Chapitre 7
-Notre père va te détruire, traître ! hurla la fille de Brutaël, immobilisée par Amondo.
-S’il arrive à se lever, peut-être. En attendant, je contrôle la situation mes amis, ricana Thalès.
-Je te ferai payer de mes mains, une ordure comme toi ne mérite pas la repentance ! insulta Jézuémoth.
-C’est pas faux. Mais revenons en à l’intrigue ! La proposition de Brutaël est bien intéressante, mais s’il croit me duper en pensant que je ne sais pas que les galaxies autour de la planète de Freezer sont gardées, je pense qu’il se fout le doigt dans l’œil. Or, il y a ici ce sergent Najaï qui est un froussard faible et vantard, mais qui est opportuniste, n’est-ce pas ?
La petite créature pleurait à larmes chaudes qui humidifiaient la main de Thalès. Le saiyen remua le crâne pitoyable du sergent jusqu’à ce qu’il soit tout sec et qu’il arrête de brailler d’effroi. Complètement affolé, il ne pensait pas qu’il survivrait. La scène l’avait tétanisé et il n’espérait même pas survivre aux négociations. Cette fois, aucun moyen que la chance ne le sauve. Quand il entendit la dénomination qu’on lui accordait, soit « Opportuniste », une étincelle s’illumina dans ses nombreuses paires de globes oculaires. Il avait tout prévu. Depuis le début. N’est-ce pas ?
Thalès le jeta sur le sol, et l’on entendit un craquement venant de son épaule gauche, en même temps que son cri pitoyable. Entre deux gémissements, il répondit :
-Si je vis, je serai prêt à me mettre à votre service. J’en ai marre de cette guerre !
-Alors, commençons par le plus drôle : qu’est ce que c’est que cette histoire d’arme secrète ?
Un gros glaire se forma dans la gorge de Najaï, et encore de nouvelles chutes d’eau se formèrent sur sa peau. Il avait prévu de gagner du temps et de lâcher l’arme sur Thalès, mais pour ça il fallait au moins qu’il puisse s’en approcher. Or, maintenant, le saiyen prendrait des dispositions. Le gradé était au bord de l’évanouissement, encore.
-C’est un...une...Il est dans…
-Il est dans le complexe au moins ?
-Oui, juste au sous-sol de cette pièce, reprit-il avec plus d’assurance.
Thalès emmena vers le haut ses fameuses lèvres. Son rictus fut ponctuée d’un index tendu vers Jézuémoth qui grognait de haine.
-Et, cette pièce est-elle gardée, Najaï ?
-Par seulement un ou deux soldats, pas plus, nous avons peu d’effectifs.
-Alors, toi, fils de Brutaël, tu vas créer un portail et aller éliminer ces gêneurs. N’essaie pas de prévenir ton père, sinon ta jolie petite sœur risque d’être...disons...peu regardable.
-Infâme ! Tu paieras…
-Ouai, et très cher. A tout à l’heure ?
Il n’avait pas d’autre choix que d’obéir. Soudainement, du sang jaillit tel des gouttes d’eau de son crâne. Sa teinte de peau vira au même, et plus il se concentrait pour malaxer le portail autour de son ki, plus il prenait de démoniaques couleurs. Thalès s’en moqua :
-Qu’est ce qui t’arrive, t’as du mal ?
-J’ai peu d’énergie, voilà ce qui m’arrive quand on m’en demande trop !
Enfin, la porte vers l’étage inférieur fut créée. Il ne détourna pas le regard vers les autres et pénétra dedans directement. Le passage ne se referma pas, sinon quoi Jézuémoth resterait coincé au retour. Et quelques sons peu audibles émergèrent du portail, durs et secs. Après quelques secondes d’attente, le combattant ne revint pas, une fois les bruits arrêtés.
La tête de Zarivas s’éjecta en arrière, inintentionnellement, et presque elle touchait Amondo qui la retenait. L’instant suivant, elle serrait les dents, emplit d’une détermination supérieure :
-Même les enfers ne vous feront pas payer ce que vous devez, singe !
