CHAPITRE 102
Sacrifice ?
La présence de Nappa au cœur même de l'Akatsuki venait de générer un terrible sentiment de malaise. Seuls les tremblements de l'épée de Kisame et la queue menaçante de Sasori trahissaient le déplacement continu du temps.
Du reste, rien ne venait plus troubler cette atmosphère inégalée par l'horreur qu'elle apportait. Et pour les témoins de cette scène surréaliste, il n'y avait plus aucun doute possible.
L'avenir du monde Shinobi reposait sur les épaules de sa plus grande organisation terroriste.
L'homme masqué lui-même commençait à douter même de l'efficacité de son pouvoir face à un tel monstre de puissance. Sa vitesse était telle que la dématérialisation pourrait ne pas suffire.
Les yeux de Nappa se tournèrent alors dans sa direction. La puissance qu'il dégageait était sans commune mesure avec celle des Shinobi. Soutenir ce regard était le plus grand défi qu'eût connu le Sharingan de l'homme masqué.
Face à un Tobi tétanisé, le visage de Nappa s'étira en un sourire.
– À qui le tour ? demanda-t-il.
– Dégagez.La voix qui venait de s'exprimer surprit un instant le colosse, avant d'agrandir son sourire. Il s'agissait de Kakuzu, lequel venait de se relever face à Nappa.
Du haut de son mètre quatre vingt cinq, le criminel d'expérience devait franchement lever la tête pour fixer le Saiya-jin dans les yeux.
***
– Mais... balbutia Naruto.
Je... Je croyais qu'ils étaient nos ennemis... ? Alors pourquoi... ?Il n'eut pas à terminer sa phrase. Tsunade savait précisément où voulait en venir le jeune garçon. Elle avait rapidement décelé chez l'Uzumaki l'héritage d'une forte empathie héritée de sa mère. Et de ce comportement naissait la compréhension du geste d'un criminel, une réalité qui se heurtait toutefois à la difficile acceptation d'un point commun avec lui.
– La loyauté, expliqua Jiraiya,
n'a pas de camp.***
– Oh ? se délecta Nappa.
Survivre même avec un cœur arraché ? Intéressant... Je comprends mieux les galères de Raditz...Soudain, trois corps composés des mêmes fils noirs qu'utilisaient Kakuzu effectuèrent simultanément et respectivement une technique de feu, de vent et de foudre qui frappèrent d'union l'imposant guerrier par derrière.
Sasori comprit le but de Kakuzu. Il leur faisait gagner du temps.
Alors que Nappa tournait son regard surpris vers les étonnants assauts qui fusaient droit sur lui, il se retrouva encerclé d'une multitude de marionnettes apparues de nulle part. Dirigées par Sasori à la manière d'un chef d'orchestre, les figurines articulées utilisaient leur avantage numérique démentiel.
* Cette puissance m'a permis de mettre à terre une nation entière... *Raditz, qui observait de loin l'attaque de l'Akatsuki, hésitait franchement à assurer les arrières de son partenaire. Ses gouttes de sueur perlaient sur tout son corps. Affronter cette organisation au complet lui était désagréable, surtout après la malédiction que lui avait fait subir son chef.
Il crut alors voir Nappa préparer une attaque. Et c'est à ce moment précis que Raditz comprit que le mieux qu'il avait à faire était de s'éloigner au plus vite.
Et en effet, le Sharingan de Tobi remarquait avec effroi la concentration de l'insondable Chakra du colosse en direction de deux de ses doigts. Collant son index et son majeur, Nappa s'apprêtait à abattre une attaque sans commune mesure avec tout ce qui existait sur le monde des ninjas.
Le sol se mit de nouveau à vibrer quand Nappa entama le seul geste de lever son bras. Mais il ne se passa rien. Surpris, le colosse réalisa avec stupeur que ses deux doigts étaient bloqués par une étonnante épée libérée de son fourreau de papier.
Samehada, sentant la plus dévastatrice des attaques que n'aurait su anticiper sa création, venait d'étirer son manche depuis le bras éloigné de Kisame pour se frotter de toute sa puissance contre le doigt de Nappa. Par l'arrivée de ce dernier, l'épée avait découvert la peur. À présent, elle laissait place à la rage.
L'instinct de survie de Samehada la poussait à tout donner pour empêcher l'effroyable. Et elle l'avait empêché, à la surprise générale.
Le surpuissant Saiya-jin avait immobilisé son geste.
Et il observait ses deux doigts avec surprise, contre lesquels s'était désespérément jetée l'une des sept épées les plus célèbres de son monde. Samehada était devenue si grosse qu'elle semblait avoir instantanément triplé de volume.
Quant à Nappa, il ressentait un certain trouble.
Cette évolution surprenante tétanisait la majorité des Shinobi observant la scène à travers Zetsu.
Ce n'était pas le cas des adversaires de Nappa. Profitant de l'ouverture, l'Akatsuki avait déjà changé de formation. Et les yeux grand ouverts du colosse ne virent pas venir l'infime oiseau qui piquait droit dans leur direction.
Le volatile, entièrement constitué d'argile, s'enfonça brutalement dans l’œil de Nappa. L'intense lueur qui suivit éblouit suffisamment le colosse pour permettre à Hidan d'approcher suffisamment pour frapper sa queue de toutes ses forces.
Car pour le fanatique, il était clair qu'une excroissance aussi disgracieuse ne pouvait qu'être le fruit d'une faiblesse. On pouvait accessoirement ajouter à cette certitude la confirmation apportée par Zetsu à ce sujet, lorsqu'il avait présenté aux autres membres de l'Akatsuki son retour d'expérience suite au combat de Raditz associé à la destruction de Konoha.
Alors, forcément, quand s'abattit sa faux sur la queue du colosse, Hidan ne put s'empêcher de ressentir un profond plaisir à l'idée de l'intense douleur que cela devait représenter pour son possesseur. La fraction de seconde qui passa lui fit néanmoins ravaler son émotion, laquelle se transforma en frustration de découvrir que son coup n'avait eu aucun effet notable, si ce n'était accroître légèrement l'infime grimace de gêne de Nappa.
* Balaise, se dit-il face à l'insensibilité terrifiante du guerrier.
*Enchaînant son assaut d'un mouvement rageur contre les mollets du colosse, il n'eut même pas à regarder pour savoir que son geste n'avait même pas égratigné sa cible. Il savait pertinemment que cela ne présenterait aucun effet, mais ce bref mouvement défouloir avait au moins eu le mérite de lui faire passer ses nerfs.
* Tant pis. Ça me saoule de devoir reprendre l'idée de l'autre couillon d'artiste mais... *D'un vrillement latéral, Hidan arracha de la terre via sa faux qu'il envoya droit dans l’œil du colosse, lequel se remettait tout juste de l'explosion de Deidara qui venait de l'éblouir.
L'effet fut cette fois-ci plus convainquant, à sa grande satisfaction. Malheureusement, visiblement gêné par ses assauts répétés, et bien que temporairement aveuglé, Nappa frappa dans le vide de sa queue avec une précision relativement bonne pour cet handicap.
Si l'immortalité d'Hidan n'avait pas été confrontée par ce seul coup qui généra un souffle suffisant pour faire rougir d'effroi les meilleurs utilisateurs du Fūton, c'était parce que deux autres cœurs de Kakuzu s'étaient mis en travers de son chemin. Et si ces derniers avaient su protéger Hidan, c'est parce que l'expérience de Kakuzu avait – une fois de plus – accordé un bonus d'anticipation à ce gouffre de puissance.
Mais ce n'était certainement pas par bonté de ses multiples cœurs que le criminel avait sacrifié deux des quatre cinquièmes restants de sa vie. En fait, tout comme il n'avait guère souhaité perdre un cœur initialement, il voyait les choses sur le long terme, et c'était ce qu'il y avait de mieux.
Surplombant le terrain sur le dos de son oiseau d'argile, Deidara dominait le champ de bataille. L'artiste avait bien prévu d'utiliser quelques attaques particulièrement malsaines.
* Va falloir employer les grands moyens... ! *L'homme masqué leva les yeux en direction du maître des explosifs, que Nappa n'avait pas encore remarqué, trop occupé à déchirer un des cœurs de Kakuzu qu'il venait d'attraper qu'une série de marionnettes frappaient ses appuis avec pour seul résultat le renforcement de l'expression désagréable du visage de Nappa.
– Deidara ! l'avertit soudain Tobi d'un ton anormalement autoritaire.
Le jeune maître de la pyrotechnie croisa le regard dissimulé sous le masque et décida d'avorter son action.
– Bon sang... marmonna Nappa.
Je n'ai jamais vu pareille résistance sur un monde aussi faible...Les membres de l'Akatsuki en avaient profité pour se repositionner.
– J'ai senti chacune de vos attaques, reprit le Saiya-jin dans un grondement.
Je n'avais jamais ressenti pareille douleur depuis ma tendre enfance... Jamais...Ses sourcils s’arquèrent de mépris.
– ... depuis la fois où j'ai été attaqué par une nuée d'insectes.Il éclata soudain d'un rire grossier au milieu du groupe de criminels.
* Ils le prennent tous au sérieux... remarqua Tobi dont l’œil s'était tourné en direction de ses partenaires.
Deidara était déjà prêt à passer à la vitesse supérieure... *Son regard se reposa sur Nappa.
* Des techniques de ce niveau ne le surprendront pas une deuxième fois... *Il réalisait l'effroyable scène se réaliser une deuxième fois : du Chakra se concentrait de nouveau en direction des deux doigts collés de Nappa.
* Si je tente une échappatoire, il pourrait attaquer directement... *Il fronça les sourcils.
* Etant données sa puissance et sa distance, mon Kamui sera probablement surpassé. *Il jeta un œil à Sasori. Ce dernier, face à ce regard appuyé, compris que l'homme masqué avait un plan. Et ce plan devait nécessiter que lui-même contribue de façon extrême.
Cela tombait bien, car le scorpion du désert avait gardé intacte sa plus redoutable marionnette.
* Il est temps pour toi d'agir, mon plus bel adversaire... Dévoile ta puissance, Sandaime Kazekage ! *Le corps contrôlé du défunt dirigeant de Suna lévitait dans les cieux à quelques mètres du dard du criminel de Suna.
Soudain, l'atmosphère sembla se recouvrir d'un étrange voile démoniaque que semblait contrôler la marionnette du Kazekage.
En y regardant de plus près, cet obscure phénomène était constitué d'innombrables particules aussi fines que des grains de sable. La limaille de fer du Sandaime Kazekage recouvrait à présent le champ de bataille, à la manière d'une tempête du désert.
Le regard de Nappa fut brièvement attiré par ce phénomène, quand soudain son Scouter dysfonctionna. Surpris, le Saiya-jin observa attentivement son détecteur, lequel ne dévoilait plus aucun chiffre mais seulement un étrange bruit continu, similaire à la neige que l'on pouvait trouver sur les écrans de télévision dégradés. Décontenancé, il tapota à plusieurs reprises sur son appareil, sans succès.
* La limaille de fer n'était qu'une des conséquences du réel pouvoir du Sandaime Kazekage... pensa Tobi avec satisfaction.
Sa véritable puissance se trouvait dans la maîtrise du Jiton, l'art du magnétisme... *Les innombrables grains de fer masquaient de plus en plus à sa vue l'air troublé de Nappa.
* Il semble que cela soit la faiblesse de son Scouter... *Si cela fut suffisant pour interrompre Nappa une fraction de seconde, l'homme masqué savait toutefois que son attention resterait suffisamment vigilante pour ne pas leur laisser le temps de s'échapper. Même sans Scouter opérationnel, la technique spatio-temporelle de l'homme masqué était trop visible. Et, bien que rapide, la proximité du colosse rendait dangereuse toute tentative.
Et il était hors de question de tenter de le prendre de vitesse. De même, un Genjutsu serait un pari bien trop risqué. Sa force démesurée le rendrait probablement capable de tous les vaincre.
Il ne restait qu'un seul moyen d'attirer suffisamment l'attention du colosse pour tenter la phase de l'échappatoire. Tobi y avait déjà pensé.
C'était son vrai plan C.
Levant son bras à l'aveugle au milieu de cette tempête de limaille, Tobi sentit sa main attraper une gorge.
Il sentit la toux étouffée de surprise de sa cible. Le Sharingan de l'homme masqué brillait si intensément que celui dont il serrait les carotides parvint à en distinguer la lueur écarlate à travers les innombrables particules métalliques.
– Madara... murmura Kakuzu d'une petite voix.
– Pardonne-moi... répondit Tobi.
Le bras entourant la gorge de Kakuzu se transforma soudain en une branche qui ne perdit rien de sa poigne, et s'allongea avant de libérer le criminel qui fut propulsé droit sur le corps de Nappa.
