, ce sera p’têt’ mon soir ! »
Kinoko soupira à son tour de lassitude. « Ni ce soir, ni demain soir, ni de la semaine, ni même sur les cinq prochaines années, Kabocha…
-Ha…
-Et dans cinq ans, tu feras quoi, Kino ? » Renkon regardait sa compagne avec une lueur de défi dans les yeux, qu’elle lui retourna.
« Ha, ça, c’est à toi de faire ton possible pour que je renouvelle le bail sur les cinq années qui suivent, mon chéri.
-Très bien ! » Se rengorgea Kabocha qui n’avait rien compris. « Dans cinq ans, on verra qui est le meilleur, Renkon. »
Le couple pouffa de rire. Pour eux, c’était déjà tout vu.
« Ce qui fait que ce soir… » Le quarantenaire ouvrit les bras en un geste d’invitation. « Je suis tout à toi, la décolorée !
-Désolée, mais je tiens à me reposer.
-J’suis très relaxant ! J’suis très doué d’mes dix doigts sur plein d’parties du corps ! »
Mais… Comment lui faire comprendre gentiment que même partager son domicile était inenvisageable vu comme il la mettait mal à l’aise ?

Elle eut la surprise de sentir un bras la prendre en tenaille aux épaules.
« Kabocha, la miss va vivre chez moi. »
Le cri général de stupeur fut tellement synchrone que le guerrier se demanda presque s’ils avaient répété avant de le pousser.
« Oui, elle va prendre mon gourbi. Après tout, chuis là que pas très souvent, alors j’l’embêterai pas trop… »
Kabocha se saisit du bras de la métisse pour l’attirer un peu plus loin. « Tu vas vraiment vivre chez lui ? Chez ce type ?
-Vous n’avez pas l’air de l’apprécier… » Elle était assez étonnée de le voir si inquiet.
« Chais pas… J’ai toujours eu du mal avec lui. Il a quelque chose qui m’met mal à l’aise… »
Joanna se mordit légèrement la lèvre. Il avait ses défauts, mais il avait pour lui d’avoir de l’instinct. Peut-être même avait-il des bases pour apprendre à sentir les auras ? Elle envisagea l’espace d’un instant d’essayer de développer son potentiel en la matière. Non, c’était une très mauvaise idée. Elle chassa vite cette pensée de son esprit. Pour le moment, rien ne justifiait de griller la couverture de Tôgan de la sorte. Et même plus tard, à bien y penser… Tout ce qu’elle obtiendrait, c’est de voir le pauvre Kabocha se faire tuer en douce pour que rien ne s’ébruite.
Elle détacha gentiment la main de l’homme de son bras, avec un sourire qu’elle espérait rassurant. « Ça ira, n’ayez crainte. Il n’est pas homme à créer des problèmes à ce village. Il l’aime au moins autant que vous, je peux vous le jurer. »

L’inquiétude qu’elle lut dans les yeux bleu nuit lui dirent que sa formulation n’était apparemment pas la plus heureuse qui fut. Elle serra cette main qu’elle n’avait pas encore lâchée.
« Il a un caractère assez… Pénible, mais je peux vous assurer que s’il y a bien une chose sur laquelle nous sommes d’accord, c’est que nous préférerions mourir que de vous causer du tort. Comme chacun d’ici, je pense, non ? Bon, je sais que ma parole d’étrangère avec un lourd passif de connectée à la famille royale ne vaut pas grand-chose, mais… »
Il se dégagea. « D’accord. J’vous crois. » Il partit sans se retourner.



Le bras la reprit en tenailles, la prise plus ferme que précédemment. Elle sentait le dos du poignet appuyer sur la base de sa gorge en menace.
« Dis donc, j’crois que quelqu’un a la langue un peu trop pendu ? Faut-y que j’t’apprenne à la tenir, ou faut-y que j’t’en soulage ? » Le murmure joyeux à ses oreilles lui donna froid dans le dos.
« Je n’ai rien dit qu’il n’ait déjà deviné. » Son murmure à elle était sec. « Et s’il le faut, je resterai nuit et jour avec lui pour le protéger, si jamais il vous venait à l’esprit de lui vouloir du mal. »
La prise se desserra et il chiffonna les cheveux châtains. « Allons, allons, inutile d’en arriver là ! Tant qu’il me cherche pas, il me trouvera pas. Ok ? »
Elle approuva en se recoiffant.
« Il a quoi, Kabocha ? Il faisait une drôle de tête, en partant…
-Bah, ma p’tite Kino, tu sais bien qu’il m’aime pas et qu’il est toujours dég’ de perdre contre moi !
-Oui… » La femme soupira. « Alors, Joanna ? Tu vas rester chez Tôgan, finalement ?
-Oui, j’accepte sa proposition. Je pense que ce sera plus simple pour tout le monde. »
La femme retrouva le sourire. « Alors Tôgan, je te la confie. Tu as intérêt à faire bien attention à elle. »
Après avoir juré sous toutes les formes son dévouement à son invitée, l’homme l’emmena, laissant la famille tranquille.



L’habitation du guerrier était des plus austères : une seule pièce contenait le peu de confort accumulé, soit une sorte d’évier-plan de cuisine sous un robinet de fortune, une table avec deux chaises, un paravent dans un coin et une paillasse en guise de lit.
« Ouais, je sais, c’est pas sexy… C’est qu’pour deux pauv’jours par semaine, j’ai pas b’soin d’grand-chose. Mais j’vais t’trouver un bon lit, t’inquiète.
-Cela ne me pose aucun problème. J’ai un toit pour me protéger, c’est déjà plus que ce que j’en espérais ces derniers jours.
-Allez, assieds-toi, j’m’occupe de tout ! » Il la poussa sur une chaise et sortit.
Désormais seule avec elle-même, ses pensées s’entrechoquaient en tous sens. Avait-elle fait les bons choix ? Accepter de rester avec Tôgan, lâcher des paroles imprudentes à Kabocha… Pourvu que ce dernier ne tente rien. Est-ce qu’il était prudent de rester dans ce village ? N’allait-elle pas les mettre en danger ? Ou l’inverse ?
Le saiyen revint avant même qu’elle ait pu continuer sa liste d’interrogations. Il posa une grande bassine sous sa sorte de robinet et la remplit. L’eau coulait joyeusement dans le silence, tandis qu’elle ne pouvait rien faire d’autre que de le regarder faire. Son corps était toujours sous tension, mais son esprit, un peu tranquillisé par le fait d’avoir l’homme sous ses yeux, se relâchait en faisant le vide.
Une fois le récipient rempli à sa convenance, il plongea la main dedans et le liquide sembla s’illuminer. Rapidement, de la vapeur s’en dégagea.
« Le bain d’la miss est prêt. »
Il prit le paravent pour cacher la zone de baignade, puis désigna le trou qu’il venait de dévoiler. « Toilettes sèches. J’t’expliquerai, si tu connais pas. T’as de quoi t’laver à côté d’la bassine. Prends ton temps. J’vais t’chercher du change et d’la bouffe. »
Il ressortit.

L’attrait d’un bain chaud fut plus fort que sa méfiance. Pour se donner bonne conscience, elle se dit qu’il ne devait pas avoir oublié qu’elle avait la possibilité de savoir où il était, à tout instant. Rapidement nue, elle se plongea avec délice dans l’eau chaude. Le confort était un luxe qu’elle avait oublié d’apprécier à sa juste valeur, ces derniers mois… Elle laissa ses muscles noués se détendre les uns après les autres, en gardant à l’esprit qu’elle ne devait pas relâcher sa vigilance. Un bain… Il n’y avait jamais eu que des douches, dans le palais… Dire que le prince et le roi ne devaient pas connaître un tel plaisir… Peut-être serait-il judicieux de leur proposer d’en construire ? Enfin… Si jamais un jour elle venait à les revoir… Dans de bonnes conditions… Des larmes coulèrent de ses yeux fermés.



Une petite toux la fit violemment sursauter. De l’eau se répandit sur le sol en terre battue.
« T’es pas noyée, la miss ? Elle est pas froide, l’eau ? »
Joanna serra les dents de colère envers elle-même. Elle s’était assoupie.
« Depuis quand êtes-vous rentré ?
-Une bonne dizaine de minutes. Chuis content d’voir qu’tu m’fais suffisamment confiance pour te détendre. »
Il n’y avait aucune ironie dans sa voix. Elle se décrispa. Et soupira de dépit. L’eau était effectivement tiède. Elle prit le pain de savon et se nettoya en vitesse, désormais pressée de regagner le confort isolant du body.
« Est-ce-que… Vous auriez une couverture un peu chaude à me prêter ? » Dans son ton hésitant, elle tentait de masquer sa peur d’être de nouveau attaquée verbalement par la langue acérée de l’homme. Présentement, elle n’était pas en état pour une joute verbale.
« L’eau est froide, c’est bien ça ? Tu veux que j’vienne la réchauffer ?
-Non ! … C’est bon, ça ira, je vous remercie…
-J’comptais m’bander les yeux, mais puisque tu refuses… »

Elle l’entendit sa chaise bouger, puis un drap fut posé sur le haut du paravent, à côté d’un autre tissu.
« Confonds pas avec la serviette, s’teup’, cherais un peu dég’ qu’tu trempes la seule bonne couverture qui m’reste. »
Elle sortit de l’eau et s’enveloppa dans le bon tissu le temps de se sécher. Puis, timidement, elle apparut, emmitouflée dans une courtepointe moelleuse et épaisse.
Tôgan sourit. « J’espère qu’tu y f’ras attention. C’est ma p’tite Kino qui m’la faite juste pour moi !
-Oh ! » Dans sa panique, Joanna se dévoila partiellement, puis se ré-emmitoufla en rougissant.
« Bah… Pourquoi qu’t’as pas mis de tenue ? » L’homme, surpris, était légèrement gêné.
« J’ai remarqué que quand on met cette tenue alors que l’on a froid, il est très difficile de réussir à se réchauffer… L’isolation thermique n’a pas que de bons côtés…
-Alors viens vite manger une bonne soupe bien chaude ! Tu vas voir, ça t’requinqu’ra ! »

Elle ne se fit pas prier. Le saiyen réchauffait de ses mains chaque plat qu’il tendait ensuite à son invitée, qui mangeait tout en étant étonnée de recevoir si bon traitement. Cet homme pouvait donc avoir parfois de bons côtés…
« Est-ce-que je peux vous poser une question ?
-Tu viens bien d’le faire, pourquoi qu’tu continuerais pas, la miss ? »
Elle se renfrogna un peu. « Ce n’est pas ce que je comptais vous demander au départ, mais… Pourquoi m’appelez-vous tout le temps comme cela ?
-Ha, ça, c’est toi qui l’as cherché. J’t’ai pas entendu une seule fois m’appeler par mon nom alors qu’ici, t’en as eu plusieurs fois l’occasion ! »
L’air boudeur de la femme s’accentua. Elle avait été découverte. « Je n’étais pas sûre d’avoir bien retenu votre nom, et je ne voulais pas l’écorcher… Monsieur Tôgan.
-Bouaah, Kek’c’est qu’ce monsieur ? Si j’l’entends encore, je s’rais obligé d’trouver aut’chose d’mon côté !
-Bon, d’accord, d’accord… J’arrête. Mais dites-moi… Pourquoi Kinoko s’est montrée aussi gentille avec moi ? Qu’est-ce-que cela cache ? »
A sa grande surprise, il baissa les yeux en souriant tristement. « Elle est juste comme ça, kestu veux… Moi aussi, ça m’a surpris, quand j’l’ai rencontrée. Elle est… Beaucoup trop pure pour ce monde pourri. Elle est ce qui sauve cette planète viciée. Sa bonté inonde Vegeta, elle en est le véritable soleil. »
Joanna lui tendit une des assiettes. « Vous devriez manger, vous aussi. Un ventre plein ne fait pas tout, mais il console un peu les chagrins. »
Gêné, il obtempéra en grommelant.
La fin du repas fut plutôt silencieuse. La métisse s’endormait presque sur la table, pendant que le saiyen laissait ses pensées vagabonder.
Ils finirent par se coucher tôt, elle sur un matelas qu’il avait pris le temps de ramener, lui sur sa paillasse habituelle.