Le dénommé croisa les bras et tourna la tête :
-Oh, je crois comprendre que ça s’est mal passé. Mais si le portail tient, c’est qu’il doit encore vivre, non ?
Maintenant qu’il le disait, Zarivas eut une lueur d’espoir. Pourtant, elle avait senti que l’énergie de son frère était réduite. Son regard fixa successivement le saiyen et la porte de lumière, elle avait deux cibles, et ne pouvait en atteindre aucune à cause du dernier des nuttsiens qui la tenait.
Roket observa Najaï. Le jeune garçon à la peau rouge lisait en lui comme dans un livre ouvert. Il analysait sa méfiance et en comprenait les mécaniques. C’est lui-même, sans initiative de Thalès, qui l’attrapa à deux mains et débuta de l’étrangler. Alors que sa gorge commençait à supplier, Thalès se retourna et l’interrogea vivement :
-Qu’est ce que tu fais Roket !?
-Je lui explique explicitement d’arrêter de jouer avec nous.
-En le tuant ?
-S’il le faut.
-Roket, lâche le, ou explique TOI !
Au lieu de le lâcher, il le jeta vers un mur, et la petite créature fit un rebond plus que douloureux avant d’agoniser, haletant comme un bœuf, la gorge bleue, sur le sol. Thalès s’approcha de deux grands pas pour menacer son allié, mais celui-ci fut encore plus rapide et le fit stopper avec sa seule voix :
-Nous ne sommes pas seuls dans cette pièce.
Même Zarivas fut interrogative. Il finit par lever un doigt vers le haut, en direction du plafond…
...là où une mixture rosée frappait sur les parois de sa cage de verre, vue sur le bureau de Najaï.
De plusieurs mètres de long, l’entité semblait en vie, mue d’une volonté propre et cherchait à s’échapper de sa prison. Nul ne savait, le sergent excepté, les effets de cette chose, ce dont elle était capable, ni de quelle matière elle était composée. En tout cas, Najaï savait que la créature était là, depuis le début. Thalès comprit la réaction de son acolyte et lui adressa quelques mots :
-Nous ne l’aurions pas vu alors qu’il était au-dessus de notre tête.
-Je l’ai vu en même que vous tous, répondit le petit.
-Comment ça ?
-Je l’ai déduis de son attitude. S’il n’y avait pas de gardes ici, mais qu’il y en avait en bas, c’était soit effectivement par manque d’effectif, soit parce que cette zone n’avait pas besoin d’être gardée par plus d’hommes. Le sergent a repris confiance en lui quand l’idée d’aller à l’étage inférieur lui était apparu.
-Et donc ?
-Et donc, qu’il gagne du temps, et qu’il puisse dévier notre attention vers autre chose qu’à regarder le plafond. Je ne fais que l’observer depuis tout à l’heure, il regarde le mur au-dessus de nous.
-Tu as sérieusement déduis tout ça seul ?
-Je pense, dit-il gêné.
Le saiyen était presque emplit d’admiration, autant qu’il pouvait considérer la vie de Roket. Il y avait maintenant un problème supplémentaire, en celui de la chose rose, et pour y remédier fallait-il déjà que Jézuémoth revienne. Alors, Thalès, qui savait que les sons se propageaient à travers le portail, hurla à distance raisonnable de celui-ci :
-Jézuémoth, si tu es en vie, donne signe de ta présence. Je vais compter jusqu’à 15, et passé ce délai, je tuerai ta sœur. Si quelqu’un d’autre m’entends, je vous défie de venir. Et pour Jézuémoth, encore, si tu penses que je ne tuerai pas ta sœur après 15 secondes, en espérant que je vais envoyer quelqu’un pour voir si tu es mort, tu te fous le doigt dans l’œil jusqu’au coude de ton père le légume. Je commence à compter : Un !
