Tu peux éviter de raconter n'importe quoi ? L'historiographie médiévale est suffisamment complexe pour qu'on y ajoute pas les délire des anti-cléricaux persuadés que toute les fautes du monde sont dues aux chrétiens et qu'ils présentaient tout les vices possibles.
Premièrement, dire que la croisade des enfants (car il n'yen à eu qu'une) est une initiative Papale, c'est une blague absolue. La croisade des enfants, comme TOUTE les croisade populaire de cette période est justement une croisade dont l'initiative n'est pas à un puissant (d'ailleurs ce sont en majorité des laïcs qui ont appelés à la croisade et pas des clercs...). Les croisades populaire naissent justement des échecs consécutifs que constituent l'ensemble des croisades (à l'exception de la première).
Secondement, il ne s'agit pas d'enfants, mais de
pueres qui signifie pauvres, qu'on désignaient aussi par la périphrase... enfants de Dieu. Donc j'adorerais pouvoir me pencher sur la bibliographie et les sources utilisées par Jean Lebrun, parce que ça doit être cocasse (je parie sur des manuels de la IIIème République et des auteurs des années 1870-80 tiens...).
Enfin, pour être concis et claire sur le sujet : grosso modo, durant le XIIIème mais aussi au XIVème, devant l'échec des croisades des puissants (bien loin de l'iconographie habituel avec les centaines de milliers de paysans marchant vers Jérusalem donc, mais plus quelques milliers de soldats en armures, tous nobles d'ailleurs), certains prédicateurs appellent à des croisades populaires, généralement à l'encontre même des pouvoir en place, mais aucune de ces croisades ne dépassent les frontières de l'occident (dans le cas de la croisade des enfants, les Français se dispersent en chemins, et quasiment aucun des Germain n'arrivent à Marseille...)
Les deuxième et troisième croisades sont très violentes. Menés par des prédicateurs enragés (Maître Jacob, moine renié par l'église par la suite, par exemple), ces processions massacrent sur le chemin les juifs (et les dépouillent au passage de leurs biens), les malades, les lépreux. Beaucoup de ces jeunes là finissent sur la potence (pendus par paquets de 20 ou 30 selon un témoignage d'Alphonse du Pron).
Perdu ! Doublement même. Premièrement, parce que là encore, les massacres sur les Juifs n'ont pas lieu durant les croisade que tu cite, mais en marge de la Première Croisade. Secondement, parce que il s'agit là encore de croisade populaire. en effet, une partie du peuple ne comprenait pas l'intérêt d'aller se battre en extrême orient, contre des ennemis des Chrétiens, quand à l'Est se trouvait des ennemis des Chrétiens beaucoup moins armés, beaucoup plus proches, et tout aussi riche (au moins dans l'imaginaire collectif).
Pour être exact, je rajouterais que ces massacres (condamnés d'ailleurs par le Pape) ont lieu en Rhénanie, soit une région qui n'est initialement traversée que par une seule des quatre armées qui se dirige en croisade...
Pour terminer, je rappellerais que la vulgarisation de l'histoire, c'est ni plus ni moins que ce qu'indique l'origine du terme "vulgaire" : ce qui est commun, courant.
L'histoire vulgarisée, ce n'est ni plus ni moins que l'histoire "populaire", les on dit, souvent basée sur des sources douteuses, fausses ou mal interprétées. Mais une grande partie de ces erreurs historiographique sont aussi dû aux "historiens" du XIXème Français, qui pour créer le Roman national alors naissant en pleine troisième République, on eu tendance à falsifier voir créer de toute pièce des montagnes de documents sur des personnages, tel que Jeanne d'Arc (qui était tout sauf pauvre et vierge), Vercingétorix (qui n'est en rien le père d'une Gaule unifiée fantasmée par les nationalistes) ou encore Robespierre (d'ailleurs, c'est extrêmement drôle de lire l'historiographie relativement neutre sur Robespierre à l'étranger, puis de jeter un coup d’œil à ce qui c'est fait en France...). S'ajoute à cela dans le cas du moyen-âge la vague d'historien des années 60-70 qui ont décidé d'analyser tout les rapports socio de l'époque sous le prisme du marxisme.
Bref, la prochaine fois, plutôt que de te fier au premier journaliste radio en quête de sensationnel, ouvre un vrai bouquin d'histoire, ou consulte des articles sur le site du CAIRN.
Sources :Riley-Smith J.,
Atlas des croisades (Orient latin, Byzance, Péninsule ibérique, Baltique, Europe occidentale), Paris, Autrement, 1996
Balard M.,
Croisades et Orient latin : XIe-XIVe siècle, Paris, Malakoff, 2017
Claustre J.,
La fin du Moyen-Âge, 1180-1515, Paris, Hachette, 2015
Weill-Parot N., Sales V.,
Le vrai visage du Moyen Age : au-delà des idées reçues, Paris, Vendémiaire, 2017
(Au passage, ça c'est une vrai bibliographie - ou au moins un petit début -, et avec de surcroît des ouvrages récent. Sisi, j'insiste, récent, 1996 c'est tout neuf pour un historien médiéviste).
"Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !"