Enfiiiiiiiiiin bref, accueillez-le donc comme bon vous semblera ; vous pouvez vous montrer trèèèèès gentil avec lui ou alors trèèèèèès méchant (oui, je suis en panne d’inspiration pour les intros, mais ça reviendra soon :p), mais quoi qu'il en soit, j'espère qu'il vous plaira malgré tout. Et pour conclure, je tiens à adresser un
pour tout le temps qu’elle a consacrée à corriger ce chrihkjzdkjd de C-29 alors qu’elle avait plein de trucs sur le feu !
Depuis sa victoire au 24ème tournoi mondial des arts-martiaux, Satan était parvenu à réaliser son rêve le plus cher : quitter le monde de la précarité et enfin appartenir aux hautes sphères de la Terre. À partir de dorénavant et jusqu’à désormais inclus, le champion croquait à pleine dent une nouvelle vie où acclamations, louanges et hurlements hystériques constituaient son quotidien.
Après avoir passé toute une journée à visiter studios télévisés, stations de radio et autres célébrités publiques, Satan, accompagné de sa fille, s’était retiré au sein d'un opulent hôtel comme il en existait peu dans le monde. Exténué par tous ces déplacements, il s’écroula sur l’un des moelleux sofas tandis que Videl, toujours pleine d’énergie, continuait de s’extasier sur les somptueux éléments qui ornaient la pièce.
— Ouah ! s’exclama-t-elle, le regard scotché sur l’immense écran télévisé. C’est vraiment pour nous, tout ça ?!
— Bien sûr, ma chérie ! confirma le papa-poule d’un ton joyeux. Et tu n’as encore rien vu, demain, on sera logé dans un endroit encore plus incroyable !
A la surprise de Satan qui s’attendait à une toute réaction, la fillette semblait plus déçue qu’enjouée par cette nouvelle. Les yeux rivés sur le sol, elle arborait une moue triste, presque au bord des larmes.
— Quelque chose ne va pas… ?
— Ben... c’est juste qu’on va
encore devoir déménager. Je croyais qu’on allait s’installer pour de bon cette fois...
Sa voix étouffée couplée à ses petits tremblements fit se fendre en deux le cœur de Satan. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que sa fille portait un différent regard sur leur nouvel environnement. Plus il s’attardait sur son regard dépité et plus il se haïssait d’avoir été à ce point aveugle. Il se sentit coupable, lui qui pourtant remuerait ciel et terre pour exaucer le moindre de ses désirs, de n’avoir jamais remarqué qu’elle souffrait en silence depuis tout ce temps.
Malgré son épuisement et les nombreuses courbatures qui le martelaient, il trouva la force de se relever pour la rejoindre, s’accroupit devant elle et lui empoigna les mains.
— Pardonne-moi, mon trésor, c’est malheureusement la rançon du succès, murmura-t-il avec toute la délicatesse du monde. Mais je te promets qu’on l’aura très bientôt, cette maison rien qu’à nous ! Tu dois juste te montrer un peu patiente, d’accord ?
La fillette se frotta ardemment le visage pour essuyer le début de larmes qui s’apprêtait à couler à flot ; après tout, elle était la fille de l’homme le plus fort du monde, elle se devait d'être courageuse et de montrer qu'elle pouvait elle aussi se montrer forte.
— D’accord...mais je veux que tu restes pour me raconter une histoire, ce soir !
Satan esquissa un long sourire, satisfait de voir une mine bien plus radieuse sur son visage. Il se baissa de nouveau et agrippa l'un de ses auriculaires à l'aide du sien pour sceller leur pacte.
— C’est promis, ma puce ! Mais avant, ajouta-il en sortant deux feuilles de papier de sa poche qui ressemblaient à des curriculum vitae, je dois réviser les cas de ces deux prodiges.
— Ah, mais je les reconnais ! Tu parles des rigolos de tout à l’heure ?
Spaghetti et
Pyrochouki qu’ils s’appellent, je crois... Ils ont l’air d’être super forts !
— C'est vrai, Ils sont prometteurs pour des rookies. S'ils sont capables de passer mon
Test, j'en ferai peut-être mes disciples.
Épris d'un sixième sens, Satan écarquilla brusquement des yeux. Ni une, ni deux, il attrapa Videl par la taille et se jeta au sol quelques mètres plus loin, évitant in-extremis un pilier rouge haut de deux mètres. Son entrée fracassante pulvérisa la fenêtre par laquelle il était passé et détruisit une partie du mobilier qui se trouvait aux alentours.
— Papa !! paniqua la fillette, terrifiée. Qu’est-ce qui se passe ?!
— Qui est là ?! tonna Satan.
La silhouette qui se tenait sur l’extrémité du pilastre afficha un sourire narquois avant de rabattre sa natte derrière son dos d’un air désinvolte. Taille moyenne, yeux de fouine, expression faciale sans vie, fine moustache... Tous ces éléments mis ensemble facilitaient à former autour de sa personne une aura malsaine. Vêtu d’un kimono rose, un œil attentif aurait remarqué qu’à son dos une inscription semblant désigner sa marque de fabrique - Kill You! - était lisible.
— P-Pas possible..., murmura le père de Videl, les yeux exorbités. Toi...!
— « Mister Satan », commença l’inconnu d’un ton monocorde. Autrefois rebut de la société et aujourd’hui champion du 24ème tournoi mondial... Quelle ascension, je suis impressionné.
Par réflexe, le champion agrippa le poignet de sa fille et recula de quelques pas, tout en veillant à ne pas détourner le regard une seconde.
— Mais c’est qui ce monsieur tout maigre et pas beau, papa ? Tu le connais, dis ? C’est l’un de tes copains ?!
Alors que Videl s’attelait à tirer kimono de son père pour obtenir des réponses, ce dernier n’y prêtait aucune attention, restant aussi muet qu’une tombe. Il avait suffi d’un croisement de regard et de quelques dixièmes de secondes pour que ces affreux souvenirs resurgissent. Au moment où il entendit cette voix glaciale, des dizaines de flashs avaient défilés à toute allure dans son esprit ; des flashs où il se revoyait encore dans ce bar pittoresque, accompagné de son ancien maître, savourant une boisson alcoolisée après un rude entrainement lorsque tout à coup, l’homme qui se tenait en face de lui fit son apparition.
