S'il ne fait aucun doute que Satan demeure le champion emblématique du huitième siècle et deviendra une légende pour la postérité, il est également certain que sa réputation tient en premier lieu d'une popularité grandissante de l'institution qu'est devenu le Championnat du Monde des Arts Martiaux, avant même ses exploits lui conférant le titre de Sauveur de l'humanité. Ainsi, beaucoup ne savent pas que le Championnat, alors dans un anonymat quasiment total, accueillit d'autres combattants légendaires. Selon des proches de la famille royale, le vainqueur du terrible Piccolo Daimao ne serait autre que Son Goku, vainqueur de la 23ème édition et double finaliste des 21ème et 22ème éditions du Championnat, qui s'avère d'ailleurs n'être autre que le grand père paternel de la célèbre Pan, petite fille de Satan.
Encore moins sont ceux qui se souviennent -à part peut être certains experts- que Goku fut un disciple d'un combattant, à l'époque, encore plus légendaire, ancienne gloire d'un Championnat alors jeune qui s'exila pour se parfaire, hors de la lumière. Il fut nommé « Maitre des Tortues » symbole de son attirance envers la mer et son habitat, et donc, plus particulièrement, de son affinité avec les tortues. Le nom de sa technique la plus connue et redoutée par les experts en art martiaux, le kaméhaméha, est d'ailleurs un hommage à cet animal.
Il est cependant impossible de parler de Tortue Géniale sans citer son éternel et tout aussi illustre rival, combattant et novateur fabuleux, Corbeau Géniale. Quant à lui surnommé « Maitre des Grues » pour son attrait avec l'air et la terre, en opposition au Maitre des Tortues, il est notamment connu pour sa terrifiante technique qu'est le Dodompa, mais peu savent qu'il est aussi l'inventeur de la désormais célèbre technique de la Danse de l'air, maîtrisée par de nombreux combattants depuis la 25ème édition.
Deux génies du combat, qui furent eux même les disciples du grand Maitre Mutaito, fondateur du Championnat. Si ce tournoi a aujourd'hui un aspect populaire avec une forte emprunte économique et sociale, les premiers championnats avaient une noblesse et un but différent, et peu étaient les candidats suffisamment courageux pour s'y aventurer.
A l'époque, le contexte était chaotique : c'était le temps du premier règne de Piccolo Daimao, qui abattait sans vergogne toute opposition. D'aucun affirme encore aujourd'hui que même Satan, pourtant vainqueur du terrible Cell, aurait peut être eu de grandes difficultés à se débarrasser de Piccolo. Quoi qu'il en soit, un homme sage et puissant, Mutaito, décida de s'opposer à la tyrannie imposé par le démon. Après un long voyage, il réunit de nombreux combattants, puis, après des années d’entraînement, tous partirent affronter Piccolo Daimao. Selon la légende – car ici, il est difficile d'obtenir des sources suffisamment fiable pour permettre de combler cette lacune historique- Mutaito et ses cent sept alliés ne purent même pas approcher Piccolo Daimao, décimés avant cela par ses diaboliques créatures. Mutaito fut le seul suffisamment robuste pour en réchapper, bien que ce soit de justesse. Durant sa convalescence, il refusa de baisser les bras, et rechercha de tout son être une stratégie. Il comprit que la force frontale et le nombre face à Daimao étaient vains, et conclut que seul la ruse et le courage lui permettrait de terrasser son ennemi. Petit à petit, un plan émergea. Il savait ce qu'il fallait faire, comment le faire, et quel genre d'alliés il lui fallait. Même s'il devait encore trouver ces derniers. Malheureusement, la population allait devoir continuer à souffrir encore un peu, car il aurait besoin de temps, même s'il ne savait de combien.
Ainsi naquit le premier championnat. Un tournoi clandestin, destiné à trouver des combattants « adaptés » à la confrontation finale face à Piccolo Daimao. Tel fut l’ancêtre du grand tournoi mondialement reconnu de nos jours.
Mutaito s'arrangea pour que la rumeur de l'existence du tournoi se propage parmi les résistants au régime de Piccolo Daimao, si bien que le nombre de participants et le niveau de ces premiers championnats, bien qu'insuffisant, furent tout à fait honorables qualitativement. L'événement jouissait particulièrement de la réputation de Mutaito, sans quoi il est assez probable que le championnat aurait eu une vie bien courte, particulièrement du fait de son but tout à fait avoué.
Cependant, les tournois passèrent sans que Mutaito ne trouvent le profil qu'il recherchait. Lui même, d'après plusieurs sources, commençait à douter de sa stratégie, peinant à développer la technique qu'il s'employait à maîtriser, sans compter que sa progression physique commençait à devenir stagnante.
C'est alors qu'arriva le jour du 11ème Championnat des Arts Martiaux. Cette édition fut l'une des plus marquante, tout d'abord de par son paradoxe, celui du plus faible nombre de combattant inscrit de son histoire, et pourtant le championnat le plus long en temps effectif de combat (rappelons qu'à l'époque, il n'y avait pas de ring, la règle d'élimination pour sortie de la surface de combat, n'existait donc pas), et ensuite de par sa finale d’anthologie. Une pièce très rare, un article de la presse résistante, retrouvé dans les archives du Roi, rapporte le déroulement du tournoi, et s'attarde en particulier sur la finale. En voici un extrait :
Si de prime abord, l'édition de cette année laissait cependant conclure à un niveau globale des participants relativement faible, la finale qui allait nous être proposée nous détrompa de fort grande manière, bien qu'on ne puisse décemment la qualifier de magnifique, « singulière » étant certainement bien plus approprié. […] Les deux combattants qualifiés avaient vaincu plutôt rapidement par KO tous leurs adversaires, lors de combats au final très peu spectaculaires ou techniques. Ce fut donc deux jeunes à l'aspect frêle qui se firent face, sous l'oeil avisé de Maitre Mutaito. A gauche, se trouvait le jeune Freyja, 19 ans, originaire d'un petit hameau situé dans les montagnes proches de la Capitale de l'Ouest et à droite, Fratley, 20 ans, venu d'un village localisé en bord de mer à 300 kilomètres au nord est de la Capitale de l'Est.
