Chapitre 6 : Conspiration et Confrontation.
Sur Freeza 79, à l'académie, l'ambiance était à l'agitation dans une certaine classe de jeunes élèves. Tandis que l'instructeur écrivait à la craie sur son tableau noir en poursuivant son cour à l'oral, la plupart des élèves de la classe riaient, se chamaillaient ou se poursuivaient entre les tables. Les boulettes de papier volaient, les cris retentissaient, mais ce raffut ne semblait pas atteindre Kiwi, dont l'esprit était ailleurs. On pouvait lire sur son visage une expression de profond mal-être. Naeko, l'un des seuls élèves à ne pas participer au chahut, regardait intrigué le jeune Actinidia-seijin.
Finalement, le professeur ne put en supporter davantage et se retourna brusquement, poussant un hurlement terrifiant qui renvoya tout les élèves à leur place dans le calme le plus complet. L'instructeur poussa alors un soupir de soulagement, satisfait d'avoir enfin retrouver le calme, et s'apprêta à se rasseoir.
« Maintenant, Guldo ! » chuchota Barta à son ami vert, qui prit alors discrètement une bouffée d'air. C'est alors qu'en se rasseyant, l'instructeur bondit aussitôt de sa chaise en poussant un cri de douleur, causant le retour du chaos dans la classe, cette fois-ci manifesté par les rires et les moqueries des élèves à son encontre.
Pendant que celui-ci montrait la punaise trouvée sur son siège à toute la classe en exigeant que le coupable se dénonce, la classe riait aux éclats. Néanmoins, Kiwi restait toujours silencieux.
« Qu'est-ce qui t'arrive Kiwi ? Tu ne ris pas ? » demanda Barta, surpris du calme de son ami face à une farce dont il était pourtant si fier. Seul Naeko, qui observait toujours d'un air sérieux le jeune Kiwi, semblait comprendre que le garçon souffrait intérieurement, sans pour autant comprendre pourquoi.
Alors qu'il serrait son crayon de bois dans sa main, il brisa la mine en appuyant sur la table, nerveux. De grosses goûtes de sueur perlaient sur son front, et ses yeux étaient écarquillés. C'est alors que, d'une voix inquiète, Kiwi appela son frère, comme si quelque chose lui était arrivé.
* * * Le Général Danmarine, qui avait poussé son lieutenant de la trajectoire de la flèche, avait reçu celle-ci à sa place. Voyant son épaule gauche trouée par le projectile, il entendit ses hommes hurler son nom à l'unisson.
Danmarine tombait en arrière, lentement, les yeux révulsés, son sang dégoulinant de sa blessure. C'est alors qu'il entendit retentir en lui l'appel de son petit frère, ramenant ses yeux à la normal. Il retrouva soudainement l'équilibre en posa son pied droit fermement sur le sol d'un geste assez violent pour pousser la terre sous son talon, puis dégagea son bras droit vers l'arrière, la main ouverte au creux de laquelle brillait une flamme d'énergie verte. Et d'une voix empreinte de colère, le Général poussa un cri :
« Pas encore !! »
En ramenant sa main vers l'avant, le Général envoya un rayon d'énergie d'une puissance et d'une taille extraordinaires. L'attaque dévasta la forêt, balayant arbres, rochers, ainsi que les tireurs les ayant attaqué, sans distinction. Derrière Danmarine, ses hommes, illuminés par la lueur verte de la vague énergétique, étaient sous le choc de constater une telle puissance.
Après son attaque, Danmarine se retrouva totalement essoufflé et épuisé, et finalement, tomba en arrière, rattrapé par Ranfu qui cria de nouveau son nom.
« Ça va aller... » murmura Danmarine pour rassurer son lieutenant. « Je ne vais pas mourir pour une simple blessure superficielle... »
« C'est vraiment aussi balèze que ça...un Général ? » balbutia Dodoria, bouche bée et suant devant la force de son garant.
« Le Général perd beaucoup trop de sang ! » s'inquiéta Ranfu, qui tenait son supérieur sans se préoccuper du sang coulant sur lui.
