Sur la chute d'Anakin en parallèule de celle de la République, je trouve le propos de Lucas pertinent même si la forme pèche parfois un peu.
Sur la République :Il ne nous a pas relaté un coup d'état ou une conquête, mais tout simplement une démocratie qui s'abandonne. Apparemment, Lucas fait partie de cette génération d'américains effrayés par Nixon et l'accroissement des pouvoirs de la Présidence (à noter quand même que bien que qualifié de "présidentiel", le régime américain respecte bien plus la séparation et surtout l'équilibre des pouvoirs que notre propre régime dit "semi-présidentiel" mais qui demeure parlementaire). C'est d'avantage Nixon qui lui a inspiré Palpatine (même s'il y a évidemment des similitudes avec le IIIème Reich).
Dans le I, Palpatine ancre toute sa com auprès de Padmé sur la critique "des bureaucrates" qui auraient confisqués le pouvoir. Il préconise comme remède l'avènement d'un homme fort dont la volonté saurait en imposer à un Sénat corrompu... Ca ne dit rien à personne ? C'est quasiment au mot prés la propagande des franges les plus autoritaires de la droite. "Tous pourris, les élites et les politiciens se gavent sur notre dos, vite appelons de nos voeux l'homme providentiel qui mettra au pas ce régime décadent !" Résultat : il est élu Chancelier.
Dans le II, Obi-Wan nous apprend au détour d'une conversation avec Anakin que Palpatine flatte et corrompt les sénateurs pour s'assurer leurs votes (ou un truc du genre). Il créé de toute pièce un ennemi intérieur pour justifier qu'il reçoive les pleins pouvoirs et se constitue une armée.
Dans le III Il continu d'accumuler de plus en plus de pouvoirs. Me semble que dans les scènes coupées on apprend qu'il souhaite placer le Conseil Jedi sous son autorité, ce qui conduit en retour celui-ci à missionner Anakin pour surveiller Palpatine. Il se sert ensuite de la tentative de "coup d'état" des Jedis (techniquement, la légitimité est du côté du Chancelier) pour justifier la proclamation de l'Empire, sous les "applaudissements".
On a donc une progression logique, avec un politicien qui gravit les échelons du pouvoir pour ensuite faire basculer le régime vers la dictature.
Le problème comme d'autres l'ont dit c'est que l'on connait finalement assez peu l'avis des sénateurs. On connait Padmé et Bail mais en dehors de ça on en revient toujours à un vague et général "Sénat" dont on ne sait pas grand chose. Les scènes coupées du III présentait l'embryon de la rébellion autour d'un noyau de sénateurs réunis autour de Padmé, Organa et Mon Mothma, faisant le lien avc la trilogie originale.
On n'a pas non plus l'avis du peuple. Que pense t'il de la République, des Jedis, de Palpatine ? Ce dernier a t'il mis en place une propagande afin de justifier son maintien au pouvoir tout en rabaissant ses opposants ? On en sait rien et c'est un peu dommage.
Sur AnakinI La peur et l'incapacité à contrôler ses émotions : On nous explique dés le I qu'il a peur de perdre ses proches. Dans le II cette peur se concrétise avec la mort de sa mère. On découvre alors jusqu'où sa colère peut le conduire lorsqu'il massacre les mecs du désert. Pas étonnant à ce qu'il soit à cran dans le III lorsque ses visions lui laissent entrevoir le décès prochain de la femme qu'il aime.
Ce chemin est cohérent avec son revirement dans le VI. En effet, l'élément déclencheur de son retour vers la Lumière n'est pas une longue réflexion sur l'autoritarisme du régime impérial mais simplement la peur de perdre son fils. Ce sont donc ses émotions qui ont tour à tour perdu puis sauvé Anakin.
A cela s'ajoute son impulsivité récurrente qui le pousse à combattre Dooku seul dans le II ou à provoquer la mort de Windu dans le III.
Son goût de l'action au détriment de la réflexion : Vous vous rappelez du moment gênant du II durant lequel Anakin et Padmé batifolent dans les prés ? Au milieu de ça il y a aussi un court échange entre eux durant lequel la sénatrice s'inquiète du risque de dictature tandis que le Jedi recrache le poncif habituel des personnes hostiles à la démocratie à savoir que le blabla et la concertation c'est bien mais un dictateur qui agit vite et efficacement c'est mieux ! Il réitère dans le III, cette fois lors d'un échange avec Obi-Wan qui déplore que le Sénat ait accordé de nouveaux pouvoirs à Palpatine. Anakin lui rétorque que plus de pouvoirs pour le Chancelier signifie tout simplement de meilleurs moyens d'actions pour résoudre la guerre civile.
La difficulté à trancher et à choisir entre plusieurs règles contraires, parfois par hypocrisie : Anakin est sans arrêt soumis à des dilemmes cornéliens. Il aime sincèrement Padmé et sait qu'elle aussi, néanmoins le Code des Jedis prohibe tout attachement. Il accomplit selon lui un acte de Justice en se vengeant sur les Tuskens, tout en étant conscient de la violence de son acte. Il est encouragé par son mentor sith à tuer Dooku pour porter un coup aux Séparatistes, bien que cela soit contraire au Code. Il apprécie et respecte Palpatine, à qui il doit loyauté en sa qualité de défenseur de la République tout en devant également loyauté au Conseil Jedi. Il sait que Sidious est un Sith dangereux mais il refuse (d'avantage par peur de perdre sa femme que par formalisme) de laisser Windu l'achever.
Son besoin d'attention et de reconnaissance : Anakin est et restera ce gamin terrifié à l'idée d'être seul. Il a besoin d'être rassurer, encourager et valoriser.
Si de mémoire il n'aborde jamais son statut d'Elu de la Force, il n'en attend pas moins une certaine reconnaissance. Se sachant sur-doué, il vit mal dans le II d'être surprotégé par Kenobi et dans le III ce qu'il perçoit comme des tentatives du Conseil pour freiner son ascension. Il éprouve une grande affection pour Obi-Wan mais ne s'estime pas assez mis en valeur par celui-ci et lui cache (sans doute par crainte de sa désapprobation) les bouleversements majeurs de sa vie comme le massacre des Tuskens, saon mariage avec Padmé et sa future paternité.
En face d'un Windu austère et méfiant, d'un Yoda sage mais qui ne lui apporte pas le réconfort attendu ("excerce toi à accepter la perte de ceux que tu aimes"... ok

) et un Obi-Wan aimant mais qui ne mesure pas le mal être de son protégé, notre héros va naturellement se porter vers Palpatine qui se présente habillement comme une figure paternelle, le flatte et l'écoute sans le juger.
Sur le papier, Anakin endosse ainsi parfaitement le costume de l'ange déchu et son parcours est bien expliqué... malgré quelques trucs un peu forcés.
J'ai par exemple toujours du mal avec son pétage de câble dans le II lorsqu'il beugle à Padmé que "tout est de la faute d'Obi-Wan" qui le protège trop et l'empêche de se réaliser.. Ok mais où on a vu ça ? Son maitre est parfois désinvolte mais la crise d'ado semble un exagérée ici.
On aurait pu étoffer ses échanges avec ses proches sur le changement progressif de régime, sans en faire un grand idéologue pour autant.
Il y aussi la rapidité avec laquelle il passe de la culpabilité d'avoir tuer Windu ("qu'est ce que j'ai faaaaait"

) à l'acceptation des besognes les plus sordides que lui confit son nouveau boss ("exterminer tous les Jedi, y compris vore ancien maitre Kenobi ... " "oui maitre"

).