Petit retard dans la prévision, IRL toussa. Max aussi est un peu indispo et s'en excuse lui aussi.
Nez en moins...
Winter sortit en refermant la porte comme il lui avait été demandé ; et avant même qu’il eut entièrement fait volte-face, la légèreté de l’air ambiant et le chant des rouges-gorges le surprirent, contrastant avec les notes cliniques et les couleurs froides ; magistrales en l'enceinte de la demeure pourtant campagnarde. Et lorsqu’il s’était enfin totalement détourné de la maisonnette de Gero, pour prendre le chemin du hangar indiqué par C-F… un long chemin terreux — borné par un treillage — tenait lieu de tapis rouge étalé sous ses deux pattes griffues.
Enfin, une patte et une “jambe de bois”, claquant sur les dalles. Une chose était sûre… Winter n'oublierait jamais son passage sur Terre.
Rouge, le chemin, de par les feuilles automnales jonchant la terre humide et les dalles éparses du couloir étalé sur une cinquantaine de mètres ; que surplombait une superbe pergola en bois et en tranches de verre teintées de bleu ; elle-même surmontée d’un épais espalier épousant parfaitement la forme voûtée du treillage. Gero n’était pas particulièrement riche… mais c’était un homme de goût, remarqua Winter. Des baies serties de roses noires perçaient à intervalles réguliers les flans de la structure boisée, permettant d’en sortir à n’importe quel moment du trajet. Winter ne les emprunta pas… et poursuivit droit devant. Rien ne pressait…
… Sinon — peut-être — le fait de jeter un œil au ciel, comme suggéré par Gero ; impossible tant que Winter se trouvait sous l’espalier couvrant presque entièrement sa vue. Il pleuvait par contre… ça il pouvait l’entendre, le sentir et le voir. L’entendre gronder sur la toiture, le sentir à l’air ambiant, et le voir au travers des baies qu’il dépassait dans sa marche.
Winter se heurta une corne contre un fruit qui pendait un peu trop bas ; l’un des nombreux agrumes — de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel — que comptait l’espalier. Il tenta de n’arracher que le fruit lui-même… mais c’est tout un ensemble de branches qui céda avec… créant un trou béant dans la toiture… et laissant finalement filtrer la pluie. C’est une véritable colonne d’eau qui se déversa alors sans discontinuer… une colonne à la densité moins surprenante que sa couleur. Une eau bleue, comme peinture. Winter ne put croire qu’il s’agissait là de la couleur naturelle de la pluie sur cette planète. La pluie, il l’avait déjà vue plusieurs fois… et elle ne ressemblait pas à ça.
Le nihilien observait encore curieusement la colonne d’eau bleue qui noyait ses pattes… tout en croquant régulièrement dans le fruit mûr… et son regard passa soudain de la simple curiosité à l’état d’alerte. Une attaque surprise. Une boule chargée l’ayant atteint depuis la baie sur sa gauche. Il avait effectué un arrêt-réflexe…… et se tournait désormais dans la direction d’où était venue l’attaque, tout en jetant un œil à la boule qu’il tenait encore dans la main gauche. Quelle étrangeté… elle était plus solide que ce à quoi il s’était attendu mais aussi paradoxalement beaucoup plus fragile. Elle était apparemment revêtue de multiples losanges alternativement noirs et blancs.
Quelle drôle d’attaque était-ce là ? Winter orienta ses deux pupilles en direction du tireur… apparemment, il avait décoché son attaque avec le pied… c’est en tout cas ce que les nouveaux capteurs supra sensoriels du nihilien indiquaient. Ce n’était vraisemblablement qu’un enfant humain ; un enfant qui gesticulait bizarrement… comme s’il attendait de Winter qu’il lui renvoie sa propre attaque.
L’empereur finit par comprendre — plus ou moins — mais ne renvoya pas la balle. A chaque voyage… son souvenir. Il garda avec lui le ballon de foot… et généra une boule plasmatique de même taille, altérant sa polarité de sorte qu’elle ne soit en rien nocive ; il l’enroba d’un mini-bouclier spongieux… et balança le tout à l’enfant estomaqué… avant de reprendre sa marche…… qu’il ne termina pas ; la curiosité l’emportant sur la tenue princière, il s’engouffra finalement à travers la première baie à portée… et se retrouva enfin à l’air libre.