* Tu es devenu le plus faible d'entre nous... *Aux yeux de l'immense guerrier, le corps de Kakuzu qui fusait dans sa direction s'apparentait à une attaque désespérée au ralenti du criminel. Un sourire particulièrement malsain se dessina sur le visage du Saiya-jin qui attrapa sa victime au visage.
– T'es coriace ou t'es maso ?Son sourire s'agrandit au moment où le crâne de Kakuzu craqua dans sa paume.
Lorsqu'il relâcha la pression, le corps de sa cible s'écrasa au sol avec autant de résistance qu'une marionnette de Sasori. Nappa remarqua avec satisfaction la déformation nette de la face, partiellement broyée par la légère force qu'il lui avait imposée.
– Merde, t'es définitivement mort... Tu aurais dû comprendre... Tu aurais dû me craindre... Comme le reste de ton monde...
– Te craindre ?La face déjà défigurée de Kakuzu se déforma en un sourire assassin, à la stupeur de Nappa.
– Tu n'es pas celui que j'aurais dû craindre... reprit le criminel, articulant péniblement en dépit de sa mâchoire fissurée.
Le regard de Nappa se posa sur lui, intrigué par ses paroles.
– J'ai compris qu'il n'existait en ce monde qu'un seul pouvoir plus terrifiant que l'argent...Suite à ce qu'il considérait comme l'aveu de faiblesse de Kakuzu, un sourire féroce se dessina sur le belliqueux visage du guerrier.
– Telle est la puissance des Saiya-jin...
– Tu te méprends, gamin... rétorqua le plus expérimenté des Shinobi.
Pour la première fois depuis qu'il avait atterri, l'expression de Nappa se fragilisa brièvement. Reprenant aussitôt contenance, le colosse ne put toutefois se défaire du malaise généré par les paroles un peu trop assurées de ce combattant agonisant.
Alors, tandis le criminel éclatait d'un rire guttural qui en déchirait définitivement l'ossature fragilisée de son crâne, le Saiya-jin leva de nouveau les doigts. Et les prémices du chaos de cette terre qui tremblait ne masquèrent pas les dernières paroles de Kakuzu.
– ... Je vous souhaite... bonne fortune... !Et soudain, ce fut l'hécatombe.
Fuyant au loin dans les airs, la longue crinière de Raditz fut soudainement propulsée en avant avec son propre corps sous l'onde de choc dévastatrice de l'explosion qui suivit, dont l'épicentre était son partenaire. Pris dans l'incroyable émanation de puissance, il sentit clairement son contact déchaîné. En dépit de sa distance et de son extension, même l'impitoyable bourreau du monde Shinobi ne pouvait rester insensible à pareille déflagration.
***
Depuis le flanc de la montagne, les deux Sannin et leur disciple avaient à présent une vue unique sur un spectacle aussi saisissant que terrifiant : l'intense lueur qui émanait de l'odieuse puissance dévastatrice du guerrier s'imposait sur l'horizon.
* Impossible... ne put exprimer Jiraiya qui observait à l’œil nu les ondes de choc balayer les nuages dans une fausse lenteur trahissant les dimensions démesurées de ce phénomène surnaturel.
Une telle technique... ne peut exister ! *Il ne s'agissait pourtant pas d'hallucinations liées aux rudes conditions de l'altitude. Ce qu'il observait au loin n'était qu'une démonstration de force du nouveau Saiya-jin de ce monde.
Et le Sannin réalisait, au même titre que le reste de son monde, que la destruction des Cinq Villages Cachés par Raditz n'était qu'un bref aperçu de la puissance des Saiya-jin.
La détonation à laquelle ils assistaient dévoilait la pleine suprématie de Nappa.
***
Se stabilisant à bonne distance de l'impact, Raditz tapota par réflexe sur son Scouter. Et c'est avec une expression d'ahurissement total qu'il réalisa la disparition de tous les niveaux de puissance des membres de l'Akatsuki.
Son détecteur n'affichait plus la présence que d'un seul individu dans cette direction : planant à présent dans les airs, les 4000 unités arborées par Nappa ne lui laissaient aucun doute quant au vainqueur de cette confrontation.
La stupeur laissa alors peu à peu place à la joie chez Raditz. L'émotion fut si forte qu'elle se libéra en un rire fou qui résonna même à travers le souffle cataclysmique de la première offensive de Nappa.