Peuples craints
– Le... Super Saiya-jin... God... ? répéta Vegeta, hébété.
– Nous l'appelons Ōtsutsuki, poursuivit Momoshiki, mais Yamochi était un pur Saiya-jin. Notre race est issue d'une union interdite...
– Alors, tu n'es qu'un bâtard.
– Notre ancêtre, le fils du Yamoshi, n'avait rien d'une entité normale. Sa menace surpassait tout. Seule une intervention divine a su sceller son pouvoir. Le châtiment fut si puissant que les générations qui lui succédèrent furent à leur tour déconnectées de leur réel potentiel, condamnées à errer à travers l'espace-temps, cultivant leur renaissance...
Il marqua une pause, laissant le prince des Saiya-jin absorber l'information, préparant la suite.
– Laisse-moi m'emparer du Fruit de Chakra, reprit-il alors d'une voix lente, délicieuse. Tu comprendras alors... ce qu'est un dieu.
Il se tut de nouveau, observant son interlocuteur qui semblait de plus en plus intrigué par ses paroles.
– Ça semble intéressant, reconnut Vegeta, ses pupilles brillant d'arrogance. Ce Fruit, que tu convoites tant, pourrait donc te permettre de me surpasser, prétends-tu ?
Momoshiki ne répondit pas à cette totale provocation, se contentant d'attendre la suite du flot des pensées du fier prince des Saiya-jin.
– Très bien, reprit alors ce dernier, sans grande surprise finalement. J'accepte de te laisser me suivre dans ta quête. Mais tu ferais mieux de trouver un autre moyen de transport. Ta proximité m'exaspère. Je pourrais te tuer accidentellement.
– Hmpf... murmura l'Ōtsutsuki, dont le regard brilla toutefois d'éclat, en dépit du mépris total généré par l'enchaînement moqueur du Saiya-jin. Je n'ai pas les besoins des êtres inférieurs...
Vegeta l'ignora volontairement.
– Vous, Saiya-jin, reprit alors Momoshiki, attirant l'attention du guerrier par son regard plus pénétrant que jamais. Votre sang... parsème les étoiles... plus que vous ne l'imaginez...
Alors, la présence discrète de l'être spirituel s'effaça dans le silence assourdissant de l'Univers. Vegeta fronça les sourcils, bien conscient qu'en dépit de cette disparition, l'Ōtsutsuki restait là, à proximité. Cette race mystique avait toujours échappé à la physique.
Cela ne perturbait cependant pas le prince des Saiya-jin outre-mesure, lequel, en dépit de sa nature belliqueuse et contrôlée, autorisa le calme à reprendre possession de son âme pour le plonger, une dernière fois, dans un sommeil. Celui-ci serait de courte durée, Vegeta le savait. À son réveil, il arriverait au niveau de la planète dont il voyait déjà s'imposer l'étoile centrale.
Ce ne serait qu'une simple étape. Mais le guerrier avait bien besoin de se défouler un peu, encore plus après cet échange avec l'insaisissable « dieu ».
Juste avant la soumission totale de la planète des ninjas, cet Acnologia et son monde serviraient de faire-valoir afin de restaurer l'honneur entaché des Saiya-jin.
– Qui... Qui... êtes... vous ? articula péniblement le redoutable Daimaō, sous le choc.
Voir ainsi le titanesque démon Piccolo dévoiler la terreur à la seule vue des pupilles aux cercles concentriques n'était que l'une des manifestations du surréalisme imposé par cette scène mystique.
– Pardonnez mon impolitesse, répondit le sage avec une courtoisie inattendue pour son interlocuteur. Mon nom est Hagoromo Ōtsutsuki.
Sa seule prise de parole généra un total silence de respect sur toute l'assemblée.
Karin Uzumaki était complètement abasourdie. Ses capacités sensorielles ne parvenaient pas à définir la nature de l'énergie de cet homme, comme si elle lui échappait.
* Bon sang, pensa Suigetsu, liquéfié à la vue du sage. Ce type... a carrément stoppé net Ororef au sommet de sa puissance ! *
Rōshi fixa intensément le vieil ermite, parfaitement conscient de l'exploit dont tous avaient été témoins.
* Impossible de sonder la nature de cet... homme... ? *
Tenshinhan déglutit, abasourdi par la succession d'événements qui dépassaient sa compréhension.
