par Lamantin_Furtif le Dim Oct 27, 2013 15:06
Et non, ce projet n'est pas totalement mort. Il l'a frisé, mais je me suis ressaisis. ça a pour moi été un véritable effort de finir cette fic, mais j'en suis satisfait. La dernière partie est très longue (presque autant que tout le reste de la fic) mais je ne pouvais pas me décider à la couper. (je l'ai déjà trop fait)
Mes plus plates excuses à mon seul lecteur fidèle : Omurah, qui semble avoir quitté le forum avant de voire cette fic se finir.
Il était temps de mettre un point final à ce one-shot qui n'en finissait pas, et c'est maintenant chose faite.
Merci de consacrer du temps à mon humble projet, et sur ce :
Guerres glacées
Quatrième partie: mort et renaissance
Jamais, depuis plus de deux millénaires, la planète Namek n'avait assisté à un homicide volontaire. Des êtres aussi pacifiques et résistants que les nameks n'avaient ni le désir, ni la possibilité de s'entre-tuer aisément. Les arts martiaux y était cependant enseignés avec une certaine discipline, mais seulement pour le contrôle de soi et la valeur sportive qu'ils apportaient. Par leur capacité à ressentir les esprits de chaque semblable sur toute la surface du globe, les nameks restaient de plus connectés en permanence à l'ensemble de leur peuple en une sorte d'empathie fusionnelle. Sans même forcément se connaître, ils avaient une vague perception de chaque autre individu de leur espèce. La moindre souffrance ou détresse recevait immédiatement une vague de compassion et d'empathie générale, ce qui avait achevé de rendre cette civilisation aussi heureuse que mal préparée à son destin.
Car, si le moindre sentiment trop négatif était rapidement perçu et « corrigé » par cet esprit commun, comment alors décrire la sensation de lacération psychique ressentie par tout le peuple namek face au pandémonium de violence et de douleurs qui advint sur les jungles équatoriales ? Chaque blessure, chaque coup porté se répercuta à travers l'esprit de chaque namek en une version atténuée et vague, mais tout aussi traumatisante par sa nouveauté.
L'ensemble de l'escarmouche ne dura pas plus d'une dizaine de minutes, mais elle suffit à traumatiser profondément la planète entière. D'autant plus que tous avaient ressenti que l'issue ne leur avait pas le moins du monde été favorable. Namek avait cependant toujours un stock de combattants plus qu'appréciable à proposer aux envahisseurs.
Slima eut du mal à sortir de la transe dans laquelle le massacre de ses amis l'avait plongé. Les yeux fixés sur l'horizon, il lui fallut quelques instants pour saisir que plusieurs de ses cadets l'observaient en silence, à quelques mètres de là. Le namek, reprit sa contenance avec difficulté et essuya les larmes qui avaient dévalé ses joues. Nettement plus grand et massif que ses camarades, il était surtout le seul membre de la révérée tribu du dragon sur la place. Et son espérance de vie supérieure, tout comme sa force et sa capacité à enfanter lui donnaient maintenant des responsabilités envers les siens qu'il comptait bien tenir. Perdre du temps à consulter les anciens serait une terrible erreur : quelques guerriers vivaient encore sur le champ de bataille, et il pouvait toujours les sauver... Si le chef des ennemis acceptait de quitter les lieux, car Slima ne se sentait pas à même de vaincre celui qui avait tué Schenk. Pas seul.
La sensation des auras familière de ses amis Katats et Holike en voyage vers l'ennemi balaya les doutes du guerrier, qui ne prit que le temps d'adresser un « Je reviens vite, ne vous inquiétez pas. » à la centaine de villageois rassemblés autours de lui avant de disparaître à l'horizon, aussi vite que ses capacités surpuissantes le lui permettaient.
