Une histoire d'amitiés
La tension était à son comble au pied de l'oppressante montagne dominant le monde Shinobi.
L'étrange combinaison de puissances s'associait, se mêlant dans l'atmosphère jusqu'aux prémices de l'embrasement. Plus que le Chakra, la pression des sentiments qui se faisaient face s'imposait sur les âmes de ceux qui se retrouvaient enfin.
Pourtant, en dépit de cette violence non palpable mais plus terrible que n'importe quelle bataille, un sourire bien surprenant se dessinait sur le visage apaisé du jeune Uzumaki.
Une étrange joie animait le jeune garçon.
Comme pour rééquilibrer cet anormal rapport d'émotions, le visage de Sasuke se durcissait davantage, passant de la détermination à la menace évidente.
Alors, s'introduisant de lui-même parmi cet échange inégal, l'expression de Gaara se déforma à son tour. Le sourire qui déchirait son visage était plus grand que celui de Naruto, de même que ses traits devenaient plus durs que ceux de Sasuke.
Pourtant, il restait étrangement en retrait, comme pour laisser les deux rivaux dans leur conversation muette.
Alors, un sourire se dessina enfin sur le visage de Sasuke. Au même moment, l'expression identique affichée sur le visage de Naruto s'estompa.
Des gouttes de sueur perlaient le front Shikamaru, lequel se demandait bien comment les choses allaient s'introduire.
Comme pour répondre à cette interrogation silencieuse, Sasuke effectua une série de Mūdra. Au même moment, Naruto joignit ses deux mains, faisant apparaître un clone.
L'atmosphère se mit alors à vibrer furieusement, électrisée d'une part par les puissants éclairs parsemant la main gauche de Sasuke, ondulée de l'autre par le Chakra condensé dansant violemment dans la main droite de Naruto.
S'observant mutuellement, les sons et lumières de leurs puissants Jutsu respectifs envahissant la zone, les deux rivaux de longue date se contentèrent d'abord de s'échanger un dernier regard.
À cet instant précis, ni Gaara, ni Shikamaru ne semblèrent désireux d'interrompre l'inéluctable introduction à une confrontation offerte par la destinée.
Il fut ainsi difficile de déterminer l'instant exact où ils s'élancèrent l'un vers l'autre, car aucun élément déclencheur n'aurait pu le prévoir. Ou peut-être Naruto avait-il attendu Sasuke, alors même que Sasuke avait attendu Naruto, dans un rythme uniquement bercé par ce qui les liait.
Fusant l'un sur l'autre, le Mangekyō Sharingan fixant les yeux de l'ermite tandis que scintillaient dans leur course les légendaires techniques qui les définissaient, les rivaux semblaient attirés par une interaction indéfinissable.
Le temps sembla ralentir, en dépit de la vitesse furieuse qui animait ces deux Shinobi devenus d'exception, jusqu'à l'instant précédant la rencontre des deux techniques.
Et le destin frappa.
Le sable de Gaara se mit instinctivement en position défensive tandis qu'une onde de choc balayait toute la zone.
Effectuant un pas en arrière, Shikamaru se protégea le visage de ses avant-bras. Il crut distinguer une étrange association énergétique lorsque l'énergie Senjutsu et le Yin Uchiha se mêlèrent, comme s'ils cherchaient à se dominer l'un l'autre, s'étreindre et se repousser à la fois dans une sphère de puissance pure entourant les deux anciens camarades.
Pourtant, ses yeux totalement plissés par la déflagration qui le frappait au visage ne semblaient pas en mesure de lui fournir une information correcte.
Il s'écoula de nouveau un temps incertain...
Et le calme suivit la tempête, dévoilant à travers elle deux silhouettes immobiles, face à face.
Naruto et Sasuke s'observaient, tête contre tête.
Cette fois, ni sourire ni rage n'animait plus leurs visages qui semblaient dénués de toute expression – laquelle semblait totalement concentrée au plus profond de leurs yeux qui se fixaient intensément.
Ils semblaient soudainement figés dans un monde éphémère n'appartenant qu'à eux...
Krillin commençait à vraiment s'inquiéter. Le mystérieux ninja le rendait déjà suffisamment mal à l'aise, mais ajouter à l'équation le plus terrible assassin au monde, celui qui en avait tant fait baver Gokū à l'époque, augmentait sensiblement son impression de danger.
– Oh, mais je te reconnais... ! murmura Tao Paï Paï en fixant le jeune garçon. Tu es le copain des élèves de mon frère.