« Il nous faut trouver un lieu où il pourra se reposer et reprendre des forces ! En attendant, je prendrai la direction. Dodoria, passe devant pour assurer la sécurité, Zōra, reste en arrière en cas d'attaque surprise et essaye de contacter le QG à l'aide de la radio ! Nous devons faire aussi vite que possible. »
Le petit groupe de survivants partit alors à pas feutrés, espérant ne pas se faire repérer étant donnée la gravité de la situation. Quelle qu'en soient les raisons, Ranfu ne pourrait se résigner à abandonner son Général.
Au même moment, les choses s'activaient sur le vaisseau principal. Dans la salle des renseignements, où seules les lumières des écrans illuminaient légèrement l'obscurité, les rapports fusaient. Un alien à la peau beige et aux yeux larges, une petite mèche de cheveux pointant sur son crâne lisse, appela le Général en charge de la surveillance.
« Général Rōku ! Nous n'obtenons aucun signal de l'unité envoyée à la surface de la planète Pomélo ! Il semblerait que le transport et ses radios soient hors-services ! »
« Aucun signal d'alerte n'a été donné ? » demanda le Général félin, appuyé contre le tableau de contrôle, observant les écrans d'ordinateurs.
« Négatif mon Général ! »
« C'est étrange... » pensa alors le Général, « Je me demande si Kota n'aurait pas manigancé ça depuis le début. »
« Alors ? On est intrigué ? Hinhinhin ! »
Cette voix, Rōku ne risquait pas de la confondre avec une autre. Qui d'autre que le Général Pierrot pourrait l'interpeller ainsi, d'une voix aussi aiguë ?
« Ne vous triturez donc pas trop l'esprit, Six san. » lui dit-il en se grattant la tempe de ses longues griffes. « Les affaires de Kota san ne nous concernent pas, tant que nous sommes soudoyés pour que cela reste ainsi. Et puis il nous a prévenu qu'il tuerait Danmarine chan si celui-ci ne se pliait pas à ses volontés, non ? »
« Mêles toi de tes affaires, Pierrot. » répondit sèchement le félidé. « Il n'a aucune raison d'éliminer Danmarine pour le moment. Il est resté à l'écart de nos affaires. Et c'est un Général honnête et droit. »
« C'est bien là le problème mon cher ami ! » expliqua le clown, en tournant lentement autour du Général Rōku tel un rapace autour de sa proie, le cliquetis des longs talons de ses chaussures rythmant ses pas. « Ce sont les hommes honnêtes qui sont les plus gênants, puisqu'on ne peut les acheter à notre convenance. Et à ce propos, Six san... » poursuivit-il sur un ton inquiétant et menaçant en s'arrêtant devant lui, une griffe sous sa gorge.
« Vous devriez laisser vos valeurs de côté. Dans le cas contraire, vous pourriez vous aussi devenir une...gêne. » conclut le Général avant de tourner les talons en éclatant de rire.
« Méfie toi, Pierrot. Il vaudrait mieux que tu ne deviennes pas une gêne pour moi, toi non plus. » lança Rōku à son ennemi juré qui se dirigeait lentement vers la sortie d'un pas tanguant et instable.
« Et pour la dernière fois, c'est Rōku. Pas Six. »
Le soir venu, le soleil se coucha sur Pomélo. Depuis une petite grotte, abri de fortune pour le Général blessé, les survivants de l'unité décimée plus tôt dans la journée, admirait la couleur rouge orangée du crépuscule.
« Je me demande si...Kiwi observe lui aussi le coucher de soleil. » se demanda à haute voix le Général grièvement blessé, totalement amorphe. « Non...suis-je bête. Nous ne sommes pas sur la même planète, le cycle n'est pas le même. Nous sommes si loin l'un de l'autre... »
« Vous admirerez le coucher de soleil avec lui à votre retour, Danmarine sama. En attendant, vous devriez vous reposer. » lui répondit son lieutenant, inquiet de son état.
Zōra accueillit d'un cri de joie le retour du Durian-seijin partit chercher à manger, aussitôt réprimandé par celui-ci, qui le prévint de ne pas faire de bruit pouvant alerter les ennemis, complétant son avertissement d'une douce menace de mort qui fit taire le jeune homme immédiatement.
