Je crois avoir enfin réussi à faire un chapitre qui me convient, mais ça a été dur, très dur ! @__@
J'ai refait trois fois le milieu, en fait, avant de trouver ce qui me semble être la bonne formulation.
Comme à mon habitude, la... Les versions supprimées sont parties sur un document Word spécial "poubelle"... ^^'
J'espère ne pas regretter de le mettre en ligne alors que "la peinture n'est pas encore sèche"...
Alea jacta est !
Ah, Masenko, be happy, au final mon "petit enrichissement" a doublé la taille de ce chapitre X)
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-8-
Joanna ouvrit les yeux, un peu déboussolée. Elle ne reconnut pas de suite le lieu où elle se trouvait.
Elle n’était plus à son collège, mais bien de nouveau dans le centre médico-scientifique de la planète Vegeta. Les faciès étranges des médecins l’aidèrent grandement à s’en rappeler.
« On t’a fait peur ? » S’étonna le scientifique à tentacules qui l’avait aidé deux heures plus tôt.
« Pardon… Je n’ai pas encore l’habitude de voir des êtres aussi différents de moi…
-Je vois ce que tu veux dire. Ça m’a fait bizarre aussi, quand j’ai été envoyé ici. Il faut dire que chez moi, on n’avait pas beaucoup d’étrangers… Puis j’en suis devenu un… Et malgré tout, je ne peux pas m’empêcher de dévisager les nouveaux visages.
-Ça me rassure… » Dit-elle en sortant du caisson, enroulée pudiquement dans une serviette. Elle aperçut l’homme-ver. « Spardra ! Cizel est guéri ? »
Il lui sourit, imité par ses confrères. Ce n’était pas souvent que les locaux se souciaient de leur sort… « Il est guéri, merci à toi de t’en inquiéter. Il est sorti il y a un quart d’heure de cela. Il s’excuse de ne pas être resté, mais comme il a été pas mal secoué ces dernières heures et que son temps de travail est terminé, il a préféré rentrer à sa chambre se reposer, » lui répondit-il.
Elle soupira de soulagement. « Ouf… Il a bien fait de ne pas m’attendre. S’il vous plaît, si je ne le revois pas, vous lui direz que je suis désolée de lui avoir créé tous ces soucis ?
-Bien sûr. Compte sur moi. Alors… Que vas-tu devenir, maintenant ? »
Le visage de la jeune femme se ferma. « Je n’en sais rien. Je sais seulement que je ne serai pas vendue en tant qu’esclave. J’ai entendu dire que les plus faibles étaient utilisés dans des usines ou quelque chose comme ça… Je crois que c’est là-bas que je vais être envoyée… Vous savez si c’est loin d’ici ?
-Nous n’avons pas le droit de nous promener en dehors de nos quartiers, » s’excusa Spardra. « Mais tu auras peut-être un peu plus de liberté que nous… »
Joanna secoua la tête. « Je suis trop faible et trop différente. Je ne rentre pas dans les critères qui feraient de moi une personne suffisamment intéressante pour avoir de tels privilèges. J’ai déjà eu énormément de chance de ne pas finir en esclave. N’en demandons pas trop. »
La porte s’ouvrit sur un jeune Saiyen d’une dizaine d’années ; ses courts cheveux hérissés sur la tête et son visage carré donnaient l’impression qu’il devait être du genre têtu.
Il s’inclina un peu face à la jeune femme. « Je m’appelle Paragus, et j’ai été chargé de vous escorter. »
Une pierre sembla tomber dans l’estomac de Joanna. « M’escorter… ? Où ça ?
-Il vous faut une tenue correcte, pour commencer. » Il la jaugea rapidement de ses yeux bleu marine. « Vous devriez au moins remettre ce que vous portiez en arrivant ici, au lieu de vous promener nue. »
Joanna rougit violemment, piquée de se voir sermonnée par un gamin insolent.