Il arriva le dernier sur les lieux. La terre était brûlée et ravagée sur plus de trois kilomètres, plus un buisson, plus un brin d'herbe. Des monceaux de cadavres éparpillés aux quatre vents venaient apporter de la variété et de la couleur au tableau, dont l'arrière plan était occupé par un vaisseau spatial miraculeusement intact. Mais toute l'attention du namek était accaparée par l'une des deux dernières silhouettes rescapées du charnier : Une sorte de démon colossal, doté de trois têtes identiques fichées sur un torse dénudé et musculeux à six bras, dont deux tenaient des corps de nameks broyés. Le tout mesurait environs trois mètres, saignait abondamment d'une blessure sur l'une de ses trois épaules gauches, et transpirait littéralement la violence. Les deux autres membres de la tribu du dragon étaient restés silencieux, et gardaient les yeux fixés sur l'abomination qui leur faisait face. À gauche, Holike, étiré en hauteur et flegmatique, mais pas moins farouche au combat ; et Katats, plus équilibré en terme de corpulence, le nez crochu et le menton prononcé, ressemblant à un oiseau de proie inquisiteur. L'une des têtes de l'intrus prit finalement la parole, reprise par les deux autres qui continuaient alternativement ses phrases, pour donner le rendu le plus dérangeant et schizophrénique possible :
« Encore trois saloperies à déblayer ?... Commença la première tête.
… Je vais devoir éclater toutes vos affreuses gueules vertes unes par unes ou quoi ? » Termina la seconde en hurlant.
Katats prit la parole au nom de tous :
- Tes méfaits s’arrêtent ici, porteur de mort. Nous avions sous-estimé ta force, mais sache que les guerriers que tu as vaincu n'avaient rien à voire avec moi. Dis moi ton nom, que mon peuple puisse savoir qui a causé tant de douleur.
- Changpa. Mais tu ne vivras pas pour le crier sur tous les toits...
...Tes amis peuvent s'enfuir pour le faire à ta place si ils le veulent, ...
...ça me fera toujours ça de sang en moins à nettoyer. ...
… Vous m'avez quand même surpris : je ne croyais pas tomber sur un groupe capable d'exécuter tous mes hommes. Surtout les deux gros : Ils étaient à combien ? Soixante-dix, cent mille ?...
… Que j'en sois réduit à me transformer pour vous vaincre... C'est la deuxième fois dans toute ma vie...
...Avec cette force, vous pourriez avoir les quatre galaxies à vos pieds, sous les ordres de Flake ou de Cold, mais vous préférez stagner comme des larves sur votre ridicule planète...
- Silence, et bats-toi. Finit par le couper Katats
- À tes ordres, namek.
Le deuxième commando (une espèce de gnome rougeaud aux bras trop longs et excessivement musclés qui boitait) recula de plusieurs dizaines de mètres, légèrement paniqué, alors que les deux nameks firent prudemment un pas en arrière, prêts à intervenir.
Cela ne serait pas nécessaire, cependant, et Slima le savait. Katats était l'un des cinq plus puissants nameks actuellement en vie. Et ce Changpa ne savait manifestement pas le moins du monde estimer les puissances. Ce défaut allait lui être fatal.
Les événements s'avérèrent un brin plus compliqués : alors que les poings du guerrier venu d'ailleurs s'abattaient à une cadence infernale sur le membre de la tribu, bien peu atteignaient leur cible : Fluide et précis, le champion local naviguait entre les coups les plus violents alors que les estocade de moindre puissance ricochaient contre son torse et ses membres sans plus d'effet que de le faire reculer légèrement. Il s'avérait par contre presque incapable de porter un coup décisif à son ennemi, tant les multiples bras l'occupaient efficacement. Il se trouvait cantonné à une posture défensive insuffisante face à l'avalanche de férocité sauvage qui se déchaînait sur lui, comme une tempête sur un rocher. L'ouverture de présentât enfin lorsque, voulant porter un coup décisif, Changpa mobilisa quatre de ses bras pour projeter une monstrueuse vague d'énergie à bout portant. Katats fut contraint de mobiliser ses deux bras pour le parer de manière similaire, que qui l'exposa à une double manchette droit dans la gorge de la part des bras restants. Le natif de namek échoua à maintenir l'attaque énergétique de Changpa, encaissa de plein fouet le contrecoup et fut projeté sur près d'un kilomètre par l'explosion, sonné au milieu un énorme cratère, alors que son adversaire se précipitait sur lui à toute vitesse.