* * *
Il existait des planètes qui concordaient avec tous types de température, d’autres qui se mélangeaient à la technologie de leurs civilisations. Encore furent des mixes de plusieurs colonisations aliens et n’eurent plus de leur identité que l’héritage. Pourtant, il existait un monde qui ne possédait ni culture, ni occupation, ni vide : c’était Kormi. L’intégralité de sa surface était un amas d’ordures. Car il n’y avait que des micro-organismes qui composaient le monde animal de cet endroit, et qu’aucune ressource – ou presque - ne s’y trouvait, même pas la mer, même pas le vent, une bonne partie des empires et des pirates s’amusèrent à y jeter leurs déchets les plus incroyables. Cette sorte de planète existait déjà mais jamais aucune ne se situait à la croisée des empires de Cooler, de Cold, de Freezer, des démons, et des micro-structures de l’est de la galaxie du nord. Sa position aurait été stratégique il fut un temps, mais son état actuel, dégradé par des siècles de saletés, dissuadait tout le monde d’y installer quoi que ce soit.
Avec pour seule exceptions, les chasseurs de trésors et les marchands douteux.
Un véritable commerce s’y était posé dans les coins les moins infestés, un repaire du marché noir des plus secrets. On ne comptait pas plus de deux cent personnes dans l’univers à le connaître. Parmi les quelques, on remarquait des personnes en quête de bijoux dans les décombres à perte de vue, capables de marcher pendant des semaines dans les cadavres, les décharges et les produits toxiques, les sorciers les plus noirs qui achetaient des artefacts de valeurs immenses, des assassins venus se fournir en matériaux illégaux ou simplement des blindés d’argent ne sachant que faire de l’or, venus s’amuser avec la vie des esclaves les plus spéciaux.
Notamment, dans un coin sombre, sous une carcasse d’avion, s’établissait un stand bien archaïque, une table en bois plutôt longue sur laquelle était posée des talismans violets et gris, des baguettes de différentes valeurs et des orbes de divination. Rien n’inspirait confiance mais rien ne semblait dangereux. L’étalage ne paraissait pas précieux. Et c’en était le but, celui du vendeur, assis sur la plus banale des chaises pliantes.
Une petite grenouille, violette, avec une ceinture portant un « F » stylisé.
Presque elle dormait, presque elle semblait passive, s’en fichant de ses marchandises. Ce fut d’ailleurs à ce moment-là qu’un humanoïde avec des ailes d’oiseau, mais un visage de lion, chimère malicieuse, s’approcha du stand en lorgnant les quelques objets. En vérité, il faisait avec ses yeux des allers-retours entre le marchand et ceux-ci, pour savoir s’il pouvait oublier involontairement de payer. Après tout, la grenouille dormait..
...mais pas le géant.
Une brute difforme, grise, vêtue d’un pagne et d’une corne, saisit le voleur par le col et lui écrasa les jambes avec son autre main :
-Tu paies ou tu meurs, dit-il d’une pitoyable voix témoignant de son Q.I un poil inférieur.
Réveillé par le bruit sordide des os brisés et du hurlement qui en résultait, le marchand se leva en grattant sous son œil. Il finit par sourire de la situation :
-Lourdeau, pose le maintenant. Je serai ravi de m’entretenir avec lui hihihi, dit-il.
-Oui maître Field, répondit-il en s’exécutant.
La chimère crachait ses poumons en tentant de ramper vers autre part, gardant son silence pour que personne ne sache ce qu’il avait tenté de faire. Mais c’était sans compter le dénommé Field qui était déjà au niveau de sa tête en se tenant de le dos. Il lui caressa la crinière pour se moquer et susurra avec une voix de vieillard malicieux :
-On ne touche qu’avec les yeux. Si tu veux vivre, donne moi les tiens.
-Mais vous êtes...complètement taré !
-Est-ce que ça veut dire « Non » ?
-Non…Non...Vous n’allez pas faire ça !?
-Tu me donnerais quoi en échange ? J’espère que ça vaudra le coup.