« Joaaannaaa… Tu es réveillée ? Tonton, elle répond pas…
-Vraiment, Taasai ? Moi, j’pense qu’elle te fait une blague, et qu’elle attend qu’tu l’attaques.
-Mais maman, elle m’a grondée, hier, quand j’ai fait ça…
-Ben môman, elle est pas là, là. Et j’pense que Joanna, elle a envie d’jouer, là. Allez, vas-y doussment, pour la surprendre ! »
Taasai, poussé par l’homme, avança sur la pointe des pieds, en exagérant bien le mouvement dans l’espoir que cela le rende encore plus silencieux. A quelques pas de la couche à même le sol, il se ramassa, prêt à bondir, mais un regard noir sorti de sous la couverture le figea sur place.
Il rebroussa chemin aussi précautionneusement qu’à l’aller. « Tonton… Je crois qu’elle est réveillée… Et qu’elle a pas envie de jouer…
-Oooh, t’es réveillée ? » Se mit à parler bien fort Tôgan. « Ben alors ? Fallait le dire plus tôt, si tu voulais pas jouer ! Regarde le pôv’petit ! Il est tout déçu, maintenant ! »

L’agitation non loin d’elle avait suffisamment tiré la métisse de son sommeil pour qu’elle saisisse avec un temps de retard le sens des paroles prononcées et l’approche de l’enfant.
« Je dormais, jusqu’à ce que vous veniez me réveiller, » grogna-t-elle en se redressant.
« Oh, là là, quelle tête horrible ! Tu pourrais faire fuir toute l’armée de Freeza, avec une tronche pareille ! »
L’enfant éclata de rire, comprenant juste que c’était une blague. Il n’avait jamais entendu parler du mécène dont le nom n’avait jamais atteint autrement que dans des murmures le village caché.
Joanna se renfrogna encore un peu plus en entendant le nom de ce désagréable individu. Cette journée avait tous les symptômes d’une journée pourrie.

« Je déteste être réveillée contre mon gré, surtout quand pour une fois je dormais bien. Je déteste voir des gens à mon réveil, je déteste qu’on s’agite autour de moi tant que je ne suis pas complètement réveillée, je déteste qu’on complote pour me piéger, je déteste les mauvaises personnes qui abusent de l’innocence des autres, et je me demande ce qui me retient de dire à tout le monde quel sale type vous êtes.
-P’t-être le fait qu’tu sais pertinemment qu’personne n’te croira ? Par contre, j’peux trèèèès facilement t’aider à r’gagner ton p’tit confort solitaire du palais, en retour de politesse… » Le sourire qu’il fit était trop éclatant pour ne pas comprendre que ce n’était pas là une menace en l’air.
Heureusement, l’enfant interrompit le duel de volontés. « Tu m’aimes plus ? » Il était au bord des larmes.
Le cœur de Joanna s’attendrit à le voir ainsi inquiet. « Ça dépend… Tu es un petit garçon turbulent et bruyant que je n’aime pas ou un petit garçon sage qui me fait des câlins que j’aime ? »
Taasai se jeta dans les bras qu’elle avait ouverts à son intention. « Je suis un bébé-câlin, c’est maman qui l’a dit !
-Ha ? Alors j’aime beaucoup les bébés-câlins, dans ce cas ! » Ce contact si plein de spontanéité et d’innocence lui fit monter les larmes aux yeux. Cela lui manquait terriblement. De la chaleur, de l’affection, de la tendresse… Depuis combien de temps n’en avait-elle pas eu ?

« Et tonton, tu le détestes ? » Le petit, après quelques instants de câlins, tentait visiblement de pousser son avantage.
« Dis, Taasai, on reparle de ce que t’a dit ta mère hier matin ? Qu’on ne saute pas sur les gens endormis ? Et que les gens qui ne répondent pas, c’est qu’ils sont sûrement encore endormis ?
-Mais tonton, il a dit…
-Tonton, il t’a dit des bêtises.
-Je suis ici chez moi, je fais c’que j’veux, » glissa l’intéressé dans la discussion.
« Oui, bien sûr. Mais cela ne m’empêchera pas de le dire à Kinoko.
-Oh nooon ! » S’exclama l’enfant. « Maman, elle va encore me gronder, si tu fais ça !
-Je dirai bien à maman que c’est la faute de Tôgan, pas de la tienne. Et c’est Tôgan qu’elle va gronder, pas toi.
-Nooon, s’teuplé, dis rien à maman, sinon elle va être triste !
-Ouiii, s’teuplé, dis rien à ma p ‘tite Kino ! » Rajouta Tôgan, taquin.
« Oh, je ne pense pas qu’elle sera triste, ne t’en fais pas, Taasai, » continua Joanna en essayant de ne pas s’énerver avec les interventions de l’homme. « Elle va juste être fâchée après lui. C’est tout !
-Non, moi je sais qu’elle va être triste… »

Les deux adultes échangèrent un regard perplexe, face à tant de certitude larmoyante.
Tôgan vint s’asseoir à côté du duo. « Et pourquoi qu’elle serait triste, ma p’tite Kino, dis-moi, Taasai ?
-Parce que ça veut dire que Joanna, elle déteste tonton, et hier soir, maman, elle a dit à papa que ça serait vraiment super si tonton et Joanna ils finissent amoureux, parce que maman elle est toujours très triste de voir tonton toujours tout seul… »
Un silence gêné s’installa.
Joanna se dit que finalement sa journée n’était pas si pourrie que cela, à côté de la tournure que prenait celle de Tôgan.
« Je crois que tu as raison, Taasai. J’ai été méchant avec Joanna. Tu veux bien m’aider à me faire pardonner ?
-Oui, tonton !
-Alors viens m’aider à lui préparer un petit-déjeuner qui lui redonnera le sourire !
-D’accord ! » L’enfant partit en trombe vers le coin cuisine.
Il venait de parler correctement. Elle avait deviné juste.

« Désolée, » ne put s’empêcher de dire Joanna, une fois presque seuls.
« Ça veut dire qu’tu vas rien dire à p’tite Kino, pour le coup ? Sinon elle va me gronder et être très triste… » Le plus triste était le sourire qu’affichait l’homme en cet instant, un sourire si résigné que la gorge de la métisse se serra.
« Disons que cela dépendra du petit-déjeuner ?
-Alors j’vais m’évertuer à faire des prouesses en cuisine. Mais attention : rappelle-toi que je chuis pas un cœur à prendre ! »
Il prit le temps d'attraper la serviette et de la lui lancer gentiment sur la tête alors qu’elle s’approchait. « Va te laver, on s’occupe de tout ! » Il posa sa main sur la tête voilée et murmura à travers le tissu : « Merci de pleurer à ma place. »
Laissée seule, Joanna se rendit alors compte que les larmes coulaient sur ses joues sans retenue.



Une heure plus tard, repus et propres, ils se posèrent en forêt, au milieu de nulle part.
Joanna regarda autour d’elle, curieuse. En dehors des arbres et des collines, il n’y avait pas grand-chose à voir. « Pourquoi nous avoir amenés ici ?
-J’me suis dit qu’ça pourrait être sympa d’jouer loin du village… » L’air innocent que tenta de prendre Tôgan sonnait faux. La métisse soupira.
« Jouer… Mais bien sûr.
-Si, j’t’assure ! »
Taasai attrapa la femme à un bras pour le secouer. « Dis, dis, c’est qui qui commence ? »
L’homme devança la réponse. « C’est nous qu’on va s’cacher, Taasai ! Tu vas voir, la Jojo, elle est super forte pour trouver !
-Plus forte que toi, tonton ?
-P’têt’même qu’elle est plus forte que moi ! Alors j’compte sur toi pour t’donner à fond, d’acc’ ?
-Oui, tonton ! »
Joanna toussota pour attirer l’attention. « Vous pourriez m’expliquer ?

-On va jouer à la chasse. Tu es le chasseur, nous sommes le gibier, » développa Tôgan à sa demande. « Nous avons dix minutes pour nous cacher. Tu peux aller loin, si tu veux, Taasai, tant qu’tu fais super attention à t’cacher super bien. Ceux qui sont pas trouvés au bout d’une heure ont gagnés, si tu nous trouves tous les deux on a perdus. Taasai, rappelle-toi de pas t’montrer tant qu’j’ai pas donné l’signal pour qu’tu t’montres, d’ac’ ?
-Oui, tonton !
-C’est bon pour toi, Jojo ?
-Si vous pouviez arrêter de m’appeler de la sorte, oui. » Elle tentait de cacher sous un air bougon la confusion provoquée par la consonance nostalgique de ce diminutif.
« Alors, c’est parti ! »
A ces mots, l’enfant partit en courant sans demander son reste. Entraîné depuis des mois par le guerrier infiltré, il filait aussi vite que possible le plus loin qu’il pouvait, sautant parfois sur des arbres pour avancer de branches en branches histoire de brouiller les pistes, traversant un cours d’eau repéré en chemin pour effacer partiellement ses traces, sautant de rochers en rochers pour laisser le moins d’empreintes possible. Sous l’égide du meilleur pisteur, il était doué pour se camoufler, malgré son jeune âge.



