Chapitre 3:
La dune s'était effondrée.
Le sable et les rochers la composant se sont étendus, plongeant tels des tsunamis rouges sur la surface environnante. La ville n'y échappa pas, et les immeubles – les restes calcinés d'immeubles – furent engloutis. Jusque devant l'arbre d'acier la marée venue du désert arriva et fit se baigner les pieds de Copper. Amondo, quant à lui, repoussait le sable avec son aura, créant une nouvelle matière assez peu identifiable, transparente, née du contact entre les deux.
La dune s'était effondrée.
Le paysage dominé par les géants sablonneux venait d'être soustrait d'un membre, lequel s'en était allé étendre son territoire parmi les mortels. Cependant, ce sont eux qui l'ont finalement abattu, ou plus exactement deux d'entre eux, alors que d'autres, à son sommet, se reposaient, profitant de l'hospitalité des cent kilomètres de hauteur.
La dune s'était effondrée.
De la même façon, propulsée vers le haut, Thalès s'était envolé, traversant un nuage, inconscient, puis retomba, tout aussi rapidement, vers le sol. N'attendant pas que le saiyen redescende avant de se coucher, la chute fut plus rude, et les kilomètres plus durs à endurer.
S'écrasant pitoyablement, la partie dorsale de son armure détruite, il ne rouvrit pas les yeux avant une bonne dizaine de minutes, les deux chocs successifs ayant fait effet sur le soldat imposteur.
Les secondes passaient, et le crâne enlisé sanguinolait sous ce sable maintenant si sombre, car justement tâché par cette hémoglobine qui coulait abondamment de son dos meurtri.
Thalès extirpa son corps: il n'était pas mort, loin de là, et ce fut étonnant que l'attaque, le projectile de ki, ne l'ait pas plus atteinte que ça, alors qu'il était le premier à recevoir le choc. Son endurance de saiyen ?
Le chauve fit l'inventaire, encore allongé sur le ventre: son armure ne tenait que grâce aux épaules qui avaient tenues, son détecteur avait disparu, mais son gel anti-cheveux était resté là où il se devait de rester.
Se relevant difficilement, il regarda aux alentours: la dune avait été détruite, et il n'en restait plus qu'un monticule duquel encore glissait du sable dans toutes les directions.
Son détecteur brisé, Thalès ne put pas définir la position de ses alliés. En plus, et pour rajouter de la difficulté à la chose, le soleil tapait trop fort pour que les yeux dépourvus de sourcils puissent rechercher de façon optimale les autres soldats.
Qui étaient les enfoirés qui leur avait lancé cette boule !? Thalès sentait la veine qui commençait à pousser sur son front. Sûrement le super nuttsien ! Sa force fluctuait en continue, il n'était pas à 5000 unités, mais bien au-dessus... Comment vaincre une force pareille ?!
Si seulement il retrouvait son scouter, celui de Sham ou celui de Dalas, il appellerait des renforts. Le Commando Ginue est à l'autre bout de la galaxie en ce moment même, ils n'arriveraient jamais à temps, mais il doit bien y avoir sur la base un général compétent qui pourrait venir, voire sur une base plus proche.
C'est avec cette pensée qui rappela à Thalès son impuissance qu'il commença à marcher dans le sable rouge pour trouver ses compagnons.
S'il volait, il serait sûrement repéré par le monstre, et il préférait ne pas encaisser une seconde boule d'énergie. Il opta pour la marche à pieds si peu pratique.
Continuant d'avancer en balayant l'horizon sablonneux du regard, il faillit tomber à la renverse butant sur un objet inanimé au sol. Son pied engendra alors un choc qui fit tomber le sable sur le-dit objet et dévoiler...
...un long tentacule brûlé.
Thalès recula d'un coup.
Pas loin du tentacule, vers la droite, deux énormes monticules dissimulés, de formes similaires, rattachées au fameux tentacule. Le sable avait rougit entre les deux parties, très certainement du sang.
Le saiyen chauve n'avait pas besoin de s'approcher, il savait ce que c'était.
Il le fit quand même, pour être sûr, et remarqua alors qu'il avait eu raison !
Juste devant lui, le cadavre découpé en deux de Koreshi.
Aucun regret de la part du saiyen, si ce n'est que Sham devra piloter seul et que ce sera moins pratique. Et d'ailleurs, le seul sentiment de Thalès, à ce moment-là, c'était de la crainte !
L'attaque a découpé Koreshi en deux, alors que c'était une boule d'énergie... Mais quel genre de kikoha est capable de ça ?
Si ça se trouve, la boule n'a pas explosé en contact avec le sable, elle l'a traversé, et a attendu que celui-ci se tasse pour pouvoir diffuser le ki et faire des dégâts. Thalès n'était donc pas le premier à prendre des dégâts, mais plutôt ceux sur le centre du haut de la dune, comme Koreshi.
Il n'empêche, le pauvre n'aurait eu aucune chance de s'en sortir, car découpé assez primitivement en deux.
Quoiqu'il en soit, rien de plus grave que la mort de ce soldat. En même temps, il l'avait cherché. Il aurait dû être plus fort, sûrement un manque d'entraînement. Enfin bon, Thalès lui ne s'était pas grandement entraîné non plus pour avoir cette force, mais on ne va pas confondre habiletés naturelles et mise à niveau.
Le chauve passa donc son chemin: inutile de tergiverser, Koreshi était mort et il n'y avait aucun moyen de le ressusciter dans tout l'univers. Des soldats comme lui, il en arrive tous les jours.
Mais des boules de ki vert pomme, moins.
Thalès attrapa instantanément le projectile qui fusait jusqu'à son crâne avec une main et le projeta vers le sol, lequel explosa et projeta du sable partout.
La vision de Thalès obstruée, et la surprise évitée de peu ajouta à l'immobilité et l'effarement du saiyen qui ne vit pas le poing lui écraser le nez et le projeter jusqu'à une dizaine de mètres en arrière.