-Mon père est un milliardaire, je peux vous donner des portions de planètes entières ! Des continents rien que pour vous ! De l’argent à foison, des sujets à ne plus savoir quoi en faire et des objets magiques que vous n’avez jamais vus ! Laissez moi par l’appeler, par pitié !
Le regard de la grenouille était perdu dans le vide alors que le mi-lion mi-oiseau pleurait, suppliant. Il semblait autre-part, égaré dans ses pensées, mais pour un peu trop longtemps. Après assez de temps pour que l’incompréhension s’installe dans le cœur de la chimère et de Lourdeau, Field finit par reprendre ses esprits en criant :
-C’est toi Copper ?
Cependant, il n’y avait personne. Le marchand regardait en l’air. Il reprit :
-Tu es où pour que ça grésille comme ça ? Tu sais très bien que j’ai du mal avec la télépathie.
Impatient de vivre et de négocier cela, l’humanoïde au sol cria :
-Que faites-vous !? J’essaie de…
-Il parle comme ça pleins d’fois et il me dit de m’taire, bougonna Lourdeau.
-Mais je veux juste lui dem…
Field hurla :
-Ferme ta gueule ! J’essaie de parler à mon frère, sous-race ! Lourdeau, prends lui ses yeux et jette son corps avec les autres. Oui Copper, tu disais ?
-Attendez, quoi...QUOI ?
-Avec les autres, rigola la brute en attrapant les jambes meurtries de la chimère.
Une minute après, Lourdeau revint et se rassit sur un tapis qui lui servait de lit. Field s’était reposé sur sa chaise, espérant mieux capter. Cela marcha :
-Brutael combien tu me dis ? 4 ? Tu sais que si j’essaie d’y aller je vais prendre plus de deux mois puis certainement les missiles de deux armées au cul. Bien sûr que je sais qu’il y a une guerre avec l’autre imbécile d’Obey et son sous-fifre tout laid là. Ah mais nan, je peux pas t’aider là. Sors toi tout seul de cette situation. Tiens d’ailleurs, comment ça se passe avec le suceur d’énergie de planète que j’ai galéré à te faire acquérir ? Sérieusement ? Ah, oui je suis super content que ce que j’ai mis des siècles à acheter et faire construire pièce par putain de pièce soit détruit par un...Tu as bien dit un saiyen ? Tu veux dire qu’il y en a un pas loin de toi ? Oh, tu éveilles ma curiosité.
Field jeta un caillou sur son garde du corps pour le réveiller, ce qui fonctionna, et lui demanda d’approcher :
-Range tout, on va partir d’ici, grouille.
-Oui monseigneur !
-Ok, j’ai un deal pour toi. Je viens pour t’aider. Avec de la chance, j’arrive demain ou dans deux jours. Oui j’ai menti. Oh, ferme là. Je disais, j’arrive et je te libère. De ton coté, tu réussis à récupérer le saiyen. J’échange ta liberté contre lui. C’est pas équitable !? Je trime depuis des millénaires pour que tu échoues sans cesse et j’ai pas le droit à quelques récompenses ?
Lourdeau fit tomber un sceptre qui valait beaucoup. Field lui donna un coup de pied dans le mollet, puis massa son pied de douleur.
-Bon, je vais pas passer par quatre chemins pour te convaincre : je vais tuer le saiyen et convertir son énergie pour créer une bombe. Ouai, une bombe de ki que j’ajouterai à celle que je fabrique déjà. Où ? Sur Gurubash. Depuis des semaines je le traque, et il est sur cette planète avec son larbin seigneur des enfers. Babidi galère autant que nous, je te le dis. Tu veux rire ! Il est impossible qu’un vulgaire saiyen puisse vaincre Freezer. Il est plus réaliste mon plan.
Lourdeau montra à son maître l’énorme valise qui contenait tous leurs biens. Field leva son pouce en l’air.
