Yooooop. Je suis de retour !
Désolé pour le temps d'écriture, je me suis un peu laissé déborder par la vie IRL.
Merci pour vos commentaires, Xela et Masenko ! J'ai un peu raccomodé la première page, comme vous me l'aviez conseillé. Par contre, aveec la limitation du nombre de mots par message, je ne peux pas mettre tous les OS dans le premier topic
j'apprécie beaucoup les retours progressifs sur les chapitres, mais n'hésite pas à critiquer si tu trouves quelque chose qui cloche.
xela26 a écrit:à propos des descendants de Goku et Végéta, peut-on vraiment les qualifier de Sayan? à part les enfants directs de Goku et Végéta, les autres ont tellement de sang terrien en eux qu'ils seraient plus terriens que sayan (enfin mis à part leur capacité de transformation)
Bah, justement. Pour moi, ce qui définit un sayen, c'est précisément cette capacité de transformation. Niveau vocabulaire, je suis parti sur cette appellation, car il ne reste de toute façon plus de sayens de sang pur.
Allez, place au texte :
Chapitre 16 - Appel aux armes
Il y a bien longtemps (mais pas tant que ça) - Attention, ça va un peu piquer.
Assis sur sa souche, le petit garçon serra les poings en silence pendant qu'on lui appliquait du liquide désinfectant sur le front. De gros doigts blancs finirent d'apposer délicatement un tout petit pansement là où il était blessé. L'enfant se détendit, voyant qu'il n'y avait plus rien à craindre, et quitta des yeux le verre où reposait sa dent cassée.
L'immortel lui maintint doucement la bouche ouverte, tout en appliquant le bout de dent brisé à l'endroit de la cassure. Un petit flash plus tard, la dent était ressoudée. Il recula pour mieux apprécier son œuvre.
- C'est bon. Tu vas bien. Mais il faut faire attention, tu sais. Les Zodians sont très forts, tu aurais pu te faire tuer.
Pas de réponse. Il regardais par terre, en frottant sa dent réparée d'une main. Il avait été chanceux que le sang-bleu n'ait pas forcé : un seul coup de pied d'un combattant de ce niveau était plus que suffisant pour exécuter un gamin de huit ans. Malgré tout, l'immortel devait bien admirer le courage de son protégé, qui n'avait pas hésité à attaquer une demie-douzaine de soldats pour protéger un parfait inconnu, et ce, armé seulement de ses poings.
Le monde s'était fait plus rude que jamais au cours des dernières décennies. L'ancien monde et l'arène étaient devenus le théâtre d'une lutte titanesque entre sorciers, empires et divinités, et les zodians, au service de l'impératrice Calyψo, de l'ordre des mages et de l'église de Primus, incarnaient les trois à la fois. Partout où l'impératrice régnait, ses légions faisaient respecter sa loi. Partout où elle ne régnait pas, elles venaient l'imposer par la force. Ce gosse avait de la chance d'être en vie.
- Qu'est-ce qui t'a pris de les attaquer, au juste ?
Un bataillon de soldats contre un seul enfant incapable de maîtriser son ki. L'immortel en aurait ri si la situation n'avait pas été si dramatique. Le jeune garçon restait muré dans son silence. Un fort sens moral, qu'il ne parvenait pas à s'expliquer à lui-même l'avait irrésistiblement poussé à agir.
C'est toi qui a créé ça, Primus ? À quel point as-tu préparé son existence ? Tu ne nous aurais pas demandé de lui sauver la vie s'il ne t'était pas précieux, d'une manière ou d'une autre. - Et vous ? Pourquoi vous m'avez sauvé ?
De la répartie. Et bien soit.- Un vieil ami nous a prévenu qu'il y avait un enfant en danger, alors nous sommes venus à la rescousse.
Puis, devant la mine confuse de son interlocuteur.
Cela faisait beaucoup à assimiler d'un seul coup, et son regard se perdit un moment dans les arbres. L'atterrissage d'un jeune homme blond au teint maladif l'interrompit dans sa confusion. L'arrivant leur adressa un grand sourire, ses yeux bleus délavés pleins de fierté.
- Ça y est, je les ai tous eu !
L'immortel le regarda dans les yeux, désapprobateur. Silence gênant, avant qu'il ne se reprenne.
- Sauf celui-ci, OK. Je reviens tout-de-suite.
- Non, Abel. Il y en a deux. Celui que tu viens de détecter essaie de détourner ton attention pendant que l'autre se dirige vers leur vaisseau.
Abel Alazrhad resta coi, le regard perdu au loin, jusqu'à ce que l'immortel ne l'aide dans sa concentration en lui pointant une direction du doigt.
- Ooooh. Oui. C'est bon, je l'ai. J'y vais.
Et le jeune mage quitta le sol à toute vitesse dans la direction qu'on lui avait indiqué. Le rescapé dévisageait à présent l'Immortel avec de grands yeux interrogateurs.