« Vous vous croyez tellement bon à cache-cache que vous pensez avoir besoin d’un malus ? » Joanna était un peu piquée de voir l’homme immobile alors que le signal avait été donné.
Tôgan, un sourire goguenard sur les lèvres, prit le temps de s’asseoir confortablement avant de répondre. « Maint’nant, on a du temps pour papoter. »
La femme leva les yeux au ciel en soupirant. « Parce que ce n’est toujours pas suffisant ? Nous n’avons fait que cela, depuis hier !
-Oooh, tu voudrais des activités un peu plus sportives ? Genre celles proposées par Kabocha ? Chuis pas contre, après tout… Du moment qu’ça reste du cul pour l’cul… » Il évita sans difficulté la pierre qu’elle lui envoya de colère.
« Rendez-moi mes larmes !! Jamais je n’aurais dû compatir pour une personne aussi… Enervante et… Agaçante, et… Enquiquinante que vous !! » Elle tendait la main en criant de frustration, comme si le dédommagement était quelque chose de matériel. « Rendez-les-moi !! Et avec les intérêts, en plus !! »
Se tenant les côtes, le guerrier explosa de rire, faisant rougir la métisse de honte. Le ridicule de sa demande venait de lui sauter aux yeux. Elle s’assit en tailleur, furieuse.
« De toute façon, je n’ai pas oublié que c’était à vous de parler. Vous ne m’avez toujours pas répondu sur la manière dont vous vous y êtes pris pour ne pas déclencher les détecteurs.

-Ah, vraiment, vraiment ! » Hoquetait le saiyen dans son fou-rire. « J’ai jamais vu personne réagir comme tu l’fais ! J’pourrais même finir par t’apprécier ! » Calmant son rire, il lui fit un clin d’œil. « En tout bien, tout honneur, bien sûr.
-Vous avez intérêt, j’ai autre chose à faire que de gérer un casse-pieds transi d’amour.
-Tu l’as toujours dans ton radar ?
-Hein ? Après ce qui s’est passé, vous ne croyez pas que je n’ai pas compris qu’il me fallait passer à autre chose ? » Le rouge était un peu monté aux joues pâles.
« Tu parles de qui ?
-Vous ne parliez pas de Vegeta ? »
Tôgan ne répondit pas de suite. Son regard perplexe décontenança son interlocutrice. Il finit par reprendre la parole. « C’est quoi, l’rapport avec le prince ? »
La teinte des joues de la femme s’intensifia un peu. « Vous parliez donc de qui ? Quel radar ?
-Taasai, avec ton moyen de r’pérer les gens… »

Le rouge devint quelque peu cramoisi. « Taasai… Bien sûr… Il doit être en train de chercher à se cacher, il n’avance plus aussi vite qu’avant…
-Bien. Alors, pourquoi t’as parlé du…
-Evidemment que je surveille le petit ! » L’interrompit-elle. « Je n’allais pas le laisser s’éloigner sans m’assurer qu’il n’ait pas de problèmes ! D’ailleurs, je vous trouve bien peu responsable ! Pourquoi ne pas lui avoir dit de ne pas trop s’éloigner ? C’est même le contraire ! Vous avez idée de ce qui pourrait lui arriver, loin des adultes ?
-Ouip, il pourrait par exemple réussir à disparaître des scaouteurs des guerriers qui pourraient chercher l’capturer… Par exemple. »
Joanna ouvrit la bouche, incapable de répondre sur le coup.
L’homme s’étira en soupirant. « Sérieux, j’arrive toujours pas à savoir si t’es aussi stupide qu’t’en as l’air et qu’par moments t’as comme des éclairs de génie, ou si t’as réellement un minimum de réflexion avec des pannes de cerveau. »
Cela lui valut un nouveau regard noir de la métisse.
« Ça vous amuse, de m’insulter à longueur de temps ? »

Tôgan prit un air stupéfait et choqué. « Quoi, moi ? J’t’insulte ? Genre j’passe mon temps à te taquiner ? Et genre j’kiffe ça parske t’es facile à embêter ? Et genre j’me défoule avec toi paske j’peux l’faire avec personne d’autre ? »
La métisse grinça des dents de colère contenue, se retenant de sauter à la gorge de son interlocuteur en voyant le sourire narquois dont il la gratifia.
« Franchement, Jojo, t’en as pas marre de parler d’façon aussi ampoulée ?
-Quoi ? Qu’est-ce-qu’elle a, ma façon de parler ?? » Elle semblait aboyer ses mots.
« Trop polie, et puis ce vouvoiement… Ça m’fait saigner les oreilles. Et j’t’ai vraiment jamais entendu dire un seul gros mot. Hé ! Décoince-toi ! T’es plus au palais ! Détends ton plastron ! Quand on t’voit, on dirait qu’t’as un bâton dans l’derche ! »
Les poings serrés de rage, les yeux semblant lancer des éclairs, elle se leva brusquement, cherchant semble-t-il à l’assassiner du regard.
Il s’interrogeait malicieusement sur ce qu’il pourrait encore dire pour la pousser à bout. Elle ne devait plus être loin de craquer…

Il la vit se détourner de lui, le dos rond, les bras croisés. Il siffla d’admiration intérieurement. Elle avait plus de self-control qu’il ne l’aurait cru il y a un instant…
Avant qu’il ait pu trouver un nouveau sujet de taquinerie, elle était partie.
Il lui emboita le pas, soudainement angoissé.
« Taasai ? » Il saisit la femme par la taille pour l’emporter au-dessus des arbres.
Elle lui indiqua une direction. « Par là. Je ne sens plus sa présence.
-Ça signifie quoi ?
-Au mieux qu’il est endormi ou inconscient. Il est très difficile, presque impossible de réussir à sentir la présence d’une personne endormie ou inconsciente.
-Et s’il s’était soudainement éloigné ?

-D’une, il n’est pas assez rapide pour s’éloigner suffisamment vite au point que brusquement je ne puisse plus le percevoir, de deux, ce n’est pas le même genre de sensation. Ça, ce que je viens de ressentir, c’est la disparition d’une personne. Maintenant, je m’en souviens. Je déteste sentir les présences. Parce que je les sens disparaître par villes entières, et je ne peux rien faire. Je suis trop faible. Malgré tous mes efforts, je reste faible. Et je ne peux pas m’arrêter de sentir les présences. Parce qu’après le passage du désastre, il faut chercher des survivants. Et je suis la seule à pouvoir les trouver pour les sauver. Je suis toute seule. J’ai peur de rester seule. Ici ! Stop !! Stop, j’ai dit ! »
Le saiyen, fasciné par la confession donnée d’une voix étranglée, dut rebrousser chemin de quelques mètres, pour s’arrêter au-dessus d’une colline qui tranchait comme une tonsure dans une épaisse chevelure.
« Il est par ici. J’en suis sûre. Il faut chercher ses traces. »
Tôgan se posa après avoir inspecté le sommet, qui s’avéra vierge de toute empreinte. Ils descendirent chacun d’un côté, cherchant quelque indice permettant de retrouver la piste de l’enfant.



La panique envahissait Joanna proportionnellement au temps qui filait sans rien découvrir. Passer la pente au peigne fin n’avait pas été compliqué, mais maintenant qu’elle était de nouveau dans la forêt, c’était une autre histoire. Elle avait l’impression de passer à côté de plein d’indices, et elle ne cessait de se demander si elle n’était pas en train de perdre son temps, s’il ne valait pas mieux qu’elle cherche à se concentrer sur la présence de l’enfant, maintenant qu’ils étaient censés être plus près…
Ne s’était-elle pas vantée, tout récemment, de ses capacités de chasseuse ? Pour du gibier normal, à la rigueur, elle pouvait donner le change, mais face à une proie qui cherchait à dissimuler ses traces, avait-elle réellement les compétences requises ? Mais si elle s’arrêtait pour se concentrer, n’allait-elle pas juste perdre du temps en vain ?

Incapable de se décider, elle faisait les choses à moitié, cherchant des traces tout en tentant de se focaliser sur l’étincelle d’âme de l’enfant. Elle sentait bien qu’elle paniquait, et cela accroissait sa peur.
Une idée lui traversa l’esprit, et elle s’empressa de rejoindre son compagnon de recherche.
« Tôgan ! Et si le petit était tombé sur un guerrier qui l’avait emmené ? Il est peut-être au palais, à l’heure qu’il est ! »
Elle vit l’homme pâlir, puis rougir de colère. « Et c’est maintenant qu’tu l’dis ?? » Il l’attrapa au col et décolla, pour la balancer au sol l’instant d’après, arrachant des protestations surprises à la femme.
« Aïe ! Ça ne va pas, la tête ?
-Attends… T’as toi-même dit, t’aleurs, que c’était pas possible. » Il ne cachait pas son ton accusateur. « Tu m’as pipeauté ? »

S’attirant un regard empli d’incompréhension, il continua, la colère lui montant au nez : « C’est moi l’premier à avoir parlé d’un enlèvement, et t’as dit qu’tu l’aurais senti s’éloigner, qu’c’était pas pareil, trop brutal. »
Elle baissa les yeux. « Je… J’ai pu me tromper… Les rangs S peuvent être très rapides… Peut-être…
-Dans s’cas t’as senti quelqu’un d’autre, tout à l’heure ? Pourquoi t’as rien dit ?
-N-non, je n’ai senti personne d’autre… Je n’ai senti… » Tout en parlant, elle réalisait ce qu’elle disait. « Je n’ai senti personne d’autre…
-Put… » Il manqua de peu de lui allonger une gifle de colère. Il s’était arrêté à temps, mais cela engendra tout de même un mouvement de défense à la métisse, qui serait arrivé trop tard sans le contrôle dont venait de faire preuve le saiyen. Il s’éloigna en crachant entre ses dents serrées de frustration : « Temps perdu pour rien ! Pas possible d’être aussi conne ! »



La métisse regardait ses pieds, désemparée. Il avait raison, elle venait de leur faire perdre du temps stupidement. Au lieu de paniquer inutilement, elle devait réfléchir, mais elle se sentait tellement en-dessous de tout… Seule avec elle-même, elle n’était qu’une bonne-à-rien.
Je vous en prie, peu importe si je dois finir enfermée, ou je ne sais quoi, mais qu’on le retrouve sain et sauf… Je vous en prie…
Tout en priant, elle se mit à faire courir son regard autour d’elle. Il était impossible que Taasai soit sur cette colline. La végétation la couvrant était bien trop rase. Même les buissons qui tentaient d’y pousser ne dépassaient pas ses genoux, comme s’ils n’avaient pas suffisamment de terre où s’accrocher. Et puis les pentes étaient trop régulières, il n’y avait pas même le moindre amoncellement de rochers pour créer une quelconque cavité où se cacher. Mais une part d’elle ne pouvait s’empêcher de s’accrocher à l’idée que l’enfant n’était pas loin.

Alors elle revint au sommet, pour regarder la forêt l’entourant. La hauteur où elle se tenait surplombait la cime des arbres, et elle avait autour d’elle un diamètre d’un bon kilomètre d’espace dégagé. Impossible qu’il fut là. Il avait pourtant dû arriver ici, et il lui était arrivé quelque chose qui, au mieux, lui avait fait perdre connaissance. Voilà, sa seule certitude était que quoi qu’il se fut passé, c’était ici. Et s’il avait été enlevé par un animal ? Y avait-il seulement des animaux suffisamment dangereux pour des saiyens, sur ce monde ? Un très gros oiseau, peut-être ?
Hésitante, elle redescendit vers l’homme en pinçant les lèvres. Il allait sans nul doute l’envoyer une fois de plus sur les roses, avec sa nouvelle théorie… Mais autant il avait eu raison de souligner qu’elle n’avait senti personne, autant cela ne signifiait pas qu’il n’y avait pas eu d’animal.
Tandis qu’elle descendait vers lui, lui était en train de monter vers elle, les yeux rivés sur le sol.

« Je crois que… » Commença-t-elle, hésitante.
Il la coupa d’un signe de la main. « J’ai une piste. »
Le cœur bondissant d’espoir, elle sauta un petit éboulis pour le rejoindre et sentit le sol se dérober sous les pieds.
« Wah ? »
Ce fut tout ce qu’elle put dire sous la surprise, tandis que son corps disparaissait sous terre. Le plastron arrêta brutalement la chute, lui coupant à moitié le souffle, et elle sentit un poids se déverser sur son dos, la plaquant sur le ventre, et recouvrir sa tête, cherchant à l’asphyxier.
Avant même qu’elle n’ait eu le temps de comprendre qu’elle venait d’être ensevelie sous un glissement de terrain, Tôgan était là pour la dégager.
« Oï, Jojo, ça va ? Qu’est-sy t’est arrivé ? » Il avait prestement dégagé sa tête et tentait désormais de la tirer de sous la terre, la faisant crier.
« Arrêtez ! Je suis coincée !! »



Après deux minutes de chaos durant lesquelles il fut question de terre lancée dans tous les sens à quelques mètres d’eux et de gesticulations pour s’extirper du piège, le duo put regarder sa trouvaille : un trou dans une surface non naturelle cachée sous cinquante centimètres de terre.
« Mais comment je n’y ai pas pensé plus tôt ? » Se morigénait Joanna. « Pourtant tout était là, sous mes yeux ! Une colline trop régulière, une végétation trop rare, un manque d’accidents de terrain trop anormal, une lisière de forêt trop… Oh, punaise ! Ce n’est pas possible d’être aussi bête !
-Pousse-toi, qu’j’agrandisse le trou ! Taasai doit nous attendre ! »
A la grande surprise de l’homme, elle s’interposa. « Surtout pas !
-Putain, mais casse-toi ! »
Malgré la différence de force, elle se jeta sur lui pour le repousser. Tous ses doutes étaient désormais envolés, et elle ne pouvait plus ignorer son instinct qui, désormais, agitait une alarme de danger.
« Non ! Arrêtez ! Il ne faut surtout pas faire cela ! »

Il la poussa sans difficulté sur le côté, et concentra son énergie pour la propulser.
« Vous allez l’enterrer !! »
Il suspendit son geste en fronçant les sourcils. « Kestu racontes, encore ?
-On ne sait pas dans quel état est ce bâtiment ! S’il y a un trou ici, cela signifie que la zone est fragile ! Si vous cherchez à l’agrandir, vous risquez de tout faire s’écrouler et de l’enterrer ! »
Le saiyen baissa le bras en crachant de colère. « Comment j’vais faire pour aller l’chercher, alors ? Tu passes à peine ! Comment tu veux qu’je fasse, moi, avec ma carrure ? »
L’homme faisait près du double des épaules de la femme, avec ses gros muscles.
« Je vais y aller. De toute façon, j’ai l’habitude, moi, de chercher dans des endroits dangereux de ce genre !
-Toi ? Me fais pas rire ! T’étais en train de péter de trouille, y’a pas cinq minutes ! Tu vaux pas un clou ! »
Sans lui répondre, elle se défit de son plastron et s’avança jusqu’à l’ouverture. Elle était profondément vexée, parce qu’elle savait qu’il avait entièrement raison et elle avait doublement honte, honte de l’attitude qui lui était reprochée à juste titre et honte de lui en vouloir de dire les choses telles qu’elles étaient. Se rattraper devenait de l’ordre de l’obligation, maintenant qu’elle s’était ressaisie.

Une fois au trou, elle y passa la tête pour y scruter les ténèbres. « Je ne crois pas qu’il soit là… »
Elle ressortit.
« Les traces mènent là. Il y est forcément. Y’en a pas d’autres ailleurs. » L’homme se ferma d’un air buté.
Elle soupira de façon exagérée pour exprimer son agacement. « Je n’ai pas dit qu’il n’était pas là-dedans, j’ai dit qu’il ne me semblait pas être juste en-dessous de nous. Il a pu entrer et aller plus loin, avant qu’il ne lui arrive quelque chose.
-Comment qu’tu peux en être aussi sûre ?
-Je ne sens pas son odeur. S’il avait été tout près, je pense que j’aurais pu le sentir. »
Le saiyen réfléchit un instant. « Ok. Donc tu entres, et ?
-Déjà, il me faut de la lumière. Vous auriez une lampe de poche ?

-Une quoi ?
-Quelque chose pour faire de la lumière mobile… Et pas de flammes, on ne sait pas s’il n’y a pas une fuite de gaz quelque part. » Une part de son esprit lui disait que s’il y avait eu une fuite de gaz à une époque, elle devait s’être épuisée depuis belle lurette. Mais une autre part de son esprit rétorqua que le gaz en question pouvait être resté stocké dans une zone, sans échappatoire. La première part répondit à la seconde qu’elle était chiante à avoir raison et que d’accord, il valait mieux jouer la prudence jusqu’au bout. Une troisième part se demanda si Tôgan aurait relevé l’utilisation d’un terme aussi familier dans la situation présente.
Etranger à l’échange interne de la femme, ce dernier lui tendit un objet sorti d’une bourse attachée à sa ceinture. « Tu sais t’en servir ? »
Joanna nia. Personne n’avait jugé jusqu’à présent utile de lui apprendre à se servir d’un scaouteur.

Il le lui fixa sur son œil droit, puis guida ses doigts sur les boutons. « Avec ça, tu peux avoir une vision de nuit. Tu allumes, tu éteints. T’occupe pas des autres boutons. Attends… » Il toucha quatre fois un autre bouton. « Là. J’vais aller m’en chercher un autre. J’vais faire vite. J’t’ai mis sur un canal sécurisé. J’fais vite pour rev’nir. T’as intérêt à me répondre.
-Oui, bien sûr. » Savoir qu’elle ne serait pas longtemps seule la soulageait. En l’attendant, elle avait l’intention de faire son maximum pour trouver l’enfant. Elle comptait l’accueillir avec une bonne nouvelle. Son estomac se serra à cette idée. A condition que l’enfant soit toujours vivant.
Tôgan aida la métisse à se glisser dans l’ouverture avant de s’envoler.

Spoiler
Merci de ne surtout pas hésiter à relever les incohérences, erreurs, tout ce qui pourrait rendre ce chapitre bancal d'un point de vue histoire : je vous avoue voir du mal en ce moment à me relire en gardant les chapitres précédents en tête !
Image


FANFIC est la meilleure des maisons !
Avatar de l’utilisateur
Heika
 
Messages: 1000
Inscription: Dim Jan 29, 2017 23:45

Re: Sykia tome 3 : la planète Vegeta chap 23

Messagepar Heika le Jeu Mai 20, 2021 1:00

Nyahô !

Oui, je suis toujours fidèle au poste !

Image


WOOOOH !!
MERCI !
J'ai battu un nouveau record : 3 chapitres postés d'affilée ! :D
Un record battu, c'est un record battu, quel qu'il soit.
Image


Parenthèse rien à voir : un ami m'a passé le lien d'une vidéo sur un moment dont j'ai fait le screenshot suivant...
Image
et il termine par "et hyper beaux".
Image
Comment ça, il ne parlait pas de ma fic ???


Comme dit dans le précédent post, le chapitre suivant était presque terminé... Donc le voici tout vite ! :D
J'espère ne pas regretter de le couper là, ceci dit...
Encore un peu de langage vulgaire, mais je pense que ces warnings de ma part vous font doucement rigoler.
Et toujours du "trop frais pour vraiment voir les fautes et autres problèmes de cohérence", donc merci par avance de votre aide !
-----------------------------------------------------------------------------------------------------




-24- 




L’homme lui avait lâché les mains une fois le haut du corps difficilement passé, et elle avait peu chuté avant d’atteindre le sol. Bon, son fessier était donc toujours moins large que ses épaules, c’était rassurant. Elle leva la tête vers la lumière. La hauteur ne serait pas un obstacle pour le retour.
Son œil libre balaya la zone autour d’elle. Elle se trouvait en fait dans un couloir bordé sur un côté d’une rambarde donnant sur un espace vide. Elle frissonna. Si le trou avait été deux mètres plus haut, la chute aurait été bien plus importante…
En dehors d’un éboulis au niveau de l’ouverture sous lequel elle s’assura de ne trouver aucun corps, la zone était déserte. Elle avait soulevé de la poussière en atterrissant, mais à la limite de ce qui était visible, des traces de petits pas apparaissaient. Elle soupira. L’enfant était bien conscient lors de son entrée dans ce lieu.
Joanna se concentra alors sur l’œil obstrué par la lunette. La vision de nuit était étrange : la lentille verte colorait tout de cette couleur et semblait rendre les éléments plats. En ce qui concernait ce qui n’avait que peu de relief ou de contraste, comme par exemple les traces de pas dans la poussière, elle avait l’impression de devoir s’user l’œil pour tenter d’apercevoir quelque chose, et sans pour autant être réellement sûre de ce qu’elle voyait. Pinçant les lèvres, elle avança tout de même, espérant rencontrer le moins de bifurcations possible.

Soudainement devenue borgne, elle avait l’impression d’avancer lentement dans un rêve étrange se résumant à un couloir vide incurvé bordant un abîme sans fond. Elle passait à côté de portes fermées à peine plus hautes qu’elle, et la rambarde qui lui arrivait un peu au-dessus des genoux semblait l’attirer pour la faire tomber dans les profondeurs infernales où peut-être l’attendaient de redoutables créatures sanguinaires.
Il était inutile de tenter de pister à l’odeur, car rapidement ses narines avaient été saturées par un remugle aux accents de moisi. En approchant d’une porte entrebâillée, son nez se mit à la piquer fortement. De la poussière aux relents de terre avait fortement été remuée non loin de là, et ne pas y être allergique ne signifiait pas ne pas y être sensible. Elle tenta de cacher son appendice derrière sa main dans le vain espoir de le protéger un peu, car s’il se mettait à couler, cet atout pour la recherche serait alors hors service. Et elle avait besoin de toutes ses capacités, sans exception.
Elle jeta un œil par l’entrebâillement, pour voir ce qui avait pu y provoquer le désagrément. La pièce dévoilée par l’appareil montrait une sorte de bureau encombré au sol par de volumineux meubles qui devaient être des étagères. Il n’était pas facile d’entrer car ils bloquaient l’accès, lui permettant de passer tant bien que mal la tête. Taasai devait sûrement se trouver là-dessous, inconscient. Elle força sur la porte pour agrandir le passage, ce qui engendra un déplaisant craquement suivi d’un mouvement vers le bas des meubles.
Instantanément figée, elle se concentra pour mieux regarder ce qui se passait dans la salle. Les meubles avaient désormais un peu glissé dans un trou au sol qu’ils cachaient jusqu’alors, et menaçaient d’y tomber si elle venait à s’obstiner.
Et l’enfant ? Etait-il ici, écrasé au bord du trou, ou ailleurs ? N’ayant plus trop confiance en sa capacité pourtant jalousée par le saiyen laissé à l’entrée, elle se concentra tout de même dans l’espoir de sentir quoi que ce soit. Après quelques secondes d’effort intense, elle sursauta : il était là, pas loin ! Taasai était toujours vivant, et elle touchait au but ! La proximité avait permis ce miracle qui la fit gémir de soulagement. Le son, si étrange dans le silence pesant, la fit frissonner. Elle ne put s’empêcher de sursauter une nouvelle fois et s’interrompit en déglutissant.



Joanna s’écarta de la porte en réfléchissant. Taasai était là, un peu plus bas. Soit il était tombé en entrant dans la pièce, n’ayant aucune lumière pour voir où il mettait les pieds, soit le sol avait cédé sous ses pieds. A voir comment les meubles recouvraient le trou, la seconde hypothèse semblait la plus plausible. Et, le plus important, il était toujours vivant. Pour le moment. S’il avait chuté, il pouvait s’être blessé.
Il n’était pas possible de le rejoindre par la même route qu’il avait empruntée, car il était trop risqué de forcer l’entrée. Tout semblait sur le point de s’effondrer sur lui. Elle repensa à Tôgan qui avait voulu agrandir l’ouverture… Ses efforts auraient pu enclencher la mort de l’enfant.
Tout en cherchant un moyen de descendre, elle songeait à la force incroyable des guerriers de cette planète. Cette force leur était très utile pour détruire, elle l’avait bien compris, mais elle les rendait impuissants dans une telle mission de sauvetage. Au contraire… N’ayant pas l’habitude de faire attention et d’aller doucement, ils étaient plutôt un danger tant pour autrui que pour eux-mêmes. Oh, leur force et leur résistance seraient très utiles une fois arrivés auprès des victimes, car ils pourraient alors sortir en fonçant à travers les obstacles, mais lors de la partie la plus délicate, ils pouvaient s’avérer un poids mort. Quelle ironie… Si jamais une catastrophe venait à frapper la planète Vegeta, les faibles seraient les plus à même de sauver les forts. Mais quel genre de catastrophe pourrait bien engendrer une situation aussi improbable ?
Elle claqua la langue d’impatience face à ces pensées importunes. En fait, pour descendre sans s’éloigner de là où se trouvait l’enfant, elle n’avait qu’à passer par le rebord et sauter dans le passage inférieur. A condition qu’il y ait bien une galerie comme celle dans laquelle elle se trouvait, en-dessous. Elle se pencha, combattant le vertige provoqué par les ténèbres et l’étrange petitesse de la balustrade, et vit qu’il y avait une forme similaire à son couloir à travers la lentille de l’appareil. Impeccable. Elle enjamba la rambarde en glissant le bout de ses pieds entre les barreaux serrés, se les tordant désagréablement au passage, les yeux fermés pour atténuer les vertiges causés par le mode de vision étrange. Une fois la barre empoignée, elle fit glisser ses pieds vers l’extérieur jusqu’à ne plus être retenue que par l’extrême bout de ses chaussures, et… Ses pieds dérapèrent.
« OUAH ! »
Son cri de surprise résonna dans le vide ; le tube de métal dans ses mains éclata au moment où le choc de son poids mit sa poigne à rude épreuve. Sentant les morceaux de rouille sous le tissu résistant, elle bénit l’habitude qu’elle avait prise sur ce monde de porter des gants. Sans eux, elle se serait en plus coupée. Très pratique, pour sauver les gens.
Suspendue dans le vide par elle ne savait quel miracle, elle prit une grande inspiration, se rendant compte qu’elle avait cessé de respirer sous la surprise. Elle expira doucement. Rejoindre l’étage du dessous allait être difficile, sans connaître la résistance de sa dernière attache. Qui céda avant même qu’elle ait eu le temps de laisser la pensée suivante lui venir.



Il n’y avait rien. Rien auquel elle pouvait se raccrocher pour cesse de tomber. Les rambardes cédaient les unes après les autres, quand elle arrivait à les attraper, mettant à chaque fois un peu plus à mal ses épaules et ses poignets. Puis son front cogna contre du béton, comme enfin une prise s’avéra être plus solide que les autres. Sonnée, ses doigts glissèrent et la chute reprit. Elle fut courte, mais l’atterrissage ne fut pas des plus confortables.
Elle était enfin arrivée au fond de l’abîme. Nul monstre ne l’y attendait, seule la perspective d’une pénible remontée.
Il fallut tout de même quelques longues secondes à la métisse pour se remettre du choc. Quelque chose était étrange, réalisa-t-elle lorsqu’elle put rouvrir les yeux.
« Je… Je n’y vois plus rien ! » Noir. Noir. Ténèbres insondables où aucun relief ne pouvait ressortir. Obscurité des plus pesantes où tout pouvait se cacher à moins d’un mètre et la prendre en traître au moindre geste.
« Comment ?? Je n’ai pas si mal ! » Se murmurait-elle, affolée. « Impossible, un coup au front ne peut pas provoquer la cécité ! Ou alors… Et si j’avais une hémorragie cérébrale ? Mais je ne me suis pourtant pas cognée si fort que… Il faut que je prévienne… Oh ? » Le côté droit de son visage était vide.
« Le scaouteur !! » Elle se redressa brusquement malgré ses douleurs pour le chercher à tâtons avec frénésie. Son seul lien avec la vie avait fini par se décrocher et était tombé… Quelque part. Dans sa panique grandissante, elle était incapable de dire quand cela était arrivé. Et… Et s’il était tombé dans une coursive supérieure ? Jamais elle n’allait pouvoir remettre la main dessus ! Comment allait-elle pouvoir sortir d’ici, sans ? Que ferait Tôgan, s’il ne la voyait pas revenir ? Est-ce-que tout allait s’écrouler quand il tenterait d’ouvrir pour entrer ? Est-ce qu’elle allait être épargnée ? Ou finirait-elle enterrée elle aussi, comme allait bientôt l’être Taasai ?

Elle savait sa recherche désordonnée et par conséquent peu efficace, mais elle n’arrivait pas à étouffer son affolement et à reprendre le contrôle d’elle-même. Elle jeta ses gants bien-aimés, soudainement frustrée de ne pas réussir à sentir ce qu’elle touchait. Peut-être avait-elle passé les mains sur des débris d’appareil sans pouvoir les identifier, à cause du tissu ? Ce qu’elle rencontra alors la surprit tellement qu’elle retira vivement ses mains pour les garder contre elle le temps de se remettre. Puis elle les reposa doucement. De l’herbe sèche ? C’était donc cela, le crissement entendu à chacun de ses mouvements… Que pouvait donc bien avoir pu faire de l’herbe dans un bâtiment ?
Cette surprise l’avait un peu aidé à se ressaisir, et elle put continuer sa recherche en étant un peu moins fébrile. Elle sentit une bordure en pierre sous ses mains et se cogna juste après la tête contre un poteau qui s’avéra être, après exploration tactile, le tronc d’un arbre mort. Elle était donc bien dans une sorte de jardin… Aussi étrange cela pouvait-il lui sembler.
Il fallait qu’elle rebrousse chemin pour tenter de retrouver l’appareil. Mais comment revenir en arrière quand on avait conscience de ne pas avoir suivi une ligne droite ? Peut-être avait-elle simplement tourné en rond, dans sa panique… Et là, en s’éloignant de l’arbre, elle allait perdre son seul repère.
« Mais non ! » La nouvelle frénésie qui s’empara soudainement d’elle n’avait plus rien à voir avec la panique. Elle se mit à rassembler tant bien que mal du bois, finissant par le prendre à même l’arbre, comme il n’y avait que très peu de brindilles au sol. Et son soulagement retomba. Le bois était pourri. Ce lieu était étonnamment humide pour un endroit fermé… La rouille avait même pu attaquer le fer à certains endroits, comme elle avait pu le constater lors de sa chute. Il devait y avoir des failles structurelles laissant rentrer l’eau, quelque part. Le trou par lequel elle était arrivée n’était pas suffisant pour mettre tout dans cet état. Et, conséquence finale : pas de bois sec, pas de feu.

Le bois ne pouvait pas servir pour l’éclairer ? Il allait tout de même être utile. Elle avança prudemment à quatre pattes en plantant dans la terre un bout de branche, puis un autre, et encore un autre…
« Du bois, c’est mieux que du pain. » Il était étrange d’entendre le son de sa voix dans ce silence aussi opaque que les ténèbres, mais faire du bruit la rassurait. A défaut de briser le noir avec de la lumière, elle pouvait au moins briser le silence. « Ha ! Mais si j’avais eu du pain, ça n’aurait pas posé de problème… Il n’y a pas de mangeur de pain, par ici, je crois… ? Gh. Peut-être que si… » Elle tâtonna la forme poilue qui sentait la charogne sur laquelle elle avait posé la main. Un petit animal local en décomposition. A bien y réfléchir, c’était une erreur d’avoir quitté les gants.
« Ils ne doivent pas être loin de l’arbre… » Après une hésitation, elle remit leur recherche à plus tard. Seule la rigueur la sauverait.
« Cesse donc de t’éparpiller dans tous les sens, bougre d’ânesse ! » Après s’être grondée, elle ne put réfréner un petit rire. « Qui c’est qui me disait cela, autrefois ? Haaa… J’ai cru sentir un bâton s’abattre sur ma tête, en me souvenant de cela… Ce ne devait pas être une personne très respectable. Trop violente. » Elle rit de nouveau. « C’est idiot de dire cela sur un monde où le passe-temps majoritaire est de taper sur les autres pour gagner de l’argent… » Son amusement s’affadit aussi vite que mouraient les mots dans les ténèbres l’environnant. « Je crois que je ne vais pas m’en sortir, finalement… »
Elle continuait malgré ses idées noires à avancer lentement, en prenant grand soin de baliser sa progression de ses marqueur de fortune, mais autant elle réussissait à maîtriser son corps, autant son esprit partait en roue libre. « Quelle sera ma mort ? La faim ? Non, la soif me tuera plus vite. Mais Tôgan cherchera à entrer, s’il n’a plus aucun contact… Taasai finira enterré, et moi ? Là où je suis, est-ce qu’il y aura aussi un éboulement ? Des choses lourdes vont me tomber dessus ? Ou vais-je finir étouffée sous de la terre ? Ce sera douloureux… Est-ce donc ma punition ? Je n’aurais jamais dû faire cela… Comment va Vegeta ? J’espère qu’il va bien… Et Majesté ? J’aurais aimé le revoir, avant de mourir… Est-ce qu’il m’en veut d’avoir fait cela à son petit-fils ? Sûrement… Si seulement je pouvais les revoir pour m’excuser… »



Un son, léger mais insistant finit par faire son chemin dans son monologue de sourde. Elle se tut, surprise. Le bruit se fit de nouveau entendre. Cela ressemblait à une voix… ! Une voix, non loin ! Elle leva les yeux, tentant de chercher la lumière de l’ouverture par laquelle son sauveur était passé, mais… La voix venait du sol.
« Tôgan ? » Elle appela en vain. La voix appelait, elle aussi, mais n’entendait pas ses cris. Comment pouvait-elle venir du sol ?
Après une hésitation -devait-elle abandonner son chemin de bois ou s’aventurer dans l’inconnu vers la voix- elle se lança. Même si c’était inutile, elle tentait de répondre aux appels, tout en avançant à tâtons.
Elle aperçut, cachée par les herbes, une sorte de grosse luciole. La voix venait de là. Quel pouvait donc bien être cet insecte ?
« Le… Le scaouteur ! » Elle remit l’appareil sur son œil, tellement soulagée qu’elle manqua d’en faire pipi de soulagement. La lentille n’émettait aucune lueur à l’extérieur, et le mode nuit n’illuminait que très faiblement sa face interne. Elle était, dans les ténèbres, quasiment invisible, surtout dans les herbes sèches.
« JOANNA ! REPONDS, BORDEL !!
-Tôgan ! » S’exclama-t-elle en retour, en larmes. « Merci, vous êtes de retour…
-Putain ! Tu pouvais pas répondre plus vite ?? Keski t’a pris autant de temps ?? J’étais sur le point d’entrer !
-Non ! Surtout pas ! Vous allez enterrer Taasai ! » La panique à l’idée de ce qui avait failli être coupa ses pleurs.
« Tu l’as trouvé ? Tu as trouvé le gamin ?? Il va bien ? Il est avec toi ? Il est où ? J’peux lui parler ?
-Je l’ai trouvé, il est encore vivant… Pour le moment. »

L’homme fit silence quelques instants.
« Pour le moment ? » Sa voix était blanche.
« Il est tombé… Je crois que le sol s’est effondré sous ses pieds. Il est inconscient, je crois. Mais il y a des choses lourdes prêtes à l’écraser à la première grosse vibration. Je n’ai pas pu m’approcher sans risquer sa vie. »
Il fit de nouveau silence. « Et là ? Tu es où ? Tu fais quoi ? Keski t’a empêché de m’répondre ? »
Ce fut au tour de la femme de garder le silence quelques secondes. Elle toussota, finalement, gênée. « J’ai voulu descendre, pour essayer de le rejoindre par son étage, et… Euh… Je suis descendue plus bas que prévu. Et le scaouteur est tombé pendant que je… Descendais. Et j’étais en train de le chercher, quand vous avez appelé. »
Elle l’entendit inspirer profondément après quelques secondes, puis expirer longuement. Etait-ce un soupir d’exaspération ? « Bref, tu t’es cassé la gueule comme une grosse nouille.
-On peut dire ça comme ça… » Elle rit, gênée.
« Tu vas bien ? Rien de cassé ? »
La métisse ne put s’empêcher de s’émouvoir en entendant sa sollicitude. « Oh, pas grand-chose… Si nous avions de l’arnica, cela serait vite réglé. Merci…
-Pas d’quoi. Si tu crèves ou si t’es blessée, j’aurai plus personne pour sauver l’gamin. » Le côté bourru de la réponse empêcha Joanna de trop se vexer. Peut-être qu’il s’était quand même un petit peu inquiété pour elle. Peut-être.
« Bon, t’es où, là ? »
A la demande du saiyen, maintenant qu’elle avait retrouvé un semblant de vue, Joanna inspecta son environnement. « C’est… Je crois qu’il s’agit d’un ancien jardin intérieur. Il y a des arbres morts, des anciens parterres avec des plantes mortes, des bancs… Heureusement que je ne suis pas tombée dessus, ou sur un arbre…

-Ouaiis, ouaiiis. Et quoi d’autre ?
-Je suis apparemment tout au fond, et je ne vois pas jusqu’où cela monte. La visibilité n’est pas suffisante pour que je puisse compter les étages au-delà de quatre. Ils sont tous composés de galeries bordées d’une barrière. Le lieu est circulaire. En bas, il y a des parois avec des portes, pas comme aux galeries.
-Hein ? J’pige que dalle à c’que tu viens de dire. »
Il y mettait de la mauvaise volonté. « Les étages, ce sont des renfoncements qui font le tour, avec une balustrade pour empêcher les gens de tomber, du côté intérieur, là où je suis. Côté extérieur, il y a un mur avec des portes. Et ici, au rez-de-chaussée, il n’y a pas de renfoncement. Les murs sont affleurant aux piliers de soutien. Ou quelque chose comme cela. Je ne suis pas une experte en bâtiments. Mais… Oh ! »
Son interlocuteur s’impatienta très vite de ne plus l’entendre, surtout après une telle exclamation attisant la curiosité.
« Oh quoi ? Kessiya, encore ?
-Je suis devant un magasin !
-Et ?
-Et… Oui, cela continue ici ! Il y a une ancienne galerie marchande !
-Une galerie marchande ? C’est quoi, ça, encore ?
-Vous ne connaissez pas ?
-Si j’le savais, j’t’aurais pas posé la question, grosse nouille ! »

Le ton de la réponse fit regretter la question. Joanna fit la grimace, un peu vexée. Oui, en effet, s’il avait posé la question, il était évident que c’était parce que cela lui était inconnu, mais qu’avait-il eu besoin de le dire ainsi ?
Inutile d’enchérir dans la mauvaise humeur… Elle inspira doucement. « Une galerie marchande est un endroit où sont regroupés des commerces. On y trouve plein de magasins.
-C’est un lieu de stockage, quoi ?
-Euh… Oui… Enfin… Plutôt de vente. C’est sûr que pour pouvoir vendre, il faut stocker les articles…
-Des lieux de vente… Mouais, j’me disais, aussi, que ‘galerie marchande’ c’était un drôle de nom pour une zone d’entrepôts. »
Entrepôts. Magasins. Et non boutiques. « Haaa ! D’accord ! Vous savez qu’il y a un autre sens au mot ‘magasin’ ? C’est aussi un autre nom aux boutiques. Aux endroits où l’on vend… Où l’on marchande, si vous préférez… Où l’on fait du troc…
-C’est bon ! Ça va ! J’ai pigé ! Chuis pas qu’un pèquenaud, non plus ! »
Elle ne pouvait pas savoir ce qu’il connaissait ou pas, quel caractère soupe-au-lait… Elle s’était approchée de la seule ouverture visible dans le mur circulaire, dans l’espoir de trouver un escalier, mais ce que la lunette lui avait alors dévoilé était étrangement familier. Il s’agissait d’un long et large couloir dont le porche d’entrée était composé d’un arc circulaire décoré de sculptures connues.
« Mé-i-tenne-ga-i… » Déchiffrer l’écriture locale n’était presque plus un problème, mais associer à quelque chose qui faisait sens restait aussi désespérément hors de sa portée.
Sitôt franchie l’arche, la disposition des façades et des portes augmentait son impression d’avoir déjà connu un endroit pareil. Machinalement, elle s’était approchée de la première paroi pour tenter de regarder au travers. Oui, c’était possible de le faire… Une vitrine ! Des commerces !



Elle força un peu la première porte trouvée, et la première chose qui lui sauta au visage en entrant fut le changement de qualité de l’air. Il semblait plus propre, même s’il sentait toujours le renfermé. Il n’y avait plus cette odeur d’humidité comme à l’extérieur, plus une odeur de poussière. Elle toucha les affaires les plus proches, des robes sur un portant. Le tissu était agréable sous ses doigts, sec et sentait presque la naphtaline. Elle avait le sentiment en cet instant d’être un de ces enfants qui ouvraient les vieilles malles de leurs ancêtres et découvraient leurs possessions gardées soigneusement à l’abri du temps…
« Mais c’était dans des films, ça. Je me souviens que je les enviais d’avoir de tels trésors…
-Hein ? Kes’tu racontes, encore ?? Tu dis rien, et quand tu parles, c’est pour raconter chaispaskoi ! »
Joanna soupira. « Oh, j’avais réussi à vous oublier…
-Sympa… Bon, kes’tu fais ?
-Je suis entrée dans le premier magasin. Il vendait visiblement des vêtements. Ils sont un peu petits… Peut-être pour les enfants… »

Le grognement exaspéré qui sortit du casque la fit se désespérer intérieurement.
« P’tain, mais t’as toujours rien pigé ?
-Pi… Compris quoi ?
-T’es dans une ville… Souterrain… Un machin Tsufur ! C’est normal, qu’ce soit plus p’tit, andouille ! »
Ce qu’il pouvait l’agacer… « Et pourquoi c’est normal que ce soit plus petit, je vous prie ?
-Mais tu sais rien, ma pauvre !
-Dit celui qui ne savait pas qu’un magasin était aussi un lieu de vente.
-Oh, ta gueule, hein.
-Est-ce-que vous pourriez cesser, avec vos insultes, je vous prie ?
-Quoi, ça t’plaît pas ? Ben c’est comme ça qu’je parle, t’as qu’à faire avec. Ou t’as qu’à m’sortir la même chose. J’te r’tiens pas.
-Non, il en est hors de question, parce qu’à mes yeux c’est la marque des petites personnes à la vie pauvre. Et je ne parle pas de taille ou d’argent, mais de développement mental et de richesse d’esprit.
-Oh putain, kes’qu’elle me pète les couilles, celle-là…
-Je vous retourne le compliment.
-T’en as pas, d’couilles. T’es une femme.
-Vous arrivez à m’en faire pousser pour me les briser. »
Après un silence, un rire tonitruant manqua de lui faire perdre l’ouïe à l’oreille droite. Elle ôta précipitamment le scaouteur et se résolut à regarder dans la lentille tenue à distance.
« Ha, c’est pratique, tiens… »