* Il est comme... Dieu. *
Et visiblement, à en juger la tournure irréelle que prenait l'atmosphère parfaitement silencieuse, les pensées s'accordaient toutes vers ce sens religieux outrepassant la logique des esprits subjugués.
Même Jūgo, partiellement préoccupé par son voisin, Kimimaro, auquel il vouait une adoration sans faille, ne pouvait s'empêcher d'être ébahi par l'étrange aura indescriptible entourant l'homme qui les dominait tous.
En fait, il y avait une autre raison justifiant l'étrange mutisme de Jūgo ; la même expliquait la terrible difficulté de Piccolo Daimaō à articuler. Tous deux se trouvaient pratiquement complètement immobilisés. Seuls les muscles de leurs yeux semblaient répondre correctement, mais le reste de leur motricité était puissamment impactée par la pression imperceptible émanant de l'aïeul des Shinobi.
– Certains d'entre vous ressentent malheureusement le contre-coup indésirable de mon pouvoir ermite, reprit alors Hagoromo, fixant à tour de rôle Piccolo Junior, Jūgo, Piccolo Daimaō et Ororef. Veuillez m'en excuser.
Kami haussa les sourcils en observant son alter-égo, visiblement l'un des plus impactés. Ororef et le jeune Jūgo l'étaient tout autant, de toute évidence.
– Ce pouvoir ermite, siffla alors la voix perfide de celui que la planète tout entière avait identifié comme son Mal absolu. Il s'oppose à mon Senjutsu...
Sans perdre de son regard calculateur le légendaire ermite des six chemins, Ororef imposait son insupportable présence en dépit de l'incroyable pression qui bloquait son corps et son armée.
– Rikudō Sennin, c'est cela ? Sur l'un des mondes d'où je viens, votre existence n'était que théorie.
Il sourit.
– Pourtant, votre héritage n'a cessé de s'y imposer. Chacune de mes expériences me ramenait inéluctablement à ce point d'origine... que vous représentez.
Karin Uzumaki, dont les sens perturbés ne parvenaient pas à analyser l'aura de l'ermite, reporta son regard intrigué en direction de son maître. Tous les autres disciples d'Orochimaru en avaient fait autant, chacun d'eux se sachant une part importante des recherches du Sannin.
– Vous n'avez pas idée... reprit alors Ororef, sa langue léchant ses babines tandis que ses pupilles fixaient avec plus d'intensité menaçante que jamais l'aïeul de tous les Shinobi. Vous n'imaginez pas... ce que je pourrais faire de votre corps.
– Est-ce une flatterie ? interrogea Hagoromo, visiblement perplexe. J'aimerais autant éviter de connaître les fantasmes qui vous habitent à la vue de ma vieille personne.
Personne ne sut si Ororef allait répondre. Une interruption vint clore cette discussion au malaise insoutenable.
En effet, il y avait du mouvement sous la table.
– Plus on est de fous... murmura alors Hagoromo.
Et la table se brisa, littéralement, en deux, à la jonction exacte du Yin et du Yang qui la décoraient. À peu près toute l'assemblée montra un signe d'inquiétude. D'un mouvement nonchalant du doigt, Hagoromo appuya contre sa surface et la table se reconstruisit comme si de rien n'était.
Et la jeune fille qui, visiblement, se cachait sous la table, atterrit alors sur celle-ci. De son apparence décalée, elle se tint face au maître de cérémonie.
– Bonjour, Arale, la salua Hagoromo. Comment vas-tu, aujourd'hui ?
– Salut, Papy ! s'exclama la petite fille à lunettes qui ne montrait néanmoins aucune proximité génétique avec l'Ōtsutsuki. Je pète la forme !
– Parfait. Te savoir de bonne humeur est préférable.
À la surprise de tous – si cela devait être précisé – la petite fille vint s'installer sur les genoux du mystique Sage des Six Chemins comme s'il agissait de son grand-père. Ce dernier l'accueillit sans réagir outre-mesure, acceptant visiblement la situation qui donnait à cette scène déjà complètement absurde un nouvel élan de folie.
– Bien, ponctua Hagoromo. Je suppose que vous tous vous demandez pourquoi nous sommes réunis ici.
Son regard perçant traversa chacun des présents. Il sembla, pour ces derniers, que l'éclat étincelant des cercles concentriques pénétrait jusque dans leur âme, sans aucun jugement, juste par observation implacable.
– Nous sommes ici pour définir l'avenir de ce monde... ou peut-être un peu plus...
– Konoha...