Zut. L'immortel n'avait pas eu à gérer ce genre de situation depuis très longtemps. Il tenta de se redonner une composition en se retournant vers l'enfant. Inutile de tourner autours du pot.
- Parfois, c'est la seule solution. Si Calyψo découvre que nous sommes intervenus, sa colère sera terrible. Elle pourrait décider d'exterminer touts les habitants de la planète.
- ...
Il n'y avait plus grand chose à faire, à part attendre le retour d'Abel. Ensuite, il serait temps de mettre les voiles le plus loin possible.
- Pourquoi est-ce qu'ils font la guerre tout le temps ?
Ce môme ne devait pas avoir vécu un seul jour de paix dans toute sa vie. S'il n'y était pas directement opposé, il entendait parler de la guerre qui opposait les deux empires de Calyψo et de Caldagla sur un millier de champs de batailles depuis des siècles. Zodians contre démons du froid, empereur contre impératrice, mage contre mage... Une guerre absurde, mais qui devait durer coûte que coûte.
- La force entraîne la force. Tu as remarqué qu'aucun des deux camps ne détruit de planètes ? Ils ne veulent pas détruire les ressources de l'autre, même si ce serait plus efficace.
Ils ne cherchent pas à se vaincre l'un l'autre. Ils veulent rendre ce monde aussi fort que possible.
- Mais...
- L'ancien monde est rempli d'ennemis prêts à nous envahir au premier signe de faiblesse. Tant que la guerre continue, ils savent que nous sommes prêts à leur rendre coup sur coup. L'ancien monde fonctionne sur un niveau d'oppression complètement différent. Ils chercheront à imposer leur loi sans comprendre à quel point l'arène diffère de leurs dominions. Tout le monde regretterait les deux empires.
Abel se posa en silence, ne voulant pas perturber l'enfant dans son trouble, et assura d'un geste que le travail était fait. Ce maladroit s'était brûlé les manches avec une boule de feu. Il était temps de partir. Le colosse pâle se leva de son siège improvisé, quand une voix fluette l'interrompit.
- Apprenez-moi à me battre.
- Pardon ?
- Apprenez moi à me battre comme vous. Je vais devenir fort. Encore plus fort que vous. Et que Caldagla, et que Calyψo. Comme ça, il n'y aura plus besoin de guerre. Je vais devenir tellement fort que tout l'ancien monde tremblera devant mon nom, et que plus personne n'osera nous faire de mal.
Dans la bouche d'un enfant ordinaire, ce discourt eut été ridicule, mais c'était Primus lui-même qui les avait menés à celui-ci. L'immortel se tourna vers Abel, le sourire aux lèvres.
- Ça fait onze, c'est bien ça ?
*******
On entendait le vent souffler sur la capitale du nord. Dans les rues vides, les seuls mouvements visibles étaient ceux des chats errants et d'un oiseau de passage.
Il faudrait aussi penser à ressusciter les oiseaux, se dit Piccolo.
Quand on ordonnait aux dragon balls de régénérer la planète, elles ressuscitaient aussi les animaux, mais pas les humains, ni les sayens, ni les nameks. Pourquoi ?
Qu'est-ce qu'ils avaient de si spécial, eux, les êtres pensants ?
Les humains passaient un temps considérable de leur vie à essayer de prouver qu'ils n'étaient pas au même niveau que la nature, sans jamais mettre ce supposé fait en question. Mais c'était bien vrai, Piccolo et les autres en avaient la preuve... Il avait créé des dragon balls, mais même lui ne savait pas pourquoi Shenron lui-même opérait cette distinction. À l'époque, il n'avait fait que solliciter un être supérieur, l'arracher de son état de quasi non-existence apathique en lui insufflant le ki et une forme physique, fut-ce seulement une statuette. Un corps et un ki, et Shenron pouvait transformer l'univers, sans aucune limite.
Alors pourquoi cette distinction ? Ce n'était pas une question d'énergie : il opérait les résurrections individuelles et massives avec la même facilité.
Ce ne pouvait être qu'une chose : la manifestation d'une chose que Shenron n'avait jamais montré devant qui que ce soit : une opinion.
Shenron avait un avis sur ce qui l'entourait. Il avait donc forcément eu une vie, avant que le fils de Katats ne l'arrache au vide. Était-il simplement une réflexion de la pensée du namek qui l'avait créé ? Mais Piccolo se sentait bien trop étranger à sa propre création. Shenron dégageait une aura d'un autre monde et d'un autre temps.
…
Pourquoi était-ce différent cette fois-ci ? Quand les sayens, les cyborgs, les démons du froid et ceux du Makaï avaient débarqué, il ne s'était jamais posé cette question. Tout prenait un air tragique, fatal. Il était le même Piccolo, sur la même planète, mais l'univers dans lequel il évoluait lui semblait radicalement différent. Le mot « Mort » ne signifiait plus la même chose qu'à l'époque.
