CHAPITRE 70
Missions
Dissimulé à plusieurs kilomètres de ce nouvel Orochimaru, Gerald observait au loin l'équipe entrer dans le vaisseau à l'aide d'une longue-vue. Il ressentait plus que jamais l'intense douleur qui le lancinait sous sa clavicule droite.
– Que vois-tu ? demanda Meldy, à ses côtés.
La jeune fille était tout ce qui restait de son ancien groupe, qui avait bien changé depuis le temps, Ultia ayant été remplacée par quatre personnes parmi lesquelles se tenait Cobra.
– Je l'entends, fit ce dernier,
cet étrange murmure qui m'est familier... Il a donc bien réussi à reproduire mon pouvoir ?
– Que faisons-nous ? demanda un individu à l'air endormi.
Gerald guettait l'ouverture. Ils étaient à bonne distance, suffisante pour n'avoir pas été repérés par l'étrange appareil de l'individu au physique d'oiseau.
– Préparez-vous, fit Gerald.
C'est à la fois de Zeref et de cet Orochimaru dont il est question... Malgré nos passés dans des guildes noires, les forces obscures dont il est question nous dépassent...Il fronça les sourcils.
– Mais nous devons tout donner... Pour ce monde...
* Ce monde ? murmura alors une voix dans sa tête.
*Il s'écroula par terre, frappé par une pulsation douloureuse et intense au niveau de sa marque. Il se tourna, perturbé, et remarqua que tous les membres du groupe regardaient autour d'eux avec surprise. Cette voix, ils semblaient également l'entendre.
Par réflexe, Gerald regarda de nouveau dans sa longue-vue et un frisson parcourut son échine. Les yeux reptiliens du terrifiant mage-ninja le fixaient, malgré la distance.
* Ce monde n'est qu'un tremplin... entendit-il alors.
*Il tenta vainement de se boucher les oreilles mais ne fit qu'étaler les gouttes de sueur parsemant son visage.
* Même s'il regorge de richesses... *Sans quitter des yeux celui qui lui parlait dans son esprit, il se releva péniblement en dépit de la douleur.
* Tu pensais pouvoir m'arrêter... Qu'attends-tu ? Viens. *Mais Gerald se rendait compte du fossé incroyable qui les séparait. Lui qui avait pensé pouvoir utiliser le puissance de la marque d'Orochimaru contre lui réalisait que ce serait tout bonnement inutile. Et la vue de ses camarades, dont la volonté semblait avoir été balayée de l'intérieur, confirma la folie de sa résolution.
C'est ainsi que Gerald et son groupe restèrent immobiles, tremblant et transpirant, laissant le temps filer tandis que le vaisseau démarrait les moteurs, s'envolait et disparaissait dans les cieux.
Gerald s'écroula par terre, abbatu.
– On ne pouvait simplement pas le combattre... le consola Meldy d'une voix douce.
– Qu'est-ce qu'on a fait... ? gémit Gerald en levant ses yeux terrifiés.
– C'était peut-être mieux, non ? marmonna Cobra.
Maintenant, Zeref et Orochimaru sont partis... D'une pierre deux coups, bon débarras !
– Tu ne comprends pas...
– Quoi ?
– Ce qu'on a laissé partir...Un profond silence suivit ses paroles.
***
Naruto se réveilla en sursaut, le visage couvert de sueur.
– C'est pas trop tôt ! s'exclama le vieux Sannin, occupé à écrire.
– Aaah, il était flippant 'ttebayo ! s'exclama le jeune Uzumaki.
– Hmm ?
– Le dragon noir...
– Le dragon noir ?
– Acronomia, ou un truc comme ça.
– Hmm...Le Sannin soupira.
– J'vous jure ! renchérit Naruto.
Ça paraissait tellement ré...
– Je serais ravi de discuter avec toi de contes de fées et autres histoires de dragons, coupa Jiraiya qui ferma son livre en écriture,
mais parfois, l'heure n'est plus à l'inspiration...
– Hein ? Qu'est-ce que vous racontez ?
– Nous sommes arrivés devant la ville de Shiraku, répliqua Jiraiya.
Naruto fronça les sourcils.
– Shiraku ? répéta-t-il.
Vous pensez que votre princesse s'y trouve ?
– C'est une possibilité... murmura Jiraiya.
Bien, maintenant approche, Naruto. Je vais t'apprendre certains secrets qui ont fait de moi le plus grand expert en recherche d'information du monde...Intrigué et curieux, le jeune Uzumaki s'avança en direction de son mentor, comprenant qu'il devrait jouer le rôle crucial de celui qui trouverait cette Tsunade, l'ermite l'accompagnant étant incapable de tenir debout.