Un très bref regard fut échangé entre Slima et Holike, et en moins d'une seconde, ils décollèrent. Holike, vers le nain rougeaud, et Slima vers Changpa. Il parvint à interrompre le tricéphale en plein vol juste avant que celui-ci n'atteigne Katats ; profitant à fond de l'effet de surprise, il bourra de coups de poing l'imposante masse de chair, tout en tentant de le transpercer au niveau des côtes, sans succès. Slima sentit soudain une double pression sur son bras gauche : deux des mains du guerrier alien étaient parvenues à l'agripper. Il eut à peine le temps de détourner les yeux qu'un double coup de tête lui brisa le nez et plusieurs dents. Cette enflure était forte ! Plusieurs coups de poings furent échangés sans la moindre organisation ou tentative de parade d'une part comme de l'autre, jusqu'à ce qu'un choc d'une extrême violence ne percute Changpa et l'envoie bouler au loin. Katats était de retour.
Les deux nameks tentèrent de communiquer, mais le général déchu se releva d'un seul coup de son point d'atterrissage, et, en un triple hurlement dantesque, fit s'abattre une pluie ininterrompue de kikohas sur ses deux ennemis en même temps, mettant à profit ses six bras. Surpris par la vitesse du rétablissement, ceux-ci encaissèrent l'attaque de plein fouet en serrant les dents. Le déluge de projectiles dura quelques secondes sans faiblir, entamant sérieusement les formidables réserves d'énergie des deux membres de la tribu. Incapable dégager, Slima se mit soudainement à craindre de céder avant que l'assaillant ne fatigue. Déjà, Ses bras transis de douleur commençaient à frémir sous la chaleur et ses os à craquer face à la pression... Puis, tout à coup, ce fut fini. Holike avait achevé d'assommer son adversaire, et venait d'enfoncer profondément Changpa dans la terre. Katats fut sur lui en une seconde, et commença à le marteler de coups formidables et furieux qui crevassèrent le sol un peu plus à chaque impact.
Slima ne se donna pas la peine d'en faire autant : une simple sensation du ki de leur ennemi l'avait renseigné sur la disparition de sa combativité. Le guerrier tricéphale n'esquissa même pas une tentative de se relever. Il se laissa mourir, à bout de forces, face contre terre, le dos réduit en charpie par la furie vengeresse du namek. Après environs une minute d'acharnement, Katats lâcha le cadavre, et se tourna, l'air désolé, vers ses amis. Jamais ils n'avaient eu l'occasion de contempler un regard si affligé et incompréhensif.
Une simple tape sur l'épaule accompagnée d'un hochement de tête compatissant fut encore la réponse que Slima trouva la plus adaptée. Katats partit le premier en direction du village le plus proche, sans se retourner ni prononcer un mot.
Slima et Holike observèrent ensemble le dernier soldat alien, qui gisait inconscient non loin. Aucun ne pouvait prendre la parole, ne voulant ni assumer l'acte, ni forcer son ami à le faire à sa place. Slima se rendit finalement compte que Holike allait prendre la responsabilité lorsque celui-ci se mit à marcher, droit comme un piquet vers le condamné... Qui s'évapora sous ses yeux dans une large boule d'énergie. Le fardeau revenait à Slima. Le voyage de retours se fit sans qu'un mot soit échangé, les deux guerriers se laissant apaiser par leur peuple, encore sous le choc de l'abomination qu'ils venaient d'endurer.
Et le plus dur restait encore à faire.
Il se passa un jour avant que les plus grand chefs et guerriers nameks ne se rassemblent à Nomouska, la grande ville la plus proche de l'équateur sur toute la planète. Jadis, seuls ses natifs en supportaient difficilement la chaleur étouffante. Aujourd'hui, elle était devenue le seul coin civilisé habitable du globe. Les réfugiés arrivaient chaque jour, faisant passer la population de quinze mille à près de cinq millions d'habitants. Il avait fallu construire à la hâte des milliers de blocs d'habitation où étaient contraints de s'entasser les nouveau-venus. Les vieillards et les enfant, affaiblis par le froid ne laissaient aucun repos aux guérisseurs, et la colonne d'exilés ne se tarissait pas. L'eau allait bien finir par manquer, tôt ou tard, et on était déjà contraint de presser les assijas pour en extraire la sève, tant les besoins étaient forts et les réserves d'eau limitées. Les plantes supportaient d'ailleurs extrêmement mal les variations de températures et de temps d'exposition au soleil : la plupart des exilés rapportaient des histoires de forêts mortes et gelées. Avec l'arrachage qui avait ici lieu, on pouvait craindre une disparition de l'espèce.