« J’allais me rhabiller ! Juste avant que tu n’arrives ! » Elle reprit le chiffon qui lui avait servi de vêtement, et qui était désormais en piteux état. Elle ne l’avait porté qu’une journée, mais il lui était arrivé tellement de choses… Elle hésita en voyant la saleté et les déchirures.
L’enfant renifla dédaigneusement. « C’est juste le temps de changer d’endroit. Il y a aussi une douche, dans le vestiaire. A moins que vous n’aimiez vous promener dégoulinante de produit. »
La mention de vestiaires avait titillé la mémoire de la jeune femme, mais la vexation provoquée par la dernière pique chassa tout souvenir de son rêve de sa tête. Elle n’avait pas pris de douche, la fois précédente, et s’était promenée avec le liquide de régénération séché à même la peau…
« Bah, il n’y a pas la moitié des guerriers qui se lavent après la régénération, » répliqua Spardra en haussant les épaules.
L’enfant renifla dédaigneusement en réponse, montrant clairement son avis sur une telle pratique dégoûtante. « De toute façon ils passent leur temps à se rouler dans la poussière et la saleté. Ils ne sont plus à ça près. »
Joanna regarda l’enfant quelques instants, perplexe. « Petit… Tu as été choisi pour m’accompagner… C’est pour te punir, c’est ça ?
-C-comment ça, pour me punir ? » Répliqua-t-il, interloqué.
« Je suis devenue une punition pour enfants turbulents ? Sois sage ou tu serviras d’escorte à la mutante ? Et tu t’es montré trop insolent, alors te voilà ? »
Ce fut au tour de l’enfant de rougir de colère. « J’ai été choisi parce que je suis le meilleur élément de mon âge !! Parce qu’on me fait confiance !
-D’accord, d’accord ! Si tu le dis… »
Quelques minutes plus tard, ils étaient dans une pièce toute en longueur, avec des bancs au milieu et un mur couvert de casiers ; au fond une porte menait aux douches. Joanna fut soulagée de constater que les sanitaires de ce monde ne différaient pas vraiment de ce qu’elle avait connu : de l’eau et du savon pour se laver, pas de coquillages étranges pour les besoins naturels…
Sentir l’eau chaude tomber en pluie sur sa tête et couler le long de son corps lui procura un sentiment de bien-être encore jamais ressenti depuis son premier réveil ici. Se pouvait-il vraiment qu’il ne se fut écoulé qu’un peu plus de vingt-quatre heures ?
Elle se passa les mains sur le visage pour en écarter les cheveux, tout en gardant les yeux fermés. Quel monde étrange… Un ciel rouge, des races très différentes les unes des autres… Une caste dominante, et des dominés… Des esclaves. Ce mot ne lui était pas inconnu, mais elle avait le sentiment de ne jamais en avoir découvert sa réalité.
Haaa… Oui, c’était cela… Le sentiment, pas le souvenir. La mémoire de l’esprit avait beau être vide, les mémoires du corps et du cœur, elles, étaient présentes, et tentaient de se manifester avec une violence d’autant plus forte qu’il n’y avait plus rien ni personne pour détourner son attention de ces sensations.
La tête lui tournait. Elle était pleine, trop pleine, au point de l’étourdir. Joanna avait l’impression qu’elle allait éclater, que son être se déchirait dans l’ouragan sensoriel qui battait son plein. Un vertige plus fort que les autres lui donna l’impression de tomber…
Quelle voie choisir ? Que décider, pour son futur ? Elle avait l’impression d’être dans le noir…
Une enfant lui fit face. Elle portait un pull trop large, un pantalon en jean et des chaussures de ville. Elle avait treize ans, de longs cheveux blond vénitien et des yeux noisette.