— Qu’est-ce que tu fiches ici, monstre ? hurla Satan qui, prit d'un élan paternel, cacha Videl derrière son dos. Qu’est-ce que tu nous veux ?!
— « Nous ? », tu dis ? répéta Tao Paï Paï, presque vexé. Ne t’en fais pas pour ce microbe, je ne travaille jamais gratuitement.
Les bras croisés derrière le dos, il se laissa glisser le long de son pilier jusqu’à avoir pied. A cette distance, bien qu'il semblait moins impressionnant, Satan n’était pas dupe ; il était bien conscient que ce n’était qu’une impression factice à laquelle il ne fallait pas se fier, car derrière cette apparence frêle se cachait une véritable bête assoiffée de sang et dénuée de toute morale.
— Et quant au pourquoi de ma présence ce soir..., continua le mercenaire d’un air plus sinistre, tu te doutes bien que ce n'est pas qu’une simple visite de courtoisie.
Malgré cette menace on ne peut plus limpide aux oreilles de Satan, ce dernier se permit de souffler un gros coup, légèrement soulagé. Du moment que sa fille ne constituait pas de cible, le reste avait peu d’importance. Toutefois, la situation restait grave, pour ne pas dire désespérée. Il connaissait très bien cet homme, tant de renom que pour avoir déjà croisé sa route par le passé, de ce fait, il était mieux placé que quiconque pour savoir que sa réputation n’était pas usurpée.
— Va-t-en, Videl.
— Hein ? Mais pourqu...
— Ne discute pas ! s’écria Satan, le visage ruisselant de sueur. Cours jusqu’à la réception et attends-moi là-bas, ça ne sera pas long...
Un sourire mauvais sur le visage, Tao Paï Paï ne put s’empêcher d’ajouter une petite réflexion en guise de complément d’information.
— Tu ne crois pas si bien dire, champion.
Je n’ai besoin ni de mes mains, ni de mes jambes pour te tuer... Ma langue suffira amplement.Effrayée par la tournure de cette conversation, Videl obéit sans plus tarder et détala de la chambre à toute vitesse avec l’espoir de trouver de l’aide à mi-chemin. Elle longea le long couloir devant elle, prit les longs escaliers à sa gauche et descendit les marches trois par trois. Quelle idiote, elle faisait ; elle regrettait amèrement d'avoir insisté pour qu'ils soient logés au dernier étage (le vingt-quatrième). A mesure qu’elle s’éloignait, son esprit était épris de questions qui revenaient sans cesse : « Qui était cet homme ? » et « Que voulait-il ? ». Plus concentré par les éventuelles réponses qu’elle pourrait apporter à ces interrogations que par sa progression, elle finit dans sa lancée par trébucher et se cogna violemment la tête sur le bord de l’une des marches. Confuse, elle tenta de se relever mais la douleur lancinante qu'elle ressentait l'empêcha d'arriver à ses fins.
— P-Papa.., chuchota-t-elle avant de perdre connaissance.
De leur côté, Satan et Tao Paï Paï poursuivaient leur conversation dont l’objet était sujet à discorde, l’un semblant plus ennuyé qu’autre chose.
— Comme je te l’ai dit, on s’est déjà croisés, assassin ! insista le champion tout en retirant sa cape et sa ceinture dorée. De l’eau a coulé sous les ponts depuis ce jour où tu l’as tué, mais moi,
je m’en souviens comme si c’était hier... Et aujourd’hui,
TU VAS PAYER !! Tao Paï Paï avait beau se creuser la tête, il ne souvenait pas de cette soi-disant histoire ; mais en même temps, à cette époque, il n’était encore qu’un novice dans la profession. Il lui était souvent arrivé de tuer pour un rien, ce ne serait donc pas vraiment étonnant que cette plainte soit véridique.
— Non, ça ne me dit vraiment rien. Tu m’excuseras de ne pas me rappeler de tous les insectes nuisibles que j’ai pu écraser, vous êtes si nombreux.
Les yeux de Satan s'ouvrirent grands, scandalisé. Un « insecte nuisible » qu’il avait dit ? C’était tout ce que représentait son défunt maître à ses yeux... ? C’en était trop ! Ce sourire condescendant, cette suffisance dans ses paroles, cette méprise abjecte envers l’humanité, c’était plus qu’il ne pouvait en supporter !
— Rassure-toi ! tonna Satan, avant de se ruer vers l’assassin légendaire. J’ai de quoi te rafraîchir la mémoire !!
Une cheville tordue et une affreuse migraine plus tard, Videl reprenait lentement connaissance. Elle s’assit sur l’une des marches et plaquer les deux paumes de ses mains sur ses tempes pour atténuer la douleur. Combien de temps était-elle restée inconsciente ? Quelques minutes ou plusieurs heures ? Le simple fait d’imaginer qu'il pouvait s'agir de la dernière option l’exhorta à mettre les
bouchées doubles pour poursuivre son chemin. Alors qu’elle était sur le point de repartir de plus belle, une voix féminine résonna comme un écho.
—
Fais demi-tour...
— Hein ?
Surprise, Videl jeta quelques regards autour d’elle mais ne vit personne. Presque convaincu qu'il ne pouvait s'agir que du contrecoup de sa chute qui la faisait divaguer, ce mystérieux timbre, qui lui semblait en plus étrangement familier, retentit de nouveau, avec cette fois plus de distinction.
—
Dépêche-toi ou il sera...trop tard !Plus aucun doute possible, quelqu’un essayait bien d’entrer en communication avec elle. Malgré l’étrangeté de la scène, un sentiment indescriptible poussa Videl à croire en cette intonation et s’exécuta sans plus tarder, espérant de tout son cœur arriver à temps avant l’inévitable.
Île privée de Jaguar Batta – Sous-sol.Au sein d’un vaste laboratoire où l’éclairage était réduit à son minimum, tout était sens dessus-dessous. Debout devant un socle où se tenait un étrange aquarium cubique, le docteur Willow, qui titubait bien malgré lui, fixait d’un œil avide
le projet dans lequel il avait consacré tant d‘énergie et de ressources. Tous les détails avaient été finalisés, ce n’était dorénavant plus qu’une question de temps avant que son rêve ne devienne enfin réalité.