L'armée Shinobi victorieuse du Saiya-jin arrivait aux portes du village où tout avait commencé. Minato, à sa tête, fixait les ruines surplombées par sa statue de pierre.
– Konoha a bien changé... murmura-t-il sombrement.
De nombreuses silhouettes approchaient au loin. Il s'agissait des survivants non combattants qui, jusqu'alors, vivaient cachés sous terre. Mais la nouvelle de la victoire de l'armée les avait déjà atteints. Une joie indéfinissable se lisait sur les visages de ceux qui acclamaient les héros Shinobi.
– Yondaime Hokage ! s'exclamèrent d'un même souffle estomaqué les premiers d'entre eux, tandis que d'autres se regroupaient pour observer la légende que tous pensaient éteinte depuis plus de dix ans.
– Hiashi-sama ! acclamèrent quelques Hyūga – majoritaires parmi les survivants de Konoha, et restés en soutien militaire du village pendant la guerre.
– Hinata ! hurla finalement une petite fille qui s'élança à travers la foule pour se jeter dans les bras de l'héritière de la branche principale des Hyūga.
– Hanabi... répliqua cette dernière, encore fatiguée, mais soulagée de retrouver sa petite sœur.
– J'avais tellement peur... reprit la petite fille, affichant des larmes qui semblaient n'avoir jamais voulu couler depuis l'attente terrorisée qu'elle devait avoir subi.
– Il ne fallait pas, reprit Hinata. J'étais bien entourée...
La cadette des Hyūga tourna alors son regard clairvoyant en direction de la personne la plus susceptible d'être concernée par la remarque de sa grande sœur.
– Merci d'avoir veillé sur elle, reprit alors timidement Hanabi à l'adresse du génie de la branche secondaire de son clan.
– Ce n'est pas moi que tu dois remercier, répliqua Neji, visiblement agacé.
Serrant les poings de frustration, le prodige aux yeux blancs tourna son regard sur le côté. Le chef Hyūga observa un instant son neveu. Il avait noté un étrange silence de sa part durant le chemin du retour. Visiblement, cet affrontement face à un ennemi totalement hors de sa portée le travaillait fortement.
Hinata, quant à elle, suivit sombrement le regard de son cousin. Ses iris blancs restaient focalisés sur le corps étendu du jeune garçon blond aux yeux bleus. Un silence sobre s'imposa. Hanabi plaqua ses mains sur sa bouche, choquée.
– Il est... ?
– Son cœur bat toujours, coupa l'homme qui le portait, dont la longue chevelure blanche n'était pas étrangère aux adultes.
– Le Sannin Jiraiya ?! s'exclamèrent-ils. Et... La princesse Tsunade ! Wow...
Un tel rassemblement de légendes expliquait forcément davantage l'origine de cette victoire aux yeux de ceux qui n'étaient pas sur le champ de bataille. Un espoir se distillait, mitigé... et brisé par un homme qui coupa les rangs.
Tout comme Jiraiya, il tenait également un corps dans ses bras, du même âge : celui d'une jeune fille aux cheveux roses. Cependant, celui-ci était froid. Et aucun Hyūga n'eût à utiliser quelque puissante pupille pour savoir que son cœur ne battait plus. Avançant sans un mot au milieu d'une foule bouleversée, Kakashi Hatake ne dévoilait aucune larme. Pourtant, le visage de l'homme qui avait perdu tous les êtres qui lui étaient le plus chers affichait une tristesse que peu lui avaient connue. De sombres souvenirs se ressassaient dans son esprit, se mélangeant, liant le funeste destin qui avait frappé sa défunte camarade Rin et, plus récemment, sa disciple Sakura étendue dans ses bras, telle une rose fanée.
Alors, les survivants de Konoha réalisèrent que d'innombrables autres corps se tenaient également portés, récupérés dans des états parfois méconnaissables d'un champ de bataille où l'on ne pouvait humainement pas les laisser pourrir – ou risquer d'être récupérés pour de sombres desseins. Et les non combattants se doutaient que dans leur majorité, les cadavres avaient été incinérés sur place. Tout ceci était sans parler de tous les survivants mutilés, dévoilant à travers leurs stigmates un aperçu de l'horreur qui avait pu être causée dans cette zone de combats.
Et tous prirent conscience du terrible prix payé par ce qui, sans l'ombre d'un doute, s'imposait comme une véritable Grande Guerre à laquelle personne n'était préparé, engendrée par un seul envahisseur.