Sans avoir pu comprendre, toujours pas, il dut subir un enchaînement de coups de pieds et de coups de poings. Les coups n'étaient pas puissants, mais nombreux, et Thalès, du sable sous les paupières, ne put comprendre.
Entendons nous bien: son seul problème était qu'il ne voyait rien.
Le guerrier saiyen attrapa un des poings et le tordit. Il soumit alors l'assaillant en se remettant sur pied et en continuant de tordre la main impuissante, tout en essuyant ses yeux.
Le-dit assaillant continuait, même si s'écrasant toujours inexorablement sous la puissance de Thalès, de frapper son torse.
Quand enfin il put percevoir, Thalès contempla l'agresseur, et eut un fou rire:
- J'y crois pas! AH AH AH AH AH !
Sa puissante voix monopolisa l'attention du désert. On l'entendait à des kilomètres à la ronde.
En fait, Thalès riait tellement qu'il s'en foutait du bruit qu'il faisait. La situation était tellement drôle, tellement improbable, que la seule idée qui passa par la tête du saiyen, c'était de rire !
Pas par plaisir, pas par gêne, pas par sadisme, mais par dédain, parce que l'improbabilité de l'événement ne donnait qu'une envie: Se moquer !
- Alors Sham !? On s'amuse !?
Le dénommé serrait des dents en contemplant sa main réduite en bouillie. Son détecteur souffrait lui aussi en remarquant l'écart des deux niveaux d'unités.
- Enfoiré... C'est de ta faute si on est là en train d'affronter ce monstre ! Connard de chauve !
Le connard de chauve lâcha la main et expulsa son pied dans le plexus de Sham en souriant, lequel se déforma et s'éjecta vers l'arrière. Pour encore plus colorer le sable, un crachat ensanglanté.
- De ma faute, Sham ? De ma faute ? Est-ce moi qui ai demandé à venir sur cette fichue planète ?
- ...
- Est-ce de ma faute si le nuttsien est aussi fort ?
- ...
- Est-ce de ma putain de faute si on a reçu un kikoha d'une puissance phénoménale dans la gueule ?!
- ...
À la place de montrer sa frustration de voir qu'il ne répondait pas en parlant, il lui éclata l'épaule gauche avec le tranchant de la main.
- Bon, je fais quoi Sham là ?
- Tue-moi.
- Ah, on en arrive à là !
- Tue-moi, qu'on en finisse.
- Oh, mais j'y compte bien. Seulement, il me faut un conducteur pour le vaisseau.
- Le vaisseau a dû être enseveli par le sable.
Thalès n'y avait pas pensé.
- Bon, et bien donne-moi ton scouter, je vais appeler des renforts.
- Non, je ne t'aiderai pas.
Encore une fois, Thalès ria. Il leva les épaules:
- Mais tu vas mourir mec ! Qu'est-ce que ça peut te foutre que j'appelle des renforts pour moi ?
- ...
Thalès éjecta Sham dans le sable avec la paume de sa main.
- Bon, Sham, je te dis au revoir du coup. Tu m'as bien fait chier ces derniers mois, je suis ravi de pouvoir enfin te tuer.
Le condamné joua sa dernière carte:
- Que feras-tu si Dalas voit que tu m'as tué ?
Thalès était lassé de rire, mais sinon, il l'aurait fait.
- Ah, tu comptes sur Dalas pour te venger donc ?
- Il est plus fort que toi.
- Et ?
- Il te tuera en sachant que tu m'as buté !
- Ouais, j'avais compris l'idée. Du coup je répète: Et ?
- Et quoi ?
- En quoi c'est censé m'affecter ?
- Bah... Tu vas mourir, t'es complétement con ou tu comprends rien ?
- Mec, là-bas, y'a un monstre plus fort que nous deux réunis, et Dalas sait très bien que sans moi, il crèvera en 5 minutes. Il a besoin de moi.
- Admettons, mais il te tuera juste après.
Un rictus. Un rictus du saiyen chauve. Cette fois, du sadisme.
- Et s'il ne ressort étrangement pas vivant de ce combat ?
Sham recula comme il pouvait, alors rampant sur le dos, apeuré. Enfin, l'homme rouge se rendait réellement compte qu'il n'avait plus aucune chance de survivre, aucune chance de se faire aider, de revoir ses enfants.
En face de lui se tenait le pire des monstres, le pire des enfoirés... et même pire...
Des larmes coulaient sous ses yeux d'habitude froncés. Il implora alors la pitié de Thalès:
- Laisse-moi vivre Thalès. Je m'exilerai tout au fond de la galaxie et je ne dirai rien à personne. Je le jure sur les dix mille dieux de ma planète et sur Freezer !
L'interpellé fit mine de réfléchir:
- Mmmmh... Nan !
Les larmes redoublèrent de volume.
- S'il te plaît Thalès ! JE T'EN SUPPLIE !
À ce moment là, il s'était retourné sur le ventre, même s'il avait atrocement mal, et s'approchait de Thalès, jusqu'à lui attraper une botte:
- J'ai des enfants... Une famille...
Soudainement, et toujours en faisant semblant de réfléchir, Thalès s'agenouilla, et caressa le crâne cornu de Sham:
- Mais tu sais, si je te laisse en vie, ce sera un risque pour moi. Des gens pourraient découvrir ma réelle identité.
- Ta réelle identi...
Il comprit alors. Tous ses soupçons trouvèrent alors réponses. Depuis des mois, il épiait, il analysait, il cherchait à savoir ce que Thalès pouvait avoir à cacher. Et, autant pour rire que pour tenter de glaner des informations, il le traitait de saiyen, et le répétait sans cesse.
Toutes ses réactions, sa force, son humeur... ne collaient pas avec son physique... mais bien avec l'image du saiyen lambda.