Dans la nuit, tandis que la grotte était éclairée par la faible lueur que projetait une sphère d'énergie mise en place en l'air par Ranfu, flottant ainsi telle un lampion inoffensif, Dodoria et Zōra observaient la lune calmement en mangeant un morceau de viande de l'animal ramené plus tôt par le barbare, grillé sur un bout de bois.
« Vous croyez que le Général Danmarine va s'en sortir ? » demanda le jeune soldat.
« Tss ! Comment tu veux que je le sache ?! » lui répondit froidement le barbare, non sans laisser échapper une expression d'inquiétude sous les traits en apparence insensibles de son visage.
De son côté, Ranfu restait au chevet de son sauveur, qui semblait endormi, les yeux fermés.
« Pourquoi m'avoir sauvé, Danmarine sama ? » demanda-t-il, sachant bien que son supérieur ne dormait finalement pas.
« Tu n'aurais pas survécu à une telle attaque, moi si. Voilà tout. Je ne pouvais pas te laisser mourir ainsi. » lui a-t-il répondu en ouvrant les yeux.
« En mission, ma vie a moins d'importance que votre état. Mieux vaut un lieutenant mort qu'un Général blessé. »
En entendant cela, Danmarine crispa son visage de colère. Bien que blessé et épuisé, il se redressa soudainement et saisi Ranfu par le col de son armure.
« Je t'interdis de sous estimer la valeur de ta vie, tu m'entends ? » lui dit-il avant de le lâcher, reposant ensuite sa tête contre la paroi rocailleuse de la grotte, incapable de se tenir droit plus longtemps.
« Toi dont la vie consiste à ôter celle des autres...c'est ton devoir d'avoir conscience de la valeur de celle-ci. Par égard pour les vies que tu as prise afin de conserver la tienne, ne te permets jamais de la laisser filer sans raisons, lieutenant. »
Face aux paroles de son Général, Ranfu resta bouche bée, silencieux. Il était rare que Danmarine l'appel par son grade plutôt que par son nom. Il comprit bien que celui-ci était en colère. Bien que fatigué, le Général poursuivit.
« Et puis...n'as tu pas un fils qui t'attends chez toi ? » demanda Danmarine, ce qu'acquiesça son lieutenant.
« Alors pour lui...tu dois vivre. Compris, Ranfu ? »
Zōra, qui écoutait discrètement la conversation, prit Dodoria à part. « Le Général Danmarine est quelqu'un de gentil, pas vrai ? »
Le Durian-seijin ne répondit pas. Pour lui, l'attitude et les choix de Danmarine relevaient surtout de la stupidité. Il était incapable de comprendre cet homme qui lui paraissait si mystérieux.
Une nuit fraîche, calme, et reposante attendait le quatuor dans cette petite grotte à l'improbable convivialité, idéale pour se remettre d'une arrivée aussi mouvementée.
* * *Le lendemain, environ une heure après que le soleil ait montré ses premiers rayons, du mouvement se manifesta sur les lieux de la poursuite s'étant produite la veille. Des morceaux d'arbres arrachés et des pierres morcelées furent soulevés difficilement par une poignée de survivants, rescapés miraculeux de l'attaque de Danmarine, comptant parmi eux leur chef responsable de la blessure du Général. L'un des hommes s'approcha du leader qui, tout comme ses hommes bleu de peau et vêtu d'une tunique en tissu blanc, se distinguait par ses cheveux noirs, couleur très inhabituelle sur cette planète, coiffé d'une longue tresse tombant sous les épaules, et l'interpella.
« Capitaine Gurē* ! Êtes-vous sauf ? »
« J'ai été assommé par l'effondrement, mais je n'ai subit que quelques blessures superficielles. » rassura-t-il son soldat. « Nous avons subit de lourdes pertes, et perdu la trace de l'ennemi. Aussi pénible que cela soit, nous allons devoir battre en retraire et livrer notre rapport. Portez secours à tous les survivants au plus vite et préparez vous au départ ! »
Sur ses ordres, les hommes du capitaine partirent à la recherche des survivants sous l'amas de troncs et de gravas. Pendant ce temps, Gurē porta deux doigts à sa bouche et siffla de manière stridente.