Il tendit l'oreille et écouta, prêt à recevoir cet héritage du grand Sannin.
– Il faut utiliser tes connaissances pour adapter la situation à ton cas, expliqua l'ermite.
Tsunade est une belle femme blonde. Toi aussi, tu es blond, même si tu n'es pas beau, ce qui vous fait un point commun.Naruto s'apprêtait à répliquer mais Jiraiya poursuivit sans répit.
– Tu devras donc te faire passer pour un garçon perdu cherchant sa mère.
– OK, une vieille femme blonde, marmonna Naruto.
– Une belle, pas une vieille !
– Bah, elle a votre âge, non ?Jiraiya ferma les yeux et respira par les narines, cherchant son calme dans cette inspiration.
– Rien d'autre, pour la description ? reprit Naruto.
Ça paraît peu...Mais le jeune ninja remarqua alors l'étincelle briller dans le regard de son aîné.
– 106, ajouta alors Jiraiya avec une assurance nouvelle, comme s'il sortait sa carte secrète.
– 106 ?
– 106.
– Et je dois en faire quoi, de ce chiffre ?
– C'est ton joker...Suite à cet étrange conseil d'un Sannin au visage rougeoyant, et absolument pas convaincu, Naruto se dirigea vers la sortie.
Mais lorsqu'il se fut extrait par la gueule du batracien et retrouva sa taille normale, le jeune ninja ne trouva pas la ville qu'il s'attendait à voir. En lieu et place de ce qui aurait dû être une série de bâtiments, il n'y avait que des ruines.
Ce lieu avait connu le même sort que Konoha.
À cette vision, Naruto s'écroula par terre, à genoux devant cette nouvelle cité qui n'était plus que l'ombre de sa grandeur.
Jusqu'à quelle limite Raditz avait-il détruit le monde ?
Les larmes lui montèrent, encore une fois. Mais elles ne coulèrent pas, car déjà, du mouvement se faisait entendre parmi les décombres...
***
Son Gokū et ses deux aînés se tenaient dans une immense salle au cœur d'un bâtiment de prestige. Ce n'était pas bien étonnant, en prenant en compte le fait que leur guide était le chef des capitaines.
– Que me vaut votre visite, cette fois, Hagoromo ?
– Je passais dans le coin, et j'ai eu envie de vous saluer, cher ami...Fermant les yeux face à ses deux hôtes, le vieux Shinigami laissa entrevoir l'esquisse d'un sourire amusé.
– C'est aimable à vous. Veuillez nous excuser pour l'accueil quelque peu inconfortable. Nous ne vous attendions pas.
– Ceci est parfaitement compréhensible ; loin de moi l'idée de vous en blâmer. Je suppose par ailleurs que vous avez d'autres esprits à fouetter et je n'ai pas la prétention d'estimer ma modeste présence comme prioritaire, surtout depuis la dernière décennie...
– La dernière décennie ? répéta Yamamoto en fronçant les sourcils.
– Allons, j'ose espérer guère me fourvoyer en supposant que vous avez remarqué l'étonnant Reiatsu qui se dirige actuellement vers ce monde à une vitesse considérable...Suite aux paroles du Rikudō Sennin, l'attention de Gokū se fit clairement plus importante. Cela fut bien moins nettement visible sur les traits du vieux capitaine dont le visage ne montra aucune réaction particulière ; ses yeux, en revanche, trahirent son état piqué au vif, fixant sans ciller avec intensité les Rinnegan du sage.
Après un bref soupire mais sans un mot de plus, il tourna les talons et sortit de la pièce.
Gokū, surpris par cette réaction, s'apprêta à le suivre mais le Rikudō Sennin leva un bras à l'horizontal pour l'en empêcher.
Le Saiya-jin et l'Ōtsutsuki restèrent ainsi immobiles, attendant patiemment dans une grande pièce dont le silence résonnait de plus en plus fort à mesure que les minutes s'écoulaient.
Le jeune guerrier fronça les sourcils, ne comprenant pas la réaction du vieil homme. Mais au moment où il s'apprêtait à rompre l'insupportable immobilisme ambiant en demandant des précisions au sage, le capitaine-commandant revint d'un pas lent, le regard soucieux. Il était accompagné d'un autre individu – un des rares capitaines que Son Gokū n'avait pas vus à leur arrivée, à en juger par sa tenue.
Et cet homme – ou ce qui s'en approchait – le guerrier l'aurait remarqué, à n'en point douter. Il ressemblait davantage à un pantin au visage fortement marqué de noir contrastant avec ses iris jaunes, mais surtout sa chevelure – ou ce qui s'apparentait – de couleur bleu vif. Eh dehors de son apparence physique plus ou moins naturelle, l'étrange coussin violet autour de son cou et la reliure dorée ceignant son visage renforçaient clairement le côté totalement anormal de cet énigmatique capitaine.
Sa puissance n'était pas des plus grandes – Gokū l'estimait à peine du niveau de son premier maître – mais l'étincelle brillant dans le regard de cet individu avait de quoi rendre mal à l'aise le guerrier. Cela ne semblait en revanche pas le moins du monde déconcerter le sage à ses côtés.
– Ooh, s'exclama le capitaine en voyant ce dernier,
cher Rikudō Sennin, que voilà une surprise de taille ! Je pensais justement à vous dernièrement, car je me grefferais bien des yeux comme les vôtres mais leur... hum... statut énergétique m'échappe encore.
– Tout le plaisir est pour moi, capitaine Kurotsuchi, lui répondit aimablement le concerné qui semblait répondre à une remarque de politesse bien surprenante.
– Et qui est cet intriguant jeune homme ? demanda le nouvel arrivant en s'approchant du Saiya-jin et en l'analysant à la manière d'un archéologue devant une statue antique.
M'est-il destiné ? Son profil expérimental semble fascinant...Ses yeux brillaient comme ceux d'un enfant devant un cadeau. Gokū grimaça en reculant d'un pas.
– Malheureusement, j'ai d'autres ambitions pour ce jeune homme. Voici Son Gok...
– Il n'est pas humain, remarqua aussitôt l'individu, analysant toujours le guerrier mal à l'aise.
Du moins, pas au sens classique du terme...Il était surprenant d'entendre un individu au physique aussi surprenant constater la différence infime de Gokū avec les autres humains.
– En effet, répondit le sage, imperturbable.
Son Gokū est un Saiya-jin.
– Saiya... Jin... répéta l'autre d'un air pensif en se parlant à lui-même.
Je vois... J'imagine que cela donne également un début de réponse sur les origines de Kenpachi... Oh... Je crois que cet échantillon pourrait être particulièrement intéressant... Il me tarde de l'examiner de plus pr...Il ne put terminer sa phrase que le sol se mettait à trembler tandis qu'un puissant Reiatsu se faisait ressentir. Mais il n'émanait ni du Rikudō Sennin, ni du capitaine-commandant...
C'était Son Gokū, dont le regard sérieux défiait celui – curieux puis légèrement apeuré – du troublant personnage qui lui faisait face.
– Hum... marmonna le capitaine qui effectua un pas en arrière.
Je vois...Il tourna le dos à un Gokū toujours alerte.
– Je suppose que ce n'est pas l'objet de ma venue... ajouta-t-il en se plaçant aux côtés de Yamamoto.
– Son Gokū, poursuivit calmement le Rikudō Sennin comme si aucune interruption n'avait eu lieu,
je te présente Mayuri Kurotsuchi, capitaine de la Douzième Division.Le regard de Gokū s'adoucit et un sourire s'installa même sur son visage tandis qu'il saluait l'individu en tendant une main.
– Pourquoi avoir sollicité ma présence ? demanda le capitaine en tournant ses yeux pâle vers son supérieur, ignorant ostensiblement le geste du guerrier.
De toute évidence, l'expérimentation sur cet individu est exclue...
– Le Rikudō Sennin sait pour l'affaire Yōkai, répondit simplement Yamamoto.
– Ah.
– Euh... intervint Gokū, perdu.
C'est quoi cette affaire Yotruc ?Les deux capitaines l'ignorèrent, mais le Rikudō Sennin tourna son regard dans sa direction.
– C'est une très bonne question que pose là Son Gokū.L'appui du Rikudō Sennin força Yamamoto à tourner son attention en direction du jeune guerrier.
– Il concerne le lointain Reiatsu détecté il y a une décennie par la Douzième Division.
– Et vous êtes allé voir ? interrogea le Saiya-jin, curieux.
– À quelle vitesse te déplaces-tu, Son Gokū ? demanda Mayuri d'un ton ironiquement intéressé.
– Oh... fit l'interpellé, hésitant.
Euh... Je sais pas tr...
– À en juger par ton profil énergétique, coupa le capitaine,
je dirais à peine 4000 mètres par seconde vitesse de pointe, et encore, sans compter les frottements de l'air !
– Ah ?! Euh, tant que ça ?
– À cette allure, il te faudrait plus de 350000 ans pour rejoindre l'objet dans sa position initialement découverte...Gokū, qui tentait de compter le premier chiffre avec ses doigts, abandonna alors cette idée en ouvrant grand les yeux. Mayuri, avec un sourire méprisant devant tant d'ignorance, reporta son attention vers le Rikudō Sennin, bien plus digne à ses yeux de comprendre la suite de ses paroles.