« J’ai peur, » lui dit-elle. « Je suis faible. Je ne peux rien faire, ici. Je ne sais rien à rien, je ne fais que des bêtises. Laissons-les décider de mon avenir. Ils sont grands, ils sont importants, ils savent les choses mieux que moi. Je dois me faire petite, je dois me faire oublier. Je ne veux pas être encore rejetée. Je ne veux plus être mise de côté. J’ai si peur d’être seule… »
Moi aussi, j’ai peur d’être seule. La solitude me terrifie.L’Enfant lui sourit. « On fait comme ça, alors ? On sera sage, on ne dira rien, et comme ça on pourra rester avec eux, et un bel homme nous demandera en mariage, et on aura des enfants, et on vieillira avec eux, et on mourra entourés d’eux… »
Nous aurons une famille, nous ne serons pas seules.« Ce n’est pas en te faisant oublier que tu te feras aimer. »
Joanna sursauta et se retourna vivement vers la personne qui venait de parler dans son dos. Une femme lui faisait face. Elle avait une vingtaine d’années, de longs cheveux blond cendré. Elle portait une peau de loup dont le crâne cachait partiellement son visage, donnant l’illusion qu’elle avait un œil humain et un œil animal. « Tu n’as donc pas retenu la leçon ? Ça te plaisait donc tant que ça de jouer les plantes en pot ?
-Je ne m’en souviens pas ! » Rétorqua l’Enfant avec hargne.
« Moi non plus, je ne sais pas ce qui s’est passé à l’époque. Mais je me souviens de la solitude éprouvée alors, en étant pourtant entourée de gens. C’est à cela que tu aspires ?
-Je ne veux pas être abandonnée ! Je ne veux pas être seule… » L’Enfant se mit à pleurer.
« Alors tu es prête à tout pour cela ? » La Femme était impassible, nullement émue par les larmes de l’Enfant qui serraient le cœur de Joanna.
« Oui !
-Ces gens, les Saiyens… Nous leur ressemblons, du moins physiquement. Mais personnellement, je trouve qu’il n’y a pas plus différents de nous. Je ne suis pas un cerveau, mais franchement, je n’en ai pas vu beaucoup qui ait un air d’érudit, jusqu’à présent. En fait… Non, c’est bien ça, je n’en ai vu aucun. Ils ont tous plutôt l’air du genre à taper d’abord et à questionner ensuite. C’est ainsi, que tu veux vivre ? En passant ton temps à te battre ?
-Non ! Je veux qu’on me protège et qu’on prenne soin de moi ! Je veux juste qu’on m’aime…
-Et les esclaves ? Tu as réussi à éviter d'en devenir une… Et pour te faire aimer, tu vas les mépriser à ton tour ? C’est ça, la vie que tu veux ? Je croyais que Cizel et Spardra étaient tes premiers amis ici. Dans l’hypothétique espoir d’être acceptée par les Saiyens, tu vas leur cracher dessus à ton tour ?
-Non ! Bien sûr que non… » L’Enfant pleurait encore plus fort, mais, étrangement, cela ne touchait plus autant Joanna que précédemment.
La Femme, impitoyable, continua : « Et si tu étais envoyée hors planète, pour choisir toi-même qui allait devoir être arraché à son monde, pour décider qui allait être méprisé et piétiné ? »
L’Enfant releva la tête, en colère. « Toi, tu as déjà tué ! Tu es méprisable ! Alors ne me juge pas !
-Jusqu’à présent, il n’y a que toi qui juges l’autre. Je ne fais que te poser des questions pour savoir si tu es sûre des sacrifices à faire pour ton choix.
-Ne cherche pas à détourner le sujet ! » Le regard de la jeune semblait lancer des éclairs.