-Bon Copper, j’arrive. T’as intérêt de respecter le deal, je ne voudrai pas refaire ce que j’ai fais à Glimi. Non je te menace pas, je te préviens. Ouai, à toute !
Il se releva, revigoré, et commença à se diriger vers son vaisseau. Il tapota la cuisse de Lourdeau, c’est à dire le plus haut que sa petite taille puisse toucher, et affirma :
-Tu as mis où les yeux ?
Il les lui donna, de sa poche.
-Ah, pile la bonne taille pour les gober, jubila-t-il en en lançant un dans sa bouche.
* * *
Le portail ne se refermait pas, signe que Jézuémoth était encore en vie. Et l’ultimatum de Thalès ne l’aiderait pas à prendre une décision dans les temps. Sadique, le saiyen attrapait déjà le bras de Zarivas pour mettre fin à son destin. Elle le regardait avec une haine tellement intense que ses yeux en étaient exorbités :
-Deux.
Il continuait son compte à rebours. La tension était à son comble, et Amondo et Roket s’impatientaient presque de devoir attendre avant de passer à autre chose.
-Trois.
Une fluctuation de la structure du portail fit croire à tous qu’il allait se passer quelque chose, mais finalement rien.
-Quatre.
Comme pour servir de transition, Najaï lâcha une sorte de râle qui montrait à la fois qu’il vivait, mais aussi qu’il mourrait.
-Cinq.
Le bras de Zarivas commençait à trembler, pressé vivement par Thalès. Elle savait que si elle bougeait, elle serait détruite. Pourtant, elle n’était pas immobile : elle tremblait. Pas de peur, mais parce qu’elle rassemblait ses forces dans une attaque.
-Six.
Le visage de Thalès s’était laissé déchirer par une expression de sadisme.
-Sept.
Presque la moitié du décompte. Amondo avait abandonné l’idée de jouer avec le temps et finit par s’asseoir et observer son chef s’amuser comme un petit fou.
-Huit.
Là, les yeux de Roket s’illuminèrent presque. Il commença à avancer vers Zarivas, ayant deviné ce qu’elle s’apprêtait à faire.
-Neuf.
L’intégralité du corps de Zarivas s’embellit d’une lumière éclatante qui brûla la main de Thalès. Le visage aux traits fins de la fille de Brutaël parut alors encore pire et démoniaque que celui de son agresseur à la queue de singe, et son aura décupla en puissance. Une véritable explosion d’énergie s’étendit autour de la sœur de Jézuémoth qui la laissa inviolée du contact dangereux du fourbe saiyen.
-Dix, nargua Thalès, le défi invoqué ne l’empêchant pas de compter.
La fureur de Zarivas l’emmena, elle et son poing, vers le crâne de Thalès qui esquiva presque intuitivement vers la gauche avant de riposter par un uppercut, lequel fut brillamment esquivé. Une contre-attaque s’ensuivit par une jambe levée vers l’entrejambe de l’adversaire qui fut simplement bloquée par un bras gardien.
-Onze.
Ultra confiant, Amondo continuait de surveiller le portail, sans bouger. Il eut raison : les fluctuations se firent encore plus fortes...et une main gantée s’incrusta dans le décor. Le visage de Jézuémoth, affublé d’un casque métallique très simpliste, sortit avec célérité du portail et le coupa aussitôt. Le dernier nuttsien se releva vite pour intercepter le fils de Brutaël, tentant d’atteindre Thalès.
-Douze.
Zarivas sauta en arrière, et détala directement pour tuer Thalès d’une gauche dévastatrice et emplie de lumière pure. Ce dernier se serait baissé et aurait blessé son ventre, mais soudainement la main de Jézuémoth lui décala le crâne vers le mur. En meilleure posture, Amondo bondit et attrapa le cou du guerrier aux portails. Sa tenue était complétée d’une traditionnelle armure de l’armée de Freezer, mais intégralement métallique, des épaulettes aux bottes en passant par le coccyx.