Et là…… Là…… Winter tomba des nues.
Armageddon dans le ciel, ni plus ni moins. Ou alors Dieu était devenu fou ou tellement maladroit qu’il en avait renversé sa table de petit déjeuner sur le firmament. Ou alors un peintre richissime avait pu lui acheter les droits du ciel ; tenu comme seul à la mesure de ses fantasmes et de son cerveau désaxé. Des arabesques ordonnées aux gribouillis démesurés, les cieux faisaient figure d’œuvre d’art moderne à nulle autre pareille. A côté… la pluie bleue était d’un banal.
Les Dieux s’étaient-ils battus dans tout l'univers…… pendant que le nihilien dormait ?
Winter pencha la tête vers l’arrière… encore et encore… à tel point que la partie antérieure de son crâne toucha bientôt le sol, laissant l’empereur étalé sur l’herbe en étoile de mer… avec des yeux de merlan frit.
Tout le ciel… vraiment tout le ciel avait pété les plombs. D’immenses planètes, lunes, étoiles et autres astres de tous poils, de toutes tailles et de tous coloris… le constellaient en rangs plus ou moins serrés. Pas des petits points au loin non ; de géantes… de colossales… d’immenses sphères suspendues dans le ciel et autant de champs d’astéroïdes… là, juste là ; la porte à côté…
Winter fut saisi de vertige et dû fermer les yeux un instant malgré lui.
Il n’y connaissait pas grand-chose en physique des corps et en astronomie… mais même un profane comme lui savait que ça… ce n’était ni normal ni possible. A peine redressé qu’il tournait sur lui-même, totalement paniqué… les jambes flageolantes…… ; partout pareil : la pluie bleue, le tonnerre de huit secondes à chaque fois… et ces horreurs cauchemardesques. Winter se mit soudain à courir, comme un dératé et par instinct, lorsqu’il se rendit compte que haut dans le ciel — mais pile au dessus de sa tête — se tenait Jupiter…
… qu’il aurait juré sur le point de lui tomber dessus.
Il poursuivit sa course folle en jetant des coups d’œil inquiets aux quatre coins du ciel ; on aurait dit un petit chat sur une autoroute… mais Winter, mieux que quiconque, savait qu’on ne s’amuse pas à défier la Nature toute-puissante ; pourtant il n’y avait nulle part où fuir cette même nature, aussi omniprésente. A part…… en vaisseau. Il avait renversé tous les enfants et animaux qui avaient eu la malchance de se trouver sur sa route ; il avait démoli bien des granges innocentes sur son passage ; chassé des hordes de poulets… et même couru dans le purin sans s’en formaliser ; Winter sprintait bientôt si vite qu’il faillit décapiter net…… non il décolla avant et fusa en direction du hangar indiqué par C-F tout en tapotant rageusement sur le voyant incrusté dans son poignet.
Voyant dont on lui avait dit qu’il lui permettrait d’établir la communication avec le
“maître des bots”, au besoin.
L’hémisphère rouge passa enfin au vert… à force d’acharnement.
— C’est quoi ce bordel ?!
— Winter ? Tu tombes bien… j’avais oublié de te dire quelque chose.
— Un peu que tu avais oublié de me dire quelque chose, boîte de conserve !!
— Oui. Le code d’accès du vaisseau, tu ne l’as pas. C’est 1234.
— De quoi ???!! Gero est à côté de toi ? Passe-moi Gero !!
— Patientez.
— …
— Quoi de neuf docteur.
— Gero ?
— En chair et en dentier.
— Enfoiré… tout ça c’était de la comédie… tu t’es joué de moi depuis le début…
— De quoi est-ce que tu parles ?
Une veine qu’on eut dit artère pulsa au front de Winter.
Le ton de Gero était faussement monocorde… mais le nihilien entendrait presque se former l’esquisse de sourire derrière.
— Tu n’as jamais eu l’intention de me laisser partir… il n’y a aucun vaisseau dans le hangar… n’est-ce pas ?
— Tu crois ?
— Qu’est-ce qui se passe ? C’est quoi ce bordel dans le ciel ?