« Je ne cherche pas non plus à détourner le sujet. Mais soit. Oui, j’ai tué. J’ai séparé des familles, pris d’innocentes vies dans le but de survivre. J’avais le choix entre ne pas le faire et le faire. J’avais le choix entre laisser le sale boulot aux autres, autour de moi, et le faire moi-même. Je l’ai fait car j’ai bien compris que quelle que pouvait être ma décision, j’étais tout aussi coupable que l’être qui me ramenait la chair de ces innocents. Car il s’agissait d’une question de survie. Et j’ai pleuré pour chaque vie que j’ai prise, j’ai remercié chaque victime pour le sacrifice dont il avait fait l’objet. Ma vie m’a été d’autant plus précieuse après chacune de ces morts, car je dois vivre pour que leur sacrifice n’ait pas été vain. Mais ces gens, ici, en quoi le fait de mieux les traiter changerait l’espérance de vie des Saiyens ? N’y a-t-il pas d’autre moyen pour qu’ils travaillent ici que de les emmener de force en leur faisant miroiter de fausses promesses ? Que crois-tu que soient les Saiyens, si ce n’est des barbares violents ?
-Assez, assez ! » L’Enfant tentait de se boucher les oreilles pour ne plus entendre les paroles de la Femme. « Si tu es si forte, dis-nous ce qu’on doit faire !
-Pour ma part, je préfère continuer de vivre selon mes principes, autant que cela sera possible.
-Parce que tu crois que c’est en étant différente que tu te feras aimer et accepter ?! »
La Femme soupira en baissant la tête, le regard empli de pitié. « Ce que tu n’as pas compris, c’est qu’à ce niveau-là, on sera toujours perdantes. Mais personnellement, je préfère lutter pour trouver une amitié solide, quitte à rester seule durant des mois, voire peut-être des années, plutôt que d’être tolérée par des gens qui n’en auront rien à faire de moi. Il est impossible de plaire à tout le monde. Autant rechercher une seule amitié, précieuse et solide, que de se vendre pour une acceptation creuse. Même si je pleure d’être rejetée, même si je souffre d’être seule, au moins j’aurai la satisfaction d’être toujours moi-même, de continuer de vivre selon mes valeurs.
-Parce que tu t’en souviens, de tes valeurs ? » Vu le mépris contenu dans cette question, l’Enfant connaissait parfaitement la réponse.
« Je ne m’en souviens pas. »
La réponse tira un sourire triomphant à l’Enfant. La Femme ne se laissa pas pour autant démonter.
« Je ne m’en souviens en effet pas, mais je les redécouvre au fur et à mesure, avec toi. Asservir une personne pour mes intérêts n’en fait pas partie. Mépriser les gens parce qu’ils sont différents non plus. Je refuse de me réveiller un jour en étant dégoûtée de ma propre personne. Je veux pouvoir vivre ma vie comme je l’entends, libre de mes choix. »
L’Enfant se recroquevilla, effrayée. « Si on est différentes, ils ne nous aimeront pas. S’ils ne nous aiment pas, ils nous frapperont encore… »
La Femme s’approcha de l’Enfant et prit son visage entre ses mains. « Si on m’attaque, je me défends. Mais le mieux est d’éviter les situations de conflit non pas en les fuyant mais en apprenant à les voir arriver. Pour cela il faut qu’on s’adapte à ce monde.
-Mais… C’est ce que je disais que je voulais faire… » L’Enfant était déboussolée.
« Non. Tu voulais te laisser dévorer par ce monde. Nous sommes des étrangers, en ce monde. Nous n’avons pas la force de changer leurs mœurs, leur vie mais nous pouvons apprendre à vivre comme eux. Nous devons nous adapter, ce qui demandera des concessions et sacrifices de notre part. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’on doive sacrifier quelqu’un pour notre bien-être.
-Je ne comprends pas la différence…
-Je n’ai qu’un exemple, pour le moment : nous savons qu’ils méprisent les étrangers tels que les scientifiques. Nous sommes censées être plus importantes qu’eux. Mais je refuse de les mépriser pour cette simple raison. Ces gens ne m’ont rien fait, je n’ai pas à me montrer odieuse. Je l’ai dit à Parsnip, et le répèterai aussi souvent qu’il le sera nécessaire. Si cela déplaît au point que l’on veuille me frapper… Je plains qui en arrivera à une telle extrémité. »
Le visage de l’Enfant s’éclaira. « C’est vrai que Sa Majesté nous protège ! Ils n’ont pas le droit de nous faire de mal !
