Je suis fasciné par ces Césars 2020 et leurs répercussions qui n'en finissent pas.
Une fascination morbide mais une fascination quand même.
Après que Canal + ait balancé le salaire de Florence Foresti pour se venger de son refus de finir sa prestation suite à l'attribution du César du meilleur réalisateur à Polanski.
Après que Adèle Haenel se soit faite menacée de manière gerbante par un Directeur de casting pour avoir quitté la cérémonie:

Après que diverses personnalités aient indiqué que l'actrice n'avait qu'à pas venir au Césars si elle n'acceptait pas le principe qu'un réalisateur nominé puisse être récompensé,
Voilà qu'on reproche une indignation sélective aux opposants à Roman Polanski car personne n'a bronché lorsque le film les Misérables a obtenu le César du meilleur film alors que son réalisateur a déjà été condamné à de la prison pour des faits de séquestration et violences.
Si les arguments opposés à A. Haenel s'apparentent à de la morale et à ce que devrait éventuellement être la bienséance (et ne sont dès lors pas très pertinents), ce dernier point m'a en revanche un peu plus interpellé.
Après tout, s'il est très grave de violer une adolescente, il est également très grave de séquestrer un homme et de le violenter avec un objectif indéterminé (la victime avait réussi à s'échapper) mais qui pouvait être un assassinat.
Pourquoi alors personne n'est tombé sur Ladj Ly, le réalisateur des Misérables ?
Très honnêtement, je ne pense pas que ce soit car ce réalisateur a purgé sa peine. Déjà, pour ce qui concerne R. Polanski, on peut, selon comment on voit les choses, admettre qu'il a lui aussi purgé sa peine (cf. mon message ci-dessus) mais en plus, le cas Bertrand Cantat nous apprend que même lorsque la condamnation a été exécutée, il reste impensable pour certains que l'auteur de violences faites aux femmes puisse être récompensé ou même ovationné pour son art.
Je ne pense pas non plus que ce soit parce que le film (et non le réalisateur comme avec Polanski) ait été récompensé (et donc, tous ceux qui ont contribué à le créer) car c'est bien le réalisateur qui va traditionnellement chercher le César du meilleur film. On peut imaginer tout ce qu'on veux, mais je pense que la polémique aurait été la même si J'accuse avait eu le César du meilleur film.
Alors au final, pourquoi pourrait-on s'indigner contre l'un et ne le fait-on pas contre l'autre réalisateur ?
Et bien cet argument me parait s'apparenter au sophisme de la double-faute.
Ce n'est pas parce que les opposants à Polanski ne bronchent pas face aux fautes de Ly que leurs remarques concernant le réalisateur franco-polonais sont moins valables.
Il existe une forme d'activisme, en plein développement et qui lutte contre les violences faites aux femmes. Il n'a pas pour autant l'obligation de lutter contre toutes les mauvaises actions que les êtres humains peuvent commettre.
Si les victimes de séquestrations estiment avoir des raisons d'être jaloux car on ne les considère pas autant que les victimes de viols, qu'ils agissent en conséquence.
L'argument me parait donc a jeter à la poubelle, comme les précédents cités.