– Y a-t-il des installations médicales ? interrogea Tsunade à l'adresse de Hiashi.
– On ne peut pas parler d'un hôpital, répondit Hiashi, mais il y a des lits et des équipements d'opération et de réanimation.
– Cela suffira. Ce sera bien mieux que les premiers soins que j'ai administrés sur le champ de bataille.
Une jeune femme vêtue des dignes vêtements en lambeaux de Mizukage jeta un coup d’œil à la Sannin, qui s'activait déjà fortement pour la gestion et la priorisation des blessés.
– Tsunade, intervint-elle. Vous devriez vous ménager.
En dépit de sa force, l'ex-leader de Kiri, qui jusqu'alors avait pris la direction de cette Alliance Shinobi nouvellement formée contre le Saiya-jin, avait relégué sa place à Minato, dont la renommée et les performances sur le champ de bataille s'était imposées. Même pour celle ayant dirigé le terrifiant village de la Brume sanglante, un combat face à un Saiya-jin ne pouvait laisser indemne psychologiquement. Elle voulait néanmoins se rendre utile, et s’attelait à gérer la priorisation des blessés afin d'alléger la tâche de Tsunade.
Mais il ne s'agissait pas que d'une aide anodine. La Mizukage jeta un coup d’œil au ventre fortement arrondi de la Sannin.
Dans cette agitation, certains ne l'avaient pas encore remarqué. Mais Tsunade était enceinte, à un stade avancé.
Jiraiya fronça les sourcils. Il était l'un des seuls à connaître le père de l'enfant – une information dont seuls les dirigeants de cette nouvelle Alliance Shinobi partageaient la confidence.
Tsunade remarqua le regard appuyé de son partenaire de jeunesse.
– Suis-les et dépose aussi Naruto sur un lit, ajouta-t-elle sèchement. Il doit se reposer dans un endroit calme.
Minato abaissa sombrement son regard. En dépit des premiers soins administrés par Tsunade sur le champ de bataille, l'état de Naruto n'avait pas montré le moindre signe d'amélioration. Ce n'était pas tout : le Yondaime Hokage avait parfaite connaissance du lien physique et psychique existant entre un hôte et son démon. Même sa défunte épouse, une Uzumaki de pure souche au Chakra incroyable, n'avait pu échapper à la règle absolue de la mort à l'extraction du démon Renard.
Cela en disait long sur l'état critique représenté par Naruto. Certes, le cas était différent : Naruto gardait toujours Kyūbi en lui. Mais la puissance du Renard avait totalement pris le dessus contre Raditz. Et à présent, le Jinchūriki en payait le terrible prix.
Toutes les techniques médicales n'y changeraient rien. Et il le savait, tout autant que la Sannin qui ne l'avait soigné que pour la forme. Le Mal qui rongeait Naruto était d'une autre nature, bien plus profonde, bien plus sombre.
Kakashi s'était immobilisé aux côtés de son maître. Un silence bouleversant parcourut l'entièreté de la foule immobile à la vue du si redouté Ninja Copieur dont les yeux brillaient d'un désespoir honteux face à la tristesse de son mentor. Il était difficile d'imaginer la souffrance de cet homme qui avait tout perdu, d'un fils privé de ses parents, d'un ami privé de ses proches, d'un maître privé de ses disciples – une morte, un déserteur et Naruto...
Le regard de Tsunade s'adoucit à la vue des deux jeunes prodiges abattus et elle posa une main ferme sur l'épaule de chacun d'eux.
– Ne perdez pas espoir.
Le plus puissant Jônin de Konoha et son Yondaime Hokage relevèrent la tête d'un même mouvement, observant celle dont la légende précédait les leurs et qui, aujourd'hui encore, incarnait la force. En tant que leaders, ils devaient faire face. Leurs contributions avaient marqué les esprits, ils ne pouvaient plus les décevoir.
Revenu d'un monde que l'on pensait inaccessible, Minato Namikaze avait encore un rôle à jouer. Et s'il existait une chance infime que Naruto se réveille, alors son père devait être exemplaire, pour lui et pour le monde qu'il lui laisserait.
Kakashi Hatake fronça les sourcils et osa croiser le regard de son maître, au prix d'un effort qui lui paraissait bien plus terrible que de terrasser une armée entière.
– Maître... Je... Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver Naruto.