Personne n'attendait grand chose de ce combat, pourtant, les surprises n'allaient pas mettre longtemps à arriver.
Comme de coutume, le Maitre donna personnellement le coup d'envoi de la finale. Sans aucune réaction de la part des combattants. Ces derniers se contentèrent de se fixer dans les yeux. Rapidement, des protestations se firent entendre, émanant des participants déjà éliminés. Huées de courtes durées, lorsque les spectateurs constatèrent que Mutaito lui même semblait évaluer avec grande attention la situation. Le silence s'installa. Un calme incroyable avait envahi les lieux. Pourtant, la tension était palpable. Nul n'aurait su dire au début si cela provenait de l'enjeu de la finale ou d'autre chose, mais, à mesure que le temps passait, les deux adversaires restant inflexiblement immobile, et que la tension semblait devenir de plus en plus importante au point d'en devenir presque insoutenable, les observateurs comprirent et ressentirent : la tension émanait d'un vrai combat, un combat mentale particulièrement violant, entre Freyja et Fratley.
Bientôt, il sembla aux plus avisés que Mutaito, qui, lui non plus, mis à part le fait qu'il avait fermé les yeux, n'avait pas bougé d'un centimètre depuis le début du combat, parvenait à observer la confrontation. Ce fut enfin au bout de 27 heures que Fratley montra enfin un signe de vie physique. Il poussa soudainement, sans le moindre de signe de faiblesse préalable, ce qui semblait être un cri de douleur, puis tomba à genoux, totalement essoufflé, tout comme s'il venait de faire un immense effort physique. Freyja ne semblait pas en attendre moins. Il se jeta de toute sa puissance, pied en avant, sur Fratley qui n'avait que tout juste eu le temps de se relever. Ce dernier esquiva miraculeusement grâce à un écart qu'il avait fait en titubant. Il semblait au bord de l'évanouissement , et Freyja en profita pour à nouveau charger, du poing cette fois. Le coup fut à nouveau miraculeusement esquivé. Freyja ne dit mot, mais ses yeux ne laissaient aucun doute, cette fois, sur son état d'énervement. Il tenta d’enchaîner de plusieurs coups Fratley, tous esquivés avec la même chance incroyable (1) . Puis, alors qu'il s’apprêtait à lancer un nouvel assaut, Freyja se prit un unique mais puissant coup de poing dans le sternum. Il s'effondra, inconscient, tandis que Fratley devenait ainsi le 11ème Champion du Monde des Arts Martiaux.
Ce 11ème tournoi fut le dernier sous l'ère de Mutaito, qui déclara que l'institution avait atteint son but. Il avait été impressionné par le combat entre les deux adversaires, et notamment par les capacités qu'ils avaient montrées, une ruse incroyable et une détermination de chaque instant, sans compter un grand potentiel aisément perceptible, et décida de les prendre comme apprenti tous les deux. Afin de les protéger, Mutaito décida de leur faire abandonner leur nom, et c'est ainsi qu'il les renomma avec les traditionnelles codes de la résistance d'autrefois (2). Freyja devint Corbeau Géniale, le disciple des grues, et Fratley fut renommer Tortue Géniale, disciple des tortues.
C'est ainsi que Mutaito, accompagné de ses deux nouveaux élèves, partit empli de bonheur, le cœur soulagé par un nouvel espoir, pour réaliser le dernier et le plus long des entraînements. Vainqueur temporaire de Piccolo Daimao au prix de sa vie, le nom de Mutaito est pourtant de nos jours peu connu du grand public. Le championnat fut interrompu de très nombreuses années, et selon une rumeur persistante, ce fut un homme étrange du nom Mr.Popo qui enjoignit le Roi à faire renaître l'institution, rumeur que le Roi refuse encore aujourd'hui de commenter.
Chapitre 3, Les légendes perdues du Championnat du Monde des Arts Martiaux
Note 1 : cette technique peu connu sera officiellement nommé bien plus tard par son créateur la « technique de l'homme ivre »
Note 2: les résistants avaient pour habitude de décomposer leur nom de code en deux particules, la première faisant référence à leur statut: un nom tiré d'un animal pour les combattants, d'un végétal pour les résistants allégués aux taches de fonctionnements des clans résistants, et d'un objet pour les personnes sous protections des clans résistants; la seconde étant un mot marquant leur appartenance à une localité ou à un clan résistant. Ainsi, « Tortue / Corbeau Géniale » signifiait être un résistant dans l'entourage de Maitre Mutaito (Géniale étant le mot désignant le clan Mutaito). Les deux élèves de Mutaito décideront de conserver définitivement leur nom de résistant après que Piccolo Daimao, qui découvrit finalement, d'une part, qu'un complot était monté contre lui par Mutaito, et d'autre part, les localisations des villages d'origine des deux apprentis de Mutaito, fit massacrer par ses serviteurs tous les habitants de ces deux hameaux.