- Piccolo, tu es prêt ? Tout le monde est déjà en position !
C'était Goujin. Plusieurs centaines de kilomètres les séparaient avant que le namek ne sombre dans ses pensées, et, s'il n'y avait pas été particulièrement attentif, il n'avait tout de même pas remarqué son approche. Le jeune sayen avait récemment à faire vibrer son aura pour minimiser les déplacements d'air entraînés par ses mouvements. Plus rapide, plus endurant, plus discret...
Plus fort, aussi. Même hors de sa transformation, ses traits étaient ceux d'un exaltés. Le jeune homme apathique et relâché avait disparu pour de bon. Dans son costume anguleux, avec sa coupe iroquoise impeccable, il n'évoquait plus rien qu'un horrible mot aux yeux de Piccolo.
« Arme. »
Ils n'avaient jamais eu besoin d'armes, avant. Pourquoi Kaïoshin avait-il fait ceci ? En quoi était-ce différent ?
- Oui, c'est bon. J'ai enterré toutes mes macro-capsules.
- Parfait.
Goujn souriait, les yeux fixés sur la lune qui éclairait en retour son visage d'une blancheur spectrale. Là-bas, par-delà le vide spatial, s'activaient des centaines d'ingénieurs impériaux qui préparaient la base avancée des démons, qui leur permettrait d'attaquer la terre.
Tous les partis s'étaient accordés à ceci, l'empire servant d'intermédiaire diplomatique.
La bataille devrait bien avoir lieu, de toute manière, et les démons menaçaient de prendre des milliards de vies extraterrestres si les terriens détruisaient l'astre avant le jour J.
C'était pour très bientôt. Les démons affluaient de plus en plus nombreux, et ils avaient pu détecter quelques puissances hors de portée des plus faibles super sayens. Ce serait un combat éprouvant pour tout le monde, du plus puissant sayen au plus humble moine.
À l'heure actuelle, leurs forces s'élevaient à vingt-sept super sayens, dont cinq atteignaient le niveau deux, et trois le troisième. À ceci s'ajoutaient trois cent vingt-deux moines de la grue, une trentaine de maîtres en arts martiaux de niveaux variés, deux cyborgs, quarante-neuf combattants promis par le Kaïoshinkaï, Boo et Piccolo lui-même.
Face à eux : tout le Makaï. Un monde dont ils ne savaient pratiquement rien, si ce n'était qu'il leur vouait une haine farouche.
Une force inarrêtable s'apprêtait à rencontrer une masse inamovible, et ils étaient situés pile sur le point d'impact.
Goujin souriait en anticipation. Goku aussi aurait souri.
Mais pourtant, le malaise ne voulait pas partir.
*******
- C'est une sorte de rongeur terrien, madame.
- Je me fous de ça ! Ce que je veux savoir c'est ce que ce squelette fait là avec les deux autres !
- Nos alliés confirment que les indigènes ont pu aller sur la lune à cette époque. C'est peut-être une exploration qui a mal tourné ou quelque chose du genre.
- …
Ladra détestait les imprévues dans ce genre. Elle était arrivée il y avait douze heures, et il restait des dizaines de cas similaires à traiter. Mais Uranie avait scanné mentalement tous les responsables impériaux impliqués dans le projet. Ces petits impairs ne pouvaient être que des désagréments mineurs et certainement pas une conspiration de masse.
Sûrement.
Quelques centaines de mètres plus loin, dans un bâtiment en préfabriqué préparé à l'avance, le roi Nordis attendait patiemment, flanqué de ses deux gardes du corps, sous la surveillance d'une demie-douzaine des hommes de Ladra. Il était toujours impossible de lire dans ses pensées, et il semblait impossible qu'il ne sot pas en train de préparer quelque chose.
Mais s'il y avait quelque chose à lui extorquer, il était déjà bien trop tard pour le faire. Le roi était piégé comme un rat, et ni ses deux gardes du corps ni sa rutilante armure de cérémonie ne lui seraient du moindre secours si Ladra ordonnait son exécution.
- Bon, rangez ces ossements quelque part, et réglez le reste des problèmes ! Baphasi sera là dans dix heures et tout doit être prêt !
Les démons s'empressèrent de suivre ses ordres, et fusèrent à travers le campement. C'était vraiment là une merveille d'efficacité. Des dizaines de soldats et d'ingénieurs mettaient en place les derniers préparatifs et testaient la stabilité des portails qui amèneraient sur place les différents corps d'armée. Les Noxiens, premiers sur le terrain, étaient déjà des milliers à piétiner le sol du satellite. D'extraction noble pour la plupart, on sentait chez eux le désir d'effacer le souvenir cuisant de leur défaite face aux tribus d'Ellac Czapas en se couvrant de gloire dans ce combat-ci. La réputation actuelle de Noxus ne lui promettait pas des fiefs de choix dans le monde d'au-dessus.