Quelques instants plus tard, un petit oiseau aux couleurs vives arriva, et se posa délicatement sur l'avant bras tendu du capitaine. Ce dernier déposa entre ses serres un parchemin sur lequel il venait de rédiger un message, puis il murmura quelque chose à l'animal, trop faiblement pour être entendu par quelqu'un d'autre. Aussitôt, l'oiseau prit son envol majestueusement afin de porter la lettre à un mystérieux destinataire.
Loin au dessus d'eux, surplombant même les lourds cumulus apparaissant dans le ciel assombrit de Pomélo, l'immense vaisseau de Kota était toujours fixe. À l'intérieur, tous les soldats étaient immobilisés sous l'ordre du Grand Commandant. L'ambiance était au plus calme, par la force des choses. Pourtant, dans le bureau de Kota, elle semblait s’alourdir autant que le ciel de la planète. Et au coin de la porte, une silhouette que personne ne sembla remarquer, écoutait les cris venant de l’intérieur.
« Mais, Kota san ! Pourquoi laisser nos troupes en suspend ? Il suffirait d'envoyer l'intégralité de nos forces afin de submerger l'ennemi ! »
Il s'agissait de la voix de Rōku, tentant de persuader son supérieur de passer à l'attaque. Mais celui-ci semblait voir les choses d'un autre œil.
« Mon cher Rōku san, c'est bien pour cela que je suis un stratège, et vous un simple combattant. » répondit le Grand Commandant sur un ton condescendant, agitant d'une manière dérangeante ses tentacules visqueuses. D'après lui, le dernier rapport obtenu des forces actives sur Pomélo avant la coupure des communications faisait mention d'une barrière infranchissable autour de la ville cible.
« Envoyer une armée sur ce dôme reviendrait à leur attacher une cible autour du cou. L'ennemi n'aurait aucun mal à tirer dans le tas pour abattre nos hommes en masse. Je doute que Freeza sama apprécierait que l'on envoie ses hommes à l’abattoir dans la précipitation. Les pertes financières seraient tous simplement colossales. Mais peut être souhaiteriez-vous le contrarier ? »
Le félin eut un sursaut. Il comprenait parfaitement que la moindre erreur de sa part risquerait de le mettre en danger. Il semblait en partie convaincu par les explications du stratège. Néanmoins, le doute lui fit garder le silence un moment, envahit par une anxiété grandissante, avant de prendre la parole à nouveau d'une voix mêlant peur et contrariété.
« Kota san...la situation actuelle n'a rien à voir avec les désaccords qui vous opposent au Général Danmarine, n'est-ce pas ? »
L'un des yeux de l'homme-pieuvre se crispa un instant. Mais loin d'être rendu fébrile par la remarque du Général, il répliqua avec calme.
« Allons Rōku san, je ne suis pas homme à faire passer mes petits différents avant une mission de la plus haute importance comme celle-ci. Douteriez-vous de moi ? » demanda-t-il d'une manière menaçante, laissant tomber ses longues tentacules sur les bords de son bureau métallique.
« Absolument pas, Kota san. Veuillez m'excuser pour le dérangement. ». Ainsi s'excusa le Général avant de s'incliner pour saluer le Grand Commandant, puis quitta la pièce en refermant la porte derrière lui. Derrière celle-ci, l'étrange personnage dissimulé depuis le début de la conversation, qui n'était autre que l'espion à la physionomie de renard chargé la veille d'une tâche importante par Danmarine, se raidit tout à coup, serrant les dents de peur d'avoir été découvert. Fort heureusement, il n'en était rien, soulageant ainsi l'espion qui se laissa tomber sur le derrière, posant sa queue touffue sur le sol. N'oubliant pas sa mission, il se ressaisit vite, et posa son oreille contre la porte.
À l'intérieur, Kota, pourtant seul, s'adressa à quelqu'un.
« Lui aussi risque de nous poser quelques ennuis...Pierrot san. »
En effet, et étonnement, le Général atypique, invisible jusqu'alors, se révéla, adossé contre le mur, l'un de ses talons posé contre celui-ci. Tandis qu'il grattait le creux de son oreille, il répondit à son complice d'une voix énergique.
