Le soleil était haut dans le ciel, si haut. C'était à en croire qu'il revenait du soleil dans sa capsule, avait assuré Krillin. Le terrien était allongé par terre dans un très piteux état. Ils étaient tous dans des piteux états. Personne n'avait été épargné et le supplice continuerait tant que le sayien qui lui avait fait ça, ne se montrait pas. Le démon du froid l'avait clamé et certifié.
Il arriva. Son pod se crasha au sol avec une violence... Ils n'eurent pas le temps de l'attaquer qu'ils s'étaient retrouvés entrain de déguster un nid de roches saupoudré de poussières. Les réactions de chacun ne se firent pas attendre.
A quelques mots près, cela sonnait comme un doux refrain d'un conte musical pour enfant. Une mélodie simple au possible qui s'immisce par les oreilles en l'espace de quelques secondes et laisse l'esprit baigner dedans pour le reste de son existence.
Oui, c'était cela de voir le Super Sayien en action. C'était cela de le voir maltraiter violemment les démons du froid.
Quelqu'un prit du plaisir à voir Freezer et son père souffrir sous les phalanges d'un sayien. Non ! D'un Super Sayien ! Mais cela lui faisait aussi mal de ne pas être ce Super Sayien.
Le combat dura de longues heures et la Terre fut sauvée, encore une fois. Tous avaient défendu cette planète et combattu l'envahisseur bien que leur motivations étaient différentes. Un seul parvint à la sauver, et à la suite de cela, son nom commença à résonner dans l'univers.
Il était enfin rentré et c'était tellement bon de le voir. Elle en perdit ses mots, cela faisait une année, une longue année quand même...
Une fois de plus il était dévasté. Ses nouveaux habits étaient partis en fumée. Cette absence de vêtements sur la partie haute du corps révélait son torse, à la fois si dur et si doux; il était peint d'une bonne vingtaine de blessures. Ils étaient tous plus ou moins dans le même état. Heureusement il n'y avait pas eu de morts.
Il avait eu un comité d'accueil important. Personne ne l'avait dit avec ses mots là mais ils étaient partis si vite. Ils étaient tellement horrifiés qu'elles se doutèrent de quelque chose de grave.
Krillin avait lancé un :
-C'est Freezer ! Et il n'est pas seul !
Cela avait suffit. La Terre allait sombrer.
Et puis l'éclairci vint s'abattre sur les visages. La joie de retrouver les siens, de les savoir en vie. Le soleil brillait toujours haut dans le ciel quand ils rentrèrent mais ce n'était plus lui qui réchauffait les cœurs, non, c'était la présence de cet homme, de ce terrien à queue de singe, du légendaire Super Sayien.
Les deux années qui suivirent furent un vrai régal. La famille était enfin réunie. Il n'y avait plus personne à combattre, il n'y avait plus aucune aventure à vivre. Non, il ne restait que cette vie heureuse. Il ne restait plus qu'à profiter de la vie. Et ils le firent tous, à leur manières.
Beaucoup avait repris l'entraînement.
Il y avait Vegeta qui avait trouvé asile à la Capsule Corporation et qui avait redoublé d'efforts quand il vit et quand il sentit le jeune pouvoir du Super Sayien. L'écart était béant, il ne pouvait pas l'accepter.
Certains terriens s'étaient remis eux aussi à l'entraînement, perdus dans de vastes forêts, à proximité de points d'eau. Perdu sur une île en plein milieu de l'océan du Sud.
Il y avait le Namek, retiré lui aussi dans le calme apaisant que la Terre pouvait offrir. Bien sûr, ses méditations étaient ponctuées d'allers et venues de son jeune prodige mais aussi de son père.
Si quand un arrivait, il était enchanté et heureux de voir le grand namek, la souffrance et le besoin de se confier se lisaient chez l'autre, derrière ce visage angélique.
Oui, Piccolo l'avait remarqué. Certaines visites de son ancien ennemi, se cachant derrière des envies d'entraînement, révélaient en réalité un lourd secret. Quelque chose qu'il ne pouvait pas divulguer à n'importe qui et qu'il ne voulait pas divulguer à sa propre famille.
Il le sentait. Son corps défaillait. Il devait être à l'apogée de sa condition physique, à l'apogée de sa puissance qui ne devait connaître aucune limite mais en réalité, elle déclinait. Tous les jours un peu plus, son énergie s'amenuisait alors que sciemment, il ne faisait rien pour.
Il le sentait, son corps lui jouait des tours, de très vilains tours. Son énergie tentait par tous les moyens de résoudre ce problème. Oui, son ki essayait tous les jours de combler un vide qui devenait de plus en plus grand à l'intérieur de son propre corps. Mais rien n'y faisait, rien ne fonctionnait. Ses forces le quittaient, son corps l'abandonnait et s'il ne trouvait pas un moyen, il abdiquerait lui aussi, plus par obligation que par réelle conviction.
Certains l'avaient remarqué, Piccolo et Maître Karin en premier lieu. Chichi s'apercevait aussi que son époux était étrange comme s'il la fuyait...
Les senzus n'avaient aucun effet, ils ne parvenaient pas à combler ce néant de plus en plus gourmand. Piccolo ne savait que faire, si même les senzus ne prodiguaient pas un mieux, il avait pensé que c'était bien plus grave que ce que les sourires de Goku laissaient entendre.
Le Namek ne pouvait en parler à son élève. Il ne souhaitait pas en parler à la femme. Il n'avait pas réellement de solutions, il était juste désolé de voir le Super Sayien décliner de la sorte, pour lui et pour ce fils.
Un jour, alors que le soleil était encore haut dans le ciel. Après un festin concocté avec amour, par sa femme, Goku décida d'emmener son fils à la pêche. Pour une fois dans sa vie, il en avait discuté avec Chichi avant d'agir sous l'impulsion et la mère ravie de cela, autorisa l'escapade du père et du fils. Ils étaient heureux, tous les trois. Le père de passer du temps avec son fils, le fils de passer du temps avec son père et la mère de voir les deux passer du temps ensemble sans échanger de coups de poings ou de pieds. Une belle journée, radieuse même.
Ils s'étaient munis de deux énormes sacs remplis de nourriture. Le poisson pêché serait pour le soir. Et ils se déplacèrent vers la porte d'entrée, enjoués, heureux.
Soudainement Goku dut s'agripper à l'épaule de son fils. Il cligna des yeux de nombreuses fois à l'affilée. Il sentit sa tête devenir lourde, extrêmement. Il n'arrivait plus à la stabiliser, à la rendre immobile. Elle balançait d'avant en arrière plus ou moins lentement. Il agrippa avec force l'épaule de son fils. Gohan comprit en voyant le visage de son père que quelque chose n'allait pas. Il avait un teint blafard et plus le temps passait plus de minuscules filets dans les tons verts trouvèrent grâce sur la peau du sayien.
La poigne de Goku relâcha lentement l'épaule de son fils et il s'effondra sous les cris d'effarement, sous les larmes.
Les médecins avaient été clairs et nets : c'était le cœur.
Chichi haussa les mains à sa bouche comme pour étouffer ce cri, cette rage fugace mais éphémère du déni. Elle se ravisa rapidement et demanda quels traitements allaient-ils lui donner.
Les docteurs de son époux ne s’embarrassèrent pas de simagrées. Ils n'essayèrent pas d'allumer une étincelle d'espoir bien au contraire. Ils la détruisirent avec force et détermination parce que c'était ce qu'ils devaient faire. Il n'y avait aucun espoir à avoir.
-Madame, votre mari est condamné.
Bulma avait été mis à contribution, bien évidemment. La terrienne resta statufiée une fois les rapports présentés. C'était un virus, un virus inconnu mais fortement agressif. Il s'attaquait au cœur de manière presque consciente.
Aucun traitement ne peut être prescrit pour une maladie qui n'existe pas ou qui n'a pas encore été découverte et diagnostiquée sur Terre.
La tasse de café se renversa en même temps qu'une longue cendre de cigarettes. Les lumières bleues de l'écran de l'ordinateur donnaient un tout autre éclat aux larmes qui scarifiaient les joues de Bulma Brief.
La nouvelle fut mal vécue par le Super Sayien. Au delà de la mort, qu'il avait déjà embrassé une fois. C'était bel et bien le fait de rester alité qui le perturbait le plus. Le fait de voir rentrer dans sa maison, ses amis, de les entendre chuchoter, murmurer de peur qu'il n'entende, de peur qu'il ne se réveille.
