Login a écrit:Heureusement, j’ai un autre sujet. […]
Il s’agit du combat politique de nombreux médecins contre la place qu’occupe l’homéopathie en France. Des médecins généralistes ont écopé d'une suspension de trois mois avec sursis pour "non-confraternité" en raison de critiques adressées à l'homéopathie. […]
Vous en pensez quoi ?
J'ai surligné la phrase qui, à mon sens se contredit elle-même et entraine un raisonnement critiquable.
L'homéopathie n'est pas la consœur des médecins signataires de la tribune.
L'homéopathie est une pratique scientifique ou pseudo-scientifique selon que l'on s'en réclame ou qu'on s'y oppose.
Elle n'est donc la consœur de personne. Elle ne peut dès lors pas se plaindre du fait que quelqu'un tienne à son encontre un discours anti-confraternel.
En revanche, il se trouve que nous avons une spécificité en France qui veut que pour pratiquer l'homéopathie, il faille être médecin. Que cette discipline soit donc, ou non, une escroquerie n'est même pas la question, le fait est que ceux qui la pratique ont le statut de médecin.
Or, les médecins se doivent entre eux la confraternité.
Article R4127-56 du Code de la santé publique:
'Les médecins doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité.
Un médecin qui a un différend avec un confrère doit rechercher une conciliation, au besoin par l'intermédiaire du conseil départemental de l'ordre.
Les médecins se doivent assistance dans l'adversité'.
Article R4127-31 du même Code: "
Tout médecin doit s'abstenir, même en dehors de l'exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci".
Dès lors, en cosignant une tribune dans laquelle il est précisé : "
La tentation peut alors être grande de pratiquer des soins sans aucun fondement scientifique. Cette tentation a toujours existé. Elle a été, et est toujours, nourrie par des charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l’efficacité illusoire".
https://sante.lefigaro.fr/article/l-app ... rnatives-/On peut parfaitement considérer, comme l'a fait la chambre disciplinaire de première instance du Conseil de l'Ordre des médecins qu'il s'agit d'une atteinte à la confraternité due entre médecins. Puisque l'accusation de charlatanisme vient de médecins et est dirigée contre des médecins.
Il aurait fallu s'en prendre uniquement à la pratique et non aux pratiquants.
Quand tu écris ça à RMR:
Login a écrit:En fait RMR, j’ai parlé de la technique ouin-win parce que lorsqu’on prétend faire de la médecine scientifique et que l’on est traité de charlatan, dire simplement que l’on a été blessé n’est pas un argument très sérieux. Une sérieuse argumentation aurait été de répondre sur la base d’études scientifiques qui valideraient l’homéopathie. Mais si tu te renseignes un peu sur le sujet, les études montrent que l’homéopathie n’obtient effectivement pas plus de résultats qu’un effet placebo.
Tu raisonnes (je suppose) par analogie avec les règles relatives à la diffamation.
Si je dis que untel est un pédophile, je peux effectivement éviter une condamnation pour diffamation si je peux prouver que c'est vrai (l'exception de vérité).
Mais ici, la question n'est pas le bienfondé de l'homéopathie. L'ordre des médecins et le législateur en permettant la pratique de l'homéopathie aux seuls médecins l'ont légitimée. ça ne veut pas dire que c'est gravé dans le marbre (la preuve, les médicaments homéopathiques ne sont plus remboursés depuis peu) et peut-être qu'un jour la pratique sera effectivement considérée comme non scientifique et qu'il sera interdit aux médecins de pratiquer cela mais pour l'instant ce n'est pas le débat.
On peut déplorer la gravité des sanctions en raison du fait que l'homéopathie est très gravement critiquée, mais le principe de la sanction me parait parfaitement acceptable.
Ironie de l'histoire, celui qui fait du oui-ouin, c'est la personne citée dans l'article que tu vises:
”
Quand on attaque l'homéopathie, ça se passe dans les tribunaux et jamais dans les revues scientifiques. La seule réponse, c'est une atteinte à la liberté d'expression.”
—
Mathias Wargon, urgentiste
Les sanctions pour des propos contraires au principe de confraternité, c'est courant et ça ne concerne pas que les critiques faites aux homéopathes. Tous les médecins savent qu'ils ne peuvent pas dire n'importe quoi.
Ce Monsieur n'a, soit pas compris la décision rendue (si j'en crois le résumé qui en est fait), soit tord ce qu'elle dit pour la faire correspondre à sa vision des choses.
RMR a écrit:Par contre, je ne vois pas du tout le rapport entre cette affaire et la "confraternité". Si ça avait été une association de menuisiers ou de joueurs d'échec qui avait tenu ces propos, ça n'aurait pas été plus sympa pour autant. La diffamation m'aurait paru plus adapté comme motif d'accusation que la "non-confraternité" (et en même temps, je ne vois même pas pourquoi ça existe, cette notion de "confraternité", car je vois pas quand la "confraternité" devrait s'appliquer, les médecins, ou n'importe quel corps de métier, devrait-il être légalement tenu de couvrir les arrières de ses confrères...?)
La confraternité est une notion commune à de nombreuses professions, notamment libérales (médecins, avocats, etc...).
Ce concept a, entre autres, pour vocation d'éviter un abaissement général de la profession aux yeux du public, qui pourrait être causé par des disputes publiques entre professionnels d'un même corps.
Par exemple, le professeur X, médecin-chef à la clinique Y qui publierait un article en disant de ne pas aller se faire soigner à l'hôpital W, car les chirurgiens qui opèrent là-bas sont vraiment des bouchers.