Qu'est-ce que la mauvaise foi te fait pas dire...
En tout cas il n'y a pas d'acte sexuel (et d'autant plus qu'on n'est pas dans le domaine de l'érotisme : "te couvrira de son ombre" est utilisé dans l'Exode et dans Nombre et signifie que Dieu est présent à son peuple).
J'attends donc que tu me cites où, quand et comment ce dieu lui demande si elle serait bien d'accord pour faire un enfant avec lui.
Bah c'est simple : c'est une vocation, Dieu appelle (vox, vocis) Marie ("le Seigneur est avec toi" en Luc I, 29 ; mots qui apparaissent souvent dans les récits de vocation, par exemple dans l'Exode en 3,12, Dieu dit à Moïse : "Je suis avec toi") ; Marie accepte cette vocation, elle accepte de suivre Dieu, par les mots : "Je suis la servante du Seigneur".
Ah et ne me dis pas que tu n'es pas convaincue, je m'en fous, c'est simplement ce qui se passe. Si ensuite tu ne veux pas comprendre, tant pis pour toi. Ce n'est pas à toi de faire une interprétation bancale et ensuite la reprocher aux chrétiens. Ou bien tu prends celle que donnent les chrétiens et on discute sur cette base, ou bien tu fais la tienne, mais puisque tu n'es pas croyante, ça n'a strictement aucun intérêt (et même hors-sujet, techniquement, puisque dans ce cas, on ne parle pas de "religion").
En tout cas, il ne faut pas oublier que les Évangiles sont des récits reconstitués, pas des descriptions circonstanciées (Matthieu n'était pas là quand l'ange s'adresse à Joseph, Luc pas là quand l'ange s'adresse à Marie, et la preuve c'est que les anges ne s'adressent pas à la même personne dans les deux cas).
Désolé de me servir de ma propre version mais je pense que tu es allée chercher la tienne sur Internet et que tu n'as pas lu l'Annonciation (qui ne se trouve que dans Luc, pas dans Matthieu, sérieux indice que tu dis un peu ce que tu veux puisque tu ne serais pas si littéraliste sinon).
"Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l'as dit !" (ce qui est quand même un peu différent) sauf qu'elle ne fait que dire qu'elle se met au service de son Seigneur (oui pardon, c'est pas Jo le plombier), et la seule chose qu'elle trouve à demander c'est de savoir comment c'est possible vu qu'elle n'a pas de relations conjugales, signe qu'elle n'a pas l'air trop affolée. D'ailleurs elle n'est pas saisie par la crainte quand l'ange arrive, mais elle réfléchit au sens de cette apparition inattendue ("elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation"). En fait, chez Luc, Marie est assez "active" au sens où elle cherche à savoir et à comprendre le sens de tout cela. L'Evangile de Luc est un évangile pour féministe :p
Je répète que ce sont des récits composés d'après des sources disparates. Le ton des quatre évangiles est ainsi assez différent et le propos (pas dans le fond bien sûr) aussi.
Autre remarque méthodologique : Marie vivait à une époque où les femme (et les hommes, d'ailleurs) n'avaient pas trop leur mot à dire sur le mariage, Et Luc de même, donc normal que la notion de consentement chez Luc ne fût pas la même que chez nous (quoiqu'elle existât), donc qu'il ne raconte pas en insistant sur la question de savoir si Marie a bien signé un contrat avant de recevoir l'enfant de Dieu. Mais le consentement est implicitement montré, bien entendu (puisque Marie est active et ne refuse pas du tout mais au contraire a une attitude active).
Enfin, je rappelle que c'est cool de faire l'interprétation que l'on veut de la Bible, mais dans ce cas, il ne faut pas reprocher aux chrétiens l'interprétation qu'on fait nous même, puisque ce n'est pas forcément la leur. Ou bien on a son interprétation et on emmerde personne, ou bien on veut attaquer les chrétiens sur leur interprétation mais dans ce cas il faut aller voir ce qu'ils font. Mais cela nécessite aussi de s'interroger sur comment ils interprètent. Chez les Juifs, "interpréter" n'a pas du tout le même sens que chez les Chrétiens par exemple.
Bien sûr, libre à nous de trouver qu'interpréter un texte sacré c'est nul, mais de fait, les textes sacrés étant assez obscurs voire contradictoires, les trois religions monothéistes (et pas "nées à Jérusalem") ont inventé des solutions interprétatives qui leurs sont propres. C'est la façon qu'ils ont de vivre leur foi, il n'y a rien à dire là-dessus, et surtout pas quelque chose d'aussi con que "si Dieu existait, il ne ferait pas comme ça", à quoi on pourra toujours rétorquer : "qu'en sais-tu ?".
Bref, il y a deux façons de parler de religion : ou bien en prenant la position du croyant, donc en s'intéressant aux constructions de l'esprit gigantesques qui rendent compte des textes sacrés ; ou bien en se plaçant à l'extérieur de la croyance et en s'attachant aux simples caractéristiques de la religion en général ou d'une religion en particulier. On peut aussi ne pas avoir de position descriptive et porter un jugement moral sur les religions ; ici deux solutions : ou bien on se figure ce que devrait être une religion et on ne peut que constater que les religions réelles ne correspondent pas ; ou bien on pointe des contradictions dans l'architecture du discours croyant, mais dans ce cas il faut accepter d'aller entendre ce que les croyants disent. On peut évidemment critiquer les religions sur leur nature même, mais cela requiert d'être beaucoup plus fin que le simple prélèvement d'éléments factuels disparates et mal maîtrisés à la grosse louche.
Pour terminer, on lira le catéchisme, gros livre de 700 pages recensant les positions de l’Église sur différents sujets et notamment des points de foi.
Au prochain chapitre : "qu'est-ce qu'une religion et pourquoi ce n'est pas de la "spiritualité" ?" dont le sous-titre sera "du rôle des rites et pourquoi prier tout seul dans sa tête n'a pas de sens".