– Qu'est-ce que... balbutia Krillin, peinant à se reprendre. Pourquoi avoir rejoint les forces d'Ororef ?
Le tueur à gage tourna son regard vers Haku, haussant les sourcils.
– Tu ne lui as pas tout dit ?
– J'étais en train de le faire.
– Je vois. J'interromps donc quelque chose.
Il s’accroupit à même le sol, dans une posture semblable à celle de la méditation. Krillin déglutit péniblement. La situation n'était vraiment pas à son avantage.
Haku tourna son regard avec insistance en direction de Tao Paï Paï, lequel fronça froidement les sourcils.
– Fallait le dire direct si tu comptais sur moi pour poursuivre, soupira le tueur à gage, qui tourna son regard en direction de Krillin. Non, j'ai rejoint le camp de personne, juste celui des vivants.
Krillin haussa les sourcils, surpris.
– Attends, s'offusqua Tao Paï Paï, rassure-moi, tu ne t'imaginais quand même pas que je pourrais finir comme un de ces vulgaires zombies ? Déjà que je suis à moitié cyborg, alors c'est bon.
Il soupira.
– C'est juste que c'est la putain de crise. L'économie s'est totalement effondrée, sans compter que j'ai plus personne à buter. C'est le comble, pour un tueur à gage...
– Mais alors, murmura Krillin, pourquoi est-ce que tu aides...
– T'es bouché, le chauve ? J'ai dit que j'avais rejoint le camp de personne. Seulement, un monde sans argent ni vivant n'a plus d'intérêt pour moi.
Il croisa les bras.
– Et il se trouve que ce type m'a proposé un contrat beaucoup plus intéressant. De nouvelles richesses, et de nouvelles cibles.
Krillin fronça les sourcils, le visage couvert de sueur.
– Tu parles... des Dragon Ball ? Tu veux... nous tuer ? Tu... Tu n'y arriveras pas ! Les autres... !
L'assassin tapa violemment de sa langue contre son palais en signe d'impatience.
– T'es vraiment à côté de la plaque. Je m'en tape de vous et de vos histoires. À la limite, je serais pas contre buter Tenshinhan... Non, je parle d'un nouvel empire.
– Un... nouvel empire ?
Haku s'approcha légèrement, mettant aussitôt Krillin en position de défense.
– Dans le monde d'où je viens, raconta alors le jeune Shinobi, j'avais un maître, un mentor, un idéal. Il m'a été arraché, tué sans la moindre émotion, par un guerrier venu d'une autre planète...
Krillin ouvrit la bouche de surprise.
– Je sais ce que tu ressens, reprit Haku. Je sais ce que l'enfer vécu par un envahisseur peut procurer. Je connais... la tristesse... la souffrance... et la haine... que l'on peut éprouver. Je connais le désespoir qui accompagne la perte de tous nos repères.
Ses yeux se mirent à briller comme neige au Soleil.
– Je voulais me venger. Je me suis entraîné dur dans mon monde. Mais j'ai rapidement réalisé que peu importaient mes efforts, l'ennemi restait trop fort. Je n'aurais eu aucune chance à le prendre de front, en dépit de ma rage. Alors, j'ai tenté de saisir ma chance autrement. Et j'ai réalisé que je pouvais frapper bien plus fort. Tuer l'ennemi, ce n'est pas suffisant pour un Shinobi. On n'a jamais arrêté une guerre en détruisant son adversaire.
Son regard se fit particulièrement violent, des larmes coulant lentement ses ses joues.
– Il faut anéantir tout ce qui le rattache à ce monde. Il faut briser sa famille, sa culture, son passé, son avenir, sa mémoire, ses idéaux, ses rêves. Il faut totalement détruire son empire. Et c'est ce que je compte faire. Quand bien même j'aurais pu tuer cet homme, ça ne m'aurait apporté au mieux qu'une maigre consolation. Ce que je veux va bien au-delà de ça. Je veux que la mort de Zabuza-sensei résonne comme la plus grande erreur de tous ceux qui en sont à l'origine.
Il marqua une pause, laissant le jeune combattant s'imprégner totalement de ses paroles. Pour Krillin, s'il n'était pas sincère, alors son talent d'acteur se montrait incroyable, vu les frissons parcourant son corps jusque sur le haut de son crâne.
– J'ai rejoint les forces d'Orochimaru dans ce but, poursuivit le ninja en abaissant son visage. J'ai toujours cherché une opportunité mais...