– Lorsque nous avons observé ce phénomène il y a 10 ans, nous avons remarqué deux choses. Premièrement, sa vitesse était élevée, estimée à 64420303 mètres par seconde, d'après nos calculs. Cela signifiait toutefois qu'il lui faudrait presque 44 ans pour nous rejoindre... Dans ce cas de figure, il nous resterait encore 34 ans pour nous y préparer. Cependant...Il marqua une brève pause, reprenant son souffle.
– Nous avons remarqué un comportement anormal. L'objet accélère continuellement, à raison de 7,55% de la gravité humaine. Cela peut sembler peu, mais cela signifie qu'aujourd'hui, il avoisine la vitesse de la lumière. Même en prenant en compte les effets relativistes de l'Univers, j'estime qu'il devrait en approcher les 80% une fois à notre niveau.
– Craignez-vous un impact ? demanda l'ermite des ninjas.
– Ce corps possède une masse de l'ordre de 3000 tonnes. Ce n'est pas énorme, tout juste l'équivalent d'un astéroïde d'une bonne dizaine de mètres de diamètre. Mais à cette vitesse, un tel impact générerait une énergie suffisante pour générer une extinction de masse de grande ampleur. Dans notre cas, cela signifierait l'éradication de la Soul Society. Mais en réalité, je doute que cela ait lieu. A priori, sa direction exacte le fera passer à plus de cent mille kilomètres au dessus de nos têtes, ce qui n'est rien à l'échelle astronomique, mais suffisant pour éviter tout dommage. Non, ce qui est à la fois perturbant et terriblement fascinant, c'est le rôle de cet objet...Face au silence de ceux qui l'écoutaient, le capitaine eut une sorte de mélange incertain entre le sourire et la grimace.
– C'est un œuf.
– Un œuf ? répéta Gokū, rattrapant maladroitement le fil de la discussion.
– Un œuf. Un œuf à 2 embryons. Nous avons en effet pu distinguer 2 profils énergétiques distincts.Il soupira.
– Et la probabilité qu'un œuf distant de plusieurs années-lumière se dirige droit sur nous m'apparaît suffisamment faible pour considérer que tout cela n'est pas l'unique fait du hasard.
– Je suppose que vous estimez que cet... œuf... pourrait éclore à proximité de la Soul Society ? intervint le Rikudō Sennin.
– Précisément ! s'exclama Mayuri, ravi de voir que son interlocuteur avait suivi sans peine toute cette discussion et pointant du doigt sa conclusion logique.
Gokū fronça les sourcils, tentant également d'apporter sa contribution.
– Donc, dans 34 ans...
– Mais non ! coupa aussitôt le capitaine, exacerbé.
J'ai déjà dit que le corps subissait une accélération constante et que sa vitesse ne cessait donc d'augmenter depuis sa première observation !
– Mais alors dans combien de temps ?!
– Approximativement 2 semaines.Suite à cette révélation, Gokū fronça les sourcils et le Rikudō Sennin sembla étonnamment joyeux.
– Quelle heureuse coïncidence !
– À ce propos, reprit Yamamoto à son adresse.
Comment êtiez-vous au courant ?
– On dit de moi que j'ai de très bons yeux...Il tourna de nouveau son attention vers son disciple.
– C'est maintenant que tu entres en scène, Son Gokū.
– Hein ?! s'exclamèrent en coeur les deux Shinigami et le Saiya-jin.
– Eh bien, j'imagine que vous évitez d'ébruiter ce phénomène pour ne pas déclencher de panique.
– En effet, répondit Yamamoto,
mais...
– Son Gokū, reprit le sage,
suite à ces révélations, es-tu paniqué ?
– Bah... réfléchit Gokū.
Pour tout vous dire Riku-chan, j'ai pas tout compris...
– Parfait ! s'exclama le sage dont l'humeur semblait particulièrement espiègle.
Face aux regards estomaqués de ses interlocuteurs, la lueur des yeux du sage sembla redoubler d'éclat.
– Personne ne verra donc d'inconvénient à ce que je charge Son Gokū de gérer cette affaire ?
– Attendez... murmura le concerné tandis que les deux autres semblaient à court de mot.
Vous voulez dire que mon entraînement sera...
– Une mission, pour reprendre un concept culturellement admis dans mon monde natal...Alors, les yeux du guerrier semblèrent devenir encore plus brillants que ceux du Rikudō Sennin.
D'ailleurs, Gokū aurait juré avoir vu ce dernier lui adresser un imperceptible clin d’œil.
***
– Hatake Kakashi... Nous nous rencontrons enfin...