« Oui oui oui oui oui ! Ne vous l'avais-je pas dit, Kota san ? Parmi vos associés, un patriote fidèle à son maître, et un idiot puant l'alcool à plein nez. Vous ne savez pas choisir vos associés ! » conclut-il en haussant les épaules d'un air consterné.
« Peut-être devrais-je y remédier et me débarrasser de tous mes associés dans ce cas ? » demanda-t-il ironiquement, incluant bien sûr Pierrot.
« Ne vous fâchez pas, je ne fais que vous aider de mon mieux ! » s'excusa le Général. « Vous saviez qu'il serait difficile de vous servir de lui. Après tout, il vous suit simplement parce qu'il ignore toujours nos réelles motivations concernant cette planète. Il ne connaît qu'une partie de notre plan. Mais s'il découvre le pot-au-rose... » poursuivit-il, marquant une pose pour planter une griffe dans l'une des pommes placées dans une coupelle en céramique sur le bureau de Kota avant de croquer dedans, puis de parler la bouche pleine. « Il risque de ne pas être content ! »
La bouche remplie de morceaux de pomme, et malgré la situation pourtant tendue, le Général éclata d'un rire strident face à l'imperturbable Kota.
Dans les couloirs, Rōku marchait, une expression grave, inquiète, et interrogative sur le visage. Perdu dans ses pensées, il manqua presque de percuter le Général Satsu, qui, une bouteille à la main, et des rougeurs sur les joues probablement dues à l'alcool, s'adressa à son collègue.
« Oh ! Regarde ou tu vas ! » cria-t-il avant de constater par l'absence de réponse ou d'énervement de son interlocuteur, que quelque chose n'allait pas. « Hé, ça va ? T'as pas l'air dans ton assiette. Je pari que c'est ce con de Pierrot qui a encore foutu la merde ! »
Rétorquant à l'homme alcoolisé qu'il n'avait rien, Rōku reprit son chemin en le contournant. Alors qu'il marchait, il sentit une main se poser sur son épaule.
« Hé, te barres pas quand je te cause, vu ? ». L'homme ivre, mais non moins lucide, avait en effet suivit Rōku. Les deux généraux se faisaient face dans ce grand couloir vide, se fixant droit dans les yeux dans le silence le plus totale, pas même rompu par le plus minuscule bruit, et baignant dans une tension presque palpable.
À travers l'une des fenêtres ornant les murs de ce couloir, celle juste à côté de Rōku et Satsu, il était possible d'apercevoir la planète Pomélo, entièrement recouverte de nuages sombres.
À la surface de l'astre, un immense champ de bataille avait prit place depuis bientôt une semaine. Face à une gigantesque ville à l'envergure sans commune mesure sur Terre, mélangeant les architectures médiévales, de la renaissance, et modernes, étrangement bien associées, lui prêtant ainsi un aspect unique, et qui était recouverte d'une sorte de dôme d'énergie orange, un vaste campement militaire s'était installé autour de l'immense canon à flux réputé pour être l'arme de siège ultime de l'empire. Tout paraissait démesuré.
Il était déjà tard, le tonnerre commençait à gronder, et le temps couvert n'était pas là pour arranger l'obscurité croissante. Sous le cul de l'énorme canon, une grande tente avait été dressée là, sous laquelle se trouvaient quelques lits pour la plupart occupés, une table recouverte de plans et cartes diverses, et plusieurs hommes réfléchissant ou tournant en rond pour calmer l'inimaginable accumulation de stress qu'il subissaient. Une jeune femme en armure grise vêtue sous celle-ci d'une tunique brune, se présenta à un homme scrutant la ville sans même se préoccuper d'elle. Elle le salua de la façon coutumière, jetant en arrière ses longs cheveux rouges coiffés d'une longue queue de cheval arrivant presque à ses pieds, dont la couleur s'accordait avec ses yeux émeraudes.
« Commandant Niwa ! Rubī au rapport ! » se présenta la jeune militaire au nom symbolisant parfaitement la couleur de sa chevelure.