La situation était une aubaine pour eux : Baphasi avait fixé le nombre de soldats que chaque seigneur régent serait autorisé à emporter avec lui à cinq mille, afin de limiter les problèmes logistiques. Si Noxus n'avait plus les moyens d'entretenir une vaste armée de métier, sa noblesse guerrière restait toujours aussi redoutable, et parfaitement capable de fournir un des meilleurs contingents de cinq mille soldats qu'on puisse lever hors de la Citadelle.
Alvandra Karène était la nouvelle dirigeante des armées noxiennes. Grièvement brûlée par un pyromancien des steppes, elle ne se défaisait plus de son énorme armure noire gravée de runes. Selon les rumeurs, elle serait même incapable d'en sortir.
Son imposante silhouette casquée et hérissée de pointes dépassait d'une bonne tête le reste des diplomates assemblés autours de la table du conseil stratégique, lorsque Ladra entra dans le bâtiment. La trentaine d'individus assemblés là débattaient d'une information stratégique douteuse.
- Mais c'est complètement con. Pourquoi ils ne se rasent pas tous la tête dans ce cas ?
- C'est peut-être un secret ?
- Non, réfléchissez, il y a corrélation, mais cela fonctionne peut-être dans l'autre sens.
- Tu veux dire qu'ils perdent leurs cheveux parce qu'ils deviennent forts, et pas l'inverse ?
- Et bien, cela me semble déjà plus probable, non ? Et ils les regagnent en perdant leur niveau, comme on a pu le voir sur le sujet A03.
- Hum... Si les humains de sang pur ont accès à une transformation, ça rendra les choses intéressantes à coup sûr.
Le silence se fit finalement quand Ladra entra dans le pavillon. Un bref hochement de tête d'Uranie lui confirma que tout était en ordre. Elle avait fait un travail merveilleux durant tout cette opération. Si elle pouvait éviter de polluer les réunions avec ce genre de considérations inutiles, Ladra en viendrait même à l'apprécier malgré sa servilité et son manque d'étiquette.
*******
Rte'is.
Là où tout avait commencé. Sur ce rocher froids et désolé, où l'atmosphère dense rare et la gravité écrasante avaient fait de leur mieux pour détruire toute forme de vie, où le froid abominable avait durci jusqu'au cœur de la planète laissée à la merci des rayonnements d'un soleil lointain et mourant, avait vu le jour la race qui ferait trembler l'univers. Les ruines des constructions que les premiers ancêtres de Freezer avaient érigé étaient encore discernables entre deux cratères d'astéroïdes.
Quelle force devait avoir ce monde, pour avoir fait trembler cette race, pour l'avoir poussée à l'exil. Taris frissonna dans sa combinaison spatiale. Le froid ici avait quelque chose de spécial. Il se faisait sentir, même depuis l'orbite, à l'abri d'un vaisseau spatial. C'était un froid particulier, qui avait poussé l'espèce la plus coriace de l'univers à s'exiler de sa terre natale.
Dans le ciel, on pouvait voir une nuée d'astéroïdes. Rte'is en comptait une dizaine, tous recouverts des demeures de démons qui avaient fuit les conditions terribles de leur patrie. Il y en avait eu plus, à une époque, mais les guerres entre lignées de démons n'avaient laissé que ceux-là. C'était une perte insignifiante, tout compte fait. Aucun archéologue n'aurait pu survivre à proximité de la géante tellurique pour étudier ces ruines.
Taris fit quelques pas de plus sur le sol compact et gelé. En haut, les moteurs de son vaisseau personnel luttaient pour ne pas laisser l'astre le broyer avec tous ses occupants.
Le capitaine détourna les yeux du ciel. Il avait envoyé plusieurs de ses soldats à la mort, dans sa vengeance aveugle... Et tout ça pour quoi ?
Résigné, il s'avança vers le gigantesque mausolée au loin. La seule bâtisse de taille respectable jamais construite par ce peuple, en l'honneur de leur premier et unique empereur. Ses tours ne s'élevaient pas bien haut, et la structure dense et carrée avait par endroits été défoncée par des météores. Mais empiler des pierres sur plus de cent cinquante mètres de hauteur par une gravité de 100G était déjà un exploit en soi, et convaincre un peuple entier de démons du froid de le faire à sa place en était un plus grand encore.
Aujourd'hui, les démons du froid étaient réduits à une poignée d'individus toujours menacés par l'extinction. Pour maintenir un semblant de contrôle sur les milliers de monde des quatre galaxies, ils devaient compter sur leurs bureaucrates et leurs armées. Oui, il y avait aux quatre coins du monde des politiciens qui se gavaient derrière le bouclier que leur conférait la confiance de Nordis.