— La question à 1000 zenis. Je ne sais pas. Une serre… une prison astrale… un tableau de mauvais goût… la fin du monde… une aberration mathématique, appelle-ça comme tu veux. Certains l’appellent “L’Orangeraie”.
— Depuis quand ? Il y a un rapport avec ce dont je t’ai parlé quand on était dans l’espace ?
— Quatre ans. S’il y a un rapport… je ne sais pas, probablement. Fais attention à ta tête, il arrive que des astéroïdes se détachent de la tambouille sans prévenir.
Winter slalomait furtivement entre les arbres — quand il ne leur rentrait pas dedans — et vit bientôt se détacher devant lui le fameux hangar… son cœur battait à tout rompre…
— Allez, W, revient… sois raisonnable. Mieux vaut mourir mal accompagné que seul.
— Je n’ai aucune intention de mourir vieux gâteux pourri par l’aigreur ! Vaisseau ou pas… je quitterai cette planète !!
— Tu te souviens des calculs de C-F lorsqu’on se trouvait encore dans l’espace ? Les calculs de trajectoire…
Winter ne répondit rien, concentré sur son atterrissage, qui — pourtant violentissime — se fit sans encombre pour lui… ; le paysage immédiat ne pouvait pas en dire autant ; ayant souffert du furieux débarquement de l’empereur comme de la chute d’une météorite.
— Cette chose qui faisait sauter des étoiles comme on casserait des œufs. Cette chose-là… se dirige vers ici, W. Le plus étonnant… c’est qu’après mille et un tests de C-F… les résultats restent identiques : cette chose ne dégage absolument aucune énergie perceptible. Par contre… il suffit de mettre en parallèle son point de départ théorique et sa propension à plisser l’espace-temps pour comprendre que la seule force en principe nécessaire à ce voyage n’a rien à voir avec le KI de Gohan ou ton plasma. C’est autre chose… en nature et en quantité. Je ne pense même pas que ce soit quantifiable.
Winter marchait vite et fort… creusant des trous de la forme de ses pattes à chaque pas.
— Cette chose, W…… elle vient pour toi.
— …
— Elle vient pour toi, j’en suis sûr. Pour toi, Gohan, C-F… Piccolo, moi… Krilin, Lazuli et son frère, Tenshinhan, Chaozu, le vieux pervers… et le Tout-Puissant. Je pense n’avoir oublié personne.
Winter écarta les deux battants du hangar, si fort que ces derniers poursuivirent leur course à l’opposé l’un de l’autre, des deux côtés de la colline et plus loin encore. Winter ferma les yeux… puis les ouvrit… prêt à embrasser la vérité. Cruelle vérité.
— La Terre est encerclée par des corps de masse nulle, sans orbite… et pourtant tout ce qu’il y a de plus solides et lourds lorsqu’ils se “décrochent” et tombent à Terre. La gravité en haute atmosphère, c’est encore plus aberrant : elle peut passer du simple au triple et du triple au centuple dans des zones et sur des distances complètement aléatoires. La communauté scientifique est à genoux et tenue au secret d’état. La réalité elle-même est à genoux. On est fait comme des rats. Tout va bientôt sauter Winter…
Les yeux du nihilien commençaient à rougir… du fait qu’il ne clignait plus des paupières depuis de trop longues secondes. Sa bouche s’ouvrit… puis se referma… et s’ouvrit à nouveau, sans qu’aucun son ne sorte, sa respiration saccadée jeta une buée épaisse… sur la carlingue du nez du vaisseau… juste en face de lui. Winter le toucha… il était bien réel. Ce n’était pas un hologramme farceur.
Oh non…… oh non, non, non… pas cette fois.
— Où est l’arnaque ?
— Quelle arnaque ? Tu as devant toi le vaisseau que tu cherchais… tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais je te préviens, avec la gravité aléatoire au dessus de nos têtes… tes chances de sortir de “L’Orangeraie”, même avec un vaisseau, sont de l’ordre de 1%. Et les 99% restants… tu devines que c’est pas l’option “atterrissage en douceur”.