Thalès entreprit de dire « Treize », mais ce fut inutile, car il décelait bien Jézuémoth dans son viseur. Là, il eut un rictus que tenta d’empêcher Zarivas d’un coup de pied en plein dans la gorge, que Thalès para. Le saiyen, rétabli par l’aide d’Amondo, écrasa en deux l’os de la jambe de la fille de Brutaël et projeta le reste sur un mur. Elle n’eut pas l’air touchée plus que ça, lévitante, et continua sa route vers l’ennemi.
Et alors, un bruit de verre brisé paralysa l’assistance.
Que ce soit Amondo qui étranglait le Jézuémoth s’étant emparé d’une armure de combat ultra-sophistiquée, une Zarivas dans une forme énergétique dépassant l’entendement, un Thalès exalté par le combat ou un Roket hésitant sur qui attaquer, tout le monde arrêta de réfléchir quant ils entendirent ce son qui signifiait beaucoup.
Là, en sang et tout bleu, Najaï respirait en deux lourdes inspirations, son fusil à ki ayant visé la cage de l’ectoplasme rose. Le fluide de ce dernier découla alors lentement sur la partie du bureau de Najaï où il avait entretenu une conversation hologramme, et lorsqu’il se détacha de celui-ci, le bureau avait été réduit à une sorte d’éponge sèche, s’effritant au simple contact des doigts.
Chacun y alla pour sa propre survie, et les deux enfants de Brutaël devinèrent l’intention de l’autre, se soustrayant d’un seul coup, la stupeur générale aidant, aux contacts d’Amondo et Thalès. Le saiyen et le nuttsien seraient arrivés trop tard à leur portée : dans sa nouvelle armure, Jézuémoth avait paru régénéré, et il leva la main pour créer un nouveau portail qui permettraient à lui et sa sœur de s’enfuir.
Un kikoha anormalement puissant détruisit la nuque de Jézuémoth, ne laissant qu’un simple fil de chair soutenir le tout.
Horrifiée, Zarivas étreignit le corps de son frère pour ne pas croire qu’il venait de mourir. Roket jubilait d’avoir réussi son coup, mais moins de se rendre compte que l’intégralité de son énergie y était passée en voyant la créature rose s’approcher de son corps faiblard. Comme pour le remercier, Amondo surgit et courut, attrapant le corps de son petit compagnon, le mettant hors de portée.
Et Thalès hurla de rire, empoignant le cou de Zarivas :
-BIEN JOUÉ , AH AH AH, BIEN JOUÉ ÇA !
La folie l’étreignant, il asséna au ventre découvert de la femme une série de coups de poings, très lents, mais violents :
-TU ES CONTENTE !? TU T’ES BIEN FOUTU DE MA GUEULE HEIN !?
Elle tenta de lever les bras pour lui asséner un coup-marteau sur le crâne, mais Thalès lui attrapa les poignets et lui tordit violemment, sans faire attention à ses hurlements. Il lui donna avec son front une nouvelle attaque :
-TOI ET TON FRÈRE VOUS AVEZ CRÛ ÊTRE PLUS MALINS QUE MOI HEIN !?
Il continuait de frapper alors qu’elle avait déjà expiré. Au fur et à mesure, le corps de Zarivas perdit sa lumière, la bénédiction de son père, et le reste de son corps étaient mus, en morceaux rattachés les uns aux autres, par les assauts inarrêtables. Amondo et Roket restaient à distance de la gelée rosâtre, mais bien plus de leur chef, car ils pressentaient un danger bien plus grand de ce coté.
Najaï interrompit involontairement la boucherie de Thalès.
Son cri strident provoqua l’étincelle de lucidité du saiyen. Elle lui intima de vérifier l’état de sa victime – déplorable – et de se retourner pour aviser la suite. Ce qu’il vit l’amusa : doucement, le fébrile sergent aux plans si ingénieux était dévoré par la gelée rose, qui, corrosivement, mangeait Najaï sans laisser plus de traces, sans effluves. Au bout d’une trentaine de secondes de contemplation, les trois survivants, toujours eux, finirent par ne plus voir du sous-fifre d’Obey...que du vide.
