Fantasy

Bonsoir à tous,
J'avais déjà envisagé d'aborder le sujet de la Fantasy dans le sujet "vous lisez quoi en ce moment" mais je me suis dit que c'était tellement large que ça méritait son propre sujet.
Donc quelles sont les oeuvres de Fantasy qui vous ont marquées et sur quels supports (livres, films, jeux vidéos etc...) ?
Fantasy au sens lage, héroic, dark, médiéval tout ce que vous voulez.
Dans mon cas :
Livres :
Michael MOORCOCK : j'ai lu les sagas d'Elric et de Corum et commencé celle d'Hawkmoon. La force de Moorcock selon moi c'est la création d'univers riches et variés, avec une dimension épique colossale, le tout reliés par le concept du multivers.
Grosso modo Elric, Corum et Hawkmoon (et d'autres) sont les avatars d'une même figure, se réincarnant d'un univers à l'autre, "le Champion Eternel", un héros sensé maintenir la Balance Cosmique entre les 2 principaux concepts/forces du multivers, que sont le Chaos et la Loi. Parce que chez Moorcock (du moins les histoires que j'ai lu), pas de manichéisme Bien/Mal. Les dieux du Chaos et de la Loi sont (presque...) aussi nuisibles et manipulateurs l'un que l'autre et l'hégémonie de l'un comme de l'autre n'est pas souhaitable. Bon, dans les faits ce n'est pas aussi nuancé, c'est souvent le Chaos qui menace l'équilibre et le Champion Eternel se retrouve souvent du côté de la Loi pour le rétablir. Plus la sémantique utilisée (Arioch, la principale figure du Chaos chez Elric, a le titre de "duc des Enfers") et les moeurs brutaux du Chaos (un seigneur du Chaos de la Saga Corum se construit une tour en sang humain, parce qu'il trouve ça chouette). A coté de ce conflit essentiel, on trouve d'autres divinités liés aux éléments, aux animaux ou plus mystérieux (les dieux frères disparus chez Corum).
Le Champion Eternel est un personnage torturé sur lequel le destin s'acharne. Invariablement, il fera de son mieux pour sauver des vies mais il ne pourra que voir mourrir ses proches autout de lui. Invariablement il va rencontré un ou plusieurs grands amours, ce sera intense et ça finira mal. Apparement, Moorcock a bati son héros emblématique (Elric) en opposition au modèle de Conan. Et c'est pas faux. Là où Conan est un self made man impulsif, dynamique et sur de lui, Elric (et ses différents avatars, à plus ou moins de degrés) souffre du doute et d'un gros sentiment de culpabilité. Conan s'est fait roi lui même, Elric renonce à son titre d'empereur etc... On n'est loin du héros américain bodybuildé et déterminé des années 80. C'est sympa mais parfois un peu forcé. Elric fait parfois ado émo un peu pleurnichard (mais très charismatique attention), Corum et surtout Hawkmoon sont parfois un peu fade. Au fond, les meilleurs persos sont les persos secondaires, notamment un autre gimmick de Moorcock, "le compagnon du Champion Eternel", sorte de sidekick qui lui aussi se réincarne d'un univers à l'autre. C'est l'ami fidèle, qui suit le Champion Eternel et apporte l'humour et le franc parler qui manque à ce dernier. A titre d'exemple, si Gérald de Riv était le Champion Eternel, Jaskier serait un parfait exemple de compagnon.
On peut voir l'influence de Moorcock sur la culture de l'imaginaire comme les jeux Legacy of Kain (Stormbringer/Soulreaver même combat, l'importance du maintien de l'équiibre et les jeux de manipulation autour de ceux qui peuvent influer sur cet équilibre) et même les mangas (le nom des frêres Elric de FMA).
