Axaca a écrit:Le truc c'est qu'il existe un terme : discrimination, qui désigne très exactement la situation dont vous parler (que ce soit "sale babtou", ou "sale negre" on est dans de la discrimination).
La discrimination raciale, c’est du racisme.
Bourdieu lui-même parle de racisme de l’intelligence pour désigner la discrimination entre classes sociales.
San999 a écrit:Nous sommes déjà sur le terrain de la sémantique. Rien que la liberté d'expression. L'invoquer à tout bout de champ pour défendre son discours puant, comme si la simple critique ou la simple dénonciation d'un discours constituait déjà une atteinte à cette liberté. Le simple fait de dire "Votre discours est intolérable!" c'est déjà être anti-démocratique pour certains. De même que de qualifier les anti-racistes, les féministes ou les activistes LGBT de fascistes et de racistes, misandre ou hétérophobes/cisphobes.
Je n’ai vu personne ici faire ceci. J’ai jamais dit à Axaca que son discours était intolérable. Juste que je le trouvais dangereux (et j’y reviens après).
San999 a écrit:Et vous ne relativisez rien du tout. De même, nous ne nuançons pas grand chose. J'estime juste que parler des attaques haineuses envers les blancs en Occident, c'est un sujet totalement différent que de traiter du système d'oppression qui s'attaque aux minorisés. Les deux problèmes ne sont pas de même nature.
Pas du tout. D’abord, c’est toi et Axaca qui relativisez et nuancez.
Au contraire, nous restons factuels. Nous ne nous plaçons pas d’un seul point de vue.
Ensuite, l’esclavage au XIIIème siècle n’a plus rien à voir avec le commerce triangulaire à partir du XVIIème siècle. Ce sont bien deux sujets qui méritent chacun d’être développés Différemment. Et pourtant, ces deux sujets sont regroupés sous celui plus général de l’esclavage.
C’est exactement pareil pour le racisme qui inclu toutes les formes de racisme, des plus reconnues et reconnaissables aux plus subtiles et méconnaissables.
San999 a écrit:Je n'ai en revanche aucune réponse satisfaisante quant au fait que la définition de racisme en tant que système oppressif et non comme une psychologie individuelle haineuse, ignorante ou méprisante, puisse être peu accessible au grand public. Si ce n'est que jusqu'il y a peu, l'idée même de parler de racisme anti-blanc ou de misandrie aurait paru risible et pourtant, l'extrême droite à réussi à faire de ces deux concepts, des piliers de leur idéologie qui sont apparemment acquis pour tout le monde, maintenant. Alors, pourquoi pas.
Tout simplement parce que ce n’est pas sa définition. Ni pour les sociologues, ni pour les dictionnaires, ni dans la législation.
Et je n’ai pas attendu l’extrême droite pour apprendre que le racisme contre les blancs existait. J’ai des amis noirs qui m’expliquaient plus jeune être racistes’ des blancs en général (exactement comme certains amis blancs qui m’expliquaient plus jeunes qu’ils étaient racistes des noirs). Dans les 2 cas, c’était de l’essentialisation.
Et là, je te parle de 1995.
Et je le répète encore. Bourdieu affirme lui-même qu’il existe de nombreuses formes de racisme dont certains sont subtiles et méconnaissables comme le racisme de l’intelligence aka le racisme de classes.
Or, le racisme contre les noirs est malgré tout incomparable par rapport au racisme de classes. Encore ce week-end, un de mes très proches amis est venu dans ma région fêter mon anniversaire et a subi une remarque d’un restaurateur des plus racistes alors qu’il était en famille (suite à une question sur les dessert, ce restaurateur répond avec un accent africain qu’il aime bien manger des bananes... Exemple de racisme ordinaire qu’aucun "pauvre blanc" ne subit que ce soit par son statut social ou sa couleur de peau).
Mais malgré la différence d’intensité par rapport au racisme contre les noir.e.s, le racisme contre les blancs existe factuellement.
San999 a écrit:Antarka a écrit:Sans du tout être à fond sur la direction sémantique prise par ce sujet, je trouve la position de San extrêmement dérangeante et dangereuse.8
Et en quoi? Parce que pour l'instant, on a bien démontré en quoi la définition à laquelle vous adhérez est factuellement utilisée de façon dangereuse. Et c'est au moins la deuxième fois qu'on nous dit que celle à laquelle on adhère est dangereuse. Mais on nous dit pas pourquoi. C'est pas comme si je disais qu'il fallait ignorer la violence faite à des blancs.
En fait, c’est l’inverse.
Votre raisonnement est dangereux car vous niez la réalité des racismes subtils et méconnaissables en restreignant le sens du terme. Vous niez le lien évident entre l’essentialisme et le racisme. Vous niez une des conséquences du racisme systémique (c’est à dire un racisme des minorités envers le groupe dominant). Vous niez l’existence du racisme entre arabes et noir.e.s. Vous niez les comportements individuels racistes et donc la cause du racisme institutionnel.
Et en niant tout cela, vous relativisez une énorme partie de ce qui compose le racisme et on en arrive à trouver acceptable voire à banaliser la mixophobie de certains kabyles en expliquant que c’est culturel ou la discrimination ethnique de papy envers les allemands parce qu’il a connu l’occupation allemande il y a 60 ans.
Et vouloir nier ces faits peut crédibiliser l’extrême-droite auprès d’une population en phase avec cette réalité.
Qui croire ? Celui qui me dit que le caca ayant l’apparence, l’odeur et le goût du caca, c’est bien du caca ? Ou bien celui qui me dit que malgré l’apparence, l’odeur et le goût du caca, c’est caviar (voire que ce caca n’existe pas) ?
Donc ce que vous soutenez,
San999 a écrit:De même, nous ne nuançons pas grand chose.
Bah en fait, si. Et c’est énorme. C’est ce qui moi me gêne profondément avec votre approche du sujet.
Peut-être que je ne vous ferais pas changer d’avis, mais on est là pour en discuter. Après, chacun se fera sa propre opinion.