– Imbécile, grommela Tsunade, serrant légèrement sa poigne sur l'épaule du Ninja Copieur qui fléchit légèrement sous la douleur. Tu ne seras pas seul.
Elle serra encore davantage sa poigne.
– Nous sauverons Naruto ! ajouta-t-elle d'une voix dont la détermination emplit les cœurs de tous avec autant d'aplomb qu'un appel à la guerre face à un Saiya-jin.
Alors, Kakashi fondit en larmes – fût-ce par la douleur ou l'émotion, le résultat n'en changeait rien. Mais son regard brillait d'un autre éclat partagé avec celui de Minato.
– Je sais, répondit alors ce dernier, sourcils froncés, détermination renouvelée. J'ai confiance.
Hiashi, non loin, observa son vieux camarade marcher d'un pas déterminé en direction de Konoha. Les menaces ne s'étaient pas effacées avec le Saiya-jin, il en était conscient. L'Akatsuki, avec le retour de Madara Uchiha, devenait un vrai problème.
Mais celui qui s'était imposé en tant que Yondaime Hokage, gravant son nom dans la légende autant que son visage dans la pierre en direction de laquelle il avançait, avait su s'imposer une nouvelle fois. Car Minato avait reproduit la performance du Shodaime Hokage en stoppant son terrible co-fondateur du système Shinobi. En cet instant, Madara Uchiha lui-même avait été mis en déroute, trop blessé pour pouvoir agir. Et à travers cet exploit, le Yondaime Hokage avait également imposé une fois de plus sa grandeur.
En dépit des menaces grandissantes qui entouraient Konoha, le nom de son dirigeant avait forcément fait le tour du monde. Et au même titre qu'autrefois, personne n'aurait attaqué hâtivement le village d'Hashirama Senju, on pouvait reprendre le même raisonnement pour celui de son digne héritier.
Konoha était en sécurité, pour le moment. L'heure était donc à la reconstruction.
***
– Reste calme, Kimimaro.
Une fois encore, ce dernier, sans doute mû autant par ses pulsions meurtrières que par son adoration de tout ce que pouvait représenter Orochimaru, venait de s'immobiliser dans un élan agressif. La discussion s'était à peine engagée qu'il avait de nouveau de perdu son sang-froid.
Ce comportement surprenait particulièrement son voisin, Jūgo, lequel voyait dans l'ancien héritier du Sannin celui qui lui permettait, justement, de contenir ses propres démons.
Visiblement, les événements et l'apparition de l'homme mystérieux ne laissaient pas du tout Kimimaro insensible. Et la vérité allait bientôt frapper.
– ... ou je te tue, conclut alors Ororef dans un sifflement assassin qui ne laissait aucune place au doute.
Le regard de Kimimaro se tourna en direction des pupilles en forme de fente qu'il admirait tant. La menace, froide et sincère, sembla totalement inhiber toutes ses réactions.
Le Rikudō Sennin fronça les sourcils face à cette violence non dissimulée. Mais autre chose semblait l'interpeller, tandis que ses yeux perçants fixaient le dernier survivant d'un clan disparu.
– Tu as hérité... d'un corps bien particulier, analysa-t-il.
Kimimaro ne montra pas l'once d'une réaction tandis que les regards se posaient sur lui. De toute évidence, il restait bien trop perturbé par la réplique assassine de celui qu'il adorait plus que tout.
Jūgo, pensif, comprenait qu'effectivement, Kimimaro ne semblait pas impacté par la pression du Sage, en dépit du sceau maudit qu'il possédait et qui lui conférait ces pouvoirs du Senjutsu qui entraient en opposition avec ceux de l'ermite.
– Alors, même le légendaire Rikudō Sennin reconnaît la grandeur du clan Kaguya... murmura Ororef.
– Kaguya ? répéta Hagoromo, surpris par ce nom. Un clan de ce nom...
Il ne put s'empêcher de rester pensif un instant, sous le regard intrigué de la jeune Arale.
– Hagoromo, intervint Kami, seul à même de comprendre cette réaction, mais il s'interrompit, ne sachant pas quel niveau d'information il pouvait révéler.
– Votre mère... ! murmura alors Ororef, ses yeux démoniaques grand ouverts par la surprise. L'arbre sacré, Shinju et...
Kami ne put s'empêcher d'afficher un regard horrifié, réalisant qu'Ororef était parvenu à utiliser sa terrible télépathie sur lui, en un instant pareil !