-Je ne sais pas ce que c’est, mais on va se casser. On a tout foiré les gars...s’exclama Thalès une main sur le front.
Soudainement, le corps de Jézuémoth se souleva, son crâne inanimé pendant au reste, et une voix s’éleva de son cou sanguinolent, une voix plutôt grave, plutôt lointaine, comme un souffle lourd :
-Qui...êtes...vous… ?
Le trio l’avait deviné, c’était la gelée qui s’était emparé, grâce à un fil, des restes du fils de Brutaël. Elle communiquait par l’intermédiaire de ce pantin, d’où ce timbre étrange et familier, celui de Jézuémoth et du sien. Ce fut naturellement Thalès qui prit la peine de répondre :
-Je suis Thalès, un des derniers saiyens de l’univers. Et voici mon groupe. Nous cherchons à vaincre Freezer, et tu viens d’avaler notre seul espoir de survivre enfoiré. Qu’est ce qui m’empêche de te faire manger tes dents, créature ?
Le fluide rongeait Jézuémoth au fur et à mesure qu’il répondait, s’emparant de l’étrange armure d’acier volée précédemment.
-Car...je n’ai pas...de dents.
Thalès tiqua, mais ne rétorqua pas. La chose continua :
-Je suis un...maudit. Je suis...Cacao. Freezer...a détruit ma planète, et les réfugiés...ont été réduits comme moi...en maudits.
-Woaw, ton passé est presque aussi sombre que le mien. Tu veux que j’abrège tes souffrances ?
-Ils ont...essayé...de m’utiliser. Je me suis vengé...je peux vous aider, maintenant.
-Explique toi, vite. Un demi-dieu destructeur soi disant plus fort que Freezer veut ma peau et je sais comment m’en débarrasser. Il faut simplement que j’atteigne le vaisseau d’Obey.
-Vous...m’avez aidé...libéré de ma prison. Je vous suis...redevable, alors...Thalès...je vais te guider.
Le corps de Jézuémoth disparut alors. Ses yeux seulement avaient été conservés, figés sur la face nouvellement constituée de la créature. Il continua, ou plutôt, il conclut, car ce sera, de sa vie, sa dernière phrase complète :
-Je vais m’étouffer ici, saiyen alors… sache...que tu n’auras pas d’autres chances.
* * *
Elles étaient toutes là. Les personnes qui gardaient le sorcier fou étaient immobiles, devant son siège, et elles étaient distraites, enclines à faire autre chose que garder. Si elles n’avaient été qu’à un ou deux mètres de moins, elles pourraient être manipulées, contrôlées mentalement et ainsi le batracien…
...pourrait se soustraire à cette séance de torture.
Nagaza, l’autre fille de Brutaël, plantait doucement dans les veines misérables du second bras de Copper quelques aiguilles animées – pourrait-on dire – d’une volonté propre. Elles se trémoussaient dans sa chair et naviguaient hasardeusement dans le court espace qu’elles occupaient. Le frère de Field grognait mais ne montrait pas sa souffrance. Presque s’y complaisait-il. Nagaza était lassée de jouer avec lui, de tourner autour de son siège où il était ficelé :
-Imbécile, je vais te poser une dernière fois la question avant de te soumettre au châtiment divin ! Avec quel être abject parlais-tu, seul ?
-Je te l’ai dis, gamine, je suis un pauvre fou.
-Non, mon père dit qu’il t’as déjà rencontré, qu’il a déjà rencontré un sorcier de ton espèce, une sous-race maléfique !
Voyant à cette déclaration un moyen de s’en sortit, Copper alimenta la conversation :
-Mon espèce ? Oh, nous ne sommes plus que quatre. Moi, je suis faible, l’un a disparu et le dernier est à la ramasse, perdu sur sa planète.
-Tu as mentionné quatre personnes.