— Comment ça avance, Kochin ? demanda Willow, le souffle court.
— D-Dans les meilleures conditions p-possibles, répondit l’acolyte, catégorique. C-Ce ne sera p-pas pour tout de suite, mais
il verra a-assurément le jour.
— Parfait... du moment que sa croissance n’est pas interrompue.
Willow se dirigea d’un pas lent vers l’un des rares sièges encore visibles (les autres étant recouverts soit par de la paperasse, soit par des appareils en tout genre) et s’assit pour se ménager.
— En attendant de pouvoir émigrer en son sein, continua-t-il d’une voix toujours aussi faible, je vais devoir me trouver un autre réceptacle. Je pensais pourtant avoir encore un peu de temps devant moi...
Une mare de sang jaillit soudainement de sa bouche, comme pour vouloir infirmer ses dires. Le liquide n'avait rien d'un rouge éclatant comme on aurait pu le croire, mais tendait plus vers un noir jais.
— ...Mais on dirait bien que je me suis trompé, ajouta-t-il, un sourire ironique aux lèvres.
Kochin poussa un cri de terreur, horrifié par cette scène. L’état de son supérieur n’aurait normalement jamais dû s’aggraver aussi vite et encore moins à ce point. Du moins c’était ce qu’il croyait jusqu’à ce qu’il se rappelle que ces derniers jours n’avaient pas été de tout repos ; ce stress permanent couplé à ce surmenage inhumain avaient dû accentuer le processus de rejet.
— J-Je vais vous chercher v-votre m-médicament !
L’assistant se précipita vers l’une des nombreuses tables basses qui pullulaient dans ce désordre sans nom et sortit d’un tiroir une fiole dans laquelle une dizaine de pilules à l’allure de
baies bleu-violacé étaient entreposées ; fiole qu’il tendit aussitôt à son chef.
— Combien de
candidats encore potables ? demanda Willow tout en ingurgitant cul-sec le contenu de la petite bouteille.
— À l’heure a-actuelle, il ne reste p-plus que le R-Roi Tchapah, Pamputt, les m-maîtres des écoles de la T-Tortue et de la G-Grue, et le tueur à g-gage, Tao Paï Paï.
Willow rassembla toutes ses forces pour réfléchir quant au choix qu’il devrait faire. Même si très puissants, les deux ancêtres étaient bien trop âgés, et donc potentiellement plus fragiles, de ce fait, il les exclue sans seconde pensée. De plus, la soudaine disparition d’un roi aussi célèbre que Tchapah serait vite remarqué ; avec un tel statut ses mouvements se retrouveraient très surveillés et c’était là une chose qu’il ne pouvait se permettre, surtout à l’heure actuelle. Ne restaient donc plus Pamputt et Tao Paï Paï, et au vu des exploits respectifs des deux gaillards, le choix fut vite fait.
— Va pour le dernier, décida Willow. En plus d’avoir une force phénoménale, j’ai cru comprendre que son corps jouissait d’une jeunesse éternelle... Il sera parfait en attendant.
Il leva son bras droit et claqua successivement des doigts. Presque instantanément, une dizaine de petites créatures sortirent de l’ombre et se prosternèrent devant le scientifique, prêtes à répondre au moindre de ses désirs. Très similaires dans la forme à un Saïbaman, seuls leur couleur bleutée et leurs yeux plus arrondis différaient des créations Saïyennes.
— Trouvez ce
Tao Peï Poï et ramenez-le-moi vivant, ordonna-t-il d’un ton ferme. Vous avez une heure, alors exécution !
Les dix silhouettes acquiescèrent d’un hochement de tête, puis disparurent aussi vite qu’elles apparurent. Willow se détendit un peu plus et ferma les yeux, de nouveau pensif. Si tout se passait comme prévu, il pourrait poursuivre son plan initial, mais dans le cas contraire, il devait être prêt à toute éventualité, quitte à devoir utiliser son « ultime » atout pour arriver à ses fins. Un bref moment après le départ de ses subordonnés (deux minutes tout au plus), une alarme stridente - le genre qui ne présageait généralement rien de bon - résonna et fit brusquement sortir Willow de sa torpeur.
— D-D-D-Docteur ! bégaya Kochin comme s’il avait vu le diable en personne. C-C-C’est t-t-t-terrible,
il-il-il e-e-est…!
— Tais-toi ! pesta le scientifique, irrité.
Plus intimidé que vexé, Kochin fit vœu de silence aussitôt et attendit que son maître prenne les choses en mains. Willow se leva bien malgré lui de son siège, s’approcha d’un pas traînant vers les écrans de surveillance, et dévora des yeux la raison qui avait poussé l’alarme à se déclencher, et son acolyte, de paniquer comme jamais.
— Alors c’est comme ça..., murmura-t-il, le visage dégoulinant de sueurs. Tu t’es finalement décidé à vouloir en finir, Gero.
Lévitant à près d’une centaine de mètres, à cette distance, l’îlot ne semblait guère plus grand qu’un petit point noir perdu au milieu de l’océan. C-20, en compagnie de C-17 et C-18, tenait entre ses mains la tête de l’une des bêtes semi-organiques qui avait tenté de s’en prendre à eux quelques minutes plus tôt, et l’observait avec une certaine curiosité qu’il ne cachait pas.
— C’est le genre de créatures que nous allons affronter, annonça Gero tout en faisant tourner le crâne pour mieux l’examiner. Elles ne paient pas de mine à première vue, mais d'après mes données, elles renferment un composant chimique très nocif, même pour nous.
Violette nota d'un signe quelle resterait prudente tandis que Yamcha, à la place d'en faire de même, fronça subitement des sourcils et pivota la tête un peu partout ; fait étrange que ne manquèrent pas de remarquer ses deux compères. Était-ce vraiment ce qu’il croyait où son imagination lui jouait des tours...?
— Un problème, C-17 ? demanda C-18, intriguée.
— Je ne suis pas vraiment sûr mais j’ai comme un mauvais pressentiment. Quelque chose...je sens qu’il y a quelque chose d’anormale.
Piqué dans sa curiosité, C-20 jeta d’un geste nonchalant le membre encore chaud et scanna les environs à l’aide de son radar interne. Il avait déjà entendu parler de ce mystérieux sixième sens que pouvaient développer certains experts en arts-martiaux, et bien qu’à ce jour il n’ait toujours pas saisi les fondamentaux de cette capacité unique, il restait conscient qu’il valait mieux ne pas sous-estimer ce genre d’intuition. S’il y avait quelque chose d’inhabituelle sur cette île, ses senseurs le repéreraient sans plus tarder.
— Tu as dû rêver, commença-t-il, je n’ai...
Gero, pourtant maître de ses émotions en temps normal, n’avait pu s’empêcher d’exhiber une expression faciale horrifiée après avoir lu les dernières données transmises. Il se tourna vers Yamcha et lui jeta un regard approbateur.
— Alors je ne divaguais pas, cette
menace est bien réelle, dit Yamcha, l'air sérieux. Dire que ça se passe sous notre nez...
— Mais quelle menace, à la fin ? Pourquoi je suis la seule à ne rien comprendre ?!
— Peu importe, nous allons immédiatement passer à l’attaque ! coupa C-20, d’une voix paniqué. Connaissant Willow, il a surement déjà dû anticiper notre venue, alors ne baissez votre garde sous aucun prétexte !
— Quoi ? mais attendez une minute, je ne...
Sur ces entrefaites, les Yamcha et Gero fondirent en piqué en direction du luxueux palace, tout de suite rejoins par Violette qui comprit qu'elle n'obtiendrait pas des réponses dans l'immédiat. La courtoisie n’étant pas leur fort, à défaut de sonner à la porte comme toute personne civilisée, ils optèrent pour une manifestation
un brin plus brutale : défoncer le toit à coup de rayons oculaires, et traverser littéralement chaque niveau jusqu’à atteindre le souterrain où se terraient les deux scientifiques reclus ; exploit qui ne passa pas inaperçu compte tenu de l’applaudissement peu rythmé que l’on pouvait entendre.
— Et bien, quelle entrée ! Mais il ne fallait pas vous donner cette peine, j’étais sur le point de venir à votre rencontre pour vous souhaiter la bienvenue, mentit Willow d’un ton sarcastique.
— J’apprécie l’intention, mais vois-tu, je n’ai pas pu résister à l’envie de te rendre la pareille pour ce que tu as fait subir à la porte de mon laboratoire, répliqua Gero, rancunier. Nous sommes quittes maintenant.
Pendant ce temps, dans l’hôtel luxueux.Écroulé sur ses rotules, Satan, criblé de trous, ne cessait de dégobiller du sang dans une quantité impressionnante ; là où le coupable passait pour la
vingt-quatrième fois sa langue sur ses lèvres ensanglantées.
— Et bien, j’ai beau me forcer, rien n’y fait : ton sang est juste imbuvable, nargua Tao Paï Paï tout en crachant sur le côté. Mais je tiens quand même à saluer ton obstination. Avant toi, aucune cible ne m’avait résisté aussi longtemps.
Bien que grièvement blessé, le père de Videl se releva tant bien que mal et adopta une position de combat défensif, déterminé à lutter jusqu’à la fin. Il n’arrivait toujours pas à croire qu’il y avait une telle différence de force entre son bourreau et lui. Dire qu’il s’était entraîné durant plusieurs années pour atteindre ce niveau...
— Va au diable, ordure ! s'exclama Satan, au bord de l'effondrement. Dis-moi plutôt qui c’est ! Qui est le lâche qui t’a ordonné de me tuer ?!
Tao Paï Paï ferma lentement les yeux et soupira. Il avait souvent eu droit à ce genre de questions lorsque ses victimes se savaient perdus, et bien que Satan ait fait preuve d’une résistance admirable, il ne ferait pas exception.
— Même si je n’en ai pas l’air, j’ai une conscience professionnelle. Je ne révèle jamais rien en ce qui concerne mes clients, navré mais tu mourras dans l'ignorance.
Satan écarquilla des yeux, incrédule. C’était vraiment le monde à l’envers, alors même un monstre comme lui avait des principes... ? Malgré la surprise, il passa outre cet état de stupéfaction et se concentra sur la seule chose qui comptait maintenant : la victoire. Déterminé à congédier La Faucheuse, le champion rassembla tout ce qui lui restait de force et commença à s’avancer vers Tao Paï Paï, résolu à l'idée de vivre d'autres lendemains, à profiter de la nouvelle vie qu’il avait chèrement acquise, et surtout, de tenir sa promesse à la personne qu’il chérissait le plus au monde.
— Peu importe que tu veuilles parler ou non, je finirai bien par découvrir son identité !
— Très bien, finissons-en alors. De toute façon, je commençais à me lasser.
L’énergie du désespoir l’animant, Satan se rua sur le mercenaire, le tranchant de la main dirigé vers sa nuque. Un coup. Il était persuadé qu’il n’avait besoin que d’un seul coup pour gagner. Si cette manchette meurtrière pouvait parvenir à frapper de plein fouet le cou frêle de l’assassin, même lui, aussi puissant pouvait-il être, n’en ressortirait pas vivant.
— En récompense pour ta persévérance, murmura Tao Paï Paï qui décroisait les bras pour la première fois, je te tuerai d’une manière
moins dégradante.
D’une vitesse surhumaine, il se mit à bouger frénétiquement la tête : de droite à gauche, de haut en bas en passant par les diagonales, aucune direction n’y échappa. Au fur et à mesure que la cadence s’accélérait, la boite crânienne de l’assassin disparut, ne laissant de visible qu’une natte de cheveux aussi menaçante qu’un fouet ardent.
—
je ne mourrai pas, je ne peux pas mourir maintenant ! pensa Satan.
Une fraction de seconde plus tard, au moment même où il pénétra le périmètre de l'assassin, un « miracle » se produisit : Satan avait appris la Danse de l’Air. Ou du moins, ce fut ce qu’il crut lorsque ce soudain sentiment de légèreté l’envahit. Dans les faits, la coupe de cheveux aussi aiguisée qu’une lame de rasoir avait tranché le cou du champion, lui donnant ainsi, l’espace d’un instant, la factice impression de pouvoir léviter.
