Et puis toi-même tu disais que tu connaissais personnellement plusieurs femmes voilées...
Bref
Je ne suis pas sûr de m’être fait comprendre. Oui, j’ai tout à fait conscience des limites de l’étude. D’une étude.
D’ailleurs, il est bien expliqué par rapport à celle-ci la chose suivante :
Ce travail respecte les principes scientifiques et déontologiques de l’enquête par sondage. Elle achoppe sur les mêmes difficultés : la marge d’erreur moyenne d’un sondage effectué auprès d’un échantillon de 1 000 personnes est d’environ 3 %, celle inhérente à l’analyse d’un sous-groupe dans ce même échantillon augmente sensiblement et peut s’élever entre 6 et 8 %.
Les enseignements qu’elle porte reflètent un état de l’opinion à l’instant de sa réalisation et non pas une prédiction. Les enquêtes ne produisent pas une connaissance objective sur la réalité sociale. En revanche, un usage raisonné de ces méthodes permet de valider ou d’infirmer les hypothèses formulées par des travaux qualitatifs en travaillant à partir d’un échantillon représentatif.
Les résultats présentés constituent une première analyse exploratoire, le développement de projets futurs permettra de compléter et de valider – ou d’infirmer – les premiers résultats obtenus.
Une fois cela en tête, je maintiens :
selon cette étude, environ (plus ou moins) 41 % des femmes voilées de l’école d’Antarka se voilent à cause de la pression sociale.
Et à titre personnel, s’il y a bien 100% de femmes voilées dans cette zone en France, la pression sociale est donc bien plus forte. J’aurais tendance à penser que c’est plus de 41%. Parce que 100%, c’est un chiffre qui n’est pas normal au sens premier du terme (c’est assez exceptionnel).
Ensuite concernant les solutions. Tu aurais pu commenter les propositions de cette étude, par exemple.
Pour que l’islam français puisse se doter d’une ligne théologique compatible avec la société française et afin qu’il puisse rompre avec les discours diffusés par les États émetteurs d’idéologies rigoristes, il faut créer des instances – gérées par une nouvelle génération de musulmans – capables de produire et de diffuser des idées et des valeurs françaises.
Élire un grand imam de France afin de conduire le travail intellectuel et théologique destiné à poser les jalons d’un islam français.
L’islam n’est pas intégré au régime concordataire alsacien et mosellan. C’est un culte "non-reconnu". Par conséquent, le financement du culte musulman – et plus largement celui des nouveaux cultes – n’est pas aligné sur le régime dont bénéficient les quatre cultes reconnus (catholique, luthérien, calviniste, juif).
L’administration recrute des aumôniers, assurant une fonction qui, par essence, relève du religieux et du spirituel aussi, nous recommandons de créer un Institut français des aumôniers pour former culturellement et recruter des aumôniers.
Équiper juridiquement les collectivités locales pour favoriser l’émergence d’un islam local intégré (baux emphytéotiques, carrés confessionnels, garanties d’emprunt, etc.). Bien qu’interdits par la loi, les carrés musulmans sont encouragés par les autorités publiques, ce qui crée une situation d’insécurité juridique.
Enseigner l’arabe classique à l’école publique pour réduire l’attractivité des cours d’arabe dans les écoles coraniques et dans les mosquées.
Développer la connaissance sur l’islam :
- connaître et prendre la mesure de la situation par les statistiques religieuses. La réticence française à l’égard des recensements religieux et les estimations existantes autour de l’appartenance religieuse ne permettent pas de suivre finement l’évolution des composantes religieuses au sein de la population ;
- rédiger un ouvrage scolaire d’histoire commun avec l’Italie, l’Espagne, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, afin de mettre en perspective historique les apports mutuels et les convergences religieuses et culturelles entre les deux rives de la Méditerranée.
Créer un Secrétariat aux Affaires religieuses et à la Laïcité, placé sous la tutelle du Premier ministre, et lui rattacher le Bureau central des cultes.
D’autre part, je ne sais pas si tu as écouté l’émission de France Culture dont j’ai posté le lien dans laquelle Kahina Bahloul et Ghaleb Bencheikh interviennent. C’est extrêmement intéressant et va dans le sens de certaines de ces propositions.
C’est pile dans l’actualité puisqu’on y parle de la place de la femme dans l’Islam et de son avenir.
Rammus,
J’essaie de te répondre plus en détail dans la journée. Mais je pense surtout que le problème vient surtout d’une méconnaissance profonde de part et d’autre de l’Islam (politiques et pratiquants), ce qui a laissé la porte ouverte au salafisme qui a eu un impact très important sur la pratique traditionnelle. Je partage le même point de vue que Kahina Bahloul, et c’est un point de vue que j’ai depuis peut-être 15-20 ans, donc je suis assez heureux d’enfin voir émerger celui-ci à travers la première imam de France.