par San999 le Dim Oct 13, 2019 10:14
Ce que tu décris comme réalisme interne, je l'ai appelé "vraisemblance" dans mon post précédent. ^^
Je suis d'accord que la vraisemblance est importante... Seulement, dans les faits, je ne suis pas sûr que beaucoup d'histoires résistent à une analyse fine. Il y aura toujours des raccourcis pris qui se feront en dépit de la cohérence. Non, en fait, je ne devrais pas dire "toujours". Je n'ai aucune idée de la proportion d'histoire qui ont cette faille et celles qui ne l'ont pas du tout. Mais peux-tu affirmer qu'il n'y a aucune histoire que tu aimes, malgré des problèmes de cohérence, de réalisme interne? Enfin, je connais déjà la réponse, puisque tu aimes Dragon Ball. Mais c'est peut-être plus de la nostalgie dans ce cas. Y en a-t-il d'autres? Je pense que là également, on a des seuils de tolérance différents, que cela soit pour le dosage, comme pour la thématique donnée. Il y a certains "ta gueule, c'est magique/quantique" qui marchent sur certaines personnes et pas sur d'autres, et vice-versa. Je n'ai par exemple pas beaucoup de problème pour le voyage temporel dans Avengers. J'ai un peu oublié les détails de désaccord là-dessus. Mais on en avait discuté à l'époque. Mais je crois que grosso modo, j'avais pris certains propos des personnages comme un aveu que les règles du voyage dans le temps n'étaient comprises par personne, en réalité, et que du coup, elles ne sont pas vraiment expliquées, et qu'il peut y avoir des phénomènes qui échappent autant à nous qu'aux personnages. Du coup, le TGCQ marche très bien sur moi.
Pour les choix stupides des personnages, de nouveau, ça peut varier selon la perception de chacun et si ce choix stupide est reconnu par le scénario et comment. C'est pas comme si les persos étaient toujours intelligents dans Dragon Ball non plus, par exemple. Mais il y a aussi un autre facteur que parfois, les spectateurs ne perçoivent pas, c'est que la stupidité d'un choix est en fait relative au fait que le spectateur sait qu'il regarde une fiction avec des règles et oublie que les personnages ne savent pas qu'il y a des règles de scénario qui font que ci ou ça. Ou encore, le fait que nous, on est assis tranquillement sur notre siège ou notre canapé, avec une implication émotionnelle autre que celle que les personnages sont censés avoir. J'ai par exemple réfléchi à ma tendance à systématiquement considérer les personnages de films d'horreur comme stupides dès qu'ils vont vers un bruit chelou tous seuls pour checker ce qu'il se passe. J'avais lu un blog là-dessus, assez intéressant, que dans la vraie vie, on ne ferait pas forcément autrement. On va pas appeler les flics ou se tirer de chez nous en pleine nuit pour se réfugier chez un voisin au moindre bruit chelou. Ou dans d'autres situations, la peur pourrait amener des personnes totalement réelles à se comporter stupidement.
Je pense que sur ces points, tout le monde sera en fait d'accord avec toi sur le principe, moi y compris. En revanche, dans la pratique, ben, on a en réalité des sensibilités différentes. Et s'il y a certainement des oeuvres qui arrivent à mettre une vaste majorité des gens (voire la totalité?) d'accord sur l'invraisemblance de son intrigue et/ou la stupidité de ses personnages comme moteur pour faire avancer l'histoire, ou à l'inverse sur la vraisemblance et "l'intelligence" des persos (beaucoup moins courant, ça), il y en a beaucoup d'autres où les avis sont partagés, voir les avis négatifs sont minoritaires. Et si on est dans ce cas, je pense que le plus modeste n'est pas de se dire que les autres spectateurs ne l'ont pas vu ou sont prêts à accepter n'importe quoi, mais plutôt de se dire que notre sensibilité n'est pas la même, et que du coup, ce film/cette oeuvre ne marche pas pour nous.
Pour les personnages surpuissants, ben, encore une fois, ça dépend comment ils sont utilisés et quelle est l'intrigue. Je pense que personne ne reprochera les pouvoirs cheatés de Dr. Manhattan à Watchmen (au moins, les comics originaux). Pourtant, peu d'oeuvres ont fait plus fort de ce point de vue. Pour prendre un exemple où il y a eu plus de gens qui ont critiqué cet aspect: Dans Captain Marvel, pour moi, la difficulté de l'héroïne n'était pas censée être autour de sa capacité à vaincre ses ennemis, mais bel et bien de se libérer (délivreeeeeeer) de leur emprise, de découvrir qui elle était vraiment (et je ne parle pas juste de sa mémoire).
Et pour rester sur Captain Marvel, et revenir sur un point que moi, j'avais évoqué: L'originalité. Certaines personnes, ici compris, reprochent au film de prendre la même formule que les autres films MCU et de ne pas être novateur. Je n'ai aucune idée si dans l'histoire complète du cinéma, ce film a une structure originale ou non, mais de mon point de vue, ce film a une structure narrative qui se détache totalement des autres films du MCU, justement. D'habitude, on a l'origine du héros d'abord, alors que dans ce film, on a son origine distillée ici et là, sporadiquement, dans des flash back, qui ne font sens que vers la fin. D'habitude, on a un exposé assez clair de la situation, et on sait à peu près qui sont les méchants, alors que dans ce film, toute l'intrigue de départ s'est avérée être un mensonge distillé par les vrais méchants qu'on croyait gentils. A-t-on déjà eu un autre film du MCU où le personnage principal commence par travailler pour les méchants (sans qu'elle le sache, certes, mais quand même)? D'habitude, dans la plupart des films MCU, la principale difficulté pour le protagoniste ou les protagonistes est de vaincre le méchant, alors que dans ce film, c'était trouver la vérité qui constitue la principale difficulté. Du coup, le film m'apparaît plutôt original, à cause de ces critères (entre autres). J'imagine que ceux qui parlent de la "formule MCU" font référence à des choses qui ne m'ont pas marqué, moi, et que les aspects que je viens d'évoquer ne les ont pas marqués, eux, ou alors en mal (les flash backs peuvent être perçus comme plus confus qu'autre chose ou empêchant de réellement se plonger dans l'histoire et de se sentir concerné car trop distillés, le rebondissement sur qui est le vrai méchant comme sortant trop de nulle part, etc.).