Je serai bref ! Exams bientôt, mais pas eu envie de faire traîner les choses plus longtemps et de vous faire attendre un mois de plus, donc Imate s'est bougé le cul-
pour terminer ce chapitre avant de faire une brève pause le temps des révisions ! Voilà tout !
Comment avait-il pu l'oublier. À chacune de leurs rencontres, afin de prouver leur supériorité l'un sur l'autre sans avoir à faire usage de leur force destructrice, les deux hommes liés par le sang se livraient à divers défis sans queue ni tête, n'ayant pour but que d'humilier l'autre. Et leur dernière trouvaille n'était autre que le plus vieux jeu de hasard que l'univers ait connu. Inutile de préciser qu'il est arrivé plus d'une fois qu'à l'issu de l'un de ces paris, le perdant ne frôle la crise d'hystérie et en arrive à perdre également son sang froid.
-Que dis-tu de cela, Freeza ? Le perdant devra céder au vainqueur le meilleur joueur de son équipe.
-Et cela pour mieux affaiblir l'adversaire et remporter plus facilement encore le prochain match ? Voilà qui est des plus sournois. J'accepte !
Le sort en était jeté, et l'issue du paris décidée. Un enjeu bien mignonnet pour les deux empereurs sanguinaires, malgré leur tentative de s'auto-persuader quant à la nature vicieuse de ce paris. Et d'après la large perle de sueur coulant sur la tempe de chacun d'eux alors qu'ils tentaient au mieux d'afficher leur plus malicieux rictus en peinant à ricaner, cet excès d'innocence devait leur procurer une forme rare d'urticaire des plus désagréable.
De toute évidence, ils avaient du retenir la leçon depuis le dernier sermon de leur rabat-joie de père qui n'avait pas apprécié que leur dernier paris ne se solde par la destruction d'une planète au choix de la galaxie du perdant, suite à quoi il avait du dépenser une fortune dans sa « campagne d'information » dans laquelle il avait du expliquer que la planète en question s'était effondrée sur elle même du fait d'un dérèglement du noyaux planétaire. Une explication bien capillotractée qu'il avait cependant su vendre aux scientifiques les plus sceptiques. Suffisamment pour que ceux-ci, afin de s'excuser, ne décident apparemment de quitter leur poste et de disparaître mystérieusement dans la nuit, probablement pour prendre une agréable retraite anticipée.
C'est pourtant bien – malgré d'évidentes réticences devant le profond ennui que cela risquait d'engendrer – sur ce marché qu'ils arrivèrent à un accord. Tremblantes d'hésitation, leurs mains finirent pas se refermer l'une sur l'autre, scellant d'une solennelle poignée de mains ce paris, en même temps que les portes Est et Ouest du stade ne s'ouvrirent, laissant pénétrer les champions dans l'arène sous une acclamation grondante.
À seulement quelques mètres de son caporal, le Général hésitait à s'avancer. Incertain de la réaction à laquelle il aurait droit. Peu sur de ce qu'il allait bien pouvoir dire pour s'excuser. Surpris, également, de voir le barbare caractériel dans une position si mélancolique, lui qui exprimait davantage ses sentiments de manière expansive. Au moment ou son pied droit eut finalement un mouvement de recul précédent son premier pas vers Dodoria, c'est ce dernier qui finalement l'interpella.
-Qu'est-ce que tu me veux, Danmarine ? Si t'es venu me faire gober d'autres salades, tu peux garder ta grande gueule fermée.
-Je ne pensais pas que tu te sentirais tant affecté par le sort de tes semblables.
-Ferme là ! Je viens de te dire d'arrêter de me prendre pour un con ! Tu savais très bien que je réagirai comme ça, c'est pour ça que tu ne m'en as pas parlé avant !
Face à l'évidence, le Général préféra ne rien ajouter. Dodoria avait bien sur raison, Danmarine lui mentait au moins autant qu'il se mentait à lui même.
-J'en ai rien à foutre de ce qui peut leur arriver. J'aurai même aucune hésitation à tuer mes frères moi même si je le devais. Mais ça, c'est pire que la mort, ça touche toutes nos valeurs et nos traditions, notre honneur ! Putain même des animaux ne réserveraient pas un sort aussi misérable à leurs semblables ! Vous êtes quoi au juste, hein ?!
… -Répondez moi ! Qu'est-ce que vous êtes ?! Comment vous pouvez vous regarder dans le miroir en rentrant chez vous après avoir pris autant de vies de vos mains ?!
Les mains liées par des entraves de flux, attaché à un poteau au milieu d'un campement de fortune monté en plein milieu d'une jungle humide avec les maigres moyens du bord, le jeune Actinidia-seijin, blessé et le visage couvert de sang hurlait sa rage à son supérieur, sur lequel il se serait certainement jeté une nouvelle fois quitte à recevoir une nouvelle correction, si seulement il avait pu se libérer de ses chaînes. Supérieur qui le fixait de ses larges globes oculaires bleus, d'un visage affreusement neutre et insensible.
-Un soldat n'a pas besoin de morale. Il n'a pas besoin d'une conscience. La seule chose dont il a besoin, c'est de discipline. Et tu en manques clairement mon garçon. Tu n'es pas le premier jeune idéaliste auquel je fais face. Et chacun d'eux a fini de la même manière. Je te l'ai déjà dit, deux issus s'offrent à toi. Rentrer dans le rang, ou finir sur un peloton d'exécution.
«Sans lui, notre attaque aurait été une réussite ! C'est sa faute si on se retrouve dans cette situation !»
Derrière le Général Rozū, un homme de très grande taille, à la peau dont l'éclat bleu titillait autant la rétine que le rouge vif de ses yeux, ou le jaune pétant de la crête osseuse surplombant son crâne, semblait particulièrement rancunier à l'égard du coupable de la récente débâcle subie par leur unité.