Robert E Howard : avec la figure de Conan (il en a fait d'autres mais je ne l'ai pas vu). Conan c'est l'archétype du héros badass dont la détermination et les couilles sont telles que rien ne peut l'entraver. Contrairement à l'image que l'on a de lui, le cimmérien est loin d'être un bétâ primaire. Grand voyageur, mercenaire à ses heures, il parle de nombreuses langues et connait bien la culture et les légendes des pays qu'il traverse. Parfois impulsif, il est toujours très réfléchit en matière de combat et de stratégie. C'est aussi un anti-héros plutôt amoral : il est parfois mercenaire ou pillard et il y a plusieurs histoires où il projette de se débarasser de son chef de bande sans aucune autre raison que l'ambition personnelle. Par contre, dans les histoires où il est souverain, il est sincèrement concerné par le sort des faibles.
Avec Conan on voyage, on parcourt les divers contrées de ce monde qui reflète pas mal le notre (voir les noms des bleds) dans des aventures très divers où Conan est parfois un simple cambrioleur, un mercenaire impliqué dans une petite guerre coloniale ou carrèment un souverain ou du moins un général luttant pour la survie de son pays voir même du monde tout entier.
La magie a toujours un prix et les magiciens sont rarement amicaux ou sont alors des alliés de circonstance en qui Conan ne place pas une grande confiance. Howard était un pote de Lovecraft et on décèle une influence du natif de Providence chez lui : anciennes civilisations et cités pré humaines, secrets impis, créatures innomables etc... Sauf que là on n'est pas en présence de scientifiques ou d'érudits découvrant avec stupeur leur impuissance face à l'horreur cosmique, mais de celle d'un mâle tellement alpha qu'il peut bolosser du grand ancien au p'tit dj s'il est chaffouin !
Le principal défaut selon moi est que Conan est justement TROP badass. Le mec vaut une armée à lui tout seul et pour le vaincre il faut (conditions cumulatives) être bien plus nombreux que lui, qu'il soit affaiblit et que la magie soit utilisée contre lui. Du coup, j'ai beaucoup de mal à m'en faire pour lui. Il va forcément s'en sortir et au passage séduire et mettre en transe toutes les poules qui vont croiser sa route.
Andrzej Sapkowski : je suis au tome 7 du Sorceleur et bordel c'est top ! La série de Netflix est sympa mais franchement c'est très inférieur au produit de base.
Ce que j'aime le plus c'est comment la petite et la grande histoire s'imbrique parfaitement. On suit les aventures du Sorceleur, dont l'ambition se résume à gagner sa croute en cassant du monstre tout en criant haut et fort son refus de prendre partit et son indifférence quand au sort du monde. Mais dans les faits, Gerald est beaucoup moins cynique qu'il le laisse paraitre et possède un réel code d'honneur. Il se refuse à s'en prendre aux monstres non dangereux et est très critique face aux exigences et aux caprices des puissants. Il peut commettre des erreurs de jugements et s'emporter sur ses proches, ce qui au final le rend faillible et donc humain. Et il est finalement mélé aux grands enjeux de son temps par ses choix et l'attachement qu'il voue à ses proches, contradisant donc son image de brute insensible.
C'est d'ailleurs l'un des thèmes central de la saga : qu'est-ce qui distingue un monstre (Gerald étant un mutant , il n'est pas tout à fait humain) d'un humain ? un monstre peut il faire preuve d'autant d'humanité qu'un humain ? Pourquoi est il si dur de tolérer et de reconnaitre comme son égal celui qui est différent de soit ?
De fait, le monde de Gérald est très largement dominé par l'espèce humaine, cette domination s'étant établit via les conflits raciaux, les massacres, les pogroms et autres joyeusetés. Le racisme est d'ailleurs très présent et permet de retourner les clichés de la fantasy. On n'est pas chez Tolkien ici, ça fait bien longtemps que la grandeur elfique est passée, désormais les elfes sont partagés entre se faire massacrer dans de vaines rebellions (d'autant qu'eux non plus ne sont pas avare de racisme et d'arrogance) ou tenter de s'assimiler avec plus ou moins de bonheur. On n'admire pas et on ne s'extasie pas devant les elfes du Sorceleur. Les nains font très Donjon de Naheulbeuk avec au menu grandes gueules et humour potache mais le cliché de leur cupidité est lui aussi habilement retourné. Plus finauds que les elfes, ils ont su s'intégrer au monde des humains en devenant les spécialistes de la banque, de la mine et de la métallurgie.