— Personne n’échappe à sa
destinée, chuchota Tao Paï Paï d’une voix pleine de fatalité.
Videl, qui venait tout juste d’arriver, assista bien malgré elle à ce dénouement tragique. Choquée par cette vision d'horreur, elle ne put s’empêcher de fixer d’un air incrédule le tronc baignant dans son sang, ainsi que l’expression d'effroi du membre décapité.
— P-P-Papa... ?
Lorsqu’elle réalisa enfin ce qui s’était passé, son corps réagit au quart de tour : elle vomit tout ce qu’elle avait ingurgité tantôt, s’effondra sur le sol, et éclata en larmes. Bien qu’il s’aperçût de sa présence (les pleurs aidant pour beaucoup), Tao Paï Paï ne daigna pas lui adresser un regard, plus occupé à essayer de contacter son employeur. Employeur qui, pour une raison qu’il ignorait et ne pouvait deviner, ne décrochait toujours pas malgré ses nombreuses tentatives ; il se résigna finalement à laisser un bref message vocal.
— C’est moi, Tao Paï Paï.
Tao Paï Paï.— La cible « Mark Satan » a été éliminée avec succès, Lord Jaguar Bata.
Lord Jaguar Bata.— Préparez les
trois-cents quarante millions comme convenu, je serai là dans trois jours, termina le mercenaire.
Ces deux noms... C’était donc ainsi que se nommaient les monstres qui en avaient eu après son père, et qui avaient par la même occasion détruit sa vie. « Pourquoi ? » Ce mot interrogatif était l'unique la seule et unique question qui revenait sans cesse dans sa tête.
—
ESPÈCE DE MONSTRE !!! craqua-t-elle soudainement. Tu as tué mon papa ! Pourquoi t’as fait ça, assassin ?! Dis-moi pourquoi !!
La rage l’emportant sur la peur, elle se jeta sur le meurtrier avec la ferme intention d’obtenir des réponses coûte que coûte. A chaque « pourquoi » qu’elle hurlait, elle lui administrait une multitude de coups de poing sur les jambes, sans grand effet malheureusement.
— Tu n’avais pas le droit de faire ça ! Rends-le-moi !!
Le cœur aussi froid qu’un iceberg, Tao Paï Paï ne se laissa pas le moins du monde attendrir, au contraire, ce genre de caprice l’irrita plus qu’autre chose. Il l’agrippa sans une once de délicatesse par les cheveux et la souleva aussi facilement qu’une plume.
— Je ne tue que lorsqu’on me paie, informa-t-il avant de lancer violemment Videl sur une armoire vitrée.
Néanmoins, comme tout bon commercial et professionnel qui se respectait, il sortit de l’une de ses poches une petite carte avec ses coordonnées et ses honoraires inscrits dessus, et la jeta avec nonchalance au pied d’une Videl encore étourdie par le choc.
— Si tu tiens tant que ça à mourir de ma main, tu n’as qu’à m’engager. Mais
en attendant, tu n’as qu’à jouer aux billes !Ceci fait, Tao Paï Paï se dirigea vers son pilier incrusté au sol, le sortit des décombres sans grand effort, et le projeta à des kilomètres à la ronde ; dans la foulée, il se dépêcha de saisir la tête de Satan - une preuve avait été exigée de la part de son employeur - et sauta d’un bond majestueux rejoindre son moyen atypique de locomotion.
Videl,
en position latérale de sécurité, pleurait en silence, les yeux rivés sur la carte de l’odieux personnage. Plus elle fixait le bout de carton et plus elle maudissait son impuissance, faiblesse et fragilité. Si elle avait été plus forte, si elle avait accepté de s’entraîner au côté de son père, peut-être que tout ceci ne se serait jamais arrivé...
—
Tao Paï Paï, Jaguar Bata... Tao Paï Paï, Jaguar Bata... Tao Paï Paï, Jaguar Bata..., marmonna-t-elle tout en mordillant son pouce, je vous tuerai !
Îlot privé - Les souterrains.La tension était à son comble, à un tel point que le simple battement d’ailes d’une mouche aurait retentit comme un bruit de tambour. Les deux parties restaient impassibles, préférant attendre que l’autre fasse le premier pas. Gero, bien que toujours sur ses gardes, ne put s’empêcher de jeter quelques regards aux alentours, envieux. Il y avait là tout une gamme de matériels rares et très onéreux dont il aimerait beaucoup mettre la main dessus. De son côté, Willow aussi convoitait avec une avidité non dissimulée
une chose que son confrère possédait : Yamcha. Ce corps si vigoureux, cette sensation de puissance qui émanait de lui... Il aurait été parfait s’il avait pu mettre la main dessus.
— Qu’est-ce qu’on attend au juste ? demanda C-18 qui s’impatientait. On peut les écraser facilement !
Gero souffla, déçu de constater que ses avertissements étaient passés sous l’oreille d’un sourd. Il avait pourtant bien précisé dans ses nombreuses mises en garde que Willow n’était un adversaire à sous-estimer au risque de se brûler. Remarquant l’humeur maussade de son confrère, le principal concerné s’esclaffa, non pas du rire simpliste qu’on lui connaissait, mais d’un rire moqueur.
— C’est une ravissante sotte que tu as déniché là. Bien charmante, je le reconnais, mais très stupide.
— Répète ça si tu l’oses, espèce de dégénéré !
— Du calme, C-18, ne tombe pas dans ce piège grossier, tu vaux mieux que ça ! coupa Gero d’une voix ferme. Quant à toi, Willow, je ne t’apprendrai rien en te disant que tu as toujours été trop sûr de toi... Et c’est bien ce qui te perdra aujourd’hui.
Ils se dévisagèrent un bref moment avant que le propriétaire des lieux cède à ce duel visuel et leur tourne le dos. Les mains dans les poches, il s’éloigna de quelques pas pour s'appuyer sur une table et reprit d’une voix puissante.
— Peut-être que oui, peut-être que non, qui peut vraiment savoir ? En attendant, j’ai bien peur que tu ne doives passer par mon
comité d’accueil si tu veux t’en prendre à moi.