-Oui, c’est de lui que Brutaël doit parler. Babidi, le trompeur, très dangereux.
Nagaza gifla violemment Copper. La marque de sa main resta ancrée dans sa peau, et même, le restera. Sa tête bougea si vite et si fort que le siège qu’il occupait se décala et se renversa. Sonné, Copper geignit :
-Qu’est ce…
-Ne cite pas le nom de mon père, infect vermisseau.
Elle redressa la chaise du capturé, et s’approcha encore plus proche de son visage, pour lui montrer ses crocs :
-Ce Babidi, va-t-il venir t’aider ?
-Mon désir le plus cher et de voir son crâne glisser le long d’une pique.
-Tu es abject. Mais je n’en ai pa…
Un éclair de lumière s’agita dans l’esprit de Nagaza qui releva son visage, ce dernier se tournant vers le sud, semblant regarder au-delà de sa vision. Une goutte de sueur perla sur son front, qui passa presque d’une teinte bleutée à une rougeâtre. Copper chercha alors en elle un semblant de trouble pour prendre possession de son esprit diminué. Mais Nagaza serra alors les dents, rejetant les envies du sorcier. Elle pensa tout haut :
-Zarivas...elle a libéré son démon lumineux intérieur !
-C’est quoi cette bêtise encore ?
En une fraction de seconde, le simple déplacement d’air provoqué par les quelques centimètres entre les deux personnages que la fille de Brutaël opéra projeta le siège de Copper jusqu’au mur où il se rétama dans un énième cri pitoyable.
-Une bêtise !? Une bêtise tu oses me dire, insecte !? Nous, les enfants de notre père le divin possédons une puissance enfouie, une puissance venant de la lumière elle-même ! Tu ne sais pas quel courroux nous sommes capable de déchaîner sur l’impie de ton espèce.
-En même temps, mon espèce c’est quatre sorciers véreux, hihihi, l’impie on aime bien.
La chance empêcha à la grenouille le nez collé au sol de se prendre un coup qui ne le laisserait pas entier. Et cette chance…
...prit la forme de seulement quelques petites secondes.
Cette fois-ci, ce fut Nagaza qui s’écroula, à genoux, des veines écrasant son joli visage angélique pour le défigurer de rouge :
-Mon frère...Ma sœur…
-Quelque chose ne va pas ? ricana bruyamment Copper.
-Le saiyen...il les a...Par Brutaël !
-Je peux te donner une baffe pour avoir prononcé ce nom, hihihi ?
D’énervement et de tristesse, presque elle activa elle aussi son démon, mais elle savait que ce serait gâcher l’énergie de son père malade et inutile dans cette situation. Elle avait mieux à faire, elle ne pouvait rester à interroger ce misérable, déjà bien entamé. Nagaza décrocha sa cape et la jeta au sol avant d’hurler sur Copper :
-Si tu parviens à ramper jusqu’à ma cape, je demanderai à mon père de t’accorder une seconde chance, sinon je te torturerai jusqu’à ce que tu me supplies de te faire mourir.
-Un bon deal, que votre père garde un siège plus confortable que celui-ci pour moi !
Elle était déjà parti. Elle aurait au moins pu le relever, enlever ses pointes de son bras et guérir magiquement la blessure de sa joue non ? Parce que là, il n’avait que sa langue pour le faire avancer. Ses jambes attachées à sa chaise ne lui permettaient de bouger librement, alors comment allait-il faire pour survivre avant que son frère ne vienne le secourir ? Voilà déjà quelques heures qu’il l’avait contacté.
-Hé, je peux vous offrir des merveilles en échange de ton aide, toi. Ma race est ancienne et des trésors très convoités sont en notre possession. Sur ma vie je promets que je t’en passerai un ou deux !
Les cinq gardes ne déplacèrent même pas un cil : ils étaient comme de statues en armure et en chair. Ces gamaréens seraient donc si fidèles ? Peut-être morts à l’intérieur ? Qui savait…
Il allait bien galérer pour attraper cette cape.