Celui dont on sut l'identité attrapa le scouter de Sham sur son oeil et le posa sur le sien, profitant de la stupeur du condamné.
Et quand ce dernier leva enfin les yeux vers Thalès:
- JE LE SAVAIS ! J'AI PAS ARRÊTÉ DE LE DIRE DEPUIS...
Sprotch.
La botte de Thalès sauta sur l'occasion, et par extension aussi sur la tête de Sham, laquelle s'enfonça dans le sol, avant de céder sous la force et le poids de la puissante jambe du saiyen.
Un petit grognement de plaisir, suivi d'un fou rire: Thalès avait définitivement oublié d'être discret, mais s'en foutait éperdument.
Le fait d'avoir pu se libérer de cette sensation d'enfermement perpétuel en dévoilant son identité à quelqu'un lui faisait un bien fou, un bien temporaire, mais nécessaire. Malgré les nerfs saiyens, Thalès ne tiendrait pas toute sa vie en cachant sa véritable nature.
Il ne lui restait plus que Dalas et le Nuttsien à éliminer, et il pourrait jouir de quelques vacances pendant un mois ou deux.
* * *
- Général ? Appela le petit être violet à pois roses, devant son écran.
L'interpellé, qui passait dans le couloir, s'arrêta quand il entendit la voix fluette de son inférieur hiérarchique.
- Que se passe-t-il ? Répondit-il en s'approchant, remettant ses gants correctement.
Le violet cliqua sur un onglet, et l'ouvrit en grand, lequel semblait montrer l'intérieur d'un vaisseau.
Le général, orange de peau, au long crâne en deux parties comme le montre la fente verticale et centrale sur le dessus, aux cavités auditives proéminentes, et aux moustaches sur le menton, posa alors une autre question:
- Cet intérieur m'est familier.
- Oui, Général Danmarine, vous avez emprunté ce vaisseau il y a une semaine, pour venir ici.
- C'est exact, bonne mémoire, félicita le nommé en donnant une tape sur l'épaule de son subalterne.
Le petit être montra un rapport, sur lequel il venait de lire l'information. Il le fit comprendre en déplaçant son curseur dessus en cercle. Danmarine l'ayant capté, il attendit la suite.
- Vous voyez bien l'écran? Regardez la vidéo !
L'image fixe d'une caméra de surveillance postée près d'une fenêtre du vaisseau.
Après vingt longues secondes, du sable jaillit de la fenêtre, l'explosant au passage, et emplit le couloir, lequel fut alors complétement noyé par le composant rouge.
Le petit être à pois expliqua:
- L'unité du Colonel Dalas a emprunté le vaisseau il y a près de douze heures. D'après cette seule image, leur vaisseau a été anéanti par une avalanche de sable. Mon hypothèse étant qu'ils se sont fait attaqués.
- Sur quelle planète ont-ils été ?
- Nutts. Leur objectif étant de tuer un natif de 5000 unités avant de conquérir la planète.
- Simple mission, non ?
- J'essaie de contacter un des trois scouters emmenés par le groupe. S'ils ne répondent pas, est-ce qu'on envoie des renforts ?
- Pourquoi ne répondraient-ils pas ? Le Colonel Dalas n'est pas assez fort ?
- Il ne dépasse pas 5000 unités, malheureusement.
- Pourquoi l'avoir envoyé ?
- Je ne suis pas responsable des missions. Dois-je envoyer des renforts ?
- Je vais faire confiance au Colonel Dalas, je l'ai déjà vu se battre. Je dois partir, on m'attend, abrégea le Général.
Pas qu'il ne se souciait pas du sort de l'équipe de Dalas, mais il était réellement en retard.
Le petit être à pois ne savait pas quoi faire. Il serait dommage de perdre un colonel, surtout qu'il n'y en a que trois sur cette base en comptant le reptilien.
Le petit être préféra essayer. Il chercha les numéros des trois scouters. Les numéros portaient les noms de, dans l'ordre, Sham Maïro, Thalès, et Zamerik Sandich Counotor Dalas.
Il ne réfléchit pas longtemps, et composa le numéro du premier dans l'ordre alphabétique.
- Base spatiale Freezer 715, nous demandons rapport de votre mission en cours.
* * *
Le cadavre de Koreshi disparaissait à l'instant, désintégré par le kikoha de Thalès. Il avait fait la même chose pour celui de Sham, sa dernière victime.
Personne ne savait pour eux, alors il faisait disparaître les preuves. Qui sait, Dalas n'avait pas repéré les fluctuations d'énergie. Si on lui demandait où ils étaient, il suffirait de dire qu'ils sont morts à cause du kikoha destructeur de dune.
Quoiqu'il en soit, le chef d'escouade ne pourrait se passer de Thalès pour tenter d'éliminer le super nuttsien. C'était un bon point pour sa survie, un peu moins pour celle de Dalas.
D'ailleurs, Thalès se devait de le chercher. Alors il explora l'interface du scouter volé de Sham, lequel était un peu inconfortable. En plus, le gars savait pas ranger ses applications. Et sérieux, qui s'abonne à ce genre de pages sur les réseaux sociaux !?
Le saiyen arrêta de fouiller dans les affaires privées du décédé et trouva le contact de Dalas. Juste avant qu'il n'ait pu l'appeler, une sorte de sonnerie se fit entendre, et ce seulement de Thalès bien entendu:
- Base spatiale Freezer 715, nous demandons rapport de votre mission en cours.
C'est quoi ce chiant là ?
Thalès hésita: Avec quelle phrase débuter son discours mensonger, celui sur les disparitions “étranges“ de deux soldats, et sur la situation?
Après une bonne dizaine de secondes, le petit être à pois au bout du fil répéta sa phrase, et c'était seulement à ce moment que le chauve répondit:
- Oui, ici Thalès. La force du super nuttsien fluctue entre 3000 et 9000 unités, voire au dessus ! Nous demandons des renforts !
L'interlocuteur tressaillit:
- Au-dessus des 9000 !? Voulez-vous des renforts ?
Thalès hésita. En fait, il voulait réellement affronter ce monstre, pour avoir une raison de tuer Dalas. Mais s'il pouvait le tuer, et ensuite appeler des renforts pour qu'eux-mêmes tuent le nuttsien et qu'il survive, ce pourrait être une solution intéressante.
- Oui, un maximum !
- Nous allons voir ce que nous pouvons faire. Votre vaisseau a été enseveli par le sable, êtes-vous au courant ?
Alors c'était vrai, pensa Thalès, Sham avait eu raison.
Ignorant le silence de la non-réponse, le petit être poursuivit:
-Restez cachés. Les renforts devraient arriver dans une douzaine d'heures minimum. Pourriez-vous tenir durant ce laps de temps ? Êtes-vous tous en vie ?
PARFAIT ! C'était exactement la question qu'attendait le saiyen pour mener à bien son plan !
- Je ne sais pas si nous tiendrons. L'ennemi est très puissant, et les pilotes Koreshi et Sham sont actuellement décédés. Le colonel Dalas est blessé, je ne sais pas s'il pourra supporter douze heures d'attente ! La nouvelle recrue est portée disparue...
De toute évidence, la situation avait l'air grave. Si seulement elle était entièrement réalité !
Au bout du fil, il était évident qu'on paniquait, et effectivement, l'être aux pois était chamboulé. Il fallait absolument secourir les unités sur Nutts, sinon on perdait de précieux alliés.
Il abrégea donc:
- Nous faisons au plus vite. Tenez bon !
Il raccrocha.
Thalès ne réfléchit pas. Tout se déroulait sans problème et sans qu'on ne vienne le déranger !
Il ne lui restait plus qu'à trouver Sham et à l'assassiner en se servant du super nuttsien. Plus facile à dire qu'à faire, mais il s'est toujours débrouillé. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait mourir quelqu'un par l'intermédiaire d'un tiers.
* * *
Copper se retourna juste une seconde. Il venait juste d'ensorceler une nouvelle fois Amondo pour éviter qu'il ne reprenne conscience de lui-même, et ça lui octroyait quelques minutes pour vérifier que l'arbre de fer continuait de sucer l'énergie de la planète.
Le compteur de kilis avoisinait les 400. Lors de son arrivée sur Nutts, il en avait 200 environ, et ça faisait déjà deux semaines qu'il pompait le noyau de la planète. À ce rythme, jamais il n'atteindrait le plafond minimum pour assurer le réveil du djinn le plus puissant de l'univers.
La planète était loin d'être épuisée, mais l'arbre de fer – que Copper avait mis plus de sept mille ans à concevoir – drainait l'énergie si lentement qu'il lui faudrait encore des mois à attendre. De plus, une partie des kilis servait à l'alimentation des corps d'Amondo et de lui-même, lesquels corps demandaient une certaine dose qu'il fallait soustraire à la somme totale d'énergie de la planète volée ! Le natif nuttsien était très puissant, et demandait beaucoup... Pas étonnant que l'arbre se remplisse si peu.
Copper poussa un juron. Heureusement qu'il avait trouvé Amondo, car sans lui il n'aurait pas pu décimer les nuttsiens et n'aurait jamais joui de la puissance d'un garde du corps pour le protéger de l'armée. Ils pourraient tenir des années ici, mais Copper qui vivait déjà depuis des millions d'années commençaient à se lasser d'attendre, ce qui est facilement compréhensible.
Et en plus, son éternel frère et rival – même si le terme frère est ici assez ambiguë – cet enfoiré de Babidi, possède des moyens différents de récolter l'énergie, et bien plus efficace qu'une simple machine.
Normal quand on a le pouvoir de contrôler le roi du Makai !
Le magicien cracha sur le sol. Amondo avait dû tuer les soldats, les cinq gus, en faisant exploser la dune, mais Copper n'avait pas vérifié s'ils étaient bien morts.
Il se concentra et capta ses sondes magiques, positionnées ici et là dans le désert.
Trois présences: une très faible, et deux en bon état.
Amondo avait donc tué deux guerriers, et en avait gravement blessé un. Il ne restait plus qu'à les localiser et les achever. La grenouille grise transféra sa vision dans ses sondes, lesquels purent alors se déplacer à la guise du contrôleur.
Elles localisèrent donc le premier: un chauve en armure grise. Son armure était endommagée, et il n'avait pas l'air mal en point du tout. D'ailleurs, il était seul, ce qui était dommage, et ferait consommer plus de force à Amondo pour les éliminer au cas par cas à distance, dans l'hypothèse où les deux restants étaient aussi dispersés.
Sans se retirer de sa sonde, Copper leva un bras vers son esclave:
- Amondo... dit-il calmement, le guerrier nuttsien levant le menton pour écouter, tu vas lancer un kikoha dans cette direction...
Envoyant mentalement la position de Thalès à son sbire, ils étaient prêts à éliminer le guerrier solitaire. Puis Copper trembla, alerté par une autre sonde. Qu'était-ce de si important ?!
Une autre sonde annonça la venue proche des deux autres soldats, à seulement deux cent mètres !
- Amondo, attends... cria-t-il doucement, en attendant de pouvoir lui communiquer une autre position.
Oui, ça y est, Copper les voyait. Enfin, non, il les sentait. Ils étaient rentrés dans le périmètre proche de la ville en ruine, là où les sondes étaient les plus nombreuses. Sauf que le magicien ne les voyait aucunement. Il connaissait leur position approximative, et plus il attendait de devoir donner leur localisation à Amondo, plus ils se rapprochaient !
Les deux guerriers savaient d'où était venue la boule de ki qui avait détruit la dune !
Copper commença à paniquer. Plus il attendait, plus ils approchaient... et s'il demandait à Amondo de tirer un kikoha maintenant...
... il subirait le souffle de l'explosion !
- Merde... Merde... Merde...! Hurla-t-il dans sa tête.
Il se retourna vite et contempla sa machine. Oui, elle tiendrait le coup non ? Parfait !
- Amondo, tire ! Ordonna la grenouille en sautillant.
Le super nuttsien emmagasina une certaine partie de son ki dans sa main droite. Après quelques secondes, un disque se forma dans le creux de sa paume. Il prit position et la lança sur deux cent mètres devant l'arbre.
Copper laissa échapper une goutte de transpiration et stoppa sa vision magique. Il plaça ses paumes devant lui et après une formule imaginée, créa un bouclier énergétique autour de son corps.
Amondo tiendrait le coup, l'arbre aussi, et lui... espérait.
* * *
Une intense concentration d'énergie, à l'instant. Cela venait de la ville.
Thalès était affolé de voir défiler le compteur d'unités, qui augmentait en continu, passant de 200 unités à 5000 en une poignée de secondes !
Si cette force était destinée à arriver sur lui, il pouvait s'y préparer et s'enfuir, ou alors riposter, même en étant moins fort. Si en revanche elle était pour Dalas – ou pour le gamin – alors Thalès avait là l'alibi parfait. Tout le monde était mort sauf lui, les renforts arriveraient et tueraient le nuttsien, et il serait connu comme ayant survécu à un monstre plus fort que deux fois son niveau en unités !
Mais pour le moment, il ne savait pas si la boule d'énergie allait le toucher, auquel cas il devait vite trouver une solution. Il n'avait pas le temps, et s'il devait choisir une solution entre l'opposition ou la fuite, il préférait, c'est un saiyen, la première.
Aussi fonça-t-il en s'envolant vers la source. Il imagina un cas de figure où le super nuttsien voyait sa puissance fluctuer étrangement, et où le lancer d'une boule d'énergie le faisait passer d'un niveau de 9000 à 1000 durant un court laps de temps. S'il arrivait à temps, et si la boule de ki était destinée à Dalas, alors il pourrait transformer cette théorie en réalité.
Alors qu'il volait, profitant du fait que l'accumulation d'énergie était la principale cible des capteurs des scouters ennemis – si les ennemis avaient des scouters, mais il n'existe évidemment aucun autre moyen de sentir les énergies – il imagina encore une fois le cas de figure où il serait cible du kikoha.
Étant donné la distance, celui-ci ne devait pas être précis. En prenant en compte la vitesse, la forme, la taille du projectile, et la vitesse du saiyen, Thalès pourrait presque aisément esquiver le tir, ce qui lui donnerait du temps pour approcher. Si le nuttsien continuait d'enchaîner les tirs de cette acabit, alors nul doute que lui même prendrait un contrecoup s'il lançait ses kikohas plus proche au fur et à mesure de la progression de Thalès !
Là, le chauve s'était paré à toutes les éventualités. Sa seule crainte était de ne pas pouvoir tuer le nuttsien malgré la fluctuation de son énergie, mais il gardait un autre atout dans son brassard, car il savait quelque chose d'intéressant...
... c'était la position précise de Dalas.
Oui, c'est une information qu'il eut en s'envolant. Son détecteur avait repéré Dalas tout proche de trois autres sources de ki. Il marchait doucement et portait sur son dos un être connu: la nouvelle recrue, qui avait l'air immobile.
Plus loin, le super nuttsien, qui paraissait grand et imposant, ainsi qu'un ridicule nabot d'à peine 22 unités. C'était eux les fauteurs de troubles ? Parfait, il y en avait même un que Thalès pourrait écrabouiller facilement.
Il continuait de voler, et alors il sentit autre chose dans son scouter: Dalas déposait le gamin sur le sol, lequel restait sans bouger, et prépara, instantanément, un rayon diaboliquement puissant d'énergie concentrée, en direction du ciel.
La boule de ki du nuttsien entra en collision avec le rayon de Dalas.
L'explosion souffla toute la zone, et Thalès lui-même fut projeté en arrière.
* * *
Roket chancelait sur le dos écailleux de son supérieur, et s'accrochait fermement même s'il était blessé gravement. En effet, la précédente attaque qui avait mis fin aux jours de Koreshi avait touché son corps de jeune guerrier à la jambe, et le souffle, lui, préféra attaquer le reste, en s'aidant de la hauteur de la dune.
Le soldat novice avait donc dû souffrir d'une jambe brûlée, l'autre brisée, d'une peau calcinée sur le ventre et bas-ventre, d'un bras fracturé, et de côtes fêlées. Pour un garçon de seize ans, même si rompu au combat, c'était beaucoup.
Aussi eut-il la chance d’atterrir, inconscient bien sûr, à seulement une centaine de mètres de Dalas, lequel n'était pas très touché, et lui permit de se relever. Le reptile n'aimait pas qu'on abîme ses soldats, car ayant des valeurs d'honneur et de respect. Il l'attrapa alors et tenta dans un premier temps les premiers secours, mais ne put faire grand chose, si ce n'est apaiser un tant soit peu sa douleur.
Il avait là deux choix, son détecteur de luxe détruit lors de la chute: soit tenter de retrouver Thalès, Sham et Koreshi, afin d'être un maximum pour lutter contre le super nuttsien, ou bien, directement tenter d'éliminer le mal à la source. Le travail d'équipe n'était malheureusement pas un point fort dans sa petite cohorte, surtout pas celui de Thalès, éternel égoïste, mais il les savait compétents dans le besoin, même si le poulpe ne savait pas réellement se battre.