Mais cela n'avait pas toujours été le cas, lui hurlaient ces ruines. Les millénaires avaient peut-être passé, l'histoire avait peut-être eu le temps d'être écrite et oubliée dix fois, les continents avaient eu beau avoir emporté les vestiges de cette ère dans leur course inarrêtable, la roche gelée de Rte'is se souvenait. Les vestiges qu'il contemplait au loin rappelaient à quiconque pouvait bien les voir qu'à une époque, il en avait été autrement. Qu'il avait été un temps où des démons du froid avaient arpenté la galaxie par centaines. Un temps où ils avaient construit leur avenir de leurs propres mains, et non dirigé celui des autres. Un temps où l'équilibre des forces du monde s'était retrouvé perturbé par des choses que l'imagination de Taris n'appréhendait qu'à peine.
Derrière le palais dépassant la grand construction jusqu'à la réduire au ridicule, une immense bâtisse dorée éclipsait l’horizon et projetait son ombre au sol. Sa conception était étrangère à tout ce qui s'était vu de mémoire d'homme ou de machine, mais il s'agissait bien d'un vaisseau spatial. De cette distance, il ressemblait plus ou moins au croisement d'une baleine et d'un porc-épic dont chaque millimètre carré aurait été recouvert de feuilles d'or par un milliardaire maniaque. La moitié de l'engin était écrasé sans le sol jaunâtre et glacial, et les dévastations infligées à la roche donnaient un aperçu de ses dimensions.
Le croiseur doré, comme Taris l'appelait, était à la fois un palace, un moyen de transport incroyablement rapide, et l'engin de destruction le plus effroyable sur lequel il ait jamais posé les yeux. Celui qui l'avait fait construire pouvait tout simplement se le permettre.
Le capitaine eut le même sentiment de désespoir qu'à l'accoutumée devant ce spectacle. C'était là la preuve indiscutable de l'insignifiante place qu'il occupait dans l'univers.
Les mutants comme lui occupaient une strate à part. Ils faisaient la jonction entre l'immense masse d'une plèbe complètement impuissante, les innombrables manipulateurs de ki tout-puissants pour ces derniers, mais insignifiants à son niveau, et enfin, les démons du froid.
Et lui même, plus que tous les autres, était au seuil de la porte. Entre le monde dangereux, mortel dans lequel les plébéiens devaient s'efforçaient de survivre chaque jour, et l'autre. Que penseraient-ils, s'ils savaient, comme lui ? Que penserait ce peuple qui s'échinait depuis la nuit des temps à se défaire du règne de terreur des manipulateurs de ki, s'il percevait ne serait-ce que l'existence de cette porte ? Ils se figuraient que Nordis n'était qu'une version plus conséquente des guerriers dont ils enduraient la toute-puissance au quotidien. Mais, et Taris avait mis du temps à le comprendre, c'était une grossière erreur. Nordis était par-delà la porte. Il avait les deux pieds dans l'autre monde, et était bien la seule étincelle de lumière au milieu de ces ombres menaçantes. Jusqu'alors, ils n'en avaient perçu que des mouvements aux frontières de leur vision. Des rapports historiques sur les semi-démons, une monstrueuse énergie psychique détectée sous les océans Aleriens, des recoupements bien trop précis entre des religions lointaines, la légende du sayen millénaire... Et voilà que la porte s'ouvrait grande, qu'après les super-sayens ; les dieux et les démons s'invitaient à la fête.
Et Nordis était presque tombé, vaincu par les siens. Taris, armé du croiseur doré, devenait leur dernier rempart.
Il grimaça en faisant un pas de plus. C'était plus dur que dans ses souvenirs. Encore un pas en direction du croiseur, et il sentit craquer ses articulations.
« Est-ce que je peux le faire ? »
Et un pas de plus. À sa droite, une série de cratères indiquait l'endroit où il avait dû battre le jeune Freezer jusqu'aux sangs, lors de la révolte zodiane. Moins docile que son grand frère, il voulait rejoindre Cold sur le champ de bataille et n'avait pas voulu entendre raison. Il ne lui avait d'ailleurs jamais vraiment pardonné...
Ce jour-là, le capitaine avait risqué sa vie pour protéger la descendance de son roi. Mais aujourd'hui, un tel combat aurait été suicidaire. Il avait perdu sa force dans la guerre zodiane, et n'y avait gagné que d'abominables cauchemars qui revenaient inlassablement le hanter dès qu'il fermait les yeux.
Ses yeux se perdirent dans le ciel. Là haut, hors de sa vue, Krios attendait dans son vaisseau. Si Baphasi décidait d'exécuter Nordis, le prince serait la toute dernière chose à laquelle Taris pourrait se raccrocher. Résolu, haletant, il inspira et fit un pas de plus sur le sol impitoyable de Rte'is.
*******
Ainsi vous étiez bien des nôtres, Bellica.
La reine-mage agenouillée, Val'aël lui adressait une expression de confiance absolue. La cathédrale n'était plus du tout aussi bondée que dix minutes auparavant : moins d'un habitant sur dix avait résisté à la révélation, et tout le sol était recouvert de cendres blanches. Les élus relevaient les survivants, les uns après les autres. Si peu de fervents parmi les cent mille rois... C'était regrettable, mais Val'aël n'en était pas surprise. Elle même n'aurait pas passé cette épreuve, durant sa vie d'avant.