Progressivement, au fur et à mesure que l'on découvre le monde du Sorceleur, on comprend que les conflits entre les différents royaumes umains sont plus néfastes que les méfaits ici d'un vampire, là d'un monstre marin. Cette saga n'a ici rien à envier à Game Of Throne en terme de magouilles et de jeux d'influence pour conquérir et conserver le pouvoir. En l'absence d'un Sauron à combattre, c'est la Real Politique qui s'impose et l'ennemi d'hier peut devenir l'allié de demain et inversement. Le background politco-historique est moins développé que dans le Trone de Fer mais se perd moins en embrouilles familliales pour aller directement à l'essentiel.
La magie est très développé et fait un peu trop le café à mon goût. C'est surtout les magiciens qui sont intéressant. Là encore, on détourné le cliché du magicien sage avec des magiciens finalement très humains, superficiels et avide de pouvoir.
Une grande force réside dans les personnages, variés et ayant des personnalités propres très fortes. Mention spéciale à Jaskier et Milva.
Par contre, j'ai parfois l'impression d'un décalage entre le context moyenageux et la modernité des institutions en place. Alors je ne doute pas que de tout temps les puissants avaient des moyens de se renseigner sur leurs ennemis en espionnant, soudoyant etc... Mais là on a carrèment l'impression que certains services de renseignements sont limite les égaux de la CIA ou du KGB. Plus largement, les administrations étatiques et les armées sont vraiment très développés. Quand les dirigeants parlent stratégie millitaire, planification et logistique, on est loin d'armées de mercenaires et de féodaux vivant sur le terrain. Dans un autre registre, les magiciens sont tellement à la pointe que magie et science semble s'imbriquer l'une dans l'autre. Il y a notamment tout un pan de l'histoire qui repose sur la sélection et la manipulation d'un gène particulier... un gène ayant des implications magiques. En bref c'est déroutant mais pas forcément mauvais en soit.
Tolkien: juste lu le Silmarion, qui est incroyable pour la richesse de la mythologie qu'il établit, et les Enfants de Hurin, top pour le côté destiné tragique.
Les films/série :
Beowulf : assez d'accord avec la vision du Fossoyeur de films, excepté que n'ayant pas son oeil technique, j'ai beaucoup apprécié les effets numériques. L'intérêt principal réside dans l'histoire tragique du héros, qui passe du statut de chien fou badass et bonimenteur à celui de vétéran fatigué et rattrapé par son passé.
Willow : qu'est-ce qu'il est feel good ce film. Davis et Kilmer forment un super duo mal assortit et très cool.
Buffy/Angel: parce que le Buffyverse c'est la vie.
Les jeux vidéos:
La saga Legacy of Kain: intrigue de fou bricolée au fur et à mesure des jeux dont la cohérence tient beaucoup à la scénariste Amy Hennig. Les jeux ont pour cadre Nosgoth, monde médiéval décadent que se disputent les multiples factions en présence (moines guerriers fanatiques, conquérants impitoyables, magiciens corrompus, vampires et divinité lovecraftienne et autres démons).
La moralité est grise tirant sur le noir comme l'illustre le duo de personnages principaux, Kain et Raziel. Ici,pas de chevalier blanc luttant sans peur et sans reproche face au mal ultime. Le premier, transformé en vampire dés le 1er jeu, est d'abord motivé par la vengeance, tente ensuite de protéger Nosgoth avant de développer progressivement du mépris face aux basesses des humains, le conduisant à se muer en conquérant sanguinaire pour enfin chercher à nouveau à rétablir l'équilibre dans son monde. Si le second est d'abord présenté comme un rédempteur naif, il évolue entre soif de vengeance et compréhension réaliste de son monde et commet son lot d'erreurs. Autrement dit, nos héros sont un mal nécessaire, le moindre mal pour un monde en plein déliquescence.