Mais Hagoromo restait calme. Son regard rassurant se posa en direction de Kami, lui faisant comprendre que cela n'était pas un problème.
– ... ne manque-t-il pas le serpent ? acheva finalement Ororef, l'iris qui entourait sa pupille étirée brillant avec une intensité parfaitement irréelle pour la situation.
L'atmosphère se couvrit brutalement d'un malaise anormal, peut-être même palpable. L'espace d'une fraction de seconde, celui que tous nommaient Ororef dévoila une étrange aura similaire à celle du désespoir qu'ils avaient ressenti à l'instant où il s'était transformé en dragon de l'apocalypse.
– Décidément, vous appréciez les jeux dangereux, commenta Hagoromo sans perdre du regard Ororef, lequel se léchait les babines avec une délectation démoniaque.
Krillin ne put s'empêcher de déglutir péniblement, autant de dégoût et de malaise que de peur. Sans la présence du Rikudō Sennin, son rythme cardiaque serait sans doute autrement plus rapide.
Néanmoins, en dépit de l'apparition divine et des événements absurdes qui se succédaient, il restait très dérangeant de constater qu'Ororef semblait présenter une confiance anormale. Il paraissait en mesure de glisser au milieu de tous les obstacles, s'adaptant aux situations sans montrer la moindre faille.
– Mais nous ne sommes pas ici pour parler de ma mère, conclut finalement Hagoromo Ōtsutsuki d'un ton neutre.
Krillin ne pouvait s'empêcher de remarquer que le regard d'Ororef restait focalisé sur le vieil homme, sans ciller. Un malin sourire, terriblement malsain, déformait ses lèvres et sa face aussi pâle que la mort. Cette seule vision hantait le jeune combattant, qui se sentait trembler malgré lui. Il ne comprenait pas comment Hagoromo pouvait seulement résister à cette seule pression permanente – si Ororef l'avait fixé ainsi, Krillin se serait sans doute senti fondre de l'intérieur.
Il devait détourner son attention de ce démon. Après tout, ils étaient une vingtaine autour de la table.
– Il y a vingt-trois chaises, fit soudain remarquer Tenshinhan, dont le regard se posa sur Hagoromo, puis sur la jeune Arale – dernière arrivante sur ses genoux, et nous sommes vingt... et un.
Krillin réalisa alors ce fait dont la pression terrifiante du moment l'avait aveuglé. Trois chaises vides se trouvaient effectivement aux côtés d'Hagoromo.
– En effet, répondit ce dernier. Mais je crains qu'elles risquent de rester vides.
Rōshi fronça les sourcils suite à cette remarque.
– Tao Paï Paï n'est pas présent.
– Chaozu non plus, ajouta Tenshinhan, terriblement soucieux pour son partenaire.
– Bonnes remarques, répondit Hagoromo. Ce dernier est dans une situation particulière. Je ne peux pas l'aider pour le moment, au risque de provoquer un... incident diplomatique.
– Mais de quoi vous parlez ?! s'exclama Tenshinhan, se levant brusquement avec rage. On s'en fout de ces conneries !
– Calme-toi, Tenshinhan, murmura Rōshi, fronçant les sourcils.
Heureusement, dans ce cas précis, Tenshinhan n'eût pas droit aux mêmes paroles assassines que Kimimaro avant lui.
– Par incident diplomatique, j'imagine que vous voulez dire qu'il n'est pas seul ? supposa Karin – le chat.
– Vous êtes perspicace, reconnut Hagoromo.
Kami se leva alors et, dans un silence pesant, il s'éloigna de la table. Le dieu du monde s'approcha du bord de son palais, lequel donnait sur une mer de nuages surplombant le monde entier. Il réalisa aussitôt deux facteurs significatifs.
Le premier concernait son incapacité totale à ressentir toute forme de Ki en dehors de ceux rassemblés autour de la table. Jusqu'alors, cela lui avait parut normal : la quasi totalité des survivants se trouvaient à sa proximité immédiate, et son attention restait focalisée sur eux. Mais à présent, Kami avait beau se concentrer pour tenter de sonder son monde, il s'en sentait totalement coupé.
Le second point remarquable concernait l'évolution des terres qu'il voyait sous ses yeux, à commencer par cette mer de nuages. Kami avait l'habitude d'observer leur mouvement fluide, variant au gré des caprices du vent. Mais cette fois, leur mouvement était anormalement rapide, à tel point qu'un œil fatigué aurait facilement pu se laisser tromper à observer un océan d'eau liquide. Pour Kami, cela ne faisait aucun doute.