D'après les distances, Dalas était bien plus près de la ville où siérait l'ennemi que de la dune effondrée. Il avisa: Il irait attaquer par surprise le monstre pour lequel il était venu. De plus, et à vrai dire, il ne pensait pas ses alliés vivants. Sinon, car il avait attendu quelques minutes, l'un d'eux serait sûrement déjà venu le voir, le localisant d'après son scouter. Koreshi n'aurait pas pu, effectivement, mais encore une fois, il valait mieux qu'il reste au vaisseau. Là-bas était son rôle premier.
Bien qu'il doive s'embêter d'un semi-cadavre, laisser mourir un jeune garçon serait impardonnable, et de surcroît s'il constituait une personne dont il fallait s'occuper. Il n'eut pas d'autre choix que de tenter de le réveiller, puis une fois ceci fait, de le faire s'accrocher autour de ses épaules. Son poids avoisinant les cinquante kilogrammes, il n'était qu'une gêne pour les mouvements.
Il s'approcha donc des premiers bâtiments qui étaient encore debout, même si soit partiellement découpés, envahis par le sable, brûlés, fondus, fondant, broyés, à l'envers, fusionnés avec un autre, ou juste emboîtés. Il devait rester deux ou trois kilomètres de marche avant de rejoindre l'épicentre du problème, et il ne pouvait se risquer à voler, au risque d'être repéré.
D'ailleurs, il avait un atout racial qu'il pouvait même partager avec Roket, lequel écouta attentivement les consignes de son supérieur pour débuter la mise en place de l'opération. Les habitants de sa planète, et une partie des peuples de celle-ci, les congénères de Dalas, avaient développé, même si devenant moins utiles depuis la colonisation de Freezer, une sorte de pouvoir qu'ils pouvaient utiliser sous réserve de se priver de vue.
Oui, la cécité temporaire leur permettait de rendre leur corps et tous les autres à proximité translucides.
Alors Dalas et Roket eurent l'avantage du duo, car seul le reptilien était victime de l'aveuglement. Le porté, lui, servirait alors de guide visuel, malgré son handicap physique. La seule faiblesse de la technique était que les corps invisibles étaient détectés par les capteurs des scouters, lesquels assuraient donc un avantage stratégique contre eux.
L'anecdote historique étant que des théoriciens disaient que la guerre entre les forces de Freezer et celles de la planète Fràmassonn, le monde d'origine de Dalas, se serait soldée par une victoire de ces derniers si les détecteurs n'avaient pas existé.
Dans tous les cas, l'utilité du pouvoir repose sur le type de détection dont dispose le super nuttsien: s'il possède une détection visuelle, alors il sera difficile pour lui de trouver Dalas, mais c'est improbable étant donné la distance de laquelle le kikoha anti-dune fut tiré. S'il possède une détection olfactive ou auditive, alors c'est d'autant plus étonnant, mais très dangereux à la vue de la distance qu'il restait alors entre les deux. Et pour finir, la détection énergétique ou thermique, qui était le défaut de la translucidité de Dalas.
Le reptilien paria le tout pour le tout et espéra pour la détection visuelle. Après tout, qui sait de quoi l'univers est fait ?
Le duo avança parmi les décombres. Et tout en esquivant à tatillons les obstacles, Dalas constata avec étonnement, malgré sa cécité, une grande qualité chez son acolyte mal en point: Il était extrêmement calme, ce qui lui assurait un ton discret et un sang froid exemplaire. Mieux, il décrivait les alentours comme si Dalas les voyait. Nul besoin d'ouvrir les yeux pour comprendre qu'à travers les ruines, Roket lui expliquait clairement la marche à suivre, et ce, en se dissimulant habilement derrière les immeubles.
Roket était un très bon élément.
Dalas prenait confiance, ils allaient y arriver ! Il allait même assez vite malgré le corps pendouillant derrière lui, et ce dernier reprenait des forces, galvanisé par leur complémentarité !
Le chef d'escouade se plaignait du travail d'équipe de sa petite troupe, mais ce jeune garçon était un atout à ne surtout pas perdre... et ce de façon capitale. Oui, de la folie peut-être mais non, c'était bien plus que ça que le lézard sentait. Oui, c'était autre chose... C'est ça...
C'était une intuition.
Mais bien qu'ils soient tous deux exaltés par cette joie dans le duo, Roket ne perdit pas son attention. Il vit alors au loin une source de lumière qui s'agitait. Cette source de lumière, évidemment, était une boule de ki.
Il ne mit pas longtemps à comprendre que c'était le nuttsien. Il prévint alors Dalas:
- Deux cent mètres devant, l'ennemi s'apprête à attaquer ! Chuchota-t-il assez fort, un minimum paniqué.
Le corps reptilien ne mit pas longtemps à réagir: alors que Roket fermait les yeux, par peur, Dalas les ouvrit, faisant apparaître les deux combattants, et chargea instantanément son énergie, laquelle emplit la paume de ses mains d'un bleu marine très foncé.
Et quand le kikoha ennemi fut projeté en l'air, Dalas était à demi-rassuré: il n'avait pas été pris pour cible, mais quelqu'un d'autre – en l’occurrence Thalès, Sham ou Koreshi – allait devoir encaisser le coup. Il poussa hors de ses mains son rayon d'énergie, qui alla instantanément intercepter la boule nuttsienne, laquelle était allée plus en hauteur pour mieux retomber.
Les deux projectiles explosèrent, balayant malgré leur altitude toute la zone. Dalas para l'énergie exceptionnelle dégagée par le choc avec ses avant bras, en se plaçant juste au-dessus de Roket au sol pour le protéger. Copper, voyant que l'attaque allait exploser encore plus proche qu'il ne le pensait, ajouta encore plus d'énergie dans son bouclier. Amondo ne sourcilla pas: il se contenta de bomber le torse et fermer les yeux. Quant au saiyen, il était assez loin, et put foncer dans le ciel en se servant de l'écran de fumée nouvellement apparu.