-On devrait l'exécuter sur le champ pour ce qu'il a fait !
Sans acquiescer ni contre-argumenter, leur supérieur se contentait de garder le silence, persistant à dévisager le soldat qui se trouvait sur la sellette, essayant de percevoir autre chose que de la rage dans ses yeux bouillonnants.
-Et que devrait-on vous faire subir pour tous vos crimes, Rine ?
Poussé à bout par les perpétuels leçons et reproches du nouveau, le grand Taba-seijin haut de deux bons mètres et demi s'approcha – presque en un éclair – du rebelle qu'il attrapa par le col de son armure.
-Écoute moi bien monsieur le justicier ! J'ai une femme, et un fils dont j'ai raté les premiers pas à cause de cette mission. J'ai une famille à protéger, à faire vivre, et que j'espère bien revoir une fois qu'on aura quitté ce trou à rats ! Tu as un frère, tu devrais pouvoir comprendre ça non ?!
-Et ça justifie de commettre des actes aussi inhumains ?!
Plus agacé que vraiment furieux, le caporal se redressa, et lança un regard que Danmarine n'oubliera jamais. Un regard mêlant culpabilité et empathie, colère et peine.
-Aller jusqu'à se montrer inhumain pour protéger ce qui nous est cher, crois moi, il n'y a rien qui soit plus humain.
Confus et perplexe quant à ce qu'il venait d'entendre, Danmarine retrouva son calme, tandis que Rine regagna sa tente, le laissant avec Rozū., tout deux sous le regard du reste de l'unité, tous à bout de force, de nerfs et de patience.
-Ton cas attendra soldat. Pour le moment, tu vas rester attaché là pour te rafraîchir les idées. Si tu veux te racheter, tâche de nous être utile la prochaine fois. Nous partons à l'aube. Ne me déçois pas une deuxième fois.
…-Eh ! Tu...tu pleures là ?
Incapable de rester fort face au caporal, Danmarine versa une unique larme. La première depuis bien longtemps. Le poing serré, la gorge nouée, il essaya de trouver les mots. De trouver le courage de l'admettre. Admettre ses faiblesses. Admettre son humanité. Quitte à briser cette coquille qu'il s'était forgé pour devenir ce héros invincible que voyaient ses hommes.
-Dodoria...je suis...
-Raaa ! Ferme la ! Je veux pas de tes excuses, je sais que t'es un mec bien et que c'est pas toi qui décide de tout ça. La dernière chose que je veux c'est te voir te transformer en tapette qui exprime ses sentiments ! Pigé ?
En voyant la mine gênée et contrariée de Dodoria, Danmarine esquissa un sourire, qui irrita irrémédiablement le Durian-seijin, dérangé au plus haut point de montrer ses émotions.
-Vas surtout pas te faire de film. Mais...t'es le seul gars pour qui j'éprouve vaguement du respect. Et j'ai pas envie de perdre ça. Alors arrête de te faire du mouron et oublie ça, tu veux ? Mais la prochaine fois que tu me caches un truc, je te déglingue !
« C'est ce que tu appelles du respect, Dodoria ? » s'exclama le Général qui riait aux éclats, presque de manière incontrôlable, à la fois amusé par son atypique acolyte, et vivement soulagé de se savoir pardonné.
Soulagé, oui. Mais loin d'être guéri des doutes et des remords qui tournaient et tournaient encore dans une valse infernale dansée à l'intérieur de sa tête. Rapidement à cour de souffle et de bonne humeur, cette euphorie s'estompa, ouvrant la voie à Dodoria qui tendit sa main à son Général en signe de paix.
Une main tendue, énorme et rose, bien peu amicale de prime abord, mais pourtant, il le savait, pleine à cet instant de bonnes intentions. Une main tendue, énorme et rose, qu'il crut voir, l'espace d'un instant, fine, bleue, et évocatrice de lourds souvenirs.
-Je compte pas rester comme ça toute la journée, tu sais ?
-Et pourquoi me remercies tu au juste ? Pour vous avoir aidé à tuer ces gens ?
À l'intérieur d'une grotte, éclairée par une lumière aux subtiles reflets de jade produite par le mélange de la lueur dorée du feu de camp et l'éclat bleu de la pleine lune se reflétant sur les parois composées de minerais cristallins, l'escouade de Rozū avait installé son campement après leur dernière attaque, à laquelle Danmarine avait cette fois-ci prit part.
Voyant bien la méprise de l'Actinidia-seijin, le grand Rine prit place en tailleur à côté de lui.
-Non. Pour m'avoir sauvé la vie là bas. Tu n'y étais pas obligé. Mais je suis bien forcé d'admettre que sans toi, je ne serai pas assis là à regarder la lune.
« Tu m'as bien dit que tu avais un fils, non ? » grommela Danmarine en détournant le regard.
-C'est pour qu'il puisse te revoir que j'ai fait ça, alors pas besoin de me...
Bien peu intéressé par ses motifs, Rine ne le laissa pas terminer sa phrase avant de le prendre violemment sous le coude pour lui taper l'épaule d'une façon aussi amicale que virile, en riant à gorge déployée.
-Aller pas besoin de te justifier comme ça, Danny ! Je te suis vraiment reconnaissant !
Irrité par de tels épanchements, Danmarine repoussa bien vite son collègue pour retrouver le minimum d'espace vital dont il avait besoin.
-Pas besoin d'en faire autant ! Et c'est quoi ce surnom ridicule au juste ?
« Hahaha ! Je me suis dit que ça t'irait bien, tu ne trouves pas ça mignon ? » railla le Taba-seijin en se levant, prêt à s'en aller pour laisser seul le soldat à qui il devait la vie.
-T'es un mec bien, Danmarine.
Cette phrase, lâchée subrepticement par celui que Danmarine n'imaginait pas devenir un jour son meilleur ami, résonna au plus profond de lui. Elle n'avait pourtant aucune raison de le toucher. Quel intérêt portait-il à ce qu'un homme de Freeza pouvait penser de lui ?
Mais il l'avait senti. À cet instant. La chaleur de sa sincérité, qui le réchauffa plus que ne le faisait le feu devant lequel il était assis. Cette chaleur, qui le fit sourire pour la première fois depuis qu'il avait quitté Actinidia. Un sourire bien vite effacé par le souvenir des flammes ayant ravagé sa planète, et l'image de ses proches, qu'il voyait apparaître dans le feu de bois crépitant.
Un sourire qu'il retrouva, des années plus tard, en cet instant, alors que cette fois, il saisit finalement cette main tendue en signe de paix.
-Merci, Dodoria.
-Bon ça va les remerciements, fait pas chier. Par contre, tu me dois bien un service. Et j'y compte bien !
-Un service ? Et qu'est-ce que tu pourrais bien me demander ?
Alors que la conversation entre les deux hommes se poursuivait à l'intérieur de cette passerelle de verre, de l'autre côté de la vitre, le son de leur voix était couvert par les acclamations de la foule, déchaînée par le match exceptionnel qui battait son plein.
Cette soudaine excitation des spectateurs – allant de paire avec l'ovation impressionnante de quelques milliers de personnes présentes dans ce stade colossale et démesuré – était sans doute provoquée par l'exploit du jeune lanceur qui venait d'éliminer 14 joueurs à la suite.
« Va falloir travailler vos réflexes, les vieux ! C'est pas avec des mouvements aussi lents que vous arriverez à attraper les balles supersoniques de Jheese sama ! » clama fièrement le benjamin de l'équipe en relevant du pouce la visière de sa casquette.
Face à lui, sa potentielle quinzième victime était sur le point – d'après l'annonce du commentateur sportif diffusée dans chacun des nombreux mégaphone du stade – de frapper sa dernière balle. Rater une fois encore le lancé du jeune garçon signifierait son éviction. Un joueur expérimenté tel que lui, éliminé par un gamin. Cette simple pensée fit bouillir le sang du second meilleur batteur de l'équipe adverse, bien décidé à lui prouver qu'il n'avait pas sa place sur ce terrain.
Les mains vissées sur sa batte en acier, l'étrange batteur à l'apparence d'une mouche humanoïde jaunâtre – dont la casquette mauve était tout juste posée sur le dessus du crâne difforme – concentra son flux dans deux de ses six mains pour accroître sa force, et renforcer sa prise.
-Mon coup fétiche !
Iron Hands !Depuis le banc ou attendaient les joueurs suivants, l'entièreté de l'équipe de Coola s'était levée pour encourager leur batteur, captivés par ce qui allait se jouer. Tous, à l'exception d'un garçon de la même taille que l'extraordinaire lanceur qui déchaînait les foules, qui était resté assis, une jambe croisée par dessus l'autre, tentant inutilement de battre son piètre record au Rubik's cube. Comme si le match ne l'intéressait guère.
« Eh ! Tu pourrais au moins venir encourager ton équipe ! » s'énerva l'un des joueurs justement debout, agacé par l'attitude bien trop détachée du jeune joueur.
Trop occupé à essayer de tourner maladroitement le cube de couleur, l'enfant lui rétorqua que c'était «Inutile».
-Je sais déjà comment ça va se passer.
La tension était à son comble sur le terrain. Bien décidé à quitter sa base à la prochaine balle, le batteur appuyait ses pied aussi fermement qu'il le pouvait contre le sol, attendant impatiemment la balle qui signerait son homerun. Celui qui permettrait à leur équipe d'égaliser, avant que le dernier batteur n'entre en scène, et ne gagne le dernier point de la victoire.
Lui, de son côté, jouait avec sa balle, la lançant en l'air et la rattrapant inlassablement, tout en mâchant son chewing-gum bruyamment. Quand finalement, Jheese vissa sa casquette jusqu'à ses yeux, et effectua un mouvement de recul, avant de lever la jambe à 180°.
Tous les yeux étaient rivés sur lui, tout particulièrement ceux de son opposant qui ne le lâchait pas du regard, déterminé à voir partir la balle et à l'envoyer dans la stratosphère. Quand finalement la jambe de Jheese s'abaissa à l'instant ou son mouvement s'enclencha, il put voir ses mouvements se décomposer, image après image, percevant sa gestuelle au ralentit. Mais alors qu'il se rendit compte que le bras de Jheese, resté jusqu'ici dans la même trajectoire que celle de sa jambe, avait soudainement accéléré pour la dépasser, il était trop tard.
Avant même que sa jambe ne soit entièrement rabattue, le jeune Brench-seijin avait déjà lancé sa balle à pleine vitesse. Mais cette fois, il l'avait vu. Dans un cri de rage, le batteur frappa de toutes ses forces, avec une hargne telle que l'onde de choc de son coup balaya toutes l'herbe qui se trouvait devant lui, et souleva quelques mottes de terre dans la volée.
Un geste vain, lorsque l'on sait que la balle était déjà au creux du gant de l'attrapeur se trouvant derrière lui, encore fumante.
L'annonce de l'arbitre sonna dans ses oreilles avant même qu'il ne commence à parler. «
Strike ».
Une fois de plus, la foule était en délire. Une nouvelle fois, le jeune garçon que personne ne connaissait avant aujourd'hui venait d'empêcher l'égalisation, permettant à son équipe de rester en tête, tandis que quatre joueurs de l'équipe adverse attendaient sur leur base dans l'espoir de voir enfin une balle s'élever pour leur permettre d'avancer.
-Moi qui pensais que les mouches avaient une bonne vue, on dirait que t'as pas vu cette balle non plus !
-Cette fois c'en est trop !
Sa casquette claquée dans la poussière, le joueur moqué empoigna sa batte dans l'une de ses mains droites, et expulsa à terre de colère un répugnant jet de salive acide par sa trompe.
-Je vais t'apprendre à respecter tes aînés, sale mioche !
Sous les hués du public, le batteur s'élança vers le jeune garçon armé de sa batte, malgré les cris de ses coéquipiers lui demandant de se calmer, malgré les avertissements de l'arbitre. Un acte qui ne sembla pas inquiéter la cible de cette subite colère. Dans le plus grand des calmes, alors qu'il faisait tournoyer sa nouvelle balle sur le bout de son index à une vitesse impressionnante, Jheese – la casquette si enfoncée qu'elle en cachait ses yeux – forma une bulle avec son chewing-gum.
Une fois le batteur à quelques mètres de lui, le garçon laissa finalement éclater la bulle qui s'étala autour de sa bouche, haussa soudainement les sourcils qui soulevèrent alors sa casquette jusqu'au dessus de ses yeux émeraude, stoppa la rotation de sa balle, devenue rouge de par son incandescence, pour pouvoir la saisir à pleine main, et la lança à pleine vitesse et à bout portant dans l'estomac de son agresseur, qui cracha cette fois de douleur alors qu'il se fit propulsé jusque sur le banc de son équipe, encastré dans le mur du fond.
Le «
Homerun ! » annoncé par le commentateur sportif dans la dérision la plus totale déclencha une nouvelle agitation générale, tandis que les supporters de chacune des équipes commencèrent à s'insurger les uns contre les autres.
« C'est ça ! Vous allez tous finir pareil ! »
Depuis sa place dans les gradins, Kiwi apportait sa contribution orale à l'émeute naissante, déclenchée à cause d'un mélange de rivalité sportive portée à ébullition suite à l'altercation éclair s'étant déroulée sur le terrain, de rancœur subsistante vis à vis des conflits passés, et de consommation excessive d'alcool, probablement explicable par l'offre spéciale du Happy-Hour.
-Tu vois Reacum ? La violence, les insultes, la sueur, la bière qui coule à flot ! C'est ça le Flux Ball !
« Mais...et le sport dans tout ça ? » se demanda innocemment le garçon, tandis que Ranfu remarqua quant à lui que parler d'alcool n'était pas vraiment de l'âge de Kiwi.
« Alors, qu'est-ce qu'on a manqué ? »
Un tel sourire sur les lèvres de Kiwi ne pouvait être provoqué que par une personne. Un sourire bien vite remplacé par une moue boudeuse.
-Plus de la moitié du match ! On en est déjà bientôt au dernier lancé !
« Je n'ai pas eu l'impression de te manquer pourtant ! » rit le Général en venant s'asseoir à côté de son jeune frère, accompagné de Dodoria et d'un plateau garni de nourriture qui attira immédiatement l'attention, plus que la présence de celui qui le portait, comme si le match avait effacé leurs souvenirs de la récente confrontation entre lui et Danmarine. À moins qu'ils n'aient tous préféré se taire pour ne pas raviver la flamme que Danmarine avait probablement réussi à éteindre.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Tu plaisantes Reacum ? C'est un Hot-dog ! On raconte que c'est l'inventeur du Flux Ball qui en a imaginé la recette après un voyage sur une lointaine planète dans les espaces inconnus ! Tu dois absolument en manger un quand tu viens assister à un match !
Tous intrigués par cet étrange petit pain brioché garni d'une saucisse, de moutarde, et d'une étrange garniture épicée apparemment appelée « Chili », chacun prit une bouchée pour découvrir ce met, faisant fi des disputes et échanges de coups tout autour d'eux. Le premier surpris par les saveurs de ce sandwich, bien peu habitué à des plats si peu raffinés, s'étonna de découvrir une saveur qui lui était jusqu'ici inconnue.
-C'est étrange...ce goût ne me rappel absolument rien...de quel légume s'agit-il ? Je n'en ai jamais mangé de semblable sur Pomélo.
« Mouais...ça vaut pas un bon morceau de viande grillé au feu de bois si vous voulez mon avis, ça fait à peine l'affaire pour un amuse gueule. » râla encore une fois Dodoria, comme à l'accoutumé, après avoir englouti le petit pain d'une seule bouchée.
Alors que son teint vira au vert – bien que la différence avec son teint habituel ne soit pas vraiment évidente – Zarbon posa la question fatidique à la personne la moins propice à lui donner une réponse délicate.
« Comment ça...de la viande ? »
-Bah de la viande quoi. De la bidoche, de la barbaque, de la chair bien fraîche et saignante ! Transformer de la viande animale en ce ridicule petit tube sans goût, c'est du gâchis.
Après un temps de latence et de réflexion durant lequel Zarbon pâlit encore davantage, le prince se sentit soudainement prit d'un écœurement sans précédents, au point de cracher immédiatement ce qu'il venait d'ingurgiter.
-C'est...répugnant ! Comment pouvez vous...manger de la viande comme des animaux ?!
À nouveau, il fallut attendre de voir passer un temps de réflexion, avant que finalement, le groupe n'éclate de rire en voyant le pauvre Zarbon s'essuyer vivement la langue avec sa serviette.
-Bouffer ou être bouffé, c'est comme ça qu'on fonctionne, princesse ! Me dit pas que tu manges de l'herbe comme un bestiau de pâturage !