Le mystère sur la taille des vêtements toujours entier, elle ressortit et essaya le magasin suivant. L’air y était toujours aussi sainement pas renouvelé. Pas d’humidité.
« C’est à croire que… Hm, oui, en fait, c’est logique… Ils avaient des magasins prévus pour éviter que l’humidité n’y pénètre… Car dehors, pour la végétation, il fallait que ce soit humide ! Je comprends, je comprends… » Finit-elle pour elle-même en hochant la tête, fière de sa déduction.
Elle arrivait à deviner quelles échoppes étaient dédiées à la vente et lesquelles avaient été des restaurants rien qu’à la façade, mais le contenu des magasins restait un mystère tant qu’elle ne cherchait pas à voir à travers les vitres sales.
Elle finit par remettre le scaouteur à son oreille. Elle savait qu’elle allait le regretter. Les vociférations qu’elle entendit de nouveau lui donnèrent raison.
« C’est bon, c’est bon, Tôgan ! Je suis là !
-Putain, mais t’es chiante ! J’ai cru ky t’était encore arrivé kek’chose !
-Non, vous me cassiez juste les oreilles. »
Elle l’entendit grommeler des jurons en sourdine. C’était reposant.
« Bon. Tu es où, maint’nant ?
-J’essaie de voir ce qu’il y a dans les magasins. »

Il y eut un silence. Quand il reprit la parole, elle fut contente de ne pas l’avoir en face d’elle.
« Tu te fous de ma gueule ? Taasai est en danger, et toi, tu visites ? »
Elle fut aussi heureuse qu’il ne la voit pas rougir de honte. Comment avait-elle pu ainsi oublier sa priorité ?
« Je… Peut-être qu’il y a un escalier dans un magasin… Ou alors des affaires qui pourraient servir…
-Ouais, c’est ça. Bravo la mauvaise foi. T’as qu’à l’dire, si t’en a rien à faire ky crève. J’l’expliquerai à Kino. On verra comment qu’tu t’expliqueras avec elle.
-C’est bon ! Je continue ! Je continue… »
Elle reprit sa marche, délaissant les mystères des vitrines.



Arrivée au milieu, elle s’arrêta avec un grand cri.
« Ha ! C’est peut-être là !
-Là quoi ?
-Qu’il y a un escalier !
-Et pourquoi. Keski t’fait dire ça ? »
Elle força la porte tout en expliquant : « Ce local n’a absolument pas la tête d’un magasin ou d’un restaurant. Il est beaucoup plus petit, avec juste une petite fenêtre. Il est vraiment totalement différent du reste, et il n’y a aucun équivalent sur l’autre côté. Ah… Non… C’est une sorte de bureau…
-Bon, alors casse-toi d’là.
-Oh… »
Non, elle n’allait pas partir si facilement de ce lieu. Du moins, pas les mains vides.
« Ce doit être un poste de secours ! Il y a des armoires à pharmacie remplies de produits, et peut-être que si je cherche bien… Oui ! Dans ce placard, j’ai trouvé une civière !
-Kes’tu fais, là ? » Le saiyen ne comprenait pas pourquoi elle s’enthousiasmait de la sorte. « Kes’tu veux faire, avec une civière ?
-Je pourrai plus facilement transporter Taasai sans trop le bouger ! Il a peut-être des lésions graves, à cause de sa chute. C’est risqué de le déplacer sans prendre de risque !
-Ha. D’accord… »

Joanna se dit qu’elle devait avoir regagné quelques points auprès du guerrier. Du moins, elle l’espérait…
« C’est juste fantastique, Tôgan ! J’ai aussi une minerve, pour mettre autour de son cou, des bandages, et une bombonne d’oxygène ! Je trouve juste un sac, et… Oh… Ooooh ! »
Le cri de joie qu’elle ne put réfréner fit protester son interlocuteur.
« Une lampe-torche ! Elle fonctionne !! Enfin, de la lumière !
-Ouais, bon. Si tu pouvais t’dépêcher, maint’nant…
-Je suis parée ! Je vais pouvoir aller beaucoup plus vite ! »



Mais pas trois minutes plus tard, elle était bloquée.
La fin du couloir de la galerie marchande était fermée par un sas renforcé.
L’effort qu’elle eut à fournir pour faire coulisser les portes manqua de lui faire lâcher des jurons. Mais juste avant que cela n’arrive, elle put les écarter suffisamment pour se faufiler à l’intérieur.
L’ambiance changeait alors du tout au tout. De la zone aux accents festifs qu’était la rue commerçante elle venait de passer à quelque chose de plus froid et impersonnel.
« Il y a comme une ressemblance avec le palais, » dit-elle à Tôgan en avançant prudemment. « Je pense qu’il ne s’agit pas d’une zone de vie, ce serait plutôt dédié au travail, quel qu’il soit… Ou plutôt ait été. Cela fait longtemps que plus personne ne fait quoi que ce soit, ici. C’est tout de même étrange… Tout est intact, juste laissé à l’abandon. En ordre. Il n’y a pas eu de départ précipité. Enfin… Pas dans les zones que j’ai traversé. Et je n’ai pas vu grand-chose, au final. Et pour le moment aucun cadavre. Enfin… En dehors de rongeurs. Pour ce que je peux voir de cette partie, tout a l’air plus… Solide. Oui, les murs sont plus épais. Oui, j’ai tapé dessus. Oui, je sais que j’aurais pu avoir des problèmes en le faisant. Ah, enfin ! »
Elle pressa le pas vers ce que sa lampe venait d’éclairer.
« Non, pas encore un escalier. Mais presque aussi bien : un plan de l’étage ! Waouh… C’est gigantesque… Dire que je trouvais la zone du jardin grande… Mais qu’est-ce qu’ils ont eu besoin de cacher sous terre ? Oui, je sais : Taasai avant tout. J’ai trouvé les escaliers. Sur le plan. Je n’en suis pas loin. »

Joanna reprit sa route.
A partir de là, tout alla très vite : une porte difficile à ouvrir, un escalier, une autre porte récalcitrante, un palier, un plan, un escalier avec ses portes, et ainsi de suite. Tous les quatre étages, elle se penchait pour tenter d’éclairer le plafond du jardin intérieur.
« Je suis au 28e étage. Si je ne me trompe pas, je suis à l’étage juste en-dessous de celui que vous voyez par le trou.
-Ouais. J’vois ta lumière. T’es à trente mètres.
-J’espère que les portes ne seront pas trop dures… C’est incroyable la différence de matériaux entre en bas et ici ! C’est limite du toc, ici ! Pas étonnant que ce soit devenu si fragile !
-Fais gaffe, alors. J’crois qu’t’es au bon niveau. J’croise les doigts.
-Merci. »
La métisse posa la main sur la poignée et inspira profondément en se concentrant. Elle expira de soulagement en percevant la faible présence de l’enfant, apparemment toujours inconscient. Elle put ouvrir la porte sans avoir à la bousculer, ce dont elle sut gré à la chance.
Un grincement à son troisième pas modéra l’ardeur que la joie lui avait procurée. Ce n’était pas le moment d’imiter l’enfant en ayant un accident…
Arrivée à son niveau, elle posa délicatement le précieux matériel trouvé et s’agenouilla aux côtés de la victime. Après l’avoir débarrassé des gravats, elle essuya délicatement son visage du bout des doigts. Il avait un peu pleuré, mais il ne semblait pas avoir de plaie ouverte.
« Tu as la tête dure, bonhomme… »

Le murmure sembla réveiller le dragon endormi au bout du fil.
« Ah ! Enfin ! T’es avec le gamin ? Est-ce-que tu pourrais me dire ce qui se passe ?
-Oh, Tôgan… Quel plaisir de vous avoir entendu si silencieux… »
Elle l’entendit pousser un soupir d’exaspération. « T’as dit qu’la zone était fragile et dangereuse. J’t’ai laissé te concentrer. »
Une pointe de remord en mémoire du sarcasme de son accueil tira un sourire coupable à la femme. « Merci. La zone est en effet instable et fragile. Je suis avec Taasai. Il est toujours inconscient, mais je ne vois pas de plaie apparente ou de fracture. Maintenant, je vais lui passer la minerve pour éviter d’aggraver d’éventuelles lésions cervicales, ou quelque chose dans cet ordre d’idée… » Parler en agissant lui faisait un bien fou. Cela lui donnait l‘impression de se rapprocher de cette vie perdue qu’elle avait oubliée. « C’est fou, tout de même… La tête peut tout avoir oublié, on dirait que le corps, lui, garde beaucoup de choses en mémoire… Maintenant, je vais le mettre le plus doucement possible sur la civière, comme ça je pourrai le remonter en évitant de trop le bouger… Il y a même des sangles, pour le maintenir le plus immobile possible. Voiiilà. Maintenant, je vais pouvoir le ramener. Il ne pèse guère plus qu’une journée de récolte de plantes. En tout cas, on peut dire qu’il a la tête dure, ce p’tit bonhomme. Ah, j’ai trouvé l’escalier. Ce bâtiment est vraiment pourri sur le haut, c’est fou. Il doit y avoir d’autres endroits où la structure s’est fragilisée, et l’eau doit rentrer. L’humidité, ce n’est jamais bon. Ah, je suis dans le couloir. J’approche de la lumière. J’y suis.
-Je te vois. »
L’homme était resté silencieux jusque-là, mais la métisse avait senti à son silence sa qualité d’écoute. Il avait été suspendu à ses lèvres.