En revanche, elle ne s'était pas attendue à ce que le seizième mage fasse partie des croyant. Bellica était une brute avide de pouvoir et de plaisirs matériels... Mais la foi se cachait parfois aux endroits les plus improbables. D'autres auraient pu suspecter une ruse de la part du mage, et elle avait sûrement, comme chaque roi présent, préparé un artifice pour échapper à la mort lors de cette réunion. Mais ce n'était pas ce qui l'avait épargnée ici. Bellica avait nourri en elle une foi insoupçonnée de tous, et y compris d'elle-même. La géante leva doucement ses horribles yeux vers l'élue.
- J'en suis la première surprise.
Elle jeta un regard circulaire sur l'assemblée. Ni les consorts, ni les sorciers, érudits et maîtres combattants qu'elle avait amenée n'avaient résisté à la vérité. Progressivement, elle prenait conscience de ce qu'elle avait véritablement éprouvé au cours de ces années. D'à quel point elle différait de l'être qui avait trahi les mages dans un lointain passé. De combien son ancien moi la dégoûtait maintenant. Elle était sereine.
Ach'aël avait cessé de relever la foule, et s'était dressé sur l'autel. Sous son masque, ses lèvres s'animèrent, laissant à chaque fois jaillir un rayon de lumière qui brûlait désormais dans sa bouche. Il émanait à présent de lui une lueur qui n'éblouissait pas, un bien être qui transportait les fervents, et qui, Val'aël le devinait, serait une brûlure atroce pour les mécréants de l'arène.
- Fidèles, réjouissez-vous. Car en ce jour, notre seigneur vous a reconnu comme les siens. SES élus arracheront l'arène aux mains de Primus, et vous serez ceux qui en hériteront. Une nouvelle ère débute, et vous en êtes les héritiers.
Le cœur de Val'aël se gonfla de fierté et l'appréhension. Elle était prête. Chacun d'entre eux était prêt. Ce serait le plus dur combat de sa vie, et ils seraient nombreux à mourir, mais ils l'emporteraient. Il ne pouvait en être autrement :
IL l'avait décidé.
Une voix, derrière elle, s'éleva cependant. Bellica s'était péniblement redressée sur ses deux jambes noueuses.
- Permettez que je vous accompagne. Les mages sont de retour dans l'arène, et nul n'est mieux qualifié que moi pour les affronter.
Toute possibilité de trahison avait été écartée, aussi nul ne fut surprit quand elle reçut un hochement de tête approbateur de la part d'Ach'aël.
*******
« Juste une minute de plus. »
C'était dangereux de rester allongé comme ça. L'attraction monstrueuse qu'exerçait Rte'is sur le capitaine le tuait à petit feu, et le temps de « repos » devait être minimisé au possible. S'il s'effondrait ici, Krios serait forcé de venir le chercher, et on ne pouvait pas se permettre de le laisser risquer sa vie sur ce maudit roc gelé. Taris était presque arrivé au but, de toute façon.
Tremblant, à moitié à cause de l'effort, à moitié à cause du froid surnaturel qui se faisait sentir partout sur la planète, il souleva son corps de l'épais tapis qui lui avait servi de lit improvisé. Il souleva un nuage de poussière qui permit de distinguer qu'il avait sûrement été rouge, à une époque. Maintenant, il était du même gris jaunâtre que la poussière de Rte'is et tout ce sur quoi elle avait pu se déposer.
Le capitaine reprit une grande inspiration, rassura son équipage par radio, et reprit l'ascension. S'il avait su ce à quoi il s'exposerait dans le futur, il aurait pris un peu plus de précautions lors de son atterrissage, il y a deux cent ans. Le nez du croiseur était planté dans le sol à un angle de vingt degrés, ce qui avait transformé le voyage vers la salle des commandes en une épuisante épreuve d'alpinisme.
Taris prit tout de même le temps de jeter un coup d’œil aux alentours. Si tout ce qui était périssable avait disparu depuis longtemps, les murs du vaisseau étaient encore intactes et laissaient distinguer de nombreux détails sculptés, que le capitaine aurait été bien en peine d'interpréter. Ils avaient quelque chose de sinistre, cependant. Sa vision périphérique animait les bas-reliefs qui semblaient comploter contre lui et une horde de monstres dorés rampaient dans sa direction peu importe vers où il tournait la tête.
Toujours du doré partout. Celui qui avait commandé la construction du vaisseau avait un sens de l'esthétique des plus discutables. Même avec toute cette poussière, on ne pouvait pas poser les yeux où que ce soit sans être assailli par cette maudite couleur. Peut-être était-ce parce que de la matière utilisée pour la construction avait été mise à nue par le temps, mais Taris avait de sérieux doutes sur à cette hypothèse : tout le bâtiment empestait l'autosuffisance. Il aurait bien coupé les lumières pour s'épargner cette vue, mais il n'avait pas la moindre idée de comment les éteindre.