-Cesse de compter sur les autres pour te protéger ! » La rabroua la Femme. « Je ne pensais pas à lui. Je trouve juste que la personne qui a besoin de frapper l’autre parce qu’elle n’aime pas qu’il soit différent est d’une telle petitesse d’âme qu’elle est plus à plaindre qu’autre chose. »
L’Enfant baissa la tête, peinée, compréhensive.
La Femme l’enlaça. « Il faut affronter sa peur pour ne pas se laisser dominer. Si tu laisses la peur t’envahir et te dominer, tu deviens esclave. Il faut se battre, toujours, tout le temps, même contre soi-même, pour vivre. »
L’Enfant se fondit dans la Femme.
Comment fais-tu pour ne jamais faire d’erreur ?La Femme ferma les yeux, triste. « J’en fais, et beaucoup… Mais j’ai appris à en assumer les conséquences, quel qu’en soit le prix. Et il est parfois si douloureux que j’aurais préféré mourir… »
N’as-tu donc jamais peur ?La face à œil humain de la Femme se força à sourire, les larmes aux yeux. « Je suis terrifiée. Mais on n’a pas le choix, c’est tout… »
La face à œil de loup sourit à son tour, un sourire bien plus large, un sourire avec des crocs, un sourire de loup. « Ton problème est en quelque sorte résolu, non ? Tu viens d’avancer d’un pas vers ce que tu veux obtenir… »
Mon problème ? Ce que je veux obtenir ?L’œil de loup se fit plus rieur encore. « Ce n’est pas ainsi qu’il faut faire ? Résoudre des problèmes pour obtenir des faveurs… »
Joanna ouvrit les yeux. Elle était toujours sous la douche, dans un vestiaire de la planète Vegeta.
Son vertige venait de passer, l’abandonnant à genoux sous la pluie chaude. Elle avait heureusement posé instinctivement les mains sur le sol pour ne pas se cogner la tête au sol.
Elle n’était pas très sûre de ce qui venait de se passer, mais sa peur, cette peur qui ne l’avait pas quittée depuis son réveil en ce monde et qui, quelques instants, ou secondes, ou minutes auparavant l’avait submergée s’était de nouveau apaisée de façon à lui permettre de pouvoir réfléchir plus calmement.
Que voulait-elle ?
Rentrer chez elle et reprendre sa vie, quelle qu’elle fut. Si cela était possible.
Que refusait-elle ?
De les abandonner.
Que voulait-elle ?
Savoir au moins d’où elle venait, si jamais sa vie d’avant appartenait désormais au passé.
Que pouvait-elle faire ?
Aider Majesté et Vegeta.
Quels pouvaient être leurs problèmes ?
Elle en avait décelé un, le même chez les deux hommes, le même qu’elle : la solitude.
Comment le résoudre ?
Joanna sourit. La solution était particulièrement plaisante.
Paragus l’attendait toujours, assis sur un banc. « Eh bé, on peut dire que tu as pris ton temps ! Au moins, maintenant, tu dois être propre de partout. »
Joanna le foudroya du regard sans lui répondre. Elle lui aurait bien fichu un claque pour lui apprendre la politesse.
« Bon, tu veux quoi, comme tenue ? » il se leva et ouvrit un casier pour en sortir divers vêtements.
Il s’agissait de combinaisons moulantes, comme celles qu’elle avait vues sur chaque Saiyen croisé depuis son réveil, mais déclinées en une grande variété : il y avait d’abord l’intégrale, qui couvrait des chevilles aux poignets en passant par la base du cou, ou celle qui ne couvrait que les cuisses, ou encore une version qui donnait l’impression de se promener en culotte. Les manches pouvaient être longues, mi longues, courtes, le décolleté important ou inexistant. Il y avait même la possibilité de n’avoir qu’un bustier pour cacher la poitrine.