« Je vais d’abord vous le passer. Ce sera plus pratique. » Une part de son esprit s’étonna de réussir à soulever l’enfant et son contenant à bout de bras. Les gens normaux ne faisaient pas cela… Ha, ça lui revint : elle n’était pas normale. Pas de quoi s’étonner, donc.
Finalement, elle n’était pas si anormale que cela, se dit-elle en voyant l’homme tenir ce qu’elle avait tendu avec un peu de difficulté aussi facilement que s’il avait été question d’une petite branche.
« Ecarte-toi, » lui dit-il. « Je vais agrandir l’ouverture. »
Elle obtempéra sans discuter. La structure dans laquelle était couché l’enfant était en effet plus large que le trou par lequel ils étaient passés.
De combien valait-il mieux qu’elle s’éloigne ? Quelle pouvait être la meilleure technique en cas d’ensevelissement ? Se mettre en boule pour essayer d’avoir le moins de terre dans la bouche et le nez possible ? Mais combien de temps allait-elle pouvoir tenir avant qu’il réussisse à la récupérer ? Ah mais oui ! Elle avait récupéré une bouteille d’oxygène ! Elle n’avait qu’à porter le masque ! Ainsi elle allait pouvoir tenir un peu ! Oh, non… Elle l’avait laissée accrochée à la civière…
Mais Tôgan dégagea très doucement les bords du trou en écrasant d’une main des poignées de terre et de composite du toit, en faisant très attention à ne pas créer de vibrations malvenues. Il avait aussi pris le soin de tourner la civière pour que l’enfant ait le visage à l’opposé des éclats produits.
« C’est bon. A ton tour. »
Aucune catastrophe n’était arrivée. Joanna avisa la main tendue dans la lumière. Elle jeta un regard en arrière après avoir éteint sa lampe de poche. Oui, elle reviendrait dès que l’occasion se présenterait. Les trésors cachés de ce lieu devaient absolument revenir à la lumière au lieu de sombrer dans l’oubli.
Elle prit la main tendue et le guerrier la ramena dans le monde de la vie.



« Sauve-le. »
A peine Tôgan avait-il lâché la métisse qu’il l’avait poussée vers le blessé.
« Ce n’est pas déjà ce que je viens de faire ?
-Pourquoi il est pas réveillé ? Pourquoi il réagit pas quand je lui parle ?! » Son ton était brusque et cassant.
La première envie de Joanna fut de lui répondre sur le même ton et de l’envoyer balader, agacée. Mais elle referma la bouche à peine venait-elle de l’ouvrir. Ces épaules crispées, cette mâchoire serrée à s’en casser les dents, ces veines saillantes sur les poings, elle les avait déjà vus. Et ces yeux plus brillants qui fuyaient le regard de ceux qui l’entourent aussi. Elle n’avait donc pas vraiment oublié la vision de ces personnes saines dont on venait de retrouver un proche enseveli sous des gravats.
Ni leur peur.

Son mécontentement fondit comme neige au soleil. Elle soupira.
« Il a peut-être des blessures internes invisibles.
-Alors sauve-le.
-J’ai déjà fait ce que je pouvais, Tôgan. Maintenant il faut l’amener au centre de soins. Il sera sûrement très vite sur pieds.
-L’amener au palais ?? » L’explosion de l’homme la surprit. « Ça va pas la tête ?? Ce gosse est pas déclaré ! Tu crois qu’y va se passer quoi, si on l’amène là-bas ?? Sont foutus de le laisser crever tout ça parce qu’il ‘existe pas’ officiellement ! Et s’ils le soignent quand même, y reverra jamais ses parents !
-Alors quoi ? On va rester là à le regarder, en croisant les doigts pour qu’il se réveille ? On va prier je ne sais qui qu’il n’ait pas la moelle épinière cassée dans la chute ? Ou un hématome au cerveau qui pourrait au mieux le tuer dans les prochaines heures, au pire le rendre aussi vif qu’un légume ??Vous préférez quoi, au final ? Un enfant vivant, en bonne santé mais séparé de ses parents ou ramener son cadavre à Kinoko ? Ou un corps qui regarde dans le vide, un filet de bave lui dégoulinant du menton ?? »
Le Saiyen attrapa la métisse aux épaules en y serrant douloureusement les doigts.
« Tu dois pouvoir le sauver ! »
Elle chercha en vain à se dégager.
« J’ai déjà fait ce qui était en mon pouvoir ! Je ne fais jamais plus ! Je ne suis pas médecin ! Je n’ai pas les connaissances nécessaires pour savoir ce qu’il a ! »
Elle réprima un cri de douleur comme l’homme serra encore plus fort sa prise. A sa grande surprise, sans la lâcher, il se laissa tomber à genoux, la forçant involontairement à plier les siens.
« Je t’en supplie… Sauve-le. Tu as sauvé le roi, sauve aussi cet enfant… Je ferai tout ce que tu voudras, mais sauve-le, je t’en supplie… »

Ha. C’était donc cela.
De la main droite, elle prit sa gauche pour la serrer avec compassion.
« Je n’ai rien fait de plus, lorsque j’ai sauvé Sa Majesté. J’ai juste appliqué les premiers soins d’urgence, comme j’ai fait avec Taasai, puis j’ai laissé l’équipe scientifique s’occuper du reste. »
Le guerrier la lâcha pour s’effondrer au sol. « T’as tout gâché. » Il s’assit, la tête entre les genoux, les bras au-dessus de la tête. « Il va crever, et c’est de ta faute ! »
Joanna n’en revenait pas. Elle faisait son possible pour l’aider, et il la remerciait ainsi ?
« Ma faute ?! Ce n’est pas moi qui ai eu la merveilleuse idée de tester ma capacité à retrouver les gens !
-J’t’écoute pas.
-Taasai est encore vivant, et…
-Ta gueule. »
Elle se tut, blessée. Le comportement de l’homme était irrationnel, et cela la déstabilisait. Elle ne le connaissait certes que très peu, mais jamais elle aurait pu penser qu’il était ainsi…
Elle le fixa plus intensément. En fait, il lui faisait une blague de mauvais goût ? … Non. Il était vraiment fermé et hostile à son entourage.
Elle fit quelques pas, nerveuse. Ils étaient en train de perdre bêtement leur temps, tout ça parce que le Saiyen craignait que l’enfant ne soit arraché à ses parents, parce qu’il n’était pas déclaré. Sauf qu’il ne serait jamais loin, Taasai, puisqu’il était trop âgé pour être envoyé hors planète !
« Tôgan, ça va aller ! Taasai est trop grand pour être envoyé…
-M’en fous. »

Elle soupira, agacée. Si des paroles sur l’enfant ne l’atteignait pas, peut-être que sur sa mère… ?
« Si nous gardons tous le silence, Kinoko ne sera pas…
-Casse-toi. »
La métisse était sidérée. Alors quoi ? Ils allaient rester ainsi sans rien faire à regarder l’enfant mourir par peur de la réaction de sa mère et des représailles ? La mort était donc préférable à savoir Taasai en vie mais dans un autre endroit, et à peut-être être punis ?
C’était simplement absurde ! Totalement et purement absurde ! Et le plus absurde était cette attitude d’enfant boudeur qu’avait adopté le guerrier. Il n’exprimait plus aucune tristesse, ni aucune inquiétude, non, monsieur boudait ! Et en plus de bouder, il avait le culot de rejeter la responsabilité du problème sur les autres !



Des larmes amères de rage piquaient les yeux de Joanna. Après s’être faite ainsi rabrouer plusieurs fois de suite, elle n’osait plus rien dire, et pourtant ce n’était pas l’envie qui lui manquait de lui sortir ses quatre vérités.
Elle aurait bien pris la civière pour l’emmener, tant pis pour le temps que cela aurait pris d’atteindre le palais, mais elle avait dans l’idée qu’il ne l’aurait pas entendu de cette oreille…
Et les secondes passaient les unes après les autres, décisives ; Joanna avait l’impression de les entendre fuir, mais ce n’était que le bruit du sang dans ses oreilles qui résonnait sous la colère qu’elle s’efforçait de contenir.
La poitrine comprimée par l’angoisse et l’appréhension, elle marcha d’un pas résolu vers Tôgan, ses réflexions l’ayant éloignées de lui, et elle lui flanqua le coup de pied le plus puissant qu’elle pouvait. Il remua à peine sous le choc.
« Ho ! » L’interpella-t-elle en prenant sa plus grosse voix. « Tu vas faire la gueule pendant combien de temps, encore ? Ce n’est pas parce que tu as merdé que le monde va s’écrouler ! Putain ! Taasai est encore vivant, merde ! Tu crois qu’elle va dire quoi, Kinoko, quand elle saura que t’as rien fait pour sauver son enfant ?? Surtout que c’est de TA faute si on en est arrivés là, et tu le sais très bien ! Et tu sais aussi très bien qu’elle le saura même si tu lui dis le contraire ! Tu ne veux pas bouger ton cul ? Tu préfères faire ta petite chose fragile que le monde il est trop injuste ?? Ho, Caliméro ! Sors de ta coquille et bouge-toi ! Parce que sinon, je te laisse là et JE vais au palais avec le petit, et là, c’est sûr qu’il sera découvert avec tous les ennuis que ça pourra faire ! Moi, je te demandais juste d’aller chercher un de mes amis, le scientifique Cizel ! Parce que j’ai confiance en lui, et que je suis sûre qu’on peut s’entendre ! Mais non, toi, tu as laissé tomber, parce que c’est plus facile comme ça, et gnagnagna, tu es le plus malheureux du monde, et puis flûte, à la fin ! J’en ai marre, j’y vais ! »

L’homme releva la tête et lui lança un regard noir. Il avait le visage baigné de larmes.
Oh, mince. Le remord la transperça comme une lance.
Mais avant qu’elle ait pu faire quoi que ce soit, il s’était levé.
« Cizel, c’est ça ?
-Euh… Ou-oui…
-Très bien. »
Il décolla, sous son regard ahuri. En le voyant s’éloigner, elle se ressaisit.
« Ah !! Et pensez à prendre le matériel de soins transportable ! »
Elle le vit faire un vague geste d’accord avant de s’éloigner pour de bon.
Elle se laissa tomber sur les fesses, un soupir de soulagement s’échappant de ses lèvres. Sortir ces dures paroles avait été très difficile, au point qu’elle se sentait glacée par la transpiration causée par le stress.
Il avait bougé ! Elle n’en revenait pas…
Son visage lui revint en mémoire. Elle qui avait cru qu’il boudait… Si elle avait su, elle ne lui aurait pas dit toutes ces horreurs…
D’accord, au début, elle avait bien compris son angoisse, mais sa colère irraisonnée l’avait tellement prise de court… Oh, et puis flûte, à la fin. Elle venait à peine de le rencontrer la veille, elle ne pouvait pas réussir en moins de vingt-quatre heures à deviner ses humeurs et ses pensées !
Même Vegeta, après tout, elle ne le connaissait finalement pas vraiment…
Quelle était finalement sa place, en ce monde ? Ne valait-il pas mieux repartir sur son idée de s’en aller à la recherche de sa planète au ciel bleu ?


Spoiler
Merci à mon frère pour toutes ces années passées ensemble, tu es un superbe modèle pour Tôgan ! :D
Image


FANFIC est la meilleure des maisons !
Avatar de l’utilisateur
Heika
 
Messages: 1000
Inscription: Dim Jan 29, 2017 23:45

PrécédentSuivant

Revenir vers Fanfictions

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 20 invités