-Fermez là ! Vous n'êtes vraiment qu'une bande de barbares !
Tous prit d'un fou-rire incontrôlable, le petit groupe ne portait même plus attention au reste. Un tel instant de bonheur, ces éclats de rire semblant arrêter le temps, cette joie honnête et franche capable d'effacer un instant les moments douloureux qu'ils avaient vécu. De transporter Danmarine, à une époque ou ces rires résonnaient presque chaque jour. Des souvenirs lui évoquant la joie, autant que la souffrance. Et ce jour, qui resterait gravé en lui à jamais.
Des rires résonnant, que partageait Danmarine avec les membres de son unité ce jour là. Ce fameux jour. Alors qu'ils nettoyaient leurs équipements avant leur prochaine mission. La veille de leur départ pour la planète Pants.
-Je vous jure, j'ai perdu le compte ! Je ne sais pas le nombre de fois que ce gars a pu me sauver la vie en un an !
-Soixante-douze fois exactement. Si tu étais plus attentif, je n'aurai pas besoin de te sauver les fesses aussi souvent.
-Tu...as vraiment compté ?
-Évidemment, Rine ! Sinon comment je saurai combien de verres tu dois encore me payer ?
« Vu mon salaire, je préfère encore être envoyé sur Ikonda ! » plaisanta le grand Taba-seijin, à une époque ou cette blague n'était pas encore devenue aussi récurrente, avant de donner à son ami une tape franche et chaleureuse sur l'épaule, tout deux échangeant leur plus éclatant sourire, sublimés par l'ambiance animée et bonne enfant qui régnait dans leur unité.
-T'inquiètes pas, Danny ! S'il le faut, je te sauverai soixante-douze fois pour rembourser ma dette !
…
soixante-et-onze …
Comme piégé, entre ce doux passé et le douloureux présent. Comme figé dans le temps, et isolé du carnage qui l'entourait, au point qu'il n'entendait plus les hurlements qui résonnaient pourtant dans ses oreilles quelques secondes plus tôt. Dérangé par cette sensation de chaleur et d'humidité se répandant sur lui, de la tête aux pieds.
…
je n'ai plus qu'à te sauver...soixante-et-onze fois …
Soudain ramené à la réalité par le son atroce de ce giclement émanant de la bouche de son ami, dont le sang encore tiède avait recouvert son corps à l'instant ou il s'était jeté devant lui pour le protéger. Son ami, percé de part en part par l'immonde créature qui se trouvait devant eux.
Un monstre hideux, constitué d'un long tronc gris couvert par un large visage, sans dissociation entre le corps et la tête, le tout porté par deux jambes minuscules. Deux longues tentacules en guise de bras, avec pour mains ces énormes oursins garnis de picots aiguisés aussi tranchant que de l'acier.
Ce même oursin dont les dizaines de piques traversaient le corps de Rine. Dans les jambes comme dans les bras. À travers le torse, mais aussi le ventre. Sa tête, même, transpercée par l'une de ces épines au niveau de l’œil droit. Chacune d'elles se trouvant à tout juste quelques millimètres de Danmarine, toujours en état de choc.
Lorsque le monstre extirpa sa main épineuse du corps criblé de Rine, libérant quantité de ce flot pourpre qui recouvrit plus encore le visage de Danmarine, qui rattrapa son ami dans ses bras, le temps reprit finalement son cour.
À nouveau, il entendait. Ces cris de souffrance et de désespoir. La chair arrachée des os. Les grognements terrifiants de ces créatures. Mais surtout, la voix étouffée de Rine, qui semblait le regarder de son dernier œil livide, mais ne parvenait plus à parler.
À nouveau, il humait. L'odeur de cet air chargé en fer. Cette senteur de mort qui se répandait à mesure que ses compagnons se faisaient massacrer. La puanteur de ces créatures, venues défendre férocement leur territoire. Mais surtout, celle des entrailles du Taba-seijin bientôt à l'air libre, dont les fluides s'écoulaient sur le sol, et sur l'armure de Danmarine déjà souillée.
À nouveau, il sentait. La froideur de la pluie, qui bien qu'abondante, ne pourrait sûrement pas le laver de tout ce sang qui le recouvrait. Froideur à peine contrastée par la chaleur du sang de Rine qui serait bientôt aussi glacial que cette pluie. Mais surtout, le corps tremblant de son camarade, probablement pas à cause du froid, ni même de la douleur, mais simplement du fait de ses nerfs se débattant une dernière fois.
Et à nouveau, Danmarine voyait. Non pas la boucherie dans laquelle il se trouvait, son unité exterminée par ces autochtones massifs, ou la créature s'apprêtant à lui faire subir le même sort. Mais surtout, le visage sans vie de Rine, percé de ce large trou béant. Ce visage qu'il reconnaissait à peine, sans son habituel sourire. Sans cet éclat dans le regard qui brillait chaque fois qu'il parlait de son fils qui l'attendait chez lui, ou de sa femme qu'il chérissait tant.
Chacun de ces sens, qui disparurent à l'instant ou la créature abattit sauvagement ses poings pour achever ces deux pauvres âmes. Disparus – alors même que Danmarine s'était soustrait à cette attaque in extremis – pour laisser place à un instinct bestial, que son poing traduisit par un coup si puissant que le corps tout entier de la bête éclata sous sa force.
Puis par un hurlement plus horrifiant encore que celui de ces animaux, qui ne faisaient que protéger leur monde, mais que Danmarine était déterminé à exterminer.
Un hurlement qui à lui seul était presque aussi bruyant que les cris poussés par la foule dans le stade, alors que le dernier batteur de l'équipe de Coola était sur le point d'entrer en scène.
-Vous allez bien, Danmarine sama ? Vous avez l'air absent.