Il releva la tête d'un air dur.
– Mes objectifs... atteignent leurs limites...
Haku croisa les bras et regarda à travers les miroirs d'un air pensif. Son regard se posa sur Tenshinhan. Celui-ci avait maintenant forcé Jūgo à utiliser la marque maudite de niveau 2. Et pourtant, à la surprise du jeune Shinobi, il continuait de dominer le combat.
– Quel est son nom ? interrogea alors Haku.
– ... Tenshinhan.
– Cet homme... est incroyablement fort. Il pourrait bien dépasser le niveau de Zabuza-sensei...
Krillin fronça les sourcils, puis un sourire se dessina lentement sur ses lèvres.
– Il n'est pas le plus fort d'entre nous...
– Je me doute bien que tu n'es pas en reste.
– Je ne parlais pas de moi...
Le regard de Krillin pivota en direction d'un autre miroir. Haku haussa les sourcils avec étonnement, observant le plus jeune des guerriers Z qui semblait toujours fuir son assaillant avec terreur.
– Il semble vraiment jeune, remarqua Haku. C'est vrai que son potentiel est incroyable. Pouvoir échapper à de tels assauts à son âge est remarquable.
Puis Haku abaissa sombrement la tête.
– Mais il est tombé sur le mauvais adversaire. Kimimaro... se retient. Il n'utilise même pas les pouvoirs de sa marque...
Haku soupira.
– Mais si nous unissions nos forces, je pense que nous serions en mesure de le terrasser.
– P... Pourquoi tu me dis ça ? s'étonna alors Krillin.
Alors, le ninja éclata de rire, ce qui déstabilisa d'autant plus le guerrier mal à l'aise.
– Tu me rappelles beaucoup un vieil ami. Comment t'appelles-tu ?
– Krillin.
– Krillin, je suis prêt à t'aider.
Alors, le combattant se raidit.
– Ne te moque pas de moi !
– Quel intérêt aurais-je à le faire ?
– À d'autres ! Tu l'as dit : tu es celui qui a su détecter les Dragon Ball en premier... Mes amis sont en train de combattre par ta faute !
– C'est vrai, reconnut Haku. Mais si ce n'était pas le cas, ils seraient tous déjà morts.
Krillin eut un instant de blocage.
– Que... Qu'est-ce que tu racontes ?!
– Tu crois vraiment que votre ville n'avait pas été repérée depuis longtemps ? Tu penses... qu'un simple bouclier aurait seulement pu arrêter un être ayant réussi à totalement annihiler la civilisation ?
Haku ferma lentement les yeux face à l'expression stupéfaite de son interlocuteur.
– L'objectif était clair : vous deviez garder un minimum de confiance pour oser chercher vos précieuses boules de cristal. Autrement dit, la seule raison pour laquelle vous avez survécu tout ce temps sans être menacés venait de votre capacité à nous conduire aux Dragon Ball. Il se trouve qu'en révélant aux autres les informations obtenues par Tao Paï Paï, je les ai légèrement modifiées pour laisser croire que le radar du Ruban Rouge n'était qu'un prototype. Ce faisant, votre survie restait plus sûre en tant que plan B. Et d'un autre côté, votre recherche devenait beaucoup moins dérangeante aux yeux d'Orochimaru une fois qu'il devint clair que le radar fonctionnait bel et bien, car il peut tout voir de là où il est. En fait, en réalisant que mes informations sur la localisation des Dragon Ball était exactes, il n'a pas jugé bon d'intervenir pour l'instant. Dans le cas contraire, il se serait probablement occupé personnellement de vous.
– Et on l'aurait combattu ! s'exclama Krillin.
– Non, répliqua Haku. Vous n'auriez absolument rien pu faire, si ce n'est nourrir son appétence en lui dévoilant l'ignoble désespoir de la réalisation de votre échec à l'instant de votre mort.
Le combattant resta sans voix.
– Je suis désolé, reprit le Shinobi d'une voix sombre, mais ce n'est pas un adversaire qui peut être combattu.
Haku effectua un nouveau pas en direction de Krillin. Ce dernier raffermit ses poings, tendu, mais ne bougea cette fois pas.
– C'est pourquoi notre temps est compté, reprit Haku. De là où il se trouve, il a sans doute déjà vu que je ne te combattais pas. Il pourrait bien se poser des questions. Je t'en prie, Krillin, fais-moi confiance. Notre seul espoir est de nous emparer du vaisseau et de quitter ce monde au plus vite.