Le commandant à morphologie de crocodile, se tenant les mains dans le dos, restait concentré sur la ville, ne relevant pas la jeune femme.
« Le ciel tonne. Sur ma planète, c'était synonyme de mauvais présage. » dit-il sans chercher à répondre.
« Commandant ! » reprit-elle après un instant d'absence, dépitée d'avoir été ainsi ignorée. « Nous venons de terminer l'inspection des équipements de communication ! Les hommes de la division technique n'ont rien à signaler, notre matériel semble en parfait état de marche selon eux ! »
« Rubī ? Je vois... » commença enfin le commandant reptilien, qui réalisait finalement la présence de sa seconde. « Mes craintes étaient donc fondées. Il s'agit d'une interférence extérieure. Mais les habitants de cette planète ne possèdent aucun moyen de brouiller notre fréquence. Alors qui, et pourquoi ? »
« Nous enquêtons à ce sujet mon commandant ! » poursuivit la soldate qui profitait de ce moment de lucidité dont faisait preuve Niwa. « Nous avons également repéré un vaisseau allié s'approcher par le nord, au point de coordonnée ESS-100 ! »
« Je crois...qu'il va bientôt pleuvoir... » déclara le commandant, qui, une fois encore, semblait totalement ignorer la présence de Rubī, dont l'expression traduisait bien la frustration d'avoir un supérieur si distrait.
Néanmoins, il n'avait pas fait erreur. Rapidement, une pluie épaisse s'écoula depuis les sombres cumulus recouvrant la voûte céleste, et recouvrit ce monde en proie à la guerre.
Loin d'ici, dans une petite grotte, une faible lueur éclairait légèrement l'extérieur. À l'intérieur, Zōra observait l'horizon à travers les gouttes d'eau tout en triturant les boutons de la radio qu'il tentait vainement de faire fonctionner, attendant le retour de Dodoria qui s'était absenté depuis déjà un moment. Tout juste quelques mètres plus loin, Ranfu était assis avec Danmarine qui semblait endormi.
Le jeune Brench-seijin se retourna afin de demander au lieutenant des nouvelles de l'état du blessé.
« Il commence déjà à aller mieux, il sera sûrement rétabli demain dans la journée » répondit Ranfu à Zōra qui, surpris de sa réponse, lui demanda comment il était possible qu'il se rétablisse si vite d'une telle blessure.
« Danmarine sama est un Actinidia-seijin. Les individus de cette espèce ont une capacité de régénération inhabituelle qui provient de micro-organismes se développant dans leur sang. Ils ont la faculté de reproduire les tissus organiques rompus, et donc de guérir toutes les blessures non mortelles. »
Engagé dans ce récit, Ranfu continua son histoire. Il en arriva donc à raconter comment Freeza entendit parler des capacités de ce peuple. Comment, intéressé par celles-ci, il décida de se rendre sur cette planète. Comment il entama l'invasion, et captura la plupart des Actinidia-seijin afin de procéder à des expérimentations sur eux dans le but de reproduire synthétiquement le micro-organisme et en faire le liquide de soin aujourd'hui bien connu dans l'armée. Il enchaîna ensuite sur la manière dont, de peur que d'autres puissent exploiter les particularités de ce peuple, Freeza fit exterminer presque tous les congénères de Danmarine, réduisant leur population d'environ quatre milliards à une dizaine d'individus qui furent épargnés pour leur talent au combat. À ce jour, selon Ranfu, avec Danmarine et son frère, il ne restait plus que quatre membres de cette espèce.
Sous le choc, Zōra ne trouvait pas les mots.
« Malgré ces épreuves, Danmarine sama reste un homme fort, un homme d'honneur. C'est pour cela qu'il mérite tout mon respect, et que je suis prêt à lui donner ma vie. »
Voyant le regard grave de Ranfu, et son poing se serrer de lui même, Zōra réalisa qu'une grande émotion l'envahissait. Le lien qui l'unissait à Danmarine allait au delà d'une relation entre un Général et son lieutenant. Ils étaient presque comme des frères, et ça le jeune homme l'avait compris. Mais ailleurs, le moment ne se prêtait pas à ce genre de débordements émotionnels.