J'avais déjà envisagé d'aborder le sujet de la Fantasy dans le sujet "vous lisez quoi en ce moment" mais je me suis dit que c'était tellement large que ça méritait son propre sujet.
Donc quelles sont les oeuvres de Fantasy qui vous ont marquées et sur quels supports (livres, films, jeux vidéos etc...) ?
Fantasy au sens lage, héroic, dark, médiéval tout ce que vous voulez.
Dans mon cas :
Livres :
Michael MOORCOCK : j'ai lu les sagas d'Elric et de Corum et commencé celle d'Hawkmoon. La force de Moorcock selon moi c'est la création d'univers riches et variés, avec une dimension épique colossale, le tout reliés par le concept du multivers.
Grosso modo Elric, Corum et Hawkmoon (et d'autres) sont les avatars d'une même figure, se réincarnant d'un univers à l'autre, "le Champion Eternel", un héros sensé maintenir la Balance Cosmique entre les 2 principaux concepts/forces du multivers, que sont le Chaos et la Loi. Parce que chez Moorcock (du moins les histoires que j'ai lu), pas de manichéisme Bien/Mal. Les dieux du Chaos et de la Loi sont (presque...) aussi nuisibles et manipulateurs l'un que l'autre et l'hégémonie de l'un comme de l'autre n'est pas souhaitable. Bon, dans les faits ce n'est pas aussi nuancé, c'est souvent le Chaos qui menace l'équilibre et le Champion Eternel se retrouve souvent du côté de la Loi pour le rétablir. Plus la sémantique utilisée (Arioch, la principale figure du Chaos chez Elric, a le titre de "duc des Enfers") et les moeurs brutaux du Chaos (un seigneur du Chaos de la Saga Corum se construit une tour en sang humain, parce qu'il trouve ça chouette). A coté de ce conflit essentiel, on trouve d'autres divinités liés aux éléments, aux animaux ou plus mystérieux (les dieux frères disparus chez Corum).
Le Champion Eternel est un personnage torturé sur lequel le destin s'acharne. Invariablement, il fera de son mieux pour sauver des vies mais il ne pourra que voir mourrir ses proches autout de lui. Invariablement il va rencontré un ou plusieurs grands amours, ce sera intense et ça finira mal. Apparement, Moorcock a bati son héros emblématique (Elric) en opposition au modèle de Conan. Et c'est pas faux. Là où Conan est un self made man impulsif, dynamique et sur de lui, Elric (et ses différents avatars, à plus ou moins de degrés) souffre du doute et d'un gros sentiment de culpabilité. Conan s'est fait roi lui même, Elric renonce à son titre d'empereur etc... On n'est loin du héros américain bodybuildé et déterminé des années 80. C'est sympa mais parfois un peu forcé. Elric fait parfois ado émo un peu pleurnichard (mais très charismatique attention), Corum et surtout Hawkmoon sont parfois un peu fade. Au fond, les meilleurs persos sont les persos secondaires, notamment un autre gimmick de Moorcock, "le compagnon du Champion Eternel", sorte de sidekick qui lui aussi se réincarne d'un univers à l'autre. C'est l'ami fidèle, qui suit le Champion Eternel et apporte l'humour et le franc parler qui manque à ce dernier. A titre d'exemple, si Gérald de Riv était le Champion Eternel, Jaskier serait un parfait exemple de compagnon.
On peut voir l'influence de Moorcock sur la culture de l'imaginaire comme les jeux Legacy of Kain (Stormbringer/Soulreaver même combat, l'importance du maintien de l'équiibre et les jeux de manipulation autour de ceux qui peuvent influer sur cet équilibre) et même les mangas (le nom des frêres Elric de FMA).