La première fois, Taris s'était étonné que l'alimentation en énergie de l'engin soit encore opérationnelle, et avait regretté la réponse qu'il avait trouvé.
Une foutue étoile. Ce barjot avait d'une manière ou d'une autre réussi à distordre l'espace-temps jusqu'à miniaturiser une foutue étoile, et à la caler dans le réacteur de son vaisseau spatial. C'était de très loin la chose la plus aberrante dont Taris ait entendu parler au cours de sa longue existence, et la preuve la plus terrifiante de l'existence de l'autre monde.
Les portes s'ouvraient les unes après les autres devant lui. Du moins, cela ressemblait à des portes, et il lui avait fallu un petit moment pour saisir que ce n'en étaient pas. Normalement, on ressent un grésillement et un coup de chaud en passant un téléporteur, mais pas ici. Non seulement la transition était absolument naturelle, mais ces machines ne le redirigeaient pas identiquement à l'aller et au retour. Chaque pièce était complètement indépendante de toutes les autres, et un examen attentif avait révélé qu'elles pouvaient probablement se déplacer les unes par rapport aux autres, comme un puzzle géant en trois dimensions où chaque pièce serait compatible avec toutes les autres. Et cette maudite présence qu'il sentait derrière lui ne le lâchait pas, comme si c'était le croiseur lui-même qui jouait avec lui. Il était actuellement réduit à traverser les couloirs en économisant son souffle, tout en espérant que le chemin auquel le vaisseau le destinait serait le même qu'à sa première visite.
Heureusement, ce fut le cas.
Un énième téléporteur finit par le libérer dans une pièce qui parvenait miraculeusement à être encore plus recouverte de dorures que le reste de l'édifice. À une époque, cela avait sûrement été un salon destiné à accueillir les réceptions les plus huppées de tout le croiseur, mais également le poste de pilotage central du vaisseau. Malgré les dévastations infligées toute la pièce, qui avaient eu raison même de ce mobilier étonnamment résistant et de l'attache du lustre, qui gisait désormais au sol, le siège de contrôle central était parfaitement intact. L'ouverture à l'arrière trahissait qu'il avait été conçu pour un démon du froid un peu plus grand que Taris, mais le capitaine pouvait s'y asseoir sans trop de mal.
Il avança dans la pièce dévastée. Rien n'avait bougé depuis qu'il s'était crashé ici, il y a deux cent ans. Un frisson remonta dans sa colonne vertébrale alors que la sensation d'être observé, qui ne l'avait pas quitté depuis qu'il était entré dans ce maudit croiseur, se fit plus grande encore. À chaque pas, une présence extérieure venait un peu plus gratter le fond de sa cervelle. Il ne tremblait plus qu'à cause du froid et de la fatigue.
Mais il ne partirait pas. Les taches de leur sang à tous les deux étaient encore incrustes par endroits, sans cette pièce même. Deux cent ans... Sollicitée par le poids du capitaine, une des articulations de son genoux fit un petit bruit.
Et les os de Taris étaient broyés les uns après les autres par une massue qui ne montrait aucun signe de ralentissement. Et encore une frappe, et encore cent, et il maudissait son insensibilité à la douleur, car le capitaine percevait chacun de ses os se briser, incapable même de s'évanouir. Il tentait de riposter, mais sans conviction, comme dans un cauchemar. Il se sentait mou, faible, impuissant. Ses coups ricochaient sur son bourreau comme ceux d'un enfant sur les murs d'une prison. « Il est plus faible que moi », pensait-il. « Il va me tuer », savait-il. Mais sa voix était moins assurée. Un pas de plus, et il s'effondra, sentant quelque chose lui ronger les os.
Et Taris vit avec horreur la bouche du zodian s'ouvrir sur deux rangées de crocs tranchant, alors que le monstre le soulevait d'une main. Il put sentir chaque dent percer sa peau, fendre sa chair et buter sur les bris d'os qui y erraient. Alors la gueule se referma avec un claquement humide, et Taris aurait hurlé si ses poumons n'avaient été pleins de sang.
Et soudain, un choc ascendant plus violent que les autres l'envoya en l'air. Puis un second. Puis ce fut toute une pluie de coups de bélier, et à chaque fois les massues à pointes arrachaient un peu plus de sa peau martyrisée, et à chaque fois, le rire démoniaque de cette abomination ne cessait de croître, et la myriade de clochettes et d'osselets qui parsemaient dans sa crinière noire tintait toujours plus fort. Comme une balle de jonglage entre les mains d'un clown fou, Taris oublia toute volonté de lutter. Prostré, le mutant revivait silencieusement les détails de cette horreur passée. Il tenta de calmer sa respiration, mais au fond de son crâne, le rire résonnait toujours plus fort, étendait son dominion à chaque coup de griffe. Un bout de conscience arraché à chaque claque, il sentit comme des larmes s'accumuler à ses yeux. Taris était fort. Il pouvait se lever, s'asseoir sur ce maudit trône, et quitter cette planète ; il n'y arrivait juste pas. Sa tête bourdonnait du tintement des grelots, et il ne devinait même plus les hurlement paniqués de Polt dans sa radio.