Sur le champ de bataille, le calme régnait, exception faite de l'incessante mélodie jouée par les gouttes de pluies. Face à ce silence, le commandant Niwa se surprenait à se relaxer enfin. Pourtant, cette détente fut de courte durée. Soudain, une explosion retentit au niveau des premières barricades de défense du campement. Le souffle de la déflagration projeta plusieurs hommes dont le hurlement alerta le commandant qui ouvrit aussitôt ses yeux pourtant fermés depuis à peine quelques secondes. Il cria alors à pleins poumons de sonner l'alerte et de se préparer au combat. Malgré sa réaction immédiate, il lui semblait difficile d'empêcher l'ennemi de les submerger.
C'est alors que, sortis de la fumée causée par l'explosion, des dizaines de cavaliers chevauchant d'étranges chevaux noirs squelettiques à la queue enflammée chargèrent les hommes de Niwa en poussant un cri de guerre déterminé, leurs épées et leurs arcs en main.
La contre-attaque s'organisa vite. Partant à pied, en volant, ou en chevauchant des sortes de motos volantes rouges et blanches, les forces de Freeza se heurtèrent à celles de la planète Pomélo. Les tirs des canons à flux des soldats étaient contrés par les flèches d'énergie des cavaliers, tandis que les guerriers armés d'épées passaient ensuite pour trancher leurs ennemis, soit pour porter un coup mortel, soit pour détruire leurs armes d'un coup de lame.
« Armez le canon ! Nous devons les repousser pendant le rechargement ! Vous, partez à l'assaut ! Ne perdez pas de temps, allez chercher les blessés ! ». Le commandant était dépassé par la situation, mais dirigeait ses hommes de son mieux pour faire face à cette attaque surprise. « Pourquoi maintenant ? » s'interrogea-t-il, ne trouvant aucune logique à cette attaque si soudaine. Pourtant, l'explication arrivait droit devant sur son cheval. Un jeune homme aux longs cheveux blonds et lui aussi à la peau bleue, vêtu d'une armure en or fine, une petite couronne sur le crâne. Il bondit de son cheval, armé lui aussi d'une épée, et atterrit après quelques acrobaties futiles, avant de trancher plusieurs de ses ennemis à toute vitesse. Il se déplaçait de droite à gauche en un éclair, et projetait ses adversaires d'un coup de pied lorsqu'il ne les coupait pas en deux d'un revers de lame bien placé.
Voyant la force de cet ennemi, une vingtaine de soldats de Freeza se jeta sur lui d'un seul coup. Pourtant, le jeune chevalier afficha un grand sourire. Son armure brilla tout à coup, puis il écarta les bras soudainement, déclenchant une puissante onde de choc qui balaya tous le monde autour de lui.
L'élégant épéiste jeta ses cheveux en arrière, et regarda en direction du canon, là ou il savait présent le commandant Niwa responsable du siège de sa ville, un large sourire brillant à pleine dents sur le visage.
« Hé ! Vous vous êtes attaqué au mauvais bougre mes loulous ! Face au grand, au sublime, à l'inégalable, à l’indomptable, à l'irrésistible prince...Mélo sama ! » déclara le jeune homme visiblement fier de sa personne, en exécutant diverses poses burlesques.
Pendant ce temps, loin de se douter du chaos régnant sur le champ de bataille, Ranfu s'était paisiblement endormi à côté de son Général, un filet de bave coulant le long de sa joue. C'est alors que le jeune Zōra entra dans la grotte en hurlant, appelant à la mort le lieutenant, qui sortit de son sommeil d'un bond.
« Qu-qu-qu-qu'est-ce qu'il se passe ?! » demanda confus le lieutenant dont le filet de salive pendait toujours.
« Ranfu san, c'est terrible ! J'ai cherché partout aux alentours de la grotte, mais rien n'y fait ! » commença Zōra, totalement affolé. « Dodoria san a complètement disparu ! »
« Que dis tu ?! » hurla Ranfu, choqué et inquiet de la nouvelle. « Cet abruti continue de nous attirer des ennuis ! »
Les problèmes continuaient de s'accumuler tandis que le Général n'était toujours pas rétabli.