– Tu... Tu parles comme s'il voyait tout... Tu parles comme si il était au palais de... Kami-sama.
– Votre dieu a était défait.
L'horreur se dessina alors sur le regard de Krillin qui s'écroula à genoux dans la neige. Haku effectua un nouveau pas dans sa direction, mais cette fois le guerrier ne réagit plus sur la défensive. Ils semblait trop dépité. Le ninja avança de nouveau, ses pas qui marquaient la pâle poudreuse à ses pieds troublant l'épais silence de la montagne.
Et Krillin sentit soudain la main froide du Shinobi posée sur son épaule. Paradoxalement, une sensation de chaleur le parcourut alors.
– Relève-toi, Krillin, murmura Haku. Tu peux encore sauver ta vie... et celles de tes amis.
Alors, les jambes tremblantes du meilleur ami de Son Gokū semblèrent retrouver toute leur vigueur. L'instant d'après, il se tenait debout, face au ninja qu'il fixait d'un regard devenu soudain parfaitement clair.
– Je suis désolé, Haku. Mais je ne peux pas fuir sans avoir tout essayé. Je... Je vais rassembler les Dragon Ball et...
Il soupira.
– ... et trouver un moyen de vaincre O... Ororef.
La mine du Shinobi sembla prendre une teinte déconfite.
– ... mais tu ne me laisseras pas faire, reprit alors Krillin en fronçant les sourcils. Pas vrai ?
Haku ne répondit d'abord pas. Puis son visage s'étira en un triste sourire.
Alors, Krillin, tous sens en alerte, entendit un bruit d'eau qui coule. Et il vit la que la glace recouvrant la Dragon Ball fondait, libérant peu à peu la boule de cristal qu'elle contenait.
* Qu'est-ce que... ? *
– Je pensais ma haine vis à vis de ceux qui ont tué mon maître inégalable... reprit alors Haku tandis que continuait lentement de fondre la glace dans son dos.
Il fixa le combattant d'un regard étrangement complice.
– ... mais quand je vois briller dans tes yeux l'espoir d'un monde meilleur, j'ai vraiment l'impression de retrouver ce vieil ami. Et je me rends compte... que mon regret de les avoir abandonnés est peut-être aussi intense.
Un étrange sourire se dessina sur le visage du Shinobi.
– Peut-être est-ce finalement le destin, que d'avoir croisé ta route, comme la sienne avant toi...
– Ton ami, répliqua Krillin, il devait vraiment être quelqu'un de bien.
– Il l'était. Et j'espère... non... je suis sûr qu'il l'est toujours, et qu'il continue de se battre pour ses idéaux, pour son monde.
Naruto et Sasuke poursuivaient leur confrontation. Un étrange sentiment parcourait le jeune ninja. Pourtant, ses sens affûtés n'y étaient pour rien.
En dépit de la situation, il avait l'impression d'être soutenu. Et cela renforçait sa conviction ineffable.
– C'est bien mignon, cette histoire d'amitié, intervint alors Tao Paï Paï, que Krillin avait presque fini par oublier. Mais j'ai cru comprendre qu'on était pressés...
– À l'instant où la glace aura fondu, reprit sombrement Haku, la Dragon Ball sera à toi. Tu sais ce que cela signifie ?
Krillin fronça les sourcils, acquiesçant d'un signe de tête déterminé.
– On a peu de temps, poursuivit Haku. S'il devait arriver maintenant... J'ignore totalement comment les choses pourraient évoluer...
Krillin s'apprêtait à répondre, mais il vit alors Tao Paï Paï effectuer un étrange mouvement...
Pourtant, ce n'était pas vraiment le plus important. Car l'assassin, soudainement en sueur dans ce blizzard glacial, affichait une mine horrifiée qui ne lui ressemblait pas. Cette même expression se dessinait également sur le visage de Haku, lequel semblait regarder dans le dos de Krillin.
Ce dernier n'eut même pas à se retourner pour comprendre. Et il ne voulait pas le faire. Car ce qu'il savait – et ce qu'il sentait – derrière lui justifiait largement la terreur se reflétant dans les yeux du ninja et de l'assassin.
– N'est-ce pas une bonne raison de le découvrir ? interrogea alors la voix sifflante et pétillante de menace dans le dos du guerrier.
Ce dernier, tirant dans un courage totalement contre-nature pour son corps traumatisé, trouva la force de finalement se retourner pour faire face à l'indescriptible entité. Et ses yeux se perdirent dans les pupilles en formes de fentes du démon...