Soudain, trois ombres menaçantes jaillirent du sol et se placèrent entre les deux factions, surprenant Gero qui grinça des dents. Dire que ces immondes créatures étaient depuis tout ce temps tapi dans l’ombre aussi prêt de sa personne. Ses yeux cybernétiques se posèrent lentement sur chacun d’eux, récoltant au fur et à mesure des données sur leur composition, nature, ainsi qu’une multitude de détails qu’il utiliserait à bon escient.
Près de quatre mètres de haut, une peau aussi lumineuse que le soleil, le corps obèse et huileux de la première créature était recouvert de pustules, prêtes à éclater. Au sommet de son tronc, une petite tête épineuse à l’allure disgracieuse couronnait le tout. Le second sous-fifre était radicalement différent du premier. Plus petit que C-18, sa peau verte à pois rouge arborait les mêmes caractéristiques que celle d’un alligator. Sur ses épaules, cuisses et genoux, de petits embouts noirs dépassaient de quelques centimètres et semblaient avoir une utilité toute particulière. Enfin, le troisième et dernier subordonné restait bien plus impressionnant du fait de son physique herculéen. Ses longs cheveux rouges comme le sang, et sa peau aussi rose qu’un flamant, contrastaient avec l’expression dure et froide qu’il exhibait en permanence.
— Permettez-moi de vous présenter Misokatsun, Kishime et Ebifurya, dit Willow dans un élan de fierté, mes trois plus puissants et loyaux serviteurs.
— C'est ça que tu appelles « puissants » ? se moqua Yamcha, un rictus aux lèvres. On ne doit pas avoir la même définition du terme, tes monstres sont extrêmement faibles !
— Tu n’as pas tort, avoua-t-il sans s’en cacher. Si on en vient au domaine de la force pure, ils ne vous arrivent effectivement pas à la cheville. Cependant, je crois que tu es mieux placé que quiconque pour savoir que sous-estimer ton adversaire peut s’avérer... très dangereux, non ?
Les traits de Yamcha changèrent du tout au tout, à tel point qu’il semblait désormais méconnaissable. L’expression joviale qu’il exhibait en temps normal avait laissé place à une mine sombre, faciès qui intimida un bref moment tous les acteurs présents. Bien qu’il n’ait toujours pas recouvert toute sa mémoire, sa fierté avait été blessée par cette remarque, comme s'il savait qu'il y avait un fond de vérité. Voyant que la situation pouvait se dégrader d’une seconde à l’autre, Gero intervint juste à temps pour calmer les ardeurs de son guerrier.
— Calme-toi, C-17, je vais avoir besoin de toi pour mettre en déroute son armée.
— Oh ! S’exclama Willow, stupéfait. On ne peut vraiment rien te cacher, vieux renard !
— Tss, qu’est-ce que tu crois ! Mes capteurs ont repérés ces étranges sources de chaleur depuis un moment ! Qu’est-ce que ça veut dire, Willow ? Comment as-tu pu en créer autant ?
Ne tenant plus, le scientifique plaqua une main sur ses yeux et éclata d’un rire tonitruant. Voir la tête déconfite de l’homme qu’il considérait comme sa némésis était un rare luxe auquel il se devait de profiter un maximum.
— Mais rien de plus simple,
très cher : lorsque l’on a disposition un idiot qui nous laisse puiser à volonté dans ses ressources presque infinies, on peut se permettre ce genre de...
petites folies.— Pauvre fou ! beugla Gero, sidéré face à tant d’irresponsabilités. Tu tiens vraiment à condamner cette planète ?!
Pour toute réponse, Willow lui adressa un long sourire qui en disait long sur ses intentions. Il écarta soudainement grand les bras et hurla à s'en détruire les cordes vocales :
— Prenez vie mes enfants !! Il est temps pour vous de découvrir ce monde !!!
À l’entente de cette voix, l’île entière se mit subitement à trembler de manière anormale. Les vagues fouettaient les falaises avec violence tandis que le volcan, endormi depuis plusieurs siècles, s’était réveillé du pied gauche, balançant de multiples jets de lave qui exprimaient un mécontentement manifeste. Quelques secondes plus tard, un autre phénomène majeur se produisit : sur chaque mètre carré existant, au sein de chaque petite parcelle de terre fertile, une petite créature bleutée similaire à un Saïbaman poussait telle une plante et prenait vie, répondant à l’intonation de Willow comme s’il s’agissait de la lumière et de l’eau dont elle avait besoin pour vivre et s’épanouir. Très vite, la végétation verdoyante, les plaines, les collines, les plateaux et les montagnes furent recouverts d’ une marée de petits monstres bleus à l’allure difforme.
— Mais qu’est-ce que tu viens de faire..., murmura Gero, éberlué.
Grandement épuisé par cet effort considérable, les cheveux de Willow prirent subitement une teinte grisâtre, comme s’il venait de vieillir de plusieurs décennies. Le reste de son corps semblait également avoir été affecté au vu de la perte de poids manifeste et des multiples rides qui ornaient sa peau désormais flétrie. Les jambes flageolantes, il s’écroula sur ses genoux, respirant avec difficulté, mais tout de suite assisté par un docteur Kochin encore plus paniqué que d’habitude.
— Ça y est... ils sont enfin là... mes
cents-milles progénitures viennent de prendre vie, chuchota-il, la voix étouffée.
De son côté, Gero fut si absorbé par les effrayantes informations que lui transmettait ses capteurs qu’il ne remarqua même pas le changement drastique chez son confrère. Ce ne fut qu’après plusieurs dizaines de secondes de consternation qu’il décida à stopper cette hémorragie pendant qu’il en était encore temps.
— C-17 ! Ces monstres sont composés d’un élément chimique très toxique capable de détruire toute vie sur Terre, tu dois absolument les empêcher d’atteindre l’océan ! Toi, C-18, tu vas m'exterminer ces trois larbins, veille à ce qu’ils ne le gênent pas !
Comprenant la gravité de la situation, les deux Cyborgs ne donnèrent même pas leur approbation qu’ils quittèrent sans plus tarder le laboratoire pour rejoindre l’extérieur ; action tout de suite imitée par les trois serviteurs de Willow qui n’avaient pas l’intention de les laisser faire ce que bon leur semblaient.
— Tu ne te rends même plus compte de ce que tu fais, Aaron ! pesta Gero. Regarde ce que tu es devenu ! Vois un peu où ta folie t’a conduit !
