Youpla boum !
Respire Zhatan, respire, ça va aller, tu verras.
On ne peut pas nier le rôle politique des religions, surtout depuis deux mille ans, et c'est ce que je déplore avec le plus de force - en sus des victimes... mais les deux sont liés.
Je ne suis pas d'accord avec la nécessité du rôle structurant de la religion pour l'unité de groupe. Force est de constater que la notion de peuple en terme de communauté est toujours restée plus forte. Je suis persuadée que religion ou pas, les clans auraient continué leur progression vers des communautés de taille de plus en plus grande. La construction des nations telle qu'elles sont aujourd'hui en est aussi le reflet. Les frontières actuelles ne doivent rien à la religion - cas d'Israël mis à part - sinon, l'Europe irait bien au-delà de Jérusalem.
J'entends d'ici Niicfromlozane objecter pour le cas de l'empire romain, trop cosmopolite pour qu'une cohésion d'ordre nationale fonctionne, et sans doute que dans ce cas là, le vecteur religieux a-t-il joué un rôle qu'il n'a su trouver ailleurs.
Mais quel détournement de la fonction religieuse !
À mon sens, bien sûr.
Parce que si la fonction première de la religion est politique, il serait temps que le monde s'en rende compte autant que la religion l'assume pour de bon !
Il serait temps aussi de se rendre compte que, comme le souligne aussi Niicfromlozane et comme je l'ai dit avec mes mots à moi quelques pages en amont, qu'entre le brassage culturel (coutumes) et l'élévation du niveau intellectuel en terme de culture (degré des connaissances), les religions ne peuvent plus jouer ce rôle de cohésion sociale. Si on prend en compte en parallèle de ça une identité nationale qui a tendance à s'effriter - d'où la montée en puissance des mouvements nationalistes un peu partout en Europe, non ce n'est pas un paradoxe, mais un réflexe de défense face à une immigration massive - , il va falloir trouver un autre vecteur de cohésion sociale, ainsi que le dit Niicfromlozane encore une fois.
Et plutôt vite parce que le flux migratoire accéléré par la folie meurtrière en Afrique et au Moyen-Orient va exacerber les réflexes protectionnistes. Je prévois, hélas, une flambée des mouvements nationalistes en Europe qui ont le gros inconvénient, tout comme la religion, de penser à leur nombril avant le bien commun.
L'autre problème de la religion, c'est que si elle propose une cohésion d'opinion au niveau du cadre moral, elle n'inclut aucune perspective de progression vers l'avenir, elle n'est d'aucune utilité pour assurer ce qui est nécessaire à la vie au quotidien.
Prier n'a jamais rempli la moindre assiette, hormis celle de l'officiant.
Notre civilisation est à un tournant à cause du manque que laissent l'obsolescence des rôles religieux et nationalistes. Du coup, ce sont les économies de marché qui prennent le pouvoir, or, pour elles non plus, bien commun et projets d'avenir constructifs ne sont pas à l'ordre du jour.
Certains trouvent que la mondialisation va trop vite, moi je dis qu'elle avance trop lentement. Ce dont nous aurions besoin, aujourd'hui, c'est de quelqu'un aux rênes pour orchestrer, réguler, humaniser l'économie au niveau mondial.
Mais bon, ça, ça ne peut être guère possible qu'avec des hommes qui placent l'intérêt commun au-dessus du leur - donc au-delà de la culture de chacun - ce qui veut dire aussi pouvoir passer outre les autocrates de tous poils... dont les religieux ne sont pas des moindres, ainsi que le démontre l'actualité tous les jours. Bref, je crains que ça ne reste du domaine de l'utopie jusqu'à ce que, peut-être, la nécessité fasse loi, mais ne sera-t-il pas trop tard ?
Il est temps que la religion revienne au rôle qui aurait toujours dû être le sien : celui de vecteur spirituel. Elle n'a pas d'autre place dans le monde moderne, c'est en tout cas mon opinion.