Et à ce moment-là, tous les pions restants sur l'échiquier étaient réunis: le Fou blanc se propulsait en un éclair vers le Roi noir et sa Tour, la Tour blanche était en train de reprendre des forces, avec un Pion blanc en mauvaise position derrière lui, et les fameux Roi et Tour noirs ne s'attendait pas à l'offensive.
Ainsi, Copper était en train de tousser. Il avait encaissé l'explosion, mais le souffle l'avait projeté sur l'arbre de fer, en brisant sa carapace. Amondo n'avait rien senti, mais le haut de ses vêtements avait brûlé. Soudainement, il se tint le crâne en hurlant: le C stylisé sur son crâne commençait à s'estomper. Il s'agenouilla, en proie à une douleur intense et criait à la mort.
À ce moment, juste là, et d'un coup d'un seul, une présence atterrit et ne mit pas longtemps à mettre une très violente droite en pleine face d'Amondo, lequel alla s'écraser dans le sable non loin de là, toujours criant. Ce ne fut pas fini: Thalès écrasa son torse avec ses deux pieds, puis attrapa son col noirci et le projeta vers le haut, lui donnant une myriade de coups avant de le ramener vers lui en attrapant sa natte et en lui assénant un coup de boule. Mettant son genou dans son abdomen, il lui coupa le souffle et, les deux mains jointes, écrasa son dos.
Amondo cracha du sang et s'effondra presque inconscient sur le sol. Il ne savait pas où il était, mais il souffrait, ça c'est sûr. Que se passait-il ? Mais surtout, où était il et pourquoi aussi blessé ?
Il avait un énorme trou dans le dos, résultant de l'arrachage des câbles le reliant précédemment à l'arbre d'acier.
Le super nuttsien tenta de se relever, et se retourna, face à la mort, littéralement.
Thalès s'était posé juste devant lui, en tendant sa main, et en préparant une rafale de ki jaune. Il sourit, et lui dit:
- Tu étais bien plus fort il y a quelques minutes, toi. Que s'est-il passé ? T'as eu peur de moi ?
Amondo écarquilla les yeux. Il regarda à droite et à gauche, apeuré, et se rendit compte de l'état de sa planète. Puis, en ajustant son regard sur celui de Thalès, il rétorqua, en bégayant:
- Suis... Suis-je encore sur Nutts ? Je ne... ne reconnais pas ma planète... Pourquoi m'a... m'avez vous fait ça, inconnu ? Les questions se bousculaient, mais Thalès préféra rire plutôt que d'y répondre de suite. Décidément, le saiyen aimait beaucoup rire aujourd'hui, à tel point qu'on se demande s'il savait faire autre chose.
- Je vais te le dire: C'est toi qui as tout détruit, tu ne t'en rappelles pas ? Les nuttsiens ont la mémoire courte !
- Je ne te crois pas, alien ! Je ne comprends pas toutes tes paroles, mais j'ai cru entendre quelques mots idiots. Je ne fais que rarement du mal à mon peuple, avoue ton péché et ne m'accuse pas de tes méfaits misérables !
Thalès ne saisissait pas le sens de tous les mots d'Amondo. La langue commune de l'Empire ne s'était apparemment pas encore suffisamment diffusée sur Nutts. Il comprit cependant le sens, ce qui lui valut de faire se figer son éternel et habituel rictus.
- C'est la capsule de régénération qui se fout de la charité ! Moi aussi j'ai déjà buté des gens de mon peuple et j'en fais pas tout un plat.
Amondo osa et se redressa. Une larme coula sur son front, il se savait condamné mais voulait rester impassible devant l'ennemi.
- Je ne sais pas ce qu'il se passe ici, et je ne comprends pas pourquoi tu veux me tuer. Mais j'accepte mon sort, si tel est mon destin.
Étrangement, si ce n'est l'accent très prononcé, le saiyen avait tout pigé. Il ne put s'empêcher de vouloir se moquer. En revanche, il lui fallait du temps, et qui sait si Dalas n'arriverait pas vite pour profiter de la situation. D'ailleurs, tout s'était mieux passé que ce que Thalès pronostiquait à la base. Et tant mieux.
- Je te résume: ta force bascule entre la moitié de la mienne et deux fois toutes les cinq minutes. T'as détruit toute la région, t'as sûrement balayé la moitié de ton peuple sous tes kikohas et... ah oui, je suis venu pour te buter. Donc bon, moi les circonstances à la base je devrais en avoir rien à foutre. J'espère que t'es content, maintenant "Bye bye".
Amondo serra les poings. Il était impossible qu'un guerrier comme lui ne détruise son peuple. Qu'il le trahisse ok, mais qu'il éradique les gens de sa race, c'était impensable. Le discours sur sa puissance était aussi surréaliste: il savait qu'il était moins fort que le chauve en face de lui, mais que celui-ci prétende le contraire, ça l'étonnait.
Le guerrier à la natte s'agenouilla. Il baissa le crâne et attendit la seconde de son jugement. Qu'aurait-il à gagner à se défendre ? C'était ce qu'on lui avait appris. Les Nuttsiens n'étaient pas des faibles, mais ils savaient se confronter à la dure réalité des choses. Et Amondo ne pensait pas mourir avec déshonneur, au contraire: s'il avait tué tout le monde, il se devait de payer. Si tout le monde était mort, autant qu'il rejoigne les autres au Paradis.
Il s'amusa quand même à ressasser son passé. Qui sait trouvera-t-il des réponses sur la Ô combien énigmatique situation...
Il se souvenait des grandes allées de la ville, des barricades énormes tout autour pour prévenir la mort des dieux-dunes une fois tous les huit ans, des parades où les meilleurs guerriers se montraient pour montrer la toute puissance de la royauté suprême de Nutts, parades auxquelles il participait tous les ans, en tant que garde du corps personnel de Sa Majesté !