Appuyé sur son collègue, Willow utilisa toutes les forces qu’il venait d’emmagasiner pour se relever, et fusilla du regard celui qui osait lui donner des leçons. Comment osait-il alors qu'il en aurait fait autant s'il avait été dans sa situation ?!
— La ferme ! Je vénère cette planète autant que tu l’adores ! C’est juste, poursuivit-il, toujours aussi affaibli, que si je ne peux pas l’avoir, alors personne ne l’aura.
C-20 crissa des dents, conscient qu’il restait impuissant face à une telle situation. Au vu de sa force actuelle et de la condition de son confrère, il pourrait facilement en venir à bout, mais quid des éventuelles conséquences ? Et si cette action - aussi tentante pouvait-elle être - venait à provoquer une réaction en chaîne ? Après tout, la probabilité que la mort de Willow vienne à déclencher un système de défense chez ces créatures, empirant encore plus la situation, n’était pas nulle.
Le responsable de cette situation sans précédent se mit à ricaner, amusé. Bien que sa vue ait elle aussi grandement diminuée et qu’il ne percevait désormais plus que des formes floues, il imaginait très bien le faciès déformé par le doute et l'inquiétude qu'arborait actuellement son collègue.
Mais aussi agréable que cela soit-il, toute chose avait une fin.
— Arrête de t’inquiéter, Gero, et suis-moi plutôt. J’aimerais te montrer quelque chose qui me tient beaucoup à cœur et que j’aimerais partager avec toi... pendant qu’il en est encore temps.
— M-M-M-Mais D-D-D-Docteur Wi-Wi-Willow ! s’exclama Kochin qui tombait des nues. V-V-Vous n’y p-p-p-p-pensez p-p-p-pas !
Sans prévenir, une succession de rayons oculaires jaillirent de C-20 et transpercèrent de part en part le corps de Kochin qui rendit presque instantanément l'âme, le visage encore marqué d'une totale incompréhension.
— Je suis déjà assez énervé, maugréa-t-il, une veine saillante sur le crâne. Une nuisance sonore était bien la dernière chose qu’il me fallait !
Bien qu'il fût son collègue de longue date, Willow resta froid devant cette exécution furtive. Il n'avait jamais rien ressenti pour lui, si ce n'était qu'il le considérait comme un outil utile.
— Merci de m’en avoir débarrassé. J’aurais probablement fini par craquer à un moment ou un autre.
Hors de lui d'avoir perdu son sang-froid, Gero s'approcha de Willow et le souleva par le col.
— Il suffit, j’en ai plus qu’assez ! Explique-toi maintenant, qu’est-ce que tu manigances au juste ?!
Le concerné pointa du doigt un coin reculé du laboratoire, précisément l’endroit même où Kochin et lui avaient travaillé sur ce long « projet ».
— Je n’ai plus la force de marcher... Aide-moi et je satisferai ta curiosité.
À l’extérieur de l’île, des affrontements faisaient rage sur plusieurs fronts. Tandis que Yamcha s’attelait à désintégrer les pénibles créatures bleutées une à une, Violette luttait avec hargne contre les trois serviteurs de Willow ; chacun étant occupé avec son propre poison, l’un ne pouvait malheureusement venir en aide à l’autre.
— Bon sang, il y en a beaucoup trop ! fulmina Yamcha, agacé. À ce rythme, j’en ai pour des jours avant de tous les exterminer !
Malgré sa puissance quasi-infinie, C-17 n’en voyait pas le bout. Il avait bien envisagé de faire sauter toute la zone, mais il abandonna aussitôt cette idée lorsqu’il songea aux conséquences : la probabilité que l’une de ces créatures soit expédiée dans l’océan et y répande son
fluide nocif était beaucoup trop élevée. De plus, il y avait également un risque non-négligeable que Violette soit prise dans l’explosion, et ça il ne pouvait se le permettre. Et pour couronner le tout, il ne pouvait se défouler sur ces saletés au corps-à-corps comme il l’aimerait sans en payer un certain prix. La dernière - mais aussi unique - fois qu’il avait tenté un contact physique, le mystérieux liquide argenté qui jaillit du corps avait touché son poing, provoquant aussitôt une détérioration des tissus de sa peau qui s’étaient effrités comme de la biscotte.
— Oh, arrête, tu vas me tirer une larme ! répliqua C-18 qui avait tout entendu des gémissements de son compagnon. Je te signale que je dois gérer ces horreurs dotées de capacités très chiantes, et pourtant, tu ne m’entends pas me plaindre !
Malgré sa supériorité écrasante en terme de puissance brute, l’excellent travail d’équipe dont faisaient preuve ses adversaires l’empêchait de prendre le dessus et d’en finir. Le plus énorme et élastique des trois - Misokatsun - servait de bouclier humain quasi-invulnérable, encaissant à chaque fois toutes attaques destinées à ses compagnons.
— Et merde ! Pourquoi tu n’éclates pas, espèce de grosse baudruche ?! tempêta Violette dans un énième assaut de nouveau mis en échec. Mes coups n’arrêtent pas de rebondir sur ta graisse, c’est dégoûtant !
Alors qu’elle essayait de dépêtrer son poing du répugnant corps huileux, Kishime, la créature reptilienne verdâtre, profita de ce moment pour asséner un coup en traître dont il avait le secret. Il empoigna les deux embouts noirs enfoncés dans ses cuisses et les retira d’un seul coup, tenant désormais entre ses mains deux longs os de la taille d’une colonne vertébrale. Sans prévenir, il enroula ces dernières autour de cou de Violette et libéra une décharge surpassant de loin le potentiel électrique de la foudre.
— Bordel ! ragea-t-elle tout en essayant de se libérer de l’étreinte. Je l’avais complètement oublié celui-là !
Kishime répétait inlassablement l’action, libérant toujours autant d'énergie, et au vu de l'odeur de brûlée qui se dégageait du corps de C-18, ses efforts commençaient à porter leurs fruits.
— Violette ! s’écria Yamcha qui remarqua la mauvaise posture de sa compagne.