Oui, Goku ne supportait pas d'être vu comme cela mais avec Chichi, il n'aurait pas le dernier mot, il le savait, pas sur ce sujet là. Alors il rusa. Il sortait la nuit. Il allait s'entraîner devant sa maison, travaillant ses mouvements de Kung-Fu, de Karaté, de Kempo.
Cela avait toujours été son seul plaisir, s'il devait perdre la vie, autant la perdre en faisant ce qu'il aimait, s'était rapidement dit le sayien.
Et pourtant un soir, il s'effondra. Il ne s'effondra pas physiquement, il s'effondra dans les bras de sa femme, elle-même à bout. Il avait tenté de lui expliquer ce qu'il ressentait et ce qu'il avait envie de faire.
Les larmes aux yeux, elle le regarda.
-Et nous, Goku, tu sais ce que l'on veut ?
Le sayien sourcilla. Le doute de se faire gronder, comme souvent, s'empara de lui.
-On veut te garder le plus longtemps possible près de nous.
Goku baissa les yeux, penaud et triste à la fois. Il comprit quelque chose d'important ce soir-là, devant sa maison, sa femme dans les bras. Si lui n'était pas effrayé par la mort, s'il montrait même une forme de quiétude cela n'était pas le cas de sa femme et ce n'était probablement pas le cas de son fils.
Chichi avait baissé la tête, elle cachait ses pleurs. Goku lui releva le menton, il la regarda avec cet air éternel d'incompréhension.
-Tu le sais, je ne sais pas faire...
Le visage de Chichi continua sa longue déchéance avant que Goku ne reprenne avec ce sourire, celui-là même qui le définissait tant.
-... Mais je vais essayer.
La jeune femme sourit à son tour. Il avait compris.
Les jours, les semaines et les mois passèrent. Goku avait pris sur lui, énormément, Chichi aussi. Ils avaient convenu que le sayien pourrait se déplacer dans la maison, toujours sous le regard de sa femme ou de son beau-père.
C'était quand même beaucoup plus agréable de recevoir ses amis en étant attablé.
C'était toujours plus jovial de voir ce père tant aimé devant un bol de nouilles qu'allongé sur son lit. Ils profitèrent les uns des autres, tendrement, joyeusement. Ils le savaient, c'était leur derniers moments, il ne fallait pas les gâcher par des pleurs, par des angoisses. Chaque jour était perçu comme une clémence de Kami-Sama et il fallait en profiter. C'était ce que Chichi fit comprendre à son jeune fils.
Mais la maladie finit par emporter le physique du Super Sayien. Il se retrouva alité sans en être conscient. L'intense douleur dans la poitrine l'empêchait de réfléchir à sa condition. Il luttait de toutes ses forces dans cette lutte acharnée, dans cet ultime affrontement.
Il perdit malheureusement le combat, après deux jours de chocs intenses. Sa femme au pied du lit, Goku serrant les draps, comprimant sa poitrine fermement avec le peu de force qui lui restait, il s'éteignit sous les yeux sanglotant de sa femme.
Ils étaient tous venus. Tous, sans exception. Et ils le sentirent tous au même moment. Le ki de Goku avait disparu. Ceux et celles qui n'avaient malheureusement pas ce don comprirent aux regards ahuris, aux pleurs d'un enfant, aux visages déconfits par la haine que c'était fini. Goku était mort.
Ils ne le savaient pas encore, aucun d'eux ne pouvaient encore l'imaginer, mais la mort lente et douloureuse du Super Sayien de la légende, qualifiée intérieurement de minable par certain, signait aussi leur propres pertes. Elle signait la fin d'un monde, celui de Goku, celui de sa famille.
Un an plus tard, deux êtres incomparablement plus fort que Freezer raseraient la capitale du Nord de la surface de la planète. Après une multitude d'affrontements, les deux êtres viendraient à bout de chacun des guerriers, défenseurs de la Terre. Deux survivraient difficilement, les descendants des Super Sayien, en se terrant, en évitant les affrontements, en essayant de s'entraîner par delà les limites, comme auraient fait leurs pères. Mais ils tomberaient eux-aussi sous les coups des terribles créatures du Docteur Gero et ne se relèveraient jamais. Ce jour là, ce serait la fin de la Terre, la fin inéluctable de leur monde.
La Fin d'un Monde.