Robert E Howard : avec la figure de Conan (il en a fait d'autres mais je ne l'ai pas vu). Conan c'est l'archétype du héros badass dont la détermination et les couilles sont telles que rien ne peut l'entraver. Contrairement à l'image que l'on a de lui, le cimmérien est loin d'être un bétâ primaire. Grand voyageur, mercenaire à ses heures, il parle de nombreuses langues et connait bien la culture et les légendes des pays qu'il traverse. Parfois impulsif, il est toujours très réfléchit en matière de combat et de stratégie. C'est aussi un anti-héros plutôt amoral : il est parfois mercenaire ou pillard et il y a plusieurs histoires où il projette de se débarasser de son chef de bande sans aucune autre raison que l'ambition personnelle. Par contre, dans les histoires où il est souverain, il est sincèrement concerné par le sort des faibles.
Avec Conan on voyage, on parcourt les divers contrées de ce monde qui reflète pas mal le notre (voir les noms des bleds) dans des aventures très divers où Conan est parfois un simple cambrioleur, un mercenaire impliqué dans une petite guerre coloniale ou carrèment un souverain ou du moins un général luttant pour la survie de son pays voir même du monde tout entier.
La magie a toujours un prix et les magiciens sont rarement amicaux ou sont alors des alliés de circonstance en qui Conan ne place pas une grande confiance. Howard était un pote de Lovecraft et on décèle une influence du natif de Providence chez lui : anciennes civilisations et cités pré humaines, secrets impis, créatures innomables etc... Sauf que là on n'est pas en présence de scientifiques ou d'érudits découvrant avec stupeur leur impuissance face à l'horreur cosmique, mais de celle d'un mâle tellement alpha qu'il peut bolosser du grand ancien au p'tit dj s'il est chaffouin !
Le principal défaut selon moi est que Conan est justement TROP badass. Le mec vaut une armée à lui tout seul et pour le vaincre il faut (conditions cumulatives) être bien plus nombreux que lui, qu'il soit affaiblit et que la magie soit utilisée contre lui. Du coup, j'ai beaucoup de mal à m'en faire pour lui. Il va forcément s'en sortir et au passage séduire et mettre en transe toutes les poules qui vont croiser sa route.
Andrzej Sapkowski : je suis au tome 7 du Sorceleur et bordel c'est top ! La série de Netflix est sympa mais franchement c'est très inférieur au produit de base.
Ce que j'aime le plus c'est comment la petite et la grande histoire s'imbrique parfaitement. On suit les aventures du Sorceleur, dont l'ambition se résume à gagner sa croute en cassant du monstre tout en criant haut et fort son refus de prendre partit et son indifférence quand au sort du monde. Mais dans les faits, Gerald est beaucoup moins cynique qu'il le laisse paraitre et possède un réel code d'honneur. Il se refuse à s'en prendre aux monstres non dangereux et est très critique face aux exigences et aux caprices des puissants. Il peut commettre des erreurs de jugements et s'emporter sur ses proches, ce qui au final le rend faillible et donc humain. Et il est finalement mélé aux grands enjeux de son temps par ses choix et l'attachement qu'il voue à ses proches, contradisant donc son image de brute insensible.
C'est d'ailleurs l'un des thèmes central de la saga : qu'est-ce qui distingue un monstre (Gerald étant un mutant , il n'est pas tout à fait humain) d'un humain ? un monstre peut il faire preuve d'autant d'humanité qu'un humain ? Pourquoi est il si dur de tolérer et de reconnaitre comme son égal celui qui est différent de soit ?
De fait, le monde de Gérald est très largement dominé par l'espèce humaine, cette domination s'étant établit via les conflits raciaux, les massacres, les pogroms et autres joyeusetés. Le racisme est d'ailleurs très présent et permet de retourner les clichés de la fantasy. On n'est pas chez Tolkien ici, ça fait bien longtemps que la grandeur elfique est passée, désormais les elfes sont partagés entre se faire massacrer dans de vaines rebellions (d'autant qu'eux non plus ne sont pas avare de racisme et d'arrogance) ou tenter de s'assimiler avec plus ou moins de bonheur. On n'admire pas et on ne s'extasie pas devant les elfes du Sorceleur. Les nains font très Donjon de Naheulbeuk avec au menu grandes gueules et humour potache mais le cliché de leur cupidité est lui aussi habilement retourné. Plus finauds que les elfes, ils ont su s'intégrer au monde des humains en devenant les spécialistes de la banque, de la mine et de la métallurgie.
Progressivement, au fur et à mesure que l'on découvre le monde du Sorceleur, on comprend que les conflits entre les différents royaumes umains sont plus néfastes que les méfaits ici d'un vampire, là d'un monstre marin. Cette saga n'a ici rien à envier à Game Of Throne en terme de magouilles et de jeux d'influence pour conquérir et conserver le pouvoir. En l'absence d'un Sauron à combattre, c'est la Real Politique qui s'impose et l'ennemi d'hier peut devenir l'allié de demain et inversement. Le background politco-historique est moins développé que dans le Trone de Fer mais se perd moins en embrouilles familliales pour aller directement à l'essentiel.
La magie est très développé et fait un peu trop le café à mon goût. C'est surtout les magiciens qui sont intéressant. Là encore, on détourné le cliché du magicien sage avec des magiciens finalement très humains, superficiels et avide de pouvoir.
Une grande force réside dans les personnages, variés et ayant des personnalités propres très fortes. Mention spéciale à Jaskier et Milva.
Par contre, j'ai parfois l'impression d'un décalage entre le context moyenageux et la modernité des institutions en place. Alors je ne doute pas que de tout temps les puissants avaient des moyens de se renseigner sur leurs ennemis en espionnant, soudoyant etc... Mais là on a carrèment l'impression que certains services de renseignements sont limite les égaux de la CIA ou du KGB. Plus largement, les administrations étatiques et les armées sont vraiment très développés. Quand les dirigeants parlent stratégie millitaire, planification et logistique, on est loin d'armées de mercenaires et de féodaux vivant sur le terrain. Dans un autre registre, les magiciens sont tellement à la pointe que magie et science semble s'imbriquer l'une dans l'autre. Il y a notamment tout un pan de l'histoire qui repose sur la sélection et la manipulation d'un gène particulier... un gène ayant des implications magiques. En bref c'est déroutant mais pas forcément mauvais en soit.
Tolkien: juste lu le Silmarion, qui est incroyable pour la richesse de la mythologie qu'il établit, et les Enfants de Hurin, top pour le côté destiné tragique.
Les films/série :
Beowulf : assez d'accord avec la vision du Fossoyeur de films, excepté que n'ayant pas son oeil technique, j'ai beaucoup apprécié les effets numériques. L'intérêt principal réside dans l'histoire tragique du héros, qui passe du statut de chien fou badass et bonimenteur à celui de vétéran fatigué et rattrapé par son passé.
Willow : qu'est-ce qu'il est feel good ce film. Davis et Kilmer forment un super duo mal assortit et très cool.
Buffy/Angel: parce que le Buffyverse c'est la vie.
Les jeux vidéos:
La saga Legacy of Kain: intrigue de fou bricolée au fur et à mesure des jeux dont la cohérence tient beaucoup à la scénariste Amy Hennig. Les jeux ont pour cadre Nosgoth, monde médiéval décadent que se disputent les multiples factions en présence (moines guerriers fanatiques, conquérants impitoyables, magiciens corrompus, vampires et divinité lovecraftienne et autres démons).
La moralité est grise tirant sur le noir comme l'illustre le duo de personnages principaux, Kain et Raziel. Ici,pas de chevalier blanc luttant sans peur et sans reproche face au mal ultime. Le premier, transformé en vampire dés le 1er jeu, est d'abord motivé par la vengeance, tente ensuite de protéger Nosgoth avant de développer progressivement du mépris face aux basesses des humains, le conduisant à se muer en conquérant sanguinaire pour enfin chercher à nouveau à rétablir l'équilibre dans son monde. Si le second est d'abord présenté comme un rédempteur naif, il évolue entre soif de vengeance et compréhension réaliste de son monde et commet son lot d'erreurs. Autrement dit, nos héros sont un mal nécessaire, le moindre mal pour un monde en plein déliquescence.