La notion du temps était devenue une chose vague et lointaine pour tous, et les cycle de vie s'étaient entremêlés pour aboutir à une population à moitié endormie en permanence, ce qui rendait plus que laborieux toute tentative de mobilisation collective et plongeait l'ensemble du peuple présent dans une torpeur hébétée.
Mais tout ceci était encore soutenable, l'esprit commun parvenait à l'éponger, à calmer la tristesse et la morsure du froid comme la brûlure du soleil. Le peuple namek pouvait l'endurer, c'eut sans doutes été la chose la plus abominable à laquelle il ait assisté en des dizaines de millénaires, mais il aurait tenu bon et gardé le moral. Ce qui l'avait véritablement brisé était les événement qui venaient de se produire, moins d'une minute auparavant.
Slima se tenait debout, dans place centrale de Nomouska, avec les quatre-cent trente sept autres chefs de clan de Namek. Des membres de la tribu du dragon, pour l’extrême majorité. Tout au centre de la place venaient de disparaître sept boules de pierre parfaitement lisses, qui avaient été leur plus grand espoir, et qui venaient à présent de les trahir. Tous les nameks des environs devaient avoir parfaitement entendu les paroles de Porunga, et le désarroi du peuple entier se ressentait mutuellement, amplifiée comme jamais par plus de trois millions d'âmes affligées, alors que pour la première fois dans l'histoire, l'esprit commun se retournait contre les nameks. Les onze millions d'habitants de nameks furent simultanément terrassés par la révélation qui, piétinant leurs croyances les plus profondes, venait de s'imposer à eux.
Porunga était impuissant. Le dieu-dragon était trop faible pour les sauver.
Slima parvint finalement à émerger de l'océan de dévastation qui avait empli son cœur. Il résista à l'envie de succomber à la panique et à la terreur généralisée qu'il sentait cogner aux portes de son esprit. Toute sa vie, il avait accueilli avec plaisir les présences rassurantes des siens à ses côtés, mais maintenant, il ne désirait plus qu'une chose : se couper de cette abattement général. Il ferma son esprit à toute perception extérieure, et tenta de se calmer.
Il ne réalisa qu'après une minute que beaucoup de chefs avaient déserté la place. Son regard chercha Katats, en vain. Un rai de lumière traversa soudain le ciel au-dessus de la ville, en direction de l'espace. Slima ne perdit pas une seconde et se dirigea à toute vitesse vers le point de décollage en priant pour avoir tort. Mais ses espoirs furent vains.
Il retrouva Katats avec huit autres chefs de tribu dans le musée des antiquités. Ils étaient complètement épuisés, le toit était démoli, et plus un seul des cinq vaisseaux spatiaux originellement présents n'était encore présent.
« Notre race survivra. »Lui adressa Katats avec un regard navré.
Tous les autres étaient top épuisés par leu ponte récente pour ajouter quoi que ce soit. Ils y avaient tout mis. Et sans doute sacrifié la moitié du temps qu'il leur restait à vivre pour faire naître leurs enfants. Slima observa ce gâchis en une moue dégoûtée. La plupart des ces vaisseaux n'étaient pas fonctionnels. Si la moitié d'entre eux arrivait à bon port, ce serait un pur miracle. Mais il n'y avait là que neuf chefs. Et il en manquait au moins deux cent.
« Où sont passés les autres ? Fit Slima de son ton le pus autoritaire
Un long moment s'écoula avant que la réponse ne lui parvienne :
- Partis l'affronter... Ils vont tenter de tuer le monstre. »
Churon lâcha brusquement le cadavre frigorifié de la bête à fourrure qu'il était jusque-là occupé à dépecer. Le spectacle le plus inattendu possible pour lui venait de se présenter. Dans la pénombre d'où le grand nord ne sortait à présent plus, il voyait voler face à lui des centaines de guerriers verts recouverts de couches de vêtements inutiles contre le froid environnant. Un colossal individu vint se planter devant lui, son visage bleui et couvert d'engelures figé dans une grimace où se mêlaient la peur et l’ire la plus incontrôlable qui soit. Un colossal poing vert agrippa le visage du yitir impuissant qui fut instantanément démoli par un coup de tête d'une férocité inégalable.
Un bruit mouillé et la dispersion de petits bouts d'os et de cervelle sur la glace accompagnèrent un instant plus tard la mort du dernier membre des forces spéciales de Flake.