Mais un scalpel trancha la gangue de bruit qui l'étouffait, et il pu prendre une inspiration.
Les massues avaient cessé de frapper, et le hasard lui avait laissé un œil utilisable. Devant la porte, se tenait la silhouette massive de Cold. Il était couvert du sang multicolore de ses adversaires, mais deux teintes éteignaient les autres : le fuschia des impératrices qui empoissait ses mains, et le pourpre des démons du froid, qui coulait de la triple plaie béante qui balafrait son visage. Le roi avait combattu et gagné.
Cambré, droit sur ses deux jambes, le grand noblesang, champion de l'impératrice contemplait la défaite de son peuple incarnée par Cold. Malgré le pantalon évasé, on voyait ses orteils crochus battre une cadence erratique que rythmaient les gouttes de sang qui s'écoulaient de ses massues. Les dodelinements de sa tête ajoutaient à la mélodie délirante le son des clochettes accrochées dans ses cheveux et ses cornes. La longue langue mauve de la créature passa plusieurs fois sur sa gueule garnie de crocs, et Taris comme Cold surent alors pourquoi l'impératrice avait condamné son peuple dans cette guerre suicidaire.
Il fallait abreuver ce monstre ou il s'abreuverait lui-même. Les piercings qui traversaient sa chair tremblèrent sous le rire qui secoua ce boucher dément, et il perdit tout intérêt en Taris pour s'avancer de sa démarche chaloupée vers son nouveau rival. Cold, qui le dépassait d'une bonne tête, en paraissait minuscule. Il y eut un bref dialogue silencieux entre les deux souverains ; l'un en nom, l'autre en être. Ce n'était pas un duel de force mais de royauté, et Cold n'avait aucune chance de l'emporter.
Ce ne fut qu'un infime battement de paupière, qu'un tremblement dans l'échine, mais ce fut assez. L'énorme poigne du noblesang saisit une corne, cent crocs s'enfoncèrent dans la chair du roi, et ils roulèrent ensemble au sol en une féroce masse de fourrure noire cliquetante et de chair tremblante. « Taris ? Monsieur, répondez s'il vous plaît ! »
La voix de Krios l'avait réanimé. Le capitaine ouvrit grand les yeux, le trouble reflua jusqu'aux confins de son esprit et, une expression féroce sur le visage, il reprit sa marche et le fantôme reprit sa place aux frontières de son subconscient.
Le mutant prit sa place dans le siège, qui le reconnut comme une sorte de chauffeur subsidiaire, et lui donna seulement accès aux fonctions de mouvement du croiseur, et encore, aux vitesses jugées inoffensives par son concepteur.
Sept cent mille tonnes d'alliage indestructible passèrent instantanément de l'immobilité totale au décuple de la vitesse du son jusqu'à l'orbite de Rte'is. Taris n'avait même pas senti l'accélération.
« Tout va bien. Nous pouvons passer à l'étape suivante. »
La lame de ki s'éteignit doucement autours de la main de Taris, alors que ses ultimes réserves d'énergie le quittaient.
Tremblant, couvert de son propre sang, Cold mit plusieurs minutes à se remettre de ce qu'il venait de vivre, et plusieurs autres à comprendre ce à quoi il venait d'assister. Il ne restait guère de Taris qu'un bras et un œil, mais ç'avait été suffisant. Le corps mutilé de son meilleur soldat se régénérait lentement, et l'oeil rescapé ne lâchait pas Cold. S'il avait encore pu haleter, il l'aurait plus que certainement fait. Les deux hommes s'observèrent longuement, égaux pour la première fois de leurs vies. Puis, enfin, le souverain eut le courage de regarder l’œuvre de son sauveur.
Les cloches s'étaient tues, et la cascade de cheveux noirs s'était faite lac placide. Partout dans la pièce, les serpents noirs immobiles reposaient sur le terrain. Et au centre... Même amputée de sa mâchoire inférieure, la tête du noblesang conservait un éclat d'horreur. Et ses yeux, toujours ouverts, n'avaient rien perdu de leur royauté. La mare de sang mauve s'étalait doucement, au gré des contractions de ce grand corps qui n'acceptait toujours pas complètement la mort.
Taris, toujours sous le choc de ce qu'il venait d'accomplir, reçu sans même y penser le remerciement de Cold. Les yeux vides du cadavre fixaient encore Taris, et, il en était plus convaincu à chaque seconde qui passait, le fixeraient pour toute sa vie.