De la première à la dernière scène, le scénario de Dragon Ball Evolution est très mauvais, tout comme sa réalisation, mais, en tentant de faire la part des choses, je crois que la raison du désastre vient avant tout d'un choix scénaristique fondamental qui a plombé le projet d'entrée de jeu : celui d'avoir fait de Goku un lycéen.
A la rigueur, des choix secondaires comme le fait que Goku n'ait pas de queue Oozaru ou que Gohan soit toujours en vie au début de l'aventure pourraient être de l'ordre de l'acceptable (bien que ce soit absolument regrettable pour les fans que nous sommes). Après tout, c'est le cas dans le nanar
"The Magic begins" qui nous fait marrer là ou DBE fait plutôt rager. Sauf qu'ici, bien qu'on essaie de nous faire croire qu'il est "différent", Goku apparaît comme un ado tout à fait normal qui évolue dans une structure (le lycée) avec ses codes, ses obligations, le souci de plaire aux autres, etc. On est bien loin du symbole de liberté qu'il est sensé être. Lui qui se fiche bien des horaires, des convenances, du qu'en-dira-t-on. Par ce simple choix, le héros du manga était déjà complètement dénaturé et personne n'avait envie d'y croire.
Et bien sûr, quand on est un réalisateur peu concerné comme James Wong et qu'on nous refile un tel postulat, ça donne à tous les coups un teen-movie sans âme.
Du coup, de ce premier choix découle le fait que la narration s'inscrive dans le cadre d'une "grande prophétie". Or, ça n'a jamais été le trip de Dragon Ball ça (à part celles du ssj sur Namek et du poisson de DBS qui sont plutôt des visions du futur, mais là je parle de "grand plan cosmique" avec alignement des astres et tout, comme dans les horoscopes à la con). Du haut de ses 18 ans et avec son besoin de vivre comme un
djeun's, le héros du film ne pouvait plus avoir échappé à la pleine lune tout ce temps. Fallait trouver autre chose et c'est toute la genèse des Dragon Balls et de Piccolo qui part en cacahuètes.
Pour la défense de Ben Ramsey (sur ce point, uniquement), je dirai que, malgré le fait que Toriyama ait tissé son histoire avec une aisance incroyable, elle est tout de même assez complexe à être retranscrite aujourd'hui en live, cette génèse. Entre les diasporas extra-terrestres à amorcer, les Tout-puissants qui assurent leur fonction divine par intérim, la nature encore débattue aujourd'hui de Piccolo Daimao, la redistribution trèèès coïncidentielle des Dragon Balls, etc, je ne dis pas que c'est insurmontable mais sûrement pas évident à rendre digeste en (moins de) deux heures.
Au final, ajoutons une bonne dose de paresse à la méconnaissance avouée de l’œuvre originale, et c'était tentant de faire n'importe quoi.