Gero se lançait à nouveau dans une diatribe sentencieuse, mais Winter n’écoutait pas, il cherchait le digicode…… qu’il finit par trouver à la queue du vaisseau. Le dernier des nihiliens tapa rapidement « 1234 », curieux de savoir si c’était à ce moment du scénario organisé par Gero… qu’il était censé se faire avoir. Mais Gero ne réussirait plus à le briser, c’était fini, tout ce que Winter faisait désormais… il le faisait sans feu, sans foi, sans attente particulière… autre que la curiosité. Un bip suivi l’entrée du code… et la teinte verte que prit le cadran signala l’ouverture imminente du cockpit. Winter ne jubila pas. C’est tout ce que Gero attendait.
Si ça avait fonctionné cette fois… c’est que l’arnaque était plus loin dans le scénario, c’est tout.
Hiéronimus jouait avec ses nerfs et ses espoirs. Mais encore une fois, c’était fini… Winter ne se laisserait plus ballotté au gré de l’aigreur d’un homme tellement désenchanté par son existence gâchée… qu’il en venait à la bassesse de vouloir faire du mal pour se sentir exister.
Le coup de la “jambe de bois” était une preuve sans conteste.
Oui, c’était clair comme le nez au milieu de la figure… Gero malgré ses sourires et son ton assuré était à cette heure précise un homme éminemment frustré. Frustré d’être si vieux et d’avoir raté sa vie. Frustré d’avoir découvert les joies de la rédemption aussi tard, frustré du fait qu’il ne pourrait probablement pas voir grandir son fils, frustré de n’avoir plus personne à blâmer pour tout ça.
Et — Goku étant mort — celui qui allait arbitrairement payer le prix de cette frustration…
C’était Winter…
… qui avait eu le malheur de lui tomber entre les mains.
— W, tu es encore en pleine parano. Ecoute-moi pardieu.
— Vous avez dit que tout allait sauter, expliquez-vous, fit nonchalamment le nihilien en s’installant dans le cockpit, paré à la prochaine étape : tenter de faire démarrer le vaisseau, si tant est qu’il y ait réellement du carburant, comme l’en avait assuré C-F.
— Oui, en fait c’est assez simple. Tu as bien vu que la Terre était cernée de toute part… et comme je te l’ai dis tantôt… “la chose” qui fonce à la vitesse de je ne sais pas quoi arrive dans notre direction. Après, j’ai peut-être exagéré tout à l’heure. Cette chose n’en a peut-être pas après nous… peut-être même qu’elle n’est que de passage et va dépasser la Terre. Et c’est là tout le problème. Sa trajectoire exacte est assez imprécise, mais une chose est sûre… elle va passer près de la Terre. A quel point, là est toute la question.
— Elle risque d’entrer en collision avec la Terre ?
— C’est possible. Et si c’est le cas… tout va sauter. Mais elle pourrait aussi entrer en collision avec l’une des planètes encerclant la Terre… et la conséquence finale sera la même, par effet domino. Imagine Jupiter qui explose juste à côté… la Terre passe à la casserole la seconde d’après. Autrement dit… la planète bleue se trouve actuellement au cœur d’un champ de mine. Le scénario idéal serait que la chose qui arrive traverse ce champ sans toucher aucune mine, ni la Terre, ni Jupiter, ni aucune autre planète… ; ça c’est le meilleur scénario, donc la chose nous frôle sans nous toucher et continue sa route dans le vide intersidéral… et elle sera peut-être de retour dans quelques milliers d’années en fonction de la courbure de sa trajectoire, mais ça on s’en fiche un peu… l’humanité se sera déjà détruite elle-même avant ça.
Winter avait enfin plus ou moins compris comment fonctionnait le tableau de bord et s’apprêtait à faire démarrer l’engin. Il avait déjà entré la clé dans la fente prévue à cet effet… ne restait plus qu’à mettre le contact. Dans ses fantasmes, il entendait déjà les moteurs tourner. C’était la dernière étape. Si les moteurs tournaient alors il avait gagné… et en cet instant d’égarement… Winter faillit céder à l’espoir que ça marche pour de vrai. Faillit seulement.
En tout cas… jusqu’ici… tout allait effectivement pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme avait prophétisé Gero tantôt.
Oui mais non, Winter cherchait encore l’arnaque… tandis qu’il actionnait le bouton de la porte du garage… qui s’ouvrit bientôt… laissant entrer des trombes de vent dans l’abri de ferraille et de chaume. Winter réfléchissait, la clé de contact toujours entre deux doigts tremblants… il cherchait encore le pot aux roses… et alors que son esprit s’égarait un peu trop loin, il lui sembla finalement comprendre, enfin. Oui, c’était ça… ça ne pouvait être que ça… pour vérifier son idée, il testa Gero.
— Quelles sont les chances que le champ de mines saute ?
— Autrement dit qu’elles sont les chances que “La Chose” qui fonce sur nous touche l’une des planètes encerclant la Terre ou la Terre elle-même ? Comme je te l’ai dis… C-F et moi-même avons pas mal de difficulté à déterminer sa trajectoire, mais au point où nous en sommes… C-F pense qu’il y a 4 chances sur 5 qu’elle heurte une mine du champ. De mon côté je pense qu’il y en a 5 sur 5. Aussi je te le répète… ça ne sert à rien de partir… tu n’auras probablement pas le temps de sortir de la zone rouge et tu seras pris dans le rayon de l’explosion, reviens à la maison. Tu es chez toi ici. Mourrons ensemble W, dans la solidarité et la bonne humeur.
— Pourquoi ne m’avez-vous réveillé que maintenant ?
— ………
Bingo.
— Autre question… vous parlez comme si l’arrivée de la chose était imminente. Combien de temps reste-t-il avant l’impact théorique ?
Un silence courut.
— Hum… je dirai… entre 7 secondes et 77 heures.
Winter sourit. Gero tombait enfin le masque. Sa dernière phrase… il l’avait prononcée en souriant, sans cacher ses intentions, il se savait démasqué. Mais si Winter souriait lui aussi… c’est parce qu’il savait que le plan de Gero ne s’était pas déroulé exactement comme prévu. Ce que le scientifique avait ourdi comme nouveau machiavélisme tenait au fait de lancer Winter dans une nouvelle course contre la montre, comme la première dans l’espace. Une course contre la mort. Voilà la raison pour laquelle il ne l’avait réveillé que maintenant… au moment où l’apocalypse se trouvait “aux portes de la ville”. Winter était ensuite censé courir le monde à la recherche d’un vaisseau pour se tirer… à la manière de Son Goku lors de l’explosion de la planète Namek. Mais avec la pression du « entre 7 secondes et 77 heures » en plus.
Oui mais ce que Gero n’avait pas prévu… c’était que C-F avait son libre-arbitre et l’avait doublé sans le faire exprès ; puisque n’ayant pas été mis au courant du plan, au préalable. Il l’avait doublé en donnant à Winter la position exacte du vaisseau, tantôt. Le nihilien souriait dans son cockpit, il avait coupé la communication et espérait bien ne plus jamais avoir à entendre cette voix. Restait maintenant l’instant de vérité.
C-F avait-il réellement doublé Gero sans faire exprès… ou tout ceci faisait-il partie intégrante du plan de ce cerveau malade ?
Winter ne le saurait qu’en tournant le contact du vaisseau.
Il avait la clé entre le pouce et l’index. Ne restait plus qu’à opérer un tour sur la gauche… pour avoir le fin mot de l’histoire.
S’il entendait les moteurs chauffer… alors il gagnait.
S’il voyait une espèce de clown à l’effigie de Gero jaillir de la boite à gant et lui jeter des confettis… alors il perdait.
Winter actionna la clé.
Les moteurs se mirent à chauffer bruyamment, l’instant d’après.
Le nihilien se laissa choir, tête sur le ballon de foot qu'il avait entre les cuisses ; le visage dirigé vers le plancher… ; il resta ainsi de longues secondes… immobile… et puis, à l’ombre de son visage tourné vers le bas, … un gigantesque sourire se dessina enfin.
L’histoire allait se faire…
L’histoire allait continuer…
Gero n’avait pas menti sur ce point-là, il restait bien entre 7 secondes et 77 heures avant le début de la fin…
L’histoire allait continuer…
… Mais sans lui.
Winter tirait sa révérence et prenait enfin sa retraite, sans regret.
Son histoire à lui pouvait enfin commencer… l’histoire d’une revanche…
Certes en hors-champ, certes plus intime voire inintéressante, certes loin des fards et des projecteurs…
Certes, une histoire qui ne restera pas dans les annales.
C’était quand même son histoire à lui ; … à lui et à Cold 444.
Mais ça…
… C’est une autre histoire.