Le détachement namek transi de froid encercla rapidement la silhouette blanc et jade qui trônait sur un mont de la banquise. Il leur fallut plusieurs interpellation avant que le démon du froid ne semble noter leur présence. Et encore ne prononça-t-il aucune parole : ses deux yeux, brûlants comme de l'azote liquide dévisagèrent les assaillants uns à uns. Puis, alors qu'il prenait l'entière mesure de la menace représentée par ses adversaires, il sembla se détendre d'un seul coup, comme si il relâchait un effort longtemps maintenu.
Le plus puissant et massif des nameks, les doigts durcis par le sang gelé, se rua alors à pleine vitesse vers Flake, immédiatement suivit de tous ses alliés. Pas un n'atteignit sa cible.
Slima referma immédiatement son esprit, il en en avait perçu bien assez. Il vit la plupart des autres nameks présents fondre en larme ou hurler de tristesse et d'impuissance face à ce qu'ils ressentaient depuis l'autre bout du monde. La force brute venait d'échouer là où la magie s'était avérée impuissante. Peut-être les quelques fous ici présents étaient-ils, en fin de compte, les plus raisonnables ?
Slima quitta le bâtiment en titubant. Toutes ses certitudes venaient de s'effondrer en moins d'un quart d'heure. Il déambula comme un fantôme au travers de la ville en proie au désespoir, les gens se cachaient, pleuraient ensemble, fuyaient vers d'autres villes en espérant y trouver des vaisseaux où cacher et faire fuir les enfants. Plus personne ne savait quoi faire, et la débandade se généralisait, amplifiée sans arrêt par la panique commune, comme un incendie. Il sortit de la ville, commença à marcher dans les habitations périphériques, en ligne droite, sans même savoir où le portaient ses pas. Un petit namek maigrelet se planta soudainement face à lui. Slima faillit le percuter, et voulut le dépasser, mais le bras de l'inconnu le retint.
« Il y a toujours un espoir. N'abandonnez pas. »
Et la seconde qui suivit, l'inconnu disparut totalement en un flash de lumière. Slima mit un genoux à terre, totalement submergé par la vague de puissance qui venait de jaillir dans son corps. Il se sentait totalement différent, plus fort qu'il ne l'avait jamais été. Mais il n'était plus véritablement lui-même. Il ne se reconnaissait plus. Plus que sa misérable force, l'inconnu venait de lui transmettre sa détermination. Qui qu'il aie été, ce namek avait tenu bon dans la débâcle ambiante.
Était-ce donc cela la solution ? Une union des esprits ? Un sacrifice de tant d'âme, à commencer par la sienne, pour une victoire incertaine ?
Slima connaissait aussi bien la fusion et ses implications que n'importe quel namek. Il s'agissait ni plus ni moins que du sacrifice total d'une âme au profit d'une autre, qui serait subtilement, mais irrémédiablement altéré. Deux personne disparaissant pour en donner une troisième, plus forte, mais aussi plus troublée par ses deux vies antérieures. La légende d'un guerrier issu de douze fusions voué à vaincre un destructeur de l'au-delà s'était transmise depuis des millénaires. Lorsque, pour vaincre, il dut fusionner une treizième fois, ce fut au prix de son appartenance au peuple namek. Incapable de vivre parmi les siens, le héros victorieux s'était exilé et son esprit si vaste avait depuis erré seul dans les étoiles, à la recherche d'une délivrance qui n'était jamais venue.
Slima ne voulait pas devenir une chose pareille, il tenait à lui-même, tout simplement. Autours de lui, le chaos ne s'était pas calmé. Tout le monde fuyait dans des directions aléatoires. Les cris et les pleurs amplifiaient continuellement. Personne ici ne viendrait ajouter ses forces au combat, ici. Slima quitta la ville, révolté par la seule possibilité qu'il lui restait. Un acte inconcevable et immonde aux yeux de n'importe quel membre de sa race, et que les circonstances lui dictaient pourtant. Il se posa sans un bruit au sommet d'une montagne désertique où la fournaise autrefois écrasante s'était muée en oasis de chaleur rassurante. Et c'est ainsi, assis en tailleur, parodie de son adversaire distant de milliers de kilomètres, qu'il lança, tel un phare de calme froid et déterminé à travers l'esprit commun torturé des nameks, le tout premier appel au suicide collectif de l'histoire de son peuple.