Loin d'ici, dans un imposant palais luxueux décoré de colonnes aux toits arrondies, à l'intérieur de sa plus grande salle, toute en longueur avec des murs luisants et brillants, au sol couvert d'un long tapis rouge conduisant jusqu'à un trône doré et orné de pierres précieuses, un jeune homme siégeait face à ses sujets. Le pied droit posé sur sa cuisse gauche, accoudé sur le rebord de son siège, le poing serré pour soutenir sa tête, le noble avait l'air confiant malgré la situation de guerre. La foudre qui tombait à l'extérieur projetait sa lumière par le grand vitrail derrière le trône, et le son du tonnerre résonnait dans la pièce.
Un homme entra d'un pas ferme et décidé par la grande double porte, traversant les colonnades décoratives de la salle du trône, tandis qu'un oiseau aux couleurs de l'arc-en-ciel le dépassa par les airs et vint se poser sur l'épaule du noble, agitant ses plumes humides. Lorsqu'il arriva à hauteur du trône, il posa un genoux à terre en signe de respect, et s'adressa à celui qui semblait être son souverain.
« Mes respects mon prince. Nous venons de recevoir un message du capitaine Gurē. Le vaisseau que nous attendions selon nos renseignements est bien arrivé au lieu convenu, et a été intercepté. D'après son rapport, il ne resterait que quatre survivants, dont un mortellement blessé. Pour plus de sûreté, il demande à recevoir des renforts dès que possible avant de poursuivre les recherches. »
« Que l'on récompense cette brave bête pour le courage dont-elle a fait preuve en bravant la tempête. » ordonna d'une voix raffinée le prince qui caressait du doigt le cou de l'animal à plumes. « Ah, et envoyez ses renforts au capitaine Gurē bien sur. » reprit-il, presque comme si cela était secondaire.
Le messager acquiesça en se redressant, et reprit la parole.
« Nous avons également reçu des nouvelles de votre frère. Sa majesté Mélo* parvient toujours à repousser les forces ennemis dont le nombre diminue chaque jours. D'après lui ce n'est plus qu'une question de temps. » annonça le messager, qui hésita étrangement à poursuivre.
« Il...sa majesté Mélo souhaite également...que je livre un message de sa part. »
Le jeune prince, dont il ne voyait de là ou il était que la partie basse de son visage, esquissa un sourire en entendant cela, et exigea donc d'entendre le message de son frère. Précédant ses mots d'un raclement de gorge, l'homme se décida à parler.
« Ra...ramène tes fesses sur le champ de bataille pour t'amuser avec ton grand frère adoré. Ce sont les mots exactes qu'il m'a demandé de vous délivrer. »
Le prince se leva soudainement, si bien que le messager tomba à la renverse de peur de ses représailles. Néanmoins, seul le sourire du prince semblait avoir grandit en entendant cela.
« Mélo...quel con ! » ria-t-il en jetant par dessus son épaule la tresse qu'il s'était fait coiffer. Les cheveux verts du prince brillaient autant que son sourire, sa peau bleue était totalement exempt de défauts, ses yeux dorés envoûtant, et la perle qu'il portait sur le front ne servait qu'à appuyer la noblesse de son apparence. Sa réputation de plus bel homme du royaume n'était pas usurpée.
Descendant les escaliers dans ses chaussures à talons avec grâce, projetant son manteau marron en arrière, dont la couleur foncée contrastait avec le blanc immaculé de sa tunique, il s'adressa au messager inutilement apeuré.
« Part immédiatement et dit ceci à mon idiot de frère : Tâche de ne pas tuer tous les ennemis avant mon arrivée. Je tient personnellement à leur faire savoir ce qu'il en coûte de s'en prendre au prince de Pomélo, Yūdaina Zarbon sama ! »
À suivre !Notes : -Gurē vient du mot «Gurēpufurūtsu» qui signifie « Pamplemousse » en japonais (venant du mot anglais «grapefruit»), fruit souvent confondu avec le Pomélo.
-Mélo est bien sur la seconde particule du mot « Pomélo ».
-Yūdaina, le nom de famille des deux princes, signifie « Majestueux » en japonais.