Désolée de m'intéresser à ce qui se passe autour de moi, dans ma région et de privilégier la vraie vie aux théories idéalistes.
Oui, ça serait cool que tous les hommes soient beaux, gentils et égaux, qu'il n'y ait plus de couleurs, de malades, de pauvres, que la nourriture nous tombe du ciel sans élevages ni culture, et qu'on puisse vivre sans rien toucher ni exploiter autour de nous, bref, qu'on vive au paradis sur Terre abreuvés à la corne d'abondance divine. Amen !
Sauf que dieu n'existe pas, ou s'il existe, qu'il n'en a strictement rien à branler de ce qu'on devient ou des conneries qu'on peut faire.
Je ne dis pas qu'il ne faut rien faire pour aller vers du mieux, mais gardons les pieds sur terre. Il faut aussi savoir vivre avec son temps et ses réalités.
Sinon, c'est vrai qu'on peut supprimer les bovins de France, la forêt et les friches récupèreront les zones non cultivables, les tracteurs, les engrais et les pesticides s'empareront du reste.
Les femmes devront s'arrêter de travailler pendant trois ans minimum pour allaiter, il faudra importer du soja ou je ne sais quoi d'autre en masse pour couvrir le besoin des femmes allaitantes et les jeunes en pleine croissance en protéines et calcium... et puis il va falloir aussi agrandir bougrement les élevages de porcs, qui eux, ne se nourrissent pas d'herbe.
À moins qu'on ne recouvre nos surfaces cultivables de moutons... il en faut des moutons pour le même poids de viande qu'un bœuf !
Et encore, je ne compte pas l'impact négatif de la disparition de l'apport protéinique des produits laitiers qui devrait conduire vers une augmentation de la portion de viande...
Comme il faut compter deux ans pour obtenir un animal bon pour la boucherie et tout le cheptel en amont pour les reproducteurs... la France va disparaître sous des mers de laine bêlantes...
Autre facteur à prendre en compte, contrairement aux bovins, les moutons broutent les plantes jusqu'à la racine et détruisent ainsi une bonne partie de la bio-diversité.
Rapport suisse sur la question :
"Le mouton tond les plantes qu’il apprécie jusqu’à la base, contrairement au bovin, qui n’en mange que la partie supérieure, ménageant ainsi les pâtures. Certaines plantes – comme les orchidées – supportent particulièrement mal ce pacage. Quand les ovins remplacent les bovins, les alpages s’appauvrissent en quelques années.
Par ailleurs, les moutons grimpent dans des zones inaccessibles aux bovins. Maintes surfaces autrefois inexploitées ou seulement fauchées (fanages d’altitude) sont maintenant pâturées par des moutons, avec des conséquences très négatives pour la végétation. Déjà au début des années 50, on pouvait lire dans une publication scientifique que le mouton réussit en peu de temps ce que la cueillette assidue de fleurs mettrait des années à réaliser: l’appauvrissement de la flore alpestre.
Sur les surfaces trop piétinées, les dents des moutons détruisent peu à peu la couverture végétale. Le système radiculaire, qui retient la terre et les pierres dans les pentes escarpées, finit par se disloquer. Le mouton contribue ainsi à une accélération de l’érosion. Des exemples illustrant ce processus existent en de nombreux points des Alpes suisses. Souvent, les moutons paissent aussi en forêt, ne laissant aucune chance à la régénération naturelle. Dans ces conditions, la forêt se dégrade lentement mais sûrement."Notez que la viande de mouton est une des plus chargées en vilaines graisses saturées, sortez donc vos ordonnances anti-choléstérol !
Ou alors, on prends la méthode Kirina et on élève des nuages de crickets, des monceaux de vers de farines... nourris avec quoi ? Euh, on a bien le temps d'y penser...

Bon, revenons à nos moutons, plus de vaches en France donc.
Sans doute que les emplois libérés par les femmes forcées de rester chez elles pour servir de laitières aux morveux combleront un peu le désastre économique de l'importante filière laitière désormais détruite (400 000 emplois au bas mot).
Bon par contre, pour le manque à gagner économique, je crains que cela ne soit de la perte sèche.
Remarquez qu'on pourra toujours se mettre à tricoter des pulls avec la laine de tous ces moutons... pour les vendre à qui ?
Euh... on peut quand même essayer de lancer la mode sous les tropiques, non ? puisqu'il parait que c'est dans les pays du sud que réside désormais l'avenir économique mondial.

Bon, je me moque gentiment de vous, c'est vrai.

Non mais j'ai l'impression que si demain, une bande d'illuminés diplômés de je ne sais trop quoi balance sur les médias qu'il n'y a rien de mieux pour la santé qu'aller brouter à la place des vaches, certains vont courir se mettre à quatre pattes dans les prés limite en abattant les vaches pour qu'elles leur laissent la place...
Essayez d'avoir un minimum de sens critique.
Entre idéologie et réalité, il y a tout un monde, un monde qui mérite un minimum de jugeote pour continuer à tourner.
Bon, remarquez qu'à votre âge, mon idéal à moi, c'était une planète sans humanité.