Il se passa un jour, puis une nuit, puis un second jour. Mais la seconde nuit ne vint pas. Le soleil resta là où il était, fixe dans le ciel pendant plus de dix heures, frappant avec force sur le corps et la tête de ce qui avait un jour été Slima, de la tribu du dragon. Cette personne était désormais bien loin, trente et une couches de personnalités diverses l'avaient élimé, pétri, et remodelé. Parmi les sacrifiés, il se trouvait principalement des paysans, mais aussi huit membres de la tribu, dont une créature affaiblie et exsangue qui avait répondu au nom de Katats. Le sur-namek ne s'était pas ému de son arrivée, et l'avait accueilli en son sein, comme les autres. Trente et une âmes sacrifiées pour la cause commune, et il n'en viendrai pas d'autres. L'être le sentait, les derniers nameks mourraient de froid sur la mince limite de crépuscule que l'arrêt de la rotation planétaire avait laissé. Aucun n'aurait plus le courage de le rejoindre, et ce ne serait de toute manière pas nécessaire. Il était devenu bien assez puissant pour écraser son ennemi. Lentement, le namek à présent colossal se dressa de toute sa taille sur le sol brûlant. Il était temps d'en finir avec cette horreur. Il effleura la puissance récemment acquise en augmentant son aura pour léviter légèrement. Toute la montagne fut pulvérisée en une onde de choc apocalyptique par le monstrueux dégagement d'énergie. Il passa quelques secondes à observer l'aura bleutée qui pulsait autours de son corps, surpris et fasciné à la fois.
Un dégagement d'énergie semblable à l'autre bout du globe l'interrompit. La force du monstre des glaces n'avait pas cessé de montrer des perturbations au cours des dernières heures, et elle venait d'atteindre un pic jusque-là inouï. Cela restait bien en-dessous du nouveau combattant. Avec un vacarme de fin du monde, le super-guerrier s'élança à une vitesse phénoménale vers la zone de nuit éternelle et son abominable résident.
Il sentit, dès la terre crépusculaire passée, la morsure d'un froid polaire qui s'était répandu sur toute la moitié du globe. Les océans sous lui avaient commencé à geler, l'air se faisait plus rare, et déjà, du givre se formait sur tout son corps. La vitesse n'arrangeait rien, le rendant encore plus vulnérable aux éléments. Il sentit le sang refluer dans ses veines et sa peau geler, et augmenta l'énergie qu'il déployait, pour réduire l'emprise de la température ambiante. Il ne prit conscience qu'après quelques secondes qu'il ne sentait plus ses doigts ni ses oreilles, et s'enveloppa finalement d'une tempête de flammes bleues qui le protégea plus efficacement. Le voyage ne dura pas une minute, mais ses réserves étaient déjà entamées lorsqu'il atteignit sa cible. Le torse de celle-ci s'était comme désolidarisé au niveau du sternum, laissant voire une chair blanchâtre en pulsation. Il semblait fournir un important effort en contractant violemment les muscles de son ventre. Comme une sorte de ponte, mais en bien plus contraignant... Les yeux rouges se fixèrent sur lui comme deux bougies de haine pure dans la nuit environnante. Une grimace de douleur déforma le visage du démon alors qu'il passa à l'attaque.
Cette fois-ci, Flake ne s'amusait plus du tout, il n'avait plus aucun autre objectif que de broyer l'intrus en une fraction de seconde. Il déporta toute la puissance qu'il avait jusque-là mobilisé pour déplacer la planète sur laquelle il se trouvait pour atomiser le dernier guerrier de Namek. En un instant, le plus puissant combattant psychique de l'univers abattit toute sa rage sur chaque centimètre carré de la peau de son ennemi.
Le namek n'eut pas le temps de lever le bras pour asséner un unique kikoah fatal, comme cela avait été son plan, car son épaule ainsi que tout le membre destiné à cet usage fut instantanément réduit en purée par le pouvoir psychique dont il était la cible. Les deux jambes subirent immédiatement le même sort, et il n'eut que de justesse le temps de concentrer sa phénoménale réserve de ki dans ses os et sa peau pour protéger au moins ses membres encore intacts de l'abominable pression environnante. La difficulté de l'exercice se voyait décuplée par le fait qu'il doive maintenir sa puissante aura sous peine de geler sur place. L'incroyable réserve d'énergie qui l'avait rendu si confiant fondait comme neige au soleil, mais, après un ultime craquement au bas de sa colonne vertébrale, il contint sa douleur et ne recula plus d'un pouce dans le duel d'endurance qui s'était engagé.