Lui, le grand Amondo Sanchez, le fameux guerrier aux kikohas tranchants !
Tout allait si bien dans sa vie: marié, dix-huit enfants dont sept adoptés, de l'argent à foison, une voiture volante de luxe, l'insigne du roi lui-même, les habits – d'habitude – des nobles, et même un nom de rue !
Aussi, même avec la main tendue de Thalès devant ses cheveux, il sourit. Il avait bien vécu, malgré ce blanc, ce vide, ce néant entre son dernier souvenir et maintenant. Entre ce dont il allait se rappeler, et l'agression par le soldat de Freezer...
La crapule, le crapaud, le mage. Oui, c'était ça ! Il avait rencontré un petit être vicelard qui lui avait dit qu'il lirait dans son avenir contre quelques piécettes. Il était alors accompagné de sa femme, et regardé par des centaines de personnes sur la place de la capitale. Les gens rejetaient le petit crapaud extranuttsien parce qu'il n'était pas d'ici, mais parce qu'il se devait d'honorer sa réputation, Amondo alla donner quelques sous...
Il n'aurait jamais pensé que lire l'avenir signifiait détruire toute trace de celui-ci.
Amondo grogna. Où était ce malfaisant manipulateur ? Il oublia une seconde sa situation avant de se rappeler, et cria alors:
- MAUDIT SOIS-TU, SORCIER !
Thalès faillit tirer, surpris. Il eut ensuite un gros fou rire en voyant Amondo trembler:
- J'ai eu peur, j'ai cru que t'allais mourir comme ça sans rien de plus. Ah, ça m'aurait étonné ! Alors, tu rages de crever donc t'accuses quelqu'un ?
Il fit semblant de regarder autour de lui, pour chercher un “sorcier“. Il ne trouva rien de plus que des décombres, des routes sans dessus-dessous, des immeubles effondrés, du sable à perte de vue, un arbre gigantesque, Dalas qui criait, des poteaux de signalisation enfoncés dans le sol, des dalles brisées, une matière translucide, des plantes qui brûlaient, de grands e... Euh.. Attendez...
Dalas qui criait ?!
Thalès n'eut le temps d'achever son nouvel ami, qu'un projectile bleu marine vint déplacer sa main avec violence. Il tituba, déplacé par la puissance du choc, et se retourna pile à temps pour recevoir une violente droite.
Il s'écrasa plus loin sur le sol, et se redressa en hurlant:
- DALAS ?! J'AI VAINCU L'ENNEMI, POURQUOI TU ME FRAPPES ?!
Le reptilien, cette fois seul et sans Roket, toisa du haut de son mètre quatre vingt dix son subordonné, affichant juste au-dessus de ses lèvres une énorme balafre, résultante du choc entre la boule de ki d'Amondo possédé et la sienne.
Il aida Amondo à se relever, et lui chuchota alors:
- Cet homme vous tuera si vous ne coopérez pas. Le sort de votre peuple était inéluctable, nous les aurions tout tués de toute façon.
Amondo voulut alors lui donner un coup de poing pour ce qu'il venait d'annoncer, mais à peine leva-t-il son bras qu'il fut discrètement arrêté par les griffes du lézard:
- Ne tentez rien. Dans votre état, vous ne pourriez pas tenir face à moi, ni contre lui. Vous avez trois choix: essayer et mourir, nous demander d'être tué, auquel cas je laisserai Thalès se charger de vous, ou rejoindre l'Empire et devenir guerrier. Étant donné votre force au maximum, vous deviendrez vite un des plus puissants guerriers de cette partie de la galaxie.
Amondo s'immobilisa. Aucun des choix ne lui allait, mais il n'avait que peu de temps pour répondre. La première solution résulte d'un énorme espoir, espoir qu'il sait futile, donc il oublia cette première idée. La suivante serait dans la continuité des choses, et il paierait pour ce qu'il a prétendument fait. Quant à la dernière et troisième, ce serait... une trahison sans pareille que de rejoindre l'ennemi. Il savait d'autant plus qu'en dehors de Nutts existaient des créatures à la puissance inimaginable, et qu'il ne pourrait tenter une révolte, surtout seul.
Que faire ? Ces quelques secondes lui torturaient l'esprit.
Dalas termina de murmurer:
- Je vous laisse réfléchir un peu, le temps de calmer Thalès. Et après je compte sur v...
Il stoppa sa phrase en plein milieu.
Il avait été étonné que Thalès ne continue pas de crier après que Dalas ne lui donne son coup, pour protester contre d'une, ce coup, et de deux, le recrutement du super nuttsien. Il ne s'attendait pas à voir, devant lui, à seulement trois mètres, un Thalès souriant, les arcades froncées, sadique dans son expression, tendant son bras avant pour tirer un kikoha, mais les yeux fermés, comme endormi en position d'attaque.
Thalès avait l'air de vouloir attaquer Dalas, mais en faisant un petit somme avant. N'était-il pas fou de dormir dans un moment pareil ? Ou bien cela cachait quelque chose ?
Quoiqu'il en soit, il ne serait pas assez puissant pour le tuer, n'est ce pas...? Une différence de 1000 unités n'est pas négligeable et le combat serait gagné d'avance pour le plus haut niveau.
Le reptilien frotta sa balafre et appela son subalterne, lequel commença à trembler, toujours endormi:
- Tu n'oserais pas m'agresser, Thalès, j'espère ?
Et à peine la dernière syllabe crachée par le chef d'escouade, un C stylisé apparut sur le front dégagé du saiyen. Derrière ce dernier, Copper rebranchait le tube qui le reliait au mystérieux arbre d'acier, et hurla:
- Il est encore plus fort qu'Amondo, vous allez me le payer de m'avoir blessé, IMBÉCILES !
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Merci d'avoir lu !