-Oui Ranfu, ça va, ne t'inquiètes pas. Je savoure juste ce Hot-dog, depuis le temps que Kiwi m'en parle !
Assis juste à côté de l'endroit ou était venu s'encastrer le pauvre batteur de son équipe, le jeune garçon à la peau bleue ciel posa finalement son Rubik's cube, et se leva en silence, un incontrôlable sourire sur les lèvres, partant en direction de la base du receveur.
En le voyant venir nonchalamment, faisant tourner sa batte dans sa main gauche comme si elle ne pesait pas plus lourd qu'une plume, Jheese souleva la visière de sa casquette, l'accueillant avec le même sourire.
-C'est enfin ton tour, je me languissais d'avoir un adversaire à ma hauteur.
-J'avoue que je me suis bien bidonné en te regardant battre tous ces idiots. Je t'aurai peut être même laissé gagner, si je ne devais pas remporter cette victoire pour faire honneur à Coola sama.
-Toujours aussi arrogant à ce que je vois, Sauza. Tu crois vraiment que j'ai besoin de tes faveurs ? Je compte bien gagner à la loyal.
« J'aurai été déçu du contraire. » confia en riant le petit blond bleu de peau, en soulevant finalement lui aussi sa casquette, laissant paraître ses yeux dorés pour mieux regarder son ami d'enfance.
Tout le match allait se jouer sur cette action. Trois réussites permettraient à Jheese de faire gagner Freeza. Mais une bonne frappe de Sauza donnerait une chance aux quatre joueurs de son équipe présents sur les bases de finir leur tour.
🎵La dernière balle🎵Le petit Brench-seijin souffla une dernière bulle avec son chewing-gum avant de se mettre en position, tandis que son ami tapotait la base avec sa batte de métal comme pour l'interpeller. Dans un geste de rotation de la jambe droite, Jheese traça devant lui un demi cercle sur la poussière recouvrant le sol, et se mit en position de lancé.
La casquette à nouveau enfoncée sur la tête, laissant ses yeux brillant d'un vert éclatant à peine visibles, le garçon porta la balle devant son visage, observant son adversaire juste par dessus elle, cherchant à analyser sa position, à trouver la moindre faille. Une fine aura rouge enveloppa alors le cuir de la balle. En réponse à cette aura, Sauza concentra la sienne autour de sa batte, qui se mit alors à briller d'un éclat d'améthyste.
Résonnant ensemble, les deux sources de flux semblaient se répondre, sous les regards attentifs des milliers de spectateurs, en transe devant ce moment crucial, plongeant alors le stade dans un silence qu'il n'avait jamais connu.
Et quand finalement, le Brench-seijin aux longs cheveux blancs arma son bras en arrière pour amorcer son lancé, l'énergie autour de sa balle se déchaîna instantanément, accompagnant le cri de son lanceur,
Crusher....BALL !!Lancé à pleine vitesse, le projectile semblait être devenu une boule de feu ardente, un boulet de canon tiré avec une telle puissance qu'il ravageait le sol sur son passage. Un tir si destructeur qu'il tuerait probablement sa cible, s'il avait été réceptionné par un autre.
À l'instant ou le blondinet entama sa frappe, l'énergie violette de sa batte se déploya elle aussi entièrement, fissurant le sol autour de sa base, et faisant ainsi honneur à sa fameuse botte secrète,
Sauza....BAT !!À peine la batte avait-elle percuté la balle que la porte des enfers semblait avoir été ouverte en plein milieu du stade. Le sol se mit à trembler et se briser de toute part, les joueurs trop faibles se laissèrent balayés par l'onde de choc crée par la rencontre entre les deux puissantes auras qui éclatèrent au contact de l'autre.
Une seconde. Un seul coup. C'est habituellement ainsi que ce serait déroulé un simple lancé au Flux Ball. Mais c'était un combat acharné qui venait de s'ouvrir. Poussant de toutes ses forces, Sauza encaissait l'immense pression qu'exerçait la balle lancée par Jheese, tenant son arme aussi solidement que possible, laissant ses pieds s'enfoncer dans la terre si cela pouvait lui permettre d'avoir un meilleur appui. Face à lui, le Brench-seijin gardait la main tendue vers la balle, le bras tremblant, le visage suant, le front luisant autant que l'éclat de ses yeux focalisés sur sa balle. Lui aussi continuait de concentrer son flux.
Un seul lancé. Une seule frappe. Un seul mouvement. C'est ce qui déterminerait la victoire dans n'importe quelle autre match. Mais cet échange là durait depuis maintenant plus d'une minute, poussant les fissures qui se formaient dans le sol jusqu'aux murs du stade. Les énergies des deux joueurs enflammaient l'arène comme le ferait le brasier du tartare, dont la chaleur touchait maintenant même les spectateurs, forçant les plus proches du bas des gradins à se cacher le visage, quitte à manquer ce spectacle grandiose, bien que les plus téméraires d'entre eux tentaient même de se rapprocher encore un peu plus pour admirer ce numéro de sons et lumières qui était venu remplacer le match de Flux Ball initialement prévu.
D'après le compteur qu'affichait l'écran géant, il ne restait plus qu'une minute avant la fin du match.
Danmarine n'en croyait pas ses yeux. Kiwi et Reacum vivaient un rêve éveillé. Ranfu et Dodoria – ils en étaient persuadés – seraient un jour pas si lointain dépassés par ces jeunes prodiges à peine sorties des jupons de leur mère. Même Freeza et Coola s'étaient levés de leur siège pour observer avec grand intérêt ce clash final.