Le regard planté dans celui de leur adversaire, le démon du froid et le namek tinrent ainsi plus d'une demie-heure avant que l'un d'entre eux ne finisse par faiblir.
Ce fut Flake.
Sentant la perte de pression sur son corps, le guerrier fusionné tendit immédiatement son ultime bras valide et mis au supplice pour libérer une abominable vague d'énergie droit sur son ennemi. Le kikoah fut largement suffisant pour réduire en vagues flocons l'intégralité de la banquise du continent polaire en une explosion apocalyptique qui déchira les tympans de tous les êtres de l'hémisphère nord de la planète. Le souffle titanesque projeta l'expéditeur des kilomètres en arrière, jusqu'à la limite de l'atmosphère avant qu'il ne reprenne ses esprits et se rue sur la zone vivable.
Il atterrit en catastrophe, sur une formation rocheuse, contre laquelle ses membres inutiles devenus gelés se détachèrent tandis que don corps éclatait la roche sous son poids et sa vitesse. Le héros s'autorisa quelques minutes de repos avant de sonder l'intégralité de la planète pour vérifier si son ennemi était bien mort.
La première chose qu'il détecta fut le faible nombre des nameks rescapés : le froid avait presque achevé son œuvre, et la poignée de survivants semblait mal en point. La seconde le troubla encore plus, si possible.
Il restait une chose vivante, au nord. Mais il ne s'agissait pas du monstre qu'il avait abattu : c'était son enfant. Un énergie semblable pour un esprit encore balbutiant, il n'y avait pas véritablement de doutes à nourrir à ce sujet. Le désormais maître du champ de bataille n'avait pas la moindre idée de la réaction à adopter face à ce nouvel arrivant. Il éluda la question par un besoin plus urgent:les dragon balls. Il avait, au cours de ses fusions successives acquis et compris le pouvoir et le système d'activation de ces artefacts ; si il en reconstituait un set entier à temps, il pourrait rendre à la planète son climat normal, et peut-être sauver les derniers membres de son peuple. Il n'avait aucune idée du temps nécessaire, mais autant s'y atteler le plus vite possible. Tout le monde ne supporterait pas le froid aussi longtemps que lui.
« Rétablis le cycle des jours et des nuits, tel qu'il l'était avant l'arrivée du démon.
- … C'est fait. Quel est ton second veux ? Répondit la voix lourde du dragon sacré.
- Chasse le froid des terres de namek, afin qu'elles redeviennent telles qu'avant l'arrivée du démon.
- … C'est fait. Quel est ton troisième veux ? »
- Le namek eut un temps d'hésitation. « Si tu ne peux pas ressusciter tout un peuple, peux-tu au moins faire revenir le dernier à avoir péris : Slaka ?
- … Cela fait plus d'un an qu'il a rejoint le paradis... Son âme m'est à présent inaccessible.
- …
- Il est heureux, là où il est. Comme tous les autres, je peux te l'assurer.
- Alors... faites que les enfants qui ont fui dans les vaisseaux... Qu'ils vivent, et enfantent, eux.
- Bien, ton veux sera exaucé, je m'en vais à présent. »
Et les dragon balls s'éparpillèrent dans les airs, laissant le dernier namek seul au monde. Enfin, presque seul. Il restait un ultime détail à régler. Comment avait-il survécu jusque-là ? Il fallait vraiment que l'univers entier voulut le mettre à l'épreuve.
Le colosse vert se posa doucement derrière le petit être blanc qui, occupé à grignoter une pousse d'assijas, ne remarqua pas sa présence avant que de longues secondes ne se soient écoulées. Le regard rougeoyant du petit alien rencontra celui de namek en une ridicule copie de la confrontation qui s'était déroulée plus d'un an auparavant. Il rencontra de l'hésitation. De la haine mêlée de solitude et d’apitoiement. La main droite du grand chef namek trembla, alors que les larmes si longtemps contenues s'échappèrent finalement de ses yeux. D'une manière ou d'un autre il fallait en finir.
Le destin jeta une pièce.
Et l'histoire suivit son cour.
FIN.
Dernière édition par
Lamantin_Furtif le Sam Déc 21, 2013 23:23, édité 3 fois.