+1 Batroux pour les règles.
@Bushido : Lalilao a répondu à certaines choses, mais il me semble que l'école ne doit pas être là pour donner un métier. Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne serve pas plus tard. Du coup, la problématique de l'orientation me paraît complètement surréaliste. Surtout quand on dit aux gens d'aller en filière générale (censées ouvrir des portes) pour ensuite leur demander si ils ont un projet. Et on le demande dès le collège parce qu'en fait on est dans un système un peu surréaliste où le lycée absorbe un nombre de plus en plus grand d'individus qui ne sont pas faits pour lui. Du coup l'inquiétude du lycée se reporte sur le collège. Alors que si on raccourcissait la durée moyenne d'études, la question de l'orientation ne serait pas la même, car elle se ferait par sélection d'une part, et qu'on pourrait se concentrer sur des choses plus adaptées. Cela voudrait dire aussi développer les passerelles et les ponts entre les filières, et ce serait possible parce qu'on insisterait sur des socles de connaissances : on ne passe pas en CE1 tant qu'on ne sait pas lire. Et tant pis si ça prend un an de plus. En contrepartie, celui qui a un niveau CM1 passe directement en CM1, ça c'est bien plus égalitaire que faire des classes hyper hétérogènes où le prof est censé faire le grand écart entre l'élève dyslexique à 4 de moyenne et l'élève brillant à 16,5.
J'aimerais revenir là-dessus aussi :
L'anglais est capital car cet la langue universelle et l'histoire géographie...
Je pense qu'on n'enseigne pas les langues à l'école pour communiquer. Sorti de là, l'anglais n'est pas si universel et c'est encore une vision comptable de l'école : c'est pour les bénéfices de l'apprentissage d'une langue que l'on apprend une langue, pas parce qu'il faudra savoir demander si Bryan va bien ou s'il a un beau parapluie bleu. Si les fins de l'apprentissage d'une langue sont la communication pratiquo-pratique, bah Erasmus suffit, ce n'est pas pour rien si un Erasmus ne comprend pas un vrai Britannique qui parle : ce dernier connaît la langue en profondeur et n'utilise pas "nice" pour "gentil, sympa, agréable, joli, doux, aimable" dans trois contextes différents. Il y a au moins 5 mots pour dire mouillé en Anglais, alors si c'est pour l'apprendre comme une langue purement communicationnelle, on peut tout aussi bien commencer l'apprentissage en Seconde. Tout le monde s'en fout. Et puis bon, tu peux passer ta vie à voyager et ne jamais parler Anglais, en fait les contextes culturels où tu parles Anglais ne sont pas si fréquents. Bref, je suis contre l'Anglais comme moyen de communication.
Mais 2h par semaine ça ne sert à rien, à 35 qui plus est.
Suite :
Sur ça, je reprends ce qui m'intéresse :
http://www.meirieu.com/FORUM/grandserre.pdf.
Sur le 2/ Je ne sais pas qui parle de 30% d'enfants ne sachant pas lire. Mais 15% en début de collège, c'est énorme, étant donné la suppression progressive du redoublement, on fait des gens en situation de grande difficulté non seulement pour la suite de l'école (en sixième, on n'est pas sorti d'affaire) mais aussi pour le monde du travail. Du reste, j'avais entendu 20% pour les ados de 15 ans. C'est-à-dire... Seconde ! Je trouve ça incroyable. Bon évidemment, la mesure de l'illettrisme serait un sujet à part entière (et ici, la convention est au moins autant de mise que pour les notes ^^).
Sur le 3/
C'est bien le problème : peu importe que les jeunes aient un diplôme pour avoir un diplôme, ce qu'on veut c'est que les jeunes qui ont un diplôme aient un vrai diplôme. Et surtout, s'ils pouvaient l'avoir 5 ans plus tôt (je force le trait) ça éviterait des peines et des souffrances à une quantité considérable de gens. Notamment les élèves.
Sur le 5/, je cite parce que c'est énorme, au sujet donc de la dyslexie qui serait un "trouble neuronal dans le traitement de l'information notamment écrite" :
On ne voit pas trop comment une méthode de lecture participerait à la constitution cérébrale d’un humain.
Attention, en soi ce n'est pas forcément idiot, mais quand c'est le seul argument, c'est absolument incroyable de dire ça. Et la plasticité cérébrale ? L'apprentissage se fait comment à votre avis ? "participerait à la constitution cérébrale d'un humain". Non mais lol. Et quand bien même, je ne vois pas pourquoi un dyslexique sévère devrait être autorisé à faire des études de lettres (disons, filière générale) si toutefois ses troubles sont trop importants pour qu'il puisse lire un texte. C'est peut-être triste, mais c'est absurde. La filière n'est tout simplement pas adaptée. Mais l'adapter ça veut forcément dire faire de la différenciation et creuser l'hétérogénéité des classes. Et c'est juste ingérable pour les profs, et ça finit par pénaliser tout le monde.
Le 9/ est absolument hallucinant aussi : bah qu'on donne un examen de certificat d'étude à des gamins de Seconde, je serais surpris de voir qu'ils s'en sortent facilement. Ce n'est pas parce qu'on diminue les exigences et que donc plus d'élèves peuvent venir que c'est 1/ bien, 2/ souhaitable, 3/ efficace. Qu'on soit d'accord ou pas sur le fait que le niveau baisse, ce n'est en tout cas pas un argument que de dire que plus de gens font des études. A l'UMPF de Grenoble, les L1 peuvent recevoir des cours d'orthographe...
Suite encore, je cite pas tout, juste le début de ça :
http://www.michelcollon.info/L-Ecole-et ... cents.htmlA l’occasion d’un cours donné récemment à de futurs instituteur et régents, je leur demandai de but en blanc : « à quoi sert donc l’école ? Pourquoi oblige-t-on les enfants à s’asseoir pendant de longues heures chaque jour sur les bancs d’une classe ? » Les réponses fusèrent : « pour former des citoyens responsables », « pour permettre à chacun de prendre sa place dans la société », « pour émanciper », « pour ouvrir l’esprit », « pour offrir aux jeunes la possibilité de choisir leur voie professionnelle en connaissance de cause », « pour assurer l’égalité des chances »...
Ah les braves ! Ils avaient bien étudié leurs leçons ! Au bout de quelques minutes j’arrêtai le déluge. « Tout cela est fort bien, dis-je, mais ce n’est pas du tout ce que je vous demandais ». Déception et étonnement palpables ! Je précisai donc : « La question était : ‘à quoi sert l’école ?’ et non : ‘à quoi voudriez-vous que serve l’école ?’ »...
Ici, le type qui écrit confond apparemment ce qu'on pourrait appeler fonction manifeste et fonction latente : l'école peut très bien servir à émanciper (dans le principe) et servir non seulement des fins mais des buts. Il y a une différence qui n'est pas faite entre le niveau général et le niveau particulier.
Et de leur expliquer la différence entre attentes, discours et fonctions.
Bah oui les pauvres, ils s'aveuglent.
Les attentes que nous pouvons avoir par rapport à l’école sont forcément subjectives, influencées par notre expérience, les valeurs que nous privilégions, nos convictions idéologiques, notre position sociale.
Oui enfin l'institution a un sens aussi, sauf à devenir prof par défaut (ce qui arrive), on embrasse aussi un certain idéal et les attentes ont des effets sur les pratiques des enseignants qui, à leur tour, donnent une couleur à l'institution.
Les discours que chacun tient sur l’école peuvent être un reflet, plus ou moins fidèle, de ces attentes ; mais ils peuvent aussi dire le contraire, par exemple lorsqu’on a des raisons de camoufler ou de déformer ce que l’on pense vraiment.
Je ne suis pas d'accord du tout : le discours peut être une tentative d'objectivation ! Lorsqu'un prof parle de l'école, il prétend généraliser la plupart du temps. Alors bien sûr, à partir de son expérience professionnelle (pourrait-il faire autrement ?) mais sans pour autant être "agi" par ses propres attentes. L'être humain a une capacité de se mettre en dehors de sa propre subjectivité. Sinon, d'ailleurs, on ne voit pas bien comment il ferait de la science.
Enfin, les fonctions de l’école ne disent pas ce que je voudrais que l’école fasse mais ce que l’école fait réellement.
Mais le professeur ignore-t-il ce qu'elle fait réellement ? En tout cas, l'ignore-t-il systématiquement ? Peut-on soutenir qu'il est le plus mal placé pour en parler ? Ce serait quand même étonnant qu'autant de gens se trompent sur leur expérience quotidienne. Du reste, faut-il évacuer les principes ? La soumission au "ce qui est" comme si c'était une fatalité, n'est-ce pas là le terrain des renoncements les plus fameux ? Enfin je trouve ça bizarre quoi.
Elles sont une donnée objective, indépendante de nos attentes et de nos discours.
Bien sûr que non. Nos attentes ont des effets sur nos actions et donc sur l'institution en général.
le produit nécessaire du développement de la société.
C'est quoi un "produit nécessaire du développement de la société" ?
Un peu comme nos organes — main, jambes, yeux... — et leurs fonctions — saisir, marcher, voir... — apparaissent aujourd’hui comme le produit nécessaire de l’évolution biologique.
Bah non justement, pas nécessaire.
Il y a eu plusieurs modèles qui se sont disputés et qui ont discuté des années 1870 aux années 1918, le simple fait qu'il y ait eu plusieurs modèles tant à prouver que l'école n'est pas le produit "nécessaire". Rien ne prédisposait tel camp à gagner. Par contre, si on arrive à trouver le terrain commun d'entente de ces deux camps, on peut éventuellement dire que ce terrain commun était le rail sur lequel était placé l'école depuis le début.
Bon je m'arrête là, c'est trop long.