* C'est comme si... le temps extérieur était accéléré... *
Il fronça les sourcils, puis reporta son attention en direction du légendaire ermite, aïeul des Shinobi. Parmi toutes ses capacités effleurant le domaine des dieux – ou y rentrant complètement – se pouvait-il qu'Hagoromo disposât également d'un contrôle du temps ? Cela semblait envisageable. Pourtant, tandis que cette idée germait dans l'esprit de Kami, l'étrange parallèle avec une salle située à proximité s'imposa.
Kami ouvrit grand les yeux et reporta son attention sur les nuages qui évoluaient à une vitesse anormale. Il ressentait pourtant le vent qui les poussait. Seulement, si les nuages évoluaient visiblement à un rythme complètement absurde, le doux vent qui léchait le visage du gardien du monde était parfaitement normal. Et Kami estima que la vitesse apparente des nuages en dehors de cette étrange bulle temporelle qui recouvrait visiblement tout son palais devait être plusieurs centaines de fois trop rapide.
Autrement dit, une dizaine de secondes dans leur palais correspondait à plusieurs minutes au dehors. En étendant cette durée, une journée dans la bulle devait avoisiner une année sur la surface.
Une journée pour un an, cela correspondait parfaitement au ratio de la Salle de l'Esprit et du Temps par rapport à l'extérieur, laquelle pièce se trouvait précisément au cœur de leur bulle. Cela n'était pas un hasard. D'une manière ou d'une autre, le Rikudō Sennin utilisait le pouvoir de la dimension, dont le temps évoluait sans doute du même coup au rythme de l'extérieur tandis qu'eux s'en trouvaient séparés d'un facteur de un sur trois cent soixante cinq !
– Hagoromo... Qu'est-ce que... Qu'est-ce que cela signifie ?
Soudain, une exclamation de stupeur affola chacun des participants. Et tous purent découvrir la face d'Ororef, déformée par une expression inhabituelle : l'effroi. Il se ressaisit aussitôt, le visage néanmoins couvert de sueur.
– Je comprends mieux... murmura-t-il. Vous ne nous aviez jamais immobilisés.
Voir Ororef dévoiler un telle frayeur ne pouvait absolument rassurer. Cela était d'autant plus vrai qu'un sourire paradoxal déchirait sa face.
Mais ses yeux trahissaient un effroi que nul ne lui connaissait. Et à travers l'esprit de tous s'imposa l'image d'une silhouette dont tous les Shinobi de l'assemblée reconnurent l'iris légendaire : le Sharingan.
* Un souvenir... du temps où il était Orochimaru ? comprit Suigetsu, remarquant le bandeau frontal de celui qui lui se trouvait visiblement face au Sannin. *
* Cet homme... réalisa Kimimaro, fronçant les sourcils. *
Forcément, par la vision de ce regard calme et assuré – proche du sien – Kimimaro ne pouvait qu'en conclure que cet homme représentait celui qui, avant lui, fut la cible d'Orochimaru. C'était, également, sa plus lourde défaite.
L'image changea. Cette fois-ci, l'image d'Itachi Uchiha laissait place à une silhouette puissamment bâtie. Certains crurent même reconnaître le Saiya-jin à la longue crinière qui avait envahi le monde Shinobi, avant de le voir se transformer en un immense dragon noir dont l'envergure dévoilait le plus profond désespoir ; ou peut-être s'agissait-il simplement des émotions de celui qui se trouvait face à cela.
Kami fronça les sourcils.
* Je ne peux que conjecturer. Mais... Il semble que nous soyons témoins des rares cas où Ororef – ou ceux qui le composaient – ait ressenti un tel effroi face à un être. *
Tous étaient plus ou moins parvenus à cette même conclusion aberrante. Alors, l'éclat de rire du terrifiant Ororef ramena à l'infâme réalité de son être tous ceux qui – l'espace d'un instant – avaient cru comprendre celui qui ne répondait pas à leur logique.
Totalement terrifié, il semblait pourtant paradoxalement envahi d'une jouissance extrême au simple ressenti de ce sentiment horrifiant. Peut-être s'agissait-il de la complexité représentée par l'union des deux âmes qui le composaient.
– Je comprends mieux... murmura alors Ororef.
Il déglutit d'effroi, un sourire déchirant étiré sur sa face.
– Cette... chose... qui est apparue sur ce monde...
Il fixait Hagoromo sans sourciller.
– Il vous ressemble... Non...
Ses yeux s'ouvrirent en grand.
– Il s'éloigne encore plus des mortels...
Alors, une nouvelle image s'imposa de nouveau à travers l'esprit de tous. Mais cette fois, elle représentait le présent. Plus précisément, elle affichait des stimuli sensoriels issus des démons d'Ororef, encore sur ce monde, que le cerveau des témoins traduisaient notamment en représentations visuelles.
Plusieurs conclusions s'imposèrent.
Déjà, tous comprirent que l'immobilisation d'Ororef et de tous ses zombies n'était qu'une impression. Par ce lien qui semblait tous les relier au démon, tels des neurones d'un même esprit maléfique, ils avaient simplement été placés dans un autre référentiel temporel : celui de la bulle dans laquelle ils se trouvaient. Cela signifiait que les zombies d'Ororef, répartis partout dans le monde, évoluaient au rythme du palais de Kami dans un monde qui avançait trois cent soixante cinq fois plus vite. Mais il s'agissait d'un simple détail, tout juste bon à clarifier un point.
La principale conclusion, que tous ressentait à travers cette peur immonde qui semblait habiter les démons du monde entier, représentait cette silhouette assise, qui les ignorait. Un homme au regard d'une pâleur aussi pure que la neige – une pupille bien connue des Shinobi – se tenait assise, attendant patiemment, tandis que les heures défilaient à toute allure pour les observateurs. La hache constituée d'énergie mystique étendue contre son épaule massive, l'être puissamment bâti ignorait totalement les super soldats d'Ororef.
– Cet... être... reprit Ororef, ramenant tous les témoins à la réalité du palais. C'est donc cela...
Il déglutit de nouveau, tétanisé par le ressenti de cette présence instinctive qui le poussait à un effroi sublime.
– ... un... pur...
La réalité d'une forme de vie dont il venait de découvrir l'existence à travers la seule évocation de la mère du Sage au sang-mêlé sembla brutalement le parcourir de toute son âme.
– ... Ōtsutsuki ?
* Je suis persuadé d'avoir ressenti l'énergie d'un autre Ōtsutsuki sur cette planète... pensa l'entité d'apparence divine. Je ne prévoyais pas de venir si tôt... Momoshiki, pourquoi es-tu venu sur ce monde ? Je pensais que... *
* ... Je suis sur la planète visée par le prince primate, intervint aussitôt la voix de Momoshiki dans l'esprit du colosse. D'ici peu, ce monde sera le théâtre d'un divertissement intéressant. *
* Si ce n'était pas toi, se pourrait-il qu'il s'agisse de Kaguya ? J'observe d'étranges soldats dépourvus de vie. Elle pourrait avoir monté une armée pour nous combattre... *
* Kaguya a fusionné avec un puissant Shinju. Seul, même toi tu ne ferais pas le poids et elle le sait. Si tu te trouvais sur son territoire, tu serais déjà mort, Kinshiki. Cesse donc de me déranger et occupe-toi de l'être inférieur que tu es venu rencontrer. *
– Bien, déclara alors, sur la planète, Kinshiki Ōtsutsuki en se levant, pointant sa main droit devant lui. Puisque je suis en avance, je vais devoir forcer les choses... Saiya-jin.
Sa voix grave, rauque, laissa résonner le nom craint du peuple le plus redouté de l'Univers à travers le monde entier. Une fissure sembla soudain apparaître dans l'atmosphère, au niveau de sa paume. Et une silhouette s'en échappa brutalement. L'atterrissage de cet individu fut si puissant qu'il généra un cratère de taille inimaginable, envoyant au passage valser certains zombies cachés sur des kilomètres. L'Ōtsutsuki, quant à lui, se contenta de rester face au guerrier, lévitant simplement à l'endroit où le sol sous ses pieds venait de s'enfoncer de plusieurs centaines de mètres.
Le nouvel arrivant affichait une silhouette anormalement imposante, comme l'entité mystique qui l'avait libéré de cette étrange dimension qui l'entravait.
– BORDEL ! s'exclama l'homme revenu d'ailleurs, dont la queue enragée fouettait l'air. CES PUTAIN DE NINJAS VONT ME LE PAYER !
– Bonjour, Saiya-jin, le salua alors l'Ōtsutsuki, captant aussitôt l'attention du guerrier. Tu es donc Nappa.