Takumi a écrit:RMR a écrit:L' "expérience de la vie"... Ca me fait toujours marrer d'entendre des trucs comme ça. Le "vécu". La "maturité". La "sagesse de l'âge". On peut très bien être con et vieux. Et on peut très bien discuter de la guerre sans l'avoir faites. C'est un plus d'avoir vécu les choses, mais ça n'empêche pas de réfléchir dessus...
Comme on peut tres bien être jeune et avoir de l'experience.
Et non, si on as pas connu la guerre, on peut pas en parler comme si on l'avaut vraiment vécu, ok?
En fait, le psychisme humain est plus complexe. Le fait d'avoir vécu une situation ne veut pas dire que l'on pourra l'analyser correctement. Tout simplement parce que l'on y est impliqué. Par exemple, pour ne citer que l'un des phénomènes impliqués: La dissonance cognitive. Quand on fait ou dit quelque chose, il faut que l'on se sente en accord avec cette chose, question de conservation de l'identité et de nos croyances, etc. A priori, cela semble quelque chose très simple à maintenir, or, il n'en est rien. Nous pouvons accomplir des actes qui sortent de notre "shéma type". Et c'est là que l'on ressent la dissonance cognitive. On essaie alors de rétablir la consonance. Souvent, c'est après avoir accompli ou dit quelque chose que l'on interprète cela à la lumière de notre "shéma type". Certains aspects sont donc "rabotés" pour entrer dans ce cadre, et la façon dont nous percevons notre propre action peut être en décalage plus ou moins grand avec la réalité du fait. Ou quand cela est impossible, on trouve des justifications qui expliquent l'exceptionnalité de l'acte. Evidemment les modifications ou les justifications sont plus ou moins grandes selon la force de la dissonance. Et on trouve même quelques cas rares où des personnes parfaitement saines et honnêtes s'inventent des faux souvenirs sans même s'en rendre compte. Il ne s'agit pas d'hypocrisie, de mensonge, de problème mental ou je ne sais quoi, mais du fonctionnement normal de la psyché qui tend à vouloir établir l'équilibre, c'est quand la dissonance n'est pas résolue (même avec un truc très con, comme "c'était mal, mais cela me servira de leçon pour ne jamais recommencer et bla bla") que des problèmes peuvent survenir (dépression, etc.).
Donc, oui, on apprend quelque chose de l'expérience, puisqu'on est en plein dedans d'un phénomène et donc au plus près. Cependant, en dehors du fait que l'on ne fait de toute façon pas le tour du phénomène (d'autres auront d'autres expériences du même phénomène), on analyse aussi les choses qui nous arrive de façon à maintenir notre état mental en équilibre. Le fait de regarder quelque chose de l'extérieur perd le côté concret et certaines informations, mais en revanche, comme on est pas impliqué, même si des phénomènes de dissonance cognitive interviennent toujours, ceux-ci sont de nature différente que ceux que l'on a en étant à l'intérieur et moins forts, car notre organisme n'est pas impliqué. C'est simplement deux points de vue différents dont aucun n'est faux ni supérieur à l'autre. Ce sont deux échelles différentes. Après, cela ne veut pas dire que tous les raisonnements qu'ils soient faits sur de la théorie ou de l'expérience, se valent, mais qu'on ne peut pas juste mépriser les théorisants sans même écouter ce qu'ils ont à dire, ni aduler aveuglément l'expérience.