Joanna opta pour le plus couvrant. Il valait mieux cacher son bras, au cas où la marque viendrait à réapparaître…
Le tissu était étonnamment agréable à porter. Il donnait l’impression d’une seconde peau.
Ensuite ce fut l’étape du choix d’armure. Même sans être une combattante, il lui fallait en porter une. Il y avait là encore une assez impressionnante variété de possibilités : celles qui couvraient juste le torse, celles qui avaient des protèges-cuisses intégrées, ou encore celles qui ressemblaient à une robe, avec une jupe au-dessus du genou ; celles qui avaient des épaulettes, et celles qui étaient dépourvues.
Joanna prit une sorte de robe pour la regarder plus en détail, l’air horrifié. « Mais comment peut-on bouger avec ce carcan ?? Wouah ! » Elle lâcha le vêtement sous la surprise. La matière dont étaient faites les armures n’était effectivement absolument pas rigide ; et non seulement la protection était souple, mais en plus elle pouvait s’étirer.
L’enfant renifla dédaigneusement, un air supérieur sur son visage. « Peuh ! Comment veux-tu qu’on se batte correctement si ce n’est pas souple ? Et quand on se transforme, comment veux-tu qu’on fasse ? Qu’on reste nus une fois redevenus normaux ? »
Elle tourna vivement la tête vers lui, les yeux ronds de surprise. « Transformation ? Quelle transformation ? » Son cœur s’était mis à battre plus vite. L’image d’un homme aux cheveux de lumière venait de lui traverser l’esprit.
-Tu es Saiyenne, non ? Tu sais donc ce qui nous arrive les nuits de pleine lune ? » L’interrogea-t-il décontenancé.
« Non, je n’en sais rien ! Je suis amnésique ! » Répondit-elle, un peu agacée.
Ce fut au tour de Paragus de la regarder avec stupeur. « Pour oublier ça, il faut vraiment que tu aies reçu un sacré coup à la tête !
-C’est surtout que… » Elle ferma les yeux pour tenter de saisir le souvenir fugace qui semblait vouloir lui échapper. « Non, je ne suis en fait pas assez forte pour pouvoir me transformer.
-Qu’est-ce-que tu racontes… Le plus faible des bébés peut se transformer. La force n’a rien à voir là-dedans… » L’enfant se passa une main sur le visage d’exaspération. « Tu as vraiment reçu un sale coup à la tête, ma parole !
-Ça n’a rien à voir avec la force, tu en es sûr ?
-Certain.
-Peux-tu m’expliquer, dans ce cas, s’il te plaît ? » La demande, faite en toute humilité, surprit Paragus qui ne put s’empêcher de gonfler son torse pour faire son important. Et c’est d’un ton un peu hautain qu’il condescendit à répondre :
« Tu auras peut-être remarqué que nous avons mis des volets aux fenêtres des cellules ? Nous fermons les ouvertures trois nuits toutes les huit années, lorsque la lune est pleine. Ce n’est pas que dans la prison, mais toutes les fenêtres. Il serait idiot que l’un d’entre nous regarde la pleine lune par inadvertance et se transforme… Parce que, vois-tu, quand nous, Saiyens, regardons la lune, nos forces cachées se dévoilent. Mais cela entraîne aussi un changement physique. Nous grandissons de plusieurs mètres, notre physique change un peu et notre pilosité augmente. C’est pour ça que nos tenues peuvent s’agrandir, pour éviter qu’on ne les détruise à chaque transformation. Et les volets sont fermés pour qu’on ne se transforme pas sans le vouloir, ce qui, évidemment détruirait le local où on se trouverait à ce moment-là… De même pour les prisons : imagine qu’on ait enfermé un Saiyen et qu’il regarde la pleine lune…
-Il pourrait s’enfuir sans difficulté, c’est ça ?
-Tout à fait ! Et il faudrait que les gardes aussi se transforment, et pour le capturer de nouveau, ça créerait beaucoup de désordre. Et les bébés et les jeunes enfants qui n’ont pas encore appris à se maîtriser sous cette forme…
-Il y a un apprentissage ? » S’étonna Joanna.
« Bien sûr ! Au départ, quand on se transforme, on est dominé par ses instincts et on est incontrôlables ! » Il fit soudainement silence, pensif. Il fixait la jeune femme sans rien dire.
« Je n’en sais rien, » lui dit-elle.
« Tu ne sais pas quoi ? » Demanda-t-il en fronçant les sourcils.
« Si je sais me contrôler ou pas en me transformant. Ce n’est pas la question que tu te posais ? »
Il rougit un peu. « On s’en fiche ! Habille-toi une bonne fois pour toute, on n’a pas que ça à faire ! »
Réprimant un sourire, Joanna se concentra de nouveau sur le choix qui lui était présenté.
Après avoir tergiversé durant plusieurs minutes, elle finit par reprendre le tissu qui avait été quelques heures auparavant une robe blanche.
« En attendant d’avoir un tissu neuf, je vais reprendre celui-ci ! »
L’enfant eut une moue dégoûtée. « Quoi ? Tu veux une toge de scientifique ?
-Non, je voudrais retoucher une de leurs tenues pour m’en faire une jupe ! Tel que c’est pour le moment, c’est trop ample… » Posant un instant le chiffon, elle prit un torse sans protège-cuisses ni épaulettes, pour habiller le haut de son corps, puis reprit son explication à l’attention du garçon : « Tu vois, en reprenant ici, de cette façon, et en raccourcissant comme cela…
-N’importe quoi, » la coupa Paragus. « Laisse tomber cette idée débile.
-Je ne peux pas rester sans rien en bas, » lui expliqua-t-elle.
« Alors prends un modèle avec jupe, andouille !
-Non, il ne me plaît pas. Je préfère une jupe ample, ça fait plus p… » Elle serra brusquement les lèvres. Elle allait dire « princesse ». Dans une monarchie, une telle déclaration était plutôt osée…
« Plus quoi ? » ne put s’empêcher de demander l’enfant, surpris par le brusque silence.
« Rien d’important. C’est parce que ça vole mieux quand on tournoie ! » Elle fit la toupie pour lui montrer avec son chiffon. L’enfant se passa une main sur le visage de désespoir.
« Ce n’est pas possible… Qu’est-ce-que j’ai bien pu faire pour me retrouver ici… ?
-Je leur dirai que tu étais contre.
-C’est cela même. » Il arracha le tissu sale et troué et en fit des cendres en un instant. « Pour m’entendre dire que je ne sais même pas me faire respecter par une faible bâtarde ? »
Insensible aux cris de protestation de la femme, il annihila jusqu’au moindre reste pour être sûr de mettre fin à ses idées tordues.
« Mais je ne vais tout de même pas me promener avec les fesses à l’air ?! » S’indignait la métisse.
« Enfile ça et arrête de me casser les oreilles ! » Lui répondit-il en lui jetant une jupe. « Et de toute façon, t’es quand même habillée, t’es pas les fesses à l’air ! »
Joanna revêtit le bas en bougonnant qu’elle allait quand même être gênée dans ses mouvements, que c’était nul, et que…
« En fait, ça gêne moins qu’une jupe en jean, » s’étonna-t-elle en donnant quelques coups de pied chassés.
Il ouvrit un nouveau placard en soupirant de lassitude, préférant ne pas savoir ce qu’elle entendait par Djinn. « Bon, les gants et les bottes, maintenant. »
Au soulagement du petit, le choix fut là très rapide. Elle prit des mitaines et leurs chaussures assorties, de la même couleur que son plastron.
« Ça y est, tu as terminé ? … Heureusement qu’on avait prévu large, il est presque l’heure de déjeuner… Suis-moi. » L’enfant sortit d’un pas ferme du vestiaire, sans même regarder s’il était bien suivi.
Joanna s’empressa de lui emboîter le pas, laissant derrière elle une Enfant boudeuse aux envies de froufrous inassouvies.