N’ayant aucune intention de lui laisser le temps d’intervenir, Ebifurya, le dernier des trois lascars, s’interposa à temps pour asséner le coup de grâce. Après avoir inspiré un gros bol d’air, il cracha une gigantesque vapeur bleutée qui frappa de plein fouet l'ancien colonel, la transformant, à la surprise de Yamcha, en statue de glace.
Dans les souterrains, C-20 n’en revenait toujours pas de ce qu’il avait entendu, vu, et surtout comprit en quoi constituait le fameux « projet ultime » de son confrère qu’il aidait à tenir sur ses jambes. Cela lui semblait tellement dément...
— C’est mon chef-d’œuvre, annonça Willow d’une voix emplie de fierté, qu’est-ce que tu en penses ?
Gero reprit consistance et mit de côté sa rivalité pour laisser son objectivité s’exprimer. Lui, qui avait toujours été fasciné par l’innovation, cela ne pouvait pas mieux tomber.
— J’admets que c’est une ascension formidable dans le domaine de la biotechnologie. Par contre, de mon point de vue, je continue de croire que tu es complètement cinglé d’avoir eu l’intention de greffer ton cerveau dans cette
chose.
— Et c’est celui qui a transplanté le sien dans un corps artificiel qui dit ça.
Gero roula des yeux, comme s’il s’attendait à ce qu’on lui fasse une remarque de ce genre. Pas de chance pour son interlocuteur, il avait déjà prévu son argumentaire pour la riposte.
— Tu sais aussi bien que moi qu’il y a bien moins de danger à procéder à ce genre de transfert sur des machines qu’avec de la matière organique, les risques de rejets sont incomparables !
— Hé ! Hé ! Toujours là pour avoir le dernier mot, nota Willow, un sourire sincère eux lèvres. Mais je dois t’avouer que c’est un aspect que j’ai toujours apprécié chez toi.
Il se dépêtra de l’épaule de son confrère, s’assit sur le sol poussiéreux et sortit une cigarette qu’il alluma. Conscient qu’il n’avait désormais plus beaucoup de temps devant lui, il décida de jouer franc jeu.
— Tu l’ignorais peut-être mais Brief lui-même à l’époque avait reconnu que ton génie se situait dans une toute autre catégorie. Dire que ça m’a pris plusieurs décennies pour m’en rendre compte...
Gero le fixa d’un œil qui ne laissait transparaître aucune émotion compatissante.
— Chercher à m’amadouer ne te sauvera pas, Aaron. Pour le bien de l’autre, et pour celui de cette planète, l’un de nous devra périr aujourd’hui.
— Je sais. Et je suis aussi conscient que ce sera moi..., avoua-t-il sans chercher à le nier. Je tenais juste à te montrer l’achèvement de toutes ces années de travaux acharnés avant l’inévitable.
Gero s’approcha un peu plus de l’aquarium cubique. Lorsqu’il força davantage sur sa vision, il put voir qu’au milieu de ce formol verdâtre, une petite créature de la même couleur barbotait. Bien qu’actuellement dénuée de toute forme d’intelligence, l’être minuscule observait avec curiosité l’homme cybernétique qui le dévisageait.
— Combien de temps avant qu’il n’arrive à maturation ?
— Tel qu’il est maintenant, dans un peu moins de cinquante-ans,
quarante-huit selon Kochin.
— Je pourrais facilement faire en sorte que ça prenne moitié moins de temps sans pour autant changer ses propriétés, affirma C-20 sans une once de vantardise.
— Et bien, je n’en attendais pas moins de...
De nouveau, une importante mare d'hémoglobine jaillit de sa bouche et le coupa ; processus qui se répéta via ses oreilles, yeux et narines. Désormais, Willow était si pâle qu’on avait presque l’impression qu’il pouvait passer l’arme à gauche d’une seconde l’autre.
— Tu es condamné, rien ne pourra te sauver à ce stade, annonça Gero avec fatalité. Mais je peux faire en sorte d’abréger tes souffrances maintenant.
Willow émit un bruit qui ressemblait à un mélange entre un ricanement et une toux sèche.
—Avant..., articula-t-il avec difficulté. Accorde-moi... une dernière... faveur.
Plus les secondes s’écoulaient et plus son état empirait. Ses yeux améthystes avaient perdu de leur superbe, leur couleur si caractéristique et éclatante avait laissé place à un blanc crème, signe que la cécité avait déjà commis son méfait.
— Dis-toujours, même si je ne garantis rien, dit Gero, toujours aussi insensible face à cette vision déplorable.
Willow prit une nouvelle et longue inspiration - la dernière d’après ses estimations - et divulgua tout ce qu’il avait sur le cœur.
— Au fond... toi et moi, on a toujours partagé... le même idéal, non ? On a toujours cherché... à mettre au monde... la plus puissante créature qui puisse exister. Rends ça concret, c’est ma dernière... volonté.
Gero tendit une main vers son confrère et commença à générer une boule d’énergie au centre de sa paume.
— Cet être existe déjà et il se nomme C-17, affirma Gero d’un ton sans réplique. Navré de te décevoir, mais j’ai d’ores et déjà réalisé cet object...
Il s’arrêta net lorsqu’il s’aperçut que son vieux camarade de classe n’était déjà plus de ce monde. La seule chose qui subsista un temps soit peu fut la cigarette qu’il avait allumée tantôt et qui, faute d’appui, finit par tomber avant de se consumer d’elle-même.
— Tu aurais au moins pu me laisser terminer..., chuchota Gero, les poings serrés.
Au même moment, les créatures bleutées faisant office de bombes à retardement écologiques, ainsi que les trois bio-guerriers, fanèrent comme de veilles plantes, comme si la mort de leur maître avait instantanément provoqué la leur.
— Tu avais vraiment tout prévu, imbécile, murmura Gero, frustré de s’être fait mener par le bout du nez.
Il s’approcha de l’aquarium, colla délicatement les deux paumes de ses mains sur la vitre, et dévora des yeux le petit embryon. A mesure qu’il fixait la petite forme de vie, de d’hypothèses sur une éventuelle fusion entre la machine et l’organique lui traversaient l’esprit.
— En hommage à ton génie exceptionnel, je vais respecter ton dernier souhait et faire de cette créature l’être le plus puissant de l’univers, promit Gero d’une voix solennelle. À partir de maintenant, tu m’appartiens,
Cell.