Rammus a écrit:Je met tout ça en lien avec une problématique que le Dr Raoult à mi en lumière. La recherche scientifique est boudée par les Français et il a besoin d'immigrés parce qu'on pousse les Français dans d'autres filières. Allez donc regarder le nombre de doctorants dans ce qui touches aux sciences sociales et lettres et celui dans les recherches... On voit bien ou l'état trouve intérêt à pousser nos jeunes...
C'est la meilleure blague que j'ai jamais lu sur ce forum. Sincèrement, je pense qu'on a rarement fait mieux en 10 ans que je suis là.
...
Ah merde t'es sérieux, c'est dur là.
Bon je vais vite fait répondre à ça, parce que c'est l'une des plus grosse conneries que j'ai jamais lu à propos de la recherche en France, et que dans le contexte actuel elle est encore plus drôle.
La recherche scientifique boudée en France :Déjà dans quel sens tu utilise cette formule ? Boudée par les élèves ? Absolument pas. Le bac S est toujours le bac privilégié, les filières biologie, chimie et physique/mathématique sont parmi les plus prisées, qu'il s'agisse de l'Université ou des prépas. Suffit de voir le nombre de demande et le nombre de place dans ces filières. Exemple simple, à Limoges, donc l'Université où je suis, 18 000 élèves. Rien que le collège Santé représente plus que le collège Lettres, Sciences Humaines et Sociales (donc langues vivantes, philosophie, lettres, histoire, géographie, sociologie et pas mal de licence pro culture/média), plus de 3500 élèves pour le premier, 2700 pour le second. Et les deux autres collèges, Science Économique et Droit, et Sciences et Techniques sont de taille semblable pour le premier, quasi deux fois plus gros pour le second.
Donc pas boudée par les élèves, loin de là. par l'état alors ? Absolument pas. en terme de budget de recherche, les écoles doctorales liées aux sciences humaines ne touchent quasiment rien. A l'exception des subventions de fonctionnement normales, on ne touche rien. A l'inverse, le gros des subventions est capté par une petite fraction des écoles doctorales (biochimie, ingénierie et robotique, informatique, pharma notamment).
Et c'est pas prêt de s'arranger avec le projet LPPR, je vous laisse aller lire les 3 rapports officiels à l'origine de ce projet de loi, mais pour faire simple : le but est de prioriser le financement de la recherche qui rapportent (en gros, le sciences où on dépose des brevets) en définissant des secteurs clés : droit des entreprises, droits pénal, droit fiscal, biochimie, pharmacologie, médecine (oncologie en tête), informatique (notamment réseaux/telecom et IA). Autant vous dire ques les sciences humaines et sociales (mais pas que) sont largement écartées. Le projet de loi est d'ailleurs un tel scandale que même le CNU s'est opposé (alors qu'il est historiquement neutre) et même les labos qui seraient les principaux bénéficiaires s'y oppose, car ça viendrais tuer l'indépendance de la recherche(puisque leur financement seraient sujet à rentabilité, et fonction des thématiques de recherche...)
Donc non, les filières que tu appelle scientifique (au passage, les langues vivantes et les SHS sont aussi des sciences, et font aussi de la recherche hein, mais visiblement t'es pas au courant) ne sont pas boudées, loin de là.
Allez donc regarder le nombre de doctorants dans ce qui touches aux sciences sociales et lettres et celui dans les recherches..
Ce que visiblement tu n'as pas prit le temps de faire :
https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_R_38-le_doctorat_et_les_docteurs.php20 % en SHS, 65% en cumulée dans les filières dites scientifiques et médicale. Et c'est dommage, on à pas les budgets associés, mais on aurait bien ri.
Je t'invites aussi à lire le texte en entier, mais je cites tout de même un bout :
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La baisse du nombre de doctorants touche principalement les sciences de la société (droit, économie, gestion, sociologie, anthropologie…), - 9% entre 2010 et 2015, et les sciences humaines et humanités (lettres, langues, arts, histoire, STAPS), - 13 % entre 2009 et 2015. Elle est nettement moins prononcée dans les disciplines scientifiques (- 3 %) (graphique 38.01).
La baisse des effectifs de doctorants, dont la majorité est inscrite à l’université, s’explique essentiellement par la diminution des premières inscriptions en doctorat durant cette période (graphique 38.02). Près de 17 100 étudiants se sont inscrits en doctorat pour la première fois à la rentrée 2015, un effectif inférieur de 11 % à ce qu’il était à la rentrée 2010. Cette évolution touche tous les domaines scientifiques sauf la biologie, la médecine et la santé où les premières inscriptions restent relativement stables sur cette période.
"Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !"