Il existe donc toute une série de "règles" qui n'ont pas été déterminées arbitrairement, mais sont le résultat d'analyses sur la manière d'aborder différents courants artistiques. Typiquement, pour prendre un exemple archi-connu, en matière de scénarisation, Campbell n'a pas sorti les douze étapes du récit d'aventure d'un chapeau, il les a identifiées comme autant d'aspects communs des récits qui avaient perduré à travers les millénaires, et qu'on retrouve d'ailleurs dans des cultures qui n'avaient jamais été en contact. De même, en matière de colorisation, on sait qu'utiliser certaines teintes implique de provoquer certaines émotions.
Oui enfin si la base sur laquelle s'appuient ces règles est la fréquence à laquelle on les observe dans une oeuvre ça veut dire qu'elles ne sont pas si objectives que ça puisqu'elles dépendent de sujets. D'un certain nombre de sujets, certes, mais de sujets quand même. D'ailleurs les tendances et les principes ont évolué au fil des siècles avec les courants littéraires, et réfléchissent l'état de la société à un instant T, donc "objectif" c'est pas vraiment le mot que j'emploierais pour les désigner.
Et au delà de cette considération objectif-subjectif, j'ai un souci avec la mise en application de ces règles. On est d'accord, si elles ont traversé les siècles c'est qu'en gros, elles marchent. Mais encore faudrait-il les appliquer sur le bon objet et dans le bon contexte. Par exemple, ta critique de la résolution par coincidence, elle est valide dans certains cadres (si un oiseau ramassait l'anneau de Sauron et le faisait tomber dans le volcan sans faire exprès, ça serait super nul), mais pas du tout dans d'autres (dans une certaine partie de JJBA mais je spoil pas, ou encore dans une histoire-comédie qui ne se prend beaucoup au sérieux, comme DBS d'ailleurs).
Idem pour le rythme, comme tu dis il y a des "templates" qui fonctionnent très bien, mais chaque oeuvre a sa personnalité (enfin pas toutes c'est vrai ) et les périodes de creux vont renvoyer des choses différentes au lecteur selon les thèmes, la manière dont ils ont été présentés, et même le feeling général je dirais. De même pour les pics.
Et même dans les cas où on peut décomposer l'oeuvre jusqu'à ses éléments les plus élémentaires, il reste la question de la pondération et ça c'est assez personnel. Est-ce qu'une oeuvre qui respecte la construction de telle forme, mais qui exagère sur le pathos à tel moment, est supérieure à une oeuvre qui a un rythme erratique, mais qui est plus sobre dans sa réflexion ? Laquelle est la mieux écrite ? Là franchement je vois pas d'autre réponse que "chacun sa sensibilité".
Pour en revenir à DBS, je partage ton avis sur pas mal de points, le savoir-faire étonnant de Toriyama par rapport à la Toei notamment. Si on veut être réalistes, à moins de prendre un virage à 90°, c'était sûr qu'ils pourraient pas égaler la qualité du manga qui a marqué notre enfance et qui est resté toutes ces années après. S'ils refaisaient du Dragon Ball, ça serait du sous-Dragon Ball. Finalement ils ont pris une sorte de virage à 45° qui n'excelle pas dans le DB et pas dans l'humour, avec quelques moments bons et d'autres médiocres. Ca peut s'améliorer, en tout cas ça se voit qu'ils essayent un minimum (mais pas beaucoup plus qu'un minimum malheureusement)
En attendant, j'apprécie les moments qui sortent la tête de l'eau et je fais surfer les médiocres sur la vague de la nostalgie. Quand tu mets l'univers de Toriyama entre les mains de producteurs médiocres, ça reste un minimum appréciable parce que c'est l'univers de Toriyama. Tant qu'ils ne le dénaturent pas trop avec du Goku super-stupidos par exemple. Et je crois que c'est ce qui manquait à DBGT pour que les fans en viennent à le détester à ce point. Du coup, je ne trouve pas que DBS mérite d'être démoli à ce point, c'est pas bien malin, certaines idées se cassent la gueule, mais y a une certaine candeur et sincérité qui ressortent plus que le "je viens chier sur ton univers" façon DBGT (même si c'est un peu là dans DBS aussi). En tout cas, quand je trouve un épisode qui est vraiment nul, je vais rire des énormes failles qu'ont laissées passer les scénaristes, mais y a pas assez de prétention derrière pour m'énerver.