Alors que Sauza continuait de repousser tant bien que mal ce tir, une pluie d'éclairs provoquée par la rencontre entre leur deux énergies se joignit à ce balai improbable. Comme si ce match n'était pas déjà devenu suffisamment incompréhensible pour les spectateurs lambda. Au milieu de ce micro cataclysme, les deux garçons étaient forcés de pousser la voix pour se faire entendre, alors qu'il n'étaient finalement éloignés que de quelques mètres.
«Lâche l'affaire Sauza ! Cette balle passera quoi que tu fasses !»
«Même pas en rêve, Jheese ! J'en fais le serment ! Cette balle....»
Sauza, animé par la flamme de sa volonté, et par l'honneur de l'Empire de Coola qu'il portait, dans un ultime effort, mit à l’œuvre tout ce qu'il lui restait de force, si bien que sa batte commença à se briser sous cette immense pression. Voyant la situation lui échapper, et la batte de son rival repousser lentement sa balle, Jheese joignit ses deux mains pour contenir sa force et faire obstacle encore quelques secondes, alors que le compteur du match venait d'entamer les 30 dernières secondes avant le Time's Up.
Sentant la détermination des jeunes espoirs qui se faisaient face, certains membres de l'assemblée poussèrent tout le monde à les relever à l'aide de leurs encouragements. C'est ainsi que le public s'éveilla à nouveau et sortit de ce silence solennel qui s'était emparé d'eux, à moins qu'il ne s'agisse de l'effet à retardement de l'alcool. Les pieds frappaient par milliers le sol comme sur un tambour de guerre. Et les cris des supporters, bien qu'inaudibles pour les deux enfants qui peinaient à s'entendre eux même, les atteignirent au plus profond d'eux.
Même Danmarine se laissa prendre au jeu, et se leva précipitamment, le poing brandi pour encourager le petit Brench-seijin, à la grande surprise de Dodoria et Zarbon qui commençaient à trouver cette situation ridicule au plus haut point, malgré la prouesse indéniable de ces enfants. Pour la première fois, ces deux là – bien qu'ils l'ignoraient sans doute – étaient sur la même longueur d'onde, pensant presque mot pour mot cette évidence qui semblait pourtant échapper au public...
«Ils jouent juste...à la balle.»
Il ne restait plus que 20 secondes.
20 secondes qui paraissaient durer une éternité pour les partenaires de Sauza qui l'observaient impuissants, attendant de pouvoir enfin partir en trombe et franchir la ligne de départ. 10, non, 5 secondes leurs suffiraient pour l'atteindre. Il ne leur en faudrait pas plus. Mais restait-il encore à savoir si sa batte résisterait à ces 20 secondes, la fissure commençant à s'étendre jusqu'en haut de celle-ci.
« J'en fais le serment ! Cette balle...cette balle...»
Il ne restait plus que 10 secondes.
«
S'ENVOLERA !!! »
Finalement, comme il le redoutait, sa batte éclata en mille morceaux lorsqu'il poussa sa force à son paroxysme, projetant des fragments de métal tout autour de lui, chacun enveloppé par son aura qui se dispersa en même temps.
Le vainqueur était décidé !
Et grâce à lui, lui qui venait de propulser la balle de la victoire dans la stratosphère - avec une telle puissance qu'elle dégagea d'un seul coup le voile nuageux qui recouvrait les étoiles - en faisant exploser sa batte, les quatre joueurs en attente purent atteindre la dernière base, et remporter les quatre derniers points de cette rencontre, sous le nez de Jheese qui tomba genoux à terre en même temps que tomba le zéro final du compteur affiché par l'écran géant.
TIME'S UP ![fin de musique]« Le jeune Sauza termine cette rencontre incroyable sur un Home Run magistrale ! Et avec ces quatre points de dernière minute, que dis-je, de dernière seconde ! Il permet sur le fil du rasoir d'obtenir l'égalité ! »
« Impossible ! » pensèrent en cœur deux frères qui attendaient avec impatience de découvrir le vainqueur, et en venaient à se regarder bêtement l'un l'autre sans savoir quoi dire.
Alors que Jheese, à genoux sur le sol, serrait dans ses poings la pelouse déracinée dans une réaction de désespoir, incapable de retenir ses larmes, lui qui rêvait de cette victoire depuis toujours, celui qui venait de la lui arracher vint à lui, se mit à sa hauteur, et retira sa casquette, ainsi que celle de son ami.
L'euphorie avait prit possession d'une partie du public, tandis que les autres se partageaient la peine et la colère qu'il restait. Mais pour la seconde fois de la journée, et de l'histoire de ce stade, le calme s'empara des lieux à cet instant. Tous, les yeux rivés sur ces deux garçons à qui ils devaient ces quelques instants mémorables, retenaient leur souffle, parfois leurs larmes, et se contentèrent d'admirer ces deux jeunes héros du peuple.
-Eh, Jheese, allez sèche moi un peu ces larmes tu veux ?
-Tu comprends pas...je devais gagner ce match...je devais prouver de quoi j'étais capable...je voulais que mes parents soient fiers de moi...de là ou ils me regardent...
-Jheese, lève les yeux, tu veux ?
Difficilement, le garçon lâcha prise, sécha ses larmes avec ses mains pleines de terre, et regarda autour de lui. Pas une once de colère, pas un regard accusateur, pas même un sentiment de déception.
-Regarde les, ils ont tous arrêté de se battre. Aujourd'hui, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu. C'est ce qu'il faut retenir de ce match. En fait, je pense même que d'avoir uni tout le monde, c'est peut être une victoire en soi. Cette égalité, c'est ce que tu pouvais nous offrir de mieux. Ce jour restera gravé dans les mémoires à jamais. Et il n'y a pas de meilleur raison d'être fier de toi. Tu crois pas, Jheese ?
Lorsque, dans une harmonie parfaite, tout le monde se leva pour applaudir les garçons, des larmes coulèrent à nouveau, cette fois pour une bonne raison.
-Eh bien, Freeza, j'imagine qu'aucun de nous deux n'aura le plaisir d'humilier l'autre aujourd'hui.
-En effet, je vais donc prendre congé. Toute ces niaiseries me rendent malade, je n'ai plus rien à faire ici.
Après avoir regardé son frère quitter leur loge, Coola lança un regard au jeune garçon qui avait permis cette égalité, et afficha un sombre sourire qui ne rassurait pas son homme de main. Des pensées sans doute proches de celles de Freeza, qui confia à Mame une fois à l'extérieur son intérêt grandissant pour le jeune Brench-seijin qui avait failli remporter la victoire.
« Il va falloir surveiller ce garçon de très près »
En voyant, depuis les gradins, cet enfant aider son ami à se remettre de son échec, à oublier sa culpabilité, et à aller de l'avant, Danmarine essaya de ne percevoir que la beauté de cet instant, et la légèreté de ce moment si pur et anodin. Mais il ne put, en voyant ce tableau si familier, d'un champ de bataille ravagé, avec pour seul survivant un homme brisé ayant échoué à sa tâche, et celui qui tentait de l'aider à surmonter cette épreuve, que voir l'ombre du passé recouvrir ce présent étincelant.
Et voir à nouveau cette scène qui hantait ses nuits les plus sombres. Cette plaine ravagée, couverte des corps de ses amis, et de ceux de leurs assassins calcinés. Cette plaine grise, brûlée, consumée par les flammes de sa colère, que même la pluie peinait à étouffer. Cette plaine morte et cauchemardesque au milieu de laquelle Danmarine, couvert de sang, son sang, celui de ses victimes, et celui de son ami, tenait le corps meurtri de Rine sans pouvoir contenir ses larmes et ses cris de désespoir.
Le reste de son unité, commandé par le Général Rozū, venait d'arriver sur les lieux, découvrant l'ampleur de l'horreur. Sans même se laisser ne serait-ce qu'un peu ébranler par cette macabre découverte, Rozū se précipita vers son jeune lieutenant – hurlant à genoux dans la boue – et l'obligea à lâcher le Taba-seijin pour mieux pouvoir le saisir par les épaules, et le secouer sèchement pour qu'il retrouve ses esprits.
-Lieutenant ! Regardez moi ! Lieutenant !
-Je vous ai trahi ! Mon Général...je n'ai sauvé personne, je vous ai trahi...
-Reprenez-vous lieutenant ! Rien de ceci n'est votre faute !
-Si, c'est à cause de moi qu'ils sont morts ! Si je n'avais pas laissé cette créature blessée repartir...si je l'avais achevé comme un animal là bas, il n'aurait pas pu avertir ses semblables ! C'est ma faute...tout est ma faute...
Conscient de ce qui avait causé cette situation, le Général Rozū se leva, regardant Danmarine d'un regard sombre et inquiétant.
-Tu penses donc qu'ils sont morts à cause de ta clémence, exact ?
Incapable de répondre franchement, ou même de regarder son Général dans les yeux, Danmarine se contenta d'un hochement de tête coupable et honteux.
-Et donc, es-tu enfin décidé à abandonner cette morale à laquelle tu tiens tant ? À t'abandonner à Freeza et à devenir un tueur de sang froid, si c'est la seule solution dont tu disposes pour protéger tes proches ?
En retrait, la dizaine d'hommes qui étaient partis avec Rozū quelques jours plus tôt, laissant à Danmarine le commandement du reste de l'unité, et soudainement réapparus après la bataille, observaient la scène d'un calme dérangeant, faisant fit du charnier qui les entourait.
-Mon Général...je suis désolé, mais je sais que j'en suis incapable...jamais je ne pourrai m'en prendre à des innocents, même si cela veut dire mettre en danger mes camarades. Je pensais avoir changé, mais...si vous devez m'exécuter pour ce que j'ai fais, allez-y ! Mais promettez moi simplement que vous veillerez sur mon frère.
-Alors même après cela, ta volonté de ne pas plier devant Freeza demeure intacte ?
C'était la seconde fois, mais Danmarine venait seulement de le remarquer. Cette manière désinvolte de parler de l'empereur. Ce ton étrangement calme et ces questions incessantes. Suspicieux, Danmarine leva les yeux vers Rozū, découvrant son visage impassible et son regard obscur. Derrière lui, ses hommes, connus pour être les plus proches du Général, souriaient malgré ce contexte malsain.
-Il est prêt.
-De quoi est-ce que vous parlez ? Pourquoi vous agissez tous aussi bizarrement ?! Prêt à quoi ?!
À peine se releva-t-il pour quitter cette position de faiblesse qu'il affichait face à Rozū, que Danmarine reçut un coup de celui-ci en pleine poitrine. Un coup qui le repoussa simplement légèrement, sans pour autant lui causer le moindre dégâts. Mais alors qu'il s'apprêtait à contre attaquer, Danmarine sentit sa peau brûler sous son plastron. Cette horrible sensation de brûlure, comme si sa chair s'arrachait d'elle même.
Souffrant et suffoquant, l'Actinidia-seijin ôta son armure rapidement, découvrant alors sur son pectoral gauche une forme étrange se dessiner. Cette sorte de X fait d'un flux rouge, à la branche inférieure droite plus longue que les autres, se gravant dans sa chair sans qu'il ne puisse l'arrêter.
Une fois le symbole marqué dans sa peau, et la douleur enfin estompée, le X disparut de lui même, laissant Danmarine pantois et encore plus interrogé qu'auparavant.
-Prêt à te joindre à nous. À te joindre à l'Organisation.
À suivre !