niicfromlozane a écrit:Je reste persuadé, comme en 2016, que cela est le résultat du déficit démocratique des institutions françaises, qui ont un besoin de réforme bien plus urgent que les retraites. Ce meurtre est juste la goutte qui fait déborder un vase trop plein, et on voit bien que la réaction des jeunes émeutiers n'a rien à voir avec l'acte : elle ne s'explique que par l'évolution de la prise en otage du système institutionnel par les élites
Sans passage à la VIè République, ou par l'établissement d'un gouvernement fascisant, je ne vois pas comment vous pouvez sortir de la crise. Je suppose qu'il est trop tard pour une solution politique classique
Alors autant je suis partisan d'une réforme de la Constitution pour rééquilibrer les pouvoirs, autant je trouve délirant de voir dans ces sauvages de braves révolutionnaires révoltés contre un cadre institutionnel archaïque et dépassé. Sinon, pourquoi ne voit on pas le même type de violence en campagne, là où la pauvreté existe également et où les services publics de proximité déclinent ?
En quoi détruire des crèches, des écoles, des mairies et piller des magasins (dans lesquels travaillent peut être certains de leurs proches) fera progresser le niveau de vie des habitants des quartiers ? Ce sont les parents et les frères et sœurs des émeutiers qui vont en pâtir les premiers. L'Etat devra arroser de subventions ces quartier et venir à la rescousse de ceux qui y foutent la merde.
J'ai travaillé en banlieue parisienne et je connais des gens qui exercent dans le maintien de l'ordre. Il y a un rejet de l'Etat par tout ou partie de la population, pas parce que la Vème République ne leur convient pas, pas uniquement (même si c'est une réalité que je ne nie pas) en raison de la pauvreté et du chômage mais parce qu'ils sont infoutus de s'assimiler et sont dans un bras de fer permanent avec lui. Comment expliquer, autrement que par le communautarisme et par le tribalisme, qu'au lieu de faire confiance à la Justice (qui dispose notamment de la vidéo du drame) et de se contenter de faire entendre leurs voix lors de manif pacifistes, certains jeunes choisissent la violence et le chaos ?
Il y a une énorme tension entre les forces de l'ordre et les habitants de ces quartiers. Je vais te raconter un exemple: les flics se promenaient dans une ville de l'Ile de France lorsqu'ils sont intervenus (par hasard ou parce qu'on les avaient contacté, je ne sais plus) pour arrêter un mec qui se baladait avec un tesson de bouteille pour agresser les gens. Afin de se défendre eux-mêmes, les flics l'ont mis KO puis l'ont soigné. Qu'a fait la population du quartier ? A t'elle remercié ses protecteurs non ? Non, elle s'est agglomérée autour d'eux et est devenu menaçante. Pourquoi, sinon parce qu'elle ne reconnait pas la légitimité de l'Etat français et qu'elle se comporte comme si elle suivait ses propres lois en dehors de celle de la République.
Des exemples comme ça il y en a à la pelle pour peu que l'on retirer ses œillères. On en parle des pompiers regardaient comme des étrangers, parce que représentant l'Etat, voir caillassés ? Un autre type que je connais, pompier, à déjà dût pratiquer des soins à une femme sous les regards inquisiteurs de tous les hommes de la famille parce que bon, on ne sait jamais. Ou alors les médecins qui ne veulent plus entrer en banlieue pour ne pas retrouver leur voiture sans ses pneus ?
La violence est omni présente mais si l'on donne plus de moyens aux flics ça crie immédiatement au fascisme et au racisme systémique ! Il y a des bavures policières et une violence de part et d'autre qui sont regrettables mais le contexte de guerre civile larvée n'est pas un fantasme de l'extrême droite. C'est en niant ce contexte que l'on favorise la progression de celle-ci parce qu'elle met le doigt là où ça fait mal.